En1898, il est nommé, selon les vœux du maître, conservateur dumusée Gustave-Moreau, àParis, dès son inauguration cette année-là. C'est pour lui une période difficile, sa famille part pour l'Algérie, et sa santé l'oblige à faire deux séjours enHaute-Savoie. En1901, il fréquente l'abbaye de Ligugé et y fait la connaissance deJoris-Karl Huysmans.
Aux côtés desfauves, telsHenri Matisse,Albert Marquet ouAndré Derain, Georges Rouault participe auSalon d'automne de 1905. Il aborde des thèmes liés à une observation critique de la société : juges, avocats, salles d’audience, miséreux, émigrés, fugitifs, sont autant le reflet d'une révolte face à la misère humaine qu'un prétexte à des recherches sur les formes et les couleurs[3]. Il a une influence sur le travail du sculpteur caricaturiste italienCésar Giris.
En1904, il fait la connaissance deLéon Bloy dont l'œuvre le touche profondément et de façon durable. Quelques années plus tard, il fréquente àVersailles le philosophe catholiqueJacques Maritain. C'est entre1906 et1907 qu'il commence à peindre des céramiques. Le, il épouse Marthe Le Sidaner (1873-1973, sœur du peintreHenri Le Sidaner), qui lui donnera quatre enfants[4].
Profondément catholique, il reconnaît dans cette humanité souffrante le visage du Christ qu’il recherche dans de nombreuses toiles évoquant saPassion, à l'exemple du tableauLe Christ bafoué par les soldats (1932). Ce thème récurrent« perd son accent moralisateur pour prendre une nouvelle tension dramatique, dans un lyrisme fait d'abandon ascétique qui voit dans la splendeur de l'image une sorte de reflet céleste… »[5].
Dès1910, les collectionneurs et les marchands reconnaissent la grande force de son œuvre, notammentMaurice Girardin ouAmbroise Vollard qui, en1917, lui achète l'ensemble des toiles de son atelier, soit 770 œuvres. C'est en1917 qu'il se lance dans la gravure, et 4 ans plus tard, en1921, Michel Puy réalise sa première biographie.
En1946, après la mort de Vollard, il se trouve en procès avec les héritiers. Le tribunal lui reconnaît la propriété de ses œuvres.
Georges Rouault brûle 315 de ses tableaux en1948 en présence d'un huissier.
Dans ces mêmes années, Georges Rouault entretient une correspondance épistolaire avec le peintreJacques Duthoo qui s'inspire alors des travaux du maître.
Son prestige en tant que coloriste et graveur n’a cessé de s’étendre, notamment auJapon et enCorée. Il est considéré comme l'un despeintres religieux les plus importants duXXe siècle[8].
Sa famille a fait une donation d'un ensemble de ses œuvres à l'État en1963.
Son dernier atelier, installé dans un appartement près de lagare de Lyon, au 2,rue Émile-Gilbert à Paris, est conservé par sa famille dans l'état où il l'a quitté et sert de siège social à la Fondation Georges-Rouault. Volume, orientation (sud) et aménagement en font un atelier inhabituel.
Rouault débute en 1917 le cycle en deux parties,Miserere etGuerre, qui sortira sous le seul titre deMiserere, et qui ne sera publiée qu'en 1948, avec des gravures commeL'aveugle parfois a consolé le voyant,Rue des Solitaires,Qui ne se grime pas,La Mère, etc. C'est un ensemble de 58 planches, gravées et légendées par l'artiste, imprimée en grand format, ce qui donne à l'ensemble un poids de plus de 21 kilogrammes.
Les Réincarnations du père Ubu, 1929, 23 cuivres originaux, édités en coffret en 1955.
La Danse, 1939, parution en tirage original dansVerve I.
Souvenirs intimes, 1926, deuxième édition de 1927 orné d'une lithographie originale.
Charles Baudelaire,Les Fleurs du mal, 1927. L'Étoile filante 1966, couverture cartonnée toilée rouge vermillon, lettrée noire sous étui, 97 pages, en feuillets. Tirage limité à 450 exemplaires dont 424 sur Arches. Les 14 planches de cet ouvrage furent tirées par Jacquemein[Qui ?] en 500 exemplaires à la demande d'Ambroise Vollard et conservées par lui jusqu'à son décès. Il pensait en éditer une série sous le nom deDanse macabre, qui se transformèrent pourLes Fleurs du mal, dont 14 planches à l'aquatinte et à l'outil sont reproduites dans ce nouvel ouvrage. Par suite de la guerre certaines furent perdues ou abîmées limite la production de cet ouvrage à 425 exemplaires sur Arches et 25 hors commerce (I à XXV). Cuivres rayés après tirage, les planches portant la double numérotation ex. 25/450. Ici Rouault a illustré les poèmes suivants :Au lecteur,Bénédiction (2 planches),La Beauté,Sans titre XXV,Remords posthumes,Toute entière,L'Irréparable,Le Squelette laboureur,Le Crépuscule du soir,Danse macabre,La Destruction,Les Deux Bonnes Sœurs,Allégorie. Une postface des enfants de Georges Rouault donne la genèse de l'œuvre en expliquant le choix des poèmes, postérieur aux gravures. Réédition éditions du Cerf, Paris, 2008.
Les réincarnations du Père Ubu, cuivres originaux,Ambroise Vollard, 1928.
Le Cirque de l'Étoile filante, 1938, réédition aux éditions du Cerf en 2005,(ISBN2204073989).
Verve IV, éditions de la Revue Verve, Paris, 1939.
Passion avecAndré Suarès, Ambroise Vollard éditeur, 160 exemplaires sur Vélin, 270 exemplaires sur Vergé de Montval, eaux-fortes originales en couleurs et bois dessinés par Rouault. Réédition en 2005 aux éditions du Cerf, 1939,(ISBN2204073970).
Miserere, Étoile filante, Paris, 1953, réédition 2004 aux éditions du Cerf(ISBN2204073601).
Les Réincarnations du père Ubu, cuivre originaux, Paris, Société normande des Amis du Livre, 1955, In-4 en feuille, cartonnage marron de l'éditeur, étui 23 gravures originales datées de 1929, tirage à 210 exemplaires.
Georges Rouault,Sur l'art et sur la vie, Denöel, collection « Médiations / Le métier de peindre », Paris, 1982(ISBN22-823-0080-7). Réédition : Gallimard, collection « Folio essais », Paris, 2008.
Georges Rouault et André Suarès,Correspondance, correspondances échangées entre 1911 et 1948, Introduction Marcel Arland, éditions Gallimard, 1960, Paris, Publié par Isabelle et Geneviève Rouault, In-8, XXIV à 358.p. illustrées d'un portrait de Georges Raoult en frontispice, dont 42 tirages sur vélin pur fil Lafuma. Réédité par Gallimard en 1991,(ISBN20-702-5571-9).
Léon Bloy dans son journal le :« On m'apprend que le peintre Georges Rouault, élève de Gustave Moreau, s'est passionné pour moi. Ayant trouvé chez son maîtreLa Femme pauvre…, ce livre l'a mordu au cœur, blessé incurablement. »
Léon Bloy,Journal de 1905 :« Cet artiste que l'on croyait capable de peindre des séraphins, semble ne plus concevoir que d'atroces et vengeresses caricatures. L'infamie bourgeoise opère en lui une si violente répercussion d'horreur que son art paraît en être blessé à mort. »
↑Stella Vespertina,Georges Rouault, 1947, et Enrico Crispolti,Georges Rouault dans la collection des « Grands Peintre série Chefs d'Œuvre de l'Arts », éditions Hachette, 1966.
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane,Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts,(ISBN9 788836 651320), n°174