LeGolgotha ouCalvaire, nommé aussi « lieu du crâne », est unecolline située dans l'Antiquité à l'extérieur deJérusalem, sur laquelle lesRomains attachaient les condamnés à mort sur unecroix en forme de T. Il est connu pour être le lieu oùJésus a été crucifié, d'après lesévangiles.
Son emplacement suscite des débats : auIVe siècle, sous la direction d'Hélène, la mère de l'empereurConstantinIer, un petit monticule a été désigné comme étant le lieu de crucifixion de Jésus. C'est ce lieu qui est aujourd'hui appelé Golgotha, bien que de nombreux historiens doutent de la pertinence de cette localisation. Elle est désormais incluse dans labasilique du Saint-Sépulcre.
« Golgotha » vient dugrec ancienΓολγοθᾶ[ς], lui-même tiré de l'araméengulgalt ougulgūltá signifiant littéralement « crâne-sommet », issu du verbegdlal « rouler », d'où la signification dérivée de « chose qui peut rouler, objet sphérique, crâne », ce terme dans la Bible prenant le sens de « crâne »[1]. Ce nom araméen a été traduit enhébreu biblique pargulgōlet. Les troisévangiles attribués à Mathieu, Marc et Jean écrits en grec indiquent que le lieu-dit où a été crucifié Jésus s'appelaitΚρανιου Τοπος (kraniou topos, « lieu du crâne »). LaVulgate emploie le terme latin féminin deCalvaria qui a le même sens de crâne. C'est à ce dernier mot que se rattachent les motscalvus (chauve), lacalvitie et enlatin ecclésiastique lecalvaire, adaptation dusyntagmecalvariae locus, littéralement « lieu du crâne »[2].
Charles Gordon s'est ingénié à justifier l'onomastique ducalvaire de Gordon par la forme du lieu dont une protubérance sur la paroi ressemble à un visage ou à un crâne. Il trouve mieux encore en assimilant symboliquement Jérusalem à un squelette[3] dont les pieds trempent dans lapiscine de Siloé, dont le séant repose sur l'esplanade du Temple et le crâne au niveau du calvaire de Gordon[4].
L'interprétation usuelle est que la colline au nord de Jérusalem qui porte le nom de Golgotha est appelée ainsi à cause de sa forme dénudée, comme les toponymes arabes appelésras (promontoires pelés, nus et plats comme un crâne), ou comme lesoronymes du monde entier qui ont le nom de « mont chauve ». Il a été suggéré également que les corps des suppliciés restant sur le site de l'exécution, celui-ci était garni d'ossements et notamment de crânes. La majorité des philologues pensent cependant que le Golgotha désignait initialement une modeste éminence arrondie et déboisée, et que les auteurs bibliques, par un phénomène de réinterprétation, lui ont donné uneétymologie populaire en surtraduisant Golgotha en grec par « lieu du crâne »[5]. En effet, le mot crâne remonte, par l'intermédiaire du latincerebrum (« cerveau ») et non decalvaria, à l'indo-européen *ker qui désigne des objets protubérants (la corne, lecerebrum latin, le kranion grec) tandis que le mot calvitie remonte au latincalvus, qui devait signifier « cruche »[6].
La localisation du Golgotha à l'époque de Jésus n'est pas connue[7]. La ville deJérusalem a été détruite à deux reprises après laGrande révolte juive en70, puis entièrement rasée en135 au moment de larévolte de Bar Kokhba[8]. La totalité des habitants juifs a alors été expulsée d'une grande partie de laJudée avec interdiction d'y revenir sous peine de mort[8]. Une cité grecque,Ælia Capitolina, a été reconstruite sur une partie de l'emplacement de Jérusalem[8]. La localisation des sites mentionnés dans les textes juifs a ainsi été perdue et par exemple lemont Sion a alors « sauté » d'une colline à une autre. Un grand nombre d'historiens jugent improbable le site qui a été retenu auIVe siècle sous la direction d'Hélène, la mère de l'empereurConstantinIer comme étant leGolgotha[9]. Une partie d'entre eux estime que le lieu appelécalvaire de Gordon est beaucoup plus probable[10],[9].
D'après les fouilles menées dans la basilique du Saint-Sépulcre par lefranciscainVirgilio Corbo dans les années1960, des traces de taille de pierre et de culture ont été mises au jour. Elles indiquaient une utilisation du mont du Golgotha bien avant sa mention dans leNouveau Testament. Hors de la ville, le lieu servait decarrière de pierre « malaki » dès leVIIIe siècle av. J.-C. Par la suite, auIer siècle av. J.-C., les cavités furent recouvertes de terre et le lieu fut transformé en jardin. C'est le jardin du Golgotha dont parlent les évangiles. Par ailleurs, des traces de cultures furent trouvées dans la grotte de l'invention de la Croix. Dans le même temps, tout un réseau de grottes sépulcrales fut édifié à l'ouest de la carrière. Les tombeaux furent creusés dans de hautes parois rocheuses verticales ; parmi ces dernières on trouve surnommée selon l'usage la « tombe deJoseph d'Arimathie ».
Selon Nazénie Garibian de Vartavan[11], le véritable lieu du Golgotha serait précisément situé à la verticale de l'autel de la basilique constantinienne, désormais enterrée, et à l’écart du lieu où le rocher du Golgotha est actuellement situé. Les plans publiés dans le livre indiquent l'emplacement du Golgotha avec une précision de moins de deux mètres sous le passage circulaire situé à un mètre de l'endroit où la tradition veut que la tunique tachée de sang du Christ ait été retrouvée et immédiatement avant l'escalier qui mène à lachapelle Sainte-Hélène (mère de l'empereur Constantin), aussi appeléechapelle Saint-Grégoire l'Illuminateur.
Le calvaire est évoqué dans tous les évangiles du Nouveau Testament :
Matthieu (27:33) : « Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne. » ;
Marc (15:22) : « Et ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne. » ;
Luc (23:33) : « Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé crâne, ils l'y crucifièrent. » ;
Jean (19:17) « Ils prirent donc Jésus ; il sortit portant sa croix et vint au lieu dit du crâne, ce qui se dit en hébreu Golgotha. »
Chapelle grecque orthodoxe du Golgotha.
Le mot לְגֻלְגַּלֹתָם, LGLGLTM,Legoulgualotam, apparaît quatre fois[12] au chapitre1er duLivre des Nombres, versets 2, 18, 20 et 22. La traduction est « par tête » ou « par crâne », comme dans l'Exode 16, 16 ou 38, 26 et les Nombres 3, 47. Mais dansles Juges, 9, 53 (Abimelek)[13] et le2e livre des Rois 9, 35 (Jézabel), גֻּלְגָּלְתּ, GLGLT,Goulgolèt signifie bien « crâne ».
Le Nouveau Testament décrit le calvaire comme un lieu proche de Jérusalem (Jean 19:20), à l'extérieur des remparts (Hébreux 13:12) conformément à la tradition juive. C'est le lieu où Jésus fut crucifié, mais aussi où il aurait été enterré après son exécution. Une tradition chrétienne fixe l’emplacement du tombeau du Christ sous l'église du Saint-Sépulcre depuis son « invention » an 326 par l’impératrice Hélène ; mais d'autres traditions le situent en des lieux concurrents : au nord dumont Sion selonEusèbe de Césarée, au sommet dumont des Oliviers ou de la montagne de Gibéon selonÉpiphane de Salamine. L’intervalle de trois siècles entre la crucifixion et la découverte de son emplacement fait ainsi hésiter sur son authenticité et explique que lesite actuel fut longtemps, et reste encore très discuté[14].
C'est sur le Golgotha que l'empereur romainConstantin le Grand a construit l'église duSaint-Sépulcre de Jésus aux environs de326 -332. C'est aussi le lieu où la tombe de Jésus et la vraie croix auraient été découvertes parHélène en326, la mère de Constantin. C'est le principal lieu saint duchristianisme et un des principaux sanctuaires deTerre sainte.
En1885,Charles Gordon a suggéré un autre lieu pour le Calvaire, lejardin de la Tombe, situé au nord du Saint Sépulcre dans les environs de laPorte de Damas et datant de la période de l'Empire byzantin. Cela correspondrait à la description deJean (19:41) : « Or il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié, et dans ce jardin un tombeau neuf ». Dans le jardin, on peut trouver un rocher escarpé qui contient deux grandes cavités qui ressemblent étrangement à des yeux de tête de mort.
Jardin de la Tombe, Jérusalem Est.
La forme d'un crâne se découpe dans la paroi rocheuse du Calvaire.
Une tête de mort et les ossements, symboles de la découverte du crâne d'Adam lors de la crucifixion du Christ, église croate de Zadar (Croatie) en 2006.
Les peintures représentant la crucifixion de Jésus portent fréquemment le titre de calvaire. Ce nom est aussi attribué à certains édifices religieux en haut de promontoires naturels ou sur des collines artificielles construites par des croyants. Le terme est également utilisé pour certains cimetières, spécialement ceux appartenant à la religioncatholique. Il est par ailleurs employé pour définir une tâche extrêmement pénible, pratiquement insurmontable, en référence à l'ascension duChrist sur le Golgotha, le jour de sacrucifixion.
L'art religieux (peintures, sculptures, etc.) représente souvent des crânes afin de rappeler cette histoire. On trouve souvent sous lescrucifix et lescroix une tête de mort.
Le Christ crucifié sur le mont Golgotha avec le crâne d'Adam représenté.
Selon une légende, le Golgotha serait le lieu où le corps d'Adam a été enfoui, et lors de lacrucifixion de Jésus aurait été découvert son crâne, enseveli en ce même lieu[15]. La tradition chrétienne enseigne que le sacrifice du Christ, puis sa résurrection trois jours après, pardonne lepéché originel dontAdam était responsable et apporte de ce fait le salut de l'humanité[réf. nécessaire].
↑Thèse élaborée avec son mariChristian Tutundjian de Vartavan, soutenue le 23 septembre 2005 en Sorbonne et publiée en 2008 : Garibian de Vartavan, Nazenie,La Nouvelle Jérusalem et les premiers sanctuaires chrétiens de l'Arménie. Méthode pour l'étude de l'église comme temple de Dieu, Isis Pharia, Londres, 2008(ISBN0-9527827-7-4).