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Dans le sens des aiguilles d'une montre : bombardiers italiens sur le territoire grec, soldats italiens pendant l'hiver en Albanie, soldats grecs àGjirokastër, soldats grecs pendant l'offensive du printemps italien
Ce conflit marque l'entrée en guerre du royaume de Grèce, qui vit sous le gouvernement autoritaire deIoánnis Metaxás depuis août1936, contre l’Italie fasciste deBenito Mussolini. Le gouvernement profasciste grec rejette l’ultimatum du par lequel l’Italie demande le libre passage pour ses troupes. Dès lors, la Grèce se range aux côtés duRoyaume-Uni au moment oùHitler occupe la plus grande partie de l’Europe.
Pour le peuple grec, la résistance contre l’agression de l’Italie fasciste prit un caractère à la fois national et antifasciste, permettant à l’armée grecque de faire face à l’agression et de lancer une contre-offensive. À la fin de 1940, les armées grecques se trouvaient à soixante kilomètres au-delà de la frontière gréco-albanaise.
Pendant six mois, seize divisions grecques insuffisamment armées immobilisèrent enAlbanie vingt-sept divisions italiennes disposant d’un équipement bien supérieur au leur, jusqu’au moment de l’attaque des armées allemandes, le.
Le roi et son gouvernement quittent le pays alors que le commandement de l’armée capitule le. Un certain nombre d’officiers et de soldats patriotes, ainsi que la flotte de guerre, ont réussi à quitter l'Hellade. Ils continuent la lutte et participent aux opérations alliées en Afrique (seconde bataille d'El Alamein,campagne d'Italie...).
Les succès militaires grecs enAlbanie ont constitué la première victoire desAlliés contre l'Axe, encouragé d’autres peuples hésitants, détruit le prestige deMussolini et influencé l’attitude américaine.
L'Italie fasciste possédait un plan à long terme prévoyant l'établissement d'un nouvelEmpire romain, lequel aurait inclus la Grèce. De plus, une des raisons incitant l'Italie à rechercher le conflit avec la Grèce fut le désir d'imiter son alliéallemand dans ses triomphes.Mussolini voulait également rasseoir les intérêts de l'Italie dans lesBalkans (il fut vexé que laRoumanie, un client italien, eût accepté la protection allemande pour ses champs de pétrole dePloiești un peu plus tôt en) et sécuriser des points depuis lesquels l'armée britannique deMéditerranée orientale pût être attaquée. Alors que leroyaume de Yougoslavie était considéré comme trop puissant, la cible choisie fut la Grèce, que les Italiens considéraient comme faible et divisée de l'intérieur. De plus, l'Italie occupait déjà les îles duDodécanèse depuis.
Après le traité gréco-turc de et lepacte balkanique de, la menace pour la Grèce provenant de l'ennemi traditionnel turc diminua. L'Albanie était trop faible pour être une véritable menace et leroyaume de Yougoslavie n'insistait pas réellement sur ses revendications territoriales quant à laMacédoine. LaBulgarie était considérée comme la principale menace pour la Grèce dans lesannées 1930 avec ses revendications territoriales sur laThrace occidentale (duNestos à l'Évros). C'est pourquoi, lorsque Metaxas arriva au pouvoir en 1936, eut lieu une réorganisation de l'armée ainsi que la formation d'une ligne fortifiée défensive le long de la frontière entre Grèce et Bulgarie. Cette ligne porta le nom deGrammi Metaxa (la « ligne Metaxás »). Au cours des années suivantes, l'armée bénéficia de grands investissements destinés à sa modernisation. Le gouvernement grec investit dans de nouvelles armes pour l'ensemble de ses armées et la marine grecque reçut de nouveaux navires. Cependant, les menaces grandissantes et l'éventualité d'un conflit firent que les principales commandes passées à l'étranger eurent lieu en 1938-1939 et ne furent pas toutes livrées.
Au début de 1939, l'Italie occupa l'Albanie, depuis longtemps sous influence italienne. L'Italie posséda alors ainsi une frontière directe avec la Grèce. Cette occupation modifia les plans grecs, déclenchant alors les préparatifs contre une invasion italienne. Metaxas essayait de conserver laneutralité de la Grèce alors que la guerre éclatait enEurope centrale ; mais au fur et à mesure que le conflit s'étendit, Métaxas se rapprocha de laGrande-Bretagne, encouragé par l'anglophileGeorges II de Grèce, et ce bien que Metaxas eût été germanophile et eût entretenu de bonnes relations avec l'Allemagne d'Hitler.
Une campagne depropagande contre la Grèce commença en Italie au milieu de 1940, et des actes répétés de provocation, tels que le survol du territoire grec, atteignirent leur apogée avec le torpillage par lesous-marin italienDelfino du navireElli dans le port de l'île deTínos le. Bien que la responsabilité italienne fût évidente, le gouvernement grec annonça que le sous-marin était de « nationalité inconnue ».
Le soir du, l'ambassadeur italien à Athènes,Grazzi, apporta un ultimatum de Mussolini à Metaxas. L’Italie avait concentré son armée dans l’Albanie voisine et leDuce demanda le libre passage de ses troupes afin d’occuper des points stratégiques (non spécifiés) sur le sol grec.
La Grèce avait eu un comportement amical envers l’Allemagne nazie, profitant notamment d’accords commerciaux mutuels, mais désormais l’allié de l’Allemagne était sur le point d’envahir la Grèce, sans qu’Hitler soit au courant, en partie pour prouver que l’Italie pouvait imiter les succès allemands enPologne et enFrance. Metaxas rejeta l’ultimatum le, faisant écho à la volonté du peuple grec de résister, exprimée selon la légende en disantOkhi (Non en grec). En réalité, Metaxas avait dit en français : « Alors, c'est la guerre ». Quelques heures plus tard, l’Italie envahit la Grèce.
Le plan italien, au nom de codeEmergenza G (Urgence Grèce), prévoyait une occupation du pays en trois phases : d'abord une occupation de l'Épire et desîles Ioniennes, puis une percée enMacédoine de l'Ouest versThessalonique afin de contrôler le nord de la Grèce. Dans un troisième temps, le reste de la Grèce aurait été occupé.
Après l'occupation italienne de l'Albanie, le commandement général grec anticipa une attaque combinée de l'Italie et de la Bulgarie. Le plan prévoyait différentes options, selon la situation, mais essentiellement une position défensive en Épire, ainsi que de maintenir une possibilité d'offensive en Macédoine occidentale.
Les Italiens attaquèrent avec une préparation inadéquate et malgré leurs attaques répétées, ne réussirent pas à percer. Sur la côte, les chars d'assaut italiensCV-33 etM11/39 rencontrèrent des difficultés sur le terrain montagneux et les défenses anti-chars grecques se révélèrent plus qu'adéquates. Les attaques italiennes, mal organisées et mal coordonnées, ne parvinrent pas à déborder les forces grecques bien positionnées, et ce malgré l'importante supériorité numérique.
Mussolini remplaça Prasca par le généralUmbaldo Soddu, son ancien vice-ministre de la Guerre. Dès son arrivée, Soddu ordonna à ses forces de se placer sur la défensive. Il était alors clair que l'invasion italienne avait échoué.
Contre-attaque grecque (14 novembre 1940 - mars 1941)
Après d'intenses combats sur les lignes fortifiées, les Grecs firent une percée le 17 et entrèrent dansKorytsa le. Cependant, des indécisions au sein du commandement grec permirent un regroupement aux Italiens, leur évitant ainsi une débâcle complète.Quelques unités albanaises échelonnées dans les divisions « Venezia » et « Julia » furent liquidées par les Grecs, ayant été employées comme bouclier pour protéger la retraite italienne. Lecolonel Pervizi (représentant du commandement albanais) décida alors de soustraire le bataillon « Tomorri » au risque d'un second massacre, en abandonnant par surprise le champ de bataille. Cela occasionna une grande défaite aux Italiens. Le maréchalBadoglio parla de « trahison des Albanais » et décida le retrait de leur armée, qui fut cantonnée dans les montagnes du nord d’Albanie[1].
Il n'y avait alors en Europe que deux pays qui s'opposaient aux forces de l'Axe : leRoyaume-Uni et la Grèce, alliés. Les Britanniques avaient réussi à fournir à la Grèce une aide aérienne limitée.Churchill avait à de nombreuses reprises proposé à Métaxas des renforts d'infanterie, refusés par le chef du gouvernement grec : il craignait que cela ne provoquât l'Allemagne. À la fin dejanvier 1941, après le décès de Metaxas, son successeur,Aléxandros Korizís, accepta l'aide d'un corps expéditionnaire composé principalement d'Australiens et deNéo-Zélandais. Des mésententes entre les états-majors britannique et grec retardèrent le déploiement du corps expéditionnaire.
Malgré quelques actions locales, l'impasse continua étant donné que les deux ennemis étaient trop faibles pour lancer une attaque majeure. Malgré leurs victoires, les Grecs étaient dans une situation précaire du fait qu'ils avaient enlevé de leur frontière septentrionale des armes et des hommes afin de consolider le front albanais. Ils étaient alors trop faibles pour résister à une éventuelle attaque allemande.
Les Italiens, souhaitant obtenir un succès avant l'intervention de l'Allemagne, rassemblèrent leurs forces afin de lancer une nouvelle offensive au nom de code « Primavera » (Printemps). Dix-sept divisions furent rassemblées, opposées aux treize divisions grecques, et sous la supervision personnelle de Mussolini attaquèrent la passe de Klisura. L'offensive dura du6 au 19mars mais ne parvint pas à déloger les Grecs. À partir de ce moment, et jusqu'à l'intervention allemande, lestatu quo s'installa, et les opérations diminuèrent des deux côtés.Anticipant l'attaque allemande, les Britanniques et quelques Grecs préconisèrent un retrait de l'armée d'Épire afin de ménager troupes et équipement en vue de pouvoir repousser les Allemands. Cependant, le sentiment national n'admettait pas que des positions si durement gagnées fussent abandonnées et une retraite face aux Italiens défaits eût été vécue comme un déshonneur. Ainsi, le gros des troupes grecques fut laissé loin dans les terres albanaises alors que les troupes allemandes approchaient. Finalement, avec l'avance rapide des Allemands, l'armée d'Épire dut se retirer le mais sa retraite fut coupée par les troupes allemandes et elle se rendit le 20. Le, sur l'insistance de Mussolini, la cérémonie de reddition fut répétée afin d'y inclure des représentants italiens.
Après l'attaque italienne et les ressources engagées sur le front albanais, l'armée grecque était trop faible pour résister à l'offensive allemande qui suivit (bataille de Grèce). La Grèce fut occupée conjointement par l'Allemagne, l'Italie et la Bulgarie. Elle ne sera libérée qu'en avec le départ des troupes allemandes.
Cependant, on considère que l'intervention allemande en Grèce retarda l'opération Barbarossa contre l'URSS. Également important fut l'exemple moral d'un petit pays résistant à la supposée puissante Italie dans une période où seul l'Empire britannique résistait à l'Axe. La façon dont les Grecs résistèrent leur valut des éloges dont le plus célèbre est peut-être cette phrase deWinston Churchill :
« Hence we will not say that Greeks fight like heroes, but that heroes fight like Greeks » (« Dorénavant nous ne dirons pas que les Grecs combattent tels des héros, mais que les héros combattent tels des Grecs. »)
La participation de la Grèce aux côtés des Alliés lui permit d'annexer leDodécanèse, dont l'île de Rhodes, à la fin du conflit mondial. Cette victoire contre lesItaliens remontera le moral desGrecs qui avaient subi unedéfaite fulgurante contre lesTurcskémalistes des années avant.
L'invasion en automne/hiver n'aide en rien lors des offensives en montagne.
La météo fut des plus désastreuses : des torrents de pluie créant des glissements de terrain, des coulées de boue empêchant tout ravitaillement efficace et laissant les troupes italiennes avec très peu de moyens, face à des défenseurs déterminés et un froid qui tue de très nombreux soldats.
Les Grecs n'ont eu que peu de manques de ravitaillement : les populations locales assuraient parfois elles-mêmes le ravitaillement en vivres des soldats.
Cette météo empêcha également l'intervention efficace de l'aviation italienne qui ne put réaliser de soutiens et bombardements efficaces et de la marine qui entravait encore plus les moyens de ravitaillement et d'envoi de renforts.
Deux plans avaient été présentés à Mussolini : l'un ducomte Ciano et l'un dumaréchal Badoglio qui prévoyait entre autres l'assistance de laBulgarie pour l'invasion,Mussolini préféra s'appuyer sur les avis des politiciens comme celui ducomte Ciano, son ministre des Affaires étrangères, plutôt que l'avis de son propre état-major[2].
Les Italiens se rendent en décembre 1940 (photographie deGeórgios Prokopíou).Tombe du soldat inconnu, encadrée des noms des batailles de la guerre italo-grecque et de la Seconde Guerre mondiale
Ce conflit, appelé en grecÉpos tou Saránda (engrec moderne :Έπος του Σαράντα, l'épopée de 40), et la résistance des Grecs sont depuis célébrés chaque année. Le, leJour du Non de Metaxas à l'ultimatum italien, est l'une des deux fêtes nationales en Grèce et il est célébré de manière semi-officielle àChypre.
↑Pjeter Hidri,- Le Général Pervizi ou la vraie histoire d'Albanie, Bruxelles,, p, 88-92
↑Dominique Lormier,La bravoure méconnu des soldats italiens, Altipresse,, 208 p.(ISBN1090465351), Chapitre "les terrible combats en Grèce et en Albanie"