Lesguerres napoléoniennes sont en partie le prolongement desguerres engendrées par laRévolution française de1789, et durent tout au long duPremier Empire deNapoléonIer. Il n’existe pas de consensus sur leur point de départ. Certains considèrent qu’elles commencent lors du coup d'état du18 Brumaire an VIII () par le général Bonaparte. D’autres prolongent lesguerres de la Révolution française jusqu’en1802, et estiment que la déclaration de guerre duRoyaume-Uni à laFrance en1803, après la courte période de paix qui suit letraité d'Amiens (1802), est le point de départ des guerres napoléoniennes.
Ces guerres révolutionnent les armées européennes et notamment l’emploi de l’artillerie, ainsi que toute l’organisation militaire, à une échelle jamais vue auparavant, due principalement à l’introduction moderne de laconscription de masse. LaFrance, sur l’élan des conquêtes révolutionnaires, voit sa puissance croître rapidement et étend sa domination au continent entier. La chute est plus rapide encore, de la désastreuseretraite de Russie à la bataille de Waterloo, jusqu’à ce que ladynastie des Bourbons soit provisoirementrestaurée en France. L’ensemble de tous ces conflits fit un total de morts comprisentre 3,5 et 6,5 millions de personnes.
On les appelle aussi les guerres de la Révolution et de l'Empire, si l'on considère qu'il s'agit essentiellement de la suite des guerres de défense de la Révolution française, attaquée par lesmonarchies européennes coalisées. En revanche, certaines prirent un caractère de guerre d'occupation et de conquête indéniable, telle que la campagne d'Espagne, qui est désormais appelée en raison de son caractère de guerre de libération laguerre d'indépendance espagnole.
La Grande-Bretagne, dernière puissance encore en guerre contre la France, finance uneDeuxième Coalition avec l’Autriche, la Prusse, laRussie, lePortugal, leroyaume de Naples, le pape et l’Empire ottoman. Le gouvernement corrompu et instable de la France (voirDirectoire) ne peut ni faire face auxcoups d’État, ni à la menace extérieure, privé de ministre commeCarnot ou de général comme Bonaparte, parti enÉgypte. Les armées françaises sont battues, notamment par le général russeSouvorov.
Napoléon Bonaparte quitte l’Égypte, où il laisse la conduite de l’armée àKléber, et prend le pouvoir par lecoup d'État du 18 brumaire (). La menace la plus pressante est alors la double offensive autrichienne en Allemagne et en Italie. Lepremier Consul organise une armée dite « de réserve », avec laquelle il traverse les Alpes et remporte le labataille de Marengo, complétée le par la victoire de Moreau sur les Autrichiens àHohenlinden. La paix est alors signée autraité de Lunéville et seule reste en guerre contre la France la Grande-Bretagne, dont la flotte est reine des mers, après une victoire contre une escadre espagnole, les Espagnols étant à ce moment alliés des Français, aucap Saint-Vincent, puis la destruction de la flotte française àAboukir (). Elle menace lesAntilles françaises, et ses fonds suffisent à unir les puissances continentales contre la France. De même, l’armée autrichienne, malgré les nombreuses défaites, continue d’être une menace.
Letraité d'Amiens (1802) établit la paix entre la France et le Royaume-Uni (la Grande-Bretagne est unie en 1801 à l'Irlande pour devenir le Royaume-Uni), et met fin à la Deuxième Coalition. Cette paix n’est pas considérée comme durable, aucune des deux parties n’étant satisfaite. Le, les hostilités reprennent, mais l’objet du conflit passe du rétablissement de la monarchie en France à la lutte contre Bonaparte, proclamé Empereur le et couronné le.
Celle-ci continue sans interruption : leDanemark et laNorvège, initialement neutres, s’enrichissent dans le commerce grâce à la guerre, et mettent sur pied une flotte. Après une démonstration de force (bombardement de Copenhague en 1801), la flotte britannique capture la plus grande partie de la flotte danoise lors de laseconde bataille de Copenhague en (1807). Le Danemark sort alors de saneutralité, et se livre à une guerre decourse, où de petites canonnières n’hésitent pas à attaquer des navires britanniques bien plus grands. La guerre des canonnières prend fin avec la victoire britannique àLyngør(en), où est coulé le dernier navire de guerre danois, unefrégate.
Lors de la reprise des hostilités, en 1805, leRoyaume-Uni s’assure la maîtrise des mers par son écrasante victoire sur la flotte franco-espagnole àTrafalgar ().
Les combats navals continuent cependant. Un affrontement naval auxCaraïbes a un effet direct et immédiat sur le cours de la guerre, puisqu’il pousse Napoléon à se tourner vers le continent. L’influence d’affrontements très éloignés les uns des autres est une caractéristique de ces guerres : des batailles livrées à des milliers de kilomètres influencent le résultat les unes des autres, au point où l’on peut qualifier les guerres napoléoniennes de guerre mondiale. Seule laguerre de Sept Ans a eu ce caractère de guerre mondiale auparavant.
Napoléon prépare aucamp de Boulogne l’invasion des îles Britanniques, invasion qui demande la maîtrise de laManche. Il élabore un plan compliqué pour éloigner la flotte britannique vers ses possessions desIndes occidentales. L’Autriche envahit laBavière avec une armée de 70 000 hommes commandée parMack. Napoléon repousse le débarquement à plus tard, et se tourne contre ses ennemis du continent. Fin, laGrande Armée se rue en « sept torrents » sur l’Autriche. Au siège puis à labataille d'Ulm (du au), Napoléon vainc Mack par une brillante manœuvre d’encerclement, le forçant à s’enfermer dans la ville puis à se rendre, sans que l’armée française ne subisse de pertes importantes. Avec l’armée autrichienne au nord des Alpes vaincue et, au sud des Alpes, l’armée sous le commandement de l’archiduc Charles qui affronteMasséna sans résultats concluants, Napoléon occupeVienne. Mais l’amiral Villeneuve est défait à labataille du cap Finisterre et s’enferme àCadix, avec la flotte franco-espagnole. Cette flotte est à nouveau vaincue àTrafalgar le, bataille décisive qui met fin aux projets d’invasion du Royaume-Uni. Napoléon se retourne alors contre l'Autriche.
Malgré des lignes de ravitaillement très allongées, Napoléon bat encore une armée austro-russe supérieure en nombre commandée parMikhaïl Koutouzov et les empereurs François Ier etAlexandreIer de Russie à labataille d'Austerlitz, le, dans ce qui est considéré comme sa plus grande victoire. Ses adversaires perdent plus de 25 000 hommes, contre moins de 7 000 pour l’armée française. L’Autriche signe letraité de Presbourg : elle abandonne la coalition, qui est dissoute, et cèdeVenise auroyaume d'Italie (dont Napoléon porte la couronne) et leTyrol à la Bavière.
Le retrait de l’Autriche provoque une pause dans la guerre. L’armée napoléonienne compte un nombre de victoires impressionnant, mais l’armée russe est à peine entamée.
La quatrième coalition se forme quelques mois seulement après la disparition de la précédente. En, l’Empereur des Français crée laconfédération du Rhin, qui rassemble les petits États rhénans et d’Allemagne. Les plus petits sont intégrés auxÉlectorats, aux duchés ou aux royaumes plus grands, ce qui facilite le gouvernement de l’Allemagne non-prussienne. Les plus grands États sont laBavière et laSaxe, érigées en royaumes par Napoléon.
La Prusse n'accepte pas que la suprématie française s’étende jusqu’à ses portes et le, le roiFrédéric-Guillaume III, poussé par le Royaume-Uni, décrète lamobilisation afin de faire la guerre seul à la France. La logique aurait voulu qu’il entre en guerre aux côtés de l’Autriche et de la Russie l’année précédente, ce qui aurait pu contenir Napoléon et empêcher le désastre d’Austerlitz. Lors de l’entrée en guerre de Frédéric-Guillaume, l’armée russe se trouvait encore loin de la Prusse.
En, Napoléon concentre son armée sur leRhin, puis avance vers la Prusse avec environ 160 000 hommes (effectif de départ, augmentant au cours de la campagne). L’avance rapide de l’armée française est telle qu’elle permet d’annihiler l’armée prussienne, comptant 250 000 hommes. En effet, Napoléon et le maréchalDavout la mettent en déroute lors des batailles d’Iéna et d’Auerstadt toutes deux se déroulant le. On compte 25 000 morts dans les rangs prussiens ; 150 000 soldats prussiens sont faits prisonniers ; 100 000 fusils et 4 000 canons sont pris et amassés à Berlin.
Le, Napoléon fait son entrée àBerlin à la tête de la Grande Armée. Il visite le tombeau deFrédéric le Grand, et devant sesmaréchaux qu’il fait se découvrir, prononce ces mots :« S’il était encore vivant, nous ne serions pas là aujourd’hui. » Au total, Napoléon a mis seulement 19 jours du commencement de son attaque sur la Prusse à son entrée à Berlin. En comparaison, la Prusse a lutté pendant trois ans durant la guerre de la Première Coalition. Après ces revers, la Prusse signe un armistice àCharlottenbourg.
À Berlin, Napoléon promulgue une série de décrets, entrés en vigueur le, rendant effectif leBlocus continental, qui vise à éliminer la menace britannique par des moyens économiques, en interdisant tout commerce avec les Britanniques dans tous les pays sous influence française. L’armée britannique était trop réduite pour menacer la France (un maximum de 220 000 hommes au plus fort des guerres napoléoniennes), face à la Grande Armée qui dépasse à un moment le million d’hommes, en comptant les armées alliées et lesgardes nationales. La flotte britannique gêne en revanche le commerce maritime français, mais ne peut rien contre le commerce français continental et ne menace pas le territoire français. De même, la population et la production (industrielle, agricole) françaises étaient bien supérieures aux britanniques ; cependant, la domination maritime des Britanniques leur donne une puissance économique considérable, suffisante pour rendre impossible à la France toute paix solide et pour pouvoir lever à tout moment une coalition contre elle. C’est également le Royaume-Uni qui équipe et finance les armées coalisées, sans d'ailleurs envoyer de supports humains la plupart du temps. Les gouvernements français crurent qu’isoler le Royaume-Uni du continent diminuerait son influence économique. C’est la justification duBlocus continental.
La guerre conduit à la recréation d’un État polonais qui accueillera les soldats français comme des libérateurs du joug prussien en leur fournissant vivres, chevaux et troupes fraîches. Napoléon se dirige vers le nord pour affronter l’armée russe et tenter de prendre la nouvelle capitale du roi de Prusse,Königsberg. Un mouvement tactique lors de la sanglantebataille d'Eylau ( et) contraint les Russes à une retraite. Après la prise deDantzig, Napoléon remporte une victoire décisive àFriedland le. Cette défaite pousse le tsar à signer letraité de Tilsit, le. Fort des nouveaux territoires pris à la Prusse, Napoléon fait renaître laPologne en créant legrand-duché de Varsovie.
Le soulèvement populaire contre l’occupation française le provoque une guerre en Espagne, qui aboutit en 1814 à l’expulsion d’Espagne du roiJoseph Bonaparte, remplacé par le roiFerdinand VII, et à l’invasion du sud de la France.
L’armée française est battue à labataille de Baylen. Napoléon se déplace alors, bat facilement les Hispano-Britanniques, et le corps expéditionnaire britannique quitte la péninsule. Une attaque autrichienne à revers surprend Napoléon à ce moment. Cela l’oblige à abandonner la péninsule ibérique, et explique qu’il n’y soit jamais revenu. En son absence, et comme il n’y envoie pas ses meilleurs officiers (Davout reste en permanence à l’Est), la situation change, notamment lorsque le général britanniqueArthur Wellesley, futur duc de Wellington, est nommé à la tête de l’armée britannique dans la péninsule.
L'Empire à son apogée en 1812 (en bleu foncé : la France ; en bleu clair : les territoires vassaux de la France).
Elle est formée en 1809 par le Royaume-Uni et l’Autriche, alors que le premier luttait déjà contre la France dans la péninsule Ibérique. Le Royaume-Uni s’était à nouveau retrouvé seul contre la France, en partie parce qu’il n’avait jamais engagé de forces importantes dans un conflit avec Napoléon, au contraire des puissances continentales. L’activité militaire britannique se réduit alors à de petites victoires dans lescolonies françaises, et des victoires navales. À terre, elle tente seulement en 1809 la désastreuseexpédition de Walcheren. L’affrontement se déplace sur le terrain économique : blocus continental contre blocus naval, que les deux ennemis respectifs tentent de renforcer, les Britanniques en combattant lesÉtats-Unis (guerre de 1812) et les Français en guerroyant en Espagne. Le conflit dans la péninsule Ibérique commence lorsque lePortugal continue de commercer avec le Royaume-Uni malgré les interdictions françaises. La défaite des Français à labataille de Bailén, révélatrice des difficultés rencontrées par la France dans sa tentative de soumission de la péninsule, précipite l'intervention britannique. Cela n'empêche pas les troupes françaises, cette fois dirigées par Napoléon en personne, d'occuper progressivement le pays et de conquérir à nouveauMadrid.
À la même époque, l’Autriche, alors alliée de la France, entrevoit l’opportunité de retrouver son ancien empire sur l’Allemagne, supprimé après Austerlitz. Elle remporte quelques succès contre les faibles forces françaises demeurées dans cette région. En effet, Napoléon a laissé seulement 170 000 hommes pour défendre la frontière orientale de la France, alors que dans les années 1790, c’est une armée de 800 000 hommes qui défendait lesfrontières françaises, sur un front plus court. L’Autriche attaque également le grand-duché de Varsovie, mais est vaincue à labataille de Raszyn (). L’armée polonaise conquiert laGalice occidentale.
Napoléon, de retour d'Espagne, prend le commandement de l’armée et dirige la contre-attaque en Autriche. Une série de petites victoires précèdent labataille d'Essling, première défaite tactique de Napoléon. L'archiduc Charles, commandant en chef autrichien, commet toutefois l’erreur de ne pas poursuivre les troupes françaises, ce qui aurait consolidé son succès. En conséquence, Napoléon prépare le siège de Vienne, qui commence en juillet. Il vainc ensuite les Autrichiens àWagram ( et). C’est à la suite de cette bataille que lemaréchal Bernadotte, critiqué par Napoléon pour son comportement pendant et après les combats, tombe dans une forme de disgrâce. La couronne de Suède est ensuite offerte à Bernadotte, qui l'accepte. Par la suite, l’armée suédoise combat l’ancien empereur de Bernadotte.
La guerre de la Cinquième Coalition s’achève par letraité de Schönbrunn le. Dans l'Est, seuls les insurgés duTyrol dirigés parAndreas Hofer continuent à combattre l'armée franco-bavaroise, mais ils sont finalement vaincus en alors que dans l'ouest, laguerre péninsulaire se poursuit.
En 1810, l’Empire français atteint son extension maximale. Napoléon épouseMarie-Louise, archiduchesse d’Autriche, afin d’établir une alliance durable avec l’Autriche et avoir enfin un héritier, que sa première épouse,Joséphine de Beauharnais, n’avait pu lui donner. Outre l’Empire, Napoléon est roi d’Italie, médiateur (et dirigeant) de laConfédération suisse et protecteur de laconfédération du Rhin, tandis que son ambassadeur à Varsovie dirige officieusement le grand-duché. Ses alliés sont :
LaSixième Coalition rassemble le Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, auxquelles se joignent au fur et à mesure des difficultés françaises, la Suède, l’Autriche et la plupart des petits États allemands.
Dans le même temps, en Espagne, la victoire des Hispano-Britanniques commandés par Wellesley à labataille de Vitoria () met fin à l’occupation française de la péninsule, et l’armée française et Joseph Bonaparte repassent lesPyrénées.
La Prusse voit une occasion dans ces historiques défaites de l’armée française, et entre en guerre. Napoléon reconstitue une armée en renforçant ses troupes rescapées, qui passent de 30 000 à 130 000 hommes (et atteindront 400 000 hommes). Il cause des pertes élevées (40 000 morts) à ses adversaires à labataille de Lützen () et à celle deBautzen ( et), sans remporter de victoire décisive. Plus de 250 000 hommes s’affrontent dans ces batailles, ce qui les place parmi les plus grandes batailles de l’histoire militaire.
Un armistice est signé le, et la trêve dure jusqu'au. Chaque camp cherche à se renforcer, et les coalisés parviennent à convaincre l’Autriche d’affronter à nouveau Napoléon. Elle forme deux armées d’environ 800 000 hommes, plus une réserve stratégique de 350 000 hommes pour appuyer les opérations de frontière. De son côté, Napoléon réunit environ 650 000 hommes en Allemagne, dont seulement 250 000 sous ses ordres directs (120 000 commandés parOudinot, et 30 000 parDavout). La confédération du Rhin équipe le gros des forces restantes, la Saxe et la Bavière étant les principaux alliés. En Italie, leroyaume de Naples deMurat et leroyaume d'Italie d’Eugène de Beauharnais ont une armée combinée d’environ 100 000 hommes. Enfin, entre 150 000 et 200 000 soldats font retraite d’Espagne, poursuivis par les troupes hispano-britanniques (environ 150 000 hommes). Au total, 900 000 soldats français sont opposés sur tous les fronts à environ un million de soldats coalisés (sans compter les réserves stratégiques). De plus, les soldats allemands des forces françaises sont peu fiables, et ont tendance à déserter pour rejoindre les troupes alliées. Il est donc raisonnable d’estimer que Napoléon ne pouvait compter que sur 450 000 hommes en Allemagne, et qu’il était donc soumis à un rapport de forces défavorables de deux contre un.
À la fin de la trêve, Napoléon reprend l’initiative et vainc àDresde des forces alliées numériquement supérieures, leur infligeant de fortes pertes, et avec de faibles pertes de son côté. Toutefois, de mauvais jugements de ses maréchaux et un manque d’assurance dans le reste de l’offensive coûte à la France l’avantage acquis lors de cette bataille. À labataille de Leipzig, dite « bataille des Nations » (du au), 191 000 Français font face à 450 000 soldats alliés. Napoléon est battu, et contraint à faire retraite.
C'est l'invasion de la France par une armée coalisée de 500 000 soldats. Les monarques coalisés veulent mettre fin à vingt ans de guerre, à la Révolution et abattre Napoléon, qu'ils appellent l’Usurpateur. Napoléon ne peut leur opposer qu'une petite armée de 70 000 hommes. Au sein de cette armée de la dernière chance, laGarde impériale, composée en partie de conscrits, défend avec héroïsme chaque pouce de terrain. « Triomphe de la volonté sur le nombre » (selon le maréchal Juin), la campagne de France est l’occasion pour Napoléon de montrer son génie, en réussissant avec cette armée réduite à battre successivement ses ennemis divisés, notamment lors des batailles deChampaubert,Montmirail,Mormant etMontereau. Malgré ces victoires, les Alliés signent letraité de Chaumont (), promettant de rester unis jusqu’à la défaite totale de Napoléon. 6 000 combattants français furent tués, blessés ou faits prisonniers au cours de cette dernière campagne, sans réussir à empêcher les Alliés d’entrer à Paris le, livrée par le maréchalMarmont. Sans envisager la défaite, Napoléon avait calculé qu’il pouvait recevoir 900 000 hommes en renfort, entre nouvelles recrues et troupes en garnison en Allemagne, Belgique et Hollande. Ces plans ne purent se réaliser, ces renforts n’ayant pu être mobilisés à temps. Napoléonabdique le àFontainebleau, et la France signe lepremier traité de Paris le (undeuxième traité a été signé l'année suivante). Lecongrès de Vienne débute le.
La Septième Coalition rassemble le Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, la Suède, l’Autriche, les Pays-Bas et de nombreux États allemands contre la France.
Cette période connue sous le nom deCent-Jours commence quand Napoléon s’échappe de l'île d’Elbe et débarque àGolfe Juan, le. Durant leVol de l’Aigle, il emprunte d’abord ce qui est devenu laroute Napoléon dans lesAlpes, rallie à lui les troupes qu’on envoie pour l’arrêter, et arrive à Paris abandonné parLouis XVIII. Les Alliés le déclarent hors-la-loi, et rassemblent en hâte une armée. Napoléon dispose de 280 000 hommes divisés en plusieurs armées. Avant son retour, la France avait une armée de 90 000 hommes (une légion par département), auxquels il réunit 250 000 vétérans. Il promulgue un décret pour mobiliser 2,5 millions d’hommes.
Les alliés ont immédiatement 700 000 soldats disponibles, et prévoient de se renforcer à hauteur d’un million d’hommes, soutenus par 200 000 hommes de garnison dans lesplaces fortes.
Napoléon conduit une armée de 124 000 hommes dans une attaque préventive en Belgique, afin d’attaquer les armées alliées avant qu’elles ne se rassemblent, en espérant repousser les Britanniques à la mer et forcer les Prussiens à se retirer de la coalition. Sa marche rapide lui donne l’effet de surprise voulu. Il force les Prussiens au combat à labataille de Ligny (), où ils sont battus et se retirent en désordre. Le même jour,Ney arrête les troupes britanniques envoyées par Wellington pour soutenirBlücher, à labataille de Quatre-Bras. Ney ne peut cependant pas dégager les positions françaises, et Wellington n’est forcé à la retraite que par le recul prussien. Il rassemble ses troupes sur une position qu’il avait reconnue préalablement au mont Saint-Jean, à quelques kilomètres de la ville deWaterloo. Napoléon porte alors ses réserves vers le nord, et rejoint Ney pour poursuivre Wellington, tout en demandant à Grouchy de garder sa droite et d’empêcher les Prussiens de se réorganiser. Il ne remplit pas cette mission, et bien qu’il battevon Thielman à labataille de Wavre ( et), le gros de l’armée prussiennemarche au son du canon de Waterloo.
Au début de labataille de Waterloo, le, Napoléon attend longtemps avant d’engager le combat, que le terrain soit séché par le soleil. À la fin de la journée, l’armée française n’a pas pu déloger les Britannico-Hanovriens de leurs positions. Quand les Prussiens arrivent et attaquent l’aile droite française, la stratégie de l’Empereur de maintenir divisés les coalisés se trouve mise en échec, et son armée doit faire retraite dans la confusion la plus totale. Après sa victoire à Wavre, Grouchy revient en ordre vers Paris, où Davout tient prête une armée de 117 000 hommes, pour faire face aux 116 000 Prusso-Britanniques. Même si militairement, Napoléon aurait pu envisager de continuer la lutte, sa chute est précipitée par une impossibilité politique de se maintenir au pouvoir.
Arrivé à Paris trois jours après Waterloo, Napoléon abdique une seconde fois le, et les Alliés l’exilent sur le rocher isolé deSainte-Hélène.
La France n’est plus la puissance dominante en Europe, comme elle l’était sousLouis XIV ;
Dans de nombreux pays européens, l’importation des idéaux et des progrès de laRévolution française (démocratie, procès contradictoires et équitables, abolition des privilèges, de la torture, égalité devant la loi) laisse une empreinte durable. Même si les royaumes napoléoniens étaient autoritaires, ils l’étaient moins que ceux qui les avaient précédés. Les monarques européens ont de grandes difficultés àrestaurer l’absolutisme pré-révolutionnaire, et sont souvent obligés de maintenir certaines réformes introduites par l’occupation (comme leCode Napoléon, resté en usage dans quelques régions très longtemps, ou ayant influencé de nombreux codes nationaux). De nombreuses institutions supprimées ne furent jamais recréées (Saint-Empire romain germanique), d’autres créées par Napoléon durent encore de nos jours ;
Un nouveau et puissant mouvement naît dans le sillage des armées napoléoniennes : lenationalisme. Il va s’imposer et changer le cours de l’histoire de l’Europe. Il est la force qui pousse à la naissance des nations européennes, et à la fin des Empires. La carte de l’Europe est complètement redessinée dans les cent ans qui suivent les guerres napoléoniennes, non plus selon les normes aristocratiques, mais culturelles et idéologiques, de l’indépendance de laGrèce (1830) à laPremière Guerre mondiale ;
La guerre d’Espagne détruit complètement l’État espagnol, sa flotte et son armée, situation aggravée par la révolte des colonies américaines, influencées par les idéaux de la Révolution française et des États-Unis. En 1825, la quasi-totalité de l’empire colonial espagnol en Amérique est soit devenu indépendante, soit annexée par les États-Unis (Floride,Louisiane), le Royaume-Uni (Trinidad) ouHaïti (Saint-Domingue) ;
Le Royaume-Uni devient la puissance hégémonique mondiale au niveau commercial et maritime. L’occupation des Pays-Bas par la France lui permet d’occuper les colonies néerlandaises, et de conserver celles qui ont une valeur stratégique à la fin des guerres napoléoniennes (Ceylan,Malacca,Afrique du Sud,Guyana).
« DeClausewitz, qui le tenait pour le dieu de la guerre, aumaréchal Foch, qui reprit la théorie napoléonienne de l'offensive à outrance, tous les experts en art militaire reconnaissent le génie de Napoléon. Cette réputation est-elle surfaite ou fait-elle partie de la légende ? »
Les guerres napoléoniennes bouleversent complètement les conceptions sur l’art de la guerre. Avant Napoléon, les États européens avaient des armées relativement petites, avec une forte proportion d’étrangers et de mercenaires combattant parfois leur pays d’origine pour une puissance étrangère. Les innovations militaires de la deuxième moitié duXVIIIe siècle préparent cependant le concept denation en guerre.
Napoléon innove dans l’usage de la mobilité pour compenser son infériorité numérique, comme il en fait des démonstrations brillantes lors de lacampagne d’Italie ou de labataille d'Austerlitz. Le rôle de l’artillerie se retrouve considérablement accru lors de la bataille, qui forme désormais des unités mobiles et indépendantes, et plus seulement en appui des autres unités comme auparavant (changement préparé à la fin de l’Ancien Régime par plusieurs réformes). Napoléon standardise les calibres de canons, de façon à faciliter les approvisionnements et à assurer une meilleure compatibilité entre les pièces. Il sait aussi se servir de la science, notamment dans l’amélioration de l’intendance des armées. Surtout, la conduite de la guerre est changée : le but recherché est la destruction des armées adverses (et donc de lui infliger des pertes maximales pendant et après la bataille, par une poursuite de cavalerie légère).
Avec la quatrième plus importante population du monde à la fin duXVIIIe siècle (27 millions d’habitants, contre 12 millions de Britanniques et 35 à 40 millions de Russes), la France est bien placée pour pratiquer la levée en masse. La Révolution française et Napoléon ont bien retenu le concept des guerres commerciales et dynastiques du siècle précédent (qu’ils n’ont pas inventé), et les ont appliqués à grande échelle.
Tout le mérite ne revient pas non plus à Napoléon, qui disposait d'une armée façonnée parLazare Carnot qui joue un rôle décisif dans sa réorganisation en 1793-1794, lorsque le sort de la France se jouait, avec des armées devant faire face sur tous les fronts. L’augmentation de la taille des armées donne également une indication sur le changement dans la façon de faire la guerre. Lors de laguerre de Sept Ans, dernière guerre importante en Europe avant la Révolution française, peu d’armées dépassaient les 200 000 hommes. Dans les années 1790, l’armée française atteint les 1,5 million de conscrits. Au total, durant ces vingt-trois années de guerre, près de 2,8 millions de Français servirent dans l’armée de terre, et près de 150 000 sur mer.
Le Royaume-Uni mobilise 750 000 hommes de 1792 à 1815, dont un tiers dans laRoyal Navy. Il est plus difficile de faire le compte des autres armées, mais en 1812, la Russie compte 900 000 hommes dans son armée de terre, donc avait plus d’un million d’hommes mobilisés. Les forces autrichiennes atteignent 576 000 hommes au maximum ; l’Autriche étant l’ennemi le plus persistant de la France, il est raisonnable de penser que plus d’un million d’Autrichiens servirent dans l’armée durant cette période. La Prusse et le Royaume-Uni eurent jusqu’à 320 000 sous les armes, l’Espagne environ 300 000. L’Empire ottoman, le royaume d’Italie, le royaume de Naples et le grand-duché de Varsovie mobilisent eux aussi plus de 100 000 hommes (à l’époque, lesÉtats-Unis ont 286 000 hommes sous les drapeaux). Comme on peut le voir, même de petites nations ont eu des armées rivalisant avec celles des grandes puissances des guerres précédentes.
Plusieurs historiens voient dans lesguerres de la Révolution française et les guerres napoléoniennes certaines des premières étapes de larévolution industrielle. Il devient courant de produire des armes en masse et d’équiper des troupes bien plus importantes. Le Royaume-Uni est le principal fabricant d’armes de cette période, car il fournit la plus grande partie des armes utilisées par les puissances coalisées (et lui-même n’utilise qu’une faible partie des armes qu’il fabrique). La France est le deuxième producteur, pour ses propres besoins d’abord, mais aussi pour équiper la confédération du Rhin et d’autres alliés.
La guerre répand certaines innovations technologiques, comme letélégraphe Chappe, qui permet à Carnot de communiquer avec les armées françaises combattant sur les frontières. Ce système perdure après 1815. C’est durant labataille de Fleurus que l’on utilise la première fois desballons pour espionner les positions ennemies.
Abraham Kalinsky (décédé en 1911), il serait décédé à l'âge douteux de 117 ans. Il est d'abord soldat dans les contingents alliés de laGrande Armée napoléonienne. Lors desCent-jours, il est dans l'armée prussienne à Waterloo (1815). Il émigre aux États-Unis d'Amérique et meurt àBaltimore.
John Vaughan (1801-après 1905), anglais, il est un jeune trompette qui participe à la bataille de Waterloo (1815).
John Uhnweiler (1801-1904[11]), Français engagé comme enfant de troupe, c'est comme tambour qu'il est témoin de la bataille de Waterloo (1815). Il émigre aux États-Unis d'Amérique et meurt àDallas.
Vincent Markiewicz (vers 1794-1903), Polonais, il rejoint la Grande Armée lors d'une étape de Napoléon à Varsovie en 1811. Il participe aux dernières guerres de l'Empire dans les troupes polonaises fidèles à Napoléon. Il est présent notamment à laBataille de Borodino,de Leipzig etde Waterloo[12]. Il fait même partie de la suite de l'Empereur à Sainte-Hélène, où il ne reste qu'une année (les Britanniques ayant décidé de limiter le personnel autour de Napoléon). Il servit ensuite dans l'armée russe en Pologne dans les années 1820. De retour en France, il participa à plusieurs complots bonapartistes. Il meurt à Varsovie après une vie mouvementée en participant à diverses luttes nationales duXIXe siècle (Pologne, Hongrie, Italie).
Josephine Mazurkewicz (1784-1896) fut la dernière combattante femme. Elle était une chirurgienne assistante dans l'armée de Napoléon et a plus tard participé à laguerre de Crimée.
Jean-Baptiste Nicolas Savin (né probablement entre 1768 et 1792, décédé en 1894)[14] était un soldat français. Il se présentait comme étant le dernier survivant desguerres de la Révolution française (1792-1802), ainsi que le dernier officier français des guerres napoléoniennes[15].
Morris Shea (1795-1892) fut le dernier vétéran écossais[16].
Sir Provo Wallis (1791-1892) fut le dernier officier de laRoyal Navy à avoir participé aux guerres napoléoniennes. Il a participé à laguerre de 1812.
En2023, dansL'Infographie de l'Empire napoléonien, les historiensVincent Haegele etFrédéric Bey, donnent un bilan de 4,5 millions de morts (dont environ 3 135 000 militaires et 1 365 000 civils) pour l'ensemble des pertes causées par les combats et les épidémies, de1792 à1815, lors desguerres de la Révolution française et des guerres napoléoniennes[8].
↑Voir en particulier Frédéric Mathieu,Napoléon, les derniers témoins, 2008, éditions Sébirot, et Frédéric Mathieu,Ils ont vaincu Napoléon et le temps, 2009, éditions Sébirot