Auteur de nombreux travaux enpédagogie, le fil conducteur de son œuvre peut tenir en une phrase qui fait le titre du dernier ouvrage qu'il a publié :j'ai voulu qu'apprendre soit une joie. Cet engagement ontologique allait de pair avec une pensée politique qui l'a amené, dès laLibération et non sans débats au regard de l'Histoire, aucommunisme.
Georges Snyders naît le dans le9e arrondissement de Paris[1], fils de Moïse Snyders dit Maurice (1886-?), courtier en diamants pour des maisons d'Amsterdam et d'Anvers[2] et d'Élisabeth Mullen. Ses parents, néerlandais, sont en France depuis 1910 ; son père[3] est passionné de musique. Lui-même travaille le piano avecLazare-Lévy.
Après la débâcle, il se réfugie àAgen et vit en donnant des leçons particulières, puis se rendLyon où il obtient une bourse à l'école normale. Ne pouvant poursuivre ses études du fait des lois de Vichy, il entre dans laRésistance avec un ami alsacien et fabrique de faux papiers dans la clandestinité.
La survie à l'univers concentrationnaire, survie aléatoire, et traumatisante, la difficulté à transmettre ce que Georges Snyders pense indicible, engendrent pour lui comme pour la plupart des survivants à la déportation un enfouissement dans la mémoire individuelle et un engagement politique[7]. Le cortège dramatique des « brûlures de l'histoire »[8] le fait adhérer auParti communiste français[9]. Georges Snyders, toutefois n'a pas participé en tant qu'intellectuel communiste, à la revueLa Nouvelle critique à laquelle nombre de ses pairs ont contribué entre 1948 et 1980[10]. Son terrain fut essentiellement professionnel. Ayant repris les études en 1946, agrégé de philosophie, enseignant à l'Université (Nancy, puis Paris V), il se spécialise dans les sciences de l'éducation. La mémoire concentrationnaire, quant à elle, ressurgit de la chappe de silence où il la tenait. Face aux interrogations de ses proches, il accorde un entretien au journal Le Monde (daté des 22-) à l'occasion du50e anniversaire de la libération d'Auschwitz et il livre en 1996, un entretien publié dansL'Humanité[11] où le dialogue avec son fils permet de mesurer le traumatisme que cette mémoire absente pouvait avoir engendré[12].
Georges Snyders devient une référence dans le domaine des sciences de l'éducation, traçant un sillon qu'il définit ainsi[13] :
« Mon » école doit viser la joie des élèves pendant qu'ils y sont. Ce que je nomme la joie culturelle scolaire.
(Il y a)« deux cultures ». La culture élaborée, celle des grandes découvertes scientifiques, des grandes œuvres artistiques et littéraires. Et il y a ce que j'appelle une culture première. Celle que les jeunes acquièrent par leur vie aujourd'hui.
Or l'école traditionnelle ne valorise que la culture élaborée et veut ignorer la culture première. Certains mouvements pédagogiques, par ailleurs importants, risquent l'erreur inverse.
Ce qui me semble être la grande affaire de l'école, c'est d'aider les jeunes à franchir le pont qui sépare l'une et l'autre culture. C'est la capacité de la culture de masse à aller vers la culture élaborée.
C'est aller vers la joie culturelle scolaire. Or l'idée reçue c'est qu'il est normal que la joie commence quand on quitte l'école. La joie à l'école doit naître de la culture élaborée (qui)éclaire et enrichit la culture première (...)
La joie scolaire c'est la découverte du refus de la fatalité.
Deux pensées qui contribuent à me maintenir communiste :Bertolt Brecht,Antonio Gramsci ; suivi d'un dialogue avec Jacques Ardoino, éditions Matrice, 2004.
De la culture des chefs-d'œuvre et des hommes, à l'école, éditions Matrice, 2002
L'école comme vie, la vie en tant qu' « école », éditions Matrice, 2001
La musique comme joie à l'école, L'Harmattan, 1999.
Marx au regard de Jaurès, éditions Matrice, 1998.
Y a-t-il une vie après l'école ?, éditions ESF, 1996.
Heureux à l'université, Nathan Pédagogie, 1994.
Des élèves heureux..., éditions EAP, 1991 (réed. augmentée, L'Harmattan, 1999).
L'école peut-elle enseigner les joies de la musique ?, éditions EAP, 1989
La joie à l'école, PUF, 1986.
Il n'est pas facile d'aimer ses enfants, PUF, 1980. (Réed. 1982)
École, classe et lutte des classes, PUF, 1976.
Où vont les pédagogies non-directives ?, PUF, 1973. (Réed. PUF, 1974, 1975, 1985)
↑L'Humanité, rubrique "L'invité de l'Humanité",Georges Snyders savant en éducation, article de Arnaud Spire, 29 juin 1981, (pleine) page 8. L'essentiel des renseignements biographiques sur Georges Snyders provient de cet article, ainsi que de trois autres parus depuis cette date dans le même journal, récapitulés en "Sources".
↑Notice nécrologique « Georges Snyders, pédagogue de la joie et de l'exigence, est mort à94 ans »,Le Monde.fr, 28 septembre 2011.
↑Pour reprendre le titre d'une défunte émission télévisée historique
↑Il quitte lePCF après l'écrasement de la Révolution hongroise de 1956 et ne reprend sa carte, qu'en 1973, "après un bonne dizaine de réflexion", selon les termes de A. Spire. D'autres disent 1974. Le, il était célébré au siège duParti communiste français. Cf.L'Humanité du 28 septembre 2011, l'hommage dePierre Laurent, secrétaire général duParti communiste
↑Cf. Frédérique Matonti,Intellectuels communistes, éditions La Découverte, Paris, 2005. Une seule occurrence est relevée concernant G. Snyders, sans rapport avec la Revue.
↑Voir la référence infra, dans la liste des articles publiés parL'Humanité.
↑Georges Snyders,Le gai savoir, une pédagogie pour réconcilier les "grandes œuvres" avec la vie des jeunes, article paru en page "idées",L'Humanité, 6 novembre 1986.
↑CfLe Monde, carnet, septembre 2011, faire-part familial et faire part universitaire