Ne doit pas être confondu avecGouvernorat roumain de Bessarabie.
| Statut | Gouvernement |
|---|---|
| Capitale | Kichinev (Chișinău) |
| Population | 1 933 436 habitants (1897) |
|---|
| Superficie | 40 096,6verstes²[1] |
|---|
| 1812 | Création de l’oblast |
|---|---|
| 1871 | Accession au statut degouvernement |
| 1917 | Proclamation de laRépublique démocratique moldave |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Legouvernement deBessarabie (enrusse :Бессарабская губерния) est une division administrative de l’Empire russe créée à partir d’un territoire pris en1812, sous le règne de l'empereurAlexandreIer, auxprincipautés danubiennes vassales de l’Empire ottoman, par letraité de Bucarest dont les articles 4 et 5 précisent la surface de 45 630 km2 (40 096,6verstes²), la population avec 482 630 habitants (moldaves[2] à 87 %) et le nombre de localités avec 5 citadelles (Hotin,Soroca,Orhei,Tighina etCetatea Albă), 4 ports (Reni,Izmaïl,Chilia et Cetatea Albă), 17 villes et 695 villages et hameaux. La capitale est fixée àChișinău, devenue Kichinev. Le territoire est organisé en 1812 en kraï de Moldavie et Bessarabie autonome, gouverné par leboyard moldaveScarlat Sturdza (ro), puis devient en1828 l’oblast de Bessarabie, et en1871 ungouvernement qui existe jusqu’en1917. À la population moldave localese sont ajoutées, durant les 105 ans d’appartenance à l’Empire russe, d’importantes minoritésallemandes,arméniennes,bulgares,gagaouzes,juives,russes,ukrainiennes et mêmesuisses qui y reçurent des terres ou y trouvèrent de l’emploi dans les services, l’administration ou le commerce en développement durant leXIXe siècle[3].

Frontière sud-ouest de l’Empire russe, le gouvernement de Bessarabie[1] était bordé, en partant du nord-ouest et dans le sens des aiguilles d’une montre, par l’empire des Habsbourg (devenu l’Autriche-Hongrie en1867), par les gouvernements dePodolie et deKherson, par lamer Noire et lesbouches du Danube (qui lui furent rattachées de1829 à1856), par l’Empire ottoman (enDobrogée, jusqu’en1856), et par lesprincipautés roumaines (unies en1859 et devenuesroyaume de Roumanie en1881). Lesud de ce territoire fut rendu aux principautés roumaines en 1856, à l’issue de laguerre de Crimée, puis rattaché à nouveau à la Bessarabie russe en1878, à l’issue de laguerre russo-turque de 1877-1878[3].
Le territoire du gouvernement de Bessarabie se trouve de nos jours partagé entre laMoldavie (centre, 60 %) et l’Ukraine (nord et sud, 40 %).


En1812 letraité de Bucarest règle la paix entre l’Empire ottoman et l’Empire russe, mettant un terme à laguerre russo-turque de 1806-1812. L’Empire russe reçoit les terres entre le fleuveDniestr (sa précédente frontière, depuis1792) et la rivièrePrut qui traverse laMoldavie. Ces terres comprennent[3] :
Ce dernier territoire (appelé enturcBucak) avait auparavant appartenu à laprincipauté de Valachie dont ladynastie fondatrice est celle desBasarab : il était donc appeléBessarabie enroumain et sur toutes les cartes européennes. C’est pourquoi le premier nom du nouveau territoire russe fut, pour quelques années, celui de « Moldavie et Bassarabie », abrégé en1828 en « Bessarabie »[3].
Le prince moldaveScarlat Sturdza (ro) est nommé gouverneur du nouveau territoire autonome, mais il est destitué au bout d’un an, remplacé par des gouverneurs russes et l’autonomie est abolie en1828. Une politique derussification se met en place : en1829, l’usage de la « langue moldave » (nom russe duroumain) est interdit dans l’administration au profit durusse. En1833, la langue moldave est interdite dans les églises et, en1842, dans les établissements d’enseignement secondaire, puis dans les écoles primaires en1860. Enfin en1871 lemoldave/roumain est purement et simplement interdit dans toute la sphère publique par le mêmeoukase impérial qui érige le territoire engouvernement[5]. En outre, les autorités russes encouragèrent l’émigration (oudéportèrent) desMoldaves dans d’autres provinces de l’Empire (notamment auKouban, auKazakhstan et enSibérie), tandis que d’autres groupes ethniques, notamment russes et ukrainiens (appelés auXIXe siècle « Petits Russes »), étaient invités à s’installer dans la région.
Pour l’Empire russe, la Bessarabie est d’abord une région frontalière d’où larenaissance culturelle roumaine doit être extirpée, un accès auxbouches du Danube et un grenier agricole : des voies ferrées sont construites pour la relier au port d’Odessa afin d’exporter les céréales et le bois moldaves. Sur le plateau au-dessus du vieux bourg moldave deChișinău, une ville nouvelle russe, Kichinev, auplan en damier est construite : là se trouvent administrations, casernes,cathédrale et manufactures[3].
Au début de1906, à la suite de larévolution russe de 1905, lesMoldaves etGagaouzes de Bessarabie se soulèvent à leur tour. Les autorités font donner lescosaques qui incendient villes et villages, avec quelquespogroms au passage (qui s'ajoutent àceux de 1903 et 1905).
Au début de laguerre civile russe, un parlement local élu (leSfatul Țării) déclare l’autonomie, puis l’indépendance de la Bessarabie sous le nom deRépublique démocratique moldave, dans les limites du gouvernement. Larépublique soviétique d'Odessa, qui fait régner laterreur rouge dans la région, essaie de soumettre la République démocratique moldave qui appelle à son secours lesforces roumaines etfrançaises basées enMoldavie roumaine et, avec leur aide, parvient à repousser l’offensive desbolcheviks devantTighina[3]. C’est la fin du gouvernement de Bessarabie.
Au début duXXe siècle, le gouvernement de Bessarabie était divisé en huitouïezds (les noms moldaves sont donnés entre parenthèses)[1] :Akkerman (Cetatea Albă),Beltsy (Bălți),Bender (Tighina),Izmaïl (Ismail, Tușcova),Kichinev (Chișinău),Orgueïev (Orhei),Soroki (Soroca) etKhotine (Hotin).
Selon le géographe A. Zachtchouk[6] en1862, la Bessarabie était peuplée à 73 % deRoumains (Moldaves), à 6 % de Russes etLipovènes, à 4 % d’Ukrainiens, 7 % de Juifs, 5 % de Bulgares, 4 % d'Allemands et 1 % issus d’autres groupes ethniques. Trente-six ans plus tard, en1897, la répartition ethnique des 1 933 436 habitants avait sensiblement évolué, avec 47,6 % de Roumains (Moldaves), 19,6 % d’Ukrainiens, 11,8 % de Juifs, 8 % de Russes, 5,3 % de Bulgares, 3,1 % d’Allemands et 2,9 % de Gagaouzes[1]: la part de la population autochtone avait donc fortement chuté dans les statistiques, mais il est possible que des Moldaves comprenant le russe aient été comptabilisés comme Russes en 1897 car le recensement roumain de 1930 trouve 56,2 % de Roumains/Moldaves, 12,3 % de Russes et 11 % d'Ukrainiens[7].
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| Zones ethnoculturelles | ||