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Guerre d'Hiver

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Pour le film finlandais, voirLa Guerre d'Hiver.

Guerre d’Hiver
Description de cette image, également commentée ci-après
Mitrailleurs finlandais pendant la guerre d’Hiver.
Informations générales
Date
(3 mois et 12 jours)
LieuFinlande,Carélie
IssueVictoire soviétique,traité de Moscou
Belligérants
Drapeau de l'URSSUnion soviétiqueDrapeau de la FinlandeFinlande
Commandants
Drapeau de l'URSSKliment Vorochilov
Drapeau de l'URSSSemion Timochenko
Drapeau de l'URSSGrigori Stern
Drapeau de la FinlandeCarl Gustaf Emil Mannerheim
Drapeau de la FinlandeHjalmar Siilasvuo
Drapeau de la FinlandeHugo Österman
Drapeau de la SuèdeErnst Linder
Forces en présence
Drapeau de l'URSSUnion soviétique
760 578 hommes au maximum en
3 000 chars
3 800 avions
Drapeau de la FinlandeFinlande
340 000 hommes au maximum en
64 000 chevaux
Une trentaine chars
173 avions
Drapeau de la SuèdeCorps des Volontaires suédois
8 260 volontaires
Divers corps de volontaires étrangers
1 010 volontairesdanois
727 volontairesnorvégiens
346 volontaireshongrois
350 volontairesaméricains
210 volontaires d’autres nationalités
Pertes
Drapeau de l'URSS Entre 126 875 et 138 533 tués et disparus au combat
Plus de 180 000 blessés et malades
5 572 prisonniers
Entre 600 et 3 500 blindés et un millier d'avions
Drapeau de la Finlande 25 904 tués
43 557 blessés
Entre 800 et 1 100 prisonniers
957 civils tués dans des bombardements

Seconde Guerre mondiale

Batailles


Front de l’Est

Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : l'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : la contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Données clés

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Laguerre d'Hiver[note 1] est unconflit militaire entre l'URSS et laFinlande qui commence par l'invasion de la Finlande par son voisin communiste le, trois mois après le début de laSeconde Guerre mondiale, et se termine trois mois et demi plus tard avec letraité de paix de Moscou le. Malgré une supériorité militaire sur tous les plans, l'URSS subit de lourdes pertes et obtient des résultats moins importants qu'attendus. LaSociété des Nations déclare l'attaque illégale et expulse l'URSS.

Avant de recourir à la force, l'URSS formule plusieurs exigences, dont celle que la Finlande cède des territoires frontaliers en échange d'autres terres, pour des raisons de sécurité — principalement la protection de Leningrad, située à seulement 32 km de la frontière finlandaise. Lorsque la Finlande refuse, l'URSS l'envahit. Selon certaines sources l'URSS voulait occuper toute la Finlande, soit pour l'annexer, soit pour forcer un changement de régime, avec pour preuve l'établissement d'ungouvernement communiste fantoche finlandais et les protocoles secrets duPacte germano-soviétique ; d'autres sources s'opposent quant à elles à l'idée d'une volonté de conquête totale. La Finlande repousse les attaques durant plus de deux mois et inflige de lourdes pertes aux Soviétiques, malgré une infériorité numérique et matérielle notable et des conditions météorologiques très difficiles, avec des températures descendant jusqu'à−43 °C. Les combats se concentrent principalement sur laligne Mannerheim le long de l'Isthme de Carélie, àKollaa enCarélie du Ladoga et sur laroute de Raate enCajanie ; des batailles ont également lieu enLaponie et enCarélie du Nord.

À la suite de ces revers initiaux, les Soviétiques réduisent leurs buts de guerre et dissolvent leur gouvernement finlandais fantoche à la fin, tout en pressant le gouvernement finlandais légitime de négocier la paix, ce qui est rejeté. Après une réorganisation militaire et une nouvelle offensive en, l'Armée rouge réussit à percer les défenses finlandaises sur l'isthme de Carélie. L’armée finlandaise dans le principalthéâtre d’opérations de la guerre est alors proche de la rupture et une retraite semble inévitable. Lecommandant en chef finlandais,Carl Gustaf Emil Mannerheim, plaide donc en faveur d’un accord de paix avec l'agresseur, tant que la Finlande conserve encore un pouvoir de négociation.

Les hostilités cessent donc en avec la signature dutraité de paix de Moscou, par lequel la Finlande cède 9 % de son territoire à l’URSS. Les pertes soviétiques sont lourdes et la réputation internationale du pays est considérablement dégradée. Les gains territoriaux obtenus dépassent cependant les revendications initiales : les Soviétiques reçoivent d'importants territoires le long dulac Ladoga et plus au nord. La Finlande conserve toutefois sasouveraineté et améliore sa réputation à l'international. Les faibles performances de l’Armée rouge incitentAdolf Hitler à penser qu’une victoire rapide contre elle est possible. Après quinze mois de« Grande Trêve » et un rapprochement germano-finlandais, l'Allemagne lance en l’opérationBarbarossa, précipitant unenouvelle guerre entre son nouvel allié finlandais et l'URSS.

Contexte

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Relations finno-soviétiques

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Article connexe :Pacte de non-agression soviéto-finlandais.
Carte géopolitique de l'Europe du Nord où la Finlande, la Suède, la Norvège et le Danemark sont signalés comme neutres, et où l'Union soviétique possède des bases militaires dans les États baltes.
Situation géopolitique enEurope du Nord en novembre 1939[4],[5]:
  • Pays neutres
  • Allemagne et pays annexés
  • Union soviétique et pays annexés
  • Pays neutres avec bases militaires soviétiques établies en octobre 1939
  • Jusqu’au début duXIXe siècle, la Finlande constitue la partie orientale duroyaume de Suède. Du au, l’Empire russe mène laguerre de Finlande contre la Suède, officiellement pour protéger sa capitale,Saint-Pétersbourg. La Russie finit par conquérir etannexer la Finlande, qu’elle transforme en unÉtat tampon[6]. Legrand-duché de Finlande qui résulte de cette guerre bénéficie d’une large autonomie au sein de l’Empire russe jusqu’à la fin duXIXe siècle, lorsque le pays entreprend derussifier la Finlande dans le cadre d’une politique plus large de renforcement du pouvoir central et d’unification de l’Empire. Ces tentatives sont cependant abandonnées en raison des troubles internes en Russie au début duXXe siècle, mais elles détériorent durablement les relations avec les Finlandais. Parallèlement, le soutien populaire aux mouvements pour l’autodétermination augmente en Finlande[7].

    LaPremière Guerre mondiale entraîne l’effondrement de l’Empire russe lors de laRévolution de et de laguerre civile qui s'ensuit. Le, le gouvernement bolchévique déclare que les minorités nationales ont le droit à l’autodétermination, y compris celui de faire sécession et de former un État indépendant, ce qui offre une fenêtre d’opportunité à la Finlande. Le, leSénat de Finlandeproclame l’indépendance de la nation[7]. La Finlande obtient sa pleine souveraineté en à l’issue d’uneguerre civile de quatre mois au cours de laquelle les Blancs conservateurs vainquent les Rouges socialistes, avec l’aide de l’armée impériale allemande et dejägers pro-allemands (dans l'autre camp, les Rouges ont le soutien des Bolchéviques russes)[8]. Après l’implication bolchévique dans laguerre civile finlandaise en, aucun traité de paix formel n’est signé entre l'URSS et son voisin. En et, des volontaires finlandais lancent deux incursions militaires infructueuses à travers la frontière soviétique dans le but d’annexer des territoires deCarélie que l’idéalirrédentiste deGrande Finlande revendique pour unifier tous lespeuples finno-baltes. En, des communistes finlandais basés en Russie soviétique tentent d’assassiner l’ancien commandant en chef de laGarde blanche, le futur maréchalCarl Gustaf Emil Mannerheim. Le, la Finlande et la Russie soviétique signent finalement letraité de Tartu, qui confirme l’ancienne frontière entre le grand-duché autonome de Finlande et la Russie impériale comme nouvelle frontière russo-finlandaise. La Finlande obtient également la province dePetsamo, dotée d’un port libre de glace sur l’océan Arctique[9],[10]. Malgré la signature du traité, les relations entre les deux pays restent tendues. Le gouvernement finlandais autorise une nouvelle fois des volontaires à franchir la frontière pour soutenir un soulèvement enCarélie orientale en, tandis que des communistes finlandais basés en Union soviétique lancent un raid transfrontalier en[11]. En, unpacte de non-agressionest toutefois signé entre les deux États, et il est reconduit pour dix ans en[11]. Le commerce extérieur de la Finlande est alors en plein essor, mais moins de 1 % de celui-ci s’effectue avec l’Union soviétique[12]. En, l’Union soviétique rejoint également laSociété des Nations[11].

    La Finlande a déjà rejoint laSociété des Nations en et cherche depuis à obtenir des garanties de sécurité pour son indépendance. Dans ce but, elle axe sa politique sur la coopération avec lespays nordiques, principalement laSuède, en se concentrant sur l’échange d’informations et la planification de la défense (comme la défense conjointe desîles Åland). La Suède évite toutefois soigneusement de s’aligner sur la politique étrangère finlandaise pour éviter de se mettre à dos l'URSS[13]. La politique militaire finlandaise comprend également unecoopération défensive secrète avec l’Estonie[14].

    La période allant de la guerre civile à la fin desannées est politiquement instable en Finlande en raison de la rivalité persistante entre conservateurs et socialistes. LeParti communiste de Finlande est interdit en, et les nationalistes dumouvement de Lapua organisent des violencesanticommunistes qui culminent par unetentative de coup d’État en, qui échoue. Son successeur, leMouvement populaire patriotique, a ensuite une influence mineure sur la politique nationale et ne dépasse jamais 14 sièges sur les 200 que compte leParlement de Finlande[15]. À la fin des années, l’économie finlandaise, tournée vers l’exportation, est en croissance et les mouvements politiques extrémistes de droite comme de gauche ont perdu de leur influence[16].

    Justification soviétique pour une reconquête de la Finlande

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    Lesecrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique,Joseph Staline, considère comme un échec le fait que l'Union soviétique n'ait pas pu stopper le processus d'indépendance de la Finlande[17]. Il estime que le mouvement pro-Finlande enCarélie orientale constitue une menace directe pourLeningrad et que le territoire et les défenses de la Finlande pourraient être utilisés pour envahir l'Union soviétique ou restreindre les mouvements de sa flotte dans lamer Baltique[18]. La propagande soviétique dépeint progressivement dans les années 1930 les dirigeants finlandais comme une« clique fasciste vicieuse et réactionnaire ». Le maréchal Mannerheim etVäinö Tanner, le chef duParti social-démocrate de Finlande, sont particulièrement visés[19]. Lorsque Staline consolide un pouvoir absolu à la suite desGrandes Purges, l’Union soviétique modifie sa politique étrangère envers la Finlande et commence à viser la reconquête des anciennes provinces de la Russie tsariste perdues pendant larévolution d'Octobre et la guerre civile russe[20]. Les dirigeants soviétiques estiment (comme au début duXIXe siècle) que les frontières étendues de l’ancien empire constituent une sécurité territoriale en elles-mêmes, et souhaitent que Leningrad, située à seulement 32 km de la frontière finlandaise soit davantage protégée face à la montée en puissance de l’Allemagne nazie[21],[22].

    Négociations

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    Article connexe :Pacte germano-soviétique.
    Photo noir et blanc d'un groupe de soldats dans la neige, près d'une cuisine mobile, en train de se servir dans des gamelles.
    Des soldats finlandais prennent leur petit-déjeuner dans unecuisine de campagne lors d'un « entraînement complémentaire » sur l'isthme de Carélie, le.

    En, l’agent duNKVD Boris Rybkine (attaché à l'ambassade soviétique àHelsinki sous le pseudonyme de Boris Yartsev) contacte leministre finlandais des Affaires étrangèresRudolf Holsti et lePremier ministreAimo Cajander, affirmant que l’Union soviétique ne fait pas confiance à l’Allemagne nazie et considère une guerre entre les deux pays comme possible. L’Armée rouge, dit-il, n’attendrait pas passivement mais« avancerait pour rencontrer l’ennemi ». Les représentants finlandais assurent Rybkine que la Finlande restera neutre en cas de conflit et qu’elle résisterait à toute incursion armée sur son territoire. Rybkine suggère que la Finlande cède ou loue à l'URSS certaines îles dugolfe de Finlande proches de Leningrad, ce que la Finlande refuse[23],[24].

    Les négociations se poursuivent tout au long de l’année sans résultat. L’accueil réservé par la Finlande aux demandes soviétiques est plutôt froid, lescollectivisations violentes et lespurges staliniennes ternissant gravement l’image de l’URSS à l'étranger. La quasi-totalité de l’élite communiste finlandaise en Union soviétique a d'ailleurs été exécutée durant les purges, ce qui n'améliore pas l’opinion des Finlandais vis-à-vis de leur voisin. Pendant ce temps, la Finlande tente de négocier un plan de coopération militaire avec la Suède, espérant une défense conjointe desîles Åland[25].

    L’Union soviétique et l’Allemagne nazie signent lePacte germano-soviétique en. Officiellement unpacte de non-agression, il inclut un protocole secret divisant l’Europe de l’Est ensphères d’influence, la Finlande tombant dans la sphère soviétique. Le, l’Allemagne envahit laPologne, suivie deux jours plus tard par ladéclaration de guerre du Royaume-Uni et de la France. Le, l’Union soviétique lance soninvasion de la Pologne. Après la défaite polonaise, les deux puissances ajustent leur frontière selon les termes du pacte signé précédemment. L’Estonie, laLettonie et laLituanie sont bientôt contraintes d’accepter des traités permettant l’installation de bases militaires soviétiques sur leur sol, prélude à leur annexion pure et simple[26]. L’Estonie accepte l’ultimatum le, la Lettonie et la Lituanie suivent en octobre. Contrairement à ces pays baltes, la Finlande commence unemobilisation progressive sous couvert d’entraînements complémentaires[27]. De leur côté, les Soviétiques ont entamés dès 1938-1939 une préparation intensive près de la frontière finlandaise[20]. Le déploiement des troupes nécessaires à l’invasion commence toutefois seulement en, avec des plans opérationnels établis en septembre pour une offensive prévue en novembre[28],[29].

    Le, les Soviétiques invitent une délégation finlandaise à Moscou pour négocier.Juho Kusti Paasikivi, alors envoyé finlandais en Suède, est choisi pour représenter son gouvernement[27]. Staline assiste lui-même aux pourparlers, témoignant ainsi de leur importance[30]. Paasikivi racontera plus tard sa surprise devant l’accueil chaleureux et les bonnes manières de Staline[31].

    Carte des propositions d'échange de territoire formulées par l'URSS. En rouge, les territoires demandés, et en vert les territoires qui seraient offerts à la Finlande.

    Les discussions débutent le.Molotov propose un pacte d’assistance mutuelle, rejeté d’emblée par les Finlandais. Le ministre des Affaires étrangères de Staline abandonne alors cette proposition et soumet un échange de territoires[30]. Il exige un déplacement de la frontière sur l’isthme de Carélie 30 km à l’est deViipuri (enrusse :Vyborg), la destruction des fortifications existantes, la cession d’îles dans le golfe de Finlande et de lapéninsule de Rybatchi (enfinnois :Kalastajasaarento), ainsi que la location de lapéninsule de Hanko pour 30 ans afin d’y établir unebase militaire. En échange, l’Union soviétique cèderait les régions deRepola etPorajärvi, soit 5 400 km2, le double des territoires exigés à la Finlande[27],[32],[33]. L’offre divise le gouvernement.Gustaf Mannerheim est favorable à un accord, doutant des chances de la Finlande face à l’URSS[34]. Mais la méfiance envers Staline domine : les dirigeants finlandais craignent des exigences successives menaçant à terme la souveraineté du pays. Le ministre des Affaires étrangèresEljas Erkko, le Premier ministreAimo Cajander et les services de renseignement estiment même qu’il s’agit d’un simple bluff de Staline[34].

    Les Finlandais soumettent alors deux contre-propositions. Ils proposent tout d'abord la cession de la région deTerijoki, doublant la distance entre la frontière et Leningrad, ainsi que certaines îles du golfe. Mais ils refusent toute location de territoire pour des usages militaires[35],[36],[37]. Lors de la réunion du, Staline réduit ses exigences : moins de territoires, une garnison àHanko de 4 000 hommes au lieu de 5 000, et une durée de bail conditionnée à la fin de la guerre mondiale en cours[38]. Ce changement soudain, contraire aux déclarations précédentes selon lesquelles les exigences soviétiques étaient minimalistes et non négociables, surprend le gouvernement finlandais et l'amène à croire que d'autres concessions pourraient lui être accordées. Helsinki refuse donc l’idée de compromis proposée par Paasikivi, qui aurait offert à l'URSS l’île de Jussarö et le fort d’Ino[39]. Le, Molotov annonce publiquement les dernières demandes soviétiques auSoviet suprême. Cela surprend les Finlandais et donne du crédit aux affirmations soviétiques selon lesquelles leurs exigences sont minimales et donc inaltérables, car il aurait été impossible de les réduire ensuite sans perdre de prestige après les avoir rendues publiques[40]. L’offre est finalement rejetée par les Finlandais, en tenant compte de l’opinion publique et du Parlement[35]. Lors de la réunion suivante, le, Paasikivi annonce à Staline et Molotov le refus des demandes, même réduites par rapport à leurs versions initiales. Les Soviétiques sont visiblement surpris. Le ministreVäinö Tanner rapporte que« les yeux de nos interlocuteurs se sont agrandis » et que Staline aurait demandé :« Vous ne proposez même pas Ino ? »[41]. Ce sera la dernière réunion entre les négociateurs des deux pays : le, la délégation finlandaise est rappelée et quitte le pays, sans que les Soviétiques ne viennent les saluer[42]. Les Finlandais s’attendent encore à une reprise des discussions[35], mais au lieu de cela, l’URSS intensifie ses préparatifs militaires à la frontière[43].

    Les négociations d'octobre et novembre sont donc des échecs : aucune des parties ne veut céder substantiellement ni ne fait confiance à l’autre. Les Finlandais craignent pour leur souveraineté, les Soviétiques redoutent de voir leur voisin devenir un tremplin pour des armées ennemies sur la route de Leningrad. Aucun engagement pris par un camp ne parvient à convaincre l’autre[44]. Les deux parties se méprennent par ailleurs sur les intentions adverses : les Finlandais pensent que l’URSS propose une demande maximaliste à négocier, tandis qu'il s'agit en réalité du strict minimum[37]. Staline, lui, refuse d’admettre qu’en Finlande, toute concession territoriale nécessiterait une majorité des 4/5 au Parlement (chose impossible à obtenir), et se moque ouvertement de cette contrainte en proposant que sa propre voix et celle de Molotov soient comptées[45].

    Marche vers la guerre

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    Bombardement de Mainila

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    Article détaillé :Incident de Mainila.

    Le, un incident survient près du village soviétique de Mainila, à proximité de la frontière avec la Finlande. Un poste de garde-frontière aurait été bombardé par une partie inconnue faisant, selon les rapports soviétiques, quatre morts et neufs blessés. Des recherches menées plus tard par plusieurs historiens finlandais et russes concluent qu’il s’agissait d’uneopération sous fausse bannière, car aucun canon finlandais n'était présent à cet endroit ; le bombardement aurait été exécuté depuis le côté soviétique par une unité duNKVD afin de fournir à l’Union soviétique uncasus belli et un prétexte pour dénoncer le pacte de non-agression qui liait le pays à la Finlande depuis 1932[46],[47],[48],[49]. L'option d'une guerre déclenchée par un incident à Mainila était déjà le point de départ de plusieursKriegspiel soviétiques organisés en et[50].

    Photo noir et blanc d'un groupe de journalistes étrangers observant quelque chose sous la neige.
    Desjournalistes étrangers avec des militaires finlandais près de Mainila, le.

    Molotov affirme immédiatement que l’incident est une frappe d’artillerie finlandaise. Il exige des excuses de la part de la Finlande, ainsi que le retrait de ses forces à une distance de 20 à 25 km de la frontière[51]. La Finlande nie toute responsabilité, rejette les exigences soviétiques et demande la mise en place d’une commission d’enquête conjointe. L’Union soviétique déclare alors que la réponse finlandaise est hostile, dénonce le pacte de non-agression de 1932 et rompt les relations diplomatiques avec la Finlande le[51].

    Dans les décennies suivantes, l'historiographie soviétique décrit l’incident comme une provocation finlandaise, en reprenant la version mise en avant par Molotov. Des doutes sur cette version officielle n’apparaissent qu’à la fin des années 1980, avec laglasnost. Même après lachute de l’Union soviétique en, l’historiographie russe reste divisée sur la question[52],[53].

    Intentions soviétiques

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    L’opinion des historiens est partagée quant aux ambitions soviétiques lors de l’invasion de la Finlande. L’existence d’ungouvernement communiste finlandais fantoche et le protocole secret du pacte Molotov-Ribbentrop sont généralement vus comme des preuves que l’Union soviétique entendait initialement conquérir toute la Finlande[54].

    Le, l’Union soviétique forme ungouvernement fantoche baptiséRépublique démocratique finlandaise pour gouverner la Finlande après le renversement du régime en place[55],[56],[57],[58]. Une déclaration relayée par l'agence de presseTASS clarifie sa posture[59] :

    Le gouvernement populaire, dans sa composition actuelle, se considère comme un gouvernement provisoire. Dès son arrivée à Helsinki, capitale du pays, il sera réorganisé et sa composition élargie par l’inclusion de représentants des divers partis et groupes participant au front populaire des travailleurs.

    Des tracts soviétiques largués sur Helsinki le premier jour de la guerre affirment quant à eux :« Camarades finlandais ! Nous ne venons pas à vous en conquérants, mais en libérateurs du peuple finlandais de l’oppression des capitalistes et des propriétaires fonciers »[60],[61].

    En, l’état-major soviétique élabore un plan réaliste et complet pour l’occupation militaire de la Finlande[62]. Cependant,Joseph Staline n’est pas satisfait du rythme jugé trop prudent de l’opération et exige l’élaboration de nouveaux plans. La capitulation finlandaise doit alors coïncider avec son60e anniversaire, le[63]. Convaincu du succès à venir de l'opération,Andreï Jdanov, figure de la politique culturelle soviétique, commande une œuvre musicale àDmitri Chostakovitch, intituléeSuite sur des thèmes finlandais, destinée à accompagner le défilé de l’Armée rouge dans Helsinki[64],[65]. Les Soviétiques sont convaincus que les puissances occidentales ne viendront pas en aide à la Finlande. L’ambassadeur soviétique au Royaume-Uni,Ivan Maïski, déclare :« « Qui viendrait aider ? Les Suédois ? Les Britanniques ? Les Américains ? Absolument personne. Il y aura du tapage dans la presse, un soutien moral, des gémissements et des plaintes. Mais des troupes, des avions, des canons et des mitrailleuses, non »[66].

    Photo noir et blanc de plusieurs hommes équipés de masses et travaillant sur une grosse pierre.
    Tailleurs de pierre finlandais volontaires durant l'été 1939. Ces hommes extraient des pierres sur l'isthme de Carélie pour en faire des obstacles antichars.

    L’historien hongrois István Ravasz écrit que leComité central du Parti communiste de l'Union soviétique avait décidé en de rétablir les anciennes frontières de l’Empire tsariste, en absorbant donc intégralement la Finlande[67]. Lepolitologue américain Dan Reiter affirme, lui, que les Soviétiques cherchaient plutôt à imposer en 1939 un changement de régime après avoir écrasé militairement la Finlande, mais sans l'annexer directement. Il cite pour cela Molotov, qui aurait confié en à un ambassadeur soviétique que le nouveau gouvernement mis en place après l'invasion sera unerépublique démocratique[68]. Selon l’historien russe Iouri Kiline, les demandes soviétiques incluent délibérément les points les plus fortifiés de la ligne de défense finlandaise, inacceptables donc pour la Finlande. Il estime que Staline n’avait que peu d’espoir de parvenir à un accord au terme de ces négociations, mais cherchait surtout à gagner du temps pour permettre la mobilisation de ses troupes. Son objectif réel aurait été d'empêcher la Finlande de devenir une base d’attaque potentielle en la forçant à changer de régime après une invasion[69].

    D’autres chercheurs rejettent l’idée d’une conquête totale. L’historien américain William R. Trotter affirme lui aussi que l’objectif de Staline était de sécuriser Leningrad face à une possible invasion allemande venue de Finlande. Il avance toutefois que le meilleur argument contre une intention de conquête totale est que celle-ci ne se produisit ni en ni durant laguerre de Continuation en, alors que Staline« aurait pu le faire avec une relative facilité » selon lui[70]. Bradley Lightbody écrit que« l’objectif soviétique était de rendre la frontière plus sûre »[71]. En, l’historien russe Alexandre Choubarian déclare qu’aucun document susceptible de prouver un projet d’annexion de la Finlande n’a été trouvé dans les archives russes ; l’objectif aurait donc été d’obtenir des concessions territoriales et d’affirmer l’influence soviétique dans la région[72]. L’historien américainStephen Kotkin partage également l’idée que l’Union soviétique ne visait pas l’annexion. Il souligne que la Finlande fut traitée différemment des pays baltes : contrairement aux pactes d’assistance mutuelle imposés aux États baltes, menant à leur soviétisation complète, l’Union soviétique exigeait lors des négociations des concessions limitées de la Finlande, et offrait même des territoires en échange, ce qui n’aurait pas eu de sens si l’annexion avait été prévue[73]. Kotkin ajoute que Staline semblait sincèrement vouloir parvenir à un accord : il participe personnellement à six des sept réunions avec les représentants finlandais, et réduit à plusieurs reprises ses exigences[74]. Toutefois, la méfiance mutuelle et les malentendus font échouer les négociations[75].

    Forces en présence

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    État d'esprit de l'état-major soviétique et condition de l'Armée rouge

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    Avant la guerre, les dirigeants soviétiques s’attendent à une victoire totale en quelques semaines. L’Armée rouge vient alors d’achever l’invasion de la Pologne orientale au prix de moins de 4 000 pertes, après l’attaque de la Pologne par l’Allemagne à l’ouest. L'optimisme de Staline quant à un triomphe soviétique rapide est partagé par le politicienAndreï Jdanov et le stratègeKliment Vorochilov, mais d’autres généraux se montrent plus prudents[76]. Le chef d’état-major de l’Armée rouge,Boris Chapochnikov, prône une attaque réduite à un front étroit dans l’isthme de Carélie[76]. Chapochnikov préconise également une préparation plus complète, un soutien d’artillerie plus poussé, des préparatifs logistiques, unordre de bataille davantage rationalisé et le déploiement des meilleures unités de l’armée.Kirill Meretskov, commandant dudistrict militaire de Leningrad estime à juste titre:« le terrain des opérations à venir est divisé par des lacs, rivières, marécages, et est presque entièrement couvert de forêts... L’utilisation adéquate de nos forces sera difficile. ». Cependant, Meretskov n'affiche pas ouvertement ses doutes dans le déploiement de ses forces et affirme même publiquement que la campagne finlandaise ne durerait pas plus de deux semaines. Les soldats soviétiques sont même avertis de ne pas pousser accidentellement leur offensive à travers lafrontière suédoise[77].

    LesGrandes Purges lancées par Staline dans les années ont dévasté le corps des officiers de l’Armée rouge : en 1939, trois des cinqmaréchaux ont été éliminés, ainsi que 220 des 264 commandants de division ou de niveau supérieur, et 36 761 officiers tous grades confondus. Moins de la moitié des officiers ont traversé les purges sans être démis de leur fonction, emprisonnés ou exécutés[78],[79]. Les militaires purgés ont fréquemment été remplacés par des militaires moins compétents mais plus loyaux envers leurs supérieurs et le régime. Les commandants d’unités militaires jusqu'au niveau dubataillon doivent en outre composer avec descommissaires politiques placés en dehors de la hiérarchie de l'armée, dont l’approbation est nécessaire pour ratifier les décisions militaires en fonction de leur conformité à l'idéologie politique. Ce système de double hiérarchie complexifie grandement la chaîne de commandement soviétique[80],[81], et annule l’indépendance des commandants[82].

    Après la victoire de l'URSS lors de labataille de Khalkhin Gol contre leJapon à la frontière orientale, le Haut Commandement soviétique se divise en deux factions. L’une est représentée par les vétérans de laguerre d’Espagne : le généralPavel Rychagov desforces aériennes ; le général spécialiste des blindés,Dmitri Pavlov ; et le général favori de Staline, le futurmaréchalGrigori Koulik, responsable de l’artillerie[83]. L’autre faction est menée par les vétérans de Khalkhin Gol, à savoir le généralGueorgui Joukov de l’armée de terre, et le général Grigori Kravtchenko des forces aériennes[84]. Les généraux de Khalkhin Gol plaident sans succès pour l'adoption des leçons tactiques apprises contre le Japon, particulièrement concernant l'emploi à grande échelle des chars, de l’artillerie et des avions (que l'URSS n'a jusque là jamais utilisé à une telle échelle qu'à Khalkhin Gol). La domination des généraux les plus conservateurs va empêcher l'Armée rouge de tirer partie de seschars rapides BT durant la guerre d'Hiver[85],[86].

    Ordre de bataille soviétique

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    Photo noire et blanc prise au niveau du sol à Kollaa, avec des arbres au premier plan.
    Forêts denses de Carélie de Ladoga, près de laKollaa.

    Les généraux soviétiques sont impressionnés par le succès des tactiques allemandes de laBlitzkrieg mise en œuvre quelques mois avant l'invasion de la Finlande, mais celles-ci sont adaptées aux conditions de l’Europe centrale, qui bénéficie d’un dense réseau de routes bitumées bien cartographiées. Les armées y disposent de centres logistiques et de communication clairement identifiables, qui peuvent facilement être ciblés par des régiments blindés. En revanche, les centres logistiques et de commandement de l’armée finlandaise sont situés en profondeur à l’intérieur du pays. Il n’y a pas de routes bitumées, et même les routes en gravier ou en terre sont rares[87]. La majeure partie du terrain est constituée de forêts impénétrables et de marécages. Le correspondant de guerre John Langdon-Davies juge même que« chaque acre de cette surface a été créée pour désespérer toute force militaire attaquante »[88]. Mener uneBlitzkrieg en Finlande s’avère extrêmement difficile, et selon William Trotter, l’Armée rouge ne peut pas atteindre le niveau de coordination tactique et d’initiative individuelle nécessaire pour appliquer de telles tactiques, particulièrement dans ce contexte[87].

    Le commandant dudistrict militaire de Léningrad,Kirill Meretskov, doit dans un premier temps diriger l’opération contre les Finlandais[89]. Le (un peu plus d'une semaine après le début de la guerre), le commandement est transféré à l’état-major suprême (plus tard appeléStavka), sous la direction directe deKliment Vorochilov (président),Nikolaï Kouznetsov, Staline etBoris Chapochnikov[90],[91]. Le, lorsque Staline demande des volontaires pour prendre la tête des opérations militaires,Semion Timochenko se propose à condition de pouvoir mettre en œuvre le plan initial de Chapochnikov, basé sur une attaque concentrée contre l’isthme de Carélie afin de percer la ligne Mannerheim. Sa proposition est acceptée[92],[93]. En, le district militaire de Leningrad est réorganisé et renomméFront du Nord-Ouest[93].

    Les forces soviétiques sont organisées comme suit au début de la guerre[94] :

    • La7e armée, composée de neufdivisions, d’un corps de chars et de trois brigades de chars, est positionnée sur l’isthme de Carélie. Son objectif est de submerger rapidement les défenses finlandaises sur l’isthme, puis de conquérirViipuri. Depuis cette position, elle doit progresser versLappeenranta, puis se diriger vers l’ouest en direction deLahti, avant une poussée finale vers la capitale,Helsinki. Ce front est ensuite divisé au cours de la guerre entre les7e et13e armées[95],[96].
    • La8e armée, composée de six divisions et d’une brigade de chars, est positionnée au nord dulac Ladoga. Sa mission est d’exécuter une manœuvre de contournement par le nord du lac afin de frapper l’arrière de laligne Mannerheim[95].
    • La9e armée est chargée d’une percée en Finlande centrale via la région deCajanie. Elle est composée de trois divisions, avec une quatrième en route au début de la guerre. Sa mission est de progresser vers l’ouest pour couper la Finlande en deux[95].
    • La14e armée, comprenant trois divisions, est basée àMourmansk. Ses objectifs sont de capturer le portarctique dePetsamo puis d’avancer vers la ville deRovaniemi[95].

    Ordre de bataille finlandais

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    Carte des offensives soviétiques au début de la guerre illustrant les positions des quatre armées soviétiques et leurs axes d'attaque. L’Armée rouge envahit la Finlande sur des dizaines de kilomètres le long de la frontière de 1 340 kilomètres au cours du premier mois de guerre.
    Offensives des quatre armées soviétiques du au en rouge[97],[98]

    La Finlande dispose d’une grande force de réservistes, entraînés lors de manœuvres régulières, certains ayant combattu pendant laguerre civile. Les soldats finlandais sont également presque tous formés aux techniques de survie et de déplacement adaptées à leur environnement, comme le ski[99]. L'armée finlandaise est fortement inspirée de l'armée allemande, que ce soit dans la structure de sesdivisions, dans les uniformes ou dans les tactiques[100]. Elle est en outre issue d'une société très militarisée, grâce à l'action de laGarde blanche (une milice issue des vainqueurs de la guerre civile) pour les hommes et¨de l'organisationLotta Svärd pour les femmes. L'action de ces deux entités permet à la population finlandaise d'être bien préparée à la guerre, aussi bien dans les rôles de combat que de soutien[100].

    L'état matériel de l'armée finlandaise est plus préoccupant[101]. Les différents ministères de la Défense de l'entre-deux-guerres ont accumulé les retards dans le développement de l'armée. En 1939, cette dernière ne peut fournir des uniformes qu'aux soldats d'actives et aux membres de la Garde blanche : les autres réservistes doivent se contenter d'une cocarde bleu-blanc, d'une ceinture et d'un fusil[101]. L'armée ne dispose de quasiment aucun moyen anti-char et va devoir improviser (avec descocktails Molotov notamment), et ne dispose pas non plus de chars, en dehors de quelquesFT-17 enterrés pour servir de défense fixe, et d'une trentaine de véhiculesVickers-Armstrongs[101]. L'artillerie ne dispose au début de la guerre que de 200000 coups en réserve, soit la même quantité que ce que l'Armée rouge va tirer en seulement quelques heures[101]. À l'échelle individuelle, les soldats vont aussi devoir régulièrement piller les cadavres soviétiques à la recherche d'armes et de munitions. L'aviation se résume à une centaine d'appareils, pour la plupart obsolètes[101]. Les fortifications de l'isthme de Carélie datent de près de deux décennies et n'ont été remises en état qu'à l'été 1939 par des Gardes blancs volontaires[101].

    La stratégie finlandaise pour le conflit à venir est dictée par la géographie. La frontière de plus de 1 600 km[102] avec l’Union soviétique est en grande partie infranchissable, sauf en quelques endroits desservis par des routes non goudronnées. Dans ses prévisions d’avant-guerre, lecommandement de la défense, qui a établi son quartier général en temps de guerre àMikkeli[94], estime que sept divisions soviétiques sont positionnées sur l’isthme de Carélie et au maximum cinq divisions le long de l’ensemble de la frontière au nord dulac Ladoga. Selon cette estimation, le rapport de forces serait favorable à l’attaquant dans une proportion de trois contre un. En réalité, ce rapport est bien plus élevé, car, par exemple, douze divisions soviétiques sont réellement déployées au nord du lac Ladoga[103]. L'objectif finlandais est donc d'arrêter à tout prix les Soviétiques à la frontière, particulièrement sur l'isthme, afin de donner le temps aux dirigeants politiques de négocier une sortie de conflit ou d'en appeler à une aide étrangère[101].

    Carte (en anglais) de la disposition des troupes finlandaises de l'isthme de Carélie.

    Les forces finlandaises sont déployées comme suit au début de la guerre[104] :

    Déroulement

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    Invasion

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    Début de l'invasion et actions politiques

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    Photo colorisée d'un grand groupe d'hommes et de femmes rejoignant un abri creusé dans le sol, avec des visages soucieux ou en larmes.
    Civils d'Helsinki rejoignant un abri antiaérien le.

    Le, les forces soviétiques lancent l'invasion la Finlande avec 21 divisions totalisant 450 000 hommes. L'armée de l'air procède également au premierbombardement d’Helsinki, qui tue environ 100 civils et détruit plus de 50 bâtiments[95],[105]. En réponse aux critiques internationales après cette attaque, le ministre soviétique des Affaires étrangères,Viatcheslav Molotov, déclare que l’Armée de l’air ne bombarde pas les villes finlandaises mais largue plutôt de l’aide humanitaire destinée à une population affamée ; les bombes sont ensuite surnommées ironiquement « paniers de pain de Molotov » par les Finlandais[106].Juho Kusti Paasikivi affirme que l’attaque soviétique, lancée sansdéclaration de guerre, constitue une violation de trois pactes de non-agression distincts : letraité de Tartu, signé en ; le pacte de non-agression entre la Finlande et l’Union soviétique, signé en puis renouvelé en ; ainsi que lePacte de la Société des Nations, que l’Union soviétique a signé en[49].

    Le maréchalCarl Gustaf Emil Mannerheim est nommé commandant en chef desForces de défense finlandaises après l’attaque soviétique. Dans un nouveau remaniement, legouvernement d’Aimo Cajander est remplacé parcelui deRisto Ryti, avecVäinö Tanner comme ministre des Affaires étrangères, en raison de son opposition à la politique pré-guerre de Cajander[107]. La Finlande porte le conflit devant laSociété des Nations., qui expulse l’Union soviétique le et exhorte ses États membres à apporter leur soutien à la Finlande[108],[109].

    Dirigée parOtto Wille Kuusinen, laRépublique démocratique finlandaise — un gouvernement fantoche — fonctionne dans les régions de Carélie finlandaise occupées par les Soviétiques à partir du début du conflit. Également appelée « gouvernement de Terijoki », du nom du village deTerijoki, première localité capturée par l’Armée rouge[110], cette république fantoche ne parvient pas à rallier les ouvriers finlandais[108] : au contraire, la création de la république démocratique renforce l'unité nationale finlandaise, au-delà des clivages politiques[111].

    Premières batailles et avancée vers la ligne Mannerheim

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    Diagramme de l’isthme de Carélie, à côté de Léningrad, illustrant les positions des troupes soviétiques et finlandaises au début de la guerre. L’Armée rouge pénètre de 25 à 50 km sur le territoire finlandais avant d’être stoppée par la ligne défensive Mannerheim.
    Situation au : les Soviétiques atteignent laligne Mannerheim sur l’isthme de Carélie.
  • Division finlandaise (XX) ou corps (XXX)
  • Division soviétique (XX), corps (XXX) ou armée (XXXX)
  • L’ensemble de structures défensives finlandaises, appelé pendant la guerre « ligne Mannerheim », se trouve sur l’isthme de Carélie, à environ 30 à 75 km de la frontière soviétique. L’Armée rouge y engage 250 000 hommes face à 130 000 Finlandais[112]. Le commandement de Mannerheim y déploie un élément dedéfense en profondeur fort d’environ 21 000 hommes en avant de la ligne de défense, afin de ralentir et d’user l’ennemi au maximum[113].

    Au combat, la principale difficulté pour les soldats finlandais est constituée par les chars soviétiques. Les Finlandais disposent de peu d’armes antichars et manquent d’instruction concernant lalutte antichar moderne. Selon William Trotter, la tactique favorite des blindés soviétiques consiste cependant en une simple charge frontale, vulnérable à certaines contre-mesures que leurs ennemis appliquent bientôt. Les Finlandais découvrent notamment que les chars peuvent être neutralisés à courte portée, par exemple en coinçant des barres de fer ou des bûches de bois dans lesbogies. Rapidement, ils utilisent également une arme improvisée plus efficace : lecocktail Molotov, une bouteille en verre remplie de liquideinflammable avec une simple mèche allumée à la main. Ces cocktails Molotov sont bientôt produits en masse par la société d’État des alcools,Alko, avec des allumettes fournies pour chaque bouteille. Lors des premiers engagements dans la zone frontalière, 80 chars soviétiques sont détruits[114].

    Le, toutes les forces finlandaises avancées se replient derrière la ligne Mannerheim après avoir ralenti au maximum l'avancée soviétique. L’Armée rouge lance sa première grande offensive contre la ligne de défense dans la région deTaipale, entre les rives dulac Ladoga, larivière Taipale et le lac Suvanto. Dans ce secteur, les Finlandais bénéficient d’une légère supériorité d’altitude et de terrains secs propices aux tranchées. L’artillerie finlandaise a, de plus, préalablement repéré la zone et préparé des plans de tirs en prévision d’une attaque soviétique.

    Labataille de Taïpale débute par un barrage d’artillerie soviétique de quarante heures. Après ce bombardement, l’infanterie attaque à découvert, mais est repoussée avec de lourdes pertes. Du 6 au, l’Armée rouge poursuit ses tentatives d’assaut, n’engageant cependant qu’une seule division. Par la suite, elle renforce son artillerie, envoie des chars et engage la150e division de fusiliers. Le, ces forces renforcées lancent une nouvelle offensive, qui est à nouveau repoussée. Une troisième division entre en action, mais cède à la panique sous les tirs d’artillerie finlandais. Les assauts continuent sans succès, et les pertes soviétiques sont extrêmement lourdes. Une attaque caractéristique de cette bataille analysée par William Trotter ne dure qu'une heure mais laisse sur le terrain 1 000 morts et blessés et 27 chars soviétiques détruits[115].

    Photo noir et blanc d'un groupe d'hommes en uniforme blanc, devant un char, dans une forêt enneigée.
    Char lance-flammeOT-26 capturé par les Finlandais pendant labataille de Tolvajärvi.

    Au nord du lac Ladoga, sur le front de laCarélie du Ladoga, les unités finlandaises s’appuient sur le relief naturel. Cette vaste région forestière ne dispose pas des infrastructures routières nécessaires aux opérations modernes envisagées par l’Armée rouge[116]. La8e armée soviétique a cependant prolongé une ligne de chemin de fer jusqu’à la frontière pour pallier ce problème, ce qui double sa capacité logistique. Le, la139e division de fusiliers, appuyée par la56e, estbattue à Tolvajärvi par une force finlandaise beaucoup moins nombreuse, commandée parPaavo Talvela. Il s’agit de la première victoire finlandaise importante de la guerre[117].

    En Finlande centrale etseptentrionale, les routes sont rares et le terrain difficile. Les Finlandais n’y attendent pas d’offensives massives, mais les Soviétiques y envoient tout de même huit divisions, lourdement appuyées par des blindés et de l’artillerie. La155e division attaque àIlomantsi et àLieksa, tandis que plus au nord, la44e attaque àKuhmo. La163e division est déployée àSuomussalmi et chargée de couper la Finlande en deux en avançant sur la route de Raate. EnLaponie finlandaise, les88e et122e divisions de fusiliers soviétiques attaquent àSalla. Le port arctique dePetsamo est attaqué par la104e division de montagne, appuyée par des tirs de lamarine[118].

    Première phase (-)

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    Conditions météorologiques

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    Article connexe :Climat de la Finlande.
    Photo noir et blanc d'un groupe d'hommes en blanc allongés derrière une congère, visant avec leurs fusils, dans un bois enneigé.
    Image représentative des conditions de la guerre d'Hiver : une patrouille à ski finlandaise, en tenue de camouflage blanc, dans la neige à la lisière d'une forêt du nord de la Finlande, le.

    L’hiver 1939-1940 est exceptionnellement froid en Finlande : l’isthme de Carélie enregistre une température record de−43 °C le[119]. Au début de la guerre, seuls les soldats finlandais en service actif disposent d’ununiforme et d’unearme. Les autres doivent se contenter de leurs vêtements personnels, souvent leur tenue d’hiver civile adaptée à ces conditions, à laquelle sont ajoutés quelques insignes rudimentaires comme des brassards. Les soldats finlandais sont cependant très expérimentés enski de fond, ce qui facilite leurs déplacements[120]. Le froid, la neige, le terrain forestier et les longues heures d’obscurité leur offrent également des conditions favorables. Les Finlandais pallient au froid en s’habillant avec plusieurs couches, tandis que lestroupes à ski portent une tenue blanche qui les camoufle efficacement dans la neige, leur permettant de mener uneguérilla contre les colonnes soviétiques pour disparaître rapidement ensuite.

    Photo noir et blanc d'un cadavre gelé mis debout dans la neige, dans une posture étrange.
    Cadavre gelé d'un soldat de l'Armée rouge, dressé par les Finlandais pour servir d'avertissement.

    Au début du conflit, les chars soviétiques sont peints dans leur couleurvert olive standard et les soldats portent encore l’uniforme kaki réglementaire. Ce n’est qu’à la fin de janvier 1940 que les Soviétiques repeignent leur matériel en blanc et distribuent descombinaisons de ski blanches à leur infanterie[121]. Une partie des soldats soviétiques possèdent des vêtements d’hiver adéquats, mais ce n’est pas le cas dans toutes les unités. Lors de labataille de Suomussalmi, des milliers d’entre eux meurent degelures. Ne sachant pas skier, ils doivent se déplacer exclusivement par les routes, formant donc de longues colonnes vulnérables aux attaques. L’Armée rouge manque également de tentes adaptées à l’hiver, et les soldats dorment dans des abris de fortune[122]. Certaines unités soviétiques subissent jusqu’à 10 % de pertes par gelures avant même d’avoir franchi la frontière finlandaise[121]. Néanmoins, le froid présente un avantage pour les blindés soviétiques, qui peuvent progresser sur les terrains gelés et franchir lacs et marécages sans s’y enliser (c'était d'ailleurs sur cette idée que reposaient les ambitions deguerre éclair des stratèges soviétiques avant le conflit)[122].

    Tactiques finlandaises

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    Un soldat finlandais à ski, coiffé d’un bonnet de fourrure et une pipe à la bouche, montre du bâton une trace laissée dans la neige par des soldats soviétiques en fuite. Les troupes finlandaises sont à leur poursuite.
    Des traces soviétiques sur lelac Kiantajärvi, à Suomussalmi, durant une poursuite finlandaise en décembre 1939. L'homme visible sur la photo est le skieur de combiné nordiqueTimo Murama.

    Dans les combats allant de laCarélie du Ladoga au port arctique dePetsamo, les Finlandais recourent à destactiques de guérilla. L’Armée rouge dispose d’une nette supériorité en hommes et en matériel, mais les Finlandais compensent ce déséquilibre par leur vitesse, leur capacité dede mouvement et une économie des forces disponibles. Sur le front du Ladoga comme lors de labataille de la route de Raate, ils parviennent ainsi à isoler des éléments de forces soviétiques pourtant bien plus nombreuses. Une fois les troupes soviétiques fragmentées en petits groupes, les Finlandais les encerclent et les attaquent de tous côtés[123].

    Pour de nombreux soldats soviétiques encerclés dans unepoche, appeléesmotti en finnois (un mot qui désigne à l’originestère de bois de chauffage) survivre devient une épreuve aussi difficile que le combat. Les hommes gèlent, souffrent de la faim, et vivent dans des conditions sanitaires précaires. L’historien William Trotter décrit ainsi leur situation :« Le soldat soviétique n’avait aucun choix. S’il refusait de se battre, on le fusillait. S’il tentait de fuir par la forêt, il mourait gelé. Et la reddition n’était pas envisageable : la propagande soviétique lui avait appris que les Finlandais torturaient à mort les prisonniers »[124].

    Cependant, les Finlandais sont souvent trop peu nombreux pour exploiter pleinement leurs succès et réduire les encerclements. Certaines poches de troupes soviétiques encerclées tiennent des semaines, voire des mois, mobilisant ainsi une grande partie des forces finlandaises, simplement pour conserver lestatu quo.

    Batailles de la ligne Mannerheim

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    Photo noir et blanc d'un espace plat recouvert de neige, de pierres et de fil barbelé, avec un bunker qui se distingue en fond.
    Bunker dit« du Million » (visible en arrière plan), l'un des points les plus fortifiés de la ligne Mannerheim. On peut voir les obstacles antichars en pierre et le réseau de fil barbelé.

    Le terrain de l’isthme de Carélie ne se prête pas aux tactiques de guérilla, ce qui contraint les Finlandais à recourir à la ligne Mannerheim, plus conventionnelle, dont les flancs sont protégés par de vastes étendues d’eau. La propagande soviétique affirme afin de justifier les échecs de l'armée que cette ligne est aussi solide, voire plus encore, que laligne Maginot. La ligne est en réalité composée de 221 points d’appui fortifiés le long de l’isthme, construits principalement dans lesannées 1920, puis renforcés à la fin desannées 1930. Cet ensemble de défense est relativement hétéroclite. Sur les plus de 200 abris fortifiés, seuls deux sont réellement comparables aux fortifications de la ligne Maginot (c'est-à-dire précédés par unchamp de mines et debarbelés, et avec des emplacements antichars dissimulés)[125]. Le reste des emplacements est surtout composé d'abris derondins de bois renforcé par 1,50 m desacs de sable, ou simplement par des élévations de terre[125]. Les tranchées qui relient ces ouvrages sont elles aussi hétéroclites : leur profondeur dépend de la dureté du sol et du temps qui a été disponible pour les creuser[125]. Selon les Finlandais, la véritable force de la ligne Mannerheim réside dans ses« défenseurs obstinés dotés d’un grandsisu » — une notion finlandaise pouvant se traduire approximativement par « courage et ténacité »[126].

    Photo noir et blanc d'une tranchée de faible profondeur, avec des soldats dedans.
    Tranchées représentatives de la ligne Mannerheim.

    À l’est de l’isthme, l’Armée rouge tente sans succès de percer la ligne à labataille de Taïpale. À l’ouest, les unités soviétiques affrontent les défenses finlandaises à Summa, un village près de la ville deViipuri, à partir du. Dans ce secteur, la ligne est particulièrement solide, avec 41 bunkers enbéton armé. Cependant, une erreur de conception laisse non loin une brèche d’environ un kilomètre dans une zone marécageuse connue sous le nom de Munasuo[127]. Lors de la première bataille de Summa, le, plusieurs chars soviétiques franchissent la ligne Mannerheim par cette faille, mais ne peuvent exploiter leur percée en raison du manque de coordination entre les différentes unités soviétiques. Les troupes finlandaises restent retranchées dans leurs positions, laissant les chars soviétiques évoluer librement à l’arrière du front, faute d'arme antichar appropriée pour les détruire. La vingtaine de blindés finit par errer de point fortifié en point fortifié, attaquant sans cohérence, jusqu’à leur destruction progressive. Le, la bataille se conclut par une victoire finlandaise[128].

    L’avance soviétique est ainsi stoppée sur la ligne Mannerheim, avec de lourdes pertes pour les Soviétiques. Les troupes de l'Armée rouges pâtissent alors d'un moral faible et de pénuries d'approvisionnement, qui les poussent à refuser de participer à de nouvellesattaques frontales. Sous le commandement du généralHarald Öhquist, les Finlandais lancent alors unecontre-attaque et encerclent trois divisions soviétiques dans unmotti près de Viipuri le. Le plan d'Öhquist est audacieux, mais il échoue, avec environ 1 300 tués dans chaque camp[129].

    Batailles en Carélie de Ladoga et en Carélie du Nord

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    Photo noir et blanc d'un homme en tenue blanche, souriant et fusil à la main, dans la neige.
    Simo Häyhä, le meilleur tireur d’élite de l'histoire, surnommé « la Mort blanche » dans la propagande de guerre finlandaise[130].

    La puissance déployée par l’Armée rouge au nord du lac Ladoga, surprend le quartier général finlandais. Deux divisions finlandaises sont déployées dans la région : la 12ᵉ commandée parLauri Tiainen (en) et la 13ᵉ commandée parHannu Hannuksela (en). Elles disposent également d’un groupe de soutien composé de troisbrigades, portant leur effectif total à plus de 30 000 hommes. Les Soviétiques déploient en face unedivision pour presque chaque route menant vers l’ouest à travers la frontière. Cette8ᵉ armée est commandée parIvan Khabarov, remplacé le parGrigori Stern[131]. La mission soviétique consiste à détruire les troupes finlandaises dans la région deCarélie du Ladoga et à progresser jusqu’à la zone entreSortavala etJoensuu en dix jours pour prendre à revers la ligne Mannerheim. Les Soviétiques disposent d’un avantage de 3 contre 1 en effectifs, de 5 contre 1 en artillerie, et bénéficient en plus d'unesupériorité aérienne totale dans la région[132].

    Les forces finlandaises paniquent initialement et se replient face à la supériorité écrasante de l’Armée rouge. Le commandant du4e corps d’armée, Juho Heiskanen, est remplacé parWoldemar Hägglund le[133]. Le 7, au centre du front de Carélie du Ladoga, les unités finlandaises se retirent près du petit cours d'eau deKollaa. La rivière en elle-même n’offre aucune protection, mais descrêtes hautes de 10 m bordent ses rives. Labataille de Kollaa qui s’ensuit dure jusqu’à la fin de la guerre et est la plus célèbre du conflit en raison notamment de la présence sur ce front de personnalités marquantes. La citation, « Kollaa tient » (enfinnois :Kollaa kestää), devient un mot d’ordre parmi les Finlandais, semblable au « on ne passe pas ! » des Français lors de labataille de Verdun[134]. La« légende » du front de Kollaa est renforcée par la figure dutireur d’éliteSimo Häyhä, surnommé « la Mort blanche » dans la presse finlandaise[130], et à qui l’on attribue plus de 500 victimes pendant le conflit[135]. Le capitaineAarne Juutilainen, surnommé « la Terreur du Maroc » (car il a servi auMaroc dans laLégion étrangère française entre 1930 et 1935), acquiert lui aussi une aura légendaire par ses actions et ses paroles au cours de cette bataille[136]. Plus au nord, les troupes finlandaises se replient du lac d’Ägläjärvi vers Tolvajärvi le, puis repoussent une offensive soviétique lors de labataille de Tolvajärvi le[137].

    Photo noir et blanc d'un homme en uniforme.
    Aarne Juutilainen en 1939.

    Au sud, deux divisions soviétiques sont regroupées sur la rive nord de la route côtière du lac Ladoga. Comme auparavant, ces divisions sont piégées lorsque les unités finlandaises plus mobiles contre-attaquent depuis le nord pour prendre les colonnes soviétiques à revers. Le, les Finlandais suspendent temporairement leurs assauts en raison de l’épuisement des troupes[138]. Ce n’est qu’entre le 6 et le qu’ils reprennent leur offensive, divisant les divisions soviétiques en petitsmottis[139]. Contrairement aux attentes finlandaises, les divisions encerclées ne tentent pas de percer vers l’est mais s’enterrent, espérant des renforts et desravitaillements par voie aérienne. Faute d’artillerie lourde suffisante et d’effectifs, les Finlandais évitent cependant d’attaquer directement lesmottis qu’ils ont créés. Ils s’efforcent plutôt de neutraliser les menaces les plus pressantes[140]. Malgré le froid et la faim, les soldats soviétiques ne se rendent pas facilement : ils se battent avec acharnement, enterrent leurs chars pour les utiliser commeblockhaus et construisent des abris en rondins. Certaines unités finlandaises spécialisées sont appelées pour attaquer lesmottis  ; le plus célèbre de ces combattants spécialisés étant l'officierMatti Aarnio (en), surnommé « Motti-Matti »[141].

    Photo noir et blanc de deux hommes en tenue blanche, allongés dans la neige, dont l'un est visiblement frigorifié.
    Photographie finlandaise titrée« Une pause au milieu des combats sur le front, près de la rivière Kollaa ». Elle a été prise en près du village de Loimola, aujourd'hui Loïmolskoïe en Russie.

    EnCarélie du Nord, les troupes soviétiques sont débordées àIlomantsi et àLieksa[142]. Les Finlandais utilisent des tactiques de guérilla efficaces, tirant avantage de leur supériorité à ski et de leurs vêtements chauds et blancs adaptés au froid et à la neige, pour mener des embuscades et des raids surprise. Fin décembre, les Soviétiques décident de se retirer de ce secteur et de redéployer leurs ressources sur des fronts jugés plus cruciaux.

    Batailles en Cajanie

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    Photo noir et blanc d'une route enneigée jonchée de cadavres et d'équipements militaires détruits
    Soldats soviétiques morts et leur équipement sur la route de Raate, àSuomussalmi, après avoir été pris en embuscade et encerclés lors de la bataille de la route de Raate.

    EnCajanie, la double bataille deSuomussalmi–Raate qui devient plus tard un exemple classique, cité dans lesacadémies militaires, de ce que des troupes bien commandées et des tactiques innovantes peuvent accomplir face à un adversaire bien supérieur en nombre[143]. En 1939,Suomussalmi est une municipalité étendue de 4 000 habitants, faite de lacs, de forêts profondes et de quelques rares routes. Le commandement finlandais croit que les Soviétiques n’y attaqueront pas, mais l’Armée rouge engage tout de même deux divisions en Cajanie avec pour ordre de traverser cette région forestière pour capturer la ville d’Oulu et, ce faisant, de couper la Finlande en deux. Deux routes mènent à Suomussalmi depuis la frontière : la route septentrionale de Juntusranta et la route méridionale de Raate[144].

    Labataille de la route de Raate, qui se déroule du 4 au dans le contexte labataille de Suomussalmi, entraîne l’une des plus grandes pertes soviétiques de la guerre d’Hiver. La 44ᵉ division soviétique et des éléments de la 163ᵉ division de fusiliers, soit environ 14 000 hommes[145], sont presque entièrement anéantis par les embuscades finlandaises alors qu’ils progressent sur la route forestière. Une petite unité bloque l’avancée soviétique, tandis que le colonelHjalmar Siilasvuo et sa 9ᵉ division coupent la route de retraite, divisent les forces ennemies en petitsmottis, qui sont ensuite détruits au fur et à mesure de leur repli. Les Soviétiques subissent entre 7 000 et 9 000 pertes[146], tandis que les unités finlandaises en comptent 400[147].

    Photo noir et blanc d'un soldat tenant un tuba dans ses mains.
    Soldat finlandais exhibant untuba capturé lors de labataille de la route de Raate. Unefanfare militaire, avec instruments, bannières et partitions est découverte parmi le matériel capturé[148].

    Les troupes finlandaises capturent dans cet affrontement des dizaines de chars, de pièces d’artillerie, de canons antichars, des centaines de camions, près de 2 000 chevaux, des milliers de fusils, ainsi que des munitions et des fournitures médicales dont ils manquent cruellement[149].

    Batailles en Laponie

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    Photo noir et blanc d'un homme en combinaison blanche, fusil à l'épaule, debout dans une épaisse couche de neige.
    Un soldat finlandais en garde près deKemijärvi en février 1940.

    La région finlandaise deLaponie, traversée par lecercle arctique, est peu développée, dispose depeu de lumière du jour et est recouverte d'un épaismanteau neigeux durant l’hiver ; les Finlandais n’y attendent rien de plus que des incursions et des patrouilles de reconnaissance. Au lieu de cela, les Soviétiques y envoient plusieurs divisions complètes[150]. Le, les Finlandais réorganisent la défense de la Laponie en deux groupes: le groupe de Laponie est détaché du groupe de Finlande du Nord et placé sous le commandement deKurt Wallenius[151].Dans le sud de la Laponie, les 88ᵉ et 122ᵉ divisions soviétiques, totalisant 35 000 hommes avancent vers le village deSalla, avancent. Lors de labataille de Salla, les Soviétiques progressent aisément jusqu’à la localité, où la route se divise. Plus loin se trouveKemijärvi, tandis que la bifurcation versPelkosenniemi mène au nord-ouest. Le, le groupe soviétique du nord, composé d’unrégiment d’infanterie, d’unbataillon et d’unecompagnie de chars, est pris à revers et battu par un bataillon finlandais. La 122ᵉ division se replie, abandonnant une grande partie de son matériel lourd et de ses véhicules. À la suite de ce succès, les Finlandais transfèrent des renforts vers la ligne défensive devantKemijärvi. Les Soviétiques martèlent cette ligne sans succès et finissent par battre en retraite devant une contre-attaque finlandaise. Ils gagnent une nouvelle ligne défensive, où ils restent pour le reste de la guerre[152],[153].

    • voir la légende ci-après
      Carte de la première phase de la bataille de Salla, montrant les forces soviétiques se scinder en deux après la conquête du village.
    • voir la légende ci-après
      Carte de la deuxième phase de la bataille de Salla, montrant la retraite au nord des troupes soviétiques battues àPelkosenniemi dans un premier temps, puis àKemijärvi ensuite.

    Plus au nord se trouve le seul port finlandais libre de glace dans l’Arctique,Petsamo. Les Finlandais manquent d’effectifs pour le défendre complètement, la ligne de front principale se trouvant sur l’isthme de Carélie, à l'autre bout du pays. Lors de labataille de Petsamo, la 104ᵉ division soviétique forte de milliers d'hommes attaque la 104ᵉ compagnie indépendante de couverture finlandaise et ses quelques centaines d'hommes. Dépassés par le nombre, les Finlandais abandonnent Petsamo et se concentrent sur des actions de guérilla pour retarder l'avancée soviétique. La région est sans arbres, venteuse et relativement plate, offrant peu de terrain défendable. Laquasi-obscurité permanente et les températures extrêmes de l’hiver lapon favorisent cependant les Finlandais, qui mènent des attaques contre les lignes de ravitaillement et les patrouilles soviétiques. En conséquence, les mouvements soviétiques sont arrêtés dans ce secteur par des forces finlandaises cinq fois moins nombreuses[150].

    Deuxième phase (février-)

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    Réorganisation soviétique et préparation de l'offensive

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    Photo noir et blanc de quatre officiers finlandais en uniforme assis et lisant des manuels de ski soviétiques avec un air détendu. Une pile de livres est posée devant eux sur une table, et une grande draperie représentant Joseph Staline est accrochée au mur au-dessus de leurs têtes.
    Des officiers finlandais inspectant des manuels de ski soviétiques saisis comme butin lors de labataille de Suomussalmi.

    Joseph Staline n’est pas satisfait des premiers résultats de la campagne de Finlande. L’Armée rouge est humiliée par des défaites infligées par des forces finlandaises sous-équipées et bien moins nombreuses. Dès la troisième semaine de la guerre, la propagande soviétique commence à justifier les échecs militaires en accusant le terrain difficile et le climat rigoureux, et en affirmant faussement que la ligne Mannerheim est plus forte que la ligne Maginot, ou encore que les Américains ont envoyé 1 000 de leurs meilleurs pilotes en Finlande. Cependant, les dirigeants Soviétiques doivent admettre la faible performance de l'Armée rouge, et les conséquences qui en découlent. Staline s’inquiète particulièrement de l’impact de cette déconvenue sur la réputation de l’Union soviétique à l'international[154]. À la fin du mois de décembre, les Soviétiques décident de réduire leurs objectifs stratégiques pour mettre un terme au conflit le plus vite possible[155].

    Le chef d’état-majorBoris Chapochnikov reçoit le contrôle total sur les opérations dans le théâtre finlandais, et il ordonne la suspension des assauts frontaux à la fin décembre.Kliment Vorochilov est remplacé parSemion Timochenko en tant que commandant des forces soviétiques dans la guerre le[156]. L’offensive soviétique, jusqu'ici menée tous azimut sur les 1 600 km de frontière, est recentrée sur l’isthme de Carélie. Timochenko etJdanov réorganisent et renforcent la coordination entre les différentes branches de l’Armée rouge et modifient lesdoctrines tactiques pour mieux s’adapter à la réalité du terrain[157].

    Les forces soviétiques sur l’isthme de Carélie sont divisées en deux armées : la7e et la13e armée. La7e armée, désormais commandée parKirill Meretskov, concentre 75 % de ses effectifs contre un segment de 16 km de la ligne Mannerheim, entre Taïpale et le marécage de Munasuo. La tactique est simple : ouvrir une brèche avec unfer de lance blindé, puis laisser l’infanterie et les véhicules l'élargir progressivement[158]. L’Armée rouge prépare son offensive en identifiant précisément les fortifications finlandaises de première ligne. La123e division de fusiliers répète ensuite l’assaut sur desmaquettes grandeur nature[158]. Les Soviétiques acheminent un grand nombre de nouveaux chars et de pièces d’artillerie vers le front. Les effectifs engagés contre la ligne Mannerheim passent de dix divisions à 25 ou 26, avec six ou sept brigades de chars et plusieurs compagnies de chars indépendantes en appui, pour un total de 600 000 soldats[157]. Le, l’Armée rouge lance sa vaste offensive, tirant 300 000 obus sur la ligne de défense finlandaise au cours des 24 premières heures de bombardement[159].

    Offensive dans l'isthme de Carélie

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    Photo noir et blanc d'un paysage, de nuit, avec de très nombreuses traînées lumineuses dans le ciel.
    Ciel nocturne du champ de bataille, illuminé par les tirs demunitions traçantes et par lesfusées éclairantes (ici dans le premier mois de la guerre).

    Bien que le front de l’isthme de Carélie soit moins actif en janvier qu’en décembre, les Soviétiques intensifient leurs bombardements, usant les défenseurs et affaiblissant leurs fortifications en prévision de l'offensive de février. Durant la journée, les Finlandais se réfugient dans leurs fortifications pour se protéger des tirs, et effectuent des réparations pendant la nuit. Cette situation conduit rapidement à une forteattrition chez ces derniers, qui perdent plus de 3 000 soldats dans cetteguerre de tranchées[160]. Les Soviétiques lancent également de petites attaques d’infanterie, impliquant une ou deux compagnies à la fois, afin de sonder les positions finlandaises. En raison de la pénurie de munitions, les batteries d’artillerie finlandaises reçoivent l’ordre de n’ouvrir le feu que contre des attaques terrestres directement menaçantes, laissant ainsi les reconnaissances s'effectuer assez facilement. Le, les Soviétiques lance leur barrage massif pour enfin briser la ligne de défense[159].

    Même si les Soviétiques ont affiné leurs tactiques et que le moral des troupes s’améliore, les généraux sont toujours prêts à accepter des pertes massives pour atteindre leurs objectifs. Les attaques soviétiques sont désormais couvertes par desécrans de fumée, un appui d’artillerie lourde et de blindés, mais l’infanterie charge toujours à découvert et en formations serrées[159]. Contrairement aux tactiques de décembre toutefois, les chars soviétiques avancent maintenant en petits groupes entourés de fantassins. Les Finlandais ne peuvent donc plus les détruire facilement en profitant de l'absence de couverture[161]. Après dix jours de bombardement ininterrompu, les Soviétiques réussissent une percée sur la partie occidentale de l’isthme de Carélie, lors de la seconde bataille de Summa[162].

    Le, les Soviétiques disposent d’environ 460 000 soldats, 3 350 pièces d’artillerie, 3 000 chars et 1 300 avions déployés sur le seul front de l’isthme de Carélie. L’Armée rouge continue en plus de recevoir des recrues après la percée de Summa[163]. Face à eux, les Finlandais alignent huit divisions, totalisant environ 150 000 hommes. Les bastions des défenseurs tombent les uns après les autres sous les assauts soviétiques, forçant les Finlandais à se replier. Le, Mannerheim autorise une retraite générale du2e corps (le flanc droit des Finlandais) vers une ligne de défense en retrait[164]. Sur le flanc gauche de l’isthme, les Finlandais poursuivent cependant leur résistance aux assauts soviétiques, parvenant à tenir leurs positions dans le secteur de Taïpale[165].

    Négociations de paix

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    Bien que la Finlande tente par tous les moyens de rouvrir les négociations avec Moscou pendant la guerre, les Soviétiques ne répondent pas avant janvier. Au début de ce mois, la communiste et espionne pro-soviétique finlandaiseHella Wuolijoki entre en contact avec le gouvernement finlandais. Elle propose d’établir un lien avec Moscou par l’intermédiaire de l’ambassadrice soviétique en Suède,Alexandra Kollontaï. Wuolijoki part pour Stockholm et rencontre Kollontaï en secret dans un hôtel. Le, Molotov met fin augouvernement fantoche de Terijoki et reconnaît le gouvernementRytiTanner comme gouvernement légitime de la Finlande, l’informant que l’URSS est disposée à négocier la paix[166],[167].

    Photo noir et blanc d'un bunker en ruines
    Bunker de la ligne Mannerheim, détruit par les Soviétiques.

    À la mi-février, il devient évident que les forces finlandaises approchent rapidement de l’épuisement, à mesure que les assauts de l'Armée rouge enfoncent la ligne Mannerheim. Du côté soviétique, il y a aussi un intérêt à mettre fin à la guerre : les pertes sont lourdes, la situation constitue une source d’embarras politique pour le régime, et le risque d’uneintervention franco-britannique — surestimé par les services de renseignement soviétiques en février et mars 1940 — inquiète Moscou[168]. Avec le dégel printanier imminent, les forces soviétiques risquent également de s’enliser dans les forêts sans pouvoir exploiter leurs percées récentes. Le, le ministre finlandais des Affaires étrangères, Väinö Tanner, arrive àStockholm et engage des négociations de paix avec les Soviétiques par l’intermédiaire des Suédois. Ignorant que des discussions sont en cours, des représentants allemands suggèrent le à la Finlande d’ouvrir des négociations avec l’Union soviétique[169]. L’Allemagne et la Suède souhaitent toutes deux mettre un terme à la guerre d’Hiver. Les Allemands redoutent de perdre lesmines de fer du nord de la Suède et menacent d’attaquer immédiatement le pays si la Suède accorde undroit de passage aux forces alliées qui interviendraient en Finlande. Le plan d’invasion allemand des pays scandinaves, nommé « Studie Nord », sera mis en œuvre avec quelques variations sous le nom d’opérationWeserübung, quelques mois plus tard[170].

    Alors que le gouvernement finlandais hésite face aux conditions sévères posées par Moscou, le roi de SuèdeGustave V fait une déclaration publique le, dans laquelle il confirme avoir refusé l’envoi de troupes suédoises demandées par la Finlande. Le, les conditions soviétiques de paix sont présentées en détail. Le, le gouvernement finlandais accepte ces conditions en principe et se dit prêt à entrer en négociations[171]. Les commandants de l’Armée rouge souhaitent cependant poursuivre la guerre, estimant que leurs troupes commencent à progresser contre les Finlandais, tandis que leParti communiste juge la guerre trop coûteuse et appelle à la signature immédiate d’un traité de paix. Le parti estime qu’il sera toujours possible de prendre le contrôle de la Finlande plus tard par la voie révolutionnaire. Le débat houleux qui s’ensuit ne permet pas de trancher, et la question est soumise au vote des dirigeants du pays. L’opinion du parti l’emporte, et la décision est prise de mettre un terme aux hostilités[172].

    Fin de la guerre

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    Une carte de l'isthme de Carélie au dernier jour de la guerre, qui montre les positions finales et les offensives des troupes soviétiques, désormais massivement renforcées. Elles ont pénétré à environ 75 kilomètres en territoire finlandais et sont sur le point de sortir de l'étroite bande de terrain que constitue l'isthme.
    Situation sur l’isthme de Carélie le, dernier jour de la guerre[173]
  • Corps finlandais (XXX) ou groupe côtier deKarl Lennart Oesch
  • Corps soviétiques (XXX) ou armées (XXXX)
  • Le, l’Armée rouge progresse de 10 à 15 km au-delà de la ligne Mannerheim et entre dans les faubourgs de Viipuri. Le même jour, elle établit une tête de pont sur la rive occidentale de labaie de Viipuri. Le, les Finlandais proposent unarmistice, mais les Soviétiques, souhaitant maintenir la pression sur le gouvernement finlandais, refusent l’offre. Une délégation finlandaise part alors pour Moscou via Stockholm et arrive le. Elle se dit déçue de constater l’absence de Staline aux négociations, probablement en raison de l’humiliation infligée à l’Armée rouge[174]. Les Soviétiques formulent alors de nouvelles exigences, leur position militaire étant à la fois forte et en voie d’amélioration[174].

    Le, la situation militaire de la Finlande sur l’isthme de Carélie est critique : les troupes subissent de lourdes pertes, les munitions d’artillerie sont épuisées, et l’usure du matériel devient problématique. Le gouvernement finlandais comprend que l’expédition militaire franco-britannique tant espérée n’arrivera pas à temps ou pas du tout, la Norvège et la Suède ayant refusé le droit de passage auxAlliés. Il ne reste alors guère d’autre choix que d’accepter les conditions soviétiques[175]. Le président finlandaisKyösti Kallio résiste initialement à l’idée d’abandonner une quelconque portion du territoire national à l’Union soviétique, mais finit par accepter de signer letraité de paix de Moscou[176].

    Photo couleur de deux militaires en tenue blanche, allongés dans la neige, l'un tenant une mitrailleuse.
    Soldats finlandais avec leur mitrailleuseLahti-Saloranta M/26 sur la côte de labaie de Viipuri en 1940.

    Traité de Moscou

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    Article détaillé :Traité de Moscou (1940).
    Une carte montre que les Finlandais ont cédé une petite partie de la péninsule de Rybachy et une partie de Salla en Laponie finlandaise ; ainsi qu'une portion de la Carélie, des îles du golfe de Finlande au sud, et un bail sur la péninsule de Hanko au sud-ouest.
    Concessions territoriales de la Finlande à l’Union soviétique, en rouge

    Le traité de Moscou est signé le. Uncessez-le-feu entre en vigueur le lendemain à midi, heure deLéningrad, soit 11 h à Helsinki[177].

    Selon les termes de l’accord, la Finlande cède l’isthme de Carélie et la majeure partie de la Carélie du Ladoga à l'URSS. La région comprendViipuri (deuxième ville de Finlande la plus peuplée du pays[178]), une grande part du territoire industrialisé, ainsi que des zones encore tenues par l’armée finlandaise. Au total, ces territoires représentent environ 9 % du territoire national[179] (environ 25 000 km2, 25 fois plus que les demandes soviétiques originales)[125]. Les actifs économiques cédés correspondent à 13 % de l’économie finlandaise[179]. Environ 12 % de la population, soit entre 422 000 et 450 000 Caréliens,sont évacués et perdent leur foyer[180],[181].

    La Finlande cède également une partie de la région deSalla, lapéninsule de Rybatchi sur lamer de Barents, ainsi que quatre îles dans le golfe de Finlande. Lapéninsule de Hanko est louée à l’Union soviétique pour une durée de 30 ans afin d’y établir une base militaire. En revanche, la région de Petsamo, conquise par l’Armée rouge durant le conflit, est rendue à la Finlande[182]. Les zones cédées par la Finlande sont finalement bien plus importantes que celles demandées par l'URSS avant la guerre[183],[27],[32].

    Guerre aérienne

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    Aviation soviétique

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    L’URSS bénéficie de lasupériorité aérienne durant toute la guerre, et va effectuer environ 44 000 sorties durant le conflit[184]. Laforce aérienne soviétique, qui soutient l’invasion de l’Armée rouge avec environ 2500 appareils — dont le plus courant est leTupolev SB —, ne se révèle toutefois pas aussi efficace que les Soviétiques l’espèrent. Les dégâts matériels causés par les bombardements sont limités, car la Finlande offre peu d’objectifs valables pour unbombardement stratégique. La ville deTampere constitue l’une des cibles les plus importantes, en tant que nœud ferroviaire majeur, et parce qu’elle abrite les installations de la fabrique nationale d’avions ainsi que celles de lafabrique de lin et d’armes de Tampere qui produisent desmunitions et des armes, notamment deslance-grenades, mais les objectifs sont souvent de simples dépôts de village sans grande valeur militaire[185]. La Finlande ne dispose que de très peu de routes modernes à l’intérieur du territoire ; en conséquence, lesvoies ferrées deviennent les cibles principales des bombardiers soviétiques. Toutefois, même si elles sont coupées à des milliers de reprises, les Finlandais les réparent rapidement, et le service reprend généralement en quelques heures seulement[186]. L’aviation soviétique adopte cependant des tactiques plus efficaces à partir de la fin février[184].

    Photo noir et blanc de maisons en ruines avec des passants à côté.
    Ruines dans le quartier Havi de Viipuri, le.

    Le plus important bombardement de la capitale finlandaise,Helsinki, a lieu le premier jour de la guerre. Par la suite, la ville est frappée plus rarement. Au total, les bombardements soviétiques entraînent une perte de 5  % de la production horaire nationale en Finlande. Néanmoins, ces attaques aériennes touchent des milliers de civils et font 957 morts en 2 075 attaques dans 516 localités[187]. Viipuri, objectif soviétique majeur situé à proximité du front de l’isthme de Carélie, est presque rasée par près de 12 000 bombes[188]. Aucune attaque contre des cibles civiles n’est mentionnée dans les bulletins radio ou les journaux soviétiques. En, laPravda continue d’affirmer faussement qu’aucune cible civile n’a été atteinte en Finlande, même par erreur[189].

    Aviation finlandaise

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    Photo noir et blanc d'un bombardier finlandais ravitaillé manuellement par six soldats sur une base aérienne installée sur un lac gelé.
    En, un bombardier finlandaisBristol Blenheim Mk. IV du44e escadron est ravitaillé sur une base aérienne installée sur un lac gelé àTikkakoski. Sur le fuselage figure la croix gammée, emblème de l’Armée de l’air finlandaise adopté en 1918. Malgré sa ressemblance avec le symbole nazi, il s’agit du signe personnel d’Eric von Rosen, donateur du premier avion de l’armée de l’air.

    Au début du conflit, la Finlande dispose d’une petite force aérienne, avec seulement 114 avions de combat opérationnels et généralement obsolète, dont seulement 16 bombardiers[101]. Les missions sont limitées en conséquence, et lesavions de chasse servent principalement à intercepter les bombardiers ennemis. Les quelques bombardements stratégiques menés remplissent également une fonction dereconnaissance militaire. En raison du nombre limité d’appareils et de leur vétusté, le soutien apporté aux troupes au sol reste faible. Malgré les pertes subies, le nombre d’aéronefs en service au sein de l’armée de l’air finlandaise augmente de plus de 50 % au cours de la guerre[190], à mesure que la Finlande reçoit des avions en provenance du Royaume-Uni, de France, d’Italie, de Suède et des États-Unis[191].

    Les pilotes finlandais font face à des conditions extrêmement difficiles. Une base aérienne avancée typique se limite souvent à un lac gelé, unemanche à air, une ligne téléphonique et quelques tentes. Les alertes aériennes sont assurées par les femmes de l’organisationLotta Svärd[192]. Les pilotes de chasse doivent souvent engager leurs appareils hétéroclites contre des formations soviétiques très supérieures en nombre, parfois selon des rapports de 10 contre 1, voire 20 contre 1. Ils revendiquent malgré tout 200 victoires aériennes sur des avions soviétiques, pour un total de 62 pertes, toutes causes confondues[193]. L’artillerie antiaérienne finlandaise détruit plus de 300 appareils ennemis[193]. Le meilleur pilote de chasse finlandais du conflit estJorma Sarvanto (en), qui obtient 12,83 victoires confirmées (unevictoire aérienne peut-être divisée entre plusieurs pilotes, ce qui explique ce chiffre non entier). Il augmentera son tableau de chasse au cours de laguerre de Continuation.

    Guerre navale

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    Opérations navales

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    Il y a peu d'activité navale durant la guerre d’Hiver, à la fois en raison des conditions météorologiques mais aussi en raison de la nature des forces en présence. Lamer Baltique commence à geler à la fin du mois de décembre, ce qui entrave les déplacements desnavires de guerre ; au cœur de l’hiver, seuls lesbrise-glaces et lessous-marins peuvent encore naviguer[194].

    Laflotte soviétique de la Baltique est avant tout une force dedéfense côtière, dépourvue de la formation, de la structure logistique et desembarcations de débarquement nécessaires pour mener desopérations amphibie d’envergure. Elle dispose de deuxcuirassés, d’uncroiseur lourd, d’environ vingtdestroyers, de cinquantevedettes lance-torpilles, de cinquante-deuxsous-marins et d’autres navires divers. Les Soviétiques utilisent pour leurs opérations limitées les bases navales dePaldiski,Tallinn etLiepāja, dans les pays baltes[194].

    Lamarine finlandaise est elle aussi une force de défense côtière, avec deuxnavires côtiers, cinq sous-marins, quatrecanonnières, sept vedettes lance-torpilles, unmouilleur de mines et sixdragueurs de mines, ainsi qu’au moins cinqbrise-glaces. Les deux navires côtiers, leIlmarinen et leVäinämöinen ne vont pas naviguer de la guerre, puisqu'ils sont transférés dans le port deTurku, où ils renforcent la défense antiaérienne. Leurs canons abattent une poignée d'avions au-dessus de la ville, et les navires y restent stationnés jusqu’à la fin de la guerre d'Hiver[107]. Le, le brise-glace armé finlandaisTarmo est gravement endommagé àKotka, touché par deux bombes larguées par un bombardier soviétique, causant la mort de 39 militaires finlandais. Outre sa mission de défense côtière, la marine finlandaise protège les navires marchands dans la Baltique[195].

    En réponse, les avions soviétiques bombardent les navires et ports finlandais, et larguent desmines navales sur lesroutes maritimes du pays. Néanmoins, seuls cinq vaisseaux marchands finlandais sont perdus à cause de ces attaques[196].

    Artillerie côtière

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    Les batteries d’artillerie côtière finlandaises sont la principale défense des ports importants et des bases navales du pays. La plupart des batteries datent de la période impériale russe, avec des canons de 152 mm. La Finlande tente toutefois de moderniser ses anciens canons et installe plusieurs batteries nouvelles, dont la plus importante est une batterie de 305 mm située sur l’île deKuivasaari, en face d’Helsinki, initialement conçue pour bloquer l'accès dugolfe de Finlande aux navires soviétiques grâce à la coopération des batteries situées du côté estonien, dans les années 1930[197].

    Photo noir et blanc d'un canon immense sur une plateforme bétonnée
    Canon côtier de 234 mm, sur l’île deRussarö avant la guerre d'Hiver.

    Le premier affrontement côtier de la guerre a lieu dans le golfe de Finlande le, près de l’île deRussarö, à 5 km au sud deHanko. Ce jour-là, le temps est clair et la visibilité excellente. Les Finlandais repèrent donc le croiseur soviétiqueKirov accompagné de deuxdestroyers. Lorsque les navires se trouvent à une distance de 24 km, les Finlandais ouvrent le feu avec quatre canons côtiers de 234 mm. Après cinq minutes de tir, le croiseur est endommagé par des tirs manqués de peu et se replie. Les destroyers ne subissent aucun dommage, mais leKirov compte 17 morts et 30 blessés. L'emplacement des batteries côtières finlandaises étaient déjà bien connu des Soviétiques avant la guerre, mais leur portée lors de cet engagement est une surprise[198].

    L’artillerie côtière exerce paradoxalement un effet plus marqué dans les combats terrestres en coopérant avec l’artillerie de l’armée. Deux ensembles d’artillerie côtière jouent un rôle important dans les premières batailles sur l’isthme de Carélie et en Carélie du Ladoga, en se trouvant respectivement à Kaarnajoki, dans l’est de l’isthme, et à Mantsi, sur la rive nord-est du lac Ladoga. La forteresse deKoivisto offre également un soutien important aux forces terrestres depuis la côte sud-ouest de l’isthme[199].

    Soutien étranger à la Finlande

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    Article détaillé :Soutien étranger à la Finlande durant la guerre d'Hiver.

    Volontaires étrangers

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    Photo noir et blanc de deux skieurs en combinaison blanche, avec un énorme fusil suspendu dans le dos.
    Volontaires suédois armés dufusil antichar britanniqueBoys

    L’opinion publique internationale soutient largement la cause finlandaise, et l’attaque soviétique est généralement considérée comme injustifiée. La Seconde Guerre mondiale qui a débuté quelques mois plus tôt n’affecte pas encore directement la France, le Royaume-Uni (deux pays qui sont encore dans la phase de ladrôle de guerre) ou les États-Unis. La guerre d’Hiver constitue donc pratiquement le seul conflit actif en Europe à ce moment et attire une attention mondiale considérable. Plusieurs organisations étrangères envoient de l’aide matérielle, et de nombreux pays accordent des crédits et du matériel militaire à la Finlande. L’Allemagne nazie autorise initialement le transit d’armes sur son territoire à destination de la Finlande mais, après la révélation de cette information par un journal suédois,Adolf Hitler adopte une politique de silence à l’égard de la Finlande, dans le cadre du rapprochement germano-soviétique consécutif auPacte germano-soviétique, signé à la fin de l'été 1939[200].

    La Finlande bénéficie aussi du soutien de combattants étrangers. Le contingent de volontaires le plus important de la guerre provient de la Suède voisine, qui fournit près de 8 760 hommes durant le conflit. Lecorps de volontaires est majoritairement composé de Suédois, mais comprend également 1 010 Danois et 727 Norvégiens. Ces troupes combattent sur le front nord àSalla durant les derniers jours de la guerre. Une unité aérienne suédoise équipée deGloster Gladiator, le « 19e régiment aérien », participe également au conflit. Des batteries antiaériennes de volontaires suédois dotés decanons Bofors de 40 mm assurent également la défense aérienne dans le nord de la Finlande et dans la ville deTurku[201].

    Photo noir et blanc d'un groupe d'hommes sur un bateau, brandissant les drapeaux finlandais et américains.
    Arrivée des premiers volontaires finno-américains en Finlande le.

    Des volontaires arrivent aussi deHongrie, d’Italie et d’Estonie. Trois cent cinquante citoyens américains d’origine finlandaise s’engagent, ainsi que 210 volontaires d’autres nationalités, avant la fin du conflit[201]. Au total, la Finlande accueille 12 000 volontaires étrangers, dont 50 trouvent la mort au combat[202]. Le NorvégienMax Manus combat dans la guerre d’Hiver avant de retourner enNorvège, où il se distingue plus tard comme résistant durant l’occupation allemande de la Norvège. L’acteur britanniqueChristopher Lee se porte volontaire et est présent en Finlande pendant les deux dernières semaines de la guerre, sans toutefois participer aux combats[203].

    Photo noir et blanc de militaires au garde à vous et en rang, avec deux officiers devant eux et des bateaux derrière.
    Volontaires hongrois s'apprêtant à quitter la Finlande après la fin de la guerre.

    Russes blancs et prisonniers de guerre

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    Article connexe :Russes blancs.

    La Finlande refuse officiellement les propositions d’aide de l’Union générale des combattants russes (russe :Русский Общевоинский Союз, désignée par son acronyme ROVS), une organisation anti-soviétique. Toutefois, en, Mannerheim accepte finalement la création d’un petit détachement russe (nomméRusskaïa narodnaïa armiïa, RNA, pour« armée populaire russe ») de 200 hommes, après avoir rencontré en personneBoris Bajanov, un membre haut placé de la ROVS. Ce projet, considéré commehautement confidentiel, est placé sous la responsabilité de la division du renseignement de l’état-major de l’armée finlandaise[204].

    Photo colorisée d'un homme en tenue militaire, avec un bandeau ensanglanté sur la tête, l'air visiblement frigorifié et avec un regard vide.
    Prisonniers de guerre soviétiques àRovaniemi le. Les trois hommes portent des uniformes finlandais, plus adaptés aux conditions extrêmes ducercle polaire.

    Les rangs de la RNA doivent être constitués deprisonniers de guerre, mais l’encadrement est confié à desémigrés blancs, les officiers soviétiques capturés étant jugés peu fiables. Le représentant en Finlande la ROVS, Fedor Choulgine, sélectionne pour ce commandement plusieurs anciens officiers blancs exilés : le capitaine Vladimir Kisselev, les lieutenants Vladimir Lougovskoï, et Anatoli Boudianski ainsi que les frères Nikolaï et Vladimir Bastamov. Parmi les cinq, les frères Bastamov sont les seuls à ne pas être citoyens finlandais, mais possèdent unpasseport Nansen. Les prisonniers de guerre recrutés dans la nouvelle unité sont formés àHuittinen, bien qu’il soit possible que certains reçoivent également une instruction àLempäälä[204].

    La RNA ne prend toutefois jamais part aux combats, malgré les affirmations ultérieures de Boris Bajanov dans ses mémoires. Environ 35 à 40 de ses membres sont présents àRuskeala au début de, où ils distribuent des tracts et diffusent de la propagande à l’intention des troupes soviétiques encerclées, mais sans être armés. Les hommes sont ensuite arrêtés par les forces finlandaises, qui les prennent à tort pour des infiltrés soviétiques. À l’issue du conflit, Bajanov est sommé de quitter immédiatement la Finlande, ce qu’il fait. L’historien militaire finlandais Carl-Fredrik Geust estime que la plupart des membres de la RNA recrutés parmi les prisonniers de guerre sont exécutés après avoir été renvoyés en Union soviétique à la fin de la guerre. Par ailleurs, Vladimir Bastamov est extradé par la Finlande vers l’Union soviétique en, et est condamné à vingt ans de travaux forcés. Il est libéré après lamort de Staline et retourne en Finlande en[204].

    Intervention franco-britannique

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    Article détaillé :Plans franco-britanniques pour une intervention dans la guerre d'Hiver.
    Une carte montrant que les Alliés envisageaient deux routes pour atteindre la Finlande : via Petsamo, occupé par les Soviétiques, ou via Narvik en Norvège neutre.
    Le soutien franco-britannique est conditionné au libre passage des troupes parNarvik enNorvège et enSuède, toutes deux neutres, plutôt que par la voie difficile dePetsamo, occupée par les Soviétiques.

    La France est l’un des premiers soutiens de la Finlande pendant la guerre d’Hiver. Elle voit dans ce conflit une opportunité d’affaiblir les importations de ressources de l’Allemagne. Elle souhaite également déplacer le conflit vers une zone éloignée d’Europe plutôt que de le subir sur son propre sol. Paris envisage de réarmer lesunités polonaises en exil et de les acheminer vers le port arctique de Petsamo. Un autre projet consiste en une attaque aérienne massive, avec la coopération de la Turquie, contre lesgisements pétrolifères soviétiques dans leCaucase[205].

    Le Royaume-Uni, de son côté, souhaite lui aussi bloquer le flux de minerai de fer en provenance des mines suédoises, qui représentent jusqu’à 40 % des besoins allemands en fer[205]. La question est soulevée dès le par l’amiral britanniqueReginald Drax, et abordée dès le lendemain parWinston Churchill au sein ducabinet de guerre deChamberlain[206]. Le, Churchill estime que les Britanniques doivent s’implanter enScandinavie pour venir en aide aux Finlandais, sans toutefois entrer directement en guerre contre l’Union soviétique[207]. Dès le mois de décembre, en raison de la forte dépendance de l’Allemagne vis-à-vis du minerai suédois, Hitler avertit le gouvernement suédois que la présence de troupes alliées sur son sol entraînerait une invasion immédiate par l’Allemagne[208].

    Le, leprésident du Conseil françaisÉdouard Daladier présente son plan de déploiement à Petsamo à l’état-major et au cabinet de guerre. Ce dernier établit un lien stratégique entre le conflit finlandais et les ressources minières de la Suède[207]. Le risque est que la Finlande passe sous hégémonie soviétique, et que l’Allemagne nazie occupe alors la Norvège et la Suède. Ces deux puissances pourraient ainsi se partager la Scandinavie et ses ressources, comme elles l’ont fait avec la Pologne. La motivation principale de la France et du Royaume-Uni pour une potentielle intervention en Europe du Nord est donc d’affaiblir la capacité militaire de l’Allemagne, plutôt que de sauver la Finlande[209].

    Le, le Comité de coordination militaire entre les deux pays se réunit à Londres, et deux jours plus tard, le plan français est officiellement présenté[209]. LeConseil suprême interallié décide d’adresser des notes à la Norvège et à la Suède le, pour leur demander d’aider la Finlande et d’autoriser le passage des troupes alliées sur leurs sols. Les deux pays rejettent la demande le[208]. En réponse, les Alliés formulent un nouveau plan, fondé sur une résolution de laSociété des Nations pour justifier leur passage. Les troupes doivent débarquer àNarvik, puis rejoindre la Finlande par chemin de fer en traversant les zones minières suédoises. Cette demande est transmise le, mais elle est également rejetée six jours plus tard[210].

    Malgré ces refus, les Alliés élaborent un plan final le. Selon ce scénario, les Finlandais doivent d’abord formuler une demande officielle d’assistance. Ensuite, les Alliés solliciteront la Norvège et la Suède pour le passage des « volontaires » sur leur territoire. Enfin, afin de sécuriser la ligne de ravitaillement face à une éventuelle attaque allemande, des troupes alliées débarqueront àNamsos,Bergen etTrondheim. L’opération prévoit le déploiement de 100 000 soldats britanniques et 35 000 soldats français, accompagnés d’un soutien naval et aérien. Les convois de ravitaillement doivent appareiller le et les débarquements débuter le[211]. La fin de la guerre d'Hiver, le, entraîne l’abandon définitif des plans franco-britanniques de déploiement en Scandinavie du Nord[212].

    Analyse militaire

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    Adaptabilité de l'Armée rouge

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    Photo noir et blanc d'hommes en uniforme d'hiver réunis autour d'un drapeau finlandais tendu entre eux.
    Photo de propagande de troupes soviétiques exhibant un drapeau finlandais capturé, en.

    L'analyse des performances de l'Armée rouge durant la guerre d'Hiver, aussi bien par les contemporains que par les historiens, s'est concentrée sur les piètres performances des premières semaines de la guerre. Il a fallu attendre plusieurs décennies avant que l'adaptation rapide de l'armée soviétique face aux difficultés qu'elle a rencontré en Finlande ne soit soulignée.

    Dans la première phase de la guerre, l'URSS subit des défaites aussi inattendues qu'humiliantes, àTolvajärvi ou sur laroute de Raate[158]. Le rythme de l'offensive soviétique est bien plus lent que prévu, et les pertes sont extrêmement lourdes (près de 70 % dans plusieurs divisions à la fin décembre)[158]. Les causes en sont multiples. Premièrement, la préparation logistique de l'Armée rouge a été insuffisante :Nikolaï Voronov, chargé d'organiser l'approvisionnement de l'artillerie avant la guerre, reçoit l'ordre de ne prévoir que douze jours de munitions en accord avec les prévisions optimistes de l'époque[158]. Également, les troupes sont massivement impréparées à la guerre en milieu arctique : aucun entraînement au ski ou au combat en forêt, pas de camouflage blanc pour les véhicules et les troupes, pas de tentes adaptées et des rations avec unapport calorique trop faible pour compenser les effets du froid extrême[213]. Deuxièmement, l'Armée rouge cherche à mettre en œuvre la doctrine soviétique de labataille en profondeur, basée sur des percées blindées profondes dans l'arrière-pays ennemi. Pensée pour l'Europe de l'Est et appliquée en Pologne, cette doctrine se révèle absolument incompatible avec le terrain finlandais, en raison notamment de l'absence de réseau routier développé[214]. Également, l'URSS s'est engagée dans la guerre d'Hiver sans être suffisamment renseignée sur son ennemi, sur le terrain ou même sur la ligne Mannerheim. Cette lacune est particulièrement préjudiciable pour l'efficacité de l'appui de l'artillerie ou de l'aviation[215]. Les soldats soviétiques engagés contre la Finlande sont principalement des Polonais ou des Ukrainiens, habitués aux terrains plats et ouvert de leur région d'origine, et qui sont donc déstabilisés par les forêts profondes qu'ils rencontrent[215]. En outre, le manque depolitisation du soldat soviétique moyen l'empêche généralement de comprendre l'utilité de la guerre dans laquelle il est engagé[215]. Plus grave, la double chaîne de commandement de l'Armée rouge (avecofficiers politiques et officiers militaires) aboutit à un système trop rigide pour s'adapter aux réalités imprévues du terrain, résultant donc en une avancée lente, sans prise d'initiative au niveau individuel[213].

    Photo noir et blanc montrant une masse de cadavres entremêlés et partiellement recouverts par la neige.
    Cadavres gelés de troupes soviétiques durant la guerre d'Hiver.

    Malgré des performances très mauvaises dans les premières phases de la guerre, l'Armée rouge montre tout de même une grande capacité d'adaptation au cours du conflit[216]. Premièrement, les Soviétiques adaptent leurs objectifs stratégiques en abandonnant leur but initial de détruire l'armée finlandaise pour s'en tenir aux objectifs territoriaux limités revendiqués en public par Staline, acceptant ainsi le maintien d'une Finlande indépendante et souveraine[217]. L'Armée rouge se résout ensuite à abandonner ses ambitions de grandes manœuvresinterarmes pour se concentrer sur la percée de la ligne Mannerheim grâce à la masse brute des hommes et des armes dont elle dispose, dans une stratégie globale d'attrition[217].Semion Timochenko résume ainsi sa nouvelle doctrine[158] :

    Dans une attaque frontale, aucun ennemi ni aucune combinaison d'ennemis ne peut espérer rivaliser avec nous. En menant une succession d'attaques directes, nous le contraindrons à perdre du sang, c'est-à-dire à perdre quelque chose dont il dispose en moins grande quantité que nous. Bien sûr, nous subirons également d'énormes pertes, mais en temps de guerre, il ne faut pas compter ses propres pertes, mais celles de l'ennemi.

    Photo couleur d'un soldat en tenue blanche, couché derrière un bouclier posé sur des skis, au sol
    Bouclier individuel monté sur de petits skis, distribués aux soldats soviétiques avant l'offensive contre la ligne Mannerheim[218].

    L'URSS réorganise également sa logistique, notamment en construisant des routes vers l'isthme de Carélie, et en rationalisant l'approvisionnement des petites unités directement sur le front plutôt qu'en déléguant cette tâche aux divisions[219]. Le gouvernement pousse aussi l'industrie du pays à produire massivement des rations déshydratées, plus simple à transporter que la nourriture fraîche de la première phase de la guerre[219]. Les troupes soviétiques disposent également de nouveaux équipements : le nombre de charsT-34 etKV est augmenté, les fantassins comme les véhicules sont désormais camouflés en blanc, etc.[220]

    Le moral des troupes est amélioré par les officiers politiques, qui exaltent le patriotisme et le nationalisme en appelant les soldats à se venger des piètres performances des débuts[219]. La distribution de 3500 médailles pour bravoure et d'une ration quotidienne de 100 grammes de vodka améliore également le moral[219]. De l'autre côté du spectre des moyens de motivation, des exécutions sont également organisées pour désertion et incompétence, jusque dans les échelons supérieurs des divisions impliquées dans ladéfaite de Suomussalmi[221].

    Enfin, l'Armée rouge s'adapte au niveau tactique. Elle pallie ses lacunes de reconnaissance de la ligne Mannerheim jusqu'à réussir à cartographier 75 % des positions fortifiées finlandaises pour les bombarder ensuite[222]. Cette recrudescence de bombardements efficaces permet d'épuiser les défenseurs Finlandais en janvier avant de passer à l'offensive[222].Semion Timochenko ordonne également de placer dans chaque unité d'infanterie un observateur d'artillerie pour diriger les tirs plus efficacement lors des assauts[223]. Ces changements permettent aux Soviétiques de disposer d'unappui-feu plus flexible, précis et contrôlé[223]. Le nombre de coups au but et le type d'obus requis est également précisé aux commandants d'artillerie, toujours dans le but d'augmenter l'efficacité des frappes[223]. Timochenko clarifie également la chaîne de commandement de ses troupes pour dépasser les difficultés et la rigidité de la première phase et encourager les prises d'initiative[224]. Enfin, l'état-major de Timochenko produit en à peine deux semaines un nouveau manuel d'assaut destiné aux armées de l'isthme de Carélie[225]. En accord avec cette nouvelle doctrine, l'Armée rouge va utiliser pour attaquer la ligne Mannerheim des petits détachementsinterarmes composés d'unesection d'infanterie soutenue par des mitrailleuses et des chars ainsi qu'un feu d'artillerie roulant et des troupes du génie, ces divers éléments communicant tous par radio[225]. De cette façon, le génie dégage la voie des chars qui sont protégés par l'infanterie, et l'ensemble peut atteindre les défenses finlandaises grâce à l'appui blindé[225].

    Photo noir et blanc de plusieurs militaires en tenue blanche, camouflés dans la neige d'une forêt.
    Soldats soviétiques durant labataille de Moscou à l'hiver 1941. Les combinaisons blanches et l'usage de ski visibles sur cette image sont autant de nouveautés implémentées durant la guerre d'Hiver

    L'ampleur des adaptations soviétiques a été remarquée par les Finlandais durant le conflit, mais largement ignorée par les observateurs contemporains et les historiens qui ont traité le sujet ultérieurement. Parmi les contemporains, l'état-major allemand ne révise pas son évaluation militaire du, pointant l'inexpérience du leadership de l'Armée rouge et les failles de la première phase de la guerre[158]. L'évaluation négative de la performance soviétique par les Allemands est l'une des causes conduisant à l'échec de l'opérationBarbarossa, durant l'hiver 1941 au cours duquel l'Armée rouge applique les leçons apprises en Finlande[158],[216].

    Tactiques défensives finlandaises

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    Photo colorisée de soldats en tenue d'hiver en train de tendre une sorte de lance-pierre géant.
    Soldats finlandais en train de tester un lance-grenade artisanal durant la guerre d'Hiver.

    L'historiographie de la guerre d'Hiver se concentre principalement sur les réussites militaires de l'armée finlandaise, malgré sa défaite finale. Initialement surclassée dans tous les domaines par leur adversaire, les troupes finlandaises n'en ont pas moins remporté de retentissants succès, qui ont particulièrement nui au prestige de l'Armée rouge. Ces bons résultats ont été obtenus sur des fronts et dans des contextes très différents en raison de la nature du terrain : l'isthme de Carélie et les régions au nord du lac Ladoga[226]. Mais dans les deux cas, ils s'expliquent par une totale adaptation des Finlandais aux moyens et aux terrains dont ils disposent[226].

    Dans l'isthme de Carélie, les défenses finlandaises ont été renforcées car la région est faiblement boisée, dispose de routes plus nombreuses qu'ailleurs, et est proche de la frontière soviétique[226]. Mais l'omniprésence de lacs et de marais canalise toute force attaquante vers des points faciles à défendre, ce qui a généré un conflit proche dufront de l'Ouest de laPremière Guerre mondiale et de saguerre de tranchée caractéristique[226]. Pour défendre la ligne Mannerheim, les Finlandais emploient d'abord une« force de couverture » chargée de sécuriser une zone tampon entre la frontière et la ligne de défense et de ralentir au maximum l'avancée de l'Armée rouge. Pour cela, les Finlandais installent des champs de mines et de pièges divers (y compris dans des lacs pour faire sauter la couche de glace), dynamitent ou brûlent des villages entiers pour empêcher les envahisseurs de s'y abriter, etc. Cette campagne joue également sur un aspect psychologique. Les troupes de couverture harcèlent les unités de l'Armée rouge via desescarmouches et des tirs desniper, empoisonnent les puits ou posent des pièges dans descongères pour qu'ils explosent à hauteur de poitrine en étant déclenché par des fils. Les Finlandais utilisent également des mines antichar en bois qui ne peuvent pas être détectées et forcent donc l'infanterie à avancer lentement devant les chars en sondant le sol avec des bâtons[226]. Cependant, le manque d'armement antichar apparaît très rapidement comme un défaut majeur de la préparation finlandaise, qui va contraindre les soldats à improviser, par exemple en assemblant plusieurs grenades ensemble[125]. Après le retrait de la force de couverture sur la ligne Mannerheim, une phase de guerre de tranchée s'engage. Les défenses finlandaises reposent principalement sur l'environnement : il y a peu de chemins permettant d'arriver sur les positions de la ligne de défense, et ceux-ci sont donc surveillés étroitement et piégés. Certaines zones ont été spécialement déboisées au préalable pour guider les Soviétiques vers des positions fortifiées dissimulées et des zones de tirs d'artillerie prédéfinies[125]. Les obstacles sont donc nombreux pour les chars soviétiques : lacs, marais, obstacles antichars en pierre ou en bois, puis zone de tir d'artillerie avant d'arriver à des tranchées occupées par des défenseurs capables de charges quasi suicidaires pour éliminer les blindés[125]. Le manque de coordination lors des assauts soviétiques durant la première phase de la guerre permet aux Finlandais d'éliminer l'infanterie avec les mitrailleuses, pour ensuite se concentrer sur les chars, après avoir séparé les deux éléments de l'assaut grâce à des barrages d'artillerie[125]. De cette manière, ils gagnent du temps et en profitent pour construire ou renforcer d'autres lignes de défense derrière la ligne Mannerheim[125]. Cependant, ces défenses ne connaissent pas le même succès que la ligne principale : la ligne Mannerheim tient 78 jours, tandis que la deuxième ligne de défense n'en tient que 12[125].

    Photo couleur de trois grenades de tailles différente et d'une bouteille.
    Equipement explosif finlandais de la guerre d'Hiver. De gauche à droite : une charge de démolition utilisée contre les chars, unegrenade à main, unegrenade à manche et uncocktail Molotov. Ce dernier n'utilise pas le système d'allumage avec un chiffon, commun actuellement. À la place, des allumettes placées sur les côtés enflammaient à l'impact le mélange d'alcool, kérosène, goudron et chlorate de potassium contenu dans la bouteille[227].

    Ailleurs que sur l'isthme de Carélie, les troupes finlandaises vont déployer d'autres tactiques pour résister. Cette fois, les régions de Carélie du Ladoga et les zones plus au nord sont densément boisées et traversées par peu de routes. Cependant, la région du lac Ladoga avait déjà été identifiée lors deKriegspiels dans les années 1930 comme une« porte de derrière » pouvant permettre de contourner la ligne Mannerheim. C'est pourtant dans cette région et face à des forces soviétiques bien plus nombreuses que prévu que la Finlande va remporter ses premières vraies victoires[228]. Grâce à leur connaissance du terrain et des conditions, les troupes à ski finlandaises peuvent« disséquer » de larges formations soviétiques en petitsmotti et ainsi infliger des pertes totalement déséquilibrées à leurs adversaires. Ce genre d'opérations se découpe typiquement en trois phases[229]. Premièrement, les Finlandais immobilisent une unité adverse en la prenant sous son feu puis l'encercle. Des attaques de soldats à skis sont ensuite menés sur des points identifiés précédemment afin de diviser l'unité en petitsmottis. Dernièrement, les Finlandais anéantissent les plus petits encerclements, et laissent la faim et le froid faire leur effet sur les plus importants[229]. Cette façon de faire a été particulièrement employée avec des effets dévastateurs lors desbatailles de Suomussalmi et de laroute de Raate, ainsi que sur le front duKemijoki[229].

    Conséquences

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    Finlande

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    Pertes humaines et matérielles

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    Journée du« souvenir des héros » àJoensuu, le.

    Les 105 jours de la guerre d'Hiver ont un effet profond en Finlande. Le soutien international reste minimal et arrive trop tard pour peser, notamment en raison du blocus allemand qui empêche la majorité des livraisons d’armement[230]. Après la guerre, la situation de l’armée finlandaise sur l’isthme de Carélie fait l’objet de débats dans le pays pour savoir si la Finlande aurait pu résister à une prolongation des combat pour retarder encore un peu plus l'Armée rouge, mais les estimations de la résistance varient entre quelques jours et quelques semaines[231],[232], ou mois au maximum[233].

    Le bilan humain officiel donné par Helsinki est de 19 576 morts[234]. Des estimations plus modernes données en 2005 portent ce bilan à 25 904 morts et 43 557 blessés identifiés[note 2]. Le nombre de soldats finlandais faitsprisonniers de guerre est estimé entre 800 et 1100, dont environ 10 à 20 % meurent en détention[235]. En tout, l'URSS rapatrie 847 ressortissants finlandais après le traité de Moscou[235]. Les bombardements aériens soviétiques tuent également 957 civils[187]. Sur le plan matériel, l'armée finlandaise perd entre 20 et 30 chars, 62 avions et toute la flottille du Ladoga (cédée à l'URSS en vertu du traité de paix à la fin de la guerre)[193].

    Les évacués des territoires conquis par l'URSS fondent un groupe d’intérêt, la Ligue carélienne, afin de défendre les droits et les intérêts des Caréliens, et de chercher un moyen derécupérer les régions cédées à l’Union soviétique[236]. La Finlande souhaite pour cela une nouvelle guerre, principalement à cause de l'échec du processus diplomatique qui a précédé la guerre d'Hiver et dans lequel laSociété des Nations et la neutralité nordique ont démontré leur inefficacité[237]. L'objectif du pays est avant tout de récupérer les territoires perdus avec le traité de Moscou et, selon l’évolution de l’invasion allemande de l'URSS, d’étendre ses frontières, notamment vers laCarélie orientale. Certains groupes dedroite nationaliste, tels que laSociété académique de Carélie, vont jusqu'à défendre l’idéologie d’uneGrande Finlande[238].

    Influence sur leIIIeReich et rapprochement germano-finlandais

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    Photo noir et blanc de deux militaires en uniforme, marchant dans une forêt en discutant.
    Rencontre entre les générauxNikolaus von Falkenhorst etHjalmar Siilasvuo le, deux jours après le début de l'opérationBarbarossa et la veille du début de laguerre de Continuation.

    Durant la guerre, l'Allemagne adopte une posture neutre en raison duPacte germano-soviétique. Sur la fin du conflit, leIIIeReich pousse également à des négociations, craignant qu'une poursuite du conflit n'entraîne l'ouverture d'un nouveau front de la Seconde Guerre mondiale et ne mette en danger ses intérêts en Suède[239].Adolf Hitler préfère à ce moment se concentrer sur les opérations en Europe de l'Ouest, mais cela va changer rapidement après la fin de la guerre d'Hiver. La mauvaise performance initiale de l'Armée rouge pousse Hitler et les responsables militaires allemands à la voir comme« pourrie jusqu'à la moelle et dirigée par des incapables »[240]. Les nombreuses réformes mises en place avant la fin de la guerre ne sont absolument pas considérées par les Allemands. Ce jugement est motivé en partie par des raisons idéologiques (l'opposition des nazis au communisme les conduit par exemple à juger qu'aucun avantage numérique ne peut compenser l'incompétence des leaders communistes)[241]. Mais les conclusions allemandes confortent aussi leurs auteurs dans l'idée que lesgrandes purges staliniennes de 1937-1938 ont laissé une Armée rouge dépourvue de cadres compétents, et que laWehrmacht(bien équipée et bien commandée) va être capable de la défaire facilement[241]. Après ladéfaite de la France, Hitler, en prenant en compte cette évaluation incomplète de la puissance soviétique, décide d'envahir l'URSS en 1941, et l'Allemagne commence donc à se rapprocher de la Finlande afin de l'amener à participer activement à l'opérationBarbarossa, planifiée à partir de l'été 1940[242]. Pour cela, la Finlande bénéficie progressivement du soutien allemand qui lui a manqué pendant la guerre d'Hiver : partenariats économiques, livraisons d'armes et coopération militaire[243]. En échange, l'Allemagne obtient undroit de préemption sur les ressources minières de la région dePetsamo et le droit de faire transiter des troupes et du matériel vers la Norvège par le territoire finlandais[244].

    Photo couleur de beaucoup d'hommes en uniformes entassés sur un wagon de train.
    Soldats finlandais (en gris-bleu) et volontaires allemands de laWaffen-SS (en tenue de camouflage et uniformesFeldgrau) sur un wagon àKiestinki, enCarélie, le.

    La Finlande a également un intérêt à ce rapprochement. Le traité de Moscou a privé le pays de la plupart de ses défenses naturelles, et l'opinion publique comme les dirigeants finlandais voient la paix comme temporaire : une nouvelle attaque soviétique est attendue. Dans ce contexte, l'Allemagneenvahit la Norvège et le Danemark entre avril et, coupant par la même occasion les opportunités de soutien des alliés et les routes commerciales avec le Royaume-Uni pour les Finlandais[245]. L'Allemagne est alors vue en Finlande comme la seule puissance crédible pour faire face à l'URSS, d'autant plus après ladéfaite humiliante de la France en, qui achève de désillusionner les Finlandais vis-à-vis desdémocraties occidentales[245]. À cela s'ajoutent des liens économiques et culturels profonds avec l'Allemagne depuis la période duIIe Reich, qui facilitent le rapprochement entre les deux pays[246].

    Ces éléments, ainsi que la volonté d'effacer les résultats de la guerre d'Hiver, poussent la Finlande à entrer dans un état decobelligérance avec leIIIeReich à partir du déclenchement de laguerre de Continuation, déclarée trois jours après le début de l'opérationBarbarossa.

    Mémoire

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    En Finlande, la guerre d'Hiver et laguerre de Continuation sont principalement vus comme des éléments liés l'un à l'autre mais séparés du contexte plus global de laSeconde Guerre mondiale[247]. Cela permet à la population finlandaise de se distancier de l'implication du pays dans les atrocités de cette période. La guerre d'Hiver, surtout, alimente un discours présentant la Finlande comme victime d'uneagression soviétique et permet ainsi d'oublier collectivement l'autoritarisme croissant des gouvernements finlandais, les considérations raciales eteugénistes du pays à l'époque, et l'irrédentisme qui naît de la défaite de 1940[247].

    La guerre d'Hiver est avant tout vue comme un épisode glorieux et fondateur de l'histoire finlandaise moderne, une sorte de« seconde indépendance » selon Louis Clerc. Ce conflit est largement repris par la mémoire collective, pour en faire une source d'anecdotes ou de faits héroïques, particulièrement dans lesannées 1950[248]. Cette mémoire change progressivement durant laguerre froide, à l'initiative de la jeunesse ancrée à gauche et des proches du présidentUrho Kekkonen, qui cherche à se rapprocher de l'URSS. La presse communiste finlandaise développe l'idée que la Finlande représentait effectivement en 1939 une menace pour l'URSS et était marquée par une très forterussophobie et cette vision se démocratise durant les 25 années de présidence de Kekkonen[248].

    Publié en 1956, le romanSoldat inconnu, deVäinö Linna présente encore des soldats finlandais (durant la guerre de Continuation mais étant pour certains des vétérans de la guerre d'Hiver) dotés d'un« héroïsme stoïque », mais violents, vulgaires,alcooliques et menés par des officiersultranationalistes[249]. Cette vision désacralisée du soldat finlandais se prolonge jusque dans les années 1980 avec la publication entre 1956 et 1986 d'une série de fascicules intitulésKansa taisteli – miehet kertovat (Le peuple s'est battu – les hommes racontent). Ces témoignages de soldats présentent une vision nuancée, avec des hommes à la fois courageux, autonomes, patriotes, mais aussi racistes, foncièrement anti-bourgeois et anti-intellectuels, violents, alcooliques, méprisant leurs officiers, etc.[249].

    Avec la chute de l'URSS et la fin de la guerre froide, la mémoire collective finlandaise effectue un retour vers la vision nationaliste des années 1950. Le filmTalvisota sort en 1989 et contribue à redonner une image héroïque des combattants de la guerre d'Hiver. Aujourd'hui, la guerre d'Hiver est encore vue en Finlande comme une guerre« sacrée » ayant permis de préserver l'indépendance du pays (elle est donc paradoxalement vue comme une victoire, malgré son résultat)[250].

    Union soviétique

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    Photo couleur d'un monument en pierre, avec des fleurs à son pied.
    Monument dédié aux victimes de la guerre d’Hiver à Saint-Pétersbourg, inauguré en 2003[251].

    En théorie, la guerre d'Hiver s'achève sur une victoire soviétique, mais à un coût si élevé qu'elle est globalement perçue comme une défaite, aussi bien par les contemporains que par les historiens.

    Pertes humaines et matérielles

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    Le bilan humain officiel issu du commandement dudistrict militaire de Leningrad est présenté lors d’une session duSoviet suprême le, et fait état de 48 475 morts et 158 863 malades et blessés[252]. Ce chiffre (comme le reste de l'historiographie autour de la guerre d'Hiver) ne va pas être questionné avant laperestroïka à la fin des années 1980[253].

    Les estimations des pertes soviétiques par les historiens russes postérieurs varient considérablement : en 1990, Mikhaïl Semiriaga estime les pertes à 53 522 morts. L'officierGrigori Krivocheïev donne dans le cadre d'un projet officiel entamé en 1988 un bilan s'élevant à un total de 391 783 pertes dont 126 875 morts et disparus et 188 671 blessés au combat[254]. En 1991, Iouri Kiline fait état de 63 990 morts sur un total de 271 528 pertes toutes causes confondues. En 2007, il révise son estimation à 134 000 morts[255], puis en 2012, à 138 533[256]. En 2013, Pavel Petrov déclare que les archives militaires de l’État russe contiennent une base de données recensant 167 976 tués ou disparus, avec les noms, dates de naissance et grades des soldats[257].Nikita Khrouchtchev avance dans ses mémoires le chiffre fantaisiste d’un million de soldats soviétiques tués dans le conflit[258],[259]. L'imprécision de ces chiffres s'explique par différents facteurs. Durant la guerre d'Hiver, beaucoup de soldats soviétiques ne portent pas leursplaques d'identifications parsuperstition (ils craignent qu'elles ne portent malheur à leur porteur), ou ne les portent pas correctement, quand elles ne sont pas elle-mêmes erronées[251]. De plus, les militaires chargés de recenser les morts n'ont pas de formation suffisante et ont commis beaucoup d'erreurs : des morts recensés deux voire trois fois, ainsi que des fautes d'orthographe dans les noms ou les lieux (en raison de la double nomenclaturefinnoise/carélienne destoponymes)[251]. Les chiffres les plus repris par les historiens russes comme occidentaux sont ceux de Krivocheïev, même si ceux de Kiline sont plus récents et ont bénéficié de corrections concernant les mauvaises identifications et les erreurs de localisation[251].

    En tout, 5 572 militaires soviétiques ont été faitprisonniers de guerre au cours du conflit et ont été internés en Finlande[260],[261],[262]. Après la fin des hostilités, ces prisonniers soviétiques sont rapatriés conformément au traité de paix de Moscou. Parmi eux, 450 sont libérés, 4354 condamnés à des peines de trois à dix ans decamp de travail[note 3], et 414 accusés d’avoir mené des « activités traîtresses en captivité ». 334 dossiers sont transmis à laCour suprême de l’Union soviétique, dont 232 se concluent par une condamnation à mort[264].

    Entre 1200 et 3543 chars soviétiques sont perdus. Le chiffre officiel est de 611 pertes de chars, mais Iouri Kiline découvre au cours de ses recherches une note adressée au chef de l’État-major général soviétique,Boris Chapochnikov, faisant état de 3 543 chars mis hors service et 316 détruits au combat. Selon l’historien finlandais Ohto Manninen, la7e armée soviétique perd à elle seule 1244 chars lors des batailles de la ligne Mannerheim. Dans l’immédiat après-guerre, les estimations finlandaises évaluent les pertes de chars soviétiques entre 1000 et 1200[265],[266],[267]. Les forces aériennes soviétiques perdent pour leur part environ 1000 appareils, mais moins de la moitié au combat[267],[268] : 200 avions abattus par la chasse finlandaise[193], 300 abattus par laDCA[193] et environ 400 appareils perdus en raison du mauvais temps, du manque de carburant, d’outillage, ou lors de leur transport vers le front.

    Réformes de l'Armée rouge

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    Après la fin de la guerre d'Hiver,Semion Timochenko est nomméCommissaire du Peuple à la Défense à la place deKliment Vorochilov, et va poursuivre le programme de réforme initié durant le conflit. Timochenko identifie les failles de l'Armée rouge dans presque tous les domaines, particulièrement dans la planification stratégique des communications, des réseaux routiers et des aérodromes[269]. Il note aussi l'insuffisance des structures et de l'encadrement nécessaires à unemobilisation massive, ainsi que de graves problèmes de formation, particulièrement en ce qui concerne la formation tactique desofficiers subalternes[269]. Tous ces sujets reçoivent une attention accrue au sein de l'Armée rouge mais l'effort demandé par l'occupation des régions récemment conquises de Pologne, des pays baltes et deRoumanie limite l'application des réformes souhaitées par Timochenko[269].

    Ces dernières se concentrent toutefois presque uniquement sur les aspects tactiques du conflit, sans remettre en question la planification opérationnelle, pourtant déficiente lors de la guerre d'Hiver. Le contrôle politique et les biais idéologiques empêchent les généraux soviétiques de tirer des leçons de cet aspect de la guerre[270]. En particulier, aucune réforme d'envergure n'est lancée pour préparer l'Armée rouge à la complexité d'une guerre moderne telle que celle menée par l'Allemagne au même moment. À la place, les stratèges soviétiques réfléchissent à des opérations offensives, visant à percer des lignes de défense semblables à la ligne Mannerheim[270].

    Notes et références

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    Notes

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    1. Ce nom est traduit comme suit :talvisota enfinnois,Vinterkriget ensuédois etЗи́мняя война́ enrusse. Les appellationsguerre soviéto-finlandaise de 1939-1940 (Сове́тско-финская война́ 1939–1940) etguerre soviéto-finlandaise 1939-1940 (Сове́тско-финляндская война́ 1939–1940) sont souvent utilisées dans l'historiographie russe[1],[2],[3]
    2. Une classification détaillée des morts et disparus a également été faite :[187]
      • Morts inhumés : 16 766
      • Blessés et décédés des suites de leurs blessures : 3 089
      • Morts non inhumés, ensuite déclarés décédés : 3 503
      • Disparus déclarés morts : 1 712
      • Morts en tant que prisonniers de guerre identifiés : 20
      • Autres causes (maladie, accidents, suicides) : 677
      • Causes inconnues : 137
      • Morts durant des entraînements militaires : 34
    3. En URSS à cette période, la capture par l'ennemi (ou même le simple fait de se laisser encercler) est considéré comme un acte de trahison puni par le code pénal au même titre que la désertion[263].

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    Bibliographie

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    Sources en français

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    Sources en anglais

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    Sources finlandaises et russes

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