| Date | - |
|---|---|
| Lieu | Grèce et Asie Mineure |
| Issue | Victoire deRome |
| Rome Pergame | Royaume séleucide |
| Manius Acilius Glabrio Scipion l'Asiatique Scipion l'Africain Eumène II | Antiochos III |
Batailles
Bataille des Thermopyles
Bataille de l’Eurymédon (190 av. J.-C.)
Bataille de Magnésie
Laguerre antiochique ouguerre séleucide est un conflit qui s'est déroulé de à entre laRépublique romaine et le royaumeséleucide d'Antiochos III, et leurs alliés respectifs. Les combats tournent à l'avantage des Romains, victorieux à labataille de Magnésie. Ils brisent les ambitions séleucides enAsie Mineure avec lapaix d'Apamée et limitent l'autonomie des États grecs qui leur sont opposés, dont laLigue étolienne.
Antiochos III a pour ambition de reconquérir l'espace originel de l'empire séleucide[1]. Après avoir mené uneanabase en Haute-Asie de à, il fait la conquête laCœlé-Syrie une fois victorieux desLagides à labataille de Panion en. Il profite de ladeuxième guerre de Macédoine entreRome etPhilippe V pour intervenir enAsie Mineure et enThrace.
Face auroyaume de Pergame dès, son armée occupe les territoires pris parAttale Ier aux dépens d'Achaïos II, sans qu'Eumène II ne puisse intervenir[1]. Il s'entend par ailleurs avecPrusias deBithynie à qui il offre une portion de laPhrygie. Au printemps, il parvient jusqu'à l'Hellespont puis occupe lesDétroits, soumettant les cités grecques autonomes ou anciennement sous autoritéantigonide commeAbydos. Il fait d'Éphèse sa base navale principale enmer Égée[2]. EnIonie, ses succès sont plus limités :Milet etMagnésie du Méandre restent indépendantes[3].
Cette situation inquiète les autres puissancesanatoliennes, dontPergame etRhodes. Cette dernière envoie une ambassade àAntiochos III afin de préserver ses intérêts enCarie.Lampsaque etSmyrne[4] refusent de se soumettre et font appel àRome, sans que celle-ci n'intervienne dans l'immédiat[5], l'ambassade lampsacénienne n'obtenant duSénat qu'un soutien de forme[6].
Passé enThrace au printemps à la tête de forces considérables, Antiochos envoie une ambassade aux Romains pendant lesjeux isthmiques afin de combattre les demandes de Lampsaque et de Smyrne[7]. Au nom de la « liberté des Grecs », les Romains interdisent à Antiochos de s'en prendre aux cités grecques d'Asie Mineure ou d'envoyer une armée en Europe ; les Séleucides ne sont pas menacés de guerre tant que cette injonction est respectée. Peu après, une conférence se tient àLysimacheia durant laquelle les Romains proposent en vain une médiation entre Antiochos et Ptolémée V afin que celui-ci retrouve les places fortes perdues[7], tandis qu'Antiochos annonce aux Romains que les affaires d'Asie ne les concernent pas[8].
En, Antiochos accueille à sa courHannibal, ennemi notoire des Romains, ce qui renforce leur méfiance[9]. En, les dernièreslégions romaines évacuent la Grèce après avoir aidé laLigue achéenne à vaincreSparte dans laguerre contre Nabis. Antiochos envoie en une ambassade à Rome afin de solliciter l'amitié du Peuple romain[9]. En réponse,Flamininus propose à Antiochos qu'il conserve laThrace en échange du maintien de la protection romaine sur les cités grecques d'Asie Mineure. Deslégats duSénat se rendent ensuite àPergame auprès d'Eumène II qui pousse à la guerre. Puis, ils se rendent àÉphèse pour s'entretenir avec Hannibal et enfin àApamée pour rencontrer Antiochos. Mais celui-ci quitte les négociations, prenant prétexte de la mort du prince héritier,Antiochos le Jeune[10]. Son représentant, Minio, se montre intransigeant et refuse les propositions romaines[11]. Ni Antiochos, ni le Sénat ne cherchent la guerre mais les affaires deGrèce vont offrir uncasus belli.
LaLigue étolienne, alliée auxRomains au cours de laprécédente guerre, n'est pas satisfaite des termes du traité proposé parFlamininus[12]. Les Étoliens cherchent donc à mettre sur pied une coalition anti-romaine et se rapprochent du roi deSparte,Nabis, qui a pu se maintenir au pouvoir malgré sadéfaite[13]. Appelé par les Étoliens qui lui promettent le ralliement d'une grande partie des Grecs,Antiochos III débarque en octobre àDémétrias enThessalie[14]. L'armée qu'il conduit (10 000 hommes et seulement sixéléphants) est beaucoup moins importante qu'espérée par les Étoliens, tandis que les ralliements des cités grecques restent rares[15].Athènes conserve sa neutralité tandis que laLigue achéenne, fidèle à l'alliance romaine, déclare la guerre à Antiochos et aux Étoliens. Le massacre d'une troupe de 500 soldats romains dans un sanctuaire grec détruit les derniers espoirs d'éviter la guerre.

Au début du conflit, les Romains ne déploient pas de forces importantes enGrèce.Antiochos III et lesÉtoliens remportent plusieurs succès dont la prise deChalcis et deDémétrias. Les premiers renforts romains arrivent d'Illyrie fin, sous le commandement deMarcus Baebius. Il est suivi début parAcilius Glabrio qui débarque enThessalie avec 20 000 fantassins et 3 000 cavaliers et reçoit le soutien dePhilippe V, allié obligé des Romains depuis sa défaite[12]. Les Romains et leurs alliés remportent une série de succès, dégageant laThessalie, envahissant l'Athamanie et atteignant legolfe Lamiaque. Antiochos, insuffisamment soutenu par les Étoliens, comprend qu'il ne peut vaincre ses adversaires en rase campagne. Il tente alors de leur barrer le chemin vers la Grèce centrale en se retranchant auxThermopyles ; mais labataille est perdue et il doit fuir avec 500 hommes vers l'Eubée, d'où il repart pour l'Asie en avril[15]. Cet échec d'Antiochos peut s'expliquer par le fait qu'il n’ait pas monté une armée suffisante, trompé par l'absence de réaction des Romains après ses entreprises en Anatolie, et par la faible mobilisation des Étoliens[12].
Les Romains se tournent ensuite contre les Étoliens. Après la chute d'Héraclée de Trachis, l'Assemblée fédérale étolienne refusent les conditions de reddition. Acilius Glabrio assiège alorsNaupacte. Dans lePéloponnèse, lesAchéens, alliés aux Romains, se tournent contre les deux seules cités leur échappant encore,Élis etMessène. La première accepte de négocier mais la seconde subit un siège par les Achéens. Des frictions entre Romains et Achéens se produisent à cette occasion : les Achéens, menés parPhilopœmen, entendent agir seuls, en tant qu'alliés à égalité avec Rome, tandis que le représentant romain,Flamininus, cherche à imposer son patronage sur les affaires grecques. Il fait ainsi lever le siège de Messène, après avoir reproché au stratège achéen de l'avoir entrepris sans son autorisation, mais fait néanmoins adhérer la cité à la Ligue ; Élis y adhère elle aussi peu après, plus ou moins spontanément. Les Romains occupent aussi l'île deZakynthos, que le gouverneur vient de vendre aux Achéens après l'élimination de son précédent propriétaire, Amynandros d'Athamanie[16].
De son côtéPhilippe V profite de la situation pour récupérer de nombreux territoires aux dépens des Étoliens, dontDémétrias, ce qui finit par indisposer les Romains[16]. Le siège de Naupacte s'avérant infructueux, Flamininus pousse le consul à y renoncer pour se tourner vers Antiochos et mettre fin aux opérations de Philippe. Des négociations s'ouvrent et les hostilités cessent donc provisoirement en Grèce au début de l'automne 191[17].
En, la poursuite des opérations est confiée aux frèresScipion l'Asiatique, éluconsul, etScipion l'Africain, véritable chef de l'expédition, qui parviennent en Grèce avec de nouveau renforts au printemps. La guerre venant de reprendre avec les Étoliens qui ont refusé les conditions duSénat, les Scipion poussent à la conclusion d'un nouvel armistice, désireux de se tourner le plus rapidement possible contre Antiochos. S'étant assurée du soutien de Philippe, l'armée romaine traverse ensuite laThessalie et laMacédoine en direction desDétroits[18].

Après la défaite d'Antiochos III enGrèce, la domination enmer Égée devient un enjeu important du conflit car elle conditionne le passage des armées romaines en Asie, qu'elle choisissent de passer par lesDétroits ou de traverser directement la mer[19]. Les flottes romaine, pergaménienne et rhodienne opèrent ainsi à partir de l'été au large des côtesanatoliennes. Un premier succès au début de l'automne au large ducap Korykos, près d'Érythrées permet aux alliés d'occuper les rives de l'Hellespont, mais la flotte doit ensuite revenir vers le sud après la destruction de la flotterhodienne àSamos à cause d'une trahison. Des combats indécis opposent ensuite les belligérants le long des côtes anatoliennes pendant plusieurs mois[16].
Dans le même temps, le fils d'Antiochos III,Séleucos IV, bientôt rejoint par son père, s'attaque au royaume dePergame mais échoue à prendre sa capitale. C'est à ce moment qu'Antiochos apprend que les Romains traversent la Macédoine en vue de débarquer en Asie et qu'il entreprend en vain des négociations de paix[20]. Il propose aux Romains d'abandonner ses prétentions sur la Thrace et sur les cités grecques d'Anatolie ; les Romains répondent à cet offre en lui demandant d'évacuer toute l'Anatolie à l'ouest duTaurus. Jugeant ces exigences impossibles à remplir, Antiochos se résout à combattre les Romains, d'autant qu'il a pu monter une armée deux fois plus nombreuse que celle des Romains.
Deux batailles navales offrent la maîtrise des Détroits aux Romains et à leurs alliés en : la première est remportée par les Rhodiens en août face à une flotte amenée dePhénicie parHannibal ; la seconde est remportée par les coalisés à Myonnèsos. Antiochos décide d'évacuer laThrace et abandonne la puissance base deLysimacheia aux Romains. L'armée romaine peut alors débarquer en Asie à l'hiver 190-189 et opérer sa jonction avec l'armée de Pergame[21].
Battu à la bataille deMyomnèse[22], Antiochos propose alors àScipion l'Africain de lui rendre sans rançon son fils, qu'il détient prisonnier, ainsi qu'une gratification financière. Mais l'Africain refuse ces avances. Il est possible que cet épisode soit une invention visant à réhabiliter l'Africain après qu'il a été accusé d'avoir subtilisé de l'argent gagné lors des batailles en Asie[23]. Ayant appris que Scipion est malade, Antiochos lui rend malgré tout son fils sans contrepartie. L'Africain lui conseille de n'entreprendre aucune action militaire, voulant peut-être éviter un vide politique en cas de défaite du Séleucide.
Au moment de leur débarquement enAsie Mineure au cours de l'hiver-, les Romains disposent de 30 000 hommes répartis entre quatrelégions.Antiochos III leur oppose une force hétérogène de 72 000 hommes venus de tout l'empire séleucide, avec pour force principale laphalange, un contingent de cavaliers lourds équipés encataphractaires et 64éléphants de guerre. Début, Antiochos parvient à attirer les Romains àMagnésie du Sipyle dans un terrain favorable à un encerclement[24]. Mais bien conseillés parEumène II, les Romains, sous le commandement deScipion l'Asiatique (son frèreScipion l'Africain est toujours malade), parviennent à contrer la charge des cavaliers et des chars séleucides alors qu'Antiochos s'est lancé dans une vaine poursuite jusqu'au camp adverse.Tite-Live estime à 50 000 les pertes séleucides mais ce chiffre est certainement très exagéré[24].
Antiochos fait le choix de traiter immédiatement avec les Romains plutôt que se retirer à l'intérieur de son empire et de poursuivre le combat[24]. Il laisse tout de même s'enfuirHannibal, dont il n'a pas su profiter des conseils pour battre les Romains.

Afin de négocier un traité de paix,Zeuxis, second d'Antiochos III, rencontreScipion l'Africain etScipion l'Asiatique àSardes qui exigent desSéleucides quasiment les mêmes conditions qu'avant la campagne en Asie. Puis des négociations se tiennent à Rome auprès duSénat[25] avec les représentants d'Antiochos et des alliés des Romains, dontEumène II en personne. Dans le même temps, au milieu de l'année, les Romains imposent une paix auxÉtoliens qui sont entrés en conflit avec lesMacédoniens. Ils leur prennent plusieurs places fortes maritimes, permettant à la flotte romaine de s'implanter solidement enmer Égée[26].
Les négociations finales se tiennent àApamée enPhrygie en. Le proconsulManlius Vulso et la commission des dixlégats sénatoriaux décident des clauses du traité, car le Sénat n'a pris qu’une décision générale. Dès la fin de la rédaction du traité, le proconsul envoie Minucius Thermus ainsi que son propre frère L. Manlius auprès d'Antiochos afin qu’il ratifie les articles finaux. Le royaume séleucide et la République romaine ne sont pas les seuls à prendre part au règlement :Ariarathe IV deCappadoce entre dans l'alliance romaine[27] ; Eumène contrôle lesGalates pour éviter leurs visées expansionnistes ; quant à l'Égypte lagide, absente du traité, elle ne récupère pas laCœlé-Syrie.
Antiochos se voit imposer des conditions de paix très dures[28] : il perd toute l'Asie Mineure à l'ouest de la ligneHalys-Taurus au profit desAttalides et desRhodiens ; il doit livrer seséléphants et sa flotte de guerre (sauf dix navires) ; il doit une énorme indemnité de guerre de 12 000 talents, à verser en douze annuités, dont une partie finit probablement dans les caisses de la famille desScipions[29] ; son filsAntiochos IV est par ailleurs envoyé comme otage à Rome.
La défaite d'Antiochos III annihile les prétentions occidentales des Séleucides qui sont dès lors coupés du monde égéen. L'empire séleucide devient alors un empire strictement asiatique, avec pour centre de gravité laSyrie, d'autant plus après la conquête de laCœlé-Syrie aux dépens desLagides[30]. En termes territoriaux le principal bénéficiaire du conflit est Eumène II qui récupère, outre laChersonnèse de Thrace et la rive européenne dePropontide, de nombreux territoires en Asie :Phrygie hellespontique,Mysie,Lydie,Phrygie,Lycaonie,Pisidie etPamphylie[31]. Quant aux cités grecques, les Romains confirment leur « liberté », sachant que les Romains n'ont pas encore d'intérêts économiques ou politiques à pratiquer des annexions[32].
Finalement, la guerre antiochique révèle l'affaiblissement des trois grandes monarchies hellénistiques (Séleucides,Lagides etAntigonides), du fait de causes internes et de l'imprudence de certains dirigeants, dont Antiochos ; faiblesses dont les Romains ont su jouer pour devenir les arbitres du monde hellénistique[33]. Le Sénat semble avoir voulu avec la paix d'Apamée se retirer des affaires d'Orient pour se consacrer à celles d'Occident, autrement urgentes[34].
Histoire des royaumes hellénistiques (323-30 av. J.-C.) | |
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