Territoire de la République française en 1945 en vert foncé, de ses protectorats en vert intermédiaire et des territoires allemands et autrichiens occupés par la France en vert clair.
L'œuvre de ce gouvernement est vaste : il a conduit la France pendant la fin de laSeconde Guerre mondiale et dans la période de reconstruction qui suit, il a voté des réformes fondamentales (confirmation dudroit de vote des femmes, institution du régime général de lasécurité sociale), et il a préparé et mis en place laConstitution de 1946.
Dirigé au départ par legénéral de Gaulle, le GPRF a ensuite été conduit parFélix Gouin,Georges Bidault etLéon Blum (dans la phase de transition pendant laquelle les institutions de laQuatrième République furent mises en place — tous sous le titre de« président du Gouvernement provisoire de la République française[10] »).
Après la promulgation de la Constitution de laQuatrième République le et jusqu'à ce que l'ensemble des organes de celle-ci soient mis en place, c'est-à-dire jusqu'à l'élection deVincent Auriol à la présidence de la République le, on entre dans une période de transition généralement rattachée à la Quatrième République mais où subsistent certaines des institutions provisoires.
Lettre dactylographiée d'Hervé Alphand, secrétaire général du Comité économique du Gouvernement provisoire de la République française, insistant sur le secret absolu à maintenir autour des textes transmis par le Comité,.Archives nationales de France.
Lerégime de Vichy prend fin de fait enaoût 1944, lors de laLibération de la France. Le Gouvernement provisoire de la République française, venu d'Alger, assume la réalité du pouvoir sur la partie de territoire métropolitain libérée à partir de la fin de l'été 1944. Composé de militaires, de résistants, et d'hommes politiques de tous horizons (communistes,socialistes,radicaux,démocrates chrétiens etdroite républicaine), il déclare nulles et non avenues les décisions constitutionnelles du régime de Vichy (ordonnance du)[3], qu'il considère comme une parenthèse illégale dans le fonctionnement de l'État. En témoigne le refus dugénéral de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française, de proclamer la République du balcon de l'hôtel de ville deParis libéré, le[3].
Le général de Gaulle refuse alors d'accéder aux demandes de ceux, dontGeorges Bidault alors président duConseil national de la Résistance, qui le pressent de « rétablir la République », leur signifiant qu'elle n'avait jamais cessé d'exister car ayant toujours considéré « l’État français » comme illégitime[3] :
« La République n'a jamais cessé d'être. La France Libre, la France Combattante, le Comité français de libération nationale, l'ont, tour à tour, incorporée. Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu. Moi-même suis le président du Gouvernement de la République. Pourquoi irais-je la proclamer[1],[2] ? »
Pour rétablir l'autorité républicaine, le GPRF envoie dans chaque grande région libérée uncommissaire de la République. Ces commissaires se heurtent parfois aux comités locaux de laRésistance (CDL), qui rechignent à céder un pouvoir acquisde facto à la suite de laLibération, en particulier dans les territoires libérés par la Résistance (Sud-Ouest,Savoie…). Par ailleurs les organisations issues de la Résistance disposent d'éléments armés pouvant être utilisés par les communistes dans l'éventualité d'une révolution (FFI,COMAC, milices patriotiques). Pour parer à ce danger et malgré la mauvaise volonté duCNR et des communistes, le GPRF s'efforce d'incorporer ces troupes à l'armée régulière. Les FFI intègrent l'Armée française, toujours en guerre, le, les milices patriotiques le font le.
Le gouvernement provisoire reprend le projet de 1936 deJean Zay, et crée l'École nationale d'administration () afin d'assurer aux futurshauts fonctionnaires une formation effective, homogène et de haut niveau, ainsi que de permettre l'accès de ces fonctions aux seuls éléments méritants, indépendamment de leur origine sociale.
Il poursuit la guerre et organise l'épuration (procès dePhilippe Pétain enjuillet-août 1945) tout en réfrénant ses excès. Cetteépuration légale fait suite à uneépuration improvisée, conduite à la Libération, et parfois exercée par des résistants de la dernière heure. Celle-ci avait conduit à de nombreuses exécutions sommaires et à latonte des femmes soupçonnées d'avoir eu des liaisons avec l'ennemi.
Par la suite l'épuration légale conduite soit par des magistrats, qui pratiquement tous avaient prêté serment à Pétain, ou par des jurés de la Haute-Cour, parlementaires issus de laTroisième Force opposée aux gaullistes et aux communistes, allait aboutir à des résultats d'une indulgence extrême, laissant libres des hommes commeRené Bousquet qui avait, en accord avec le haut dignitaireSSHeydrich et avecHimmler, intensifié l'action de la police française contre les résistants, ou commeXavier Vallat, créateur duCommissariat général aux questions juives, ordonnateur de la persécution des Juifs et surtout de leur recensement qui allait faciliter leur déportation par l'ennemi. Au total l'épuration aurait touché environ 10 000 Français et son bilan est controversé ; bien que certains responsables politiques et intellectuels collaborationnistes aient été jugés et condamnés, de nombreux collaborateurs de l'industrie, de la police, de la gendarmerie, de l'administration et de la magistrature furent peu inquiétés.
En, un conflit éclate enIndochine entre le gouvernement duViet Minh, qui avait pris le pouvoir à la faveur de lacapitulation japonaise, et les autorités françaises.
Un des autres objectifs principaux du GPRF, sous la houlette du général de Gaulle, est de rendre la parole au peuple en organisant des élections législatives et unréférendum qui eurent lieu le. Lors de cesscrutins, les Français approuvent le projet d'une nouvelle constitution et élisent uneAssemblée constituante.
Ces élections voient la victoire de laSFIO, duPCF et duMRP qui recueillent les trois quarts des voix et le référendum consacre, avec 96 % des votants, la fin de laTroisième République. L'Assemblée constituante issue des élections est chargée d'instaurer laQuatrième République.
Le, Charles de Gaulle démissionne, en désaccord avec le projet de constitution et les ministres communistes.
Le l'Assemblée constituante adopte unpremier projet de constitution soutenu par la majorité de gauche et dénoncé par les centristes et la droite. Cette constitution est rejetée par référendum le, entraînant la dissolution de la Chambre et la démission du socialisteFélix Gouin.
Unenouvelle assemblée constituante, marquée par un renforcement du MRP et le recul de la gauche, est élue le. Le projetmonocaméral devientbicaméral. Laconstitution de la Quatrième République, élaborée sous la présidence deGeorges Bidault (MRP), est définitivement adoptée par référendum le. S'ensuit alors l'élection d'une nouvelle chambre en et son président,Vincent Auriol qui assure les fonctions de chef de l'État, confie àLéon Blum, pour un mois, le dernier gouvernement provisoire avant l'élection du président de la République de la Quatrième République.
Le, laIVe République est promulguée et une période de transition débute entre les institutions du gouvernement provisoire et ceux de laIVe République jusqu'en janvier 1947.