LaGironde est, au début de laRévolution française, un groupe politique issu duparti patriote, dont les membres sont appelés « girondins », particulièrement connu en raison du conflit mortel qui l'a opposé au groupe desmontagnards dans les premiers mois de laIre République (septembre 1792-juin 1793).
Après lacrise du 10 août et l'arrestation de Louis XVI, ils constituent de nouveau une tendance importante dans la nouvelle assemblée, laConvention nationale (20 septembre 1792-26 octobre 1795), mais sont en butte à l'hostilité d'un groupe plus radical, laMontagne, soutenu par laCommune de Paris issue de l'insurrection, qui représente lessans-culottes parisiens. Ce conflit, dont leprocès de Louis XVI est une étape importante, aboutit à la défaite politique de la Gironde (2 juin 1793) et, par la suite, à la condamnation à mort de nombre de ses députés.
À l'époque, ces mots étaient moins courants, quoique connus : les contemporains parlent parfois des « girondins » (ou « girondistes »)[2], mais plus souvent des « brissotins », des « rolandistes » (ou « rolandins ») et des « buzotins » (en référence au députéBuzot, l'un des principaux orateurs des Girondins)[3].
À l'Assemblée législative, futurs montagnards et girondins s'accordaient sur la politique coloniale : la défense réussie des droits des hommes de couleur, libres entre et par les décrets législatifs les 24 et obtenus notamment par Brissot et Vergniaud, devenue la loi du. En mai 1792,Robespierre salue cette loi[5] en laquelle il perçoit le seul élément positif de leur politique.
Sous laConvention nationale, le fossé se creuse entre les deux groupes. Les girondins se sont violemment affrontés auxMontagnards[n 1], incarnés par les figures deRobespierre,Danton etMarat. Le procès du roi engendre des divisions entre les plus radicaux qui souhaitent la mort et d'autres députés plus hésitants. Plusieurs députés de la Gironde proposent ainsi l'appel au peuple pour statuer de la peine à accorder à Louis XVI, ce que refusent les montagnards qui y voient une manœuvre dilatoire visant à donner du crédit aux voix royalistes dans le pays.
Politiquement, les girondins sont légalistes et réticents à considérer la Convention nationale comme seule incarnation de la souveraineté nationale.Condorcet suggère un projet de Constitution dans lequel il propose de nommer les ministres au suffrage universel direct, ce qui est refusé par lesmontagnards[6].
Pour l'historienJean-Clément Martin, les girondins incarnent une orientation de la Convention« hésitante sur le sort du roi et hostile à Marat et aux sans-culottes. Ils étaient soucieux des formes de la légalité, confiants en la représentation politique, attachés à son pouvoir centralisé, convaincus de la défense des droits naturels protecteurs des personnes et réticents envers l'expression d'une volonté générale, qu'elle soit portée par une communauté ou par un corps constitué. Cette orientation les opposerait aux montagnards et à la culture des sans-culottes assurant que des représentants, les « législateurs », peuvent incarner en eux-mêmes la volonté nationale, confondant en leurs personnes assemblées la légitimité nationale »[7].
En matière économique,Jean-Marie Roland se prononce pour la liberté de circulation des denrées[8], s'opposant ainsi àRobespierre et aux montagnards, réticents à instaurer une liberté absolue des propriétaires, bien que ces derniers soient aussi libéraux mais plus enclins à concéder des mesures d'exception en matière sociale.
L'influence des girondins était prépondérante à la Convention jusqu'à leur chute, de sorte que l'on parle parfois de « Convention girondine » pour la période allant de son ouverture, le 21 septembre 1792, jusqu'en. En se fondant sur les arrestations consécutives au 2 juin, et sur les décrets du 8 juillet rendu parSaint-Just et du 3 octobre 1793 rendu parAmar, l'historienne Jacqueline Chaumié[9] estime les conventionnels girondins au nombre de 137 .
Des tensions apparaissent, se traduisant par le phénomène de l'émigration de nombreux nobles (souvent officiers dans l'armée), notamment celle des frères de Louis XVI. Le parti patriote se divise en plusieurs courants, dont le principal est la société des Amis de la Constitution, généralement appeléClub des jacobins.
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En juin 1791, Louis XVI quitte clandestinement lechâteau des Tuileries où il réside depuis octobre 1789, mais il est arrêté àVarennes-en-Argonne, puis ramené prisonnier à Paris, sous la surveillance de laGarde nationale. La majorité de l'Assemblée, menée parLa Fayette, député et commandant en chef de la Garde nationale, décide de le maintenir sur le trône, en affirmant qu'il a été victime d'un enlèvement par desémigrés. C'est l'origine d'une crise majeure, la cassure des patriotes entre ceux qui veulent préserver lamonarchie constitutionnelle (La Fayette) et ceux qui veulent passer à larépublique (Robespierre). Le peuple dessans-culottes[n 2] parisiens est favorable à la république, d'autant plus que l'Assemblée a établi un système desuffrage censitaire qui les prive dudroit de vote.
La tentative de fuite du roi (juin 1791) et ses conséquences
ÀPillnitz, le, l'empereur, chef de la maison de Habsbourg, et leroi de Prusse signent une déclaration à l'attention des souverains d'Europe désignant le danger qui menace le trône de Louis XVI[10].
Période de l'Assemblée législative jusqu'au début de la guerre (octobre 1791-mai 1792)
En septembre, laconstitution est promulguée par le roi et l'Assemblée constituante est remplacée par l'Assemblée législative, dont les 745 députés sont élus au cours du mois de septembre. Aucun d'eux ne siégeait à la Constituante, le renouvellement du mandat ayant été expressément exclu. La première séance a lieu le1er octobre.
Le principal groupe est constitué par les membres duClub des feuillants (250 députés), partisans de la défense de la monarchie constitutionnelle ; leClub des jacobins a 136 membres élus[11] ; les autres députés sont plutôt proches des feuillants. Mais les jacobins sont bien implantés à Paris, dont le maire à partir de cette époque estJérôme Pétion.
Il est posé dès le début de l'Assemblée législative, notamment à cause des tensions extérieures suscitées par les émigrés. Une autre source de tensions est la situation de la famille royale, qui a des liens de parenté avec plusieurs monarques européens (le roi d'Espagne est un Bourbon ; Marie-Antoinette est la sœur des empereursJoseph II, puisLéopold II, la tante deFrançois II).
Un des grands problèmes de cette période est lié à la menace de guerre entre la France révolutionnaire et les monarchies européennes, notamment celle de l'empereur François II[12], chef de lamaison de Habsbourg, neveu deMarie-Antoinette, menace attisée par nombre d'émigrés appartenant généralement à des tendances contre-révolutionnaires.
Les débats sur la guerre à l'Assemblée et dans les clubs (octobre 1791-avril 1792)
Jacques Pierre Brissot, peinture de Fouquet, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon, 1792.
Estampe satirique monarchiste représentant le débat sur la guerre auclub des Jacobins en (Paris,BnF, département des estampes et de la photographie).
Les questions de l'opportunité de la guerre sont débattues pendant plusieurs mois, d' à. L'armée des émigrés s'agitant près des frontières françaises[n 3], donne l'occasion aux girondins de mettre en pratique leur idée d'étendre le message de laRévolution aux peuples d'Europe, soumis à « l'esclavage des tyrans ». Ils portent donc le problème à l'Assemblée, le, avec un discours deVergniaud et, le suivant avec une intervention d'Isnard. Le, l'Assemblée décrète que tous lesémigrés doivent rentrer enFrance avant le. Dans son discours du à l'Assemblée qui ouvre le grand débat sur la guerre, le girondinBrissot déclare :« … Et nous dont lesfrontières sont menacées, dont les réquisitions sont rejetées, nous, hommes libres, nous balancerions. La défiance est un état affreux. Le mal est àCoblentz (…) Le pouvoir exécutif va déclarer la guerre : il fait son devoir, et vous devez le soutenir quand il fait son devoir… »[13] Mais, dans l'immédiat, rien ne menace laFrance au point de se lancer dans l'aventure d'uneguerre contre les puissances européennes.
Quand ennovembre 1791,Robespierre rentre àParis, venant d'Arras, il n'est plusdéputé[n 4] mais demeure l'une des principales figures desjacobins[n 5], dont il a assuré la cohésion au moment de la scission desfeuillants[14] le. (Après les élections législatives, le1er octobre suivant, le Club très réduit à la suite de ces défections, recevra l'afflux de nouveaux députés, notamment ceux de la future Gironde). Robespierre est élu à la présidence desjacobins le.
Dans un premier temps,Robespierre se prononce pour la guerre[n 6], au contraire deBillaud-Varenne. Puis, modifiant sa position, il s'oppose nettement à Brissot dans plusieurs discours.
Entre laFrance révolutionnaire et l’Europe dynastique, la guerre paraît inévitable ; la seule incertitude demeure alors celle de la date de son déclenchement. Robespierre, le, au club des jacobins, dans un nouveau discours, modifie sa position et conclut :« La guerre est le plus grand fléau qui puisse menacer la liberté dans les circonstances où nous sommes ». Mais en ces mois décisifs qui suivront, il ne fera aucune contre-proposition à la guerre, et à ce sujet lesjacobins sont très divisés[15].
Les partisans de la guerre semblent l’emporter. Pourtant dans ses différents discours aux jacobins, Robespierre se montre à ce moment très réaliste sur les conséquences d’une guerre dans l’immédiat :« Domptons nos ennemis du dedans et ensuite marchons à tous les tyrans de la terre… » ou bien« La plus extravagante idée qui peut naître dans la tête d’un politique est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à mains armées chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés… » (Extrait du discours du aux jacobins).Danton,Camille Desmoulins,Marat,Billaud-Varennes,Anthoine,Panis,Doppet,Santerre,Hébert,Sylvain Maréchal,Philibert Simond,Collot d'Herbois,Fréron,François Robert,Chabot,Bazire,Merlin de Thionville,Charlier,Dusaulchoix maintiennent le cap et suivent Robespierre dans son opposition à la guerre offensive.Couthon, jacobin et futur ami de Robespierre, écrit en revanche en :« Le plus grand nombre est pour la guerre. Et je crois que c’est ce qui convient le mieux »[16]. Cependant, dans son discours du, appelant à la suppression totale desdroits féodaux, il infléchit sa position : le combat contre les ennemis de l'intérieur et pour la radicalisation sociale doit primer sur les ennemis de l'extérieur. Le, un journal girondin,La Chronique de Paris, attaque six futurs députés montagnards jacobins, comme, selon l'auteur, agents de la cour« qui ont toujours été du parti contre la guerre » : Maximilien Robespierre, Jean-Paul Marat, Camille Desmoulins, Jean-Marie Collot d'Herbois,François Robert,Stanislas Fréron[17].
Montée des tensions en Europe (février-avril 1792)
Voyant alors dans la guerre le salut de laRévolution, Brissot prône la guerre contre tous ceux qui, enEurope, encouragent la résistance aux lois révolutionnaires ou n’observent pas un gage de neutralité en désarmant lesémigrés[18]. Il trouve un adversaire résolu chezMaximilien de Robespierre, ainsi que lechevalier de Pange, jeune journaliste pacifiste.
D'autre part le Roi et laReine, convaincus que leur salut ne peut venir que de la défaite des révolutionnaires, rendent la guerre inévitable. Pour eux le salut de la monarchie passe par le recours aux princes étrangers[19].
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Les girondins entrent dans legouvernement de Louis XVI au mois de mars 1792, alors que jusque-là, les ministres étaient issus de groupes plus modérés, notamment celui desFeuillants.
Joseph Servan (1741-1808) est ministre de la Guerre du 9 mai au 13 juin, remplacé par Dumouriez, puis par Lajard
Une des grandes décisions du gouvernement girondin est de donner son accord à l'entrée en guerre de la France (20 avril), aussi voulue par les monarchistes contre-révolutionnaires, pour des raisons très différentes.
Le 13 juin 1792 voit le renvoi de plusieurs ministres par Louis XVI en raison de leur comportement jugé irrespectueux.
L'entrée en guerre contre l'Autriche (20 avril 1792)
Pendant ce temps les girondins agissent et argumentent dans le sens de Brissot et des brissotins, et la presque totalité de l'Assemblée vote la guerre le. Une dizaine seulement sur 750 refuse : sept lamethistes, le trio cordelier composé deChabot,Basire etMerlin de Thionville[20], ainsi que le jacobin Charlier[21]. Déclarée au « roi de Bohême-Hongrie, » c'est-à-dire à l'empereur duSaint-Empire romain germanique (l'Autriche), la guerre comprenait aussi laPrusse qui était l'alliée deFrançois II. Cette guerre allait durer 23 ans et entraîner toutes les nations d'Europe. Un journal jacobinles Révolutions de Paris, auquel collaborait Sylvain Maréchal, écrivait« Les guerres sont comme les fléaux, on sait quand elles commencent, on ne sait jamais quand elles finissent »[20]. Le jour même,Condorcet doit interrompre la présentation à l'Assemblée législative de son grand projet d'instruction publique.
Les girondins ont voulu la guerre, ils ont su entraîner une grande partie de laFrance dans cetteaventure, croyant que la guerre résoudrait les nombreux problèmes intérieurs que laRévolution a fait naître mais peut-être sans assez travailler les problèmes de fond, comme la capacité du pays à soutenir, sans alliés, un conflit contre les rois coalisés, tout en prétendant « républicaniser » l'Europe, ni même penser aux conséquences qu'un conflit pourrait avoir sur la Révolution elle-même. Il suffira des revers subis les premiers jours pour mettre les girondins en mauvaise posture à l'Assemblée.
Dès la déclaration de la guerre, Robespierre, pour qui Vergniaud ne cache pas son estime, ne diffère plus de ses adversaires que dans le choix des moyens de la conduire[22] et apporte, dès lors qu'elle est commencée, son adhésion pleine et entière[23]. EntreRobespierre etBrissot[n 7], le fossé s'élargit mais, même si la tension commence à monter, ils se rapprocheront à nouveau au sein desjacobins. Ce n'est pas encore la période des affrontements terribles oùmontagnards et girondins voudront se détruire[n 8].
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Très rapidement, l'armée française, désorganisée par l'émigration ou le retrait des officiers nobles, est en situation difficile. La perspective est donc celle de la défaite militaire et de l'écrasement de la révolution.
En représailles et afin de faire plier le roi, malgré l'interdiction de tout rassemblement[n 9], les girondins organisent une journée qu'ils veulent « pacifique » (sans violences) le 20juin. Cette date est symbolique : c'est l'anniversaire à la fois duserment du Jeu de paume de 1789 et de la tentative de fuite du roi en 1791.
La manifestation reste sans résultat positif apparent,LouisXVI, malgré l'invasion desTuileries[24] et les pressions subies, ne revient pas sur sa décision de ne pas signer les décrets et de reprendre les ministres girondins renvoyés. Pétion sera congédié le, pour ne pas avoir su maintenir l'ordre[n 10], mais, grâce à la pression des jacobins, il retrouvera son poste dès le suivant[n 11].
Ce jour-là, et même s'ils n'ont pas voulu ces débordements, le légalisme des girondins et leur respect de la Constitution cède le pas à leur parti-pris politique.
La Montagne n'y participant pas, cet échec aura des conséquences négatives pour les girondins ; non seulement cela fera monter d'un cran l'antagonisme entre patriotes[25] et monarchistes, en renforçant la position du roi[n 12], mais encore la manifestation du conduira les « sans culottes » des faubourgs à l'Assemblée.
Des chefs sont apparus (Santerre)[26]. Ces hommes n'oublieront pas le chemin des Tuileries[27] ; ces patriotes, ayant pénétré dans le Palais et humilié le roi, ont compris que désormais il est possible d'en finir avec la monarchie[28].
L'évènement politique qui se produit ce jour-là doit être analysé en termes de rupture ; si les sections parisiennes[n 13] font leur entrée dans la salle du Manège[n 14], c'est qu'elles sont en train de le faire dans la vie politique[29].
Lesmontagnards refusèrent de s’associer à lajournée du 20 juin, pour certains se tenant à l'écart ou pour d'autres la trouvant prématurée, mais les évènements qui ne vont pas manquer d'apparaître, leur permettront de préparer, dès le début du mois de juillet suivant, la journée révolutionnaire du10 août.
Même si cela n'est pas visible dans l'immédiat, les girondins sortiront affaiblis de cette journée car, par son refus de lever le veto et le calme dont il a fait preuve, le roi, aux yeux de l'opinion, paraît sortir vainqueur de l'affrontement[n 15]. Girondins et montagnards se trouvent plus que jamais opposés quant à la politique à mener. Les premiers veulent freiner la Révolution, alors que les seconds, sous l'impulsion de leurs chefs, veulent au contraire la relancer.
Modération des girondins face à la crise (juillet 1792)
Le, dans un discours prononcé à l'Assemblée,Vergniaud attaque violemment lamonarchie, mais au moment où l'on peut croire qu'il va demander la déchéance du roi, il propose« d'arrêter la monarchie chancelante sur le penchant de l'abîme ». En fait, il conseille au roi de sauver sa couronne en rappelant des ministres patriotes[n 16]. Ce même jour, il demande que laPatrie soit décrétée en danger.
Depuis leur élection à lalégislative, les girondins n'ont pas cessé d'attaquer la royauté afin de la déstabiliser, de la discréditer, pour en accélérer la chute. Mi-juillet, certains d'entre eux[30], lesbordelaisGensonné,Guadet et Vergniaud sont pris d'inquiétude en voyant l'affrontement devenir inévitable. Afin de prévenir la catastrophe, ils décident de reprendre la route modérée en freinant toute action populaire dangereuse pour l'ordre social et tentent une ultime démarche pour sauver la monarchie. À partir du et à plusieurs reprises, Vergniaud et ses amis essaieront de rentrer en contact avec le roi[31]. Mais toutes leurs tentatives se solderont par une fin de non-recevoir de la part de ce dernier. Le, Vergniaud écrira de nouveau au roi, en poursuivant, naïvement mais sans trop y croire désormais, les illusions qui ont inspiré sa conduite[32].
Même si la grande majorité des girondins ne participa pas à cette tentative de rapprochement avec le roi, tous redoutent cette insurrection populaire, qu'ils ont si longtemps appelée de leurs vœux. Ils décident donc d'essayer de la retarder et d'en atténuer les dégâts[33]. Dans son discours du à l'Assemblée, Vergniaud met en garde ses collègues d'une trop grande précipitation. Le, Guadet lira à l'Assemblée la sommation au roi, rédigée parCondorcet et demandée par la Commission extraordinaire, mais sans évoquer la déchéance.Brissot, montant à la barre peu après, parlera dans le même sens. S'ils n'ont pas de mal à convaincre la majorité des élus, hostiles à la déchéance, il n'en est pas de même pour les tribunes populaires qui manifestent leur mécontentement. Les girondins perdent là la confiance des sections en se coupant des forces populaires à un moment important de la Révolution[34].
Robespierre lui-même a essayé de freiner les fédérés[n 17], afin de ne pas se laisser entraîner au-delà de ce qu'il souhaitait. Pendant la première moitié de juillet il réussira à s'imposer et à réclamer le respect de la Constitution. Mais le aux jacobins, il déclarera :« La principale source de nos maux est à la fois… dans le pouvoir exécutif (le roi) qui veut perdre l'État et dans la législative, qui ne veut et ne peut le sauver ». Si sa pensée a évolué, il n'est pas encore disposé à franchir le pas. Il ne se prononcera pas pour une déchéance, ni pour une insurrection[35].
Tous lesdéputés girondins[36] ont été élus et ont prêté serment, afin de maintenir les institutions, de respecter et de faire appliquer laConstitution, et pour certains, plus parlégalisme que parmonarchisme. Cette Constitution, acceptée par le roi le, ne pouvait subir aucune révision pendant les dix prochaines années[37].
Des girondins, commeCondorcet[38],[39],Brissot[40],Roland[41],Guadet,Vergniaud,Isnard[42],Ducos[43],Buzot[44] etEtienne Clavière, étaient desrépublicains convaincus et de longue date. A propos de la question coloniale, Brissot, Condorcet, Guadet, Vergniaud, Gensonné, Ducos, Lasource et un de leurs proches, Jean-Philippe Garran-Coulon, menèrent un combat résolu pour faire triompher à l'assemblée législative la cause des droits à l'égalité des Blancs et des hommes de couleur libres qui furent finalement votés le et ratifiés par le roi le grâce aux nouveaux ministres jacobins Clavière et Roland.
Le1er juillet, l’Assemblée apprend que les armées françaises, sous les ordres deLuckner se replient surLille. Ce même jour,Vergniaud fait décréter la publicité des séances des corps administratifs[45].
Le, l’Assemblée décrète qu’après la fête civique du, les fédérés se rendront au camp deSoissons le[46].
Le, Vergniaud, dans un long discours à l’Assemblée, attaque le roi qu’il accuse de« se servir de ses pouvoirs pour immobiliser nos armées ». Il demande à celle-ci de décréter laPatrie en danger[47].
Le, l’Assemblée à la suite du discours de Vergniaud décrète que, lorsque le péril deviendra extrême, leCorps législatif le déclarera lui-même et que toutes les autorités se mettront en permanences[47].
Le, leroi exprime son désir de venir, avec les représentants du peuple, recevoir le serment desgardes nationaux le.
Le, l’Assemblée apprend qu’une armée de 50 000Prussiens marche vers la frontière.
Le, à l’Assemblée, Vergniaud etCondorcet accusent le roi d’avoir favorisé les ennemis de laFrance[48]. Ce même jour,Brissot,Vergniaud, et Condorcet demandent que soient décrétés d’accusation les ministres de la Guerre et de l’Intérieur choisis par le roi[49].
Le, les ministres mis en cause démissionnent.
Le, l’Assemblée décrète laPatrie en danger comme elle l’avait annoncé le. Ce même jour,Robespierre accueille auxjacobins les fédérés venus de laprovince àParis et propose à l’assemblée« le serment à la seule patrie »[n 18].Danton les recevra peu après auxCordeliers où ils seront hébergés[50].
Le, le généralLuckner envoie une lettre à l’Assemblée pour signaler le déséquilibre des forces en présence sur la frontière nord[53].
Le, L’Assemblée décrète que la Commission des douze sera portée à21 avec les suppléants. Les girondins y ont six membres dontVergniaud,Guadet etCondorcet. Ce dernier sera nommé à la présidence le[54].
Le, le directoire de Paris, de tendances très modérée, (qui soutient le roi) démissionne.
Le, la Commission propose qu’une sommation soit faite au roi, afin que celui-ci nomme de nouveaux ministres.Vergniaud fera aboutir cette démarche à l’Assemblée.
Le22 et, après la proclamation solennelle de laPatrie en danger, la municipalité fait procéder à l’enrôlement des volontaires.
Toujours ce, l’Assemblée décrète que les sections peuvent siéger en permanence. Ce jour-même arrivée àParis des fédérésbretons[n 21].
Le, la Commission des douze propose diverses mesures : notamment que les décrets d’urgence ne soient plus soumis à la sanction duroi ; que la liste civile allouée au roi soit sévèrement contrôlée[56].
Le, l’Assemblée décrète que les sections peuvent créer un« bureau central de correspondance » à l’hôtel de ville[57].
Le,Robespierre, dans un discours auxjacobins, développe le programmepolitique des futurs émeutiers. Il rédige aussi la plupart des pétitions des fédérés[58].
Le, arrivée à la municipalité deParis des fédérésmarseillais (516 hommes), demandés parBarbaroux (qui est un élu de cette ville)[n 22].
Depuis le commencement de la guerre, la France n’a subi que des revers militaires, l’ennemi est aux frontières. La Patrie est en danger, et cela accentue la fermentation révolutionnaire. Le roi étant soupçonné de collusion avec l’ennemi, l’affrontement apparaît alors inévitable.
Le1er août, lemanifeste de Brunswick, publié à Paris, provoque un formidable sursaut révolutionnaire qui enflamme lessections, dont certaines ne reconnaissent plus Louis XVI comme roi des Français et ce dès avant cette date. Ce texte d’une rare maladresse prévoyait pour Paris des sanctions exemplaires. Louis XVI comprend tout de suite l’effet désastreux du manifeste et tente de le prévenir.
Le, celui-ci envoie un courrier au président de l'Assemblée pour essayer de se disculper, mais la lettre est mal reçue[59]. Le mal est fait[60]. Ce même jour, Pétion fait savoir à l’Assemblée, au nom de la Commune, que la presque totalité des sections demandent la déchéance du roi (47 sections sur 48). La déchéance tant redoutée par l’Assemblée ne peut plus être ajournée et doit être envisagée[n 23].
Le, la Commission des Vingt et un rappelle que seule l’Assemblée est habilitée à décréter la déchéance du roi. Ce même jour, Vergniaud fait annuler, par ses confrères députés, l’arrêté du dernier de lasection Mauconseil comme inconstitutionnel. Dans la même journée, une délégation dufaubourg Saint-Antoine, lasection des Quinze-Vingts pose un ultimatum[61] à l’Assemblée quant à la déchéance du roi, pour le à onze heures du soir. Passé ce délai, le peuple agira par lui-même.
Le, dans laChronique de Paris, Condorcet exprime ses craintes d’une insurrection survenant alors que l’ennemi étranger est aux portes du pays[62]. Mais il n’en continue pas moins, avec la Commission qu’il préside, à rechercher une solution à la crise, qu’il croit avoir trouvée avec le « plan Gensonné » tandis que, dans leJournal de Paris, le pacifiqueFrançois de Pange critique avec véhémence leclub des jacobins où« l'on admire la féconde immoralité de quelques hommes qui, chaque jour, savent offrir à notre étonnement un nouveau vice et porter l'impudence à des degrés inattendus […] Ils ont le projet d'appeler à Paris vingt mille hommes… Parisiens trop crédules, […] n'oubliez pas que les jacobins se destinent cette armée […] »[63].
Le, le girondin Gensonné, afin de rallier la majorité des députés, qu’il sait hostile à la déchéance, propose la suspension du roi ; ce qui a l’avantage d’éviter l’ouverture de sa succession, de respecter la Constitution et de préserver l’avenir, suivi par une invitation du peuple à former une Convention nationale[64]. Mais le parti girondin, qui passe pour être le plus fort, n’a pas la majorité à l’Assemblée, et aura bien du mal à convaincre ses collègues de voter la suspension avant l’ultimatum posé par les sectionnaires[60].
Le, Pétion, responsable de l’ordre en tant que maire de Paris, quoique proche des girondins, demeure l’ami de Robespierre, à qui il demande de calmer les jacobins et de contribuer au départ des fédérés pour apaiser la capitale[65], afin que les députés puissent régler dans la sérénité la question de la déchéance du roi. Robespierre ne s'y oppose pas[66].
Le, le décret de mise en accusation deLa Fayette[67], demandé par la Commission, présidée par Condorcet, que Robespierre et Brissot[68] ont réclamé, est rejeté par l’Assemblée législative par 406 voix contre 224. Dès lors, il est probable que cette Assemblée étant dans sa grande majorité pour une monarchie constitutionnelle, mais aussi composée d’amis de La Fayette[1], n’acceptera aucune proposition de déchéance ni même de suspension. Devant ce vote, Robespierre, qui, jugeant l'Assemblée incapable de diriger les affaires publiques, a demandé la tenue de nouvelles élections le et s'est prononcé pour une réforme constitutionnelle établissant le suffrage universel, limitant les prérogatives du pouvoir royal et modifiant les rapports des représentants du peuple avec leurs commettants[69], ulcéré par l’aveuglement de celle-ci, ne donnera pas suite à la demande de Pétion[70],[71]. Dans une lettre àCouthon, écrite le, il annonce que« la Révolution va reprendre un cours plus rapide, si elle ne s'abîme dans le despotisme militaire et dictatorial »[70].
Le est le jour que l’Assemblée s’est fixé pour examiner la question de la déchéance. À sept heures du soir, comme d’habitude, les députés se séparent. Ils n’ont pas pu arriver à se mettre d’accord ; ni sur la suspension, ni sur la déchéance de Louis XVI[60].
Ce sont d’abord les girondins qui, pour cause de dénonciations calomnieuses, firent décréter l’arrestation deMarat par la Convention nationale le ; mais celui-ci est acquitté par le Tribunal criminel extraordinaire et regagna l’Assemblée triomphalement le.
Afin d’enquêter sur les exactions de laCommune de Paris et de veiller à la sécurité de l’Assemblée, les girondins firent nommer uneCommission des Douze avec pouvoir d’arrestation.
Hébert, substitut de laCommune de Paris, fut arrêté pour les mêmes raisons que Marat — dénonciations calomnieuses et appel à la violence. La Commission des Douze fut cassée puis rétablie. Les partisans de l'exagération révolutionnaire, dans les clubs et notamment auxCordeliers, firent appel aux sections encadrées de la force armée.
Forte de l’appui de 36 sections, la Commune organisa lesjournées d’émeute des 31 mai et 2 juin 1793. La Convention nationale cernée par des canons pointés sur elle que contrôlaitHanriot, chef de la garde nationale, vota sous la contrainte l’expulsion de vingt-neuf députés girondins et de deux ministres, le ministre des Affaires ÉtrangèresPierre Hélène Marie Tondu, connu alors sous le nom dePierre Lebrun (le patronyme de sa mère, qu'il avait adopté pendant dix années d'exil politique àLiège entre1781 et1791), et le ministre des Finances,Étienne Clavière ; les girondins sont vaincus.
Après la défaite, l'élimination (juin-octobre 1793)
Peu fiers de leur capitulation du et profitant de l'indécision de laConvention nationale sur le sort des reclus, du 6 au, 75 parlementaires protestent en faisant circuler une pétition contre ce vote imposé sous la menace des armes. Ils sont restés dans l'histoire sous le nom des « 73 »[n 24]. Dix d'entre eux étaient compris dans les décrets d'accusation[n 25]. Lorsque, le, les signataires de la protestation furent déchus de leur mandat et décrétés d'arrestation, 16 étaient en fuite ou s'échappèrent[n 26],Garilhe fut oublié etPhilippe-Delleville, absent de la séance, resta en liberté. Par conséquent, 59 de ces députés étaient effectivement arrêtés, à cette date.Dulaure fut compris sur la liste le, mais il était en fuite,Rabaut-Pommier le.
Placés en résidence surveillée, et devant l’évolution de la situation, plusieurs girondins réussirent à échapper à ce qu'ils considéraient comme un acte illégal puisque les motifs de leur arrestation ne leur avaient pas été notifiés.
Ceux qui avaient fuiParis entamèrent une campagne de protestation dans les villes où ils avaient trouvé refuge, notamment àCaen. La situation politique tournant à leur désavantage, ils se dispersèrent ; pendant quelques mois, certains trouvèrent refuge chezMadame Bouquey. Une conséquence de leur passage à Caen fut l’assassinat deJean-Paul Marat parCharlotte Corday.
Le coup de force contre l’élite girondine fédéraliste de la Convention fut durement ressenti dans leSud, le Sud-Ouest et l’Ouest du pays :Lyon,Bordeaux,Marseille et bien d’autres villes rompirent avecParis dès, amorçant une véritable« révolte des provinces » pour dénoncer l’attentat politique du et l'illégalité du pouvoir en place[72].
Le,Amar est chargé, au nom duComité de sûreté générale, de rédiger un acte d’accusation. Ce texte développe les évènements des dernières années. Les actes des girondins y sont déformés, dénaturés et mis en relief de manière à les accabler en les présentant comme des conspirateurs hostiles à laRépublique ayant tenté de faire avorter laRévolution afin de rétablir la monarchie en sauvant le « tyran », n’hésitant pas à lancer le pays dans les horreurs de la guerre civile. Les girondins y apparaissent comme une « faction de traîtres liberticides » nuisibles pour laFrance et à la solde de l’étranger[62],[73].
Ce même jour, Amar commence par demander la fermeture des portes de la Convention pour empêcher toute sortie. Il exige ensuite que soient ajoutés au décret d'arrestation les 73 députés qui avaient protesté contre l'expulsion de leurs collègues girondins le2 juin 1793. L'arrestation est votée sans discussion.Robespierre s'oppose alors à cette mise en accusation et parvient à convaincre la Convention d'épargner ces 73 députés, déclarant : « La Convention nationale ne doit pas chercher à multiplier les coupables ». Selon l'historienRoger Dupuy,« Robespierre s'attachait ainsi la reconnaissance d'une large partie ducôté droit qui lui devait sa survie. » Quelques jours auparavant, le, l'Incorruptible avait rudoyé l'Assemblée pour qu'elle renouvelle sa confiance momentanément ébranlée auComité de salut public ; au préalable, il avait ménagé l'extrême gauche parisienne en ne s'opposant pas à la nomination de l'hébertisteRonsin à la tête de l'armée révolutionnaire imposée par les sans-culottes dessections de Paris le. Ce faisant, Robespierre poursuit une« stratégie subtile pour maintenir l'unité des patriotes et exercer une sorte de chantage sur le côté droit, le tout lui garantissant une majorité composite contre des opposants qu'on pourrait toujours diviser pour les réduire successivement »[74].
Le procès des vingt-et-un députés arrêtés à Paris (particulièrementBrissot,Vergniaud,Gensonné,Viger,Lasource, etc.), qui occupa les audiences du Tribunal révolutionnaire des 24-, fut une mascarade.
Dès le début du procès, la gauche jacobine n'était pas rassurée. Elle craignait toujours l'éloquence d’un Vergniaud ou d’unBrissot, et un retournement des Parisiens, las de laguillotine, était toujours possible. Le procès fut précipité ; on fit comprendre au tribunal qu'il compromettait la liberté. Voté séance tenante, un décret fut immédiatement porté au palais de Justice ; désormais les juges n'auraient plus qu'à se déclarer« suffisamment éclairés »[62],[73].
Face à l'accusation qui les englobait tous sous un même chef d'inculpation qui, peut-être à l'exception de Brissot, leur parut infondé, ils se rebellèrent. Évacués de force hors de la salle d'audience, ils apprirent qu'ils avaient été condamnés sans avoir pu se défendre. Les comptes rendus de leur procès tels qu'ils ont été publiés par cette justice révolutionnaire, tels lesProcès fameux deDesessarts sont sujets à caution et inutilisables au premier degré[réf. nécessaire].
Départ des Girondins pour l'échafaud. Gravure deDuplessis-Bertaux,Tableaux historiques de la Révolution française, Paris, BnF, département des estampes, 1802.
Le procès deMme Roland, la femme du ministre et l'égérie des girondins, s'ouvrit le. Elle était incarcérée depuis le. Ce fut un procès bâclé. Privée de défenseur, elle ne put, sans autorisation, terminer d'assurer elle-même sa défense et fut ce même jour condamnée à mort et guillotinée[62].
Se trouvant àAuteuil lors desjournées d'émeute des 31 mai et 2 juin 1793Condorcet commit l'erreur de critiquer la Constitution montagnarde. Le suivant, les montagnards lançaient leurs foudres contre le « théoricien de la Gironde » qui fut décrété d'arrestation[76]. Il se cacha, mais fut reconnu et arrêté le ; conduit à la prison deBourg-la-Reine il y fut retrouvé mort le suivant[77].
Avancé à la position de ministre des Affaires Étrangères à la suite de lajournée du 10 août 1792 grâce au soutien de Brissot, de Dumouriez et de Roland le ministre de l'Intérieur, dont il est un des proches, sans toutefois appartenir directement au groupe des girondins,Pierre Hélène Marie Tondu, dit Lebrun est englobé dans le décret de l'Assemblée qui frappe ces derniers en, et est arrêté et consigné à son domicilerue d'Enfer, près dujardin du Luxembourg, le. Après quelques semaines de relative confusion (il ne sera remplacé comme ministre que le et continuera de gérer les affaires courantes du Ministère jusqu'à cette date) puis d'indifférence, il est pris directement comme cible le par Billaut-Varenne dans un violent réquisitoire devant la Convention en termes aussi ampoulés que fantaisistes : « Dans un moment où le peuple appelle la justice nationale sur la tête de tous les coupables, il est un homme bien criminel que vos décrets n'ont pas encore atteint ; je veux parler de l'ex-ministre Lebrun, de cet homme qui nous a brouillés avec toutes les puissances de l'Europe, de cet homme qui a eu l'impudeur d'appeler Dumouriez grand homme après sa trahison. Si la Convention avait ouvert les yeux sur les crimes de ce traître, il aurait déjà payé de sa tête toutes ses perfidies ». Il parvient à déjouer la garde dont il est l'objet quelques jours plus tard, et se cachera pendant plusieurs mois dans le voisinage, alors que sa femme, ayant déjà la charge de cinq enfants, en attend un nouveau. Dénoncé auprès deHéron, le chef de la Sûreté, il est arrêté le, incarcéré à laConciergerie, jugé le et exécuté le, place de la Révolution (aujourd'hui,place de la Concorde).
Mais les montagnards, plus énergiques et mieux organisés, eurent tôt fait de reprendre les choses en mains. La rébellion fut sévèrement réprimée, causant de nombreuses victimes et obligeant les chefs à se suicider (Clavière,Roland) ou à s'enfuir enGironde, où, après des mois de traque, certains sont capturés et exécutés (Grangeneuve,Barbaroux,Élie Guadet), tandis que d'autres mettent fin à leurs jours (Buzot,Pétion).
Dans son célèbre roman écrit quelques années avant la parution du livre de Lamartine, Alexandre Dumas révèle par l'intermédiaire des souvenirs de l'abbé Faria que le bonapartiste Noirtier de Villefort, père du substitut arriviste Gérard de Villefort, avait été "girondin sous la Révolution".
Guy Chaussinand-Nogaret,Madame Roland, Une femme en Révolution, Seuil,.
MarcDeleplace,« La mise en scène d'une minorité supposée : es anarchistes dans le discours politique révolutionnaire », dans Christine Peyrard (dir.),Minorités politiques en Révolution, 1789-1799, Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence,coll. « Le temps de l'histoire »,, 208 p.(ISBN978-2-85399-675-4,lire en ligne),p. 143-157.
MarcelDorigny,« La République avant la République : quels modèles pour quelle République ? », dansMichel Vovelle (dir.),Révolution et République : l'exception française, Paris,Éditions Kimé,, 699 p.(ISBN2-908212-70-6),p. 109-119.
Marcel Dorigny, « La conception et le rôle de l’État dans les théories économiques et politiques des girondins », dans Gérard Gay et Jean-Pierre Hirsch (dir.),La Révolution française et le développement du capitalisme, (actes du colloque de Lille, 1987), Villeneuve d’Ascq, coll. « Hors Série Histoire », n° 5 de laRevue du Nord, 1989, p. 125-134.
↑Les montagnards devaient leur nom au fait qu'ils étaient installés sur les gradins les plus hauts de l'Assemblée.
↑Dans l'ensemble, les sans-culottes ne sont pas des pauvres, mais des maîtres et ouvriers des corporations, la plupart pas suffisamment riches pour atteindre le cens électoral. Un de leurs leader est le brasseurSanterre, qui est à la tête d'une entreprise importante.
↑Il s'agit des frontières nord-est auxquelles jouxte un glacis de petits États allemands, principautés, duchés et même royaumes, qui ont accueilli un certain nombre de nobles émigrés. Ces États sont sous la protection de l'empereur d'Autriche. Ceux-ci disparaîtront au cours duXIXe siècle avec l'unification de l'Allemagne.
↑Robespierre avait siégé à l'Assemblée constituante ( -) qui avait décrété qu'aucun de ses membres ne pourrait faire partie de l'Assemblée législative ; tous les hommes qui siégeraient à cette dernière seraient des hommes nouveaux.
↑Du nom du couvent des jacobins où certains députés louèrent une salle, pour être au plus près de la salle du Manège, où siégera l'Assemblée pendant près de quatre ans. Après le9 Thermidor, la salle est fermée. Elle disparaît définitivement en1799. À cette date, le mot « jacobin » est devenu synonyme de « terroriste ».
↑« Il faut dire à Léopold : vous violez le droit des gens en souffrant ces rassemblements de quelques rebelles [les émigrés] que nous sommes loin de craindre mais qui sont insultants pour la nation. Nous vous sommons de les dissiper sans délais, ou bien nous vous déclarerons la guerre au nom de la nation française et au nom de toutes les nations ennemies des tyrans », discours du auxjacobins.
↑À cette périodeJacques Pierre Brissot est le chef des girondins. Il sera le plus ardent partisan à demander la guerre.
↑Pendant les cinq mois qui suivront, la France ne subira que revers après revers et c'est en grande partie de la peur de la défaite et de l'invasion, que naîtront les journées du 10 août et du, avec leurs conséquences.
↑Le Directoire du département a proclamé tout rassemblement contraire à la loi.
↑Il ne pense pas à réquisitionner les troupes, comme la loi le lui permet. (Idem.)
↑Il se représentera à l'élection suivante et sera réélu maire de Paris le, mais il démissionnera pour pouvoir rester député après son élection à la convention.
↑Le lendemain, 21 juin le roi ne manquera pas de s'adresser à l'Assemblée en l'invitant à prendre les mesures nécessaires pour le bon respect de la Constitution. L'Assemblée applaudira. VoirBadinter et Badinter 1988.
↑La loi du crée48 sections pour la région parisienne afin de remplacer les districts ; la loi tend à restreindre leur indépendance pour limiter leur possibilité d'action. Mais les sections ne veulent pas s'y soumettre.
↑Les citoyens de toutes les sections, suivi par des détachements de la garde nationale défilèrent dans la salle du Manège.
↑De nombreuses protestations des départements, des corps constitués, parvinrent à Paris, des pétitions légalistes recueillirent de nombreuses signatures. En revanche aucune des sections ayant participé à cette journée ne la désavoua. VoirDominique Bluche,Danton, Perrin,.
↑Fédérés : appelés ainsi car ils viennent officiellement célébrer la fête de la fédération en commémoration du. Cette fête devait symboliser l'abolition de toutes les distinctions entre provinces.
↑PourRobespierre c’est le commencement de la rupture : le serment écarte le roi.
↑Ce ne sont pas des girondins, ni des amis des girondins.
↑Texte dont les grandes lignes ont été ébauchées parLouis XVI et réclamé parMarie-Antoinette qui écrivait le 24 juillet àFersen :« Dites donc à Mr de Mercy que les jours du roi et de la reine sont dans le plus grand danger (…) qu’il faut envoyer le manifeste sur-le-champ, qu’on l’attend avec une extrême impatience. » Lettre citée dans :André Castelot,Marie-Antoinette, Perrin,. Marie-Antoinette n’est jamais véritablement rentrée dans « la peau » d’une Reine de France. Dès1784 son frère Joseph II se servait d’elle pour influencer Louis XVI. Le peuple ne s’y trompait pas quand il l’appelait « l’Autrichienne ». Voir Georges Bordonove,Louis XVI, Pygmalion1982, ouCastelot 1965.
↑Ils arriveront avec un nouveau chant de guerre, celui de l’armée duRhin, inconnu des Parisiens, et appelé à faire une belle carrière sous le nom de « La Marseillaise ».
↑Désormais la solution de la crise ne peut passer que par la déchéance, ou par la suspension du roi.
↑Une erreur d’écriture devait par la suite parler de la protestation des « 73 » au lieu des « 75 ».
↑a etbLors de l’élection des nouveaux députés à la législative le, elle comportait une majorité de 350 députés modérés « Constitutionnels », une aile droite constituée par plus de 250feuillants, divisés entre « fayettistes » et « lamethistes » et une aile gauche où l’on remarque 136 députés inscrits auxjacobins (même si l'état-major girondin y est peu assidu, préférant les salons), parmi lesquels plusieurs provinciaux (dont Guadet, Gensonné et Vergniaud, originaires de Gironde, expliquant la dénomination de la future Gironde), avec un petit groupe de démocrates plus avancés (Lazare Carnot, Robert Lindet, Georges Couthon). Voir Michel Vovelle,La Chute de la Royauté, 1787-1792, tome 1 de laNouvelle histoire de la France contemporaine, Paris, Le Seuil, 1999,p. 270-271, et Jean-Claude Bertaud,Camille et Lucile Desmoulins, Presses de la Renaissance, 1986,p. 157.
↑ Le Defenseur de la Constitution N 3- 31 mai 1792Œuvres de Robespierre, tome IV, p.77-99 (84) ; Jean-Daniel Piquet,L'émancipation des Noirs dans la Révolution francaise (1789-1795), Paris, Karthala, p.155
↑Lettre de Couthon aux administrateurs du département du Puy-de-Dôme en décembre 1791.Gallo 1968. Ce qui prouve que celui-ci n’avait pas eu besoin des girondins pour être persuadé de la nécessité de la guerre.
↑Michel Biard,Collot d'Herbois, légendes noires et révolution, Lyon, 1995.
↑Edna Le May (dir.),Dictionnaire des Législateurs, notice Charlier.
↑Avant que la guerre ne soit déclarée, Robespierre disait que :« Pour faire une guerre utilement aux ennemis du dehors, (…) c'est de faire aussi une guerre aux ennemis du dedans. »Puis dès que les hostilités furent ouvertes :« Il ne nous reste plus qu'à prendre les précautions nécessaires pour la faire tourner au profit de la Révolution. »Walter 1989.
↑Devant l'ampleur du mouvement le roi avait autorisé l'ouverture des grilles des Tuileries, mais les manifestants devaient défiler le long de la terrasse et sortir par la porte de la cour du Manège. Mais Santerre menaça de briser les portes du château si on ne les ouvrait pas. VoirLenotre et Castelot 1963.
↑Le terme de patriote veut dire partisan de la Révolution.
↑Santerre sera promu commandant général de la garde nationale parisienne à la place du marquis de Mandat massacré juste avant que ne débute la journée du 10 août. VoirG. Lenotre,Vieilles maisons - vieux papiers,3e série Perrin, 1906.
↑Certainement peu de girondins étaient au courant, car de telles transactions exigent le secret. VoirMelchior-Bonnet 1989,p. 111.
↑Mais le roi ne pouvait pas faire confiance à ceux qu'il considérait comme des ennemis irréductibles, il n'attendait rien de la Constitution, ni des monarchistes constitutionnels, ni des jacobins, d'autant plus qu'il était en train de consommer sa trahison. VoirDhombres et Dhombres 1997.
↑Le risque étant, si le secret était éventé, que la démarche soit mal comprise par leurs collègues de l'Assemblée, ce qui arriva. Le 3 janvier 1793 leurs adversaires montagnards, ayant eu vent de cette démarche, essayèrent de les mettre en difficulté, mais le trio bordelais en démontra le bien-fondé et l'affaire en resta là. VoirMelchior-Bonnet 1989,p. 202.
↑« Les girondins ne pouvaient pas prendre la Révolution à leur service, sauf à la congédier ensuite, au gré de leur fantaisie (…) l'Histoire même quand des mains puissantes et hardies semblent la pousser, ne fait qu'obéir à la loi de son éternel mouvement »,Blanc 1860.
↑Elles seront ainsi placées sous la haute surveillance des sociétés populaires occupant les tribunes. VoirBadinter et Badinter 1988.
↑C’est aussi un moyen pour tourner le veto que le roi avait posé le dernier pour l’assemblée des 20 000 fédérés dansParis. Mais c’est aussi un accroc porté à laConstitution puisque le veto royal est légitime. VoirDhombres et Dhombres 1997) Car même si le roi avait accepté par la suite la proposition du camp deSoissons, il demeurait facile de retenir les fédérés une fois àParis si on le jugeait utile. VoirBlanc 1860,p. 681.
↑Le véritable gagnant de la journée seraPétion, le maire de Paris, récemment réinstallé à son poste. C’est aussi la dernière fois queLouis XVI paraît en public en tant que souverain. La prochaine fois ce sera le sur l’échafaud, déchu et condamné à mort.
↑C’est la politique voulue par Robespierre dont les fédérés ne sont que les porte-paroles. VoirBadinter et Badinter 1988. Quoiqu'il ne se soit pas à cette date engagé ni pour la déchéance ni pour l’insurrection. VoirGallo 1968,p. 167.
↑Cette Commission, qui bénéficie de la confiance de l’Assemblée, tiendra aussi desconférences avec les ministres tous les deux jours afin de contrôler en permanence legouvernement, elle contrôle aussi les armées, les affaires diplomatiques etc. Son but étant aussi de surveiller le roi.
↑Le roi utilisait ces fonds pour débaucher des patriotes.Danton, entre autres, en profitera. VoirBluche 1984,p. 108-109. Si on en croitAlbert Mathiez il était déjà sur la liste civile en mars 1791. Voir Albert Mathiez,Girondins et Montagnards, Éditions de la Passion, 1988.
↑Jean Massin,Robespierre, Club français du livre,.
↑« …Si justice et droit n’est pas fait au peuple par le corps législatif jeudi (9 août) à onze heures du soir, le même jour à minuit, le tocsin sonnera et la générale battra et tout se lèvera à la fois… » VoirBadinter et Badinter 1988.
↑Édith de Pange,Le chevalier de Pange ou la tragédie des frères, Metz, Éditions Serpenoise, 2011,p. 243-244.
↑C’est l’avis de Condorcet de Guadet, Vergniaud, Brissot et d’autres patriotes qui appuyèrent ce plan. Condorcet, qui, dans sonFragment de justification, écrira que le plan de Gensonné (suspension du roi et invitation au peuple de former une Convention nationale)« paraissait réunir la pluralité des suffrages dans le comité chargé de discuter de ces objets. » VoirBadinter et Badinter 1988.
↑Pétion qui connaissait bien, et depuis longtemps Robespierre, aurait-il tenté cette démarche si celui-ci s’était fermement engagé pour l’insurrection à cette date ? VoirGallo 1968,p. 169.
↑La Fayette est considéré comme un traître par les Clubs, le faubourg, l’Hôtel de ville.Blanc 1860. Ayant sans succès essayé de retourner ses troupes contre l’Assemblée, dont il avait fait arrêter les Commissaires envoyés à l’armée du Nord (dont le girondin Kersaint), le suivant, il quittera son commandement avec son état-major feuillant et sera fait prisonnier par les Autrichiens, qui le garderont jusqu’autraité de Campo-Formio signé parBonaparte en1797.Blanc 1860,p. 698.
↑En désaccord sur plusieurs points importants, notamment la force armée départementale et la Commission des douze, Condorcet s’était éloigné de ses amis girondins. ’il n’a pas signé « l'’appel des 73 », il signera avec sept autres députés de l'Aisne une condamnation solennelle du coup de force des 31 mai et 2 juin. De cette pétition il fut le seul à être inquiété. Le boucher Legendre demandera un décret d’arrestation contre lui, mais l’Assemblée se bornera à renvoyer l’affaire au Comité de Salut public. La Convention réduite à presque rien, est entre les mains des montagnards les plus durs ; en critiquant la Constitution montagnarde, Condorcet se place volontairement du côté des girondins. VoirBadinter et Badinter 1988.
↑Condorcet s'est-il suicidé ? Des éléments porteraient à le croire, pourtant rien n'est moins sûr et aujourd'hui l'hypothèse pencherait plutôt pour une mort naturelle. VoirBadinter et Badinter 1988.