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Grand Orient de France

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Wikipédia:Bons articles

Vous lisez un « bon article » labellisé en 2015.

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Pour les articles homonymes, voirGO.

Grand Orient de France
Histoire
Fondation
Cadre
Sigles
G.O.D.F, G.O.FVoir et modifier les données sur Wikidata
Zone d'activité
Type
Forme juridique
Siège
Pays
Organisation
Fondateur
Grand maître
Nicolas Penin(d)(depuis)Voir et modifier les données sur Wikidata
Affiliation
Chiffre d'affaires
Publication
Humanisme,La Chaîne d'union,Horizons maçonniques.
Site web

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Photo du buste d'une Marianne maçonnique
Jacques France (),Marianne maçonnique.

LeGrand Orient de France (abrégé en GOF, GODF ou simplement GO) est la plus ancienneobédience maçonnique française et la plus importante d'Europe continentale. Il est né en d'une profonde transformation de lapremière Grande Loge de France. Ce renouvellement débouche sur des traits spécifiques qu'il imprime à lamaçonnerie française, rendant celle-ci singulière, notamment au vu des autres maçonneries européennes. En, la majorité de ces différences perdurent encore en son sein.

L'évolution de l'obédience se fait au travers de l’histoire politique et sociale de la France. Investi par le milieu politique sous lePremier Empire, accusé par l’AbbéAugustin Barruel et les milieux contre-révolutionnaires de conspiration ayant abouti à la révolution, le Grand Orient développe au fil de son évolution un engagementhumaniste et politique. En, le Grand Orient supprime l'obligation pour ses membres de se référer à« l'existence deDieu » et à« l'immortalité de l'âme ». Dès lors, il est qualifié d'obédience dite« libérale » ou« adogmatique », qui adopte pour principe la« liberté absolue de conscience », n’imposant aucune croyance ou religion à ses membres. En cela, il se distingue des obédiences de la brancheanglo-saxonne qui enjoint le respect de préceptes dits« derégularité » édictés par laGrande Loge unie d'Angleterre en, impliquant notamment la croyance en Dieu et en sa Volonté révélée[N 1] ainsi que l'abstention de sujets politiques ou religieux enloge.

Profondément impliqué dans la vie publique et politique sous laIIIe République, il est dissout au même titre que l'ensemble de la franc-maçonnerie française lors de laSeconde Guerre mondiale par lerégime de Vichy. Le Grand Orient peine au sortir de la guerre à rebâtir ses effectifs et s’éloigne de l'action politique directe afin de privilégier la réflexion philosophique et sociétale. Fondateur duCLIPSAS, association regroupant les obédiences adogmatiques autour du globe, il est — avec plus de 52 000 membres répartis dans plus de 1 400 loges — la première obédience adogmatique d'Europe. Depuis, il laisse à ses loges la liberté d'initier ses membres sansdistinction de sexe.

Puissance symbolique souveraine (ses membres sont également des« initiés »[N 2]), son rite officiel est leRite français consubstantiel à la création de l'obédience, celle-ci intègre au cours de son histoire et au gré de leurs apparitions la plupart desrites maçonniques pratiqués de nos jours. Imprégné de culture orale, le GODF n'en est pas moins une institution de droit régie par laloi de 1901 et par des règles écrites fondées sur lesuffrage universel, principe démocratique qui s'exerce sur toutes ses structures. La devise,Liberté, Égalité, Fraternité, qu'il adopte en fait suite aux pages de son histoire et se confond volontairement avec celle de laRépublique française.

Histoire

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Portrait en pied et en couleur d'un aristocrate du XVIIIe siècle
Anne Charles Sigismond de Montmorency-Luxembourg.

Le Grand Orient de France est né en d'une profonde transformation de lapremière Grande Loge de France, fondée le[N 3],[BM 1]. C'est à la suite de la mort le de son dernier grand maîtreLouis de Bourbon-Condé, comte deClermont-en-Argonne, que débute cette transformation[2].

Cette fondation fait suite à une dizaine d'années de dissensions et de scissions au cours desquelles les dérives maçonniques ponctuent l’extension d'un« maquis touffu » dehauts grades dont les créations se multiplient depuis plus de trente ans et servent surtout à l'obtention de privilèges dans une société civile où le rang et l'autorité découlent du titre[DK 1]. La mort du Comte de Clermont met également fin au pouvoir de son substitut généralChaillon de Jonville et permet l'accession du ducAnne Charles Sigismond de Montmorency-Luxembourg au poste d'administrateur général lors des assemblées des et[DK 2]. Dès lors, celui-ci a pour condition préalable, la fin des divisions dans la maçonnerie du royaume et, fait notable à cette époque, pour la première fois le substitut, qui est le véritable administrateur de l'ordre, est élu par l'assemblée et non nommé par la seule volonté du grand maître[DK 3]. Sous son administration, il se constitue une obédience véritablement nationale, majoritaire, fortement centralisée, qui confie sa grande maîtrise àLouis-Philippe d'Orléans, solennellement installé le. La grande maîtrise dont il est titulaire, organisée comme une« brillante sinécure »[3], permet à Montmorency-Luxembourg de se trouverde facto grand maître de la Grande Loge reconstituée, situation qu'il met à profit afin d'imprimer à la maçonnerie française des traits spécifiques qui la différenciera des autres maçonneries européennes. La majorité de ces caractères perdurent encore au sein du Grand Orient[DK 4].

Débuts du Grand Orient

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Le, l'assemblée générale adopte le chapitre premier des nouveaux statuts et décide de créer un« Grand Orient de France »[4]. Cette assemblée met en œuvre plusieurs changements majeurs dont le plus important est l'élection des vénérables maîtres deloge[5], mettant fin à l'inamovibilité de ceux-ci en précisant que :« le Grand Orient de France ne reconnaîtra désormais pour Vénérable de loge que le Maître élevé à cette dignité par le choix libre des membres de la loge ». Ce premier chapitre officialise également la représentation du Grand Orient par les« députés de loge (bleue) tant deParis que des Provinces » lors des assemblées générales, affirmant pour la première fois une démocratie participative au niveau national et déniant de la sorte, à tous organismes de« hauts grades » le droit de s’immiscer dans les affaires de l’obédience[DK 5].

La dernière assemblée générale de« l'authentique Grande Loge de France » se tient le et valide l'installation solennelle de Philippe d’Orléans comme grand maître le, date qui marque la fondation de la nouvelle obédience[6]. Le jour même, le nouveau grand maître valide tous les travaux déjà commencés en son nom et« sous les auspices du Grand Orient de France » mettant fin à la période de transition qui a suivi le décès du comte de Clermont[DK 6]. En 1776, selonLouis Amiable, le Grand Orient de France compte 198 loges en activité, dont 37 à Paris[7].

Une grande majorité des loges du royaume rallient cette nouvelle structure dans les années qui suivent, bien qu'une« Grande Loge de Clermont » rivale, principalement parisienne, refusant ces évolutions et restant accrochée à la traditionnelle vénalité des offices, reste en activité jusqu'en, date à laquelle les deux obédiences, très fortement affaiblies par laRévolution française, fusionnent[BM 2].

Révolution française

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Portrait en peinture d'un notable du XVIIIe siècle
Roëttiers de Montaleau (1748-1807).

Il est fréquent de lire que les francs-maçons ont activement préparé laRévolution de 1789. L'association des loges auxLumières et à la Révolution a d'abord été une accusation lancée par les milieuxcontre-révolutionnaires[N 4], qui la présentent comme lerésultat d'un complot. La vérité est qu'il y en eut dans tous les camps[N 5]. Ainsi le duc de Luxembourg, véritable créateur du Grand Orient,« premier Baronchrétien » préside l'ordre de lanoblesse auxétats généraux et émigre le[BM 3]. Une loge aristocratique comme« La Concorde » deDijon se saborde dès[8] ou encore l'astronomeLalande, officier du Grand Orient et« doyen desathées » selon ses amis, demeure un monarchiste convaincu[BM 3].

Cependant, les loges dont le nombre atteint 629, dont 63 à Paris en[7] ont, par leur fonctionnement dans les années antérieures, pris une certaine indépendance vis-à-vis de l'État et de l'Église, ce qui a vraisemblablement facilité l'éclosion d'aspirations nouvelles[BM 4]. Parmi les francs-maçons actifs de l'époque révolutionnaire, citonsMirabeau ou le constituant lyonnais Jean-André Périsse-Duluc (-). L'hymne national,La Marseillaise, a d'ailleurs été composée par un franc-maçon :Rouget de l'Isle[BM 3].

Le, le Grand Orient de France approuve publiquement la Révolution en cours, ce qui ne signifie pas pour autant une adhésion de la totalité de ses membres à ce bouleversement politique, institutionnel et social majeur de l'histoire de laFrance[BM 5]. En effet, durant laTerreur, le GODF se met en sommeil de à, rares sont les ateliers qui ont maintenu une activité durant cette période. En et à son initiative, les archives du Grand Orient sont mises à l'abri chezAlexandre Roëttiers de Montaleau. Ce même mois, le grand maître Philippe d'Orléans[N 6] renie formellement la franc-maçonnerie[DK 7]. La grande maîtrise reste vacante jusqu'en, date à laquelle Roëttiers de Montaleau l'accepte sous le titre de« grand vénérable ». Il sera l'artisan de la fusion de la Grande Loge de Clermont au sein du Grand Orient et la signature d'un concordat d'intégration le permet au Grand Orient de se proclamer :« seul et unique héritier en France de laGrande Loge d'Angleterre »[9].

AuXIXe siècle

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Portrait en couleur de Joseph Bonaparte en grand uniforme
Joseph Bonaparte en.

À partir ducoup d'État deBonaparte le 18brumaire et sous lePremier Empire, lafranc-maçonnerie française va à nouveau se développer de manière importante, en multipliant les loges. Pour cause, la protection de Bonaparte qui comprend tout le bénéfice qu'il peut tirer d'une maçonnerie docile. Ainsi, il investit celle-ci avec des hommes de confiance. Le Grand Orient se dote de dirigeants proches du pouvoir, le frère de l'empereurJoseph Bonaparte devient grand maître avec pour adjointMurat etCambacérès[10]. Protégée par un régime qu'elle sert, la maçonnerie continue à porter dans toute l'Europe les valeurs philosophiques issues dusiècle des Lumières. Le Grand Orient est investi par tout ce qui compte en politique : famille de Bonaparte, maréchaux, généraux, ministres et fonctionnaires. Le nombre des loges passe de 300 à 1 220 en 10 ans ()[10].

La chute de Napoléon et de l'empire entraîne celle de la franc-maçonnerie. Accusée depuis les écrits d'Augustin Barruel d'avoir provoqué la Révolution, combattue par le nouveauclergé ultramontain, elle est contrainte de se mettre en sommeil dans la plupart des pays de laSainte-Alliance[10]. En France, le Grand Orient survit en faisant preuve d'opportunisme politique, protégé par des personnalités proches du monarqueLouis XVIII[N 7] tel leduc de Tarente ou leduc Decazes. Le Grand Orient reste néanmoins suspect et il lui est interdit de débattre de sujets politiques ou religieux[10].

Le, l’avènement de laDeuxième République est salué par des« batteries d'allégresse »[N 8]. Une délégation du Grand Orient est reçue à l’hôtel de ville de Paris par des membres du gouvernement provisoire qui en apportant les premières mesures sociales répond aux attentes du Grand Orient. En décembre, lePrince Napoléon devientprésident de la République et les monarchistes gagnent les élections législatives (). Cette même année, le Grand Orient définit la franc-maçonnerie comme« essentiellementphilanthropique,philosophique et progressive » avec pour devise celle de la République. Affirmant ses convictions progressistes, la maçonnerie est à nouveau suspecte et de nombreuses loges sont fermées avant et après lecoup d'État du 2 décembre 1851[11].

Second Empire

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Article détaillé :Franc-maçonnerie sous le Second Empire.
Photo en noir et blanc d'un maréchal du Second Empire
Bien que non maçon, B. P. Magnan fut nommé grand maître par Napoléon III.

Napoléon III impose son pouvoir sur lafranc-maçonnerie française, en nommant d'abord le princeLucien Murat et plus tard le maréchalMagnan à la tête du Grand Orient afin de prévenir toutes velléités d'opposition au régime. N'étant pas franc-maçon, ce dernier fut initié et reçut les trente-trois grades en deux jours. Pendant la période dite« autoritaire » duSecond Empire (-) le pouvoir impérial instaure un encadrement idéologique strict, pour essayer de contrôler une institution dont il se méfie, mais qu'il croit pouvoir surveiller et utiliser comme relais d'influence[LM 1],[N 9].

Pendant la période dite« libérale » de l'Empire (-), le Grand Orient retrouve une plus grande autonomie sous la grande maîtrise dugénéral Mellinet, successeur élu du maréchal Magnan[12]. Dans le même temps, la nouvelle génération qui entre dans les loges du Grand Orient est républicaine et influencée par lepositivisme. Désirant une maçonnerie plus efficace, les loges deviennent des sociétés de pensée. La référence à Dieu est contestée comme attentatoire au principe de laliberté de conscience[12].

IIIe République

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Article détaillé :Franc-maçonnerie sous la Troisième République.

En, Paris se soulève, une fraction de la maçonnerie — celle des« blouses maçonniques », maçons prolétaires et révolutionnaires — adhère d'emblée à laCommune, l'autre — celle des« habits noirs » bourgeois républicains et modérés — fréquente plutôt les salons versaillais. À plusieurs reprises, les loges parisiennes tentent d’obtenir la réconciliation et lecessez-le-feu en contactant les francs-maçons versaillais mais elles se heurtent au refus répété d'Adolphe Thiers, et finissent pour la plupart par planter leur bannières sur les barricades, montrant leur ralliement à la cause de la Commune. À la fin de la trêve, la Commune est écrasée[BM 6] et de nombreux« frères » tombent sous les balles versaillaises[12]. De et jusqu'à la victoire électorale républicaine en, la franc-maçonnerie accusée de complicité avec la Commune[N 10],[BM 7] est à nouveau suspecte et des loges sont fermées sous l'ordre moral.

Photo en noir et blanc du pasteur Frédéric Desmons
Frédéric Desmons.

En, la question religieuse est réglée — sur un rapport du pasteurFrédéric Desmons relatif à un vœu émanant d'une loge deVillefranche-sur-Saône — le Grand Orient supprime l'obligation (toute théorique) de croire en Dieu et retire de sa constitution la phrase« La Franc-maçonnerie a pour principe l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme », se réclamant désormais de la« liberté absolue de conscience ». L'invocation auGrand Architecte de l'Univers devient facultative[12] et le Grand Orient de France devient la plus importanteobédience de la branche de la franc-maçonnerie dite« libérale » ou« adogmatique » : cette décision est en effet la cause principale du schisme dit de la« régularité maçonnique » qui sépare depuis les obédiences qui n'exigent pas de leurs membres la croyance en un être suprême du reste de la franc-maçonnerie mondiale.

Le Grand Orient de laIIIe République est engagé dans les luttes politiques de ce temps et il impulse de nombreuses créations, comme laLigue des droits de l'Homme[13], l'organisation des mutuelles de secours et de soins, les coopératives ouvrières, les universités populaires[14], l'enseignement public, laïc et obligatoire, les patronages laïques[15]. Il mène un incessant combat contre laloi Falloux, leConcordat et pour la séparation de l’Église et de l’État. On doit à ses actions par exemple l'instauration du divorce ou encore la loi sur la liberté des funérailles et la crémation[16]. Dans cette fin duXIXe siècle, le Grand Orient devient une force politique ancrée à gauche, même si parfois se rencontrent et s'y affrontent des modérés, desradicaux, dessocialistes de diverses écoles et quelquesanarchistes. Les francs-maçons qui s'y rattachent luttent contre les mêmes ennemis : cléricaux,monarchistes et ultérieurementnationalistes etantisémites[16]. Devenant un foyer de républicanisme[12], le GODF joue à cette époque un rôle important dans la fondation duParti républicain radical[17]. En, des membres du Grand Orient s'investissent électoralement et une centaine dedéputés etsénateurs maçons sont élus[BM 8]. Le soutien quasi unanime du convent du Grand Orient concluant à l'innocence ducapitaine Dreyfus l'engage aussi dans les débats les plus sensibles[BM 8].

AuXXe siècle

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Combats laïques et« affaire des fiches »

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Articles détaillés :Loi de séparation des Églises et de l'État etAffaire des fiches (France).
Dessin en couleur d'une caricature sur la séparation de l'église et de l’état
Caricature parue dansLe Rire, 20 mai 1905. L'homme au milieu estJean-Baptiste Bienvenu-Martin, ministre de l'Instruction publique du cabinet Rouvier.

Le vote de laLoi de 1901 sur les associations, soutenue et amendée au parlement par le frèreGroussier, la victoire dubloc des gauches en et l’avènement du ministère dirigé par le frèreÉmile Combes, qui engage au pas de charge, avec le soutien sans faille du Grand Orient[BM 9],[N 11], laséparation de l’Église et de l’État, aboutissent à un climat de tension opposant la France laïque à la France cléricale et à la rupture des relations diplomatiques avec leVatican[18]. La séparation est obtenue en après la chute du gouvernement Combes[BM 9]. En effet, le Grand Orient est impliqué dans l'« affaire des fiches » au début duXXe siècle. Ce grand scandale politique survenu en, après une interpellation à la Chambre du député nationalisteJean Guyot de Villeneuve, dévoile au public les pratiques de surveillance des officiers de l'armée par les loges et la mise en place d'un service de renseignements sur les militaires au siège du GODF, rue Cadet. L'affaire marqua profondément l'armée et la droite. SelonJean-Baptiste Bidegain, le secrétaire adjoint au GODF qui révéla l'affaire, un service de renseignements existe au sein du Grand Orient depuis et se préoccupe d'obtenir des renseignements sur lesfonctionnaires en général[19] ; c'est à partir de qu'il s'occupe de ficher les officiers[20].

Portrait en noir et blanc d'un dignitaire avec ses décors.
Arthur Groussier.

En, le Grand Orient n'oblige plus ses loges à travailler à la gloire du Grand Architecte de l'Univers. Les quelques loges voulant revenir à une pratique maçonnique théiste, seule régulière de leur point de vue, quittent le Grand Orient et créent la « Grande Loge nationale indépendante et régulière pour la France et ses colonies » , futureGrande Loge nationale française (GLNF)[21].

Soudée au gouvernementRené Viviani à la déclaration de laPremière Guerre mondiale et à l'instar desfranc-maçonneries européennes, il soutient l'engagement national dans le conflit. L'obédience se retrouve rejetée dans l'opposition après la victoire dubloc national en ce qui la conduit naturellement à prendre du champ avec l'action politique et à s'adonner davantage à la réflexion philosophique[22].

Durant l'entre-deux-guerres le Grand Orient se préoccupe de plus en plus des questions internationales et aide significativement lesRépublicains espagnols ou les démocrates italiens à fuir les régimes deFranco etMussolini ; il établit également des relations d'amitié avec la plupart des grandes obédiences européennes[BM 10]. Cette époque est aussi celle du retour d'un intérêt pour les questions spécifiquement maçonniques.Arthur Groussier propose une réforme duRite français afin de lui rendre son caractère symbolique et initiatique[LM 2]. Il permet le réveil duRégime écossais rectifié, invitant les maçons du Grand Orient à revisiter leur patrimoine symbolique[BM 10].

Seconde Guerre mondiale et reconstruction

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Photo en noir et blanc de Pierre Brossolette, il porte un uniforme de l'armée.
Pierre Brossolette le.

En, lorsque la guerre éclate, le Grand Orient s'est trop identifié à la République pour survivre à sa chute. Il est dissout par décret gouvernemental[N 12] en, mais laGestapo en zone occupée a déjà procédé à des arrestations. La maçonnerie est présentée par la propagande durégime de Vichy comme un« instrument aux mains desjuifs » et responsable de la défaite, l'antimaçonnisme du régime rejoignant dès lors sonantisémitisme. Des listes de noms sont dévoilés et paraissent en dans leJournal officiel, les francs-maçons sont exclus de la fonction publique et parfois pris comme otages par les Allemands ou la milice[22]. Pendant ceconflit mondial, des francs-maçons du Grand Orient de France s'engagent dans laRésistance, en particulier dans le réseau« Patriam Recuperare » et dans divers mouvements. ÀLyon, ils forment un comité et s'agrègent à« Combat »,« Libération » et« Franc-Tireur ». Dans le même temps, lerégime de Vichy persécute sévèrement les francs-maçons. Le Grand Orient et la franc-maçonnerie y perdent de nombreux membres dontJean Zay,Pierre Brossolette[N 13],Gaston Poittevin etRené Boulanger. À laLibération, le GODF compte moins de 7 000 membres, ils étaient 30 000 en[22].

Au sortir de laSeconde Guerre mondiale et après l’échec de la tentative d'unification du Grand Orient et de laGrande Loge de France en[N 14], l'obédience peine à rétablir ses effectifs dans une société où reconstruire, trouver du travail et se nourrir reste l'essentiel[BM 11]. À partir du milieu des années, le Grand Orient de France bénéficie à la faveur d'une évolution générale de la société —  et à l'instar de toutes les obédiences — d'un nouveau développement. Enmai 1968, il prend fait et cause pour le mouvement étudiant et ouvrier et combat fermement les textes qui remettent lalaïcité scolaire en cause. Si et l’élection de l'union de la gauche semblent unnouveau, les désillusions qui suivent font douter l’obédience de son utilité[BM 12].

Depuis quelques années, bénéficiant d'une longue période de stabilité, les effectifs du Grand Orient de France connaissent une nette progression : le nombre de membres est passé de 31 000 ()[BM 13] à approximativement 52 000 en France et dans le monde () dont 2 000 femmes[23],[24].

Principes

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Le Grand Orient de France occupe une position originale dans lafranc-maçonnerie mondiale sur trois points particuliers, que sont : son refus d'exiger une croyance quelconque, en particulier en undieu, son attachement à lalaïcité et ses valeurs républicaines et sociales. Les membres du Grand Orient de France déclarent que la recherche du progrès est un moteur dans leurs réflexions et leurs actions, au point que ce principe figure dans leur constitution. Ils se déclarent attachés à la liberté absolue de conscience, qu'ils considèrent comme garante, avec la laïcité, des institutions. Ainsi, quiconque professe des opinionsracistes,xénophobes ou bien se déclare partisan de régimestotalitaires ne peut être reçu au Grand Orient de France. Le GODF est généralement classé à gauche[25],[26] et la plupart de ses grands maîtres dans l'époque contemporaine ont été membres duParti socialiste. Par ailleurs, il interdit à ses membres d'appartenir auFront national[27], mais également à des groupements appelant à la discrimination, la haine raciale, à des mouvements sectaires ou plus largement à des groupes visant à détruire ou aliéner l’être humain[N 15].

Ses valeurs s'inscrivant dans la tradition politique d'une France républicaine[28], il s'érige en un défenseur des principes contenus dans sa devise qui est aussi celle de la République :« Liberté, Égalité, Fraternité ».

Fonctionnement du Grand Orient

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photo en couleur d'un immeuble à Paris
Le siège du GODF, rue Cadet, à Paris.

Le Grand Orient de France est une association régie par la loi de 1901 déclarée le à Paris. Son siège se trouve au 16,rue Cadet dans le9e arrondissement de Paris au sein de l'hôtel du Grand Orient de France. Le principe de séparation des pouvoirs,« exécutif et législatif » selon un système d'élection et de renouvellement rigoureux est la base du fonctionnement général du Grand Orient[29]. Une juridiction indépendante — la Chambre de justice maçonnique — veille à l'application stricte des règlements généraux et peut être saisie en cas de litige par tous les membres de l’obédience. Le suffrage universel est le principe de souveraineté qui s'exerce sur toutes ses structures[30].

« Chaque Maçon doit être conscient et fier des spécificités de notre Obédience […] il sait et apprécie que toutes les structures de directions soient soumises au vote et, au-delà, que les mandats électifs soient soumis à des strictes limites de temps. Ainsi l'Ordre est réellement la Chose de Tous, la Res Publica[N 16] »

— Guy Arcizet.

Constitution et règlement général

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Les statuts du GODF se présentent sous la forme d'uneconstitution définissant les grands principes de lafranc-maçonnerie. Ils sont complétés par un règlement général précisant le fonctionnement de l'obédience et de ses loges.

L'article1er de sa constitution donne une définition de la franc-maçonnerie selon ses principes. Les principes de cet article sont les mêmes depuis le convent de, où le pasteur et député républicainFrédéric Desmons présente un rapport[N 17] dont la discussion débouche sur un vote modifiant à une très large majorité l'article premier de sa constitution[31]. Sa formulation est issue de la proposition que fait adopter Antoine Blatin[N 18] au convent de[LM 3]

« La Franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l'étude de la morale et la pratique de la solidarité ; elle travaille à l'amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l'humanité. Elle a pour principe la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience. Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclusif de l'appréciation individuelle de ses membres, elle se refuse à toute affirmation dogmatique. Elle attache une importance fondamentale à la laïcité[N 19]. »

« Elle a pour devise :Liberté, Égalité, Fraternité. »

Le règlement général se détaille autour de onze livres, qui réglementent les divers aspects de la vie de l’obédience, de ses loges et de ses membres. Toutes les modifications éventuelles se font selon la nature des modifications, autour de règles qualificatives précises. Elles sont proposées et approuvées uniquement par les loges et leurs représentants qui se réunissent annuellement en convent selon le principe constitutionnel et originel du Grand Orient de France :« une loge, une voix »[DK 6].

Direction de l’obédience

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Article détaillé :Liste des dirigeants du Grand Orient de France.

Selon les époques ou durant certaines périodes de vacances, le dirigeant du Grand Orient de France porte des titres différents comme :« grand maître, grand vénérable, grand conservateur, grand maître adjoint, président du Conseil de l'Ordre. »[BM 14].

Conseil de l’ordre

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Le Grand-Maître Guillaume Trichard le1er mai 2024, entouré de deux autres conseillers de l'ordre.

Le GODF est dirigé par un« Conseil de l’Ordre » de trente-sept membres, élus pour trois années par les délégués des loges réunis en congrès régionaux. Le Conseil de l’ordre, exécutif de l’ordre prête serment devant le convent et élit en son sein un bureau comprenant le« président du Conseil de l’ordre » qui porte le titre de Grand-maître. — Le mandat de celui-ci est non renouvelable et ne peut excéder trois années. — Trois grands maîtres adjoints ainsi que des grands officiers, chargés de missions particulières et élus par le conseil, assistent le président. Le Conseil de l'ordre gère les intérêts matériels de l'obédience et applique les mandats que lui donne le convent[32]. Son rôle et ses compétences sont réglementés et détaillés dans le livre VI du règlement général[32],[N 20]

Convent

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Leconvent annuel constitué par les délégués de chaque loge forme l’assemblée législative du GODF. Il contrôle l’exercice du conseil de l’ordre, il est le seul habilité à modifier la constitution et le règlement général selon des modalités précisément définies. Le convent décide également de tout ce qui a trait à la gestion financière, à la solidarité, au patrimoine ainsi qu'aux questions à l'étude des loges. Le livre V du règlement général précise ses compétences, son fonctionnement, ses offices et tout ce qui concerne sa mise en œuvre[33].

Loges et rites du Grand Orient

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Articles détaillés :Loge maçonnique etRite français.
Le grand temple de l'Hôtel du Grand Orient de France.

Lesloges du GODF, sont des entités« libres et souveraines »[N 21]. Constituant la cellule fondamentale du pouvoir, exercée selon le principe« une loge, une voix », elles sont les seules structures de l’obédience autorisées à« initier » de nouveaux membres[34]. Tous les sujets peuvent y être abordés, dans le respect des règles générales de l’obédience, du règlement particulier et du rite de la loge.

Le rite historique du Grand Orient est leRite français. Il est le rite de référence de toutes les loges, celles pratiquant une version spécifique de celui-ci ou un autre rite bénéficient d'une double patente[BM 15].

La majorité des loges (environ 900 loges) pratiquent le Rite français, la plupart dans sa version« Groussier ». Trois cents loges environ pratiquent d'autres rites dont le Grand Orient détient les patentes, tant des« loges bleus », que des« hauts grades »[LM 4]. Les rites pratiqués sont[BM 16] :

Mixité au Grand Orient

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Article connexe :Femmes en franc-maçonnerie.

Si, depuis sa création jusqu'au début duXXIe siècle, le Grand Orient de France est resté une obédience strictement masculine, il n'a jamais totalement rejeté une forme de mixité. Celle-ci s'apparente auxXVIIIe et XIXe siècles plus à une tutelle qu'à une véritable liberté. Ainsi, en, il reconnaît formellement lamaçonnerie d'adoption[N 22] et prend« le gouvernement » des loges de femmes, afin« de les entourer de garanties suffisantes de moralité ». Il n'admet ces ateliers qu'en tant que« compléments des loges d'hommes » et ne les autorise que là où il existe une loge« régulière ». Réglementairement l'obédience leur interdit toutefois de tenir des assemblées mixtes sous une autre présidence que celle du vénérable de la loge masculine de leur orient[35]. Sous le Premier Empire, le Grand Orient de France est placé sous la grande maîtrise du frère deNapoléon Bonaparte,Joseph Bonaparte et de la députation de la grande maîtrise, confiée auprince Cambacérès,Joséphine de Beauharnais accepte elle-même la fonction de grande maîtresse de toutes les loges d'adoptions régulières de France ce qui rend la franc-maçonnerie plus attrayantes pour les femmes de la nouvelle noblesse française qui vont participer à son rayonnement[36]. Dès la fin duPremier Empire et tout en déclinant considérablement, elle perdure toutefois, en et la question de sa continuité est toujours débattue. La chambre rejette à la quasi-unanimité l’opposition aux loges d'adoption et maintient sa juridiction sur celle-ci[37]. Cette pratique finit par s'éteindre complètement dans le dernier quart duXIXe siècle[38].

Dès la fin duXIXe et pendant tout leXXe siècle, naissent et se développent des obédiences mixtes et féminines. Ce phénomène encourage le Grand Orient à évoluer vers une mixité au sein des travaux de ses tenues de loges, celles-ci étant libres de recevoir ou pas des sœurs d'obédiences avec lesquelles le GODF entretient des traités de reconnaissance ou d'amitié[N 23]. Par exemple, avec leDroit humain ou laGrande Loge féminine de France.

La fin des années voit les premières initiations féminines au sein de l'obédience. La loge« Delgado » initie une femme, cette loge est immédiatement radiée de l'obédience[39]. Le, la loge« Combats »[N 24],[40] initie également une femme au temple de la rue Cadet, siège du Grand Orient. La chambre suprême de justice maçonnique, se prononçant sur une plainte en exclusion du, déposée par le conseil de l'ordre de l'époque, relaxe dans son rendu du, la loge« Combats » ainsi que les quatre autres loges ayant pratiqué des initiations féminines la même année[N 25],[41]. La réception des six candidates est donc validée et en fait les premières femmes régulièrement initiées au sein du GODF depuis la fin duXIXe siècle[42].

Le, dans un communiqué diffusé à la presse, le conseil de l'ordre du Grand Orient entérine officiellement le changement d'état civil d'Olivia Chaumont. Celle-ci régulièrement initiée en tant qu'homme en à la loge« Université maçonnique » devient ainsi après satransidentité, la premièrefemme trans institutionnellement reconnue comme membre du Grand Orient de France[43],[44]. En, elle est installée vénérable de sa loge ce qui est également une première dans l'histoire contemporaine du GODF[44].

À ce même convent, l'assemblée générale adopte le vœu suivant :« Le convent confirme que les admissions au GODF sont celles figurant à l'article 76 du règlement général de l'association à l'exclusion de toutes autres et qu'elles n’impliquent aucune considération de sexe ». Ce vote a été interprété comme pouvant permettre aux loges du Grand Orient de France d'initier des femmes[45]. Ce vœu fut néanmoins annulé, pour vice de forme, le par la chambre suprême de justice maçonnique du GODF. Représenté et de nouveau adopté au convent, il est de nouveau annulé le par la même juridiction pour les mêmes motifs[46].

Bien que son règlement ou ses constitutions ne le précise pas, en application du principe de liberté des loges qui concerne également les visites des sœurs, en s'appuyant sur la jurisprudence du rendu de la chambre suprême de justice maçonnique de et sans s'affirmer comme étant une obédience mixte, le Grand Orient laisse désormais ses loges libres d'initier des femmes ou de les affilier, selon les modalités qui s'appliquent à tous les membres masculins du Grand Orient[46],[47].

Pratique des« hauts grades maçonniques »

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Articles détaillés :Hauts grades maçonniques etOrdres de Sagesse.
Sceau du Grand Chapitre général du GODF- Rite Français
Sceau du Grand Chapitre général du GODF -Rite français.

Le Grand Orient de France, détenteur des patentes non cessibles des différents rites, administre les grades« symboliques » des loges bleues (apprenti, compagnon et maître) et délègue la gestion des« Ordres de Sagesse » ou des« hauts grades maçonniques ». Depuis, cette gestion est assurée par cinq juridictions représentant chacune un rite : le Rite français[LM 5], le Rite écossais ancien accepté, le Rite écossais rectifié, le Rite égyptien de Memphis-Misraïm et l'Ancienne Maçonnerie d'York, sur la base de conventions bilatérales. Avant1998, il existe un organisme nommé« Grand Collège des Rites », qui est composé de sections correspondantes aux divers rites pratiqués au GODF[BM 17].

Depuis ces juridictions sont :

Ces structures ont pour seule mission d'administrer les ateliers des« hauts grades » et d'être les gardiennes des rites pratiqués au sein de leurs juridictions respectives. Par conséquent, elles n'ont aucune autorité hiérarchique sur lesloges bleues pratiquant leur rite[BM 17].

Engagement politique et sociétal

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Du débat entre unhumanisme teint de références religieuses et celui empreint depositivisme, entre défenseurs dulibéralisme et croyants aux vertus d'unsocialisme naissant, le GODF choisit finalement la liberté absolue de conscience et l'abandon de toute référence à Dieu comme fondement de son engagement humaniste[48]. Ce choix consacre la rupture définitive en avec des préceptes qui prennent le nom en de« principes de régularité » (basic principles) édictés par laGrande Loge unie d'Angleterre. Ceux-ci interdisent notamment à ses membres les débats sur les sujets d'ordres politiques ou religieux dans les loges. Si le GODF ne se définit pas comme un groupement politique au sens strict de la terminologie usuelle, en s'annonçant comme ouvert à tous les hommes (et depuis peu aux femmes) de toutes convictions politiques, son évolution historique vers l'adogmatisme religieux éloigne les membrescatholiques etdéistes et le rapproche des courants républicains etradicaux-socialistes ou encoreanti-cléricaux. Dans l’histoire de laRépublique française cet engagement atteint son apogée lors de laIIIe République, au cours de laquelle la maçonnerie française joue un rôle important dans l’élaboration et l'application de nombreuses lois[BM 18]. À cette époque, l'engagement dans l'action politique de l'obédience devient notoire lorsque ses membres qui se présentent aux élections législatives sont élus députés. Les loges du GODF deviennent pour la plupart des « laboratoires législatifs », où sont préparées et débattues des propositions de lois sociales et sociétales[BM 19]. Cet apogée voit aussi la mise en œuvre d'uneantimaçonnerie active et militante, autour des courantsréactionnaires et d'extrême-droite d'une part et royalistes et cléricaux d'autre part. Ces milieux hostiles ne cessent de combattre l'influence du Grand Orient dans la sphère publique, dénonçant pêle-mêle son relativisme religieux, son affairisme, et surtout son républicanisme exacerbé, nourri par des affaires réelles comme l'affaire des fiches ou fictives, comme l'affaire Léo Taxil et celle duprotocole des sages de Sion[BM 20]. L'anti-maçonnerie, à l'instar de la franc-maçonnerie politique du Grand Orient au cours de laIIIe République, connait son heure de gloire pendant laSeconde Guerre mondiale, avec l'interdiction de lafranc-maçonnerie et la fermeture et la confiscation de biens desobédiences maçonniques françaises[49].

logo monochrome d'une fondation
Logo de la fondation du GODF.

Les commissions permanentes de lalaïcité, de labioéthique, et plus récemment celle dudéveloppement durable, restent, avec les« questions à l'étude des loges », les outils de l’obédience en ce qui concerne la défense de ses valeurs primordiales et de ses prises de position publiques. La réflexion et l'élaboration de propositions sur les sujets de société ou philosophiques continuent d’être, avec le parcoursinitiatique personnel de ses membres, le fondement du Grand Orient, inscrit dans sa constitution. De à ces questions portent les noms de« vœux de convent » et sont issues d’échanges transversaux entreloges. Les questions sont institutionnalisées, mais leur multiplication pousse leconvent à les regrouper, transformant la synthèse des vœux émis par les loges en« questions à l'étude des loges »[BM 21]. Ces dernières, toujours proposées par les loges, font chaque année l'objet d'un vote sélectif par les délégués lors du convent. Les interpellations portent sur les thèmes de prédilection du Grand Orient, comme entre-autres : lalaïcité, le social, l'éthique et lesymbolisme. Synthétisées, ces questions sociétales font désormais l'objet d'une publication publique et alimentent le travail et les actions éventuelles des commissions permanentes[50].

L'engagement sociétal passe aussi par lasolidarité active. Depuis, la Fondation du Grand Orient de France, reconnue d'utilité publique, s'engage dans des actions multiples en faveur de la solidarité universelle, grâce aux actions humanitaires. En accord avec ses valeursLiberté, Égalité, Fraternité, l'obédience agit via sa fondation sur quatre aspects principaux : l'aide aux victimes de catastrophes naturelles, l'aide à l'enfance et à l'éducation, les aides humanitaires dedéveloppement durable, ainsi que lemécénat culturel et patrimonial[51]. C'est dans cet ordre d'idées que fut créé en l'orphelinat maçonnique[51]. Il existe en outre un prix de la fondation, dit« prixRoger Leray », qui récompense l’œuvre ou l'action d'une association, d'un groupement ou d'une personne qui répond à ces objectifs[52].

Relations inter-obédientielles

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Relation nationale

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Le Grand Orient entretient des relations formelles au travers de traités de reconnaissance ou d'amitié ainsi que des relations administratives avec la plupart des obédiences françaises. Dans les années, à l'issue d'une rencontre avec cinq des principales obédiences[N 26], le GODF forme un espace maçonnique commun de débat qui prend le nom de« Maçonnerie française ». Cet espace réunit en neuf des dix obédiences françaises[N 27] et aboutit à la création de l'Institut maçonnique de France (IMF) sous la présidence deRoger Dachez[BM 22]. Cet organisme culturel organise annuellement le« Salon maçonnique du livre ». Au-delà de la création de l'IMF, l'association de la« Maçonnerie française » reste très peu active de à. Elle est réactivée en, en vue de marquer ses distances avec la GLNF, qui vit alors une grave crise, estimant que celle-ci et son lot de révélations rejaillissent également sur les obédiences adogmatiques et libérales[53]. Le Grand Orient n'entretient aucune relation avec les obédiences dites« régulières » telles laGrande Loge nationale française[54] et laGrande Loge de l'Alliance maçonnique française, scission de la précédente, autres qu'administratives et afin d’échanger des informations sur les membres éventuellement radiés pour motifs graves ou d'ordre judiciaire. Cependant en et pour la première fois, est organisée la première édition des rencontresLafayette GODF-GLNF qui se déroule a l'hôtel du Grand Orient de France sur le thème de« La Franc-Maçonnerie face à ses mythes » ou les deux obédiences, malgré leur conceptions très différentes de lafranc-maçonnerie, ont confronté fraternellement leur point de vue et se sont invitées mutuellement à poursuivre ce genre de colloque commun[55].

Relation internationale

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logo monochrome du Clipsas
Logo du Clipsas.
Article détaillé :CLIPSAS.

Après un appel commun du Grand Orient de France et duGrand Orient de Belgique invitant à un rassemblement maçonnique universel, le Grand Orient fonde le avec onze autres obédiences adogmatiques, le« Centre de liaison et d'information des puissances maçonniques signataires de l'appel de Strasbourg » (Clipsas). Celui-ci a pour objet la promotion et l'association des« puissances maçonniques libérales »[56]. Le GODF quitte cette structure en, afin de créer un autre organisme international en 1998, le« Secrétariat international maçonnique des puissances adogmatiques » (Simpa). Celui-ci, dont le siège est àBruxelles, réunit le Grand Orient et vingt-quatre autres obédiences, mais ce système a du mal à se stabiliser. Après plusieurs réformes, à la suite des critiques dont il faisait l'objet[N 28] et sous l'égide du luxembourgeois Marc-Antoine Cauchie, le Clipsas a vu le retour en son sein de plusieurs obédiences dont le Grand Orient de France, apparaissant comme le principal instrument de relations maçonniques internationales de plusieurs obédiences adogmatiques[BM 23].

Cependant, en, le convent du Grand Orient adopte un vœu proposé par le Conseil de l'Ordre qui demande de quitter le CLIPSAS. Cette décision fait suite aux propositions du livre blanc sur la politique internationale de l'obédience. Cette proposition est votée par les délégués des loges, par 1 091 voix contre 91[57].

Activités

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Activités réservées aux membres

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photo d'un diplôme de franc-maçon de 1787
Diplôme de maître du GODF (1787).

Comme pour la franc-maçonnerie en général, les loges du GODF pratiquent des rites de passage du monde« profane » au monde maçonnique constituant« l'initiation ». Les loges organisent leurs travaux en toute liberté avec formules et thèmes souvent originaux[32]. Elles travaillent chaque année sur un ensemble de« questions à l'étude des loges », qui sont définies et votées chaque année par le convent et portent sur divers sujets de sociétés, de symbolisme ou de philosophie[54]. La synthèse des travaux des loges fait l'objet d'une publication annuelle mise à disposition du« monde profane »[50].

Le respect de la tradition va de pair avec la prospective. Le symbolisme des rituels se veut dépositaire d'autres manières de percevoir le monde. La méthode de travail proposée aux maçons est originale et propose un travail individuel et collectif. Les éléments les plus connus de cette méthode symbolique sont : l'équerre, le compas et la règle, qui renvoient les maçons à des valeurs symboliques élémentaires et facilitent la recherche philosophique autant que la recherche d'une humanité meilleure[58].

Activités publiques

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Article détaillé :Musée de la Franc-maçonnerie.
photo en couleur d'une épée du XVIIIe siècle
Détail de l'épée flamboyante deLa Fayette (France,XVIIIe siècle).Paris,musée de la Franc-maçonnerie.

Depuis le début des années, le Grand Orient fait le choix d'une politique d’extériorisation et d'ouverture au« monde profane », destinée à faire connaitre son point de vue et à faire reculer l'anti-maçonnisme[59]. C'est également au travers dumusée de la Franc-maçonnerie, situé dans les locaux de son siège à Paris, que le Grand Orient de France extériorise son histoire. Créé en, victime de spoliations sous l’Occupation, ouvert au grand public en, le musée a progressivement reconstitué ses collections. Il bénéficie depuis de l'appellation« musée de France », délivrée par leministère de la Culture. Les spécificités et les évolutions de lafranc-maçonnerie ont laissé une empreinte qui se retrouve dans l’importance de l’iconographie et des objets préservés à travers le temps, dont le musée est dépositaire. Son but est de témoigner de l’influence maçonnique sur l’évolution de la société, de lacitoyenneté et de lamodernité[60]. Pour ce faire, le musée de la franc-maçonnerie a bénéficié de plus de 900 000 euros d'aides publiques[N 29].

Le GODF édite au travers de la société Conform Éditions, les revues maçonniques :Humanisme créée en et dédiée aux sujets historiques et aux analyses sociétales.La Chaîne d'union, dédiée au symbolisme et aux autres philosophies« initiatiques » de par le monde. Elle traite aussi de toutes les formes d'expressions culturelles sous l'angle de la réflexion symbolique. LesChroniques d'histoire maçonnique axées plus spécifiquement autour de la« micro-histoire » de la maçonnerie spéculative. Les chroniques sont rédigées à l'attention des chercheurs et des« curieux » d’historiographie maçonnique[BM 24]. Enfin,Horizons maçonniques est la publication annuelle de la synthèse des questions à l'étude de loges[61].

Le de chaque année, le Grand Orient de France s'affiche publiquement pour rendre hommage aux martyrs de laCommune de Paris et aux nombreux francs-maçons qui tombèrent sous les balles de Versaillais durant laSemaine sanglante, qui mit fin dans un bain de sang à l'insurrection parisienne. Le rassemblement a lieu principalement devant lemur des Fédérés dans lecimetière du Père-Lachaise à Paris[62].

Notes et références

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Notes

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  1. Dans lesbasic principles de 1929 celui-ci porte le nom de« Grand Architecte de l’Univers ».
  2. Tous les membres sont reçus dans une loge et reçoivent au travers d'un rite, l'initiation maçonnique. Cette fonction souveraine des loges, confère à l'obédience une capacité (puissance) d'ordre initiatique au travers des symboles des rites.
  3. Louis de Pardaillan de Gondrin (1707-1743), deuxième duc d'Antin, est élu « grand maître général et perpétuel des maçons dans le royaume de France ». La date exacte de cette élection fait débat : certains historiens la placent en le 24 juin 1738, d'autres en 1740. Différents auteurs considèrent que cet événement constitue la date de naissance de la Grande Loge de France, bien que l'utilisation de ces termes exacts, apparus brièvement en 1737, ne soit plus attestée avant 1756[1]
  4. Dès par l'abbé Lefranc, et surtout à partir de par l'abbéBarruel dans sonMémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme.
  5. Les travaux d'historiographie contemporaine concluent en ce sens. (cf. Daniel Roche et Dan Halevy).
  6. Il prit le nom de« Philippe Égalité » pendant la Révolution et sera guillotiné pendant la Terreur le.
  7. Il est lui-même un ancien Franc-maçon et a garanti aux Français par la charte octroyée, l'exercice des libertés.
  8. Une batterie est, en termes maçonniques, un applaudissement ordonné qui doit toujours être exécuté ensemble et en ordre parfait. Il marque le début et la fin des travaux en loge.
  9. Le maillage territorial du GODF reste alors incomparable. Il n'existe à cette époque aucun parti ou groupe d'influence qui puisse s'en targuer, hormis l’Église.
  10. Malgré la tentative de Babaud-Laribière, successeur du Général Mellinet à la grande maîtrise, qui le1er août dans un communiqué, désolidarise le GODF du mouvement révolutionnaire.Alain Bauer et Pierre Mollier 2012,p. 51.
  11. LaGrande Loge de France soutiendra également avec force cette séparation.
  12. En même temps que toutes les obédiences maçonniques de l'époque.
  13. Bien qu'appartenant à une loge du Grand Orient, Brossolette a été initié à la Grande Loge de France et était membre de la loge« Perfection Latine » du Suprême Conseil de France.
  14. Dumesnil de Gramont, grand maître de la Grande Loge de France, se prononce contre, dans l'espoir d'être reconnu par le bloc maçonnique anglo-saxon.Alain Bauer et Pierre Mollier 2012,p. 68.
  15. LivreIII, titre premier,art. 76 : condition d'admission, alinéa 5 et 6 du règlement général.
  16. Propos introductif de Guy Arcizet,Grand Maître, sur la constitution et règlement du GODF, édition 2010.
  17. Un extrait de son discours figure dans l'article Frédéric Desmons.
  18. (-), il fut une figure majeure du Grand Orient sous la Troisième République.
  19. Cette dernière phrase est un ajout du Convent.
  20. Règlement général du Grand Orient de France, livreVIe : du conseil de l'ordre du Grand Orient de France, édition 2018-2019.
  21. Le règlement général dans son livreIIe, titre1er, précise que loges organisent leurs régimes intérieurs, sous condition que rien ne soit en opposition avec le règlement générale de l’obédience.
  22. Elle porta aussi le nom de :« Maçonnerie des Dames »Humanisme 2003,p. 143.
  23. Livre II, titre V, art. 57.1 du règlement général du GODF, édition 2010.
  24. Elle fut l'une des cinq loges du GODF à recruter des femmes.
  25. Les cinq loges sont les loges : Combat et Saint Just 1793 (Paris IV) en, L’Échelle humaine (Paris II) , La Ligne droite (Auch) et Prairial (Maison Alfort) en et.
  26. La Grande Loge de France, la Grande Loge féminine de France, le Droit humain, la Grande loge symbolique et traditionnelle opéra et lui-même.
  27. Aux cinq fondateurs, s'ajoutent : la Loge Nationale française, la Grande Loge mixte universelle, la Grande Loge mixte de France et la Grande Loge féminine de Memphis-Misraïm.
  28. Notamment celle de se comporter comme une« super obédience ».
  29. « Près d'un million de subventions au Grand Orient de France »,L'observatoire des subventions, février 2014.

Références

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  1. Daniel Kerjan 2014,p. 68-71.
  2. Daniel Kerjan 2014,p. 112.
  3. Daniel Kerjan 2014,p. 116-117.
  4. Daniel Kerjan 2014,p. 118-119.
  5. Daniel Kerjan 2014,p. 131.
  6. a etbDaniel Kerjan 2014,p. 138.
  7. Daniel Kerjan 2014,p. 232.
Ouvrage d'Alain Bauer et Pierre Mollier, 2012
  1. Alain Bauer et Pierre Mollier 2012,p. 8.
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  8. a etbAlain Bauer et Pierre Mollier 2012,p. 56.
  9. a etbAlain Bauer et Pierre Mollier 2012,p. 57.
  10. a etbAlain Bauer et Pierre Mollier 2012,p. 60.
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Ouvrage de Ludovic Marcos, 2012
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Autres références
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  3. Daniel Ligou 1998,p. 896.
  4. Humanisme 2012,p. 11.
  5. Dachez 2011,p. 65-70.
  6. Hubert la Marle 1989,p. 31-32.
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Voir aussi

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Bibliographie

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Article détaillé :Bibliographie sur la franc-maçonnerie.

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Articles connexes

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