Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Guerre franco-allemande de 1870

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Guerre franco-allemande de-
Description de cette image, également commentée ci-après
De haut en bas et de gauche à droite : proclamation de l'Empire allemand ;bataille de Mars-la-Tour ;Le Siège de Paris ;bataille de Saint-Privat ;La Défense de Champigny ;Les Dernières Cartouches.
Informations générales
Date - 
(6 mois et 10 jours)[1]
LieuFrance etroyaume de Prusse (province de Rhénanie)
Casus belliDépêche d'Ems
Issue

Victoire de l'Empire allemand :

Changements territoriauxLaConfédération de l'Allemagne du Nord absorbe laBavière, leBade, leWurtemberg et annexe l'Alsace-Lorraine.
La fondation de l'Empire allemand marque la fin du processus de l'unification allemande.
Belligérants
Commandants
AvantSedan etMetz :

AprèsSedan etMetz :
Forces en présence
230 000 fantassins[2]
25 000 cavaliers[2]
1 600 000 hommes mobilisés
780 canons
144 canons à balles
462 000 fantassins[3]
56 000 cavaliers[3]
1 400 000 hommes mobilisés
1 580 canons
Pertes
139 000 à 151 000 morts
474 414 prisonniers
45 000 à 51 000 morts
10 000 prisonniers

Batailles

Données clés

modifier

Laguerre franco-allemande de-, parfois appeléeguerre franco-prussienne,guerre de 1870, est unconflit qui oppose, du au, laFrance à une coalition d'États allemands dirigée par laPrusse et comprenant les vingt-et-un autres États membres de laconfédération de l'Allemagne du Nord, ainsi que leroyaume de Bavière,celui de Wurtemberg et legrand-duché de Bade.

Cette guerre s'inscrit dans le contexte dedifférentes questions nationales qui poussent les nombreux États allemands à s'unir. La Prusse souhaite réaliser cette union autour d'elle, aux dépens de l'Autriche (qu'elle bat durant laguerre austro-prussienne de 1866) dans un premier temps, et de la France dans un second temps. Cette guerre est considérée par le chancelierOtto von Bismarck comme une réponse à la défaite prussienne lors de labataille d'Iéna de 1806 contre l'Empire français. Il dira d'ailleurs, après laproclamation de l'Empire allemand à Versailles en 1871 :« Sans Iéna, pas de Sedan ».

L'élément déclencheur du conflit est un démêlé diplomatique mineur (la candidature, retirée à la demande de la France, d'un prince allemand de la maison deHohenzollern au trône vacant d'Espagne) queBismarck déforme en uncamouflet insupportable pour les dirigeants français de l'Empire. Des maladresses politiques de l'empereurNapoléonIII vis-à-vis d'autres pays européens isolent la France, mais le régime pousse à la confrontation avec la Prusse, soutenu par l'opinion publique, autant pour se défaire d'un rival dangereux que pour agrandir le territoire national.

Le, l’Empire françaisdéclare la guerre auroyaume de Prusse. Les troupes françaises sont néanmoins mal préparées, moins nombreuses (300 000 contre 500 000, bien plus qu'auguré dans les états-majors car la Prusse réussit à s'allier avec le grand duché de Bade, le royaume de Wurtemberg et celui de Bavière[4]) et manquent d'une stratégie militaire concertée ; les troupes allemandes ont une expérience récente – et victorieuse – du feu (avec les conflitscontre le Danemark en 1864 et l'Autriche deux ans plus tard), uneartillerie lourde et une excellente formation. Marqué par les innovations techniques concernant le feu, qui permet un tir plus rapide, et le déclin important de la place de lacavalerie, le conflit tourne rapidement à l'avantage des Allemands. Les Français sont défaits à plusieurs reprises début août sur le front de l'Est. L'armée de Châlons vient renforcer le dernier verrou protégeant Paris : la place deMetz ;NapoléonIII, qui dirige l'armée jusqu'au, jour où il est défait sévèrement, cède le commandement au généralMac Mahon. Quand il a quitté Paris avecson fils pour la guerre, il a confié larégence à son épouseEugénie de Montijo. Encerclé àSedan, l'empereurcapitule le.

Cettecapitulation entraîne la chute du régime et la proclamation de laRépublique ; legouvernement provisoire continue la guerre, mais la masse desvolontaires rassemblés par ses représentants manque de matériel et d'encadrement. Le gouvernement évite de peu d'êtreassiégé à Paris et se replie àTours puis àBordeaux ; en l'absence de victoires décisives dans le Nord, l'Est, la Bourgogne ou sur la Loire, unarmistice est signé le, suivi de la signature de conventions militaires le suivant. Cet armistice et ces conventions militaires ne concernent toutefois pas les opérations militaires dans l'Est de la France car les négociations sur le futur tracé de lafrontière franco-allemande n'ont pas encore abouti. L'armistice général intervient le. L'ordre est alors donné à laplace fortifiée de Belfort de se rendre, ce qu'elle fait le, l'ennemi lui rendant leshonneurs de la guerre. Letraité de paix, signé le àFrancfort-sur-le-Main, entérine définitivement la victoire allemande.

Avant même la signature de l'armistice, les États allemands s'unissent en unEmpire allemand, proclamé auchâteau de Versailles, le. La victoire entraîne le rattachement auReich de l'Alsace (excepté l'arrondissement deBelfort dans leHaut-Rhin resté français sous le nom deTerritoire de Belfort) et d'une partie de laLorraine (Moselle actuelle), qui seront rattachées à laFrance en1918 à l'issue de laPremière Guerre mondiale. Le nouvel empire affirme sa puissance enEurope au détriment de l'Autriche-Hongrie et de laFrance. Cette dernière doit également supporter l'occupation d'un bon tiers de son territoire jusqu'en 1873 et le paiement à l’Allemagne d'uneindemnité de 5 milliards defrancs-or. Du au, laCommune de Paris, ainsi que celles d'autres grandes villes,se soulèvent contre le gouvernement (à majoritémonarchiste) ; celui-ci écrase lescommunards parisiens durant laSemaine sanglante etréprime les autres insurrections jusqu'au.

La défaite et laperte de l'Alsace-Moselle provoquent en France un sentiment de frustration durable et extrême qui contribue à la montée d'unnationalismerevanchard, mais également à une remise en question de l'enseignement des élites françaises. La constitution d'un vasteempire colonial va permettre au pays de retrouver en partie sa puissance mise à mal. Les conséquences des combats modifient également fortement ledroit humanitaire international et marquent les esprits des artistes, qui font dans leurs œuvres l'éloge des vaincus.

Causes

[modifier |modifier le code]

Contexte historique

[modifier |modifier le code]

Le mouvement des nationalités

[modifier |modifier le code]
3 révolutionnaires au centre du tableau se dressent sur les barricades et exultent, 4 Drapeaux allemands sont présents.
Révolutionnaires triomphant sur les barricades le àBerlin.

La guerre franco-allemande s'inscrit dans le processus de redéfinition desfrontières de 1815 et de montée dessentiments nationaux dont leprintemps des peuples de 1848 est un des grands marqueurs[5].NapoléonIII, devenu empereur des Français en1852, soutient lui-même un remaniement de la carte de l'Europe et considère les mouvements nationaux comme un facteur d'instabilité qu'il convient de canaliser pour permettre l'avènement d'une Europe nouvelle, rééquilibrée et pacifiée par le respect du principe dudroit des peuples à disposer d'eux-mêmes et de lasouveraineté nationale[6]. Dès 1839, dans sesIdées napoléoniennes, il appelle la France à assumer son rôle d'émancipatrice des peuples[5].

Ces aspirations nationales n'aboutissent pas toujours à la création d'unÉtat-nation : si laBelgique ou encore l'Italie y parviennent, cette dernière grâce à l'appui militaire de la France qui permet auxPiémontais d'expulser lesAutrichiens deLombardie et d'entamer l'unification de la péninsule, d'autres révolutions échouent[5].

Lenationalisme allemand se développe au début duXIXe siècle sous ladomination française qui fait émerger l'idée que l'« Allemagne » devait être perçu comme un seul État. Dans sesDiscours à la nation allemande en 1807, le philosopheJohann Gottlieb Fichte essaie d'éveiller ce sentiment national[7]. Les revendications libérales qui s'expriment en 1848 dans plusieurs états allemands se doublent« d'un sentiment de méfiance à l'égard d'une Autriche jugée réactionnaire » et revêtent un caractère expansionniste[5]. Auparavant, la mise en place duZollverein en 1834, qui consiste en une union douanière entre 25 États de laConfédération germanique, permet le décollage économique de l'Allemagne du Nord par le désenclavement de régions industrielles comme laRuhr ou laSaxe et l'ascension d'unebourgeoisielibérale, initiatrice du mouvement unitaire[7], de sorte que le printemps des peuples y désigne« l'émancipation, via le combat des classes moyennes et de la bourgeoisie économique et intellectuelle, des peuples composant l'espace allemand morcelé »[5],[8].

Tensions franco-allemandes

[modifier |modifier le code]
Portrait photographique d'un homme chauve portant une moustache épaisse.
Le ministre-président prussienOtto von Bismarck en 1860.

L'annexion du comté de Nice et de laSavoie à laquelle la France procède en échange de son soutien à l'unité de la péninsule réveille les craintes des appétits expansionnistes français dans la plupart des États allemands qui mobilisent des troupes à proximité duRhin. Pour apaiser les tensions, une rencontre est organisée en àBaden-Baden entreNapoléonIII, le prince-régentGuillaumeIer de Prusse et d'autres princes allemands[9].

Reproduction d'une peinture montrant un homme à cheval haranguant la foule des soldats sur un champ de bataille.
Le princeFrédéric-Charles harangue ses troupes lors de labataille de Sadowa, victoire prussienne qui marque la perte d'influence de l'Autriche au sein du monde germanique.

Pour leministre-président de Prusse,Otto von Bismarck, la question de l'unité allemande ne peut être résolue sans l'usage de la violence, comme il l'affirme dans son discoursDu Fer et du Sang[10] et, en 1866, pour mettre au fin à l'hégémonie autrichienne au sein de la Confédération germanique, ildéclare la guerre à l'Autriche. La victoire de l'armée prussienne à labataille de Sadowa le modifie l'équilibre des puissances en Europe[11]. En France, ce succès suscite l'inquiétude des journalistes, des intellectuels et des hommes politiques qui redoutent l'émancipation de ce rival capable de disputer à la France son rang de première puissance européenne[11], au point que certains historiens évoquent l'apparition d'un« complexe de Sadowa »[12],[13] qui s'accompagne de la naissance d'un certain sentimentgermanophobe dans l'hexagone[11].

Par ailleurs, le conflit austro-prussien témoigne du manque de clairvoyance deNapoléonIII en matière de politique extérieure. En premier lieu, l'empereur tente de monnayer saneutralité et d'obtenir des compensations en réclamant à Bismarck l'annexion par la France d'une partie de la rive gauche du Rhin, ce que le ministre-président prussien rejette fermement[14]. Dans le même temps, l'Italie ayant conclu une alliance avec la Prusse et ouvert un deuxième front dans les Alpes pour récupérer laVénétie, la France se place en médiatrice entre son allié italien et l'Autriche, mais le règlement du conflit et la cession du territoire aux Italiens n'est pas considéré comme un succès diplomatique et génère de nouvelles tensions dans les deux camps[9].

Caricature de presse.
L'empereurNapoléonIII enRocambole de la politique : caricature d'André Gill dansLa Lune en.

L'année suivante, lacrise luxembourgeoise renforce les tensions franco-allemandes[15]. Prenant acte de la détermination de Bismarck et du caractère non négociable de l'aliénation de territoires allemands,NapoléonIII porte ses revendications sur legrand-duché de Luxembourg dont la citadelle est gardée par une garnison prussienne mais qui demeure enunion personnelle avec leroyaume uni des Pays-Bas. Pour l'empereur et son ministreEugène Rouher, cette résolution n'est qu'une étape vers une extension plus ambitieuse en direction de laBelgique qui toucherait directement les intérêtsbritanniques. Alors que Bismarck semble un temps favoriser ce projet, il met en échec lapolitique des pourboires de l'empereur et manœuvre pour que des fuites dans la presse compromettent irrémédiablementNapoléonIII dans l'opinion publique des différents pays concernés[14],[16]. Une conférence internationale convoquée à Londres aboutit au renoncement des prétentions françaises, à la neutralisation du grand-duché et au départ de la garnison prussienne. Si la France ne semble pas perdre la face, son image en ressort profondément entachée[14].

Discrédité et n'ayant obtenu aucune compensation pour sa neutralité,NapoléonIII apparaît affaibli et c'est l'ensemble des intérêts français qui semblent mis en péril par la nouvelle puissance et l'ambition expansionniste prussienne qui se traduit par la création de laconfédération de l'Allemagne du Nord à l'initiative de Bismarck. Plusieurs proches de l'empereur commeQuentin Bauchart etPierre Magne le mettent en garde contre la montée d'une forme de« jalousie nationale » à l'égard de la Prusse au sein de l'opinion publique française et la guerre apparaît de plus en plus inévitable[14],[16]. Journalistes et écrivains appellent à la vengeance commeAlexandre Dumas qui dénonce laTerreur prussienne en 1867[11].

Bismarck, lui aussi, pensait qu’un conflit armé avec la France était inévitable, comme il l’a lui-même reconnu dans son livre de souvenirs :« Je ne doutais pas de la nécessité d’une guerre franco-allemande avant de pouvoir mener à bien la construction d’une Allemagne unie »[17]. Cette certitude allait de pair avec la conviction qu’il exprimait ainsi :« Si les Français nous combattent seuls, ils sont perdus ». Ses déclarations sur la nécessité d'une guerre franco-allemande furent résumées en une formule lapidaire mais directe :« Sans Iéna, pas de Sedan »[18].

L'étincelle

[modifier |modifier le code]

Candidature du prince Hohenzollern au trône d'Espagne

[modifier |modifier le code]
Portrait photographie d'un homme en tenue militaire.
Le princeLéopold de Hohenzollern-Sigmaringen.

En, l'Empire apparaît plus renforcé que jamais. Les Français approuvent largement par leplébiscite du les réformes libérales entreprises parNapoléonIII, avec plus de7 millions de « oui »[19],[20], et le, le chef du cabinet de l'empereurÉmile Ollivier déclare :« À aucune autre époque le maintien de la paix en Europe n'a été plus assuré[20]. »

Les tensions entre la France et la Prusse sont pourtant ravivées en juin 1870 lorsque le gouvernement français apprend que le princeLéopold de Hohenzollern-Sigmaringen, un cousin catholique du roiGuillaumeIer de Prusse, se porte candidat, avec l'appui discret de Bismarck, autrône d'Espagne. Le ducAgénor de Gramont, ministre des Affaires étrangères deNapoléonIII, déclare avec violence que cette candidature est inacceptable pour la France car elle s'apparenterait à une situation d'encerclement proche de celle de l'époque deCharles Quint[21],[22],[23]. Plutôt que d'exiger le retrait de cette candidature du gouvernement espagnol comme il aurait pu facilement le faire[24], le prussophobe Gramont décide d’une confrontation avec la Prusse. Nicolas Bourquinat et Gilles Vogt, co-organisateurs d’un colloque sur la guerre de 1870 en marge du 150e anniversaire du conflit en 2020, font valoir qu’avec le recul dont on dispose aujourd’hui « il paraît difficile de soutenir que la candidature Hohenzollern au trône d’Espagne était en elle-même un stratagème destiné à entraîner la France dans un conflit armé »[25]. Quant au rôle de Bismarck dans le déclenchement du conflit, tenu pour crucial par l’historiographie traditionnelle, ils soulignent que « [d]ès l’origine, quels qu’aient pu être par ailleurs les calculs de Bismarck par rapport à cette candidature au trône d’Espagne d’un prince lointainement apparenté à la maison royale prussienne, il semble bien que la volonté d’en faire uncasus belli soit présente du côté de Paris »[26].

Le, depuis la tribune duCorps législatif, le duc de Gramont lance un ultimatum et évoque pour la première fois une issue belliqueuse à cette crise si la Prusse ne se déclare pas étrangère à cette candidature et refuse de la désavouer. Ce discours agressif, conçu en des termes peu diplomatiques, suscite l'indignation des chancelleries étrangères qui plaident pour une plus grande modération[27]. Dans leur majorité, les députés, et bientôt la presse et l'opinion publique, approuvent cependant la position du ministre[21].

L'ambassadeur de France à Berlin,Vincent Benedetti, rencontreGuillaumeIer dans la petite ville thermale deBad Ems, où le roi est venu prendre les eaux, pour lui signifier la volonté française d'une renonciation pleine et entière, engageant la Prusse dans son ensemble et pas seulement la famille Hohenzollern. Soucieux de préserver la paix,GuillaumeIer fait pression pour que le prince Léopold retire sa candidature. L'annonce en est faite le par le père de ce dernier, leprince Charles-Antoine, sous la forme d'une dépêche au gouvernement espagnol[27].

Certains députés français, commeClément Duvernois, estiment cependant que cette réponse n'engage pas suffisamment toutes les parties. Leduc de Gramont suggère au baronvan Werther, l'ambassadeur prussien en poste à Paris, les termes de la lettre qu'il aurait souhaité voir endosser par le roi, puis il convainc l'empereur d'exiger des garanties supplémentaires et le soir même, des instructions fermes sont transmises aucomte Benedetti[27].

La dépêche d'Ems

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Dépêche d'Ems.
Photographie montrant des hommes en promenade.
GuillaumeIer àBad Ems le.

Le, àBad Ems, Benedetti rencontreGuillaumeIer lors de sa promenade matinale et lui transmet la demande de nouvelles garanties, ce que le souverain, considérant l'affaire comme close, refuse avec politesse et fermeté. Aussi, après avoir reçu le rapport de l'ambassadeurvon Werther, le roi décide de ne plus accorder la moindre audience à l'ambassadeur de France, lui faisant savoir qu'il« n'a plus rien d'autre à dire ». Il confie à son conseiller diplomatiqueHeinrich Abeken le soin d'en informer partélégramme le chancelier Bismarck, qui est àBerlin[28].

Photographie montrant trois hommes se tenant debout en tenu militaire.
Le chancelierOtto von Bismarck (à gauche) avec les générauxvon Roon (au centre) etvon Moltke (à droite).

C'est ce document que Bismarck réécrit le soir même avec l'accord des générauxvon Moltke, chef d'État-major, etvon Roon, ministre de la Guerre, qu'il reçoit pour dîner. Bien informé des réalités de l'armée française et rassuré par Moltke sur les chances de victoire prussienne en cas de conflit, il en rédige une version tronquée et condensée qui, selon ses propres termes,« produira […] sur le taureau gaulois l'effet du drapeau rouge ». Il communique aussitôt ce texte dans un numéro spécial duDeutsche Allgemeine Zeitung, diffusé à Berlin, ainsi qu'aux chancelleries étrangères. Connu sous le nom de « dépêche d'Ems », le résumé produit par le chancelier donne aux événements l'aspect d'un affront et laisse croire à un congédiement humiliant de l'ambassadeur de France, ce qui provoque aussitôt à Paris l'indignation de l'opinion et d'une large partie de la classe politique[28]. En France comme en Allemagne, desémeutes nationalistes se produisent[29].

Dans un premier temps, le gouvernement français décide de mobiliser les réservistes, mais la réception du rapport de Benedetti, qui apporte des informations plus précises, le conduit à envisager l'organisation d'un congrès international pour traiter le litige, auquelNapoléonIII se montre favorable. C'est sans compter sur la détermination de l'impératrice Eugénie et de certains membres du gouvernement commeEdmond Le Bœuf, ministre de la Guerre, qui considèrent le texte comme un camouflet qu'il ne faudrait laisser passer sans être accusé de lâcheté. Dans la nuit du 14 au, le chef du cabinet de l'empereur,Émile Ollivier, prépare avec leduc de Gramont un texte destiné à convaincre les Chambres de la nécessité de réparer l'humiliation par la déclaration de guerre[28].

La France déclare la guerre

[modifier |modifier le code]
Portrait photographique d'un homme portant des lunettes.
Émile Ollivier en 1870.

Sous l'influence des bonapartistes autoritaires de l'aile droite duCorps législatif et des rassemblements de rue exaltés qui appellent à la guerre, Émile Ollivier se résout à la solution du conflit armé et dit l'accepter« d'un cœur léger ». Le Corps législatif n'est d'ailleurs pas sollicité sur unvote de confiance mais seulement sur le vote des crédits de guerre[29]. Dans l'enceinte dupalais Bourbon, rares sont les voix discordantes[30].

À la tribune, le députéorléanisteAdolphe Thiers, estimant que le motif n'est pas assez solide pour déclencher la guerre, reproche au gouvernement de« rompre sur une question de susceptibilité » alors qu'il a obtenu satisfaction sur le fond, mais il est sans cesse interrompu dans son discours par les huées et les insultes. Par ailleurs, le républicainLéon Gambetta condamne le refus du gouvernement de produire les documents qui prouveraient qu'il dit vrai quand il affirme que le pays a été outragé, et dépose une motion en ce sens[21]. La commission chargée d'examiner ces preuves se satisfait des explications fournies par leduc de Gramont et choisit de ne pas auditionner l'ambassadeur Benedetti, qui rappelait pourtant le matin même au gouvernement qu'il n'y avait eu« ni insulteur ni insulté » et queGuillaumeIer était venu lui serrer la main à son départ deBad Ems. La motion républicaine est largement rejetée, par 159 voix contre 84[29].

Malgré leur opposition à la guerre, de nombreux députés républicains, par instinct patriotique, se résignent à voter les crédits militaires adoptés le par 245 voix pour, 10 contre et 5 abstentions[30],[31]. La déclaration de guerre est remise à la Prusse le[21].

L'Association internationale des travailleurs dénonça cette guerre :« une fois encore, sous prétexte d'équilibre européen, d'honneur national, des ambitions politiques menacent la paix du monde. Travailleurs français, allemands, espagnols, que nos voix s'unissent dans un cri de réprobation contre la guerre ! (…) La guerre ne peut être aux yeux des travailleurs qu'une criminelle absurdité »[32].

De façon anecdotique,Mariano Melgarejo, président de la république deBolivie, voulut envoyer des troupes pour protéger Paris mais son pays enclavé n'avait pas de moyen de transport[33].

L'entrée en guerre

[modifier |modifier le code]

Ferveur patriotique des deux côtés de la frontière

[modifier |modifier le code]

En France, la déclaration de guerre suscite une grande effervescence et des manifestations patriotiques se déroulent dans plusieurs centres urbains comme àLille. Dans l'ensemble, l'opinion publique semble partager la confiance du gouvernement quant à l'issue positive du conflit et rares sont les appels à la paix ou à la prudence. C'est donc l'image d'un peuple va-t-en-guerre, porté par un incontestable élan patriotique et convaincu de sa supériorité que les Français renvoient à toute l'Europe :« les intentions belliqueuses d'un gouvernement bien conscient de sa gestion de l'affaire de la candidature Hohenzollern, un parlement loin d'être mécontent du défi lancé à la Prusse, des journaux généralement satisfaits de cette étincelle patriotique et un esprit public dont les sentiments devaient rejoindre l'élan initié par les institutions représentatives »[34]. Comme le souligne l'historien Jean-François Lecaillon, si le doute gagne certains hommes lors de la mobilisation, l'élan patriotique et la confiance dans la gloire militaire française l'emporte largement[35].

Du côté allemand, l'enthousiasme semble lui aussi évident et l'opinion publique, tout comme les journaux et les cercles politiques, témoigne de sa ferveur patriotique et de sa confiance dans son armée. La déclaration de guerre portée par la France soulève un vent d'indignation dans tous les États allemands dont le chancelier Bismarck peut espérer tirer profit pour assurer l'unité et la cohésion des différents États et renforcer leur sentiment d'appartenance à un même peuple :« il ne faut pas minimiser le rôle de la France elle-même dans l'élan national de solidarité qui traversait l'Allemagne du mois de juillet ; aventureux, trop peu prudent dans ses décisions, le gouvernement impérial envoya aux Allemands des signaux de défiance qu'il ne restait plus qu'à exploiter politiquement »[36]. Comme en France, les crédits de guerre sont votés à une large majorité auReichstag et l'animosité à l'égard de la France est partagée y compris chez lesInternationalistes commeKarl Marx etFriedrich Engels, de sorte que l'adhésion à l'effort de guerre est quasi unanime[37].

Une armée française mal préparée

[modifier |modifier le code]
Estampe parue en août 1870 dansLe Charivari : « L'ère des protêts est finie, celles des exploits va s'ouvrir ».

Pour l'historien Xavier Boniface, l'emballement deNapoléonIII et d'une large partie de la classe politique« s'explique notamment par leur conviction d'être dans leur bon droit, d'avoir le soutien de l'opinion publique et de pouvoir compter sur une armée solide, ainsi que sur de potentielles alliances à venir — certitudes qui se révéleront toutes illusoires dans les semaines suivantes — »[38]. La décision française d'entrer en guerre se fait donc sur l'idée d'une guerre facile et rapide largement répandue par le ministre de la guerre lui-même, lemaréchal Le Bœuf, qui déclare aux députés le :« Nous sommes prêts et archi-prêts, la guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton deguêtre à nos soldats »[39]. Tous les chefs militaires français partagent l'optimisme et l'enthousiasme du ministre car ils ont la conviction que la France, en frappant le premier coup, gagnerait un avantage décisif. Cette idée repose pourtant sur un plan d'invasion mal défini[40]. Le plan à caractère défensif élaboré en 1867 par legénéral Frossard est abandonné au printemps 1870 au profit d'une offensive qui consiste à envahir legrand-duché de Bade en franchissant leRhin pour séparer les armées de l'Allemagne du Nord de celles du Sud et d'opérer la jonction avec des troupes autrichiennes et italiennes dont la France escompte, à tort, les alliances[38],[40] : l'empereur autrichienFrançois-JosephIer avait notamment rappelé le qu'il ne se considérait pas lié à la France, surtout si celle-ci prenait l'initiative du conflit[40]. Ce plan n'est qu'une ébauche rapidement mis à mal par la confusion relative dans laquelle lamobilisation s'effectue : les retards de la concentration des troupes interdisent toute initiative française, de sorte que la stratégie de l'état-major passe à l'attentisme[38],[40].

Gravure montrant une scène d'adieux devant les grilles d'une gare.
Départ de lagarde nationale mobile de la gare d'Aubervilliers en.

En réalité, l'armée française est mal préparée à cette guerre. La loi de réforme militaire proposée parNapoléonIII en 1866 après la victoire prussienne àSadowa, diteloi Niel, est un échec : destinée à modifier le recrutement militaire en supprimant ses aspects inégalitaires et injustes, tel que le tirage au sort, et à renforcer l'instruction des soldats, elle est considérablement dénaturée par les parlementaires, en majorité hostiles, et finalement adoptée avec tant de modifications qu'elle en devient inefficace[41]. Lagarde nationale mobile instaurée par cette loi ne voit le jour qu'en et la France manque de soldats et de réserves entraînées : sur les 640 000 hommes théoriquement disponibles, seule la moitié forme les armées destinées à combattre, le reste étant dispersé entre les garnisons d'Algérie, la division d'occupation àRome, les dépôts, les places fortes, la gendarmerie et les services[38]. En juillet, 60 000 réservistes sont rappelés, autant de recrues de la classe 1869, et 11 000 hommes écartés du tirage au sort et qui ne sont pas appelés en temps de paix[38]. Toutefois, moins de 250 000 soldats français sont prêts à combattre lors des premiers affrontements[42], quand les armées allemandes en comptent le double[38].

Les élites françaises étaient très confiantes dans leur armée et se faisaient des illusions sur ses chances de succès. Lors de ladéfaite de Wissembourg, le, laBourse de Paris resta stable. Elle ne chuta que plus tard, lorsqu'elle fut suivie par une série d'autres défaites, l'emprunt public à rendement de 3 % dégringolant de 13 %, d'un cours de 61,7 à 53,95[43].

Unité de l'armée allemande

[modifier |modifier le code]

L'armée prussienne, forte de son expérience et de ses succès sur leDanemark lors de laguerre des Duchés en 1864 et sur l'Autriche en1866, est commandée par le maréchalHelmuth von Moltke, chef duGrand État-Major général depuis 1857. Ses troupes sont renforcées par l'union des forces de laconfédération de l'Allemagne du Nord et des États du sud de l'Allemagne, à savoir leroyaume de Bavière, leroyaume de Wurtemberg, legrand-duché de Bade et legrand-duché de Hesse, les Prussiens représentant néanmoins les deux tiers des effectifs. Les Allemands disposent par ailleurs d'une importante armée de réserve, laLandwehr[38]. Dès les premiers affrontements, près de 500 000 soldats allemands sont déjà prêts à combattre, et les effectifs se portent jusqu'à 1,2 million d'hommes dans les mois qui suivent[38].

Trois armées sont concentrées entre laMoselle et le Rhin, et l'offensive préparée par Moltke consiste à séparer les troupes françaises stationnées en Alsace du reste de l'armée puis de leur couper la route deParis[38]. L'état-major prussien envisage une offensive rapide qui permettrait à ses troupes d'assiéger la capitale française au plus vite. Dans le même temps, pour parer une éventuelle invasion, il s'appuie sur une ligne de places fortifiées qui va deGermersheim àWesel en passant parMayence etCologne, suivant le cours du Rhin[44].

Neutralité des autres pays européens

[modifier |modifier le code]

Sûr de son fait, et mal renseigné sur les intentions des autres nations européennes, le gouvernement français néglige la constitution d'alliances, si bien que la France est totalement dépourvue d'appuis internationaux au moment où la guerre éclate. Dans le même temps, le chancelier Bismarck œuvre sur le plan diplomatique pour la contraindre à cet isolement et conserver le caractère localisé du conflit[45].

Bien qu'une partie de la classe dirigeante austro-hongroise, en particulier l'empereur et ses proches, envisage de s'engager aux côtés de la France dans une guerre de revanche contre la Prusse[46], c'est finalement la prudence qui prévaut et l'Autriche-Hongrie reste neutre car, d'une part, elle n'est pas en mesure de mobiliser rapidement ses troupes, d'autre part elle redoute une intervention de laRussie qui menacerait directement le territoire hongrois[45]. La Russie adopte quant à elle une position de« stricte neutralité non armée » le[47], de même que laGrande-Bretagne où l'opinion publique comme les élites éprouvent un fort ressentiment contre le bellicisme des Français[45]. Elle entreprend toutefois une tentative de médiation avant l'ouverture du conflit, en proposant l'ouverture d'une conférence internationale sur la succession du trône d'Espagne, en vain[45]. L'Italie refuse elle aussi de s'engager avec la France, l'ambassadeurCostantino Nigra ayant fait savoir qu'aucune négociation ne serait possible sans l'évacuation deRome par les troupes françaises, ce que le président du conseil Émile Ollivier refuse pour la durée duconcile du Vatican. La manque de préparation de l'armée italienne et les tensions avec l'Autriche-Hongrie sur la question du Trentin et du Haut-Adige renforcent également la prudence du roiVictor-EmmanuelII et de son état-major[45]. De son côté, laBelgique conserve une certaine méfiance à l'égard de la France et mobilise de façon préventive un total 80 000 hommes après la révélation, fin juillet, d'un document daté de 1866 et signé par l'ambassadeur français à Berlin,Vincent Benedetti, qui évoque le démembrement du pays au profit de la France[45]. Enfin leDanemark, qui espérait profiter de l'entrée en guerre de la France pour prendre sa revanche sur la Prusse après sa défaite lors de laguerre des Duchés en 1864, renonce à toute initiative après les premiers échecs français du mois d'août[45],[48].

La neutralité des grandes puissances européennes est réaffirmée en par la formation d'une« Ligue des neutres » qui regroupe l'Italie, la Grande-Bretagne, l'Autriche-Hongrie et la Russie, mais qui n'entraîne aucune obligation respective, chaque pays conservant ses propres initiatives en matière diplomatique[49].

Déroulement du conflit

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Déroulement de la guerre franco-allemande de 1870-1871 etChronologie de la guerre franco-allemande de 1870-1871.

La guerre franco-allemande marqua le déclin irrémédiable de l'usage de lacavalerie en Europe, désormais brisée par la puissance de feu et la rapidité de tir desfusils,mitrailleuses et de l'artillerie (chargement par laculasse), alors que celle-ci avait dominé les champs de bataille pendant 150 ans (contrairement à laguerre de Sécession qui presque au même moment s'articulait notamment sur une utilisation de la cavalerie)[50].

Premiers revers français à la frontière

[modifier |modifier le code]
Peinture montrant des officiers se recueillant devant le corps d'un général.
LeKronprinz se recueillant devant le corps dugénéral Douay, tableau d'Anton von Werner, 1888.

NapoléonIII, ne sachant rien des mouvements de l'armée prussienne, ordonne une offensive de reconnaissance surSarrebruck le, alors même que la concentration des troupes françaises n'est pas terminée. Toutefois, ce premier succès n'est pas exploité : les Prussiens ne sont pas poursuivis et la ville est abandonnée dès le lendemain, sans que les ponts ni les liaisons télégraphiques n'aient été coupés. Le, les Allemands attaquent à leur tour et s'emparent deWissembourg après avoir mis en fuite la division qui occupait la ville, commandée par legénéral Douay, tué au combat[51].

Peinture montrant une vue d'ensemble d'un combat au cœur d'un village avec des maisons à colombages.
Charge du9e régiment de cuirassiers àMorsbronn le.

L'armée allemande duKronprinz pénètre en Alsace en direction du sud et du sud-ouest et le, elle affronte une partie des forces dumaréchal Mac Mahon déployées au nord de laforêt de Haguenau, sur les hauteurs deFrœschwiller. En infériorité numérique, disposant de seulement 40 000 hommes contre 60 000, les Français opposent une vive résistance, à l'image des2e et3e régiment de tirailleurs algériens qui se sacrifient en montant plusieurs fois à l'assaut. Les renforts attendus n'arrivent pas et les charges decuirassiers ordonnées parMac Mahon àMorsbronn, d'abord pour empêcher l'encerclement des troupes puis pour favoriser leur fuite, sont sans effet. Les Français se replient versSaverne puisLunéville, laissant libre la route deStrasbourg. Dès les premiers jours du conflit, les pertes sont considérables : 16 000 soldats français sont mis hors de combat, dont 6 000 prisonniers, contre 10 000 Allemands[51].

Peinture montrant des soldats français en armes au combat.
Le12e régiment de dragons français engagé à labataille de Forbach-Spicheren.

Le même jour, les troupes dugénéral Frossard sont défaites enLorraine lors de labataille de Forbach-Spicheren sous les assauts répétés des Allemands pourtant inférieurs en nombre. Installé àSaint-Avold, lemaréchal Bazaine ne répond pas suffisamment tôt à la demande de renforts adressée par Frossard et ce dernier ordonne la retraite alors que la situation n'est pas aussi défavorable qu'il le pense. Ses troupes se replient à Metz où elles font la jonction avec celles de Bazaine. Surpris de leur succès, les Allemands s'élancent à leur poursuite[51]. Ces premiers revers français déconcertent l'empereur et ses conseillers qui hésitent quant à la stratégie à adopter. Finalement,NapoléonIII ordonne àMac Mahon de rejoindreChâlons pour protéger la route de Paris, mais l'opinion publique est inquiète et, bien que les soldats n'ayant pas encore affronté les Allemands cherchent à minimiser les premières défaites, le moral des soldats engagés est sévèrement atteint[51].

L'armée de Bazaine enfermée dans Metz

[modifier |modifier le code]
Tableau montrant des soldats combattants et d'autres morts dans un cimetière en ruine.
Le Cimetière deSaint-Privat, tableau d'Alphonse de Neuville, 1881.

Les revers français sont directement imputés à l'empereur et à son chef de cabinetÉmile Ollivier qui est immédiatement renversé par la Chambre le. L'impératrice Eugénie, qui assure larégence et dispose du soutien desbonapartistes autoritaires, nomme lecomte de Palikao à la tête du gouvernement[52]. L'Alsace est considérée comme perdue et les Allemands entament les sièges deHaguenau etStrasbourg[53].

Le maréchal Bazaine, nommégénéralissime parNapoléonIII le, fait preuve d'une certaine indécision : alors que l'empereur lui commande de rejoindre Châlons en passant parVerdun, Bazaine se replie sur Metz et ses troupes sont finalement encerclées par la2e armée duprince Frédéric-Charles[53]. Le la contre-offensive dugénéral de Ladmirault àBorny, considérée comme un succès tactique pour les Français, est en fait un échec stratégique car elle n'est pas exploitée et ne modifie en rien les plans de retraites sur Metz de Bazaine[53],[54].

Le, entre les villages deRezonville etMars-la-Tour, l'offensive dugénéral Alvensleben surprend les troupes françaises au bivouac. L'attaque est finalement repoussée et les Français, forts de leur avantage numérique, restent maîtres du champ de bataille, mais Bazaine, qui invoque le manque de ravitaillement et de munitions, alors que Metz est proche, ordonne à ses troupes de se replier au lieu d'exploiter leur succès du jour. Le lendemain, les Allemands occupent le champ de bataille en partie abandonné, coupant ainsi définitivement la route de Verdun à l'armée de Bazaine[53],[54].

Le, labataille de Saint-Privat occasionne de lourdes pertes sans qu'aucun camp ne remporte un avantage décisif. Le lendemain, Bazaine ordonne pourtant le repli général dans Metz, malgré la présence de 180 000 hommes et de 444 pièces d'artillerie[53].

La défaite deNapoléonIII

[modifier |modifier le code]
Tableau montrant des soldats réfugiés dans une maison sous le feu ennemi.
Les Dernières Cartouches, tableau d'Alphonse de Neuville (1873) évoque la résistance de l'infanterie marine française àBazeilles.

Le repli vers l'ouest de l'armée de Mac Mahon, réduite à 80 000 hommes, est accompagné par des convois de réfugiés qui veulent échapper aux Prussiens et la panique se répand rapidement dans la population. Plusieurs villes sont déclarées ouvertes commeNancy, prise le,Bar-le-Duc le etVitry-le-François le, et d'autres sont assiégées, commePhalsbourg,Verdun,Toul,Sélestat,Neuf-Brisach,Belfort etStrasbourg. L'empereur tient un conseil de guerre à Châlons le, oùMac Mahon le rejoint, et envisage de se replier sur Paris pour assurer la défense de la ville avec legénéral Trochu, gouverneur de la capitale. Toutefois, sous la pression de l'impératrice et de Palikao qui craignent qu'une telle décision ne provoque un soulèvement populaire, il choisit de marcher sur Metz au secours de Bazaine. L'armée de Châlons commandée parMac Mahon reçoit le renfort de 50 000 gardes mobiles et entame sa marche vers l'est en direction deReims puis deVouziers[55],[56].

Peinture montrant l'empereur à cheval sur un champ de bataille où gisent des soldats morts.
NapoléonIII lors de labataille de Sedan par le peintre allemandWilhelm Camphausen.

Le,Mac Mahon apprend que Bazaine n'a pas encore tenté de manœuvres pour briser son encerclement et que deux armées prussiennes sont à sa poursuite. Il modifie sa route, espérant se mettre à l'abri deMézières, mais sous la pression du gouvernement, il reprend la direction de l'est le et franchit laMeuse. Ces nombreux changements d'objectifs font perdre du temps, fatiguent les hommes, et le,Mac Mahon décide de repartir au nord pour faire étape àSedan et reconstituer ses forces. Dans les jours qui suivent, les Allemands investissent les hauteurs de la ville et resserrent leur dispositif d'encerclement tandis que les troupes d'Albert de Saxe écrasent le5e corps d'armée dugénéral de Failly àBeaumont[55],[56].

Caricature montrant un énorme casque à pointe surmontant une forteresse avec l'inscription Capitulation de Sedan.
LaCapitulation de Sedan vue par le caricaturisteHonoré Daumier dansLe Charivari du.

Le, pendant que le1er corps bavarois donne l'assaut sur le village deBazeilles, défendu héroïquement par les troupes marines de laDivision Bleue, les Allemands opèrent leur jonction et finalisent l'encerclement de Sedan. Dans le même temps,Mac Mahon est gravement blessé à la cuisse par un éclat d'obus alors qu'il inspectait les positions. Il cède le commandement augénéral Ducrot qui ordonne la retraite vers Mézières, une directive immédiatement contredite par legénéral Wimpffen, porteur d'un mandat du ministre de la Guerre lui confiant la succession deMac Mahon en cas d'empêchement de ce dernier. Wimpffen ordonne de contre-attaquer à Bazeilles et lance plusieurs charges de cavalerie pour tenter, en vain, de briser l'étau allemand[55],[56].

La position française dansSedan est intenable : soumis aux bombardements de l'artillerie prussienne, les soldats sont démoralisés et épuisés. Pour éviter un massacre,NapoléonIII fait hisser le drapeau blanc en fin d'après-midi, et la capitulation est signée le lendemain matin. L'empereur est fait prisonnier avec plus de 100 000 hommes[55],[56].

La Défense nationale

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Proclamation de la République française du 4 septembre 1870.
Gravure montrant un homme debout sur un balcon haranguant la foule à ses pieds, tandis que plusieurs hommes se tiennent en retrait derrière lui dans la pièce.
Léon Gambetta proclame la République à l'hôtel de ville de Paris, le.

La nouvelle de la capitulation de l'empereur, qui parvient à Paris le, entraîne un soulèvement populaire et la fuite de l'impératrice[57]. Le,la République est proclamée depuis l'hôtel de ville de Paris par les députés républicains de laSeine qui constituent aussitôt ungouvernement de la Défense nationale présidé par legénéral Trochu[58][59]. Le désastre de Sedan ne marque pas la fin de la guerre carNapoléonIII n'a entamé aucun pourparlers de paix et n'a pas abdiqué formellement[60]. Le nouveau gouvernement entend poursuivre la lutte et, comme le déclare le ministre des Affaires étrangèresJules Favre le, il n'entend céder« pas un pouce de notre territoire, pas une pierre de nos forteresses »[61].

De l'armée impériale, décimée, il ne reste principalement que les forces du maréchal Bazaineenfermées dans Metz et la route de Paris est ouverte aux troupes allemandes qui s'y engagent tandis que le nouveau pouvoir organise la défense de la capitale[60]. Les ministres sont cependant divisés car le gouvernement est rapidement fragilisé : alors que lesiège de Paris se profile, il est d'une part contesté par les éléments les plus révolutionnaires et radicaux, et d'autre part dans l'impossibilité d'asseoir sa légitimité par les urnes car l'occupation d'une partie du territoire empêche la tenue des élections[60],[61]. Le gouvernement choisit de rester à Paris mais il envoie une délégation de ses services àTours sous l'autorité du ministreAdolphe Crémieux[62].

Certains ministres espèrent pouvoir négocier une paix de compromis dans la mesure où ils considèrent que le conflit opposait la Prusse à l'Empire et non au peuple français dans son ensemble. De sa propre initiative, Jules Favre rencontre lechancelier Bismarck auchâteau de Ferrières les 19 et mais ce dernier impose des conditions inacceptables : comme gage pour unarmistice, il demande la reddition de plusieurs places fortes et comme condition d'un accord de paix, la cession de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine[61],[60].

Siège de Paris et chute de Metz

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Siège de Paris (1870),Chronologie du siège de Paris (1870) etPigeons voyageurs de l'armée française pendant la guerre de 1870.
Figure allégorique de la ville de Paris se tenant devant le drapeau tricolore, des soldats gisant au premier plan tandis que d'autres poursuivent le combat à l'arrière-plan.
Le Siège de Paris vu par le peintreErnest Meissonier (1870-1884).

L'encerclement de la capitale commence le avec l'occupation des villes de la grande ceinture et s'achève deux jours plus tard par la conquête duplateau de Châtillon. La défense de la capitale est cependant bien organisée : elle s'appuie sur une ligne continue de 38 kilomètres derempart et 16 forts avancés. La garnison compte environ 400 000 hommes dont les deux tiers relèvent de lagarde nationale, le reste des effectifs se répartissant entregarde mobile et unités de ligne dans des proportions identiques. Ces forces hétéroclites manquent toutefois de formation militaire et de discipline, tandis que leur armement est vétuste. Lemaréchal von Moltke, qui ne dispose pas de forces suffisantes, n'envisage pas d'attaquer ce camp retranché, mais il veut faire plier ses habitants en recourant aublocus[61].

Tableau montrant l'envol d'un ballon.
Tableau de Jules Didier et Jacques Guiaud représentant le départ de Léon Gambetta de Paris le à bord d'unballon monté (musée Carnavalet).

Du côté français, la stratégie mise en place par le général Trochu est exclusivement défensive et consiste à tenir le plus longtemps possible pour permettre la levée de nouvelles armées en province. Le, les Prussiens coupent le câble télégraphique installé dans le lit de laSeine, si bien que toutes les communications entre la capitale et la province sont interrompues. Livrée à elle-même, la Délégation de Tours reçoit l'appui du ministre de l'Intérieur,Léon Gambetta, qui parvient à quitter la capitale enballon le. Une commission d'armement est créée pour réquisitionner des usines et mobiliser une première armée de 80 000 hommes en faisant venir notamment d'Algérie plusieurs contingents militaires[63].

Tableau montrant des soldats combattant sur une voie ferrée.
Assaut des soldats allemands au Bourget le par le peintreCarl Röchling.

La Délégation tout comme la population parisienne attendent de Trochu qu'il entreprenne une sortie massive pour tenter de percer les lignes prussiennes, mais ce dernier considère que les troupes dont il dispose ne sont pas suffisamment aguerries. Il n'ordonne donc que de simples« reconnaissances offensives » qui visent à identifier les positions ennemies, entretenir le moral des Parisiens et entraîner ses soldats, comme àVillejuif le,Chevilly le 30,Bagneux le,la Malmaison le 23, etLe Bourget du 28 au[61].

Photographie montrant une vue d'ensemble de la ville en ruine, observée par deux soldats au premier plan.
Le centre deStrasbourg en ruine à l'issue dusiège de la ville.

Dans le même temps, l'armée allemande poursuit son avancée et s'impose définitivement enAlsace. De nombreuses villes déclarées ouvertes sont prises sans combats, et d'importants moyens d'artillerie sont mis en œuvre pour faire tomber celles qui résistent.Toul se rend le après quarante jours de siège etStrasbourg, assiégée depuis le, tombe cinq jours plus tard, au terme d'un bombardement soutenu qui cause près de 200 morts et 3 000 blessés parmi la population. Les autres villes alsaciennes sont conquises au cours du mois d'octobre, à l'exception deBelfort qui résiste sous le commandement ducolonel Denfert-Rochereau[64],[65].

Photographie d'un officier militaire posant assis sur une chaise retournée.
Lemaréchal Bazaine en 1860.

ÀMetz, la situation s'aggrave au fil des semaines du fait de l'épuisement des vivres, des intempéries et de l'hygiène insuffisante qui entraînent des épidémies detyphus, dedysenterie et defièvre typhoïde parmi les militaires et les civils. Dans le même temps, élus et habitants s'exaspèrent du manque d'activité de l'armée et reprochent aumaréchal Bazaine de n'ordonner que des actions de faible envergure.Le, ce dernier réunit un conseil de guerre qui décide de capituler. Plus de 170 000 hommes sont faits prisonniers et contraints de livrer leurs armes aux Allemands qui s'emparent d'environ 1 500 canons, 250 000 fusils et de grandes quantités de munitions et d'équipements. La capitulation de Bazaine est aussitôt vécue comme une« trahison » par la population française comme par les membres du gouvernement, une accusation fondée sur les rumeurs d'intrigues du maréchal avec l'ennemi pour favoriser ses ambitions personnelles ou la restauration de l'Empire[66],[67].

La chute de Metz est un tournant du conflit. D'une part, l'ancienne armée impériale est pratiquement démantelée, de sorte que la défense du territoire ne repose plus que sur la capacité du gouvernement de lever de nouvelles armées. D'autre part, les troupes allemandes qui assiégeaient la ville peuvent désormais se porter sur un autre front[66],[67]. À Paris, l'annonce de la capitulation parvient en même temps que celle de l'échec de lasortie du Bourget, ce qui conduit à unsoulèvement populaire le. Des éléments révolutionnaires d'extrême gauche parviennent à s'introduire à l'hôtel de ville avant de quitter les lieux dans la soirée contre la promesse de l'organisation d'élections municipales[66],[67].

Réorganisation de l'armée française en province

[modifier |modifier le code]
Gravure montrant un homme s'adressant à la foule.
Léon Gambetta harangue des soldats à Tours en 1870.
Gravure publiée dansThe Graphic en 1883.

Hors de Paris, l'armée française ne compte plus que 150 000 hommes après les défaites de Sedan et de Metz. À la tête de la Délégation de Tours, Léon Gambetta s'appuie notamment sur les compétences du polytechnicienCharles de Freycinet pour mobiliser, équiper et former de nouvelles troupes. Les membres de laclasse 1870 sont appelés avec une année d'avance et les gardes nationaux sont incorporés dans l'armée d'active, de sorte que les effectifs montent rapidement à 500 000 soldats. Trois nouvelles armées sont ainsi formées successivement : l'armée du Nord, l'armée de la Loire et l'armée de l'Est. Onze camps d'instruction sont créés en province pour assurer la formation des nouvelles recrues. Les conditions de vie y sont parfois très rudes, comme aucamp de Conlie où est cantonnée l'armée de Bretagne dugénéral de Kératry. Des armes sont achetées enBelgique, enAngleterre et auxÉtats-Unis[64].

Représentation d'une foule d'hommes, certains en tenue d'officier ou de soldats, d'autres en tenue civile.
Les Réservistes dePierre Georges Jeanniot (1870).
Paris,hôtel des Invalides.

Par ailleurs, des milliers d'étrangers volontaires s'engagent dans les rangs français, à l'image du patriote italienGiuseppe Garibaldi qui reçoit le commandement de l'armée des Vosges et dont lesChemises rouges rejoignent dans le combat pour la France lesZouaves pontificaux deCharette qu'elles avaient pourtant combattus en Italie. À ces diverses troupes s'ajoutent descorps francs levés un peu partout sur le territoire et qui rassemblent près de 72 000 hommes dont le quart opère en région parisienne. Leur mode d'action, inspiré de laguerre d'indépendance espagnole, leur vaut toutefois la méfiance du gouvernement, qui ne peut les contrôler[64].

Sur la Loire

[modifier |modifier le code]

Le, àArtenay, l'armée de la Loire rencontre, sans succès, l'armée bavaroise dugénéral von der Thann, et doit abandonnerOrléans le lendemain. Léon Gambetta en confie le commandement au général d'Aurelle de Paladines avec pour mission de protéger les arsenaux deBourges et les villes deBlois etTours. Entre les positions françaises et bavaroises, desfrancs-tireurs tentent des coups de main et défendent notammentChâteaudun qui finit par tomber le. En réaction à la résistance acharnée de la ville, les Allemands massacrent des civils et incendient des bâtiments[68].

Reproduction en noir et blanc d'un tableau montrant des militaires au combat.
Salut à la victoire (Coulmiers), tableau d'Étienne Dujardin-Beaumetz.

Réorganisée, l'armée de la Loire passe à l'offensive quelques semaines plus tard. Les Bavarois sont battus àCoulmiers le et évacuent à leur tour Orléans. Côté français, ce premier succès fait naître l'espoir d'un dégagement de la capitale[69], mais venue de Metz après la capitulation de Bazaine, l'armée prussienne duprince Frédéric-Charles est dirigée vers la Loire pour inverser le rapport de force, si bien qu'Aurelle de Paladines renonce à poursuivre les Allemands vers le nord malgré l'insistance de Gambetta et Freycinet. L'armée de la Loire est battue àBeaune-la-Rolande le et àLoigny le. Deux jours plus tard, les Allemands investissent Orléans, ce qui entraîne des fuites massives parmi les soldats français démoralisés[68].

L'armée de la Loire est scindée en deux : une partie, sous les ordres dugénéral Chanzy, devient la deuxième armée de la Loire qui se replie sur la rive droite du fleuve, tandis que l'autre rejoint Bourges pour constituer l'armée de l'Est sous le commandement dugénéral Bourbaki[68]. Chanzy entame une retraite vers l'Ouest et parvient à ralentir les troupes allemandes malgré la perte deBeaugency le et deVendôme le 16, avant de s'établirau Mans. La Délégation doit quitter Tours et s'installe à Bordeaux le[68].

Dans le Nord

[modifier |modifier le code]
Reproduction en noir et blanc d'un tableau montrant des militaires au combat dans un village en flammes.
Labataille de Pont-Noyelles sur un tableau de Ludwig Braun.

Fin septembre,Achille Testelin est nommé commissaire général de laDéfense nationale pour les départements du Nord. Avec l'aide ducolonel Farre, il entreprend l'organisation de l'armée du Nord dont le général Bourbaki prend le commandement supérieur le. Compte tenu de la faiblesse de ses effectifs, environ 24 000 soldats insuffisamment armés et équipés, ce dernier choisit la défensive face aux 43 000 soldats dugénéral von Manteuffel[68].

Après le transfert de Bourbaki vers la Loire, le commandement est confié augénéral Faidherbe le. Les combats se concentrent autour d'Amiens, où les Allemands mènent une vaste offensive. Après labataille de Villers-Bretonneux, ils s'emparent de la ville le avant de poursuivre vers laNormandie avec la prise deRouen le 6, sans combat[70]. Faidherbe reconstitue ses troupes en déroute et se replie surArras pour envisager une nouvelle offensive vers leSomme. Le, Allemands et Français se livrent des combats indécis lors de labataille de l'Hallue àPont-Noyelles, et Faidherbe préfère se retirer pour sauver son armée[68].

Dans l'Est et en Bourgogne

[modifier |modifier le code]
Dessin en couleur montrant cinq hommes en tenue d'officier.
L'état-major deGaribaldi à l'armée des Vosges.

Dans l'Est, les Allemands progressent vers la vallée de laSaône et laBourgogne :Luxeuil-les-Bains etVesoul sont prises le, puisDijon le 30. La route deLyon est ouverte mais la résistance française s'organise autour de plusieurs places fortes commeLangres,Besançon etBelfort dont lesiège commence le. Fort de 17 000 hommes, lecolonel Denfert-Rochereau y organise une résistance héroïque et acharnée, menant des sorties qui obligent parfois les Allemands à reculer[68].

Dans le même temps, l'armée des Vosges s'organise sous les ordres deGiuseppe Garibaldi. Aucun officier supérieur français n'acceptant de le servir, l'Italien reçoit le commandement des corps francs de la zone desVosges, de Strasbourg à Paris, et une brigade degardes mobiles[71]. Le, son filsRicciotti Garibaldi surprend les troupes prussiennes du généralWerder àChâtillon-sur-Seine, mais il échoue à reprendre Dijon[71].

En décembre, Charles de Freycinet envisage une offensive pour dégager Belfort et interrompre les lignes de communication allemandes en s'appuyant sur l'armée de l'Est nouvellement formée et les troupes garibaldiennes. Le transport ferroviaire est cependant ralenti en raison des conditions météorologiques d'un hiver rigoureux et l'armée de l'Est n'est prête à combattre que début janvier, cependant que les Allemands ont renforcé leurs unités[69],[68].

Derniers combats

[modifier |modifier le code]
Reproduction en noir et blanc d'un tableau montrant un général à cheval haranguant ses soldats.
Legénéral Chanzy lors de labataille du Mans, tableau deMaurice Orange.

Les armées françaises connaissent une véritable déroute lors du mois de janvier. À l'Ouest, legénéral Chanzy estbattu au Mans le et ses troupes décimées par le nombre de fuyards ou de prisonniers se replient surLaval[72].

Carte postale ancienne montrant des bâtiments détruits dans un village.
Maisons en ruine après labataille de Villersexel.

À l'Est, legénéral Bourbaki lance une offensive en direction deVillersexel qui est prise le, mais cette victoire reste sans lendemain car les Allemands, retranchés derrière le cours de laLizaine, stoppent l'avancée de Bourbaki lors des violents affrontements de labataille d'Héricourt, disputée sous un froid glacial du 15 au. Mal ravitaillées, épuisées, les troupes françaises se replient vers Besançon mais l'entrée de la place leur est refusée. Prise en chasse par les Allemands, l'armée de l'Est traverse les montagnes enneigées duJura et se retrouve prise en étau àPontarlier. Après la tentative de suicide de Bourbaki le, le commandement échoit augénéral Clinchant qui négocie l'internement de ses troupes enSuisse par laconvention des Verrières signée le par le généralHans Herzog, commandant en chef de l'armée helvétique[69],[72].

Carte postale ancienne montrant la foule sur une place.
Les Prussiens àSaint-Quentin en 1871.

Au Nord, legénéral Faidherbe tente de briser lesiège de Péronne en attaquant les environs deBapaume le, mais l'opération n'est qu'un succès relatif : bien que les Allemands évacuent momentanément la ville, l'armée du Nord, qui a elle aussi subi de lourdes pertes, est contrainte de se replier[73],[72]. Une nouvelle opération est menée àSaint-Quentin mais les Allemands remportent une victoire décisive le. Il ne s'agit pas pour autant d'un désastre pour l'armée française car, bien qu'elle ne puisse délivrer Paris, l'armée du Nord échappe à l'anéantissement et permet aux départements duNord et duPas-de-Calais de ne pas être envahis[72].

Gravure montrant des soldats et leurs pièces d'artillerie.
Une batterie positionnée à Fontenay-aux-Roses. Illustration parue dansLe bombardement de Paris par les Prussiens, en, Paris, Didot, 1872.

À Paris, la pression s'accentue alors que les Allemands commencent à bombarder les forts ceinturant la capitale le[74]. Le bombardement de la ville elle-même débute le. Un certain défaitisme gagne l'état-major qui renonce à monter une opération d'envergure pour briser le siège. Ce manque d'initiative contraste avec l'ardeur des éléments révolutionnaires et d'une partie des gardes nationaux qui font notamment placarder uneAffiche rouge dans la nuit du 5 au pour appeler au sursaut et à la formation de laCommune de Paris[75],[72].

Soldats au repos devant un village en ruine.
Bivouac après le combat du Bourget, 21 décembre 1870 (1873), tableau d'Alphonse de Neuville.

Sous la pression de la population parisienne et de Gambetta, la Défense nationale se résout à mener des offensives pour rompre le blocus de la capitale. Mais les différentes sorties menées, comme àChampigny début décembre,au Bourget le puis àBuzenval les 19 et restent sans effets : à chaque fois, après un succès initial, les troupes françaises doivent se replier sous les tirs de l'artillerie allemande[75],[72].

Le, l'Empire allemand est proclamé dans lagalerie des Glaces duchâteau de Versailles, tandis qu'un nouveausoulèvement populaire éclate à Paris le. Le gouvernement entreprend des négociations en vue de mettre fin aux hostilités, par l'intermédiaire deJules Favre. L'armistice, signé le, entre en vigueur le 28 pour une durée de trois semaines, le temps d'élire une Assemblée habilitée à négocier le traité de paix[74],[72].

Ce texte ne concerne pas l'armée de l'Est internée en Suisse, de même que les places fortes deBelfort et deBitche qui résistent respectivement jusqu'au et au[72]. Par ailleurs, selon les termes de l'armistice, Paris doit verser une indemnité de guerre de 200 millions de francs. Les forts sont occupés et sa garnison est désarmée, à l'exception d'une force de 12 000 hommes, chargée du maintien de l'ordre, et des gardes nationaux. À Bordeaux, Gambetta, furieux, s'oppose à cette capitulation et entend poursuivre la guerre. Il démissionne finalement le[76],[72].

Bilan

[modifier |modifier le code]

Les pertes humaines

[modifier |modifier le code]

Le bilan despertes militaires est plus lourd du côté français avec 139 000 morts, 143 000 blessés et 370 000 prisonniers. Dans les rangs allemands, le conflit fait 50 000 morts, dont la moitié ont péri de maladie, 90 000 blessés et 14 000 disparus[72]. Par ailleurs, la puissance de feu des armes modernes employées pendant cette guerre entraine un taux de pertes plus élevé que lors des précédents conflits au regard des effectifs engagés. C'est notamment le cas lors des premiers affrontements, notamment les batailles deWissembourg etFrœschwiller-Wœrth où les pertes françaises s'élèvent à23 % des soldats engagés. Labataille de Saint-Privat est la plus meurtrière du conflit et conduit à la mise hors de combat de 12 000 Français et 20 000 Allemands[77].

De plus les Allemands progressaient à travers un pays résolument hostile : l’action desfrancs-tireurs fut très forte et entraîna unepsychose dans l’armée allemande[78].

Lavariole a ravagé les deux armées. Cependant, les Prussiens, qui connaissaient l'efficacité durappel antivariolique, ont eu nettement moins de pertes dues à cette maladie. En effet, sur 8 500 Prussiens contaminés, 450 en sont morts (5 %), alors que les Français, qui ne connaissaient pas la nécessité du rappel du vaccin, ont eu 125 000 contaminations et 23 500 décès (19 %).

  • Un camp français de Metz en 1870.
    Un camp français de Metz en 1870.
  • Napoléon III et Bismarck, le 2 septembre 1870 à Donchery, entrevue après la bataille de Sedan d'après Wilhelm Camphausen (1915).
    NapoléonIII etBismarck, le àDonchery, entrevue après labataille de Sedan d'aprèsWilhelm Camphausen (1915).
  • « Discussions sur la guerre dans un café parisien », paru dans The Illustrated London News, le 17 septembre 1870.
    « Discussions sur la guerre dans un café parisien », paru dansThe Illustrated London News, le.
  • Des gardes nationaux, Gardes mobiles, Pompiers et Volontaires français en 1870.
    Des gardes nationaux, Gardes mobiles, Pompiers et Volontaires français en 1870.
  • Le monument aux morts de Clèves.
    Le monument aux morts deClèves.
  • Ici reposent les soldats français décédés de leurs blessures au lazaret de Lübeck.
    Ici reposent les soldats français décédés de leurs blessures aulazaret deLübeck.

Prisonniers de guerre

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Prisonniers de guerre de la guerre franco-allemande de 1870.

Le nombre deprisonniers de guerre français fut exceptionnellement élevé. En,Jules Favre, ministre des affaires étrangères, donnait l'estimation suivante : 509 000 combattants français prisonniers dont 420 000 détenus en Allemagne, 4 000 internés en Belgique et 85 000 en Suisse contre 35 000 soldats allemands faits prisonniers.

La plupart des prisonniers français restèrent captifs en Allemagne de 2 à 10 mois, certains ne revenant que plusieurs mois après la fin de la guerre et le traité de paix.

18 000 prisonniers français morts dans lescamps sont enterrés en Allemagne.

Les enseignements de la guerre

[modifier |modifier le code]

Supériorité technique et militaire de l'armée allemande

[modifier |modifier le code]

L'organisation de l'armée française s'avère défaillante dès les premiers temps du conflit. La mobilisation et la concentration des troupes, organisées simultanément, s'effectuent de manière désordonnée, et malgré l'effort des compagnies ferroviaires qui interrompent la circulation des trains civils pour faciliter l'acheminement des troupes, de nombreux soldats peinent à rejoindre leur unité. Par ailleurs, des difficultés d'approvisionnement en armes et en équipement se présentent[40]. L'empereur décide de prendre le commandement de l'armée alors que ses compétences stratégiques sont limitées ; d'autre part, les généraux connaissent mal les troupes placées sous leur commandement, car les grandes unités sont constituées seulement à la mobilisation[38]. La concentration des troupes est d'autant plus perturbée que le,NapoléonIII décide de regrouper les trois armées prévues àStrasbourg,Metz etChâlons en une seule, l'armée du Rhin, placée sous ses ordres[38]. Répartie le long des 250 kilomètres de la frontière, entreThionville etBelfort, l'armée est subdivisée en trois groupes : l'un enLorraine, commandé par lemaréchal Bazaine, l'autre enAlsace, commandé par lemaréchal Mac Mahon, le troisième en réserve à Châlons sous les ordres dumaréchal Canrobert, tandis que l'état-major est installé à Metz[38].

La relative brièveté du conflit témoigne de la supériorité allemande dans de nombreux domaines. Dès les premiers affrontements en, ce sont les Allemands qui prennent systématiquement l'initiative sur le terrain, le plus souvent sans avoir reçu l'ordre direct du chef duGrand État-Major général,Helmuth von Moltke. La témérité des généraux allemands et leur liberté d'action ont pour effet de surprendre les chefs français qui, le plus souvent, se montrent passifs, indécis et incapables de réagir. À l'inverse de leurs homologues allemands, les généraux français appliquent la stratégie défensive de l'état-major sans cherche à prendre l'initiative de l'engagement, du moins pendant les premiers mois du conflit. Ainsi le commandement français montre ses limites, ce que l'historien Xavier Boniface explique par la promotion d'officiers en raison de leurs origines sociales ou leur ancienneté plutôt que de leurs compétences. Par ailleurs, il affirme que la plupart des chefs militaires français ont acquis leur expérience sur le terrain colonial, ce qui ne leur permet pas de manœuvrer efficacement d'importantes masses de soldats, et que les cadres d'état-major sont le plus souvent confinés à des tâches administratives qu'à la planification et à la conduite d'opérations[77].

L'armée française paye également son manque d'organisation et l'inefficacité de ses services. L'intendance peine à suivre les mouvements de troupes et le génie militaire ne se montre pas à la hauteur des enjeux, comme l'affirme l'aumônierEmmanuel Domenech qui déplore son inefficacité en expliquant qu'il a tardé pour« la construction des ponts nécessaires au passage rapide de l'armée et la destruction de ceux sur lesquels l'ennemi devait passer […]. Il s'est contenté de faire sauter [ceux] qui nous étaient utiles et dont les Prussiens n'avaient que faire ». Sur un autre plan, le service de renseignements est défaillant, tandis que le service de santé est dépassé par l'ampleur des pertes. L'état-major allemand montre également sa supériorité dans l'utilisation des chemins de fer : tandis que les choix tactiques devon Moltke prennent systématiquement en compte le réseau ferré, les Français ne l'utilisent que pour des renforts ponctuels et certaines lignes sont inadaptées au trafic militaire[77].

L'inefficacité du commandement français s'explique également par les mauvaises relations entre le pouvoir politique et les chefs militaires : alors que du côté allemand, l'état-major met à exécution son plan d'invasion sans que les politiques interfèrent, du côté français,« le pouvoir politique met sans cesse les généraux en situation d'improvisation et d'incertitude », selon l'analyse des historiens Nicolas Bourguinat et Gilles Vogt[79]. En outre, dès le début du conflit, l'expérience militaire deNapoléonIII et ses compétences en matière d'artillerie ne peuvent compenser son manque de stratégie et son incapacité à se muer en meneur d'hommes, d'autant plus qu'il apparaît malade et affaibli et perd ainsi le respect de ses officiers[79].

Ainsi du côté français, dès les premières semaines du conflit, un sentiment de gâchis voire de trahison se répand parmi les combattants qui pointent l'absence de stratégie de l'état-major comme responsable de la défaite[80],[81]. Pour la majorité des soldats, qui font preuve de courage et de témérité au combat, les hésitations du commandement provoquent le désarroi et la désillusion des combattants, comme le montrent de nombreux témoignages à l'image de celui du sous-lieutenant Vincent Boucabeille qui défendMetz :« L'état-major et l'intendance, les deux bras principaux de l'armée, […] étaient au-dessous de leurs missions, outrecuidants, paresseux et incapables »[80].

À l'inverse, l'armement français n'est pas inférieur à celui des Allemands, et lefusil Chassepot, meilleur que lefusil Dreyse, leur donne l'avantage dans le combat rapproché et suscite l'inquiétude de l'état-major allemand : par sa portée maximale de 1 700 mètres, sa rapidité de tir jusqu'à 14 coups par minute et son chargement par laculasse, il permet un tir à la fois plus précis, plus régulier et plus meurtrier[79]. L'armée française est aussi l'une des premières à posséder des canons à balles, mais sa puissance de feu n'est pas exploitée par l'artillerie qui déplore sa portée inférieure à celle des canons, tandis que l'infanterie ne peut l'utiliser du fait de sa faible maniabilité en raison d'un poids trop élevé. C'est d'ailleurs sur le plan de l'artillerie que les Allemands ont, dès le début de la guerre, la supériorité numérique avec quatre pièces pour mille hommes contre seulement trois pour les Française[77]. Par ailleurs, la portée et la précision descanons Krupp est supérieure à celles des pièces françaises tandis que le chargement par la culasse leur apporte une cadence de tir inégalée[79].

La modernité technique des pièces d'artillerie change la nature du conflit et rend inefficaces les armes anciennes comme lacavalerie. Ses charges sont sans effet et son utilité ne repose que sur des phases de reconnaissance en petits détachements sur le terrain, un domaine où lesuhlans excellent[79]. De la même manière, les charges delanciers et decuirassiers entraînent de lourdes pertes sans apporter un avantage quelconque à l'un des deux camps, et« leur intervention semble ne plus servir qu'à fournir des scènes héroïques de sacrifice à la mémoire collective du conflit ».

L'impossible guerre navale

[modifier |modifier le code]

À la déclaration de guerre, unblocus de l'Allemagne par ses côtes maritimes fut décidé à Paris. LaNorddeutsche Bundesmarine, fondée à partir de laflotte prussienne, ne pouvait s'y opposer, mais lamarine française n'était pas opérationnelle (manque decharbon, de réservistes qui devaient servir sur les 470 navires français difficiles à mobiliser). Le blocus deWilhelmshaven s’avéra ainsi inefficace. À partir de, la mer devenant trop impraticable, la flotte française regagna les ports de laManche et n'en sortit plus[82].

LeBouvet éperonne leMétéor.

Un débarquement sur la côte de laBaltique fut envisagé, cette diversion avait pour but de soulager la pression sur l'Alsace et laLorraine, mais aussi d'amener leDanemark à déclarer la guerre à la Prusse. Mais l'idée s’avéra impossible à mettre en œuvre ; les défenses côtières allemandes (canons Krupp à longue portée) et la géographie de lamer des Wadden n'avaient pas été correctement évaluées[82].

Les troupes de Marine furent redéployées aucamp de Châlons et participèrent à labataille de Sedan. Une grande partie de l'armée étant prisonnièreà Metz, la Marine fournit les officiers et sous-officiers qui encadrèrent les Gardes mobiles et les forts de Paris[82].

Les seuls combats navals se résumèrent aucombat entre leBouvet et leMeteor devantLa Havane en, au blocus duHerta par leDupleix en rade deNagasaki, au forçage du blocus de Wilhelmshaven par la corvetteAugusta, à la capture de trois navires marchands au large de Brest, deRochefort et à l'embouchure de laGironde, et à une poursuite menée par la frégateL'Héroïne, qui s'acheva par le refuge d'un navire allemand dans le port espagnol deVigo.

Les traités de paix

[modifier |modifier le code]
Dépêche annonçant l'armistice - À Bordeaux, le et pour copie conforme le sous-préfet à Largentière.

Conformément aux clauses de l'armistice, uneAssemblée nationale estélue ausuffrage universel le. Cette chambre majoritairementmonarchiste est réunie auGrand-Théâtre de Bordeaux. Favorable à la paix, elle désigneAdolphe Thiers « chef du pouvoir exécutif de la République française » le[83],[84]. C'est à lui que revient la responsabilité de négocier la paix àVersailles avec le chancelier Bismarck. Il y est accompagné des ministresJules Favre etErnest Picard, et d'une commission parlementaire de quinze membres. Forte de ses succès militaires, l'Allemagne impose ses conditions : La France est tenue de payer uneindemnité de guerre de 5 milliards defrancs-or et doit céder tout ou partie de cinqdépartements de l'Alsace et de laLorraine, à savoir leBas-Rhin, leHaut-Rhin à l'exception deBelfort, une grande partie de laMoselle avec les arrondissements deMetz,Sarreguemines etThionville, les cantons deSaales etSchirmeck dans lesVosges, ainsi que les environs deSarrebourg etChâteau-Salins dans laMeurthe[85].

Letraité préliminaire de paix franco-allemand signé à Versailles le est ratifié par l'Assemblée nationale le par 546 voix contre 170 et 23 abstentions[86]. Le, l'ensemble des députés alsaciens-lorrains, dontLéon Gambetta qui avait choisi de représenter le Bas-Rhin par patriotisme, démissionnent après la lecture d'une proclamation commune contre l'annexion. Par solidarité, des députés de laGauche radicale démissionnent à leur tour, parmi lesquelsArthur Ranc,Henri Rochefort etVictor Hugo[87].

Les négociations se poursuivent àBruxelles où les émissaires français et allemands sont réunis à compter du : il s'agit de préciser les dispositions adoptées dans le traité préliminaire, en particulier le contour exact du territoire annexé par l'Empire allemand[86]. Lapaix est définitivement signée le à Francfort par Jules Favre, à qui Thiers a confié les pleins pouvoirs, et le chancelier Bismarck. La France est amputée d'une douzaine de communes supplémentaires du nord de la Lorraine, mais reçoit en contrepartie quelques villages autour de Belfort qui constitueront plus tardun nouveau département. Malgré les critiques de plusieurs militaires comme legénéral Chanzy, qui considère que les conditions préliminaires sont plus aggravées qu'allégées, l'Assemblée nationale ratifie largement le traité par 433 voix favorables contre 98[88].

Les négociations se poursuivent néanmoins sur quelques dispositions, en particulier autour dudroit d'option pour la nationalité française des Alsaciens-Lorrains ou de l'évacuation des troupes occupantes. Des conventions additionnelles au traité de Francfort sont donc signées jusqu'en[88].

Occupation de la France en 1871.

LeshistoriensJean-Pierre Azéma etMichel Winock soulignent que le montant exigé « représentait beaucoup plus que ce que la guerre avait coûté auxAllemands: ce n’était pas une simple « indemnité », c’était untribut»[89]. Les troupes allemandesoccupèrent une partie de la France, jusqu'à ce que le total du tribut soit versé en.

Article détaillé :Occupation de la France par l'Allemagne de 1870 à 1873.

L'agrandissement devait concerner laMoselle et l'Alsace dont leTerritoire de Belfort, mais étant donné la résistance jusqu'au bout des troupes françaises ducolonel Denfert-Rochereau lors dusiège de Belfort, ce territoire resta à la France en contrepartie d'autres territoires lorrains, notamment les villages correspondant au champ debataille de Saint-Privat :« le tombeau de ma garde » disaitGuillaumeIer de Prusse.

Conséquences de la guerre

[modifier |modifier le code]
Carte satirique de l'Europe 30 ans après la guerre franco-allemande et la « cruelle » défaite de laFrance, par lecaricaturisteanglais Fred W. Rose. On y retrouveNicolasII en Russie etGuillaumeII (empereur allemand).

Difficultés d'une République naissante

[modifier |modifier le code]

Affaiblissement économique et démographique

[modifier |modifier le code]

Sur le plan démographique, les conséquences de la défaite française sont désastreuses. Aux soldats morts pendant le conflit (environ 140 000) et aux pertes consécutives à l'annexion de l'Alsace-Lorraine (estimées à 1,5 million d'habitants) s'ajoutent l'excédent de décès enregistré parmi la population civile, du fait de la misère, de la famine et des épidémies (environ 450 000 morts supplémentaires), et le déficit des naissances dû aux séparations des familles ou au veuvage (environ 103 000 naissances manquantes pour l'année 1870 et 445 000 pour 1871). L'écart démographique entre la France et l'Allemagne se creuse donc très nettement, la population française passant de 38 millions d'habitants avant 1870 à 36 millions en 1871, tandis que la population allemande augmente de 39,5 millions à 41 millions sur la même période[90],[91]. Cet écart ne cesse de se creuser jusqu'à laPremière Guerre mondiale, les conséquences de la guerre agissant inversement sur la natalité des deux pays[92].

Sur le plan économique, la guerre impacte fortement l'appareil industriel français qui perd non seulement le textile alsacien mais également les usines houillère et ferrifère de Lorraine, et rares sont les entreprises qui parviennent à se reconstituer en territoire français[90].

Un pays déchiré sur le plan politique

[modifier |modifier le code]

La signature de l'armistice le est un traumatisme qui entraîne une véritable chasse aux responsables de la guerre[93]. Lesélections législatives du portent à laChambre une majorité monarchiste et réactionnaire[94] qui met immédiatement en accusation les membres dugouvernement de la Défense nationale, en particulierLéon Gambetta qu'ils accusent d'avoir mené la guerre à outrance, prolongeant ainsi inutilement les souffrances du pays[93]. Nouveau chef de l'État,Adolphe Thiers dénonce lui-même cette« politique de fous furieux » et ces« despotes qui prétendaient retenir la France dans leurs mains »[93]. La nouvelle Assemblée élue met en place uneEnquête parlementaire sur les actes du gouvernement de la Défense nationale qui instruit presque exclusivement à charge[95],[93]. Les républicains ne sont finalement jamais mis en accusation sur le plan pénal car, selon l'historien Éric Bonhomme, lorsque la commission d'enquête rend ses conclusions en 1874, l'opportunité d'une restauration monarchique semble définitivement écartée[93]. Le vote deslois constitutionnelles de 1875 instaure définitivement laRépublique[96].

Par ailleurs, pour les milliers de Parisiens qui ont livré une résistance acharnée dans les rangs de laGarde nationale durant lesiège de la capitale, la signature de l'armistice est vécue comme une trahison, et l'élection d'une majorité monarchiste accélère la rupture entre les départements ruraux partisans d'une paix sans honneur et le peuple parisien. L'opération de police entreprise par le gouvernement le pour récupérer les canons de la Garde nationale rangés sur les hauteurs de la capitale entraîne unnouveau soulèvement populaire qui débouche sur l'installation de laCommune de Paris[94]. Plusieurscommunes insurrectionnelles sont recensées dans toute la France mais c'est à Paris que l'ampleur du mouvement est la plus importante et que la situation dégénère rapidement en une guerre civile : la Commune estréprimée dans le sang du au[97].

Au niveau colonial, la France qui était déjà présente en Extrême-Orient depuis la conquête de laCochinchine, dut cesser toute expansion dans lapéninsule indochinoise jusqu'auxannées 1880, date à laquelle les conquêtes coloniales reprirent. EnAfrique, l'expansion des conquêtes coloniales autour duSénégal furent aussi ralenties, tout comme la pénétration duSahara au sud de l'Algérie.

Redressement moral du pays

[modifier |modifier le code]

Dans les années qui suivent le conflit, de nombreux penseurs ou écrivains français développent une« philosophie de la défaite » qui entend trouver les causes de la défaite et veut la présenter comme un mal nécessaire à la régénération du pays. Certains auteurs commeGeorge Sand etJules Michelet pointent directement la responsabilité du régime impérial dont le penchant dictatorial devait immanquablement mener à la guerre et au désastre, mais d'autres écrivains, commeGustave Flaubert poussent l'analyse en présentant la défaite comme un symptôme du déclassement de la civilisation française[98].

Edmond de Goncourt,Hippolyte Taine ouErnest Renan rejoignent cette idée d'une responsabilité collective en blâmant tout autant l'incurie du personnel dirigeant de l'Empire que l'état moral de la nation. Pour Edmond de Goncourt,« si la nation française n'était pas en dissolution, la médiocrité extraordinaire de l'empereur n'eût pas empêché la victoire ». Il affirme d'ailleurs que« les souverains […] sont toujours le reflet d'une nation et qu'ils ne resteraient pas trois jours sur leurs trônes, s'ils étaient en contradiction avec son âme »[98].Paul etVictor Margueritte dénonce une France« détendue au culte, à la jouissance de l'argent », une critique également portée des décennies plus tard à l'égard duFront populaire par lerégime de Vichy, de sorte que le futur académicienMichel Mohrt fait paraître en 1942 un essai intitulé1870, les intellectuels devant la défaite[98]. Ernest Renan etArthur de Gobineau vont jusqu'à imputer à la France la responsabilité totale de la guerre, et pour ce dernier, connu pour sa théorie de l'inégalité des races humaines,« ce pays est un pays perdu, cette race est une race avilie, et le tout est inguérissable »[99].

Par ailleurs, de nombreux penseurs libéraux estiment qu'au-delà de la supériorité matérielle de la Prusse, c'est le niveau d'instruction de ses soldats qui lui a assuré le succès. Ils répandent ainsi l'idée que le redressement du pays doit passer par uneinstruction obligatoire pour tous les enfants, dans le même ordre d'idée que la recommandation de l'ancien ministreVictor Duruy qui, dès 1865, souhaitait s'inspirer du modèle de l'enseignement supérieur allemand pour réorganiser les universités françaises[100].

Les monarchistes, dans le sillage d'Augustin Cochin qui dénonce« un affaiblissement moral lamentable et un antagonisme social profond », appellent au redressement moral du pays plus encore qu'à son relèvement matériel. Il s'agit pour eux d'empêcher le retour du césarisme bonapartiste comme la poussée d'un républicanisme jacobin, en régulant le suffrage universel pour rétablir les autorités sociales anciennes ou en combattant« l'esprit d'égalité poussé à son comble », ce que défend notamment la coalition de l'Ordre moral portée au pouvoir entre 1873 et 1874[101]. Par ailleurs, des courants allant dufédéralisme prôné parCharles Maurras auprovincialisme de certains écrivains défendent l'idée d'unedécentralisation qui mettrait fin à l'omnipotence d'une capitale qui doit« expier moralement » les désordres de laCommune. Comme le précisent Nicolas Bourguinat et Gilles Vogt,« l'idée qui faisait son chemin était celle d'un indispensable retour aux sources, donc au passé et au sol comme fondements du génie national »[101].

Une volonté de revanche ?

[modifier |modifier le code]
Article connexe :Revanchisme à la Belle Époque.

Plusieurs historiens estiment que le mythe d'une Francerevancharde est très largement exagéré par l'historiographie traditionnelle duXXe siècle : c'est le cas deJean-Marie Mayeur, qui affirme que« les nostalgies patriotiques n'ont pas pris d'ordinaire une forme belliciste »[102], de Bertrant Joly pour qui« les Français, dans leur écrasante majorité, ne veulent pas la guerre et les poésies militaires deDéroulède perdent une majorité de lecteurs quand elles passent de l'évocation nostalgique du conflit perdu à la prédication impatiente de la réparation »[103], ou de Nicolas Bourguinat et Gilles Vogt qui estiment que« la revanche, de toute évidence, n'aurait eu aucune crédibilité comme projet politique assumé et déclaré »[104].

De fait, à l'image des déclarations deJean Jaurès (« Ni guerre, ni renoncement ») ouRaymond Poincaré (« Ne négligeons rien pour la défense, ne faisons rien pour l'attaque »), les premiers dirigeants de laTroisième République rejettent l'idée de la revanche : dans un premier temps,Adolphe Thiers, comme ses partisans, réaffirme son attachement à la paix, en qualifiant notamment les bellicistes de« charlatans du patriotisme » ; dans le même temps, les républicains comprennent qu'ils ne peuvent accéder au pouvoir en agitant le spectre d'une nouvelle guerre qui effraierait l'électorat rural encore majoritaire dans le pays[104]. Ainsi la politique menée par les différents ministères s'inscrit dans cette logique d'apaisement : dès 1871, le gouvernement accède à la demande du chancelier Bismarck de dissoudre la Ligue d'Alsace fondée par le députéAuguste Scheurer-Kestner, puis il se montre ouvertement pacifiste tout au long de la période dite du« recueillement » (1871-1879) avant d'orienter sa politique extérieure vers un projet dedéveloppement colonial à partir desannées 1880[104]. Pour une large part de la classe politique française comme pour l'opinion publique, l'évocation de la revanche relève donc plutôt de la blessure patriotique que de la revendication d'un nouveau choc armé[103], et pour Nicolas Bourguinat et Gilles Vogt, la masse des Français se situe entre deux attitudes à l'égard des provinces perdues :« l'oubli et l'indifférence d'un côté, l'abandon délibéré et la résignation au fait accompli de l'autre »[104].

Les partisans d'un nationalisme revanchard, dans le sillage de laLigue des patriotes de Paul Déroulède ou de son amieJuliette Adam, sont finalement peu nombreux, et leur influence demeure très limitée, comme en témoignent la rapide disparition des journauxL'Anti-prussien deGeorges Berry ouLa Revanche deLouis Peyramont[104],[103]. Ils parviennent cependant à rassembler une assistance fournie lors des« fêtes de la Revanche »[105] qui constituent parfois de véritables démonstrations de force de la droite nationaliste, au point d'inquiéter le gouvernement[106].

C'est finalement dans le contexte scolaire que la question de la revanche est omniprésente, et selon Nicolas Bourguinat et Gilles Vogt,« il s'agit d'un véritable horizon culturel, d'un patrimoine commun dans lequel deux générations de Français ont baigné »[107]. Sous la Troisième République, l'école primaire transmet aux jeunes enfants l'idée qu'ils devront assumer la mission de recouvrer les provinces annexées : en 1881, le ministre de l'Instruction publiquePaul Bert crée une « Commission de l'éducation militaire », le développement des sociétés de tir et de gymnastique est encouragé, de même que la formation debataillons scolaires, et les manuels scolaires entretiennent largement le souvenir de l'Alsace-Lorraine, à l'image duTour de la France par deux enfants qui raconte le parcours de deux jeunes garçons orphelins dePhalsbourg, André et Julien[107],[105]. La littérature scolaire favorise par ailleurs l'affermissement du régime républicain en rejetant la responsabilité de la guerre d'une part sur lerégime bonapartiste qui l'a déclarée, d'autre part sur la Prusse qui l'a attiré dans un piège, de sorte que« la faute est double, mais la France en est exempte »[107].

Cependant, à partir de lacrise boulangiste, un nationalisme revanchard se développa, dans une partie de la presse et l'opinion française, renforcé par l'affaire Dreyfus. Il se diffusa pendant laBelle Époque et conduisit après l'assassinat deJean Jaurès, partisan de la paix, le, au ralliement despacifistes à l'Union sacrée et à laPremière Guerre mondiale[108].

L'achèvement de l'unité italienne

[modifier |modifier le code]

La guerre franco-prussienne eut pour conséquence indirecte l'achèvement de l'unité italienne. Pendant leSecond Empire, les troupes françaises protégeaient la ville deRome qui restait ainsi sous lasouveraineté pontificale. Après l'évacuation des troupes françaises du fait de la guerre avec la Prusse,Rome fut annexée (le) par l'Italie et devint la capitale du pays. Lepape cessa d'être un souverain temporel jusqu'à la signature desaccords du Latran de 1929 qui lui accordèrent la souveraineté sur la cité duVatican.

L'unité allemande

[modifier |modifier le code]
Proclamation de l'Empire allemand dans lagalerie des Glaces duchâteau de Versailles, le (peinture d'Anton von Werner, 1885).

La guerre franco-allemande de 1870 est la dernière des troisguerres d'unification après laguerre des Duchés en 1864 et laguerre austro-prussienne de 1866 : elle marque la dernière étape du rassemblement politique et administratif des états allemands sous la forme d'un régime impérial dominé par leroyaume de Prusse et lamaison de Hohenzollern, dont l'autorité et le prestige sont consolidés[109],[110]. Elle s'inscrit dans la suite logique duprintemps des peuples et de la première tentative d'unification en 1848. L'annexion de l'Alsace-Lorraine est ouvertement présentée par le chancelier Bismarck dans les buts de guerre allemands dans une dimension préventive et défensive. Dès le, il affirme dans une lettre à son ambassadeur en Russie :« Nous ne revendiquons pas l'Alsace comme une ancienne propriété mais simplement pour nous couvrir contre la prochaine attaque »[109].

La guerre avait uni tous les territoires allemands sous l'autorité de la couronne prussienne, dans le combat contre l'agresseur français. Le roi de Prusse fut proclamé empereur, le, dans lagalerie des Glaces duchâteau de Versailles. La politique deBismarck avait triomphé. Bismarck aurait choisi Versailles en représailles de la décision deLouisXIV de mettre à sac lePalatinat[111].

Fin de la démilitarisation de la mer Noire

[modifier |modifier le code]

Profitant de la distraction de la guerre franco-prussienne, l'Empire russe avait commencé en la reconstruction de ses bases navales en mer Noire, une violation flagrante du traité qui avait mis fin à laguerre de Crimée 14 ans plus tôt[112]. Après la paix de Francfort de 1871 naît un rapprochement entre la France et la Russie.« Au lieu de tisser des liens avec la Russie à l'est et de paralyser davantage la France à l'ouest, l'erreur de calcul de Bismarck avait ouvert la porte à de futures relations entre Paris et Saint-Pétersbourg. Le point culminant de cette nouvelle relation sera finalement l'Alliance franco-russe de 1894 ; une alliance qui fait explicitement référence à la menace perçue de l'Allemagne et à sa réponse militaire »[113].

Fondation de l'École libre des sciences politiques

[modifier |modifier le code]
Cette sectionne cite pas suffisamment ses sources (septembre 2017)
Pour l'améliorer, ajoutezdes références de qualité et vérifiables (comment faire ?) ou le modèle{{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.
Article détaillé :École libre des sciences politiques.

Cette défaite provoqua un véritable traumatisme au sein des sphères intellectuelles françaises dans les années 1870, forcées malgré elles de constater la faillite collective et morale de leurs élites dans le cadre de la guerre franco-allemande. Frappés par l'arrogance, le manque d'ouverture et la méconnaissance accablante de ces élites, quelques érudits, savants, professeurs et hommes d'affaires emmenés parÉmile Boutmy vont alors tirer les leçons de l'échec passé afin de remédier aux carences fonctionnelles et structurelles de la jeuneIIIe République.

Ceci aboutit à la création de l’École libre des sciences politiques en 1872 à Paris par Boutmy, qui s'entoure d'un cercle d'éminents universitaires, comptant dans ses rangsHippolyte Taine,Ernest Renan,Albert Sorel etPaul Leroy-Beaulieu. L'ambition des fondateurs de la nouvelle école était de doter laIIIe République d'élites, la formation des élèves étant totalement repensée avec notamment une approche pluridisciplinaire et une ouverture à l'international.

Progrès du droit humanitaire international

[modifier |modifier le code]

L'une des conséquences de la guerre de 1870-1871 fut une accélération du développement dudroit humanitaire international. En effet, il n'existait auparavant que lapremière convention de Genève () destinée à protéger desmilitaires blessés pendant les guerres, mais rien de précis n'encadrait ledroit de la guerre. Cette lacune avait provoqué de sérieuses contestations entre les belligérants, et des mesures dereprésailles. Le tsarAlexandreII convoqua donc à Bruxelles, du au, une conférence qui avait pour objet de codifier les lois et coutumes de la guerre[114].

Par ailleurs, alors que son projet ne prévoyait rien quant aux règles à appliquer concernant l'internement de belligérants enpays neutre, laretraite et le passage enSuisse des 90 000 survivants de l'Armée Bourbaki avaient si profondément marqué les esprits qu'il fallut aussi traiter cette question. En effet, les nombreux problèmes juridiques inédits posés par cet internement concernant le droit de la guerre et celui de la neutralité ne furent résolus que par des négociations bilatérales de la Suisse avec l'Allemagne d'une part, et avec la France d'autre part[114].

Tout cela fut intégré soit à laConvention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre adoptée àLa Haye le 29juillet 1899 soit à la convention adoptée lors de laseconde conférence de La Haye conclue le 18octobre 1907 quant aux droits et devoirs des puissances et des personnes neutres en cas de guerre sur terre, dont les dispositions sont toujours en vigueur aujourd'hui (articles 11 à 15 de la Convention)[114].

Essor des dépêches et des correspondances de guerre

[modifier |modifier le code]

Les années qui précèdent le conflit sont marquées par d'importants progrès technologiques, notamment dans le développement des installations télégraphiques : en France, le réseau télégraphique passe de 9 244 km de fils en 1855 à 116 000 km en 1868, tandis qu'en Prusse, il passe de 2 900 km en 1855 à 66 000 km en 1868. Dans le même temps, la presse connaît un essor sans précédent, et la baisse de la taxe sur les télégrammes permet de réduire le coût des communications et d'en assurer une large diffusion[115].

La guerre franco-allemande est donc marquée par une modernisation des moyens de communication et une transmission des informations plus efficace : d'une part, les ordres circulent plus rapidement entre les états-majors et les théâtres d'opération, d'autre part, la multiplication desdépêches permet aux journaux de satisfaire la demande des lecteurs avides de suivre le cours des évènements au quotidien[115]. Dans tous les pays européens, les correspondances de guerre connaissent un succès sans précédent, de sorte que Quentin Deluermoz présente le conflit comme un événement médiatique« global » : à titre d'exemple,42 % des dépêches émises par l'agenceReuters à travers le monde pour la semaine du au, pendant le bombardement de Paris, étaient consacrées à la guerre[116]. Les principales agences de presse (Havas, Reuters etContinental) avaient d'ailleurs conclu un accord dans les semaines précédant le conflit afin de se partager les zones de diffusion et d'assurer un service capable de toucher les lecteurs au plus vite[117].

Décorations

[modifier |modifier le code]

Dans la mesure où la guerre fut une défaite pour la France et que les anciens combattants cherchaient à oublier cet aspect pour mettre en valeur des actes héroïques individuels, les monuments érigés comme les commémorations sont souvent issus d'initiatives locales (cf. section suivante et article dédié). C'est par ailleurs seulement en 1911 que l'État choisit d'honorer les anciens combattants de ce conflit par une médaille[118],[119].

  • Médaille commémorative de la guerre 1870-1871.
    Médaille commémorative de la guerre 1870-1871.
  • Médaille commémorative de la guerre 1870-1871, revers.
    Médaille commémorative de la guerre 1870-1871, revers.
  • Médaille des vétérans 1870-1871.
    Médaille des vétérans 1870-1871.
  • Royaume de Saxe : croix commémorative de la campagne 1870-1871.
    Royaume de Saxe : croix commémorative de la campagne 1870-1871.
  • Médaille des défenseurs de Belfort.
    Médaille des défenseurs de Belfort.

Mémoire de la guerre de 1870

[modifier |modifier le code]

Premiers témoignages

[modifier |modifier le code]

La défaite est vécue en France comme un véritable traumatisme : selon l'historien britanniqueRobert Gildea, la souffrance alors infligée à la fierté nationale dépasse celle de tout autre conflit, y compris ladébâcle de 1940, de sorte que l'abondante production littéraire, poétique ou picturale qui suit le conflit véhicule le stéréotype du« vaincu magnifique », comme c'est déjà le cas après ladéfaite de Waterloo en 1815. Pour Nicolas Bourguinat et Gilles Vogt,« la France écrasée sous le nombre se rachetait par des actions d'éclat, chevaleresques et héroïques »[120].

En France, plusieurs centaines d'ouvrages consacrés à la guerre sont publiés dans les années qui suivent le conflit : Jean-François Lecaillon en dénombre330 entre 1871 et 1873, alors queCharles-Olivier Carbonell avance le nombre de 375 titres entre 1872 et 1875, dont les deux tiers portent sur la guerre et un tiers sur laCommune de Paris[121],[122]. La plupart sont l'œuvre d'officiers, d'écrivains, de journalistes ou d'historiens, dont l'objectivité et la neutralité peuvent être mises en doute[121] : selonPierre Nora, ces ouvrages témoignent d'« une meurtrissure patriotique et une horreur des barbares de l'intérieur »[122]. Manquants de recul, ces premiers témoignages débordent de rage contre les vainqueurs[121] et selon Charles-Olivier Carbonell,« le thème essentiel, unanime, c'est celui de l'Allemagne et des Allemands, à travers lequel se manifestent l'aveuglement et lechauvinisme les plus violents »[122]. Nombreux sont les auteurs qui, commeEdmond About,Ernest Feydeau ouJules Claretie, diffusent une vision caricaturale des Allemands, à la fois cruels et brutaux. À l'inverse, l'historienGabriel Monod provoque un début de scandale avec la parution de son ouvrageAllemands et Français, qui souligne les qualités humaines de l'ennemi : son témoignage fait cependant figure d'exception[121].

Monuments

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Monument aux morts de la guerre de 1870 en France.

La volonté d'honorer la mémoire des victimes apparaît dès la fin de la guerre. Il s'agit d'un trait caractéristique, et sans précédent, de ce conflit : auparavant, seuls les généraux tués au champ de bataille bénéficiaient d'une sépulture, tandis que les soldats morts étaient le plus souvent abandonnés et sommairement ensevelis à même le champ de bataille. Pour Nicolas Bourguinat et Gilles Vogt,« l'empreinte du conflit de 1870 en tant que guerre « nationale » apparaît justement dans la volonté de rendre toute leur place à ceux qui ont perdu la vie au combat » et« la reconnaissance aux défunts morts pour la patrie [est] présentée comme un devoir pour les survivants et pour les générations futures »[123]. L'aménagement d'ossuaires marque une étape importante vers la reconnaissance de la mort individuelle[123]. Les nombreux monuments aux morts érigés dans les années qui suivent le conflit« deviennent vite les lieux d'un culte à la patrie, à laRevanche et laRépublique », comme l'explique l'historien Rémi Dalisson,« car il ne s'agit pas seulement d'édifier un mémorial de pierre ou de bronze, son inauguration doit être une fête civique et didactique ». Les fêtes commémoratives, qui rencontrent un certain succès[123], renforcent l'attachement à la patrie :« c'est dans ces cérémonies locales que se forgera l'identité républicaine d'une nation que l'école laïque fait remonter jusqu'à laGaule et à la figure tutélaire deVercingétorix »[105].

Par ailleurs, l'article 16 dutraité de Francfort stipule que les deux États signataires s'engagent à« entretenir les tombeaux des soldats ensevelis sur leurs territoires respectifs ». Dès 1871-1872, l'Allemagne fait ériger de nombreux monuments, stèles ou ensembles sculptés sur les sites des principales batailles passés du côté allemand de la frontière, à l'image duWinterbergdenkmal inauguré en 1874, érigé sur le site de labataille de Forbach-Spicheren grâce aux fonds apportés par les municipalités et l'empereurGuillaumeIer en personne[123]. Le, le gouvernement allemand promulgue une loi pour régler la question des tombes militaires des deux belligérants dans les territoires annexés, un texte qui sert de cadre à la loi française du, relative à la conservation des tombes des soldats morts sur le sol français et qui codifie l'érection des monuments aux morts et la pose de plaque commémoratives[123],[105].

Mais les premiers monuments apparaissent dès l'été 1871, comme àÉcouis etÉvreux, dans le département de l'Eure. Près de 900 monuments sont ainsi édifiés jusqu'au début de laPremière Guerre mondiale et de manière inégale sur l'ensemble du territoire : si chaque département est doté d'au moins un monument, y compris l'Algérie, les plus nombreux se situent dans leLoiret (49) et laMoselle (34), et certaines villes en comptent plusieurs (7 àParis et 4 àBeaune-la-Rolande)[105]. Par ailleurs, de 1873 à 1878, l'État français dépense 2,3 millions de francs pour financer la construction de 25 ossuaires et l'aménagement de 87 396 sépultures, soit un peu plus de40 % du total des victimes militaires des deux camps[124],[123]. Ce mouvement commémoratif est accompagné par des sociétés d'anciens combattants et de vétérans, et plus largement parLe Souvenir français, une association créée en 1887 par François-Xavier Niessen, un Alsacien installé en région parisienne après avoir opté pour la nationalité française. Cette société est d'ailleurs tolérée en Allemagne où elle peut créer plusieurs sections dans les territoires annexés par l'Empire allemand afin d'y ériger des monuments aux morts comme celui deNoisseville. Du fait du regain des tensions entre les deux pays, l'association est finalement interdite en Allemagne auprintemps 1914[123].

En raison du coût, la plupart des monuments installés dans les cimetières des champs de bataille consistent en de simplesobélisques entourés de grilles ou de chaînes. Les monuments statuaires, moins nombreux, sont principalement d'inspirationnéo-classique et représentent des soldats armés deChassepot,« jeune et viril, dressé contre les hordes prussiennes », mais aussi des figures du roman national scolaire commeJeanne d'Arc etVercingétorix, des héros du conflit comme legénéral Raoult àMeaux ou legénéral Faidherbe àLille, ou encore des figures féminines : d'abord la mère implorante ou protectrice puis, au tournant duXXe siècle,Marianne représentée comme une mère guerrière[105]. Certains modèles rencontrent un franc succès, comme leGloria Victis d'Antonin Mercié, primé auSalon de Paris en 1874 et copié dans de nombreuses villes commeNiort,Bordeaux,Agen ouChâlons-sur-Marne[123]. LeLion de Belfort, œuvre monumentale du sculpteur alsacienAuguste Bartholdi pour commémorer la résistance de la villeassiégée par les Prussiens, se distingue par l'originalité de son sujet qui se présente comme« un hommage allégorique au sursaut français » et non un monument dédié aux morts de la guerre[123],[125]. Outre les monuments et mémoriaux érigés sur les lieux des combats, une plaque est apposée dans l'escalier menant à la crypte duPanthéon de Paris, rappelant la mémoire desgénérauxAurelles de Paladines,Chanzy etFaidherbe, descolonelsDenfert-Rochereau etTeyssier, des officiers et des soldats qui« ont sauvé l'honneur de la France » durant le conflit[126]. Par ailleurs, dès, les ruines parisiennes laissées par lesIncendies de la Commune deviennent des buts de promenade où la foule des Parisiens, ainsi que des touristes anglais, se pressent[127]. Plus largement, en province, un tourisme des champs de bataille et des ruines se développe, donnant lieu à la publication de guides et à l'organisation d'itinéraires commentés. ÀBazeilles, un musée de laMaison de la dernière cartouche est créé en 1896, rassemblant 2 000 objets[128].

Un même élan commémoratif s'étend en Allemagne où les monuments se multiplient sous la forme de colonnes, d'obélisques ou d'ensembles statuaires. Parmi les plus emblématiques figurent lacolonne de la Victoire, inaugurée lors duSedantag le dans leTiergarten àBerlin et qui célèbre le triomphe prussien sous la forme d'une colonne surmontée d'une victoire ailée, le monument aux morts bavarois deWœrth, ou encore lahalle du Souvenir deGravelotte[123]. Bien que de nombreuses cérémonies soient organisées chaque année le, lavictoire de Sedan ne revêt pas le caractère d'unefête nationale et avec l'avènement deGuillaume II en 1888, la glorification de l'armée impériale et la célébration de l'unité de la nation allemande prennent très le dessus sur l'hommage aux morts et le recueillement[123].

Dans les arts et la culture populaire

[modifier |modifier le code]

La guerre de 1870-1871 a été abondamment représentée par desphotographies et des estampes,gravures et caricatures[129], ainsi que desimages d’Épinal.

Iconographie

[modifier |modifier le code]

Le grand nombre decaricatures publiées dans la presse satirique française pendant le conflit contribue à répandre deux stéréotypes à l'égard des Allemands, en premier lieu lecasque à pointe, élément constitutif de leur équipement et souvent représenté dans un jeu d'opposition avec les couvre-chefs français comme lebonnet phrygien ou lebicorne. Dans les années qui suivent le conflit, l'objet symbolise le ressentiment antiallemand au point que l'expression« les casques-à-pointe » est utilisée, parmétonymie, pour désigner les Allemands. La représentation du casque à pointe ressurgit au tournant duXXe siècle dans les caricaturesantidreyfusardes, puis lors de laPremière Guerre mondiale à la fois dans l'iconographie des objets artisanaux fabriqués par lesPoilus dans les tranchées mais aussi sur des cartes postales qui mettent en scène de jeunes enfants urinant dans des casques à pointe sous la mention« graine de poilu »[130],[131]. La représentation du Prussien comme voleur d'horloges est également très répandue : à cette époque, l'horloge apparaît comme un objet de luxe tout en étant lié à des rites sociaux comme le fait de l'arrêter à l'occasion d'un décès, de sorte que« la rapine qu'on associait à l'Allemand équivalait à une atteinte à la dignité des victimes de l'invasion »[130].

Une caricature d'Honoré Daumier parue le combien à elle seule ces deux stéréotypes : l'empereurGuillaumeIer, désigné comme le« successeur deCharlemagne », est représenté assis sur un trône, portant une « couronne à pointe » et un os en guise de sceptre, tandis que le globe, insigne impérial, est remplacé par une horloge ; de nombreuses pendules entourent par ailleurs le trône. Selon l'universitaireUrsula E. Koch,« le souvenir des vols d'horloges commis pendant la guerre par des soldats allemands […] s'est à ce point inscrit dans la conscience collective française, […] que certains sont allés jusqu'à raconter qu'en 1914, lors de l'invasion du Nord de la France, on aurait vu, sur le seuil des maisons, des horloges déposées pour ainsi dire en offrande à l'intention des soldats allemands »[132].

Sur un autre plan, l'exaltation du sacrifice et de la bravoure des combattants transparaît largement dans la production des artistes français après la guerre. À l'image d'Alphonse de Neuville, véritable« peintre de la défaite »[133], plusieurs artistes commeÉdouard Detaille,Wilfrid-Constant Beauquesne,Aimé Morot ouPierre Bonnaud s'éloignent de l'académisme en abandonnant les allégories et les plans larges pour représenter des sujets plus anecdotiques : selon l'historien Henri Ortholan,« la gloire militaire a changé de niveau, c'est celle du soldat et du citoyen en armes qui s'exprime » et la peinture militaire de l'époque montre plutôt les soldats en action que les généraux à la tête de leurs armées[134]. AvecLe Siège de Paris,Ernest Meissonier propose une vision dramatique qui mêle allégorie etréalisme : la femme représentant Paris, couverte d'un voile noir et d'une peau de lion se dresse devant un drapeau tricolore en lambeaux ; à ses pieds sont regroupés les défenseurs morts ou blessés tandis que l'aigle allemand vole dans un ciel noir et tempétueux[135]. La cruauté des combats et l'héroïsme des soldats apparaissent également dans les gravures d'Auguste Lançon[133].

Du côté allemand,Anton von Werner, envoyé en mission documentaire àVersailles en, est le peintre le plus prolifique de la période : sa représentation de la proclamation de l'Empire allemand dans laGalerie des Glaces est l'un des tableaux les plus reproduits de l'histoire allemande. Contrairement aux artistes français, il s'inscrit dans une tradition qui consiste à mettre en valeur plutôt les chefs que les combattants anonymes[136],[133]. Le peintreWilhelm Camphausen répond à de nombreuses commandes officielles en consacrant notamment plusieurs tableaux à labataille de Sedan, tandis que l'hebdomadaireIllustrirte Zeitung publie une série de vues des différents affrontements[133].

Peinture
[modifier |modifier le code]

La guerre de 1870 a également inspiré de nombreux peintres :

Segment dupanorama représentant l'internement de l'armée Bourbaki en Suisse, Édouard Castres, (1881-1885).
Le Salut aux Blessés (1877), Édouard Detaille, œuvre censurée.
Les dernières cartouches, tableau d'Alphonse de Neuville de 1873[Note 1].
  • Défense de la porte de Longboyau, 21 octobre 1870 (1879).
    Défense de la porte de Longboyau, (1879).
  • Le Bourget, 30 octobre 1870 (1878).
    Le Bourget, (1878).
  • Bivouac après le combat du Bourget, 21 décembre 1870 (1873).
    Bivouac après le combat du Bourget, (1873).
  • Épisode de la guerre franco-prussienne (1875).
    Épisode de la guerre franco-prussienne (1875).
  • Le Cimetière de Saint Privat (1881).
    Le Cimetière de Saint Privat (1881).
  • Bataille de Champigny (1870).
    Bataille de Champigny (1870).
  • L'attaque au crépuscule.
    L'attaque au crépuscule.

Sculpture

[modifier |modifier le code]

Parmi les nombreux monuments commémoratifs de la guerre de 1870, certaines œuvres ont eu un rayonnement particulier, on peut citer, entre autres, les œuvres des sculpteurs suivants :

Littérature

[modifier |modifier le code]
Manuscrit duDormeur du Val, signé de la main d'Arthur Rimbaud.

Dans les mois qui suivent le conflit, nombreux sont les écrivains commeThéophile Gautier,Louis Veuillot,Edmond de Goncourt ouGeorge Sand, mais également beaucoup d'anonymes, qui mettent en forme leurs journaux afin de garder le témoignage des deux sièges parisiens. L'insuffisance de la classe dirigeante et la trahison sont pointés par Goncourt et Sand, cette dernière se montrant très critique à l'égard des« dictateurs de Tours » malgré ses sympathies républicaines[137]. Par ailleurs, selon Nicolas Bourguinat et Gilles Vogt,« il est manifeste que, dès lors qu'il s'agissait de la guerre de 1870, l'héroïsme, le sacrifice de soi et le dévouement à la patrie apparaissent aussi bien dans leroman populaire que dans les livres destinés à la jeunesse comme une nouvelle religion laïque »[138].

En Allemagne, la littérature populaire abonde de recueils de lettres, de récits patriotiques, demarches et de chants qui constituent selon l'historien Maurice Jacob une véritable« bibliothèque bleue » mettant en valeur la solidarité des différentes composantes de la nation allemande[138],[139]. En réponse aux caricatures françaises, la littérature allemande tend à idéaliser le comportement de l'armée d'occupation, en mettant l'accent sur la générosité et le respect de l'honneur des soldats[139]. Par ailleurs, nombreux sont les personnages qui se rappellent de leur grand-père engagé dans l'armée prussienne pendant lacampagne de France en 1814, comme pour« souligner que 1870-1871 répète et renouvelle ce moment majeur de l'avènement de la nation allemande contemporaine qu'ont constitué les guerres de libération »[138].

L'idée que la défense du territoire rassemble les différentes générations est également très présente dans la littérature française[137] etClaude Digeon constate que le thème de l'enfant héroïque se développe car il« souligne mieux la brutalité allemande, oppose à la force impitoyable sa faiblesse, à la maladresse germanique son agilité, à la grossièreté des soudards sa délicatesse »[140]. Il est notamment utilisé parAlphonse Daudet dans l'un de sesContes du lundi en 1873 et parLéo Lacertie dansNos patriotes en 1886[137]. Porté parÉmile Zola et ses amis, le recueil de nouvelles desSoirées de Médan, paraît en 1880. Parfois considéré comme un manifeste dunaturalisme, il entend prendre le contrepied des témoignages et des récits de fiction de la décennie précédente, empreints de sentimentalité et de chauvinisme. La contribution deGuy de Maupassant,Boule de Suif, en est le texte le plus célèbre, et à l'image de l'humiliation et du sacrifice de son personnage principal, une femme qui doit finalement accorder ses faveurs à un officier allemand pour que la voiture puisse repartir, l'ensemble du recueil est« un tableau cruel des petites démissions, lâchetés et forfanteries auxquelles conduit presque par nécessité la guerre lorsqu'elle s'abat sur les hommes »[137]. Taxé d'antipatriotisme,Les Soirées de Médan reprend néanmoins certains stéréotypes de la littérature populaire et cocardière à l'égard des Allemands, à savoir leur supériorité numérique, leur froide discipline ou la laideur de leur langue et de leurs traits physiques[137].

L'écrivain belgeCamille Lemonnier livre un récit de la bataille de Sedan dont la parution en France sous la titreLes Charniers en 1881 reçoit un certain écho. Sa description très réaliste et sans concession de l'horreur du champ de bataille annonce en quelque sorteLa Débâcle d'Émile Zola, qui paraît en 1892. Ce roman, avant-dernier volume de sa sérieLes Rougon-Macquart, est enrichi de nombreux témoignages et d'une importante documentation sur l'histoire militaire des combats de 1870, ainsi que d'une enquête de terrain àSedan etBazeilles où l'écrivain effectue des repérages topographiques pour accentuer le réalisme de sa narration qui propose« des clés de lecture à la fois politiques et militaires de l'échec de 1870, avec un éclairage très soigné des étapes conduisant à la capitulation de Sedan, choisie volontairement comme le point d'orgue »[137].

Romans
[modifier |modifier le code]
Nouvelles
[modifier |modifier le code]
Poèmes
[modifier |modifier le code]

Musique

[modifier |modifier le code]
Chansons
[modifier |modifier le code]

La guerre franco-prussienne et l'annexion de l'Alsace-Lorraine ont suscité la création d'un certain nombre de chansons, la plupart dans le style revanchard propre à l'époque, parmi lesquelles :

Filmographie

[modifier |modifier le code]
Cinéma
[modifier |modifier le code]

La guerre franco-prussienne a été portée sur grand écran dès le début ducinéma muet dans des productions cinématographiques diverses[141] :

Télévision
[modifier |modifier le code]
Téléfilm
[modifier |modifier le code]
Série
[modifier |modifier le code]
  • 1979 :Isabelle de Paris, sérieanime japonaise dont l'histoire se déroule en France de 1870 à 1871 et débute pendant la guerre ; les personnages vivent les événements de la guerre, du siège de Paris, puis de la commune de 1871 découlant de la défaite.

Documentaires

[modifier |modifier le code]
  • 2006 :1870 – La bataille décisive de Sedan (1870 – Die Entscheidung von Sedan) de Hannes Schuler.
  • 2020 :
  • 2021 :1871 : Grand Jeu impérial à Versailles de Christian Twente.

Notes et références

[modifier |modifier le code]

Notes

[modifier |modifier le code]
  1. Le, dans une maison deBazeilles dans lesArdennes enFrance, les soldats français encerclés par les envahisseurs prussiens se battirent jusqu'aux dernières cartouches.

Références

[modifier |modifier le code]
  1. Boniface 2022,p. 51.
  2. a etbRoth 1990,p. 33.
  3. a etbRoth 1990,p. 30.
  4. Guy Sallat,Second Empire de Solférino à Bazeilles, Paris, OD2C,, 273 p.(ISBN 978-2-9555430-5-4),p. 7, 44 et 46.
  5. abcd eteBourguinat et Vogt 2020,p. 16-21.
  6. Milza 2009,p. 17-34.
  7. a etb(en) James J.Sheehan,German history 1770–1866, Oxford,Oxford University Press,coll. « Oxford History of Modern Europe »,, 969 p.(ISBN 978-0-19-820432-9),p. 434, 465-467.
  8. Jean-Claude Caron, « D'un « Printemps des peuples » aux autres »,Le Débat,no 201(4),‎,p. 74-85(lire en ligne).
  9. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 23-28.
  10. (de) Karl-VolkerNeugebauer,Grundkurs deutsche Militärgeschichte. Die Zeit bis 1914, Munich, Oldenbourg Wissenschaftsverlag,coll. « Militärgeschichtlichen Forschungsamtes »,(ISBN 978-3-486-57853-9),p. 331.
  11. abc etdBourguinat et Vogt 2020,p. 21-23.
  12. Louis Girard,Napoléon III, Paris,Hachette-Pluriel, (1re éd. 1986),p. 458.
  13. André Armengaud,L'opinion publique en France et la crise nationale allemande en 1866,Les Belles lettres,, 125 p..
  14. abc etdBourguinat et Vogt 2020,p. 28-34.
  15. Jean-Michel Gaillard, « Sedan, 1870 : l'effondrement d'un rêve européen »,L'Histoire,no 211 « Faut-il réhabiliterNapoléonIII ? »,‎.
  16. a etbMilza 2009,p. 37-41.
  17. (en) Otto von Bismarck,Bismarck : The Man & the Statesman,vol. 2, New York, Cosimo Classics,, 384 p.(ISBN 978-1-59605-185-0),p. 58.
  18. (de)Jürgen John etJustus H. Ulbricht (de),Jena : ein nationaler Erinnerungsort?, Böhlau,, 588 p.(ISBN 9783412045067,lire en ligne),p. 76 :

    « Bismarck Aussagen, die dann auf die verkürzte und viel zietierte Formel « Ohne Jena, Kein Sedan » hinausliefen, knüpten in gewisser Weise an Deutungsangebote der Niederlage von 1806 an, die seit den Freiheitskriegen gerade auch in Jena von der Kräften der liberalen und nationalen Bewegung entwickelt worden waren. »

  19. Milza 2007,p. 689.
  20. a etbCornut-Gentille 2020,p. 25-26.
  21. abc etdCornut-Gentille 2020,p. 28-32.
  22. Jean-Claude Yon,Le Second Empire : politique, société, culture,Armand Colin,,p. 99.
  23. HenriBrunschwig,Annales. Économies, Sociétés, Civilisations : Bismarck et l'affaire espagnole,vol. 13,(lire en ligne),chap. 3,p. 618-619.
  24. Bourguinat et Vogt 2020,p. 38.
  25. Bourguinat et Vogt 2020,p. 34.
  26. Bourguinat et Vogt 2020,p. 46.
  27. ab etcBourguinat et Vogt 2020,p. 38-40.
  28. ab etcBourguinat et Vogt 2020,p. 40-45.
  29. ab etcBourguinat et Vogt 2020,p. 45-50.
  30. a etbBoniface 2022,p. 18.
  31. OdileRudelle,La République absolue : aux origines de l'instabilité constitutionnelle de la France républicaine, 1870-1889, Paris, Publications de la Sorbonne,coll. « FranceXIXe-XXe siècles » (no 14), (1re éd. 1982), 327 p.(ISBN 2-85944-045-3),p. 15.
  32. KristinRoss, « L’internationalisme au temps de la Commune », surLe Monde diplomatique,.
  33. Patrick Boman, Bruno Fuligni, Stéphane Mahieu et Pascal Varejka,Le guide suprême : petit dictionnaire des dictateurs, Paris, Ginkgo Éditeur,, 232 p.(ISBN 978-2-84679-061-1,lire en ligne),p. 127-128.
  34. Bourguinat et Vogt 2020,p. 191-196.
  35. Jean-François Lecaillon,Les Français et la Guerre de 1870, Paris, Giovanangeli,,p. 14-25.
  36. Bourguinat et Vogt 2020,p. 196.
  37. Bourguinat et Vogt 2020,p. 196-202.
  38. abcdefghijk etlBoniface 2022,p. 18-21.
  39. François Charles du Barail,Mes souvenirs,t. III, Paris,Plon,(lire en ligne),p. 148.
  40. abcd eteBourguinat et Vogt 2020,p. 50-53.
  41. Antonetti 1986,p. 278-279.
  42. Duclert 2021,p. 45-47.
  43. AlfredColling,La Prodigieuse Histoire de la Bourse, Société d'Éditions Économiques et Financières,,IX-423 p.,p. 295.
  44. Bourguinat et Vogt 2020,p. 53.
  45. abcdef etgBourguinat et Vogt 2020,p. 53-58.
  46. Istvan Dioszegi, « La politique extérieure de l'Autriche-Hongrie en 1870-1871 »,Revue d'histoire moderne et contemporaine,nos 19-2 « Dimensions et résonances de l'année 1871 »,‎,p. 289-295(lire en ligne).
  47. Stéphanie Burgaud,La politique russe de Bismarck et l'unification allemande. Mythe fondateur et réalités politiques,Presses universitaires de Strasbourg,,p. 384.
  48. Gilles Vogt,Neutres face à la guerre franco-allemande (1870-1871) ? : diplomatie et dynamiques d'opinions dans les États de Suisse, de Belgique et du Danemark (thèse de doctorat en histoire),Université de Strasbourg,,p. 231-250.
  49. Heidi Mehrkens,« L'occupation militaire de 1870-1871 vue par les Anglais », dans Annie Crépin et al.,Le temps des hommes doubles,Presses universitaires de Rennes,(lire en ligne),p. 85-103.
  50. PierreRobin,La cavalerie dans la guerre de 1870, Bernard Giovanangeli Editeur,.
  51. abc etdBoniface 2022,p. 21-25.
  52. Cornut-Gentille 2020,p. 34-36.
  53. abcd eteBourguinat et Vogt 2020,p. 68-70.
  54. a etbBoniface 2022,p. 25-27.
  55. abc etdBourguinat et Vogt 2020,p. 70-75.
  56. abc etdBoniface 2022,p. 27-30.
  57. Cornut-Gentille 2020,p. 19-20, 133-135.
  58. Duclert 2021,p. 48-52.
  59. Cornut-Gentille 2020,p. 145-149.
  60. abc etdBourguinat et Vogt 2020,p. 79-82.
  61. abcd eteBoniface 2022,p. 35-39.
  62. Duclert 2021,p. 54-56.
  63. Duclert 2021,p. 56-58.
  64. ab etcBoniface 2022,p. 39-43.
  65. Bourguinat et Vogt 2020,p. 88-89.
  66. ab etcBoniface 2022,p. 43-45.
  67. ab etcBourguinat et Vogt 2020,p. 91-95.
  68. abcdefg ethBoniface 2022,p. 45-49.
  69. ab etcBourguinat et Vogt 2020,p. 98-100.
  70. « Chapitre II. La guerre et la défense de Rouen » [livre], suropenedition.org, Presses universitaires de Rouen et du Havre,(consulté le).
  71. a etb(it) AlfonsoScirocco,Garibaldi, battaglie, amori, ideali di un cittadino del mondo, Bari, Laterza,, 431 p.(ISBN 978-88-420-8408-2),p. 351-353.
  72. abcdefghi etjBoniface 2022,p. 49-53.
  73. Milza 2009,p. 317.
  74. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 104-107.
  75. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 100-104.
  76. Bourguinat et Vogt 2020,p. 107-111.
  77. abc etdBoniface 2022,p. 31-35.
  78. Maurice Pignard-Péguet,Histoire générale illustrée de Seine-et-Marne, Auguste Gout, Orléans, 1911,p. 107.
  79. abcd eteBourguinat et Vogt 2020,p. 111-117.
  80. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 117-119.
  81. Roth 1990,p. 71.
  82. ab etcFrançois Cochet,Les français en guerres : de 1870 à nos jours, Paris, Perrin,, 541 p., 15.5 x 3.6 x 24 cm(ISBN 978-2262050368,lire en ligne), « Les oubliés : marine et marins en guerre ».
  83. Garrigues et Lacombrade 2023,p. 168-170.
  84. Bourguinat et Vogt 2020,p. 238-242.
  85. Bourguinat et Vogt 2020,p. 248-252.
  86. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 253-254.
  87. [Unger 2022]GérardUnger,Gambetta, Paris,Éditions Perrin,coll. « Biographies »,, 416 p.(ISBN 978-2-262-07991-8,présentation en ligne),p. 108-113.
  88. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 274-277.
  89. SergeHalimi, « Le Cartel des gauches se fracasse contre le « mur de l’argent » », surLe Monde diplomatique,
  90. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 276-277.
  91. André Armengaud,La population française auXIXe siècle, Paris,Presses universitaires de France,,p. 44-45.
  92. Jean-Pierre Baux, « 1914 : une France démographiquement affaiblie »,Population et Avenir,no 717,‎,p. 14-16(lire en ligne).
  93. abcd eteBourguinat et Vogt 2020,p. 365-370.
  94. a etbMichel Cordillot (dir.),La Commune de Paris : Les acteurs, l'événement, les lieux, Paris,Tallandier,coll. « Texto »,, 744 p.(ISBN 979-10-210-5867-5),p. 19-31.
  95. OlivierLe Trocquer, « Mémoire et interprétation du : Le sens de l'oubli »,Temporalités,no 5 « Mémoire et Histoire »,‎(DOI 10.4000/temporalites.283,lire en ligne).
  96. Maxime Tandonnet,Histoire des présidents de la République, Paris,Éditions Perrin,coll. « Tempus » (no 668),(ISBN 978-2-262-06915-5),chap. 3 (« Patrice de Mac-Mahon, un destin manqué 1873-1879 »),p. 94-98.
  97. Pierre-Henri Zaidman,chap. 25« Les opérations militaires de la Semaine sanglante », dansLa Commune de Paris 1871,,p. 151-170.
  98. ab etcBourguinat et Vogt 2020,p. 370-373.
  99. Bourguinat et Vogt 2020,p. 374-375.
  100. Bourguinat et Vogt 2020,p. 373-376.
  101. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 376-378.
  102. Jean-Marie Mayeur,La Vie politique sous laIIIe République, Paris,Seuil,,p. 26.
  103. ab etcBertrand Joly, « La France et la Revanche (1871-1914) »,Revue d'histoire moderne et contemporaine,nos 46-2,‎,p. 325-347(lire en ligne).
  104. abcd eteBourguinat et Vogt 2020,p. 388-393.
  105. abcde etfRémi Dalisson, « Les racines d'une commémoration : les fêtes de la Revanche et les inaugurations de monuments aux morts de 1870 en France (1871-1914) »,Revue historique des Armées,no 274 « Avant la guerre »,‎,p. 23-37(lire en ligne).
  106. Bourguinat et Vogt 2020,p. 384.
  107. ab etcBourguinat et Vogt 2020,p. 393-398.
  108. BertrandBlandin,1914, la France responsable?, L'Artilleur,(ISBN 978-2-8100-0759-2)
  109. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 279-285.
  110. Pierre Milza,Les relations internationales de 1871 à 1914, A. Colin, impr. 2009(ISBN 978-2-200-35306-3 et2-200-35306-5,OCLC 470972029).
  111. Cf. Claire Bonnotte, « Le Soleil éclipsé », Paris, Vendémiaire, 2018,p. 25, L'auteure cite M. König, "Comprendre la formation de l'Allemagne.., catalogue d'exposition, Paris, musée de l'Armée, 2017, 26.
  112. (en) Geoffrey Wawro,The Franco-Prussian War : The German Conquest of France in 1870–1871, Cambridge University Press, 2003,(ISBN 978-0-511-33728-4),p. 290.
  113. (en) Chris Kempshall,British, French and American Relations on the Western Front, 1914-1918, Canterbury, Kent, UK, 2018,(ISBN 978-3-319-89464-5),p. 31.
  114. ab etcFrançoisBugnion, « L’arrivée des "Bourbaki" aux Verrières. L’internement de la Première Armée française en Suisse le 1er février 1871 »,Revue internationale de la Croix-Rouge,no 311,‎(lire en ligne).
  115. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 180-186.
  116. Quentin Deluermo, « La guerre franco-prussienne et la Commune de Paris, 1870-1871, événements médiatiques « globaux » duXIXe siècle »,Monde(s),no 16(2),‎,p. 159-181(lire en ligne).
  117. Jacques Wolff, « Structure, fonctionnement et évolution du marché des nouvelles. Les agences de presse de 1835 à 1934 »,Revue économique,no 3,‎,p. 583-584.
  118. Jasper Heinzen,« La guerre oubliée »,L'Histoireno 469,,p. 58-60.
  119. Rémi Dalisson,« Les racines d’une commémoration : les fêtes de la Revanche et les inaugurations de monuments aux morts de 1870 en France (1871-1914) »,Revue historique des armées, 274,p. 23-37.
  120. Bourguinat et Vogt 2020,p. 345-346.
  121. abc etdBourguinat et Vogt 2020,p. 346-349.
  122. ab etcCharles-Olivier Carbonell, « Les historiens français chroniqueurs de la guerre franco-allemande et de la Commune. Naissance du nationalisme historiographique en France (1870-1875) »,Bulletin de la Société d'histoire moderne,no 74,‎,p. 15-24.
  123. abcdefghij etkBourguinat et Vogt 2020,p. 378-388.
  124. « Entretenir les sépultures », surcheminsdememoire.gouv.fr,Ministère des Armées(consulté le).
  125. Robert Belot, « Les paradoxes de la perception politique d'un monument patriotique : le Lion de Belfort »,Cahiers de RECITS,Université de technologie de Belfort-Montbéliard,no 4,‎,p. 17-41.
  126. Édouard Leduc,Dictionnaire du Panthéon (de Paris),Publibook,(lire en ligne),p. 72.
  127. Éric Fournier,Paris en ruines : Du Paris haussmannien au Paris communard, Paris, Imago,, 279 p.(ISBN 978-2-84952-051-2),p. 219-227.
  128. Bourguinat et Vogt 2020,p. 392-393.
  129. Caricatures of the Franco-Prussian War and the Paris Commune (1870-71)
  130. a etbBourguinat et Vogt 2020,p. 362-365.
  131. Bertrand Tillier, « Le casque à pointe et la pendule : deux stéréotypes prussiens dans la caricature française de la guerre de 1870 »,Gavroche,nos 104 et 105-106,‎,p. 9-13 et 1-4.
  132. Ursula E. Koch,« Du Printemps des peuples à la guerre franco-allemande (de 1848 à 1870-1871) : Étude comparée des caricatures du « pays voisin » d'après le quotidien parisienLe Charivari et l'hebdomadaire berlinoisKladderadatsch », dans Philippe Régnier et al.,La Caricature entre République et censure,Presses universitaires de Lyon,(lire en ligne),p. 370-382.
  133. abc etdBourguinat et Vogt 2020,p. 349-352.
  134. Henri Ortholan, « L'armée du Second Empire vue par les peintres »,Napoleonica. La Revue,no 54,‎,p. 173-187(lire en ligne).
  135. Bertrand Tillier, « Le Mémorial du siège de Paris », surL'Histoire par l'image (histoire-image.org)(consulté le).
  136. Lucie Niccoli, « Anton von Werner entre objectivité et patriotisme », surL'Histoire par l'image (histoire-image.org)(consulté le).
  137. abcde etfBourguinat et Vogt 2020,p. 355-362.
  138. ab etcBourguinat et Vogt 2020,p. 352-355.
  139. a etbMaurice Jacob, « Français et Allemands en 1870. Souvenirs de guerre et stéréotypes »,Revue d'Allemagne et des pays de langue allemande,nos 5-3 « Hommages à Robert Minder »,‎,p. 678-699(lire en ligne).
  140. Claude Digeon,La Crise allemande de la pensée française (1870-1914),Presses universitaires de France,,p. 62.
  141. « La guerre franco-prussienne de 1870/71 », surhervedumont.ch(consulté le)

Sources primaires

[modifier |modifier le code]

Témoignages

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Instruments de travail

[modifier |modifier le code]

Ouvrages généraux

[modifier |modifier le code]

Études générales

[modifier |modifier le code]

Études thématiques

[modifier |modifier le code]

Biographies

[modifier |modifier le code]

Études thématiques sur le conflit

[modifier |modifier le code]

Études thématiques sur la diplomatie et les relations internationales

[modifier |modifier le code]

Études thématiques sur la presse et l'opinion publique

[modifier |modifier le code]

Études sur la Commune de Paris

[modifier |modifier le code]

Voir aussi

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Liens externes

[modifier |modifier le code]

v ·m
Première République
(1792-1804)
Premier Empire
(1804-1815)
Royaume de France
(1815-1848)
Deuxième République
(1848-1852)
Second Empire
(1852-1870)
Troisième République
(1870-1940)
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Guerre_franco-allemande_de_1870&oldid=230837860 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp