Ce sont les anciens colons scandinaves qui ont donné au pays le nom de Groenland. Dans lessagas islandaises, il est dit que l'Islandais d'origine norvégienneErik le Rouge fut chassé d'Islande pour meurtre. Avec sa famille élargie et ses esclaves (thrall), il partit à bord de navires pour explorer la terre glacée connue pour se situer au nord-ouest. Après avoir trouvé une zone habitable et s'y être installé, il l'a nomméeGrœnland, littéralement « terre verte », prétendument dans l'espoir que le nom serait agréable pour attirer des colons[4],[5],[6]. Le nom du pays engroenlandais estKalaallit Nunaat (« terre des Groenlandais »)[7].
Le Groenland est situé dans le Nord-Est de l'Amérique du Nord, entre les latitudes59° et83° N et les longitudes11° et73° O. Il est bordé à l'est par lamer du Groenland, au sud-est par l'océan Atlantique, au sud-ouest par ledétroit de Davis, à l'ouest par labaie de Baffin et au nord par lamer de Lincoln. L'océan Arctique ne touche le Groenland qu'en un seul point, lecap Morris Jesup. Ce cap, qui est le plus septentrional d'Amérique, est situé à seulement 709 kilomètres du pôle Nord géographique. Le Groenland est frontalier duCanada à l'ouest, de l'autre côté de la mer de Baffin, et de l'Islande, de l'autre côté dudétroit de Danemark, dans l'océan Atlantique.
Le Groenland est très éloigné des autres territoires. À l'est, il se situe à 287 kilomètres environ de l'Islande[14] et à l'ouest, sa capitale — Nuuk — se situe à 819 kilomètres à l'est de la ville d'Iqaluit, auNunavut,Canada[15]. Au nord, les rares territoires étrangers les plus proches sont laterre François-Joseph, annexée par la Russie, l'île norvégienneSpitzberg (Svalbard), à 447 kilomètres duNordostrundingen, et l'île d'Ellesmere canadienne.
Sous cet inlandsis se trouve ungrand canyon. Découvert en 2013 grâce à des observations satellitaires, ce canyon, qui traverse toute la partie nord-ouest de l'île, mesure au moins 750 kilomètres de long et 800 mètres de profondeur par endroits, ce qui en fait le plus grand au monde[16].
Diagramme de répartition des altitudes du Groenland[17].
Une étude menée par le scientifique françaisPaul-Émile Victor en 1951 concluait que sous la calotte glaciaire, le Groenland est composé de trois grandes îles[18]. Cette hypothèse est contestée, mais si elle est vérifiée, ces îles seraient séparées par d'étroits détroits atteignant la mer aufjord glacé d'Ilulissat, auGrand Canyon du Groenland et au sud deNordostrundingen.
Les glaciers et la couche de glace présentent une certaine élasticité, mais les avancées différenciées et périodiques (rythme saisonnier marqué) de coulées de glace provoquent des cassures dont les ondes élastiques génèrent des tremblements de terre, enregistrés par dessismographes loin du pôle à travers le monde. Ces « tremblements de terre glaciaires » du Groenland sont caractérisés par une forte saisonnalité. Une étude publiée en 2006 a conclu que le nombre de ces séismes avait doublé de 2000 à 2005, tendance temporelle suggérant un lien avec une modification du cycle hydrologique et une réponse glaciaire à l'évolution des conditions climatiques[19].
Les côtes sud-est du Groenland.
Les sommets les plus hauts du pays sont situés sur la côte est. Le point culminant est le montGunnbjørn Fjeld, haut de 3 694 mètres. Sa position écartée lui vaut une importante isolation topographique de 3 254 km, distance qui le sépare du montMittelhorn, en Suisse, dans l'Oberland bernois. Le plus connu est lemont Forel (3 360 mètres). Il porte le nom du professeur suisseFrançois-Alphonse Forel qui, en1912, organisa une souscription pour financer une expédition suisse au Groenland. Un autre mont proche porte le nom dePaul-Émile Victor, l'explorateur et ethnologue français. Deux autres Français ont contribué à la connaissance de ce pays :Jean-Baptiste Charcot etJean Malaurie.
Entre 1992 et 2018, le Groenland a perdu environ 3 900 milliards de tonnes de glace, une perte proche de la prévision associée au scénario le plus pessimiste ducinquième rapport du GIEC[20]. Cette perte s'accélère et, selon les mots du premier auteur de l'étude, Andrew Shepherd, « pourrait exposer 100 millions de personnes dans le monde à des inondations annuelles d’ici la fin du siècle »[21].
D’après l'Institut technique du Danemark, la vitesse de la fonte des glaciers du Groenland a été multipliée par quatre entre 2003 et 2013[22]. Le,« le Groenland vient de connaître les taux de fonte parmi les plus élevés de tous les temps » selon Ruth Rottman, car celui-ci a perdu et va commencer à perdre régulièrement entre 11 et 12,5 milliards de tonnes de glace en un jour[23],[24], alors que, même dans le scénario le plus pessimiste, une perte de glace si rapide n'était pas attendue avant2050[25].
La calotte s'est formée il y a 4,1 millions d'années, durant lePliocène, par lafermeture de l'isthme de Panama. Les précipitations neigeuses qui s'accumulent au centre de l'île se transforment progressivement en glace et assurent théoriquement la pérennité de cette calotte. Les scientifiques s'intéressent de près à l'évolution de l'épaisseur de la glace et aux apports d'eaux douces engendrés par la fonte (impact sur lacirculation thermohaline) dans le cadre duréchauffement climatique. Ce désert de glace, représentant 80 % de la surface de l'île, est très inhospitalier. On y trouve des températures extrêmes été comme hiver, des vents violents ditscatabatiques et un sol fait de glace, impropre au développement d'une vie animale (à l'exception destardigrades).
En hiver, la bande côtière montagneuse est cernée par labanquise à l'exception du Sud-Ouest de l'île (environ jusqu’à la capitaleNuuk). En effet, une branche du courant duGulf Stream y empêche la mer de geler. La côte est n'en bénéficiant pas, elle possède un climat plus hostile et un dégel de la banquise plus court. Ceci explique que seuls deux villages y existent :Ammassalik etIttoqqortoormiit. Ce dégel, qui se déroule de la fin mars jusqu'en juillet, s'appelle ladébâcle. La reformation progressive de la banquise a lieu vers le mois de novembre.
Pendant l'été 2012, la calotte glaciaire a fondu en surface sur 97 % de sa superficie, pourcentage le plus important enregistré depuis qu'on mesure le dégel[30]. De nombreux sites d'information francophones[31],[32] indiquent faussement que 97 % de l'inlandsis a disparu.
En 2013, après 20 ans de fonte croissante des glaces, un net ralentissement de cette fonte est constaté en été (mais qui ne durera pas). Cette année-là, des chercheurs montrent que la glace du Groenland a très bien résisté à un long épisode chaud entre 130 000 et 115 000 ansAP (à la fin de l’Éémien)[33].
Fin2016, Joerg Schaefer (paléoclimatologue à l’Observatoire de la Terre de Lamont-Doherty à New York) a classé le Groenland« sur la carte des glaces en voie de disparition ». Si toute la glace de cette région devait fondre (ce qui pourrait se produire dans 2 500 ans environ au vu des taux atmosphériques de gaz à effet de serre[34]), le niveau marin monterait de 7 mètres (et bien plus si l’Antarctique fondait aussi)[28].
Cet article montre qu’il y a environ 2,6 millions d’années, à l’emplacement du forage GISP2, la glace avait disparu à l’occasion d’un épisode chaud dont les traces sont conservées par le socle rocheux. Cependant, dans un autre article du même numéro de la revue, Paul Bierman (géomorphologue de l'université du Vermont à Burlington) et ses collègues montrent que plus à l’est, le Groenland est resté couvert de glace depuis7,5 millions d'années[28]. Dans ces deux cas, les isotopes radioactifs dubéryllium et de l'aluminium ont permis d’estimer la durée d’exposition directe du socle rocheux à l'atmosphère et auxrayons cosmiques (ces derniers génèrent des radionucléides comme lebéryllium 10 et l'aluminium 26, sauf là où la glace est épaisse). Ainsi, la roche remontée en 1993 du forage GISP2 (centre du Groenland) contient des isotopes montrant qu'elle a déjà été libre de glace, semble-t-il, durant une période de 280 000 ans, il y a plus de 1,1 million d'années. Mais la datation des séquelles érosives des glaciers montre qu’ils ont toujours été actifs sur une majeure partie de l’île durant les7,5 derniers millions d'années (au moins à l’est du Groenland)[28].
Des simulations laissent penser que si l’étendue de la glace diminuait d'environ 5 à 10 % de son étendue actuelle, la zone du forage GISP2 serait effectivement nue alors que l'Est du Groenland serait encore englacé[28].
La végétation du Groenland est constituée en très grande majorité detoundra, une végétation basse et pauvre composée de mousses et herbes poussant dans les zones polaires qui occupent une grande partie du Groenland horsinlandsis. Le retrait de l'inlandsis a mis au jour de très nombreuses cuvettes lacustres se colonisant progressivement par une végétation de type tourbière, à l'exception des cas où l'évaporation l'emportant, la concentration en sels permet l'implantation d'une flore halophile en périphérie. La grande végétation ne peut en général pas y pousser, car le sol est trop gelé en profondeur. Il ne pousse que quelques arbustes, tels lesbouleaux rampants, qui sont une adaptation de la végétation aux conditions très rudes du milieu, en particulier des vents desséchants. Il n'existe que deux petites zones à l'abri des vents qui sont pourvues d'arbres, toutes situées dans le Sud de l'île. La première, lavallée de Qinngua, est la seule forêt naturelle groenlandaise et abrite principalement des espèces de bouleau pubescent (Betula pubescens) et de saule à feuilles grises (Salix glauca) poussant jusqu'à une hauteur de sept à huit mètres[35]. La seconde est l’Arboretum Groenlandicum, unarboretum àNarsarsuaq abritant sur quinze hectares des arbres detaïga arctique tels que lemélèze de Sibérie, lepin tordu, l'épinette blanche et l'épinette de Sitka[36],[37].
Malgré l'éloignement des grands centres urbains et industriels, le Groenland reçoit paradoxalement despolluants aéroportés de tout l'hémisphère nord, et par l'alimentation (produits de la mer en particulier) les Groenlandais sont exposés à certainscontaminants, plus que la moyenne des humains et souvent excessivement par rapport aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé ou de laCommission européenne. C'est le cas pour les polluantsorganochlorés (dioxines,furanes,PCB…) et pour des métaux toxiques tels que leplomb, lecadmium, lemercure et lesélénium par exemple[38].
Répartition spatiale de la population et des activités
Le Groenland est marqué par des déséquilibres spatiaux multiples. D'une part, la population vit presque exclusivement sur la côte. D'autre part, il possède l'originalité d'avoir unecapitale qui regroupe près d'un tiers de la population totale du pays ainsi que la quasi-totalité des étudiants et des sièges de grandes entreprises.
Après lesannées 1960, la population des villes a augmenté rapidement, absorbant la croissance nette de la population ainsi que les migrations depuis les zones rurales. Cette tendance se poursuit depuis 40 ans. Le tableau ci-dessous liste les principales villes du pays en 2012 classées en fonction de leur population.
Principales villes du Groenland lors du recensement du
Uncairn sur le chemin de Sisimiut, à quelques kilomètres de Kangerlussuaq.
Aucun réseau routier n'existe entre les différents villages, lesglaciers et la ligne côtière fortement découpée par lesfjords empêchant de construire des routes entre les localités. Seuls desferrys, et plus rarement des avions, relient les villages entre eux en été. En hiver, des hélicoptères permettent d'assurer certains ravitaillements de villages pour la plupart isolés par la banquise.
Il existe néanmoins quelques rares itinéraires à travers latoundra, comme les deux cents kilomètres qui séparentKangerlussuaq etSisimiut, balisés par les Inuits grâce à descairns (ouinuksuit). Ceux-ci étaient et sont encore parcourus en été par des marcheurs et parfois même des coureurs, et de plus en plus empruntés par les touristes en quête detreks (grandes randonnées) originaux.
En juillet 2020 a commencé la construction d'une route, la première reliant deux villes, entre Sisimiut et Kangerlussuaq. Ce projet permettra d'acheminer diverses ressources, notamment le poisson pêché à Sisimuit, de promouvoir le tourisme dans la région et de connecter la seconde ville du Groenland avec l'aéroport principal du pays[39].
Les premières populations qui arrivent au Groenland sont des Amérindiens. Ils arrivent entre 2500 et 800 av. J.-C. Cette culture est appelée Saqqaq[40].
Les premières cultures amérindiennes disparaissent progressivement[40].
En 982, le VikingÉric le Rouge découvre à son tour le Groenland. L'île est chargée de glace avec quelques maigres prairies sur les littoraux. Elle est baptisée Groenland, qui signifie « terre verte », dans le but d'y attirer des colons[41],[42].
Lors de l'arrivée des Vikings qui y subsistèrent pendant plus de quatre siècles, il pourrait avoir été inhabité, les premiers arrivants ayant disparu lors de la période froide précédente et les peuples inuits vivant actuellement au Groenland ne s’y étant établis qu'au début duXIIIe siècle[réf. nécessaire] (les données génétiques disponibles sont en accord avec l'opinion selon laquelle les Esquimaux actuellement présents au Groenland descendent essentiellement des « Néo-Esquimaux » d'Alaska[43]). L'ethno-historienJean Malaurie estime quant à lui que les Vikings y ont rencontré les Inuits[44].
Ivar Baardson, émissaire épiscopal, signale l'abandon du Vesterbygden dès l'an1350[45]. L'historien Mézeray indique qu'à l'arrivée de lagrande peste, "on cessa d'envoyer des navires au Groënland".Alors que les établissements vikings (essentiellement agricoles) de la côte sud-ouest disparaissaient finalement au cours duXVe siècle[46], probablement vers1450[47], au moins en partie du fait du refroidissement de plusieurs siècles dit « petit âge glaciaire »[48], les Inuits y ont, quant à eux, survécu jusqu'à nos jours. Ils ont développé une société (de chasseurs-pêcheurs) capable de vivre sous un climat très rude, demeurant pendant plusieurs siècles le seul peuple à habiter l'île[49].
En 1491-1492, l’île est visitée par le navigateur portugaisJoão Fernandes Lavrador.Gaspar Corte-Real part deLisbonne au commencement de l'été 1500 avec un navire bien équipé, soutenu financièrement par son frèreMiguel. Vers octobre, il atteint une terre septentrionale où règne un climat très froid, qu'il nommeTerra verde (Terre verte, aujourd'hui le Groenland), mais ne peut y débarquer en raison des conditions météorologiques.[réf. nécessaire]
AuXVIIIe siècle, leroyaume de Danemark et de Norvège fait cependant valoir ses droits sur le territoire, alors que l'on était sans nouvelle des Vikings partis coloniser l’île depuis plusieurs siècles. Craignant qu'ils ne soient retombés dans lepaganisme, les autorités danoises organisent une expédition missionnaire en1721. Ne trouvant aucun descendant des Vikings groenlandais, les membres de l'expédition se consacrèrent à la conversion des Inuits et à l'établissement de colonies commerciales le long de la côte. L’île repassa donc sous domination scandinave et conserva son statut de colonie jusqu'en1953.
En 1951 a lieu la réunion des Assemblées du Nord et du Sud en un Parlement. Les décisions concernant le Groenland sont désormais prises au Groenland[40].
Dans les années 1960 les autorités danoises mènent une politique de modernisation à marche forcée du Groenland. Les petits villages ont été fermés et leur population rassemblée dans les villes, constituant une nouvelleclasse ouvrière[52].
Pendant laguerre froide, les États-Unis exploitent des bases aériennes au Groenland. La base de Thulé par exemple est utilisée comme site de déploiement de missiles balistiques intercontinentaux équipés de têtes nucléaires permettant de projeter la force nucléaire américaine vers l’URSS[53].
En 1968, unbombardier américain s'est écrasé avec quatre bombes nucléaires[54]. Selon certaines sources, notamment des documents déclassifiés publiés par la BBC, une des bombes a été perdue pendant l'accident[55]. Mais selon un rapport de l'Institut danois des affaires internationales (DIIS) aucune bombe n'a été perdue[56].
En 1953, le Groenland passe du statut de colonie à celui de comté d'outre-mer : des députés autochtones siègent au Parlement danois[40].
Le Groenland acquiert son autonomie interne par rapport au Danemark en1979. Au cours des années 1960-1970, le Danemark entreprend une politique de « danisation » de l'île, notamment par des opérations d'urbanisme visant à regrouper l'habitat, ce dont témoigne la mémoire des Groenlandais actuels et leurs albums photographiques[57].
En1982, les habitants décident de demander leur retrait de laCEE, à laquelle le Danemark avait adhéré en 1973. À cette fin, ilsorganisent un référendum et le retrait est approuvé à 53 %. Il intervient le.
En 2019, le président américainDonald Trump réitère l'offre des États-Unis d'acheter l'île[63],[64]. La Première ministre danoise répond que ce territoire n'est pas à vendre et que cette idée est « absurde[65] », mot qui suscite l'irritation du président américain[66],[67],[68]. Le 2019, ledépartement d'État des États-Unis manifeste son intention d'ouvrir un consulat àNuuk en 2020[69]. Finalement, en mai 2021, le secrétaire d’État américainAntony Blinken annonce que les États-Unis ne sont plus intéressés par l'achat du Groenland[70].
Troisième tentative d'appropriation par les États-Unis
En, le président Trump, récemment réélu,« exprime à nouveau son souhait de prendre le « contrôle » du Groenland » sans exclure l’usage de la force armée pour parvenir à ses fins[71]. Le Groenland est considéré comme stratégique pour l’armée américaine avec sabase aérienne de Pituffik[72]. Le Premier ministre du Groenland a répondu que celui-ci n'était « pas à vendre »[73].
Le, le référendum consultatif portant sur l'autonomie de l'île a très majoritairement approuvé un plan d'autonomie vis-à-vis du Danemark. Selon les résultats officiels définitifs, 75,5 % des suffrages exprimés se sont prononcés en faveur d'un régime d'autonomie élargie.
Le nouveau statut, soutenu par Copenhague, prévoit entre autres d'accorder au Groenland le pouvoir sur sa police, ses tribunaux et ses gardes-côtes, de faire dugroenlandais, qui est une langueinuite, la langue officielle. Il accorde également aux Groenlandais le droit de contrôle sur leurs ressources (pétrole, gaz, or, diamant, uranium, zinc, plomb). Le texte soumis à la population proposait, au total, des transferts de compétence dans trente domaines.
Il est entré en vigueur le, jour de la fête nationale du Groenland. Néanmoins, seules les dispositions relevant des compétences transférées par le statut d'autonomie de 1978 s'appliquent. En particulier, la politique étrangère, la défense nationale et la politique monétaire constituent un domaine réservé du pouvoir central danois[78]. Les Groenlandais peuvent ainsi participer à des négociations internationales sur les sujets qui les concernent exclusivement, sauf sur les questions de défense et de sécurité. Cet accord ne limite pas les pouvoirs constitutionnels du Danemark et il est réaffirmé que les affaires internationales, la défense et la politique de sécurité sont affaires du royaume de Danemark. Néanmoins, le gouvernement du Groenland peut envoyer des représentants au sein des missions diplomatiques danoises à l'étranger pour faire valoir les intérêts groenlandais.
Enfin, tout projet de loi concernant le Groenland doit faire l'objet d'observations de la part du Parlement groenlandais avant que leFolketing (le Parlement danois) adopte (ou refuse) le texte. Ce procédé concerne aussi les projets d'ordonnance administrative, auquel cas c'est le gouvernement groenlandais qui se charge de l'observation.
En cas de doute dans la dévolution des pouvoirs, une cour constituée de deux représentants du gouvernement danois, deux représentants du gouvernement groenlandais et trois membres de la Cour suprême danoise nommés par le président de celui-ci doivent trancher. Si aucun accord n'est trouvé, les membres de la Cour suprême ont le dernier mot[79].
Des élections municipales sont organisées tous les quatre ans auscrutin proportionnel pour élire les membres des conseils municipaux[80]. Les maires sont ensuite élus, de manière indirecte, par les conseils[80]. Les communes étant extrêmement étendues, les conseils municipaux peuvent décider d’établir des conseils villageois dans certaines parties de leur territoire[81]. Les conseils municipaux comptent peu de membres, généralement trois à cinq[81].
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Les deux partis sortis en tête desélections législatives de 2021,Inuit Ataqatigiit (socialiste et écologiste) et leSiumut (social-démocrate) sont tous deux favorables à l'indépendance du Groenland. Cette perspective est soutenue par plus des deux tiers des habitants[82].
Le ont eu lieu desélections législatives, moins de deux ans après lesprécédentes. Ce scrutin anticipé est une conséquence de la suspension de la Première ministreAleqa Hammond, qui a quitté le pouvoir en raison d'un scandale financier[83]. Le parti du gouvernement sortant,Siumut, remporte la majorité des suffrages avec 34,3 % des voix mais perd trois députés, ce qui le place à égalité avec le principal parti d'opposition,Inuit Ataqatigiit, qui remporte 33,2 % des voix[84]. Siumut ayant cependant remporté un pourcentage légèrement supérieur des suffrages, son chefKim Kielsen est autorisé à former ungouvernement de coalition avecLes Démocrates etAtassut[85].
La base de Thulé a été très active pendant laguerre froide. Un vol de bombardier armé d'armes nucléaires, non déclaré auDanemark, s'est écrasé au Groenland en (accident de Thulé). Il dissémine quatre bombes, dont l'une semble n'avoir jamais été retrouvée[87]. En 2004, le gouvernement danois a signé un accord avec les États-Unis autorisant le renforcement de la base pour la modernisation du système antimissiles. Il existe aux États-Unis une conscience aiguë de l'importance du Groenland. Le journaliste John J. Miller déclare :« C’est une honte qu’un pays aussi insignifiant que le Danemark puisse tenir une telle place à propos d’un aspect aussi essentiel pour la sécurité des États-Unis[88]. »
De 1958 à 1966, les États-Unis ont tenté de déployer au Groenland, à 200 km de la base de Thulé, un projet nomméIceworm[89] qui consistait à créer un réseau de centaines de kilomètres de tunnels sous-glaciers pour y déployer des dizaines de missiles nucléaires mobiles. L'implantation a commencé àCamp Century avec une logistique alimentée en énergie par un réacteur nucléaire mobile. Le projet a été abandonné à cause des problèmes de stabilité des tunnels. L’ensemble avait été présenté, notamment par le gouvernement danois, comme un projet scientifique de recherches polaires[90].
En tant que territoire autonome, le Groenland est membre duConseil nordique. Cependant, leDanemark le représente auprès duConseil de l'Arctique. À l'occasion duréférendum consultatif du, le Groenland a souhaité modifier ses relations avec l'Union européenne. Il s'agissait de ne pas être soumis à certaines contraintes de laCEE, en particulier pour protéger son industrie de pêche. Ce souhait a donné lieu à une demande du Danemark présentée à la Communauté européenne. À la suite de l'acceptation de celle-ci en1984, untraité modifiant les traités instituant les communautés européennes en ce qui concerne le Groenland a été signé. Le Groenland a été retiré des accords sur le charbon et l'acier, ainsi que des accords sur l'énergie atomique. Il a été placé sur la liste des territoires d'outre-mer associés à la Communauté européenne (devenue Union européenne). En 2006, le Conseil européen se prononce sur les relations entre l'Union européenne, d'une part, et le Groenland et le royaume de Danemark, d'autre part. Il a notamment été déclaré :« La Communauté européenne a un intérêt durable, sur un plan géostratégique, à tisser des relations privilégiées avec son voisin groenlandais, qui est partie intégrante de l'un de ses États membres, et à participer au bien-être et au développement économique de ce territoire[91]. »
D'aprèsNaatsorsueqqissaartarfik, l'institut groenlandais de statistiques, 56 609 personnes vivent au Groenland au[92].
À titre historique, le Groenland comptait 6 286 habitants en 1820 et 9 641 en 1855[93].
Le Groenland possède l'un destaux de suicide les plus élevés du monde[94] à 81 pour 100 000 habitants en 2021, contre 10,8 au Danemark ou 13 en France. Plus de 800 enfants sont placés en foyer (soit 6 % contre 1 % au Danemark). Enlevés à leur famille sur la base detests d'aptitudes parentales: "FKU" (Forældrekompetenceundersøgelse) très controversés et plusieurs fois remaniés[95],[96]. Le taux de recours à l’avortement y atteint des records, à 69 pour 1 000 femmes en âge de procréer (contre 10 au Danemark)[52]. Ces difficultés résultent d'autres problèmes sociaux comme lemal-logement et lesinégalités sociales[52].
Population du Groenland, par pays de naissance et pays constitutifs du royaume de Danemark[97]
La plupart des villages du Groenland, comme iciNanortalik, ont leur propre église.
LesInuits nomades étaient traditionnellementchamanistes, avec une mythologie bien développée. Ils s'inquiétaient principalement d'apaiser le courroux de ladéesse de la mer sans doigts qui contrôlait le succès de la chasse aux phoques et à la baleine.
Les premiers colons scandinaves étaient païens, mais le fils d'Erik le Rouge, Leif, a été converti au christianisme catholique par le roi Olaf Trygvesson lors d'un voyage en Norvège en 999 et le monarque a envoyé des missionnaires au Groenland. L'arrivée de ceux-ci a eu pour conséquence l'établissement de seize paroisses, de monastères et d'un évêché àGardhar.
Aujourd'hui, la principale religion est leprotestantisme et la plupart des croyants appartiennent auxÉglises évangéliques luthériennes du Danemark. Bien qu'il n'y ait pas de données officielles du recensement sur la religion au Groenland, l'évêque luthérien du Groenland Sofie Petersen estime que 85 % de la population groenlandaise est membre de sa congrégation[98].
Legroenlandais et ledanois ont tous les deux été utilisés dans les affaires publiques depuis la mise en place de l'autonomie interne en 1979 ; la majorité de la population est bilingue. Le groenlandais est devenu la seule langue officielle en[1]. L'orthographe du groenlandais a été établie en 1851[99] et révisée en 1973, et le pays a un taux d'alphabétisation de 100 %[100].
Dans la pratique, le danois est encore largement utilisé dans l'administration et dans l'enseignement supérieur et reste également la première ou la seule langue pour certains immigrants danois à Nuuk et dans d'autres villes. Il y a un débat constant sur le rôle du groenlandais et du danois dans la société future. Environ 12 % de la population a le danois comme langue maternelle, en particulier les immigrants danois au Groenland, dont beaucoup occupent des postes tels qu'administrateurs, professionnels, universitaires ou ouvriers qualifiés. Alors que le groenlandais est dominant dans tous les villages, une partie de la population inuite ou d'ascendance mixte, en particulier dans les villes, parle le danois. La plus grande partie de la population inuite a le danois comme seconde langue. Dans les grandes villes, en particulier à Nuuk, et dans les classes sociales plus élevées, les danophones constituent encore un grand groupe. Tandis qu'une stratégie vise à promouvoir le groenlandais dans la vie publique et dans l'éducation, en développant son vocabulaire et sa pertinence pour tous les contextes complexes, cette approche est étiquetée de « groenlandisation » par ses opposants qui ne souhaitent pas que le groenlandais devienne l'unique langue nationale.
L'anglais est une langue importante pour le Groenland, enseignée dans les écoles dès la première année scolaire[101].
Le système d'éducation est calqué sur le systèmedanois. L'école publique du Groenland est, comme auDanemark, sous la juridiction des communes : ce sont donc des écoles municipales. L'assemblée législative précise les normes autorisées pour les contenus dans les écoles, mais les administrations municipales décident des modalités du fonctionnement des écoles placées sous leur responsabilité. L'éducation est gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de sept à seize ans. L'effort financier consacré à l'éducation est aujourd'hui très important (11,3 % duPIB). L'article 1 de l'Ordonnance du gouvernement relative aux écoles publiques (modifiée au) impose legroenlandais comme langue d'enseignement. L'éducation est régie par le règlementno 10, du, concernant l'enseignement primaire etsecondaire du premier cycle. Ce règlement a été modifié par le règlementno 8 du et le règlementno 1 du. En vertu du règlementno 10 du, l'intégration linguistique dans lesécoles primaires etsecondaires du premier cycle est devenue obligatoire pour tous les élèves. L'objectif est de placer les élèves de languegroenlandaise et ceux de languedanoise dans les mêmes classes, alors que, auparavant, ils étaient répartis dans des classes séparées en fonction de leur langue maternelle. En même temps, le gouvernement garantit auxdanophones de pouvoir apprendre le groenlandais. Le gouvernement groenlandais désire ainsi donner la même formation linguistique, culturelle et sociale à tous les élèves, tant ceux d'origine groenlandaise quedanoise. Une étude, qui a été réalisée au cours d'une période d'essai de trois ans, est arrivée à la conclusion que cette politique avait obtenu des résultats positifs. C'est cette politique de bilinguisme qui est en vigueur depuis 1994.
Une centaine d'établissements scolaires ont été créés. Le groenlandais et le danois y sont enseignés. Normalement, le groenlandais est enseigné de la maternelle à la fin du secondaire, mais le danois est obligatoire dès le premier cycle du primaire comme langue seconde. Comme auDanemark avec le danois, le système scolaire prévoit des cours de « Groenlandais 1 » et des cours de « Groenlandais 2 ». Des tests linguistiques autorisent les élèves à passer d'un niveau à l'autre. Selon l'évaluation des enseignants à l'égard de leurs élèves, un troisième niveau de cours a été ajouté : le « Groenlandais 3 ». Au Groenland, l'enseignement secondaire correspond généralement à uneformation professionnelle et unenseignement technique. Le système est régi par le règlementno 16 du relatif à la formation professionnelle et l'enseignement technique, lesbourses d'études et l'orientation professionnelle. Le danois reste la principale langue d'enseignement. La capitale,Nuuk, abrite un collège (bilingue) de formation des maitres et uneuniversité (bilingue). À la fin de leurs études, tous les étudiants doivent passer avec succès un test enlangue groenlandaise.
Kalaallit Nunaata Radioa (KNR) est l'entreprise de radiotélévision publique du Groenland. Elle est membre associée de l'Eurovision et du réseauNordvision. Près d'une centaine de personnes sont directement employées par cette entreprise qui compte parmi les plus importantes du territoire[102].
La ville de Nuuk dispose également d'unechaîne de télévision locale,Nanoq Media, créée le. Il s'agit de la plus grande station de télévision locale au Groenland, pouvant toucher plus de 4 000 ménages en tant que membres réceptionnaires, ce qui correspond à environ 75 % de tous les ménages dans la capitale[103].
En plus de la KNR, il existe un certain nombre de stations de radio et de télévision locales et privées dontNanoq Media.
Aujourd'hui, seuls deuxjournaux sont publiés au Groenland, tous deux sont distribués nationalement.Depuis la fin 2009, les journaux ont été fusionnés en un seul groupe, mais sont néanmoins publiés en deux journaux différents, qui sont publiés une fois par semaine.
L'hebdomadairegroenlandophoneSermitsiaq est publié tous les vendredis, tandis que la version en ligne est mise à jour plusieurs fois dans la journée. Il était distribué uniquement à Nuuk jusque vers lesannées 1980. Son nom vient de la montagneSermitsiaq, située à environ 15 kilomètres au nord-est de Nuuk.
Le bihebdomadaireAtuagagdliutit/Grønlandsposten (AG) est l'autre journal du Groenland, publié tous les mardis et tous les jeudis engroenlandais sous le nom deAtuagagdliutit et endanois sous le nom duGrønlandsposten. Les articles sont tous publiés dans les deux langues.
Internet joue également un rôle important au Groenland. En 2017, environ 50 % de la population utilisait internet quotidiennement. Le prix par mégaoctet a chuté de 95 % entre 2007 et 2015, ce qui a entraîné une plus grande adoption. L'utilisation d'Internet a été multipliée par 145 entre 2007 et 2017, l'utilisation des données mobiles a même été multipliée par 600 entre 2009 et 2018. Le Groenland est parmi les pays où la pénétration de Facebook est la plus élevée. Environ les deux tiers des résidents utilisent Facebook quotidiennement et une enquête de juillet 2018 a révélé que le Groenland était en tête du classement mondial pour la plupart des commentaires Facebook par mois et par habitant.
Les fournisseurs d'accès Internet sont :
Tele Greenland, de loin le plus grand fournisseur d'accès Internet au Groenland.
L'entreprise est en concurrence avec les plus petits fournisseurs internet comme :
Le sport est une partie importante de la culture groenlandaise, la population étant généralement assez active[104]. Les principaux sports traditionnels au Groenland sont les sports de l'Arctique, une forme delutte probablement originaire de l'époque médiévale.
Les sports les plus populaires sont lefootball, l'athlétisme, lehandball et leski. Le handball est souvent désigné comme le sport national[105], et l'équipe du Groenland masculine de handball a été classée parmi les 20 premières dans le monde en 2001. Les Groenlandaises excellent au football par rapport aux autres danoises.
Le Groenland présente d'excellentes conditions pour leski, lapêche, lesnowboard, l'escalade glaciaire et l'escalade, mais l'alpinisme et larandonnée sont préférés par le public en général. Bien que l'environnement du pays soit généralement mal adapté pour le golf, il existe néanmoins des terrains de golf sur l'île.Le Groenland accueille le plus grand multisports d'une biennale internationale du monde et événement culturel pour les jeunes de l'Arctique pour la deuxième fois en 2016[106].[Quoi ?]
La plus ancienne association sportive au Groenland est la Fédération de ski du Groenland, fondée en 1969.Ce qui est arrivé quand le Président de la commutation GIF Daniel a obtenu réformé connecté et pris l'initiative de fédérations trouvés.[Quoi ?] La fédération de ski du Groenland est plus tard divisée en ski alpin et le ski de comité de sélection. La fédération n'est pas membre de laFédération internationale de ski (FIS), mais les skieurs groenlandais ont participé aux Jeux olympiques et aux championnats du monde sous le drapeau danois en 1968, 1994, 1998 et en 2014[107].
Le Groenland participe à la biennale des Jeux des îles, ainsi qu'à la biennale desJeux d'hiver de l'Arctique. En 2002, Nuuk a accueilli les Jeux d'hiver de l'Arctique en liaison avecIqaluit, auNunavut[108]. De plus en 2002 et auparavant en 1994, ils ont remporté letrophée Hodgson pour l'esprit sportif[109].
La pêche représente 95 % des exportations, avec des espèces comme le flétan, la crevette et le crabe des neiges particulièrement prisées. Il existe un accord de partenariat en matière de pêche entre la Communauté européenne et les gouvernements du Danemark et du Groenland. Cependant, ledérèglement climatique et lasurpêche posent des défis pour la gestion durable de ces ressources ; en particulier le réchauffement climatique entraîne la fonte rapide des glaces et du pergélisol groenlandais, qui libère d'importantes quantités demercure et deméthylmercure (ces eaux en contiennent actuellement environ dix fois plus que la normale, ce qui pose un danger pour les écosystèmes et la santé des communautés groenlandaises qui consomment traditionnellement beaucoup de poisson.
Lapertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution.Améliorez-le oudiscutez-en, sachant quela pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question.(mars 2025) Motif avancé : Pas uniquement au Groenland. D'ailleurs le rapport de 2023 (2003 dans l'article ?) ne cite le Groenland qu'une seule fois :« Hylander et Goodsite (2006) estiment que remplacer les aliments traditionnels par des produits alimentaires exempts de mercure pour les communautés inuites du Groenland coûterait environ 31,5 millions USD en valeur de 2006 par an (ou environ 50 millions USD en valeur actuelle). » (voirle rapport à la page 18).
Selon l'étude publiée dans le cadre duGlobal Mercury Partnership de l'UNEP (Programme des Nations unies pour l'environnement), qui se base notamment sur une étude de2003[pas clair][110] démontrant les sérieuses conséquences socio-économiques de la pollution au mercure sur la biodiversité, la pêche et les moyens de subsistance,« il est prouvé que la pollution au mercure entraîne une réduction de la taille des stocks d'espèces de poissons commerciales, ce qui peut affecter la rentabilité de la pêche ».
Le sous-sol groenlandais contient des gisements de minerais clés pour la transition énergétique et des hydrocarbures (avec selon l'Union européenne 25 des 34 minérais essentiels[111]), ayant donné lieu à un protocole d'accord (2023) pour le« développement des ressources minérales » de l'île, signé avec l'Union européenne. Cependant, en 2025 ces réserves restent« modestes à l'échelle mondiale et leur exploitation anecdotique »[112]. À la pointe sud de l'île, dans le sous-sol du plateau surplombant la ville deNarsaq, la compagnie australienneGreenland Minerals and Energy Ltd pense avoir découvert ce qui pourrait être le plus grand gisement mondial de métaux rares.Kvanefjeld, actuellement détenu par le groupe minier australienEnergy Transition Minerals se propose d'y prélever 32 000 t/an d'oxyde de terres rares et des métaux dont l'uranium, le zinc et le fluor, mais le projet est bloqué en janvier 2024 par un tribunal d'arbitrage qui ordonne à Greenland Minerals A/S (GMAS), filiale d'Energy Transition Minerals, de fournir une garantie de paiement pour les frais juridiques des gouvernements du Groenland et du Danemark. L'exploitation des richesses du sous-sol est une perspective à double tranchant : elle permettrait aux groenlandais de s'affranchir de la tutelle danoise, mais en devenant dépendants de grandes entreprises minières ou pétrogazières, et avec des risques accrus pour l'environnement, le climat et les traditions[113]. Selon Connaissance des énergies (mars 2025) : pour un total estimé de 36,1 millions de tonnes deterres rares, on estime que seules 1,5 million de tonnes y sont récupérables de manière rentable[112]. Le Groenland dispose aussi de graphite, du lithium et du cuivre, essentiels pour une transition énergétique basée sur l'électrification. En 2025, une seule mine est active au Groenland (extraction d'anorthosite, sur la côte ouest, par Lumina Sustainable Materials), et unemine d'or est en redémarrage (à Nalunaq, propriété d'Amaroq Minerals) ; d'autres projets sont en développement, certains au stade des licences d'exploitation, mais sans avoir encore réuni les sommes importantes nécessaires à l'exploitation dans des conditions souvent difficiles (froid hivernal, pergélisol, isolement, éloignement des infrastructures de transport et d'énergie...) ou sans avoir obtenu à ce jour les autorisations finales de mise en production (selon Jakob Kløve Keiding, consultant senior au GEUS interrogé par l'AFP)[112]. La multinationale américaineAlcoa (présente dans 43 pays, employant 127 000 personnes et classé en 2016 comme l'entreprise la plus polluante de l'air aux États-Unis)[114] a annoncé en 2006 un projet d'usine au Groenland, à l'appui d'une étude[115] environnementale publiée en 2009 avec l'Université d'Aalborg. Il s'agirait d'une fonderie d'aluminium d'une capacité de 360 000 t/an sur la côte ouest (àManiitsoq)[116], dont la construction pourrait nécessiter environ 5 000 personnes selon un protocole signé avec le gouvernement le et créer environ 700 emplois (625 pour la fonderie et 25 autres pour les deux centrale ; 2 600 travailleurs pourraient être mobilisés lors du pic de construction, emplois bon marché importés de Chine pour construire la fonderie et les deuxcentrales hydroélectriques devant alimenter les fours et l'usine. Par la suite, Greenland Development espère 300 emplois indirects de type fournisseurs, etc.)[117]. L'investissement prévu est de l'ordre de trois milliards d'euros[118] pour une mise en service qui était espérée en 2014, mais retardée. Ce projet a créé un conflit avec la population (inquiète de l'arrivée possible des 3 000 travailleurs chinois avec des « salaires internationaux ») ; il a aussi suscité un conflit avec le Danemark, l'entreprise et le gouvernement groenlandais souhaitant que les droits d'émission degaz à effet de serre soient abaissés à ceux d'un pays en voie de développement, alors que l'entreprise est américaine et que les règles danoises sur le climat et l'énergie s'appliquent pour réduire la production de gaz à effet de serre ; en 2009, le Premier ministre groenlandais a menacé de ne pas participer à l'accord sur le climat si le Groenland était soumis à cette règle[119]. Les écologistes estiment que les études environnementales officielles sous-estiment les risques ; les protectionnistes culturels redoutent la possible destruction de sites archéologiques, les syndicats doutent des calculs économiques fournis et les défenseurs de la démocratie soulignent le poids des lobbys et le manque d'association de la population dans ce type de décision politique (le choix, en 2008, de l'Américain Alcoa plutôt que sa concurrente européo-norvégienneNorsk Hydro est-il lié à la présence de bases militaires américaines au Groenland ?)[117].
Le fond océanique des eaux côtières recèlerait des réserves d'hydrocarbures fossiles équivalentes à la moitié de celles de lamer du Nord (qui s'épuisent), mais aucun forage industriel de pétrole ni de gaz n'a été exploité au Groenland, en dépit de trois licences d'exploration pétrolière accordées à l'est du territoire ; le réchauffement climatique rendrait l'accès à ces ressources moins difficile. L'US Geological Survey y estimait en 2001 les réserves pétrolières à la moitié de celle de l'Arabie saoudite, soit environ 10 % des réserves mondiales connues, avec des réserves de gaz importantes, bien qu'encore mal quantifiées. Une estimation plus récente est de 28,43 milliards de barils équivalent pétrole (selon GEUS, la Compagnie pétrolière nationale du Groenland (Nunaoil) et l'Autorité des ressources minérales du Groenland (MRA), sur la base des données de l'industrie).« Bien qu'abondant, ce gisement potentiel resterait un apport limité pour la demande mondiale, les seuls États-Unis ayant consommé plus de 7 milliards de barils rien qu'en 2023, d'après l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) »[112].
L'économie groenlandaise est parfois décrite comme « l'une des plussocialistes au monde », la collectivité jouant un rôle central, soit directement par lesservices publics, soit via des sociétés privées contrôlées par le gouvernement. Laplanification économique y a permis une certaine stabilité, notamment pendant lacrise financière mondiale de 2008[82].
Pour faire face au manque de main d'œuvre (lié à la faible natalité), le territoire est contraint de faire appel à des travailleurs migrants venus de pays d'Asie[52].
La lecture des œuvres deJørn Riel, un Danois qui a vécu lui-même au Groenland pendant de nombreuses années, offre une excellente représentation des modes de vie des Groenlandais et des Inuits. Une grande partie de la population, surtout urbaine, parle ou comprend l'anglais, qui est la seule langue étrangère enseignée et parlée, avec le danois, qui était langue officielle[1]. En première ou seconde langue, vu le statut international de l'anglais, au niveau du tourisme, de la proximité avec le Canada ou les États-Unis, les échanges avec les autres Inuits qui vivent au Canada, le nombre de locuteurs anglophones dépasse sans doute les locuteurs danophones. L'anglais est enseigné dès l'école primaire.
La littérature groenlandaise écrite commence dès la fin duXIXe siècle, alors que le taux d'alphabétisation atteint presque 100 %. Au début duXXe siècle, les premiers romans (Le rêve groenlandais deMathias Storch etTrois cents ans après d'Augo Lynge) sont des utopies sociales dont l'action se situe dans le futur. Aujourd'hui, le poèteAqqaluk Lynge (Des veines du cœur au sommet de la pensée) et les romanciersKelly Berthelsen (Je ferme les yeux pour couvrir l'obscurité) etNiviaq Korneliussen (HOMO sapienne) témoignent plutôt de la révolte politique et du désarroi des Groenlandais face aux difficultés sociales et à l'incertitude de leur identité -- une voie dans laquelle s'était déjà engagée la première romancière groenlandaise,Mâliâraq Vebæk[120]. La plupart des œuvres groenlandaises sont traduites en danois, mais peu le sont dans d'autres langues. Depuis quelques années, certains auteurs ont été publiés en français, tels Aqqaluk Lynge, Augo Lynge, Mathias Storch et Kelly Berthelsen.
Qaanaaq est la ville la plusanglophone du Groenland, carune base militaire américaine est située juste à côté de la ville. Généralement, les personnalités politiques et les élites maitrisent parfaitement l'anglais.
Lacuisine groenlandaise traditionnelle fait partie de laculture gastronomique inuite, et se base principalement sur des produits de la mer (poissons et mammifères marins, parfois mangés crus). Elle est au cœur de l'identité groenlandaise, bien que la part de la consommation d'aliments importés augmente régulièrement[121].
↑Le Groenland s'étend sur les fuseaux horaires UTC -1 à UTC -4, mais UTC -2 n'est pas utilisé, et la région de Danmarkshavn est à UTC+0. Seule la région d'Ittoqqortoormiit (UTC -1) observe l'heure d'été européenne.
↑Prononcé/ɡʁɔ.ɛn.lɑ̃d/, parfois orthographié « Groënland » (Cf.Jean-MariePierret,Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Louvain-la-Neuve, Peeters,(lire en ligne),p. 107). En Belgique, sous l'influence du néerlandais, souventprononcé/ɡʁun.land/ voir :« Quand le réchauffement climatique cause… le réchauffement climatique »,RTBF,(lire en ligne).
↑C. Massa (2010). L’implantation médiévale scandinave de la côte sud-ouest du Groenland comme la limite du modèle agro-pastoral importé d’Europe du Nord : Implications paléoenvironnementales.
↑Anne Lefèvre-Balleydier, « Des Terres d'Inuits et de Vikings. »,Les cahiers de Science et Vie.,no 222,,p. 8-9
↑E. Gauthier, H. Richard, C. Massa, B.B. Perren, V. Bichet & L. Millet,Retro-observation des interactions hommes-milieux et de leurs conséquences sur l'environnement : le cas de l'agriculture au Groenland ; Les interactions hommes-milieux. Questions et pratiques de la recherche en environnement, Éditions Quae, Paris, 2014, Collections Indisciplines(ISBN978-2-7592-2187-5),p. 65-76 <hal-01015373>(résumé).
↑(en) « The Constitution of Denmark –Section 17 », surservat.unibe.ch :« The body of Ministers shall form the Council of State, in which the Successor to the Throne shall have a seat when he is of age. The Council of State shall be presided over by the King ».
↑Il est révélé ultérieurement que le gouvernement danois n’avait pas été mis au courant de la nature du projetIceworm (Grønland under den kolde krig. Dansk og amerikansk sikkerhedspolitik 1945-68, København, Dansk Udenrigspolitisk Institut, 1997,p. 319-325).
↑Communiqué de 2023, lié à la signature entre l'Union européenne et le gouvernement groenlandais d'un protocole d'accord pour le« développement des ressources minérales ».
↑MarineDuc, « L'extractivisme sans extraction ? Au Groenland, des politiques de développement territorial entre volontarisme minier et dépossessions »,Géoconfluences,(lire en ligne, consulté le).
↑(da)Berlingske Tidende, —« (Premier ministre groenlandais Kuupik Kleist) : le Groenland se réserve le droit de ne pas participer à l'accord sur le climat, si les conditions de l'accord se traduisent par des sanctions sur des pays comme le Groenland, qui essayent de se développer et de renforcer leur peuple et leur société ».
Le Groenland, Colonie du Danemark : notes géographiques, historiques et sociales, édité par le Commissariat général du Danemark pour l'Exposition coloniale internationale de Paris en 1931, Imprimerie Gauthier-Villars & Cie,14 p. & 1 carte.
Damien Degeorges, « Le Groenland : enjeux et nouveaux défis »,Nordiques, Institut Choiseul,no 14,.