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Lesguerres d'Italie sont une suite deonze conflits menés par lessouverains français enItalie à partir de la fin duXVe siècle et au cours duXVIe siècle pour faire valoir ce qu'ils estimaient être leurs droits héréditaires sur leroyaume de Naples, puis sur leduché de Milan. Par un jeu complexe d'alliances et de contre-alliances reposant en partie sur des liens de parenté et au prix d'efforts financiers considérables et de nombreusescampagnes militaires, lesgrandes puissances européennes s'affrontèrent sur le champ de bataille italien marqué par des batailles de rencontre et desbatailles rangées célèbres, mais aussi sur d'autres territoires.
Leroyaume de Naples est revendiqué par lamaison d'Anjou, maison cadette desCapétiens, depuis queJeanne Ire de Naples a adoptéLouis Ier d'Anjou en 1380, lui faisant hériter de sa couronne à sa mort en 1382, et queJeanne II de Naples a réitéré ces droits en faisant hériterRené Ier d'Anjou, petit-fils de Louis Ier d'Anjou, en 1435. Ni l'un ni l'autre n'ont jamais pu prendre le contrôle effectif de Naples car, la première fois, une branche cousine de Jeanne Ire a récupéré Naples et, la seconde fois, en 1442, l'Aragon avec le roiAlphonseV en prend le contrôle. La maison d'Anjou essaie alors sans relâche d'en reprendre possession.René d'Anjou meurt en 1480. Ses droits sur leroyaume de Naples passèrent à son neveuCharles V du Maine, puis, à sa mort, auroyaume de France, où règneLouisXI dont il fait son héritier, puis, à partir de 1483,CharlesVIII.
CharlesVIII doit faire d'importantes recherches dans les archives pour prouver le bien-fondé de ses prétentions, d'autant plus que la maison d'Anjou a perdu ses possessions napolitaines en 1442. Ce legs comprend aussi leroyaume de Jérusalem, qui est occupé par lesMamelouks jusqu'en 1517. Trois traités assurent à la France la neutralité des partis concurrents : neutralité de l'Angleterre par letraité d'Étaples en 1492, puis celle de l'Espagne par letraité de Barcelone en 1493 (FerdinandII d'Aragon récupère leRoussillon et laCerdagne), enfin celle de l'empereurMaximilien par letraité de Senlis en 1493. Par ces derniers accords,CharlesVIII renonce à la Franche-Comté, dot de sa promiseMarguerite d'Autriche (fille de Maximilien) avec laquelle il rompt dès lors ses fiançailles.
En 1486, certains barons du royaume de Naples, restés fidèles aux Angevins, se révoltent. Vaincus, ils se réfugient en France. Les monarques français essayent alors de faire valoir leurs droits pendant près de60 ans.
CharlesVIII est en outre incité à se rendre en Italie parLudovic le More, tuteur du duc de MilanJean Galéas Sforza. Ludovic le More est inquiet de la rupture possible de l'équilibre en Italie : l'alliance formée dès 1467 parFlorence,Milan et Naples, pour lutter contre la puissancevénitienne, bat de l'aile etPierre l'Infortuné, le successeur deLaurent le Magnifique, se rapproche du royaume de Naples.
Lecasus belli du conflit était la rivalité qui a surgi entre la duchesse de Bari,Béatrice d’Este, épouse de Ludovico, et la duchesse de Milan,Isabelle d’Aragon, épouse de Jean Galéas Sforza, qui aspiraient tous deux au contrôle du duché de Milan et au titre héréditaire pour leurs enfants. Quand, en janvier 1493, Béatrice donna naissance àHercule Maximilien, elle voulut qu’il soit nommé comte de Pavie - titre appartenant exclusivement à l’héritier du trône - à la place du fils d’Isabelle[1]. Cette dernière, se sentant menacée, demanda l’intervention de son pèreAlphonse d’Aragon qui, montant sur le trône de Naples après la mort de son pèreFerrante, n’hésita pas à venir à la rescousse de sa fille. De là vint la réaction de Ludovico qui, en réponse aux menaces d’Alphonse, qui avait occupé la ville de Bari, donna carte blanche au monarque Français pour intervenir en Italie[2],[3].
En outre, le projet deCharlesVIII est discrètement soutenu en Italie par une faction, à la tête de laquelle se trouve « le cardinal Giuliano della Rovere le futurJulesII, [qui] comptait sur l'appui des Français pour faire déposer le pape régnantAlexandreVI Borgia »[4].
Les premières guerres d'Italie : deCharlesVIII à Marignan
Il s'agit de se rendre maître du royaume de Naples, puis d'entreprendre une croisade contre l'Empire ottoman deBajazetII, afin de reconquérirJérusalem[4].
L'armée française à l'entrée en Italie (septembre 1494)
L'armée française qui pénètre en Italie est composée de la garde rapprochée du roi, formée par deux cents cavaliers, une cavalerie de 1 600 lances, 12 000 fantassins (dont 6 000 Suisses et 3 000 Gascons) et surtout uneartillerie de70 pièces, légères et maniables.
Les Français avancent rapidement et atteignent la ville d'Asti le[6]. Parallèlement, àRapallo, près deGênes, les troupes franco-milanaises commandées parLouis d'Orléans, appuyées par la marine française, mettent en déroute une armée de 5 000 Aragonais, fraîchement débarqués dans leport de Gênes. Victime de lapetite vérole,CharlesVIII ne peut pénétrer dans Gênes avant le.
L'armée française continue alors en direction de Naples : le, les Français prennentMordano, enRomagne, et y massacrent civils et soldats ; le, c'est le bourg deFivizzano qui subit le même sort. Les Italiens sont terrorisés, et après négociation,Florence est prise sans combat le.CharlesVIII est accueilli par le dominicainSavonarole, maître de la ville, qui le salue comme l’envoyé de Dieu[7].
Les Français quittent la ville le du même mois et entrent dansRome le. Les Français, une fois dans la Ville éternelle, pillent, massacrent et le papeAlexandreVI est contraint d'accepter le serment d’obédience au roi[8].CharlesVIII se fait remettre par le pape Alexandre le propre frère du sultanBajazet,Djem. Celui-ci avait combattu sans succès Bajazet pour recueillir l'héritage de leur père, le sultanMehmedII. Afin d'échapper à la vindicte de son frère, Djem avait d'abord trouvé refuge chez leshospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem àRhodes, et ceux-ci l'avaient ensuite confié au pape.CharlesVIII comptait sur Djem pour rallier des musulmans à sa cause et combattre Bajazet. L'aventure n'a pas de suite, car Djem meurt quelques semaines plus tard[9].
À la mi-, le roiAlphonseII (roi de Naples) abdique etFerdinandII lui succède. Ce dernier doit fuir devant l'arrivée des troupes françaises le. Des nobles italiens, nostalgiques de la période angevine et convaincus de la justesse des prétentions deCharlesVIII, serallient à lui avec leurs hommes d'armes (lavorata…) et agissent encondottieres. Ils se contentent de la solde du roi (8 d. pour un chevalier). L'occupation militaire de Naples est l'occasion pour de nombreux soldats de contracter un mal alors inconnu : lasyphilis[réf. nécessaire].
L'arrogance de l'occupant français provoque l'hostilité de la population. En outre, unealliance anti-française se constitue dans le Nord, à l'instigation deVenise.CharlesVIII décide de quitter Naples le avec le gros de son armée.Gilbert de Montpensier, devenuvice-roi, y demeure à la tête d'une garnison française[réf. nécessaire].
Le retour difficile de Charles VIII : Fornoue, Novare
Resté enLombardie avec une partie des troupes, Louis d'Orléans, bien qu'ayant reçu l'ordre de ne pas attaquer le duc de Milan Ludovic le More, ne peut résister à l'envie de s'emparer deNovare, qui lui fut donnée pour trahison. Il y entre le et y est très bien reçu par les habitants. La dépression nerveuse de Ludovic (frappé, semble-t-il, par unaccident vasculaire cérébral), l’ambiguïté des alliés et le manque d’argent pour la solde des troupes semblèrent d’abord renverser la situation en faveur du duc d’Orléans. Mais, l’intervention rapide de la duchesseBéatrice d’Este, qui avait repris le gouvernement du duché et relancé le siège de Novare, rétablit l’ordre, mettant un terme à l'entreprise d’Orléans[10],[11].
Le retour vers la France deCharlesVIII s'effectue dans des conditions difficiles. Le roi, ayant quitté Naples avec une armée diminuée (il n'a plus que 9 000 hommes avec lui), fait traverser à grand-peine lesApennins à son artillerie et arrive près deFornoue le. Rattrapé par l'armée coalisée, forte de 35 000 hommes et commandée par lemarquis de Mantoue,FrançoisII de Mantoue,CharlesVIII est obligé d'accepter le combat. Le se déroule labataille de Fornoue où les Français, malgré leur infériorité numérique, remportent une victoire leur permettant de poursuivre leur retraite.
L'armée arrive àAsti dans un état de délabrement certain. Louis d'Orléans, enfermé avec ses troupes dans Novare par les 30 000 hommes de Ludovic le More et en proie à la famine, appelle à l'aide son cousin, qui part à son secours sans lui tenir rigueur de son insubordination.
Des négociations s'ouvrent entre les deux parties, qui conduisent à la paix de Verceil, signée le. Louis d'Orléans évacue Novare avec ses 5 500 hommes majoritairementsuisses dont un grand nombre, trop affaiblis, meurent peu après. Letraité de Verceil accorde au roi de France des espérances chimériques, et laisse en réalité le champ libre au duc de Milan.
L'intervention de Ferdinand d'Aragon dans le royaume de Naples
Pendant ce temps, les Français laissés sur les débris du royaume de Naples combattent pour en conserver la possession.FerdinandII débarque enCalabre et les assiège dans Naples. Montpensier s'enferme dans les châteaux en attendant les secours de France. Ceux-ci tardent à arriver : Ludovic le More ne tient pas son engagement d'envoyer une flotte pour acheminer leurs troupes vers Naples etCharlesVIII est à court d'argent. Le coût de son expédition en Italie aurait dû être partiellement couvert par des dons des Florentins, dons conditionnés au retour sous leur contrôle des places fortes prêtées au roi. Ces places fortes sont finalement vendues àLucques, Venise, Gênes ouPise, après la trahison du commandant français enToscane,Robert de Balzac.CharlesVIII se voit donc contraint de rembourser les prêts florentins, et ne reçoit pas de nouveaux fonds de cette ville.
Gilbert de Montpensier, en désespoir de cause, embarque avec la quasi-totalité de sa garnison et se rend àSalerne. L'armée du comte, composée en grande partie de mercenaires allemands et italiens, manquant souvent de vivres et n'ayant pas reçu sa solde depuis fort longtemps, se laisse enfermer parFerdinandII dans la petite ville d'Atella. Une partie des mercenaires allemands fait défection, poussant les Français à la capitulation. L'armée française retenue prisonnière est décimée par la maladie et la faim.
L'Espagne, engagée dans laligue de Venise en violation du traité de Barcelone, attaque leLanguedoc à plusieurs reprises courant 1496. Des négociations en vue d'obtenir une paix séparée avec l'Espagne occupent une partie de l'année 1495, toute l'année 1496 et le début de 1497, aboutissant à la signature de latrêve d'Alcalá de Henares le.
CharlesVIII, toujours désireux de reconquérir leroyaume de Naples, entretient des intelligences avec les princes d'Italie dont les États peuvent lui ouvrir de nouveau le chemin de ce royaume. Le duc d'Orléans contribue cependant à faire naître des obstacles aux projets du roi, qui meurt en 1498 sans assouvir ses rêves de revanche.
CharlesVIII a donc abandonné le Roussillon et la Cerdagne, leConflent et leVallespir aux Espagnols par leTraité de Barcelone de 1493 sans rien obtenir en échange. Cette expédition en Italie est donc un échec politique et stratégique.
Deuxième guerre d'Italie (1499-1500) : prise de Milan
Enfin, il conclut des accords avec le roiHenriVII d'Angleterre etPhilippe le Beau, souverain desPays-Bas bourguignons, époux de l'héritière présomptive de Castille et d'Aragon,Jeanne de Castille ; Philippe le Beau est aussi le fils deMaximilien d'Autriche, qui s'est remarié en 1494 avecBlanche-Marie Sforza, mais qui n'est pas pour autant un grand ami de Ludovic (oncle de Blanche-Marie), usurpateur du duché de Milan en 1497.
Les Français sont commandés par« un condottiere de haut vol[a] »,Jacques de Trivulce. Celui-ci se dirige vers Milan tandis que Louis XII se dirige vers Gênes.
Trivulce attaque Milan en même temps que les Vénitiens (). Ludovic le More, attaqué sur deux fronts etsans l’aide valable de sa femme[pas clair]Béatrice, morte en 1497, préfère se réfugier avec ses enfants dans lecomté de Tyrol, possession héréditaire deMaximilien d'Autriche. Trivulce occupeMilan le.
Gênes tombe également aux mains du roi de France qui rejoint Trivulce à Milan, puis repart pour son royaume, laissant le duché à la garde de son général.
Mais Ludovic Sforza reconstitue une armée et reprend Milan en. Louis XII envoie alorsLouis II de La Trémoille etGeorges d'Amboise en Italie. Les mercenaires de Ludovic le More n'ayant pas été payés refusent de combattre et livrent même leur chef aux Français àNovare le.
Ludovic Le More est emmené en captivité en France[13]. Louis XII nommeCharlesII d'Amboise de Chaumont gouverneur de Milan.
Troisième guerre d'Italie (1501-1504) : échec de la conquête de Naples
En 1501, Naples doit faire face à une double offensive franco-espagnole si bien que son roi capitule le. Il se réfugie auprès du roi de France, qui lui attribue le titre deduc d'Anjou en contrepartie de son renoncement au royaume de Naples.
Dans le royaume de Naples, l'occupation par les Français de certains territoires contestés entraîne un conflit avecFerdinandII d'Aragon dès 1502.
AlexandreVI meurt en. Son successeur,PieIII, ne règne que quelques jours, et c'est un adversaire farouche desBorgia,JulesII, qui devient pape. César Borgia doit rendre les villes et forteresses qu'il occupe et fuit en Espagne, où il est emprisonné, puis finit par se réfugier dans leroyaume de Navarre où il meurt en 1507.
En est signé l'armistice de Lyon, complété en septembre de la même année par letraité de Blois, par lequelLouisXII renonce au royaume de Naples au profit deFerdinandII d'Aragon, tout en conservant ses droits sur le Milanais etGênes.
Les Vénitiens refusent de céder à l'ultimatum papal et la guerre éclate en. Les troupes françaises, commandées parLouisXII en personne, assisté par Trivulce etCharlesII d'Amboise, franchissent la frontière lombarde le et battent les Vénitiens de Bartolomeo d'Alviano à labataille d'Agnadel le.
Les troupes vénitiennes se ressaisissent toutefois et, le, les Vénitiens qui s'étaient fortifiés dansTrévise, reprennent Padoue sous les ordres d'Andréa Gritti. L'Empereur vient mettre le siège devant la ville le, mais doit le lever dix-sept jours plus tard.
Inquiet des progrès de Louis XII, le papeJulesII manifeste sa volonté de chasser les Français d'Italie. Le, il lève l'excommunication de Venise et les troupes papales et vénitiennes combattent ensemble pour chasser les Français d'Italie, les Vénitiens reprenant progressivement leurs territoires sur la Terre Ferme.
Le, le Pape forme laSainte Ligue avec l'Espagne et Venise, puis l'Angleterre et les cantons suisses, contre la France.
Les troupes françaises, commandées parGaston de Foix, parviennent toutefois à vaincre les troupes de la Ligue : celles-ci doivent lever le siège de Bologne, évacuerBrescia qu'elles avaient reprise et vainquent les troupes de la Ligue le lors de labataille de Ravenne. Gaston de Foix meurt cependant durant cette bataille etJacquesII de Chabannes de La Palice, son successeur,n'a pas ses talents de général ![réf. nécessaire].
Au lieu de marcher surRome, les troupes françaises perdent du temps en pillantRavenne. Les troupes espagnoles et pontificales ont le temps de se ressaisir et les 18 000 soldats suisses arrivent enLombardie. En, les Français ont complètement évacué la Lombardie etMaximilien Sforza est placé sur le trône ducal àMilan.
JulesII meurt le. Il laisse à son successeurLéonX une papauté très forte. Les Français, dirigés parLa Trémoille etTrivulzio, lancent une nouvelle offensive et reprennent la plupart des villes du duché, dont Milan. Cette offensive est pourtant mise en échec à son tour, le, à labataille de Novare, perdue contre les Suisses. Les troupes françaises évacuent une nouvelle fois leduché de Milan et repassent en France pour faire face à un nouveau danger.
Les Suisses tiennent le duché, au nom de son jeune ducMaximilien Sforza. Ils obtiennent le soutien, le, de l'empereurMaximilienIer de Habsbourg et deFerdinandII d'Aragon pour la protection du Milanais. Le papeLéonX, plus soucieux de défendre les intérêts de sa famille àFlorence, n'adhère à l'accord que le. En réalité, seuls les Suisses sont prêts à défendre le duc de Milan, l'empereur fermant les yeux sur l'engagement parFrançois Ier de plus de 15 000 lansquenets allemands.
Les Suisses se préparent à l'invasion française en installant des garnisons dans lePiémont, aux débouchés traditionnels des armées françaises,Suse etPignerol, par lecol du Mont-Cenis et duMontgenèvre. Les Français prennent cependant une voie nouvelle pour venir en Italie, lecol de Larche, et forcent ainsi les Suisses à faire retraite pour défendre laLombardie.
Au cours de l'été, le roi de France promet auxConfédérés d'énormes sommes d'argent en échange de l'abandon du duché de Milan. Les Suisses hésitent, puis refusent. Suisses et Français s'affrontent alors les et lors de labataille de Marignan. Les Français sont vainqueurs et peuvent rapidement prendre le contrôle de l'ensemble de la Lombardie. Par letraité de Viterbe, le, le papeLéonX reconnaît àFrançois Ier son titre de duc de Milan. La France et la Papauté signent le leconcordat de Bologne qui régira les rapports entre les deux puissances jusqu'à laRévolution française, renforçant le poids du roi dans l'Église gallicane.
Le,Charles de Habsbourg, devenu roi d'Espagne à la mort de son grand-pèreFerdinandII d'Aragon, reconnaît à la France la possession du Milanais, contre l'abandon de toute prétention française sur Naples : c'est lapaix de Noyon.
Il fut plus difficile pour le roi de France de s'entendre avec les Suisses divisés. En, huit cantons décident d'accepter les conditions du roi, cinq autres autorisent l'empereur à recruter pour une nouvelle expédition en Italie. Finalement, le, unepaix perpétuelle est signée entre la Confédération et la France. Le roi de France pouvait de nouveau engager des Suisses dans son armée. Une paix durable semble s'installer en Italie.
Les six guerres du duel François Ier / Charles Quint
Portrait de l'empereurCharles Quint à l'époque de son élection à l'Empire (vers 1519).
À la suite de l'élection de Charles de Habsbourg à la tête duSaint-Empire (sous le nom d'empereur de Charles V, origine de son nom usuel :Charles Quint), la France se retrouve entourée par les États de Charles Quint, qui, outre le titre impérial et les pouvoirs qu'il implique[14], détient aussi l'Espagne (royaumes deCastille et d'Aragon, sud duroyaume de Navarre), lesDix-Sept Provinces desPays-Bas et lecomté de Bourgogne ; ainsi que, en Italie, leroyaume de Naples. Dès lors, les affrontements ne vont plus se limiter à l'Italie, celle-ci restant tout de même le principal théâtre d'opérations.
Le, les Français, qui tentaient une nouvelle fois de conquérir le royaume de Naples, sont vaincus à labataille de la Bicoque près de Milan et doivent abandonner leduché de Milan.François Sforza est installé par Charles Quint sur le trône ducal.
En,Charles de Bourbon, connétable de France et premier officier du royaume, se rebelle contre son roi et passe au service de l'empereur. Près de la frontière du royaume de Castille, lemaréchal de Lautrec, par sa résistance héroïque, contraint cependant les Espagnols à lever le siège deBayonne.
En 1524, les troupes françaises doivent quitter laLombardie, abandonnant même leurs pièces d'artillerie durant la retraite. Lechevalier Bayard meurt le au cours de cette retraite.
En de la même année, les troupes espagnoles commandées parCharles de Bourbon envahissent laProvence. Elles ne parviennent cependant pas à prendreMarseille. Les Français lancent alors une contre-offensive, qui leur permet de repasser les Alpes en : Milan est reprise le et les Espagnols se replient àLodi etPavie. Le siège de Pavie commence.
En, une armée impériale commandée parGeorg von Frundsberg vient au secours des assiégés. Labataille de Pavie, qui a lieu le, se solde par la déroute de l'armée française. La plus importante conséquence politique est que le roi de France est prisonnier.
Emmené àMadrid, il signe en janvier 1526 untraité qui marque la victoire apparemment totale de Charles Quint.
Le,François Ier avait signé letraité de Madrid selon lequel il devait renoncer à ses prétentions en Italie, céder la Bourgogne à l'Espagne, renoncer à sa souveraineté sur lesFlandres et l'Artois et épouserÉléonore de Habsbourg, la sœur de Charles Quint. Mais à son retour en France après sa libération le,FrançoisIer annule le traité et ne respecte par conséquent aucune des promesses qu'il avait faites pour être libéré.
Alors que l'armée impériale est affaiblie par les maladies et le manque d'argent pour payer la solde, leduc d'UrbinoFrancesco Maria della Rovere, qui commande les armées de la Ligue, ne peut se résoudre à attaquer Milan et attend les renforts.
Auprintemps1527,Charles de Bourbon ne peut plus payer l'armée impériale, qui comprend entre autres 12 000 à 15 000 lansquenets conduits parGeorg von Frundsberg : pour éviter une dislocation de son armée, il lui promet qu'elle pourra se payer sur les villes toscanes et pontificales.
Florence etBologne parviennent à payer l'armée impériale pour qu'elle se détourne de leurs terres et l'armée se dirige alors vers Rome.ClémentVII, convaincu qu'il pourra négocier, néglige les défenses de la ville.
Au matin du, en réaction à l'alliance deClémentVII avecFrançoisIer contre lui, Charles de Bourbon ordonne à son armée de prendre d'assaut Rome, sans préparation d'artillerie ni siège. Bourbon est tué durant l'assaut, mais les soldats prennent la ville en quelques heures.
La ville est mise à sac durant plusieurs jours, les soldats pillant tout, lieux de culte et demeures des partisans deCharles Quint compris. Après trois semaines de siège,le château Saint-Ange, où s'étaient réfugiés le pape et les cardinaux, est pris. Le pape doit verser une rançon de 70 000 ducats d'or. Le retentissement du sac de Rome est immense dans toute la chrétienté et d'innombrablesexégèses voient le jour.
L'armée impériale ne quittera la ville qu'en, se rendant enfin à Naples. Durant le sac de Rome, les armées françaises s'étaient rendues dans leroyaume de Naples, avaient entrepris sa conquête et mis le siège devant Naples en.
Les épidémies, lamalaria et le changement de camp d'Andrea Doria, amiral génois, contraignent les Français à abandonner le royaume de Naples et ils subissent une dernière défaite enLombardie.
Charles Quint, au contraire, se présente de plus en plus comme le défenseur de la foi. En, il reprend quelques villes de laTunisie et, une année plus tard, le, il fait une entrée triomphale àRome, accueilli par le papePaulIII. L'empereur et le pape conviennent de l'organisation d'un concile pour ramener les princes protestants allemands dans le giron catholique.
François Ier n'en veut pas et avait profité de la mort du duc de Milan, le, pour revendiquer l'héritage du duché. Au début de l'année 1536, 40 000 soldats français envahissent laSavoie et s'arrêtent à la frontière lombarde,FrançoisIer espérant trouver une solution négociée. La Savoie et lePiémont resteront possession française jusqu'en 1559. En, le roi de France parvient à signer un traité d'alliance avec le sultan ottoman.
Charles Quint envahit laProvence en. L'armée française doit battre en retraite, maisMontmorency inaugure la politique de la terre brûlée. Une offensive des Impériaux en Picardie est arrêtée par les Français àPéronne. En, les Espagnols doivent quitter la France sans avoir livré la moindre bataille.
Trêves éphémères et conflits se succèdent sans résultats, l'Italie devenant de moins en moins importante. Grâce à l'intervention du papePaulIII, élu en 1534 et partisan d'un rapprochement entre les deux souverains, le roi et l'empereur signent le lapaix de Nice et se réconcilient lors de l'entrevue d'Aigues-Mortes le, promettant de s'unir face au danger protestant. Le pape pousse d'ailleurs les deux souverains à partir en croisade contre les Turcs.
FrançoisIer, allié aux Turcs, reprend les hostilités quatre ans plus tard en réaction à la violation des accords parCharles Quint qui a donné leMilanais à son fils,Philippe, en.FrançoisIer envoie une armée commandée par le duc d'Orléans sur les Pays-Bas, une autre armée commandée parDu Bellay sur le Milanais et une autre armée commandée par le dauphinHenri sur leRoussillon. L'armée du nord (duc d'Orléans) comprend 20 000 lansquenets, 6 000 fantassins français,500 gendarmes des compagnies d'ordonnance. Celle duRoussillon, commandée par leDauphin,Montpezat etAnnebault, réunit 40 000 fantassins français, 2 000 gendarmes et 2 000 chevau-légers. L'armée de Piémont (Du Bellay) a plus de 10 000 hommes. Les Français échouent sur tous les fronts en 1542. L'Angleterre s'engage dans le conflit au côté de Charles Quint si bien que la France fait jouer sonalliance ancestrale avec l'Écosse.JacquesV d'Écosse est battu par les Anglais deNorfolk àSolway Moss le.
En, les Français ducomte d'Enghien font lesiège de Nice, assistés par la flotte turque deKhayr ad-Din Barberousse. La ville se rend sauf la citadelle. Le comte d'Enghien poursuit l'offensive en direction de Milan et bat les Impériaux à labataille de Cérisoles le. Cette victoire fait passer leMontferrat à la France. Tandis que la France connaît des succès au sud, elle doit affronter un important danger au nord.HenriVIII d'Angleterre etCharles Quint s'entendent pour une offensive conjointe au nord et à l'est de la France.HenriVIII lance une offensive à partir de Calais et vient assiégerBoulogne. Charles Quint lance une offensive enChampagne et menaceParis.
La guerre se poursuit entre la France et l'Angleterre. Cette dernière doit essuyer plusieurs échecs contre les troupes écossaises et la flotte française. Le est signé letraité d'Ardres entreFrançoisIer etHenriVIII par lequel ce dernier restitueBoulogne à la France contre une rançon.
HenriII se rapprocha donc des puissances qui pourraient contrebalancer celle de l'empereur. Le papePaulIII avait besoin de la France pour installer son ambitieuse famille. En, le pontife avait décidé de transférer leconcile de Trente à Bologne, avant de le suspendre en : néanmoins, le travail sur la foi et la discipline était déjà largement ébauché. Henri II décida de gagner lePiémont, en, dont il s'estimait le légitime possesseur désormais : en effet, contrairement à ses engagements, son pèreFrançois Ier n'avait pas rendu ce territoire de l'autre côté desAlpes. Les Piémontais réservèrent au roi un accueil chaleureux. De nouveaux accords furent aussi signés avec les Suisses.
Mais la situation internationale restait instable. En, Henri II s'empare desTrois-Évêchés deMetz,Toul etVerdun dont il avait obtenu le vicariat par letraité de Chambord. EnItalie, la ville deSienne avait chassé sa garnison espagnole le et demandé l'intervention française. C'était pour la France l'occasion d'ouvrir un nouveau front : cette guerre de Sienne dura trois ans. En, Charles Quint tente de reprendre les Trois-Évêchés et met le siège devant Metz, mais la ville, défendue parFrançois de Guise, résiste et les Impériaux lèvent le siège en. En 1553, Français et Turcs, qui soutiennent les Corses révoltés contre les Génois, débarquent sur l'île. La même année, Charles Quint fait raserThérouanne, enArtois, la ville étant tombée après avoir été assiégée.
En, leconnétable de Montmorency reprend le projet avorté d'une marche surBruxelles. Il dispose de 40 000 fantassins et de 1 200 cavaliers.GaspardIer de Coligny prendDinant mais Montmorency, hésitant, évite un combat frontal. Il se replie devant l'armée impériale vers Cambrai, Calais, Boulogne et enfinRenty, petit village doté d'un solide château aux mains des troupes du Saint-Empire. Après un combat acharné, les Français, invaincus, abandonnent le siège faute de munitions.
La ville de Sienne, défendue parMonluc, dut finalement capituler le. L'Espagne cède Sienne àFlorence mais conserve les présides toscans dePiombino etOrbetello. C'était pour la France la fin d'un rêve toscan.
La trêve de Vaucelles, si favorable à laFrance, fut rompue par les intrigues du papePaulIV Carafa (1555-1559). C'était unNapolitain très hostile à l'occupation espagnole. Il souhaitait donc s'allier aux Français contre lesHabsbourg mais sans vouloir rendre la France trop puissante en Italie. Le ducFrançois de Guise arriva en Italie au début de 1557, mais cette expédition se révéla vaine, tant militairement que diplomatiquement[15]. L'amiral de Coligny, gouverneur de Picardie, ouvrit les hostilités le 6 janvier 1557 en tentant de surprendreDouai avant d'attaquer et incendierLens :HenriII chercha à gagner du temps en proposant de restituer le butin et les prisonniers maisPhilippeII, qui menait de son côté des préparatifs de guerre, considéra cette attaque comme uncasus belli[16].
En rompant la trêve, Henri II s'exposait à une reprise de la guerre du Nord le. La reineMarie Tudor suivit son mari Philippe II dans l'affrontement. L'armée espagnole commandée parEmmanuel-Philibert de Savoie (1528-1580) trompa la vigilance des Français et parvint à assiégerSaint-Quentin qui était dégarnie de défenseurs. Coligny réussit à s'y glisser. Pour aider son neveu, leconnétable de Montmorency prépara une vaste opération de secours qui échoua : l'armée fut décimée et le connétable prisonnier le. Cette « journée de Saint-Laurent » était une victoire espagnole, autant psychologique que stratégique. Pour ouvrir la route deParis, les Espagnols préférèrent obtenir lacapitulation de Saint-Quentin : après une résistance farouche, Coligny dut se rendre. Il avait néanmoins retardé l'avance espagnole et empêché l'invasion. Le seul général qui restait à Henri II était François de Guise qu'il fit revenir d'Italie. Le pape fit, dès l', la paix avec l'Espagne, dont la présence enItalie était solide. Guise prit le par surpriseCalais, anglais depuis 1347. La rivalité entre lesGuise et lesMontmorency s'aiguisait un peu plus. Pour continuer la guerre,HenriII décida de réunir àParis en ce[17] lesétats généraux, assemblée des notables. Pour aller plus vite, le clergé fut représenté par les évêques et les archevêques, la noblesse par les baillis et sénéchaux, letiers état par les maires et échevins. La prise de Calais stimula les énergies.
Le roi se préoccupait de plus en plus de la situation religieuse du royaume.PhilippeII voulait lui aussi lutter contre les progrès du protestantisme en Europe. La mort de Marie Tudor et l'avènement d'ÉlisabethIre le affaiblissaient la position espagnole d'autant plus qu'Élisabeth refusaitPhilippeII comme mari et rejoignait le protestantisme. Le, la France signait le traité avec l'Angleterre et le celui avec l'Espagne et leduché de Savoie : c'est lapaix du Cateau-Cambrésis. Lesguerres de Religion commencent trois années après la fin des guerres d'Italie, et de nombreux hommes ayant fait leurs armes dans ces dernières y trouvent de nouvelles opportunités militaires et stratégiques.
↑Bernardino Corio, L'Historia di Milano, Giorgio de' Cavalli, 1565, p. 1029.
↑Studi sulla crisi italiana alla fine del secolo XV, Paolo Negri, inArchivio storico lombardo, Società storica lombarda, 1923, pp. 20-26; Bernardino Corio, L'Historia di Milano, Giorgio de' Cavalli, 1565, p. 1057.
↑La chimera di Carlo VIII, 1492-1495, Silvio Biancardi, 2009, p. 287;« Corio ».
↑Claude de Vic, Joseph Vaissete, Ernest Roschach,Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives, 1845,tome 8,page 201, voir ce lien :[1] le départ du roiCharlesVIII et de son armée pour la guerre d'Italie début.
↑Assez limités, d'autant plus qu'à partir de 1520, commence la division de l'empire entre princes catholiques et princesprotestants, partisans deMartin Luther.
↑Éric Durot,François de Lorraine, duc de Guise entre Dieu et le Roi, Paris, Classiques Garnier, 2012,chapitre 7.
↑Bertrand Haan,Une paix pour l’éternité, chapitre IV. « Un nouvel équilibre imposé par les armes (1557-1558) », Casa de Velázquez, 2010, p. 61-71[4]