Giorgio Agamben (né le àRome) est unphilosopheitalien, spécialiste de la pensée deWalter Benjamin, deMartin Heidegger, deCarl Schmitt et d'Aby Warburg ; il est particulièrement tourné vers l'histoire des concepts, surtout en philosophie médiévale et dans l'étude généalogique des catégories du droit et de la théologie. La notion debiopolitique, empruntée àFoucault, est au cœur de nombre de ses ouvrages.
Né en 1942 à Rome, Giorgio Agamben fait des études dedroit et dephilosophie, avant de rédiger une thèse surSimone Weil (1965), puis de participer, en tant que post-doctorant, en 1966 et 1968, auThor, aux séminaires deHeidegger surHegel etHéraclite[1].
Il intervient régulièrement en organisant des séminaires à l'université Paris VIII (Vincennes–Saint-Denis) : en 2011 où il propose un séminaire intitulé « Je le veux. Je l'ordonne. Archéologie du commandement et de la volonté. »
Giorgio Agamben développe unephilosophie politique, amorcée dans sa trilogieHomo Sacer. Il examine la notion d'« état d'exception », la question du droit et du dépassement du droit par le souverain en commentant la controverseCarl Schmitt-Walter Benjamin à ce sujet (Homo Sacer. I, Le pouvoir souverain et la vie nue). Il défend l'idée que l'état d'exception[4] est, dans les démocraties occidentales modernes, ontologiquement indiscernable de la situation « normale », de la même manière que dans les Etats totalitaires du milieu du XXème siècle. Ce concept de situation « normale » est repris desThèses sur la philosophie de l'histoire de Benjamin. DeMichel Foucault, il reprend le thème de labiopolitique développé dans le tome I de l'Histoire de la sexualité, soit l'ambition, qui est celle du pouvoir contemporain, d'intervenir jusque dans la vie biologique des individus (dans le sens même dezoé, ou « vie nue ») et de gérer les citoyens comme de simples vivants. La dimension corporelle, essentiellement biologique de l'homme serait alors dominante dans son rapport à l'Etat et non plus sa dimension individuelle (ce qui en fait un être unique avec sa propre conscience et ses propres expériences). Ce faisant il établit une ligne de continuité entre la conception de la politique desnazis et celle de l'Occident contemporain, notamment dansMoyens sans fins, où il analyse lecamp comme « l'espace biopolitique le plus absolu », dans la mesure où l'homme y essaie de réduire l'homme à une pure « vie nue ». Les interrogations sur lenazisme sont au cœur de ses préoccupations, et l'ont aussi conduit à questionner la notion detémoignage en problématisant celle-ci, après les travaux deJ.-F. Lyotard, à la lumière du débat soulevé par l'émergence dunégationnisme (Homo sacer. III, Ce qui reste d'Auschwitz : l'archive et le témoin).
La Nymphe et le Berger, tableau duTitien commenté dansL'Ouvert. De l'homme à l'animal.
DansL'Ouvert : de l'homme à l'animal (2002), il enquête sur ce qu'il appelle le « dispositif anthropogénique » constituant l'humanité de l'homme par différence avec l'animal, cette frontière passant au sein de l'homme lui-même via la distinction aristotélicienne entre « vie végétative », « vie animale » et « vie contemplative ». Commentant tour à tourKojève,Bataille,Guillaume de Paris,Thomas d'Aquin,von Uexküll,Heidegger,Walter Benjamin, legnostiqueBasilide etTitien, il s'interroge ainsi sur la constitution de ce dispositif et son avenir à l'âge de la biopolitique.
Cette lecture de Foucault, à la lumière de Schmitt et deHeidegger, ainsi que son insistance à s'attacher au thème de la « vie nue » (zoé [ζωή], par contraste avecbios [βίος]), ont donné lieu à de très vifs débats avec lesfoucaldiens, et plus généralement avec tous ceux qui appréhendent le thème de labiopolitique de manière politique, pour lesquels G. Agamben renaturalise le politique tout en en faisant une instance du négatif ou, au mieux, un « reste »[réf. nécessaire].
Stanze : parole et fantasme dans la culture occidentale, traduit par Yves Hersant, Paris, Christian Bourgois, 1981 (réédition augmentée d'une préface, Paris, Payot & Rivages, 1994)
La Fin de la pensée, traduit par Gérard Macé, Paris, Nouveau Commerce, 1982 (reprise du texte publié dans la revueLe nouveau commerceno 53-54, Paris, automne 1982)
Enfance et Histoire, traduit par Yves Hersant, Paris, Payot, 1989, 2000
Le Langage et la mort, traduit par Marilène Raiola, Paris,Christian Bourgois, 1997
Idée de la prose, traduit par Gérard Macé, Paris, Christian Bourgois, 1988 (réédition poche chez le même éditeur, collection "Titre", 1998)
La Communauté qui vient : théorie de la singularité quelconque, traduit par Marilène Raiola, Paris,Éditions du Seuil, 1990.
Moyens sans fins, Paris, Payot & Rivages, 1995
Bartleby, ou La création, traduit par Carole Walter, Saulxures, Circé, 1995
L'Homme sans contenu, traduit par Carole Walter, Saulxures, Circé, 1996
Homo Sacer. I, Le pouvoir souverain et la vie nue, traduit par Marilène Raiola, Paris, Éditions du Seuil, 1997
Image et Mémoire, traduit par Gilles A. Tiberghien, Éditions Hoebeke, 1998
Homo Sacer. III, Ce qui reste d'Auschwitz : l'archive et le témoin, traduit par Pierre Alfieri, Paris, Payot & Rivages, 1999
Le Temps qui reste : un commentaire de l'Épître aux Romains, traduit par Judith Revel, Paris, Payot & Rivages, 2000
La Fin du poème, traduit par Carole Walter, Saulxures, Circé, 2002
L'Ouvert : de l'homme et de l'animal, traduit parJoël Gayraud, Paris, Payot & Rivages, 2002
Homo Sacer. II, 1, État d'exception, traduit par Joël Gayraud, Paris, Éditions du Seuil, 2003
L'Ombre de l'amour : le concept d'amour chez Heidegger (avec Valeria Piazza), traduit par Joël Gayraud et Charles Alunni, Paris, Payot & Rivages, 2003
Homo Sacer. II, 2, Le Règne et la gloire, traduit par Joël Gayraud et Martin Rueff, Paris, Éditions du Seuil, 2008[6]
Homo Sacer, II, 3, Le Sacrement du langage archéologie du serment), traduit par Joël Gayraud, Paris, Vrin, coll. « Bibliothèque des textes philosophiques – Poche », 2009
Qu'est ce que la philosophie?, Paris, Editions Galilée, coll. "La philosophie en effet",
Homo Sacer : L'intégrale (1998-2015), (regroupement des 9 volumes composant l'ouvrageHomo Sacer),Le Seuil, collection Opus, Paris, 2016, 1 370 pages(ISBN978-2-02-11-5418-4)
Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens en quatre scènes, traduit par Martin Rueff, Paris, Éditions Macula, coll. La littérature artistique,
Le Mystère du mal. Benoît XVI et la fin des temps, traduit par Joël Gayraud, Paris, Bayard, 2017
Autoportrait dans l'atelier, traduit par Cyril Béghin, Paris, L'Arachnéen, 2017
Karman. Court traité sur l'action, la faute et le geste, traduit par Joël Gayraud. Paris, Éditions du Seuil, 2018
Création et anarchie. L'œuvre à l'âge de la religion capitaliste, traduit par Joël Gayraud, Paris, Rivages, 2019
Le Royaume et le Jardin, traduit par Joël Gayraud, Paris, Rivages, 2020
Quand la maison brûle, traduit par Léo Texier, Paris, Rivages, 2021
La folie Hölderlin. Chroniques d’une vie habitante (1806-1843) traduit par Jean-Christophe Cavallin, Paris, Armand Colin, 2022
Ce que j'ai vu, entendu, appris..., traduit par Martin Rueff, Marseille, Nous (Antiphilosophique), 2024
Goût. Le savoir du plaisir, le plaisir du savoir, traduit par Paolo Bellomo avec le concours de Cécile Raulet-Descombey, Le Pré Saint Gervais, Asinamali, 2024
Alain Badiou,Sur le livre de Giorgio Agamben. La communauté qui vient. Théorie de la singularité quelconque, Entretemps (intervention dans le cadre du Collège International de Philosophie, 1990)
Amine Benabdallah,Une réception de Carl Schmitt dans l'extrême-gauche : la théologie politique de Giorgio Agamben, IEP Paris, Paris, 2007,http://dx.doi.org/10.13140/RG.2.1.2065.4965/1
Claudine Kahan et Philippe Mesnard,Agamben à l'épreuve d'Auschwitz, Paris, Kimé, 2001
Katia Genel,Le biopouvoir chez Foucault et Agamben, inMethodos 4/2004 : Penser le corps, Université Lille 3 UMR 8163 (STL), 2004
François Meyronnis,Tout autre. Une confession, Paris, Gallimard, coll. « L'Infini », 2012 (Julien Coupat, Agamben et son plat de nouilles, extraits inBibliobs,)
Adnen Jdey etFrançois Nault (dir.),Giorgio Agamben : Une archéologie du présent, Éditions de l'Aube, 2016
Politique de l'exil. Giorgio Agamben et l’usage de la métaphysique, sous la dir. d’Anoush Ganjipour, avec des textes deÉtienne Balibar, Thomas Bénatouïl, Barbara Carnevali,Pierre Caye, Anoush Ganjipour, Marie Goupy,Jean-Luc Nancy,Mathieu Potte-Bonneville,Federico Tarragoni et Giorgio Agamben, Paris, Éditions Lignes, 2019 (Actes du colloque autour d'Homo Sacer de Giorgio Agamben, organisé par Anoush Ganjipour, IHSP/CPIH, à l'Université Paris-Diderot, 8 et)
C. Crosato,Critica della sovranità. Foucault e Agamben. Tra il superamento della teoria moderna della sovranità e il suo ripensamento in chiave ontologica, Orthotes, 2019
GiorgioAgamben, « Comment l’obsession sécuritaire fait muter la démocratie : Une citoyenneté réduite à des données biométriques »,Le Monde diplomatique,(lire en ligne).
GiorgioAgamben, « De l'État de droit à l'État de sécurité »,Le Monde,(lire en ligne).