Uneguerre civile est la situation qui existe lorsqu'au sein d'unÉtat, une lutte armée oppose lesforces armées d'un État à des groupes armés identifiables, ou des groupes armés entre eux, dans des combats dont l'importance et l'extension dépasse la simplerévolte ou l'insurrection[1].
Du point de vue dudroit de la guerre, on utilise l'expression « conflit armé non international », le mot « guerre » étant réservé auconflit armé international.
Pour être considérées comme « guerre », les hostilités doivent atteindre un certain degré d’intensité, se prolonger un certain temps et impliquer deux groupes identifiables, militairement et politiquement structurés. Ces critères permettent de distinguer la guerre civile des « troubles intérieurs » qui peuvent se caractériser par des actes de violence similaires mais qui ne présentent pas les particularités d’un conflit armé (émeute,insurrection, répressions, luttes de factions entre elles ou contre le pouvoir en place, par exemple).
La localisation du conflit au sein d'unÉtat distingue la guerre civile duconflit armé international, qui oppose les forces armées d’au moins deux États. Ce caractère non-international est toutefois relatif. Il est courant que les groupes armés soient soutenus, plus ou moins ouvertement, par d'autres États. Cette assistance est souvent logistique, mais peut aller jusqu'à l'envoi de troupes : laguerre d'Espagne en est un exemple célèbre avec l'appui offert auxFranquistes par l’Allemagne nazie et l'Italie fasciste, et auxRépublicains par l’URSS.
L'origine d'une guerre civile peut être de toute nature : ethnique, religieuse, communautaire, sociale, économique, une autre guerre, politique, idéologique ou encore territoriale. Particulièrement dans ce dernier cas, une guerre civile pourra être considérée comme uneguerre d'indépendance si elle a pour objectif la lutte contre une domination coloniale ou une occupation étrangère.
Comme la définition l'indique, le concept même de guerre civile participe de la notion d'État ; on conçoit dès lors que ce soit particulièrement à partir du développement moderne de l'État-nation que les guerres civiles se sont développées, même si des guerres civiles ont existé dans l'Antiquité.
Après une pause apparente marquée par les deux conflagrations mondiales, au début duXXe siècle, et alors que lesconflits internationaux semblent se raréfier, les guerres civiles se sont multipliées, particulièrement après la fin de laSeconde Guerre mondiale :
Cette dernière catégorie de conflit est particulièrement apparue dans la fin duXXe siècle, et semble être concomitante avec l'apparition d'une nouvelle forme de guerre civile qui ne serait plus une guerre « entre voisins » typiquement populaire (quoique l'engagement populaire n'y soit pas toujours aussi volontaire qu'on voudrait le croire ou que lageste révolutionnaire le voudrait) mais des « guerrescontre les civils » où ces derniers deviennent en définitive la cible du conflit[2].
Selon les économistes Mark Gersovitz et Norma Kriger, « Une guerre civile se définit par un conflit prolongé de grande échelle, politiquement organisé, physiquement violent, qui se produit au sein d’un pays, principalement entre deux larges groupes de citoyens qui se disputent le monopole de la force physique. Les guerres civiles entraînent une violence interne soutenue et à grande échelle, qui les distingue des épisodes de violence politique intenses mais limités qui contestent le monopole de la force, comme les coups d’État, les rébellions ou les assassinats politiques. Des acteurs externes peuvent être amenés à participer à une guerre civile, mais la violence se produit dans les limites du pays, et implique majoritairement des acteurs internes »[3],[4].
L'historienJean-Clément Martin précise qu' "il ne peut y avoir une situation de guerre civile que lorsque, pour des raisons diverses, la légitimité de l’État est mise en concurrence, sinon il ne s’agit que de rébellions, d’émeutes, de troubles"…[5]
Jusqu'au début duXXe siècle, la guerre civile est considérée comme une affaire strictement intérieure qui ressort du domaine réservé de l'État concerné, qui a de fait et de droit toute latitude pour traiter comme bon lui semble lesfactieux, en considérant par exemple les rebelles en armes comme de simples criminels et leur appliquer son droit pénal.
La guerre civile pouvait cependant s'internationaliser (et se voir donc appliquer ledroit de la guerre) par une « déclaration de belligérance ». Une telle déclaration de belligérance pouvait être faite :
par le gouvernement de l'État concerné. Cette procédure rarissime avait pour but, pour ledit État, de se dégager de sa responsabilité internationale pour les actes des rebelles, et n'avait lieu d'être que lorsque la rébellion était devenue trop forte. On relève cinq cas où ce type de déclaration a été fait[6].
par le gouvernement d'un État tiers. Cette procédure impliquait l'application du droit de la guerre dans les relations des rebelles avec l'État leur ayant reconnu la qualité de belligérant, et permettait donc une neutralité de l'État-tiers ainsi que l'établissement de relations diplomatiques et commerciales[7].
En dehors de la reconnaissance de belligérance, existait la possibilité de reconnaître les rebelles comme des « insurgés », ce qui leur assurait de ne pas être traités comme des criminels par les États tiers leur ayant reconnu cette qualité.
Laguerre d'Espagne notamment avait démontré l'insuffisance des outils juridiques internationaux s'appliquant aux guerres civiles. En1949, on s'oriente donc, avec lesConventions de Genève, vers une définition objective du concept de guerre civile et des conséquences qui s'y attachent. L'article 3 vise à imposer l'application de garanties humanitaires minimales aux conflits armés non internationaux.
Cet effort a été poursuivi par l'adoption, en1977, duProtocole additionnel II aux Conventions de Genève, relatif aux conflits armés non internationaux. Le Protocole II a pour objectif l’application des règles principales du droit des conflits armés aux conflits non internationaux, opposant les forces armées d’un État à des groupes d’opposition armés, sans pour autant reconnaître un statut particulier à ces derniers. Il protège les personnes ne participant pas au conflit, interdit les attaques dirigées contre la population civile ou les biens indispensables à sa survie, donne des droits aux détenus en relation avec le conflit et interdit lesdéplacements forcés de populations[8].
Enfin, l'article 8 des statuts de laCour pénale internationale assimile auxcrimes de guerre les violations des règles essentielles de conduite des conflits non internationaux.
Grande Jacquerie, de mai à juin1358, premier soulèvement paysan victorieux (rapporté) contre les nobles (commencé en mai -le 24 ?- à St Leu d'Esserent qui se propage avec la guerre de Cent Ans et prend fin le 9 juin 1358 par le carnage à Mello).
L'Europe a connu sur son sol deux guerres mondiales d'une violence inouïe, et les premières années duXXe siècle, ainsi que pratiquement toute l'entre-deux-guerres, ont été marquées par une grande violence politique, sociale et militaire, dont des conflits ethniques. Cette situation de grande brutalité en Europe a conduit certains auteurs à envisager cette période comme uneguerre civile européenne.
↑Outre un aspect « reconnaissance » de la rébellion. La reconnaissance de belligérance supposait essentiellement que les rebelles contrôlent un territoire et y exercent une autorité d'apparence souveraine, et se soumettent aux lois de la guerre