Gerhard Heller, né le àPotsdam et mort le àBaden-Baden, est un éditeur et traducteur naziallemand. Pendant laSeconde Guerre mondiale, de 1940 à 1944, il est en poste àParis, en tant queSonderführer (littéralement, « guide spécial », une dénomination pour des experts civils affectés dans l'armée allemande souvent au grade de lieutenant) de laPropagandastaffel pour la politique littéraire des autorités d'occupation. Il est ainsi chargé d'organiser la censure des publications littéraires françaises.
Gerhard Heller est né le àPotsdam. Après laPremière Guerre mondiale, comme de nombreux Allemands désillusionnés par la capitulation, Gerhard Heller devient membre de la Bündische Jugend, un mouvement similaire aux Ligues d'extrême-droite, qui prolifèrent enFrance au même moment. En 1928, il fait la connaissance deHorst Wessel, qui l'invite à assister à un discours d'Adolf Hitler, pour la première fois de sa vie.
Après avoir obtenu l'Abitur, il poursuit des études d'histoire et de littérature allemande à Berlin, Heidelberg, Pise et Toulouse, jusqu'en 1935. Entretemps, le, il adhère auParti national-socialiste des travailleurs allemands, le Parti nazi. Dans les années précédant la guerre, il travaille à Berlin comme chef de section à laDeutsche Welle, la radio allemande.
En 1940, après la défaite française, Heller est nomméSonderführer chargé de la politique littéraire des autorités d'occupation en France, et part donc vivre à Paris. Il travaille sous la supervision du colonel Heinz Schmidtke et de l'Arbeitsführer Schulz. Cependant, il a beaucoup de marge de manœuvre et ses supérieurs interviendront rarement dans son travail. Gerhard Heller se distingue de nombreux censeurs de l'époque par une politique à première vue très conciliante vis-à-vis de la scène littéraire française. Durant son mandat, il aide plusieurs auteurs de la Résistance à être publiés, commeAlbert Camus ouFrançois Mauriac[1]. Il n'hésite pas, parfois, à se compromettre aux yeux de sa hiérarchie. Ainsi, il autorise la publication dePilote de guerre, de Saint-Exupéry, qui est aussitôt retiré de la vente par ses supérieurs. Cet épisode vaut à Heller quelques jours d’arrêt[2].
Pourtant, cette approche d'apparence amicale était mûrement réfléchie, selon l'autobiographie de Gerhard Heller. Elle correspondait à un désir de faire croire aux penseurs et écrivains français qu'une scène littéraire existait, où ils pouvaient s'exprimer. Ainsi, ils pouvaient être mieux canalisés et contrôlés. Par ailleurs, Gerhard Heller se décrit lui-même comme ayant été antisémite pendant la guerre, interdisant toute publication d'écrivains juifs, ou trop virulente à l'encontre du pouvoir en place. De 1941 à 1944, 2 242 tonnes de livres seront mises au pilon, selon les estimations de Heller[3].
À la fin de la guerre, il se rend aux autorités françaises et doit déménager àBaden-Baden. En 1948, il crée avec Christian Wegner la maison d’édition Heller & Wegner Verlag Baden-Baden et un journal qu'il nommeDer Merkur, Deutsche Zeitschrift für europäisches Denken(de) (« Le Mercure, journal pour une pensée européenne »)[4].
Il se consacre ensuite à son métier de traducteur, traduisant de nombreux auteurs français — notammentLouis-Ferdinand Céline,Romain Gary ouJulien Green — et plus rarement italiens — Pierre l'Arétin — ou anglais.