Il est connu pour ses interprétations pianistiques du répertoire baroque, en particulier pour deux enregistrements desVariations Goldberg deJean-Sébastien Bach, l'un ouvrant sa carrière en 1955 et l'autre la concluant en 1981.
Célèbre pour son style analytique, très précis et chantant, ainsi qu'une certaine excentricité[2], Glenn Gould abandonne sa carrière de concertiste dès1964 et ne se produira plus jamais en public afin de se consacrer aux enregistrements en studio et à la production d'émissions de radio pourRadio-Canada.
Ayant ainsi réalisé un nombre considérable d'enregistrements, il livre un riche héritage artistique unique dans le paysage musical qui l'amène à être considéré comme l'un des pianistes marquants duXXe siècle[3].
Glenn Gould etAlberto Guerrero vers 1945.Glenn Gould chez lui, à Toronto, en février1946, avec Nicky (Sir Nickolson of Garelocheed), sonsetter anglais, et Mozart, saperruche.
Glenn Herbert Gould, né Gold[1],[4], est le fils de Russell Herbert Gold, violoniste amateur, et de Florence Grieg (lointaine parente du compositeur norvégienEdvard Grieg), pianiste, organiste et professeur de chant[5]. Il grandit au sein d’une famillepresbytérienne aux originesanglaise,écossaise etnorvégienne. En 1939, au début de laseconde Guerre mondiale, le nom Gold fut changé en Gould afin que la famille ne soit pas la cible d’attaques à caractèreantisémite (bien qu'il n'ait aucune origine juive), alors en hausse à Toronto. Glenn Gould en plaisanta à plusieurs reprises en disant par exemple :« Quand on me demande si je suis juif, je réponds toujours que je l’étais durant la guerre. »
On découvre que Glenn Gould a l'oreille absolue à trois ans, puis il montre des prédispositions précoces pour le piano étant capable de transposer, composer et improviser[6]. Il apprend le piano avec sa mère jusqu'à l'âge de dix ans avant de rejoindre leConservatoire royal de musique de Toronto afin d'étudier le piano auprès d'Alberto Guerrero (1943–52)[7], l'orgue auprès deFrederick Silvester (1942–49)[7] et la théorie musicale auprès de Leo Smith (1940–47)[7]. Il est organiste d'église à onze ans et donne son premier concert professionnel à l'orgue en[6]. Il fait sa première apparition publique au piano avec orchestre en 1946 et son premier récital professionnel l'année suivante[7], enchaînant avec des apparitions à la radio (1950), la télévision (1952) et son premier enregistrement commercial en 1953[7]. Pendant cette période, il compose dans un style alternant entre le romantisme tardif et ledodécaphonisme deSchönberg[7].
En, il donne ses premiers concerts aux États-Unis, à Washington (Musée d'art moderne) et New York dans des programmes originaux comprenantGibbons,Sweelinck,Bach, le dernierBeethoven (Hammerklavier),Berg (Sonate) etWebern (Variations, op. 27)[7]. Il est immédiatement identifié par son jeu très personnel et ses choix de programmation, comme un iconoclaste[7] ou en français comme « excentrique ».
Alexander Schneider, membre duQuatuor de Budapest, rencontre David Oppenheim, patron deColumbia Masterworks. Celui-ci, après avoir écouté un enregistrement deDinu Lipatti, s'exclame :« Pourquoi ne pouvons-nous pas en avoir un autre comme ça ? ». Schneider qui avait entendu Gould à Washington, répond : il y en a un,« une personne de Toronto, nommé Glenn Gould, qui est hélas un peu fou, mais il a un effet hypnotique remarquable au piano »[8]. Il signe un contrat avec la firmeCBS. Il a vingt-deux ans. Son premier disque desVariations Goldberg de juin1955 dans les studiosCBS de New York, publié en est acclamé tant par la critique que le public, et lui apporte la renommée internationale[9]. Karajan le réclame pour Berlin et Salzbourg et mêmeKhrouchtchev veut l'entendre à Moscou[10]. Cette interprétation d'une vélocité et d'une clarté de voix hors du commun et hors des modes de l'époque, contribue notablement à son succès. Resté une référence absolue, cet enregistrement fait toujours partie des meilleures ventes du catalogue CBS/Sony. Suivent vingt-cinq ans de collaboration fidèle entre Gould et le label discographique, même après sa décision de ne plus se produire en public.
À partir de 1961, il réduit ses apparitions publiques et ne prend aucun engagement au-delà de l'année 1964. En 1962, il fait part à son entourage de sa fatigue de devoir se produire devant des auditoires distraits, qui toussent ou attendent la fausse note[12]. Sans tournée d'adieu ni annonce préalable, Gould donne son dernier concert au Wilshire Ebell Theater deLos Angeles le. Il interprète quatre fugues deL'Art de la Fugue, la4epartita de Bach, la30e sonate de Beethoven et la3e sonate d'Hindemith. Il quitte définitivement la scène à l'âge de32 ans[13] pour se consacrer exclusivement aux média électroniques : enregistrements en studio, réalisation d'émissions de radio et de télévision[7]. Se succèdent, outre ses disques pour CBS, sept documentaires pour la CBC ou d'autres productions. Notamment lesChemins de la musique (1974, pour la télévision française avec ledocumentaristeBruno Monsaingeon et qui sera renommé ultérieurementGlenn Gould, l'alchimiste[14]), et une série de trois films intitulésGlenn Gould Plays Bach (1979–81). En avril 1966, Gould publie un article dansHigh Fidelity Magazine, « L'enregistrement et ses perspectives » (p. 46-63), pour s'en expliquer[15].
C'est lors de la diffusion de 1974 desChemins de la musique, en début de soirée sur les trois chaînes de télévision en grève, qu'en France, Gould se fait admettre au rang qui lui revient :« un des génies de l'interprétation moderne[16] ».
En, il entame une nouvelle carrière dedirection d'orchestre, en enregistrant leSiegfried Idyll deRichard Wagner. En septembre, paraît la nouvelle version de sesVariations Goldberg.
Statue de Glenn Gould devant le building CBC à Toronto.
Le, après avoir ressenti de forts maux de tête, Glenn Gould est victime d'unaccident vasculaire cérébral[17],[18], qui paralyse le côté gauche de son corps. Il est hospitalisé à l'hôpital général de Toronto, où son état se détériore rapidement. Le, alors que les preuves cliniques attestent que Gould estcérébralement mort, son père demande que l'on débranche les appareils le maintenant artificiellement en vie[réf. souhaitée].
Glenn Gould repose aux côtés de ses parents aucimetière Mount Pleasant de Toronto[19],[20]. Les premières mesures desVariations Goldberg sont gravées sur la pierre tombale[21]. Le personnel du cimetière est souvent sollicité par ses admirateurs afin de localiser sa tombe[22].
Une réplique de la chaise, avec des pieds à hauteur variable, qui accompagna Gould toute sa vie durant.
Glenn Gould a peu joué les romantiques — jugés trop hédonistes[23] — et la musique impressionniste, pour se concentrer essentiellement sur la musique baroque, classique, le dernier romantisme et la musique austro-allemande du début duXXe siècle, avec quelques remarquables incursions dans la musique desvirginalistes anglais et la musique canadienne contemporaine[7]. Si Glenn Gould aimait peuChopin, ainsi que les dernières œuvres deMozart (« Mort trop tard », selon lui), il admirait en revanche la chanteuse britanniquePetula Clark, à laquelle il consacra un article élogieux en 1964[24]. Ces options sont liées à sa conception musicale dont il considère que l'essence se trouve dans lecontrepoint[23].
Il acquiert sa réputation internationale grâce aux interprétations très originales des œuvres deBach. Son jeu pratiquement dépourvu delegato, presque sans pédale, combiné aux réglages millimétrés de son piano fétiche, tendu à l'extrême pour gagner encore en rapidité, sont sa propre marque. Gould a particulièrement excellé dans l'interprétation desVariations Goldberg dont il a su mettre en valeur la dynamique, la vivacité, la profondeur de l'articulation logique des thèmes, qui fut à l'origine de sa renommée internationale et dont le toucher était si différent qu'il en était immédiatement reconnaissable entre tous (hormis son chantonnement célèbre et les craquements de son tabouret), et également beaucoup critiqué par certains. À cela s'ajoutaient une personnalité et une excentricité peu ordinaires. Le tout éclipsant, auprès du grand public, l'influence qu'a eueRosalyn Tureck de 18 ans son aînée[25],[26],[27],[28],[29].
Marc Vignal[30] résume d'un trait, l'homme :« Son très grand talent n’a d'égal que son caractère excentrique, qui se manifeste aussi bien dans son comportement personnel que dans ses interprétations. » Notamment, au concert ou au disque, il chantonnait souvent en jouant, ce qui est perceptible sur certains enregistrements, comme dans son interprétation duClavier bien tempéré ou desVariations Goldberg et particulièrement dans les films de Monsaingeon dans lesquels, outre son contre-chant vocal, il accompagne celui-ci de gestes de direction d'un orchestre imaginaire. Cela créait des difficultés pour les ingénieurs du son. Sa position au piano était très particulière : assis très bas, il se penchait très en avant vers son clavier, le visage au niveau des touches[31]. Cela tenait à l'utilisation d'une seule et unique chaise pliante dont il avait scié les pieds et qui était ainsi bien plus basse qu'une banquette de piano. Cette chaise l'accompagnera sa vie durant. Même lorsqu’elle fut dans un état de délabrement total, il l'emporta partout où il devait jouer. Devenus les symboles de Glenn Gould, la chaise et le pianoSteinway CD318 sont conservés et exposés de manière permanente depuis auCentre national des Arts d'Ottawa[32].
Dans ses comportements extra-musicaux on note que, quelle que fût la température, il portait toujours de nombreuses couches de vêtements et, très souvent, des couvre-chefs et des gants[33].
Tout au long de sa carrière, Glenn Gould a recherché des instruments et des réglages lui permettant d'obtenir une sonorité particulière. Il souhaitait notamment disposer de pianos dont la sonorité s'approche de celle des clavecins. Il recherchait donc des instruments aux sons clairs[34].
Pendant longtemps, Glenn Gould entretient une relation particulière avec le piano de sa jeunesse, unChickering de. Quatre années après l'avoir découvert chez un ami, il l'achète en et le conserve pour jouer chez lui. Toutefois, l'instrument est trop petit et n'a pas les qualités acoustiques suffisantes pour pouvoir être joué en concert ou enregistrement[35].
C'est ainsi que Glenn Gould entame sa collaboration avecSteinway & Sons. En, il opte d'abord pour lemodèle DCD-174 qui lui est proposé par la marque. Réglé selon les volontés de Gould, l'instrument lui convient bien et approche la sonorité et la mécanique souhaitées par le pianiste. Parfois, Glenn Gould utilise également les CD-90 et CD-205 mais trouve ces deux instruments trop rigides et percussifs. Malheureusement pour le pianiste canadien, le CD-174 tombe et est irrémédiablement endommagé[36],[37].
En, Glenn Gould est en quête d'un nouveau piano et retrouve par hasard à l'auditorium Eaton leSteinway CD-318, un instrument sur lequel il avait joué en pour un concert avec l'orchestre symphonique de Toronto[36],[38]. Il apprécie rapidement le piano et en fait son instrument pour les années suivantes[39],[40],[36],[38]. Toutefois, le CD-318 tombe lors d'un transport en, ce qui occasionne d'importants dégâts à l'instrument[38],[41].
Malgré les réparations menées à l'atelier Steinway & Sons sous la supervision deFranz Mohr et les tentatives de réglages de l'accordeur Verne Edquist, le son du Steinway CD-318 ne convient plus au pianiste[42],[38]. Constatant ces difficultés, l'entreprise new yorkaise souhaite mettre fin au contrat de location de l’instrument[41]. Glenn Gould décide alors d'acheter le piano en et le confie à Edquist pour tenter de trouver un réglage satisfaisant[41]. Toutefois, l'accordeur canadien ne parvient pas à retrouver la sonorité attendue[43],[41].
Délaissant le CD-318 pour ses enregistrements, Glenn Gould se tourne vers les instrumentsYamaha. Il réalise notamment ses derniers enregistrements sur des modèles C9 et CFII de l'entreprise nippone[36],[41].
À la fin des années, Glenn Gould et son entourage contacte l'accordeurVerne Edquist pour assurer les réglages des pianos du musicien. Toutefois, devant la réputation d'exigence extrême du pianiste, Verne Edquist décline plusieurs fois la proposition. Ce n'est qu'à partir de et en partie sur l'insistance de l'atelier Steinway & Sons qu'il accepte de travailler avec Gould[34],[44].
S'ensuit une longue collaboration entre les deux hommes pendant les vingt années suivantes durant lesquelles Edquist devient l'accordeur principal de Glenn Gould. Toutefois, après la chute du Steinway CD-318 et l'impossibilité d'obtenir à nouveau la même sonorité de ce piano, l'évolution de Glenn Gould vers les instruments Yamaha n'est pas suivie par Verne Edquist. Les rapports professionnels entre les deux se distendent, bien que Verne Edquist ait continué à travailler sur le CD-318 que possède le pianiste[34],[44].
Voici les points avancés par Peter Ostwald dans son étude :
la disproportion des sens : hypersensibilité de l'ouïe, de la vue et du toucher doublée d'une insensibilité du goût et de l'odorat ;
attitude physique et répétition de gestes, typique de ce comportement ;
routines vestimentaire, alimentaire et répétition de codes, de rituels tout au long de sa vie. Il regardait quarante fois le même film ou écoutait une suite de musiques pendant des mois. Par exemple, il trempait toujours ses bras dans l'eau très chaude avant un concert, et refusait l'idée même de se séparer de sa chaise pliante sciée. Il mangeait le même repas (œuf brouillé, pain grillé, salade et biscuit) chaque jour ;
comportement social très difficile, et refus de l'interaction humaine au point de préférer la compagnie des animaux ;
manque de discernement (on a parlé à son sujet de manque de courtoisie) ;
incroyable faculté mémorielle « lui permettant de se souvenir de quantités impressionnantes de partitions musicales et de créer à volonté des transcriptions pour piano d’œuvres d’opéras et d’orchestres »[33].
D'autres psychiatres sont d'accord avec cette thèse selon laquelle Gould aurait probablement été Asperger[48], ainsi que son assistant personnel, Ray Roberts[49].
Cependant, cette thèse n'est pas confirmée par d'autres auteurs tels queKevin Bazzana, le biographe de Glenn Gould[48], ni par les psychiatres Helen Mesaros et Joseph Stephens qui pensent que son comportement excentrique peut avoir des explications psychologiques ou être apparenté à unenévrose[49]. Le psychanalysteJean-Claude Maleval considère que Gould présenta de nombreux traits paranoïaques qui orientent vers l'hypothèse de lapsychose ordinaire.« Celle-ci, écrit-il, se trouve confirmée par plusieurs phénomènes élémentaires, prenant la forme d’épisodes paranoïdes, ainsi que par la permanence d'un rapport à un Autre malveillant. Il parvint à s’en protéger par un évitement des relations sociales. Cependant Gould ne fut jamais hospitalisé et son fonctionnement resta toujours compatible avec une vie professionnelle accomplie ». Son intense investissement de la musique constitua une suppléance lui permettant de contenir ses troubles[50].
Depuis sa disparition en 1982, la fascination durable[52] pour la figure de Glenn Gould a inspiré de nombreuses entreprises, hommages ou publications littéraires et commerciales. LaFondation Glenn Gould, est créée en 1983 à Toronto[53].
Les archives Glenn Gould sont déposées à la Bibliothèque nationale du Canada, àOttawa.
En1991Maurane, dans son albumAmi ou ennemi, lui consacre une chanson intituléeSur un prélude de Bach où sur la musique duPrélude et fugue en ut majeur, BWV 846 duClavier bien tempéré deBachJean-Claude Vannier met des paroles dont les vers« Lorsque j'entends ce prélude de Bach Par Glenn Gould, ma raison s'envole… » reviennent enrefrain.
En2011Gidon Kremer et sa Kremerata Baltica a consacré un disque intituléThe art of instrumentation - Homage To Glenn Gould chezNonesuch[55], comportant plusieurs arrangements d'œuvres de Bach, de divers compositeurs.
En2015Nicolas Godin (du groupe de musique électronique françaisAIR) a composé un disque intituléContrepoint en hommage à Glenn Gould[56],[57].
En2022,Ivan Calbérac crée la pièce de théâtreGlenn, naissance d'un prodige, sur la vie de Glenn Gould. La pièce est couronnée par deux Molières en 2023 (révélation féminine pour Lison Pennec, révélation masculine pour Thomas Gendronneau).
Dans le neuvième épisode de lasaison 12 des Simpsons où Homer se fait retirer un crayon du cerveau dans le but d'augmenter son QI, Glenn Gould est cité à la radio après la diffusion d'une sonate "Cette sonate n'était pas interprétée par Glenn Gould, mais c'était aussi bon que du Gould !". Après cela Homer se met à rire gaiement sans que l'on ne reçoive plus d'informations[58].
Glenn Gould occupe une place importante au sein du filmThe House That Jack Built deLars Von Trier dans lequel il apparait près d'une dizaine de fois (visuellement ou de manière sonore) travaillant laseconde Partita de Bach pour clavier dans son chalet[59], cet extrait repassé en boucle provient d'un documentaire intitulé "Glenn Gould Off The Record"[60]. Il est décrit par le personnage principal, Jack, comme "un des plus grands pianistes de notre temps" et comme "le représentant de l'Art" lorsque le deuxième protagoniste, Verge, lui demande "ce que vient faire ici cet homme ridicule".
Glenn Gould est l'un des trois protagonistes principaux du roman deThomas Bernhard, "Le Naufragé"[61].
Gilles Deleuze fait régulièrement référence à Glenn Gould, dans ses cours[62] ou dans son ouvrageMille Plateaux où il sert à illustrer le troisième principe du rhizome : "Quand Glenn Gould accélère l'exécution d'un morceau, il n'agit pas seulement en virtuose, il transforme les points musicaux en lignes, il fait proliférer l'ensemble"[63].
C'est aussi le cas deGiorgio Agamben, dans "La Communauté qui vient" ainsi que dans "Le Feu et le Récit", où il lui confère un statut absolument unique parmi les pianistes[64].
Hannibal Lecter, dans la version originale duSilence des agneaux semble l'apprécier particulièrement puisqu'il demande expressément sa version des Goldberg pour pouvoir l'écouter en prison[65].
On relèvera également une présence sonore récurrente dans le cinéma, non pas seulement en tant que bande originale comme cela est le cas dansLe Chardonneret (2019), Ted K (2021) ouTel père tel fils (2013) et une vingtaine d'autres films, mais en tant qu'il est souvent écouté directement par les protagonistes. Dans, par exemple,Shame, où le personnage incarné par leMichael Fassbender l'écoute en courant ou chez lui (Variations Goldberg et prélude BWV 855), ou encore la famille du filmCaptain Fantastic alors en voyage, sans oublier dans le magasin d'Elijah Price, ses petits préludes et fugues au sein du filmIncassable[66].
Les compositions de Gould sont méconnues. Il est notamment l'auteur d'une fugue pour chœur à quatre voix mixtes, intituléeSo You Want to Write a Fugue? où il explique avec humour, démonstration à l'appui, comment écrire une fugue. Il est également l'auteur d'unQuatuor à cordes (opus 1), inspiré par la musique d'Arnold Schönberg.
À partir de 1995, une édition complète des œuvres est réalisée parSchott. Les œuvres de jeunesse ont été publiées en fac-similé.
Sonate pour basson et piano (1949)
Sonate pour piano (1951 inachevée)
Quatuor à cordes op. 1 (1956)
Lieberson Madrigal pour voix et piano.
Cinq petites pièces pour piano
So You Want to Write a Fugue ? (1963)
Gould a aussi réalisé des cadences et transcriptions :
Cadences pour le concerto en ut majeur de Beethoven (éd. Barger and Barclay 1958)
Wagner, Siegfried Idyll (éd. Schott 2003)
Et trois musiques pour films pour la télévision (producteur : Richard Nielsen ; production : Norflicks) :
La discographie entière de G. Gould est publiée parSony Music. Quelques enregistrements se trouvent sur les disques de laCanadian Broadcasting Corporation (CBC Records), notamment les émissions documentaires radiophoniques intituléesSolitude Trilogy en trois disques[68]. Des bandes de concerts, de récitals et de programmes radiophoniques ou télévisés ont été par le passé éditées chez diverses maisons (Music & Arts etNuova Era notamment), mais les plus importantes sont rééditées depuis chez Sony, par exemple le troisième concerto de Beethoven avec Karajan, enregistré à Berlin le[69]. Les récitals de Stockholm de 1958 ont été publiés par le label BIS[70]. Figure aussi sur le disque déjà citéGlenn Gould, The secret live tapes un cinquième concerto de Beethoven avec Joseph Krips en 1960. Gould a confié sa grande admiration pour le chef et le considérait comme le plus grand mozartien qu'il ait entendu. Divers coffrets de l'intégrale chez Sony ont été accompagnés d'archives, notamment des commentaires avec Tim Page sur lesVariations Goldberg.
Variations Goldberg (versions de 1954 (Radio-Canada), 1955 (studio), 1959 (Salzbourg en public) et 1981 (un an avant sa mort, studio). L'édition Zenph et Disklavier, parue en 2007, reproduit avec une analyse et assistance informatique de l'enregistrement monophonique de 1955, le jeu et la technique de Gould sur un piano couplé et joué par un ordinateur[71].
L'œuvre de Glenn Gould en matière de documentaires radiophoniques est moins connue que sa discographie. Ce travail fut en partie le résultat de sa longue collaboration avec laSociété Radio-Canada, pour laquelle il produisit de nombreux programmes de télévision et de radio. On peut retenir de ses travaux saSolitude Trilogy, comprenantThe Idea of North, une méditation sur le Canada du Nord et de ses habitants ;The Latecomers, qui aborde le sujet de l'émigration àTerre-Neuve ; etThe Quiet in the Land, sur lesMennonites duManitoba. Ces trois documentaires utilisent une technique désignée comme « radiocontrapuntique » par Glenn Gould, dans laquelle plusieurs personnes parlent en même temps. Selon son coproducteur, Lorne Tulk, il fut le premier à faire usage de cette technique lorsqu'il s'aperçut qu'il avait quatorze minutes d'enregistrement supplémentaires pour son documentaire radiophoniqueThe Idea of North. Cette technique, combinée à son sens aigu de l'accompagnement musical, des sons captés, et des voix des personnes interviewées, ont fait de ce travail radiophonique une œuvre plébiscitée par la critique.
Arnold Schoenberg, the Man Who Changed Music (1962)
Conference at Port Chillkoot (1965)
Dialogues on the Prospects of Recording (1965)
Glenn Gould’s Toronto (1979)
New Faces, Old Forms : Music from 1920 to 1930 (1975)
Pablo Casals : A Portrait for Radio (1973)
Recording of the Decade... Is Bach Played On, of All Things, A Moog Synthesizer? (1968)
Richard Strauss : The Bourgeois Hero (1979)
Schoenberg in America (1962)
Schoenberg Series (1974)
Schoenberg, The First Hundred Years – A Documentary Fantasy (1974)
Stokowski : A Portrait for Radio (1971)
The Age of Ecstasy : Music from 1900 to 1910 (1974)
The Art of Glenn Gould (1969) — Série de 30 émissions
The Artist as Artisan : Music from 1930 to 1940 (1977)
The Festival at Tuk
The Flight from Order : Music from 1910 to 1920 (1975)
↑Cette caricature est évoquée dans les entretiens avec Cott :« La caricature que l'on fait de mon jeu, celle d'un pianiste dont le nez colle au clavier ne concerne qu'un répertoire précisément délimité. Dans cette position n'essayez pas de jouer Scriabine, c'est tout simplement exclus pour une raison très simple : si vous voulez faire de grands écarts, vous avez besoin de bien plu de force que ne vous en laisse cette position rapprochée. Mais pour Bach vous pouvez le faire, vous devez même le faire, parce que c'est un moyen de raffiner le son et de le délivrer de sa composante pianistique. »
↑Psychiatre américain, fondateur et directeur du Programme de santé pour les artistes de la scène à l'université de Californie à San Francisco, auteur de trois « psychobiographies » qui explorent les fils ténus entre génie et folie (Robert Schumann, Vaclav Nijinski et Glenn Gould).Glenn Gould. Extase et tragédie d'un génie, Peter F. Ostwald,Actes Sud, 2003pages ???[précision nécessaire]
↑Jean-Claude Maleval.,Syndrome d'Asperger ou psychose ordinaire? L'exemple de Glenn Gould, in Conversations psychanalytiques avec des psychotiques ordinaires et extraordinaires., Toulouse, Erès,, 375 p.(ISBN978-2-7492-7396-9),p. 71
Georges Leroux, « La recherche de l’instrument idéal. Les pianos de Glenn Gould. : À propos d’un essai de Katie Hafner » [« The Search for the Ideal Instrument. The Pianos of Glenn Gould. On a book by Katie Hafner »] (Compte rendu de Katie Hafner, A Romance on Three Legs. Glenn Gould’s Obsessive Quest for the Perfect Piano, New York, Bloomsbury, 2008, 259 p.),Circuit - Musiques contemporaines, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal,vol. 22,no 2 « Glenn Gould et la création »,,p. 37-41(ISSN1183-1693 et1488-9692,DOI10.7202/1012791ar,lire en ligne).