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Guerre du Kippour

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Pour les articles homonymes, voirKippour.

Guerre du Kippour
Description de cette image, également commentée ci-après
Dans le sens des aiguilles d'une montre : chars israéliens traversant lecanal de Suez ;IAI Nesher survolant leplateau du Golan ; soldat israélien priant dans leSinaï ; évacuation de soldats israéliens blessés ;drapeau de l'Égypte hissé dans le Sinaï ; troupes égyptiennes brandissant le portrait deAnouar el-Sadate.
Informations générales
Datedu au
LieuRives ducanal de Suez,plateau du Golan, péninsule duSinaï et régions avoisinantes.
Issue

Victoire militaire israélienne[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12]

Belligérants
Drapeau d’IsraëlIsraël

Soutien :
Drapeau des États-UnisÉtats-Unis
Drapeau du Royaume-UniRoyaume-Uni
Drapeau de la FranceFrance
Drapeau de l'ItalieItalie
Drapeau du PortugalPortugal
Drapeau du JaponJapon
Drapeau de la Corée du SudCorée du Sud
Drapeau de TaïwanTaïwan
Drapeau de l'ÉgypteÉgypte
Drapeau de la SyrieSyrie

Contingents militaires étrangers :

Drapeau du MarocMaroc
Drapeau de l'AlgérieAlgérie
Drapeau de la TunisieTunisie
Drapeau de la JordanieJordanie
Drapeau de l'IrakIrak
Drapeau de l'Arabie saouditeArabie saoudite
Drapeau du KoweïtKoweït
Drapeau de CubaCuba
Drapeau de la Corée du NordCorée du Nord
Drapeau du SoudanSoudan
Drapeau de la LibyeLibye
Drapeau du PakistanPakistan
Drapeau de l'OugandaOuganda


Soutien :
Drapeau de l'URSSUnion soviétique
Drapeau de l'Allemagne de l'EstAllemagne de l'Est
Drapeau de la République fédérative socialiste de YougoslavieYougoslavie
Drapeau de la TchécoslovaquieTchécoslovaquie
Commandants
Drapeau d’IsraëlGolda Meir
Drapeau d’IsraëlMoshe Dayan
Drapeau d’IsraëlDavid Elazar
Drapeau d’IsraëlIsrael Tal
Drapeau d’Israël Shmuel Gonen
Drapeau d’IsraëlYitzhak Hofi
Drapeau d’Israël Binyamin Peled
Drapeau d’IsraëlHaim Bar-Lev
Drapeau d’Israël Albert MandlerTué à l'ennemi
Drapeau d’IsraëlAriel Sharon
Drapeau de l'ÉgypteAnouar el-Sadate
Drapeau de la SyrieHafez el-Assad
Drapeau de l'ÉgypteAhmad Ismail Ali
Drapeau de la SyrieMustafa Tlass
Drapeau de l'ÉgypteSaad El Shazly
Drapeau de la Syrie Yusuf Shakkour
Drapeau de l'ÉgypteAbdel Ghani el-Gammasy
Drapeau de la SyrieAli Aslan
Drapeau de la Syrie Omar AbrashTué à l'ennemi
Forces en présence
415 000 hommes
3350 chars
740 avions[14]
437 000 hommes
3450 chars
870 avions
Pertes
2 689 tués
7 251 blessés
294 prisonniers de guerre
800 chars détruits
102-387 avions abattus
8000-18500 tués
35 000 blessés
8 811 prisonniers de guerre
1000 chars détruits
341-435 avions abattus
18 bateaux détruits

Conflit israélo-arabe

Batailles

Données clés

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Laguerre du Kippour (enhébreu :מלחמת יום הכיפורים) ouguerre du Ramadan[15] (enarabeحرب رمضان) ouguerre d'Octobre (enarabeحرب أكتوبر) ouguerre israélo-arabe de 1973 opposa, du au,Israël à une coalition militaire arabe menée par l'Égypte et laSyrie.

Le jour dujeûne deYom Kippour, férié en Israël, qui coïncide en 1973 avec la période duramadan, les Égyptiens et les Syriens attaquent par surprise simultanément dans la péninsule duSinaï et sur leplateau du Golan, territoires respectivement égyptien et syrien occupés par Israël depuis laguerre des Six Jours.

Profitant d'une supériorité numérique écrasante, lesarmées égyptiennes etsyriennes avancent durant 24 à 48 heures, le temps qu'Israël achemine des renforts. Même si les attaquants bénéficient toujours d'une large supériorité numérique, l'armée israélienne peut alors les arrêter. En une semaine, Israël retrouve son potentiel militaire et lance descontre-offensives qui lui permettent de pénétrer profondément en Syrie et de traverser lecanal de Suez pour progresser au sud et à l'ouest en Égypte lorsque leConseil de sécurité des Nations unies, en coopération avec les deuxsuperpuissancessoviétique etaméricaine, par l'intermédiaire duRoyaume-Uni, demande uncessez-le-feu pour laisser place aux négociations. Alors que les armées israélienne et égyptienne se regroupent, les combats reprennent sur les fronts syriens et égyptiens après l'heure du cessez-le-feu, sur initiative israélienne.Sans en référer à l'état-major[réf. nécessaire], les officiers de terrain israéliens se servent de cette rupture du cessez-le-feu pour encercler l'adversaire.

L'incapacité desservices secrets israéliens à anticiper l'attaque imminente suscite un séisme politique majeur, et notamment la démission de la Première ministreGolda Meir. Un document déclassifié en 2012 après laCommission Agranat montre qu'un agent,Ashraf Marwan, avait prévenu le directeur duMossad,Zvi Zamir, le, de l'imminence « d’un avertissement au sujet de la déclaration de guerre » mais que l'information n'était pas immédiatement remontée au vice-Premier ministreYigal Allon[16],[17],[18].

La réussite militaire initiale égyptienne, la destruction de laligne Bar-Lev et la profonde remise en question de la théorie desécurité israélienne débouchent sur l'ouverture des négociations de paix qui aboutissent à la normalisation des relations entre Israël et l'Égypte. Cette normalisation est formalisée par lesaccords de Camp David en 1978. Contre l'engagement de ne plus attaquer Israël, encore respecté de nos jours, l'Égypte récupère lapéninsule du Sinaï, occupée après laguerre des Six Jours de 1967. Lafrontière entre l'Égypte et Israël est rouverte et les populations des deux pays peuvent alors voyager chez leur ancien ennemi.

Dans le monde, la principale conséquence de cette guerre est lechoc pétrolier de 1973, quand l'Opaep décide de l'augmentation de 70 % du prix dubaril de pétrole ainsi que de la réduction de sa production.

Contexte

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Situation des belligérants avant la guerre

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Plusieursguerres ont déjà eu lieu entre Israël et les pays arabes duMoyen-Orient depuis leplan de partage de la Palestine et la Déclaration d'Indépendance de l'État hébreu parDavid Ben Gourion en1948. À l'issue de la guerre de 1967, Israël a conquis des territoires importants à ses voisins et construit des fortifications sur leGolan et dans leSinaï afin de se protéger militairement des attaques ponctuelles qui survenaient sur les nouvelles frontières : les années 1967-1970 constituent en effet une période de guerre larvée entre l'État juif et ses voisins égyptien et syrien. 500 millions dedollars sont notamment dépensés en 1971 dans la construction de laligne Bar-Lev le long de la rive orientale ducanal de Suez.

Cependant, après la mort du président égyptienGamal Abdel Nasser en, son successeurAnouar el-Sadate, bien que plus modéré, décide de restaurer la souveraineté de l'Égypte sur l'ensemble de son territoire. À la suite de la proposition de l'intermédiaire onusienGunnar Jarring, Sadate se déclare « prêt à négocier un traité de paix avec Israël » contre un engagement israélien à appliquer larésolution 242 (1967) desNations unies. Mais les dirigeants israéliens, méfiants, font prévaloir la sécurité militaire que leur assurait le contrôle du Sinaï. Aussi, certains analystes[Lesquels ?] expliquent qu'après 3 ans de pouvoir, la situation économique désastreuse de l'Égypte oblige Sadate à prendre des mesures impopulaires et qu'une opération militaire victorieuse contre Israël, même mineure, s'impose comme une bonne option pour lui rendre une certaine popularité auprès de son peuple miné par l'humiliation de 1967.

De son côté,Hafez el-Assad renforce prioritairement son armée en vue de rendre à la Syrie son rang depuissance militaire au sein despays arabes. Il se prépare à reprendre leGolan par la force puis obtenir de plus grandes concessions israéliennes plus tard en appuyant les nouvelles revendications palestiniennes formulées par la jeuneOLP deYasser Arafat, le leader palestinien.

Par ailleurs, le roiHussein de Jordanie craint d'entrer dans un éventuel nouveau conflit et surtout de nouvelles pertes pour son royaume (laCisjordanie avait été perdue en 1967), d'autant que la crise duSeptembre noir de 1970 a créé un froid entre Hussein et les positions syriennes et palestiniennes. L'Irak refuse de combattre au côté de laSyrie avec laquelle les relations sont tendues. Lesarmées libanaises quant à elles sont trop faibles pour prendre part aux combats.

Au cours des mois précédant le déclenchement de la guerre, Sadate tente une offensive diplomatique pour obtenir le soutien des pays de laLigue arabe, duMouvement des non-alignés et de l'Organisation de l'unité africaine.

Escalade vers la guerre

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À partir de1972, Sadate annonce ouvertement que son pays est prêt à partir en guerre contre Israël, quitte à« sacrifier un million de soldats »[19]. Son armée est renforcée par l'apportsoviétique deMig-21,missiles sol-airSA-6, de tanksT-62, de roquettes anticharsRPG-7 et demissiles guidés anti-tanksAT-3 Sagger. Sur le plan stratégique, les généraux vaincus lors de ladéroute de 1967 sont remplacés.

Les leçons de la précédente guerre sur le plan de l'armement amènent Sadate à menacer l'URSS de se tourner vers les Américains si l'Égypte ne reçoit pas d'armes à la pointe de la technologie. Les Soviétiques sont donc contraints d'équiper l'Égypte pour la rendre capable de concurrencer Israël, elle-même équipée par l'industrie militaire américaine.

L'Union soviétique cherche pourtant à éviter une nouvelleconfrontation israélo-arabe pour ne pas se trouver en conflit ouvert avec les États-Unis, alors que laDétente est enclenchée et qu'ils ont peu d'intérêt à voir une déstabilisation duProche-Orient.

Les deux super-puissances se rencontrent àOslo enNorvège pour trouver les moyens de maintenir lestatu quo entre les deux États. En apprenant cette information, les Égyptiens, qui se préparent à passer leCanal de Suez, décident d'expulser les Russes. En, 20 000 conseillers militaires soviétiques sont renvoyés d'Égypte et la politique extérieure égyptienne devient plus favorable aux Américains. Les Soviétiques estiment que les chances d'une victoire égyptienne sont faibles et qu'un assaut contre les fortifications de Suez pourrait être coûteux en pertes humaines. À plusieurs reprises, le président soviétiqueBrejnev tente d'éviter l'affrontement en recommandant à Israël de revenir aux frontières d'avant-1967.

Mais l'Égypte continue à menacer Israël et Sadate se dit prêt, le, à entrer en guerre même sans le soutien de l'URSS. Des exercices militaires à grande échelle y compris chez ses voisins arabes maintiennent le niveau d'alerte maximum en Israël. Les commandements des armées arabes ont secrètement coordonné leur plan d'attaque. Le nom de code de l'opération conjointe entre la Syrie et l'Égypte est baptiséeOpération Badr, qui signifie « Pleine Lune » enarabe (en référence à labataille de Badr, l'une des premières victoires militaires deMahomet contre les habitants deLa Mecque pourtant supérieurs en nombre).

Attaque surprise

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Lesservices secrets israéliens, dans leur évaluation des risques d'une attaque, s'appuyaient sur plusieurshypothèses de départ, dites la « Conception » :

  • la Syrie n'aurait pas pu entrer en guerre sans l'Égypte ;
  • un informateur égyptien, connu sous le nom de « L'Ange » ou « La Source », qui se trouve être le propre gendre de Nasser,Ashraf Marwan, précisa que l'Égypte souhaitait reconquérir l'ensemble du Sinaï mais que l'armée égyptienne attendait l'apport soviétique dechasseurs-bombardiers pour neutraliser les forces aériennes israéliennes et demissiles Scud dirigés vers les villes israéliennes pour dissuader d'éventuelles attaques contre les infrastructures égyptiennes[18] ;
  • les chasseurs-bombardiers devaient arriver à la fin du mois d'août et nécessiter 4 mois de formation des militaires égyptiens. De plus, les observateurs signalaient que l'expulsion des conseillers soviétiques par les Égyptiens devait affaiblir l'armée égyptienne.

Ce sont ces hypothèses qui ont prévalu contre toutes les alertes signalées aux services israéliens.En et, les exercices militaires effectués par les troupes égyptiennes à la frontière avaient mobilisé l'armée israélienne pour un coût de 10 millions de dollars par deux fois, jetant le discrédit sur la thèse d'une attaque imminente, et donnant plus de poids à la « Conception » du major-général Elie Zeira notamment, chef du renseignement militaire (Aman), au point qu'en septembre, le ministère de la défense étudie l'opportunité de réduire le temps deconscription[20].

Tout au long de la semaine précédant la fête religieuse deYom Kippour, les exercices égyptiens se multiplient près ducanal de Suez et des mouvements ont été observés à la frontière syrienne mais le renseignement israélien ne juge pas plausible une attaque sans l'armement soviétique.

Le roi Hussein deJordanie refuse de joindre ses troupes aux troupes syriennes et égyptiennes. Il a pourtant très probablement (d'après Rabinovich[Qui ?]) été informé de l'attaque à venir en des termes imprécis lors de la préparation entre les dirigeants arabes. Dans la nuit du, le roi Hussein prend secrètement l'avion pour prévenir le Premier ministre israélienGolda Meir àTel Aviv en Israël de l'imminence d'une attaque syrienne[21].

De façon assez surprenante, l'avertissement n'est pas pris en compte. D'après les rapports israéliens, malgré des dizaines de signes d’alerte, leMossad continue à estimer improbable l'option d'une guerre déclenchée par les pays arabes. C'est la rencontre du chef du Mossad,Zvi Zamir, avec « Babel » en Europe qui finit par faire réagir le haut commandement desForces de défense d'Israël à quelques heures de l'attaque. Desréservistes sont partiellement mobilisés. La mobilisation estfacilitée[réf. nécessaire] par le fait que les soldats étaient généralement à lasynagogue ou chez eux pour le jour duYom Kippour.

Contrairement aux guerres précédentes, le facteur surprise est cette fois-ci utilisé contre les Israéliens.

De plus, les Israéliens ne comprennent pas à quel point l'armée égyptienne a changé :

  • elle est mieux équipée et mieux entraînée. En effet, pour parer aux atouts israéliens que sont l'arme blindée et l'aviation, l'armée égyptienne s'est massivement équipée de missiles antichar et de missiles sol-air ;
  • les généraux incompétents ont été limogés, et les conflits internes ont été réglés, procurant un commandement uni et cohérent ;
  • les Israéliens pensent que les Égyptiens cherchent à détruire Israël, ce qui implique que les chars égyptiens traversent le Sinaï rapidement, là où ils peuvent être facilement neutralisés. Mais les Égyptiens adoptent une autre tactique : attaquer l'armée israélienne, mais en avançant seulement à l'abri derrière leur parapluie défensifanti-char et anti-aérien. C'est donc toute la doctrine militaire israélienne qui n'est plus valable, et dans ces conditions, les contre-attaques israéliennes deviennent très difficiles ;
  • les services secrets égyptiens font un excellent travail dedésinformation. Les Égyptiens noient continuellement les observateurs militaires de fausses informations sur des problèmes imaginaires de maintenance ou de manque de personnel formé sur les équipements avancés. De plus, certains avancent que l'agent israélienAshraf Marwan est en fait unagent double, trompant ainsi les Israéliens sur les intentions réelles des Égyptiens.

Absence d'attaque préventive israélienne

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En apprenant l'imminence de l'attaque arabe,Golda Meir prit la décision controversée de ne pas déclencher d'attaque préventive comme cela avait été le cas en 1967.

La stratégie israélienne prévoit uneattaque préventive si la guerre est imminente. Les services secrets doivent donner un préavis de 48 heures.

Pourtant,Golda Meir,Moshe Dayan, ministre de la défense et le généralDavid Elazar se sont rencontrés le matin du Yom Kippour, 6 heures avant l'attaque. Dayan doute toujours de l'imminence de la guerre tandis qu'Elazar pense à une attaque planifiée en Syrie contre ses forces aériennes, puis ses missiles et ses forces au sol.

Mais l'argument qui joue est le risque qu'Israël puisse avoir besoin d'aide par la suite. Or une aide européenne peut être bloquée par des menaces arabes d'embargo sur le pétrole comme cela s'était déjà produit concernant des munitions. Israël ne peut donc compter que sur l'aide américaine qui est conditionnée par lapremière attaque. Si Israël avait attaqué en premier (même de façon préventive), aucune aide ne serait venue des États-Unis. Cela est confirmé plus tard parHenry Kissinger (ministre américain des affaires étrangères).

Déroulement de la guerre

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Dans le Sinaï

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Carte présentant les différents mouvements d'unités autour du canal de Suez sur la période du 6 au 13 octobre 1973.
Carte présentant les mouvements d'unités autour du canal de Suez, entre le 6 et le 13 octobre 1973.
Article détaillé :Opération Badr (1973).

Le à14 h, lesforces armées égyptiennes déclenchent la guerre, en lançant leur aviation, commandée parHosni Moubarak, dans des sorties en profondeur pour frapper les postes de commandement, des batteries, des stations de radars, et trois aéroports israéliens. Durant ces bombardements, les Égyptiens perdent onze avions, dont celui piloté par le frère du président égyptien,Atif Sadate.

Simultanément, un intense pilonnage d'artillerie et des infiltrations decommandos antichars Israéliens prépare la traversée ducanal de Suez, qui s'ensuit rapidement, entraînant chez les Égyptiens la perte de 280[22] soldats sur les 8 000 qui constituent la première vague.

Ayant anticipé une rapidecontre-attaque de l'armée israélienne, les Égyptiens ont équipé leurs soldats d'armes capables de détruire destanks dont lesmissiles anticharAT-3 Sagger. Un soldat égyptien sur trois est armé contre les blindés. Les positions égyptiennes sur le canal de Suez sont surélevées de façon à obtenir un avantage certain pour tirer sur les tanks israéliens.

Contrairement à 1967, les unités égyptiennes choisissent de ne pas avancer au-delà de la couverture qu'assuraient leursbatteries de missiles sol-air qu'ils avaient installées pour protéger les lignes de cessez-le-feu de 1967. Les forces aériennes sur lesquelles Israël a misé l'essentiel de ses investissements militaires ne peut ainsi rien tenter contre elles.

Quatre mauvaises surprises pour les Israéliens

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  • Peinture montrant les hommes du Génie égyptien utilisant les pompes pour détruire la barrière de sable de la ligne Bar-Lev, avec en fond les bateaux, les hélicoptères traversant le canal tout cela sous le feu incessant de l'artillerie.
    Génie égyptien en action sur la ligne Bar-Lev (détail dupanorama dumusée-mémorial égyptien de la guerre d'Octobre, peint en 1983).
    Avant la guerre, la majorité des experts occidentaux et israéliens s'accordent à estimer que la seule possibilité pour les Égyptiens de se rendre maître de laligne Bar-Lev est d'utiliser desarmes nucléaires tactiques. Un des points forts du dispositif israélien consistait à couvrir le canal de Suez denapalm pour brûler toute force armée ayant l'audace de tenter la traversée. Mais avant le déclenchement des opérations, les forces dugénie égyptien sabotent ce dispositif.
L'infanterie égyptienne traverse le canal à bord de bateaux pneumatiques propulsés simplement à la rame, sous la protection d'untir de barrage de l'artillerie égyptienne qui pilonne les positions israéliennes de la ligne Bar-Lev, obligeant ainsi les unités à se terrer dans les bunkers de protection.
Les forts de la ligne Bar-Lev cèdent tous aux assauts égyptiens, sauf un, le plus au nord.
  • Outre les positions statiques, laligne Bar-Lev est constituée de concentrations de blindés, destinés, selon la stratégie israélienne en cas d'attaque, à repousser l'infanterie ennemie, pour laisser au gros des armées blindées israéliennes le temps de se mobiliser, ce qui nécessite environ 48 heures. Les Israéliens ont alors une deuxième surprise de taille : toutes les attaques de blindés sont mises en échec par l'infanterie égyptienne, grâce à l'utilisation massive demissilesMalyutka (code OTAN AT-3 Sagger). Facilement transportable dans une petite valise, ce missile est mis en action par un seul soldat ; guidé par fil, il peut détruire un char jusqu'à 3 000 mètres. Avant cette guerre, jamais dans l'histoire militaire des forces d'infanterie n'ont réussi à mettre en déroute des blindés.
  • La troisième mauvaise surprise pour les Israéliens, est l'échec initial de leur aviation. En effet, lastratégie israélienne est basée sur leur indéniable supériorité aérienne. Or les Égyptiens utilisent massivement lesmissiles antiaériensSA-6 Gainful, équipés d'un système de radar très sophistiqué. Les pertes israéliennes sont telles que l'état-major israélien interdit à ses avions de s'approcher à moins de 5 km du canal de Suez.
  • La quatrième surprise est la capacité des Égyptiens à construire une vingtaine de ponts sur le canal alors que les services derenseignement militaire israéliens (AMAN) avaient estimé que cela était impossible pour les forces du génie égyptien.

Armée égyptienne en position de force

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LeCommandement régional du Nord, en réunion durant la guerre du Kippour le. On reconnait le chef d'état majorDavid Elazar, qui a ses deux mains sur la table,Rehavam Zeevi, adjoint spécial du chef d'état major, debout avec des lunettes de soleil, ainsi que le généralYitzhak Hofi, qui montre du doigt un lieu sur la carte.

Le au soir, les Égyptiens ont réussi à faire traverser le canal à 60 000 hommes et cinq divisions mécanisées. La18e, la12e, et la6e constituent la deuxième armée, déployée sur la rive-est du canal entre les points faisant face àPort Saïd etIsmaïlia. Les7e et19e divisions, face à une ligne joignant Ismaïlia à Suez, constituent la troisième armée.

L'armée égyptienne adopte alors une position défensive, tactique plus avantageuse dans le désert, en restant dans une bande de 15 km le long de la rive est du canal. Elle est ainsi protégée par lesmissiles antiaériens placés à l'ouest du canal, qui empêchent l'aviation israélienne d'intervenir efficacement, et aux blindés de manœuvrer librement. Les différentes attaques israéliennes sont toutes repoussées et les Israéliens se voient infliger des pertes importantes.Shmuel Gonen (en) (qui a remplacéAriel Sharon en tant que commandant du front sud seulement trois mois auparavant) ordonne une contre-attaque àHizayon, alors que les chars israéliens y sont particulièrement exposés aux tirs de missilesSagger. Le désastre qui en résulte, suivi par la contre-attaque nocturne des Égyptiens, n'est stoppé que par ladivision d'Ariel Sharon qui impose une accalmie relative. Les deux armées se posent alors dans une position défensive.

Le haut commandement israélien est pris au dépourvu par les capacités opérationnelles inattendues d'un ennemi égyptien qui avait été rapidement défait six ans auparavant, lors de laguerre des Six Jours. Mais ce conflit de 1967 pousse les généraux égyptiens à penser différemment et à révolutionner lastratégie militaire en inaugurant la guerre des missiles.Elazar effectue alors un remaniement dans le commandement des troupes israéliennes, en remplaçant, à la tête,Shmuel Gonen (en) parBar-Lev, sorti de sa retraite.Moshe Dayan, ministre de la défense, fait des rapports alarmants sur l'état des opérations, alimentant, avec ses collègues, les craintes d'une « troisièmedestruction du Temple ». Les Israéliens sont en outre particulièrement sensibles à deux points : la durée de la guerre, et son coût en hommes.

L'erreur de Sadate

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Après plusieurs jours d'attente,Sadate veut reprendre l'offensive dès le afin d'aider les Syriens en difficulté. Une crise de commandement l'oppose alors àSaad el-Shazly,chef d'état major. Ce dernier estime qu'une sortie des blindés hors de la protection du parapluie demissiles sol-air égyptien, mettrait les chars en danger (en effet, une brigade blindée égyptienne est anéantie en menant une attaque à l'est avant la tombée de la nuit). Tous les commandants des deuxième et troisième armées égyptiennes sont hostiles au développement d'une attaque en profondeur.

Néanmoins, Sadate, obstiné, lance le une attaque concentrée. Celle-ci se révèle un échec cuisant. 400chars égyptiens attaquèrent 800 chars israéliens en position défensive, soutenus par la force aérienne. Le résultat est le tournant de la guerre du Kippour. Les Israéliens malmenés depuis le réussirent finalement à reprendre l'initiative : le, sur 400 chars égyptiens, 250 sont anéantis. En outre, pour développer cette attaque, Sadate utilise les4e et21e divisions blindées, vidant ainsi l'ouest ducanal de Suez de réserves stratégiques, ce qui déséquilibre le dispositif général égyptien. Les généraux israéliens exploitent ce point faible en traversant le canal à leur tour, et en commençant à liquider au sol le redoutable dispositif égyptien de missiles SA-6 qui paralyse jusqu'alors quasi totalement l'aviation israélienne, et lui inflige, entre le 6 et le, les plus grandes pertes de son histoire.

Retournement de la guerre

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À partir du, les Israéliens changent de tactique, et attaquent en utilisant cette fois leur infanterie qui s'infiltre à pied jusqu'aux batteries demissiles sol-air et antichars.

Une division commandée par le major généralAriel Sharon attaque la ligne égyptienne à son point le plus faible, à la limite entre les positions défendues par la deuxième armée égyptienne au nord, et la troisième armée au sud. Elle ouvre une brèche et atteint le canal de Suez. Une petite troupe passe le canal grâce à descanots pneumatiques, et constitue une tête de pont pour permettre le passage d'un grand nombre d'hommes. Une fois les missiles antiaériens et antichars neutralisés grâce à ces infiltrations, l'infanterie peut à nouveau compter sur le support de l'aviation et des blindés.

Au sud, la division deAvraham « Bren » Adan peut mettre en place unpont flottant dans la nuit du 16 au, et le traverser afin d'encercler la troisième armée égyptienne.

Sans ordres, Sharon attaqueIsmaïlia avec sa division blindée pour tenter de couper le ravitaillement de la deuxième armée égyptienne. Il y a alors une crise de commandement, les supérieurs de Sharon lui reprochant sesinsubordinations répétées. Sharon court-circuite la voie hiérarchique et obtient l'autorisation directement deMoshé Dayan. Cettebataille d'Ismaïlia dura quatre jours. Le terrain est totalement différent duSinaï désertique, car il s'agit de domaines agricoles plantés de manguiers, configuration plus favorable à une défense d'infanterie. Ladivision blindée 142 de Sharon, renforcée de deux brigades blindées et une brigade deparachutistes, est mise en échec par la182e brigade de parachutistes épaulée par les73e et122e bataillons foudre (forces spéciales), et aidée par l'artillerie d'Abou Ghazala de la deuxième armée.

En même temps, au sud les batteries de missiles, côté est, sont en partie détruites.

Durant cette période décisive, le ravitaillement des armées belligérantes par l'URSS et les États-Unis est intense.

Avant que la guerre ne s'arrête, une division israélienne arrive à 101 kilomètres de la capitale égyptienneLe Caire. Il faut cependant relativiser ce chiffre car la ligne de front au début du conflit était à 110 km du Caire.

Sur le plateau du Golan

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Offensive et contre-offensive sur le plateau du Golan.

Sur leplateau du Golan en altitude, lesSyriens attaquent lesIsraéliens. Ils envoient cinq divisions et 188 batteries d'artillerie contre les deux brigades et les onze batteries de défense des Israéliens. Au moment de l'assaut, seulement 180chars d'assaut font face aux quelque 1 400 chars syriens équipés pour les combats nocturnes. Des commandos syriens héliportés prennent immédiatement le plus important bastion de surveillance israélien sur lemont Hermon sur la chaîneAnti-Liban.

Les affrontements sur leplateau du Golan deviennent très vite la priorité desForces de défense d'Israël qui y envoient le plus rapidement possible desréservistes mobilisés, car la chute du Golan permettrait aux Syriens de s'infiltrer facilement plus en avant dans leterritoire israélien. Les réservistes sont envoyés directement dans des chars sur le front sans attendre même le calibrage des canons.

UnIAI Nesher au-dessus du Golan durant la guerre du Kippour.

Comme les Égyptiens dans leSinaï, les Syriens utilisent les armes antichars fournies par les Soviétiques et restent sous la protection de leurs batteries de missiles SAM. Toutefois, les tirs contre les chars sont moins efficaces sur ce terrain que dans le désert.

Contrairement aux prévisions syriennes qui estiment que les réservistes israéliens n'arriveront sur le front qu'au bout d'une journée, Israël parvient à mobiliser ses unités et à les envoyer au front après seulement 15 heures de combat.

À l'issue du premier jour, les Syriens obtiennent une victoire. Ils sont sur le point de contrôler l'importante jonction deNafekh (qui est aussi lequartier général israélien du plateau).

Puis, pendant quatre jours, la septième brigade israélienne commandée parYanush Ben Gal résiste pour conserver le flanc Nord du quartier général de Nafekh. Au Sud, la brigade « Barak », non protégée par des obstacles naturels, essuie de lourdes pertes. Le commandant colonel Shoham meurt dans les premiers jours de combat alors que les Syriens tentent désespérément d'avancer pour atteindre lelac de Tibériade.

Le vent tourne à partir du, à l'arrivée des nouveaux réservistes israéliens qui parviennent à bloquer l'offensive syrienne puis, le, à la repousser au-delà de laLigne Violette, la frontière d'avant la guerre.

T-62 syriens hors de combat sur les hauteurs du Golan.

Rabinovich raconte que le débat est alors intense sur la question de continuer la contre-attaque à l'intérieur des frontières syriennes. La défaite deShmuel Gonen (en) dans leSinaï, deux jours auparavant, marque encore les esprits. Certains considèrent sage de rester sur la défensive sur leplateau du Golan plutôt que de s'engager sur les plaines syriennes, mais quatre jours auraient été nécessaires pour envoyer les troupes du Golan dans le Sinaï et le bilan global israélien était alors négatif : perte de terrain dans le Sinaï etstatu quo dans le nord. La décision est donc prise de passer laPurple Line dès le.

Du 11 au, la poussée israélienne les amène à 40 km des banlieues deDamas en Syrie, qui sont à la portée de l'artillerie. Le roiHussein de Jordanie décide alors que la situation exigeait l'intervention de sonarmée. Certaines sources rapportent ainsi qu'il fait le nécessaire pour envoyer des troupes jordaniennes en soutien aux Syriens tout en évitant d'être attaqué par les Israéliens à ses propres frontières. Ces derniers ne souhaitent pas non plus ouvrir un troisièmefront. Par ailleurs, l'Irak expédie quelque 30 000 hommes, 500 chars d'assaut et 700APC. Les efforts combinés des armées arabes empêchent Israël d'avancer davantage.

Le, les brigades israéliennes récupèrent la position dumont Hermon malgré de lourdes pertes dues auxfrancs-tireurs syriens. Les pertes des attaques contre cette position sont lourdes mais le sommet du mont est occupé par une brigade parachutiste israélienne à la suite d'une brèche percée par un bulldozer D9 de l'infanterie.

Historique de la frontière sur leplateau du Golan.

En mer

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Labataille navale de Lattaquié entre Syriens et Israéliens se déroule le, second jour du conflit. C'est une victoire israélienne retentissante qui démontre notamment l'efficacité desnavires militaires équipés des moyens d'auto-défenseECM. Lamarine israélienne acquiert définitivement la supériorité navale enMéditerranée face à ses voisins avec une seconde victoire, remportée le àDamiette sur lamarine égyptienne.

Par ailleurs, tant la marine israélienne que son homologue égyptienne montent plusieurs attaques et opérations commando (menées par desnageurs de combat) contre lesbases navales adverses.

À l'issue du conflit, le bilan de la guerre navale est très favorable à Israël qui s'impose très nettement face à ses adversaires, coulant ou endommageant gravement quinze bâtiments pour la perte de deuxpatrouilleurs légers (enmer Rouge, face aux Égyptiens).

Contribution d'autres pays

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L'Arabie saoudite et leKoweït fournissent une aide financière et, de façon symbolique, quelques militaires sur le front. LeMaroc sous ordre du roiHassan II envoie 6 000 soldats de sesforces armées royales côté syrien ainsi qu'une cinquantaine de chars blindés. LePakistan envoie seize pilotes et des troupes palestiniennes se joignent aussi aux armées arabes.

La Libye aurait également prêté plusieurschasseurs Mirage achetés quelque temps plus tôt à la France, version contestée par les Français[23].

Concernant l'Algérie, sa force est composée de 2 100 soldats dont 192officiers[24], un escadron de bombardiers tactiquesSu-7 et d'unescadron de chasseMiG-21 qui arrivent aux environs du canal de Suez entre le 9 et le. Une brigade blindée de 150 chars arrive plus tard, ses éléments avancés le, le gros de la brigade le. Après la guerre, au début du mois de novembre, legouvernement algérien en collaboration avec l'URSS, finance les réarmements égyptien et syrien pour une somme de 200 millions de dollars[25].

LaTunisie envoie un contingent de 1 200 soldats auprès des forces égyptiennes dans ledelta du Nil. LeSoudan envoie 3 500 soldats. Des pilotes de laCorée du Nord et de l'Allemagne de l'Est participent également au conflit[26]. La Corée du Nord perd au moins deux MiG-21, dont un par untir ami égyptien (les Israéliens, pour leur part, ignorent la nationalité des avions ennemis)[27]. La radioougandaise fait également mention decombattants ougandais.

L'Iran ne prend pas clairement parti, mais refuse de fournir sesF-4 Phantom II à Israël, tout en leur fournissant du matériel militaire. Souhaitant préserver ses liens avec l’Égypte de Sadate, l’Iran livre 600 000 tonnes de pétrole au Caire, autorise le survol de son territoire par les avions soviétiques ravitaillant l’armée syrienne, participe à l’envoi de troupes saoudiennes et à l’évacuation des blessés syriens depuis le front du Golan[28].

Les États-Unis organisent l'opération Nickel Grass qui permet aux Israéliens de se réapprovisionner après de fortes pertes dans leSinaï.

Cessez-le-feu et lendemain de guerre

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LeConseil de sécurité desNations unies adopte le laRésolution 338 (1973), négociée par lesÉtats-Unis et l'Union soviétique, qui réaffirme la validité de larésolution 242 (1967), adoptée pendant laguerre des Six Jours et appelle toutes les parties (l'Égypte, laSyrie,Israël, laJordanie) à uncessez-le-feu immédiat et à des négociations en vue « d'instaurer une paix juste et durable au Moyen-Orient ».

Le cessez-le-feu devient effectif douze heures plus tard à19 h sur le terrain, à la tombée de la nuit.

Situation de la troisième armée égyptienne encerclée

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À cet instant, les forces israéliennes sont à quelques centaines de mètres de la route du Caire. Les généraux israéliens Elazar et Dayan s'accordent pour prendre la route qui part vers le sud et encerclent ainsi la troisième armée égyptienne à l'ouest ducanal de Suez. Au matin, les vols de reconnaissance soviétiques observent l'avancée que l'armée israélienne a effectuée pendant la nuit et l'URSS accuse Israël de non-respect du cessez-le-feu. Surtout, cette situation offre aux États-Unis une opportunité stratégique : obtenir de l'Égypte qu'elle sorte définitivement de l'influence soviétique en échange de la troisième armée qui était encerclée sans ravitaillement par les troupes israéliennes, cependant beaucoup moins nombreuses.

Menace nucléaire soviético-américaine

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Article connexe :Parapluie nucléaire.

Brejnev envoie une lettre àNixon dans la nuit du 23 au afin qu'Américains et Soviétiques assurent le respect du cessez-le-feu sur le terrain. Il menace même les États-Unis d'intervenir aux côtés de l'Égypte s'ils n'agissent pas dans ce sens.

Nixon, affaibli par lescandale du Watergate, n'est pas consulté par ses conseillers qui prennent des mesures d'apaisement pour mettre un terme à la crise avec l'URSS.

Le responsable soviétiqueNikolaï Podgorny confie plus tard qu'il a été surpris par la peur des Américains. Les Soviétiques n'auraient probablement pas déclenché laTroisième Guerre mondiale à cause de cette guerre au Proche-Orient.

En réponse, les États-Unis baissent le niveau d'alerte duDEFCON et suggèrent à Sadate d'abandonner sa demande d'assistance aux Soviétiques, ce qu'il accepte le lendemain matin.

Les négociations aboutissent à un cessez-le-feuratifié par l’ONU le.

Accalmie sur le front nord

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Sur le front Nord, les Syriens planifient unecontre-attaque massive pour le. Les cinq bataillons syriens sont aidés par deux bataillons irakiens et quelques troupes des autres pays arabes dont la Jordanie. Les Soviétiques remplacent tous les tanks perdus par les Syriens dans les premières semaines de combat.

Toutefois, la veille de l'attaque prévue, les Nations unies imposent le cessez-le-feu qui a déjà été accepté par l'Égypte et Israël sur le front sud. Le président syrienHafez el-Assad décide d'abandonner l'offensive et accepte le cessez-le-feu le. L'Irak rappelle sestroupes.

Négociations d'après-guerre

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Les combats organisés prennent fin sur tous les fronts aux alentours du. Cela n'empêche pas des tirs sporadiques ni ne dissipe les tensions militaires liées à la troisième armée égyptienne toujours prisonnière et isolée sans ravitaillement.

Israël reçoit la menace de l'AméricainHenry Kissinger de soutenir un retrait auprès de l'ONU, mais une proposition de Sadate auprès des États-Unis de négocier directement avec Israël le ravitaillement du contingent encerclé aboutit plus vite au cessez-le-feu définitif.

Les discussions ont lieu le entre les majors générauxAharon Yariv (Israélien) et Muhammad al-Ghani al-Gamasy (Égyptien). En dépit des positions fortes affirmées par le6e sommet des chefs d'État arabes tenu àAlger du 26 au, ils s'accordent sur l'échange desprisonniers de guerre et lescheckpoints israéliens ; un accord de paix est trouvé au sommet qui suivit àGenève.

Le, Israël signe un accord de retrait de la partie ouest du canal de Suez et retire ses troupes le.

Un va-et-vient diplomatique de Henry Kissinger aboutit à un accord de désengagement le, fondé sur l'échange de prisonniers, le retrait israélien jusqu'à laLigne Violette et l'établissement d'unezone tampon contrôlée par l'ONU. Une troupe d'observateurs des Nations unies est établie dans leGolan pour garantir la paix.

Bilan de la guerre

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Bilan humain

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Côté israélien[29],[30],[31] :

  • 2 297~2 691 morts[30] ;
  • 8 135 blessés.

Côté coalition arabe (Égypte, Syrie, Irak)[32] :

  • 9 500 morts ;
  • 19 850 blessés.

Conséquences à long terme de la guerre

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Les discussions de paix qui se déroulent à la fin de la guerre du Kippour sont les premières menées directement entre des dirigeants arabes et israéliens.

Pour lesArabes (Égyptiens en particulier), letraumatisme de la défaite de laguerre des Six Jours est guéri, et cela leur permet d'une certaine façon de négocier avec les Israéliens sur un pied d'égalité. Toutefois, si le plan arabe pendant la guerre commence exactement comme prévu, il aboutit à démontrer qu'Israël ne peut pas être vaincu militairement. La conviction largement partagée est alors que des négociations de paix pourraient permettre d'obtenir ce qui n'a pas pu être gagné sur le terrain.

Lapopulation israélienne, quant à elle, est atterrée par le début difficile de la guerre et le manque de vigilance de ses militaires trop sûrs d'eux.

En réaction au soutien américain à Israël, lespays arabes décident, le, d'unembargo sur lepétrole à destination desÉtats occidentaux. Cela conduit auchoc pétrolier de 1973.

Crise politique en Israël

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En Israël, cette guerre constitue un véritable choc. De nombreuxmythes de la société israélienne s'effondrent : invincibilité de l'armée, infaillibilité des services de renseignement. La population israélienne n'a jamais connu jusqu'alors de crise morale aussi grave. Il faut attendre le marasme duconflit libanais, l'Intifada puis l'assassinat du Premier ministreYitzhak Rabin pour assister à une remise en cause d'une telle importance. L'image de marque d'Israël s'est en outre dégradée à travers le monde, renforçant un peu plus l'isolement diplomatique de l'État hébreu. Ses relations privilégiées avec l'allié américain connaissent de réels soubresauts.

Quatre mois après la fin de la guerre, des protestations de colère commencent à s'élever contre le gouvernement israélien et contreDayan en particulier. Une enquête sur les événements des premiers jours de la guerre et ceux l'ayant précédée est demandée : la commissionShimon Agranat.

Les résultats sont publiés le et désignent six personnes ayant des responsabilités dans les erreurs ayant fragilisé Israël.

  • le généralDavid Elazar est poussé à la démission en raison des hypothèses erronées de la situation et du manque de préparation à la guerre ;
  • Eli Zeira du Renseignement et le députéAryeh Shalev sont également poussés à la démission ;
  • les lieutenants-colonels Bandman et Gedelia quittent les services secrets ;
  • le commandant du front sud,Shmuel Gonen, est démis de ses fonctions dans l'Armée pour avoir mis des troupes dans une situation dangereuse ayant amené leur capture, après le rapport final de la commission, remis le.

Les responsabilités de Moshé Dayan et Golda Meir ne sont pas reconnues, ce qui continue à mécontenter l'opinion publique israélienne qui réclame leur démission (surtout celle deMoshe Dayan).

Finalement,Golda Meir démissionne le, entraînant la fin de son gouvernement. Meir refuse auparavant la démission de Dayan par deux fois.Yitzhak Rabin, qui a été le conseiller d'Elazar, prend la tête du nouveau gouvernement en.

Conflit riche en enseignements militaires

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La guerre du Kippour apparaît en définitive comme un conflit plus équilibré et plus disputé que l'image qui en a souvent été présentée. Le rapport des forces en présence s'est avéré moins déséquilibré que ce que les autorités arabes et israéliennes ont longtemps laissé entendre. L'impact réel de l'aide matérielle fournie par les deux grandes puissances à leurs alliés respectifs n'est pas aussi décisif que ce que les Américains et les Soviétiques ont longtemps prétendu.

Cette guerre a constitué le premier conflit mécanisé de haute intensité depuis la fin de laSeconde Guerre mondiale. Elle a démontré l'importance durenseignement pour contrer l'effet de surprise. Elle a permis de valider, de nuancer ou de rejeter certains concepts opérationnels. Elle a servi de banc d'essai à de nombreuses armes récentes qui n'avaient pas eu l'occasion de subir l'épreuve réelle du feu. Elle a démontré une nouvelle fois que lefacteur humain jouait toujours un rôle essentiel dans la conduite de la bataille.

Lahaute technologie a eu un impact considérable sur le déroulement des combats. La notion deC3I s'est imposée comme une donnée fondamentale du combat moderne. L'efficacité desmissiles, bien que réelle, a cependant été exagérée. Le char et l'avion ont démontré qu'ils restaient les vecteurs essentiels du combat mécanisé à condition de s'intégrer dans un environnement interarmes leur assurant soutien et protection. Si l'aviation militaire a joué un rôle important pendant le conflit, celle-ci n'a pas été aussi décisive qu'en. À l'inverse de laguerre des Six Jours, ce sont en effet leschars qui ont cette fois-ci ouvert la voie aux avions. La puissance et l'efficacité de l'arme aérienne ont donc été surestimées, comme peu de temps auparavant lors de laguerre du Viêt Nam.

Une fois de plus, les événements ont démontré que la guerre se perdait ou se gagnait au sol. De manière plus globale, la nécessité d'une approche interarmées voire interalliée s'est imposée comme l'un des enjeux majeurs pour la conduite efficace d'un conflit d'envergure[réf. nécessaire].

Accords de Camp David

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Articles détaillés :Accords de Camp David etRelations entre l'Égypte et Israël.

Le gouvernementRabin, mis en difficulté par des scandales, est obligé de provoquer des élections anticipées en1977. Le parti duLikoud remporte alors ces élections et forme un gouvernement avec pour premier ministreMenahem Begin.

Leprésident égyptienAnouar el-Sadate, qui est entré en guerre pour récupérer leSinaï, est contrarié par le rythme lent des négociations de paix. En, il fait un pas inattendu en faisant un voyage officiel en Israël durant lequel il tient un discours historique devant laKnesset[33], devenant ainsi le premier leader arabe à reconnaîtrede facto l'existence d'Israël[34].

Anouar el Sadate, Jimmy Carter et Menachem Begin aux accords de Camp David (1978)

Ce geste accélère le processus de paix. Leprésident américainJimmy Carter invite alors ensemble Sadate et Begin à un sommet àCamp David pour négocier une paix définitive. Les discussions se déroulent du au et aboutissent autraité de paix israélo-égyptien de1979. Israël retire ses troupes et ses implantations de toute lapéninsule du Sinaï en échange de relations normales avec l'Égypte et d'une paix durable.

Beaucoup dans lacommunauté arabe sont scandalisés par ce traité de paix signé par l'Égypte avec Israël. L'Égypte est exclue de laLigue arabe[35]. Deux ans plus tard, le présidentSadate est assassiné le alors qu'il assiste à un défilé commémorant le huitième anniversaire du début de la guerre. Ses assassins étaient des éléments de sonArmée, appartenant à l'organisation duJihad islamique égyptien fondée par des membres desFrères musulmans, qui désapprouvaient les négociations qu'il avait menées avec Israël[36].

Notes et références

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  1. (en)Herzog,The War of Atonement, Little, Brown and Company,(ISBN 9780316359009,lire en ligneInscription nécessaire). Foreword.
  2. Insight Team of the LondonSunday Times, p. 450.
  3. (en)Luttwak etHorowitz,The Israeli Army, Cambridge, MA, Abt Books,(ISBN 9780890115855,lire en ligneInscription nécessaire)
  4. (en)Rabinovich,The Yom Kippur War, Schocken Books,,p. 498
  5. PRKumaraswamy,Revisiting The Yom Kippur War,,1–2(ISBN 978-0-7146-5007-4,lire en ligneInscription nécessaire)
  6. (en)Johnson etTierney,Failing To Win, Perception of Victory and Defeat in International Politics, 177, 180
  7. (en) CharlesLiebman, « The Myth of Defeat: The Memory of the Yom Kippur war in Israeli Society »,Frank Cass, London,vol. 29,no 3,‎,p. 411(ISSN 0026-3206,DOI 10.1080/00263209308700958,lire en ligne[archive du])
  8. (en) « Milestones: 1969–1976 - Office of the Historian », surhistory.state.gov(consulté le)
  9. (en)Simon Dunstan,The Yom Kippur War: The Arab-Israeli War of 1973,(ISBN 978-1846032882,lire en ligne),p. 205
  10. (en) Asaf Siniver,The Yom Kippur War: Politics, Legacy, Diplomacy, Oxford University Press,(ISBN 978-0-19-933481-0,lire en ligne),p. 6 :

    « (p. 6) "For most Egyptians the war is remembered as an unquestionable victory—militarily as well as politically … The fact that the war ended with Israeli troops stationed in the outskirts of Cairo and in complete encirclement of the Egyptian third army has not dampened the jubilant commemoration of the war in Egypt." (p. 11) "Ultimately, the conflict provided a military victory for Israel, but it is remembered as 'the earthquake' or 'the blunder'" »

  11. (en) Ian Bickerton,The Arab-Israeli Conflict: A Guide for the Perplexed, A&C Black,(ISBN 978-1-4411-2872-0,lire en ligne),p. 128 :

    « the Arab has suffered repeated military defeats at the hand of Israel in 1956, 1967, and 1973 »

  12. (en) P.R. Kumaraswamy,Revisiting the Yom Kippur War, Routledge,(ISBN 978-1-136-32888-6,lire en ligne),p. 184 :

    « (p. 184) "Yom Kippur War ... its final outcome was, without doubt, a military victory  … " (p. 185) " …  in October 1973, that despite Israel's military victory" »

  13. (en) MarioLoyola, « How We Used to Do It – American diplomacy in the Yom Kippur War »,National Review,‎,p. 1(lire en ligne, consulté le)
  14. Rabinovich. The Yom Kippur War. p. 54.
  15. « Repères chronologiques »,Vingtième Siècle : revue d'histoire,no 103 (spécial) « Proche-Orient : foyers, frontières et fractures »,‎,art. no 14,p. 197-201(DOI 10.3917/ving.103.0197,lire en ligne[html], consulté le),p. 200,col. gauche,§ 80 :« - [:] Quatrième guerre entre Israël et ses voisins arabes (« guerre du Kippour » en Israël, « guerre du Ramadan » ou « guerre d'Octobre » dans le monde arabe) ».
  16. (en) Roi Mandel, « Declassified documents reveal failures of Yom Kippur War »,Ynet,
  17. (en) Mitch Ginsburg, « Mossad's tip-off ahead of Yom Kippur War did not reach prime minister, newly released papers show »,Times of Israël,
  18. a etbMariusSchattner et Frédérique Schillo,La guerre du Kippour n'aura pas lieu : Comment Israël s'est fait surprendre, Waterloo, Belgique, André Versaille éditeur,, 320 p.(ISBN 978-2-874-95188-6)
  19. (en) BennyMorris,Righteous victims : a history of the Zionist-Arab conflict(présentation en ligne)
  20. Martin van Creveld,The sword and the olive: a critical history of the Israeli defense force, PublicAffairs, 2002,p. 220
  21. (en) Will Lyman (Actor), Dai Richards (Director) et David Ash (Director),The 50Years War - Israel & The Arabs, 1998, Pbs Home Video, ASIN: B00004TX2W
  22. Mémoires du général Saad Eddine shazli
  23. Roumania Ougartchinska,« Khalifa Haftar, seul contre Al-Qaïda »,Vanity Fairno 15,,p. 172-179 et 242-244.
  24. « זמן אמת | צומת ספרים », surbooknet.co.il(consulté le)
  25. (en) Saad El Shazly :The Crossing of the Suez, édition revue (revised ed.), American Mideast Research, 2003,p. 278(ISBN 0-9604562-2-8).
  26. Le fanatique de l'aviation,no 447,
  27. (en) David Cenciotti, « Israeli F-4s Actually Fought North Korean MiGs During the Yom Kippur War », surbusinessinsider.com,
  28. Jean PierreDigard, BernardHourcade et YannRichard,L'Iran au XXe siècle, Fayard,(ISBN 978-2-213-59722-5),p. 144
  29. (he) « לזכרם - שמות הנופלים במלחמה », surisraelhayom.co.il,‎(consulté le).
  30. a etb(en) IDF Editorial Team, « Yom Kippur War », surwww.idf.il,(consulté le).
  31. « רשימת חללים », surwww.kippurim.co.il(consulté le)
  32. Pierre Razoux,« La guerre du Kippour (6-25 octobre 1973) : Les pertes subies »[archive du], surnet4war.com
  33. « Discours historique du président Anouar el-Sadate devant la Knesset », surPerspective Monde.
  34. Caroline Hayek, « Le jour où… Sadate s’est rendu en Israël »,L'Orient-Le Jour,‎(lire en ligne).
  35. (en)Alain Roussillonet als,The Cambridge History of Egypt: Modern Egypt, from 1517 to the End of the Twentieth Century, vol. II, chap. « Republican Egypt interpreted: revolution and beyond »,Cambridge University Press, 1998, p. 364.
  36. Jihan El-Tahri,Les Pharaons de l’Égypte moderne,Arte,.

Voir aussi

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Bibliographie

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Œuvres littéraires inspirées ou traitant de la guerre du Kippour

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Liens externes

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