Gilda est unfilm américain réalisé parCharles Vidor, sorti en1946. C'est le troisième des quatre films dans lequel Vidor dirigeRita Hayworth, film qui fait de l'actrice un mythique « sex symbol » et constitue l'apogée de sa carrière.
Johnny Farrell, joueur professionnel, débarque àBuenos Aires, enArgentine. Il se lie d'amitié avec Ballin Mundson, le propriétaire d'uncasino, dont il devient l'associé. À l'issue d'un voyage d'affaires, Ballin revient, accompagné de celle qu'il vient d'épouser : l'extraordinaire Gilda. Le hasard et la prédestination veulent qu'elle soit une ex-compagne de Farrell. Ballin confie à Farrell la garde de Gilda. L'ancien amour renaît de ses cendres mais Farrell est en proie à la haine, la jalousie. Ballin, quant à lui, assoiffé de pouvoir, prépare l'organisation d'un trust international visant le monopole mondial du commerce d'un métal rare : letungstène. Il réunit autour de lui un cartel d'hommes d'affaires, organisation secrète dont il est le chef.
La passion qui le lie à Gilda, lui fait commettre des erreurs qui ruinent son plan. Pour échapper à la police il fait croire à sa mort dans un accident d'avion. Gilda, veuve de Ballin, épouse Farrell en secondes noces. Ce dernier prend la succession de Ballin à la tête du cartel du tungstène. Il accuse Gilda d'infidélité, et lui reproche de ne pas respecter la mémoire de son défunt mari. Gilda provoque alors Farrell et démontre à tous qu'elle est effectivement cette épouse infidèle qu'il a lui-même épousée. Ballin, que l'on croyait mort, resurgit. Il menace d'éliminer Farrell et Gilda. Mais Ballin est tuéin extremis par Oncle Pio, l'employé-philosophe du casino et ange-gardien de Gilda. Farrell s'apprête à se dénoncer, mais la police se désintéresse du meurtre d'un homme déjà déclaré mort. Gilda et Farrell se réconcilient et rentrent chez eux à New York.
Tourné au lendemain de laSeconde Guerre mondiale, le film est entièrement dédié à la gloire de la vedette de laColumbia,Rita Hayworth. Après deux ans d'absence, principalement consacrés à la naissance de sa fille Rebecca, elle fit savoir sa volonté de revenir sur les écrans.Harry Cohn, directeur de la Columbia, mit alors en chantier un film bâti uniquement autour d'elle. La production ne disposant pas d'un scénario complet,Gilda fut construit au jour le jour, comme le film deMichael Curtiz,Casablanca.
« le film a réellement débuté sans scénario. Les pages arrivaient pratiquement le matin du tournage ; elles se succédaient alors que nous avancions. »
Une première version du scénario, d'après un récit de E. A. Ellington, avait été écrite par Marion Parsonnet et remaniée par la suite par la productrice Virginia Van Upp (qui avait déjà écrit un autre succès de Hayworth,La Reine de Broadway). De nouvelles scènes et de nouveaux dialogues furent ajoutés en cours de tournage. Les deux numéros musicauxPut the Blame on Mame etAmado mio furent réalisés à la fin du tournage et une partie des dialogues fut encore remaniée.
Madame X deJohn Singer Sargent (1884) et Rita Hayworth dansGilda, portant la robe inspirée du tableau (1946).
La photographie en noir et blanc deRudolph Maté avec ses effets contrastés en font un des sommets dufilm noir. Les numéros musicaux, les décors somptueux et les costumes deJean Louis, contribuèrent également au succès du film.
Dans une scène devenue morceau d'anthologie, Rita Hayworth, vêtue d’un fourreau de satin noir, retire seslongs gants en chantant l’incendiaire chansonPut the Blame on Mame : le dénudement progressif des mains qui suggère un « strip-tease » intégral en biaisant la censure ducode Hays, reste un des sommets de l’érotisme au cinéma[2]. Comme pourAmado mio, c'est Anita Ellis qui lui prête sa voix. Mais plus tôt dans le film, c'est bien Rita Hayworth qui chante la version dePut the Blame on Mame avec guitare[3]. La chorégraphie qui accompagne le numéro musical est créée par le chorégraphe de Rita Hayworth,Jack Cole, à partir d'un réel numéro de strip-tease de la comédienneburlesqueCharmaine[4]. Pour ce même numéro musical, le couturierJean-Louis s'inspire de la robe visible sur le tableau deJohn Singer Sargent intitulé de façon informelleMadame X pour créer la robe fourreau qui laisse nues les épaules de l'actrice[4].
L'affiche originale du film portait le slogan« There NEVER was a woman like Gilda! »[5] (littéralement « Il n'y a jamais eu une femme comme Gilda ! »). Le film est immédiatement un succès retentissant : aux États-Unis, il rapporte 3,75 millions de dollars de recette dès sa première sortie[4] !
Le nom « Gilda » a été inscrit[7] sur l'une desbombes atomiques testées en 1946 sur l'atoll de Bikini, et une photo de « Gilda » a été collée sur l'engin.