Avec laglasnost, l'objectif du premier secrétaire général de l'Union Soviétique, alors en conflit ouvert avec lesÉtats-Unis avec lacrise des euromissiles et embourbé dans l'impopulaireguerre d'Afghanistan (1979-1989), était notamment de mettre la pression sur les conservateurs du parti communiste qui étaient opposés à sa politique de restructuration économique, laperestroïka, devenue nécessaire en raison du retard technologique, économique et des conditions de vie dégradées au sein de l'URSS. Ce diagnostic avait été posé par de nombreux chercheurs russes, comme le dissidentAndreï Amalrik, mais également des élites russes bien conscientes des problèmes comme le prédécesseur à la tête de l'URSS et mentor deMikhaïl Gorbatchev,Youri Andropov.
Laglasnost donna de nouvelles libertés au peuple, comme la liberté d'expression et d'association, ce qui constituait un changement important, dans la mesure où le contrôle des idées et des citoyens et la censure de toute expression démocratique par un système de police politique (Tchéka,NKVD,KGB) avait été la« colonne vertébrale » du système soviétique établi par Lénine en 1922 (avec la création duGlavlit) et renforcé par la suite parJoseph Staline[3]. Des milliers de prisonniers politiques et beaucoup de dissidents furent également libérés dugoulag et de nombreux camps fermèrent.
Laglasnost va permettre ce qui était auparavant impensable : des manifestations massives, le début des grèves et la mise en place d'une presse libre. À partir de 1987, l'hebdomadaire Argumenty i Fakty (Arguments et Faits) est diffusé à plus de 3 millions d'exemplaires chaque semaine[4].
Les voyages à l'étranger sont autorisés. L'article de loi pénale sur la propagande antisoviétique est supprimé et la censure limitée aux seuls secrets d'Etat[4].
L'associationMemorial, qui va enquêter en profondeur sur les crimes de la période stalinienne, est fondée en 1989 par le physicien russe et dissidentAndreï Sakahrov[4]. Elle permet un regard critique sur l'histoire officielle soviétique mise en avant de manière glorieuse par la propagande depuis 1917[3]. Afin de faire correspondre les connaissances avec la vérité historique, l'ouvrage de l'historien français,Nicolas Werth, l'histoire de l'URSS, est autorisé à la parution et édité en 1994 à 1 million d'exemplaires dans les lycées avec l'accord des autorités russes.
Conséquences
La Glasnost contribuera aussi au réveil desidentités nationales des peuples non-russes de la fédération soviétique, jusque-là soumis à larussification. En effet, Gorbarchev croit dans la possibilité des partis communistes des différents pays d'être le moteur des processus démocratiques[4].
Dans les différents pays, la Glasnost contribue à la chute des régimes communistes conservateurs par diffusion des idées car le pouvoir soviétique exclut désormais toute intervention militaire comme pratiqué auparavant àBudapest en 1956 etPrague en 1968. C'est notamment le cas enTchécoslovaquie, enRépublique démocratique allemande et, de manière plus violente, enRoumanie durant l'année 1989. La transition se fait avec davantage de souplesse enPologne et enHongrie, dont l'économie autorisait l'existence d'entreprises privées dans certains secteurs comme l'artisanat[4].
Cependant, le but essentiel de Gorbatchev, qui était de moderniser l'Union soviétique via laglasnost et laperestroïka, ne fut pas atteint.
A contrario, l'impulsion donnée à la transformation du monde soviétique va contribuer à le modifier en profondeur et finalement échapper à tout contrôle[4].
Et l'Union, largement basée sur la contrainte étatique,s'effondra à l'hiver1991-1992, plus précisément le lors de la démission de Mikhaïl Gorbatchev.