Fils de Maurice Charpak, commerçant, et d'Anna Chapiro[2], Georges Charpak est né le, déclaré le, dans le village deDąbrowica enPologne (maintenant enUkraine). Sa famille, juive, émigre en France en 1931 alors qu'il a7 ans et emménage à Paris,avenue d'Orléans, avant de déménager en 1936 pour lesquare Albin-Cachot[3], dans le13e arrondissement.
En 1937, dès l'âge de13 ans, Georges Charpak rejoint le mouvement des « Faucons rouges », « mouvement semblable aux scouts... mais laïc et d’obédience socialiste[4] » dont le local est situérue du Château dans le14e arrondissement. Il quitte ce mouvement en 1938 après lesaccords de Munich et rejoint les « Auberges de Jeunesse[5] ». En, la partie nord de la France est occupée par les Allemands.
Il obtient son baccalauréat à17 ans en 1941, alors qu'il est inscrit aulycée Saint-Louis à Paris[6]. Il commence sesclasses préparatoires dans le même lycée où il est pensionnaire[7]. Son jeune frèreAndré et ses parents refusent de porter l'étoile jaune et sont dénoncés par leur concierge ; ils choisissent de s'enfuir[8] avant larafle du Vél' d’Hiv de. Il possède une fausse carte d'identité, sous le nom de Jacques Charpentier[9], qui le domicilie àTroyes.
En 1942, il vit à Montpellier[10], avec sa mère et son jeune frère[11] et poursuit ses classes préparatoires aulycée Joffre de Montpellier. Son père travaille comme bûcheron dans les Cévennes pour passer inaperçu en raison de son fort accent[11].
En, les Allemands franchissent laligne de démarcation et occupent la totalité du territoire national.
Georges Charpak entre dans un mouvement deRésistance[8], par l'entremise d’une de ses camarades de lycée[9]. On lui donne des responsabilités, il rencontre des résistants du réseauFTP communiste et des résistants du réseau gaullisteCombat.A posteriori, il estime qu'il n'avait pas l'étoffe suffisante pour remplir sa tâche, en raison de son jeune âge et de son impréparation, et se sent responsable de la fin tragique de certains résistants qu'il a côtoyés[12].
Il est d’abord interné à la prison de Montpellier, jusqu'au mois de décembre où il est transféré aucentre de détention d'Eysses[14], dans lequel il donne et reçoit des cours de mathématiques et de physique[15]. En, une tentative d’évasion collective échoue où treize de ses camarades sont tués ou fusillés[16]. Il quitte le camp d'Eysse pour Compiègne le 30 mai où il est transféré dans lecamp de Royallieu le 3 mai. Il quitte ce camp le 18 juin en train dans le convoi 1229. Après trois jours de transport avec des centaines d'autres déportés, restant enfermé dans un wagon sous une température écrasante, il arrive aucamp de concentration de Dachau[14] près deMunich enAllemagne le 20 juin, sous le matricule 73251. Après une période de quarantaine, il est envoyé le 14 juillet àLandsberg am Lech, dans une base aérienne de laLuftwaffe à une soixantaine de kilomètres de Dachau. Il a notamment comme camarades de déportation Georges Arjaliès[17], Victor Boulerot[18],Gilbert Burlot et Marcel Miquet[19]. L'année suivante, fin avril, Willy Wagner, le commandant du camp, décide d'envoyer les déportés à pied à Dachau. Georges Charpak quitte la base le 25 avril 1945 pour le complexe concentrationnaire deKaufering à une dizaine de kilomètres. Là, il découvre les conditions épouvantables dans lesquelles sont détenus les déportés juifs. Les déportés arrivent le 27 avril àAllach. Georges Charpak sera libéré trois jours plus tard par les Américains mais doit subir une quarantaine en raison des risques d'épidémies (typhus,..). Après la libération du camp le 30 avril 1945, il est rapatrié en France par la Croix Rouge le 11 mai 1945 . Sa pratique de plusieurs langues a selon lui contribué à sa survie[20].
Il devient citoyen français en 1946[22], en partie grâce à son statut d'élève-ingénieur de l’École des mines[23]. Cette naturalisation lui avait précédemment été refusée, malgré sa croix de guerre[23].
Il sort diplômé de l’École des mines en 1947. En 1948, il est admis auCNRS comme chercheur dans le laboratoire de physique nucléaire duCollège de France, dirigé parFrédéric Joliot-Curie . Il obtient son doctorat ès-sciences en 1955. Alors que Frédéric Joliot-Curie veut lui faire faire de laphysique nucléaire, il choisit le sujet de sa propre thèse[24], qu'il soutient en1954, sur desdétecteurs[25].
À partir de 1980[26], il est professeur associé du laboratoire d'électricité générale de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI) et titulaire de la chaire Joliot-Curie pour un an en 1984. Il y développe les applications médicales de ses détecteurs de particules (radiologie douce développant des doses irradiantes moindres) et participe, avec son collaborateurClaude Hennion, à la fondation de nombreuses « startups » d'imagerie biomédicale dont « Molecular Engines Laboratories[27] », « Biospace Instruments » avec son filsYves Charpak, médecin-consultant[28], et « SuperSonic Imagine » avecMathias Fink[29].
Il est élu membre de l'Académie des sciences le. En 1991, il prend sa retraite du CERN.
À partir de 1996, avec le soutien de l'Académie des sciences et de ses collèguesPierre Léna etYves Quéré, il prend la tête d'un important mouvement de rénovation de l'enseignement des sciences à l'école primaire, baptisé « La main à la pâte », qui touche aujourd'hui près d'une école sur trois en France et essaime dans le monde entier. Des collaborations internationales ont été signées pour étendre cette initiative à de nombreux pays dans le monde.
Militantpour l'énergie nucléaire civile, il a proposé en 2001 une nouvelle unité de mesure de laradioactivité, le DARI (pour « dose annuelle due aux radiations internes », unité de mesure adaptée à l’évaluation de l’effet des faibles doses d’irradiation), correspondant à environ 0,25 millisievert[32].
En, il s'élève contre le coût de la construction du réacteur nucléaire expérimental françaisIter, dont le budget prévisionnel venait de passer de cinq à quinze milliards d’euros, menaçant les financements de la recherche scientifique européenne ainsi que« de nombreuses recherches autrement plus importantes, y compris pour l’avenir énergétique de notre planète », mais considère que« ... notre problème d'énergie est urgent. C'est immédiatement qu'il faut économiser l'énergie, et remplacer lescombustibles fossiles[33] ».
prix annuel de la section des Hautes énergies de la Société européenne de Physique, 1989 ;
prix Nobel de physique pour l'invention et le développement des détecteurs de particules élémentaires, notamment de la chambre proportionnelle multifils, 1992 ;
membre de l'Académie universelle des cultures, 1993 ;
Avant la distinction reçue parSerge Haroche en 2012, Georges Charpak était le dernier prix Nobel français de l'après-guerre dans les domaines de la physique nucléaire et de la physique des particules élémentaires.
Le 10 novembre 2001 est inauguré l'amphithéâtre Charpak sur l'université de la Réunion, où se trouve une plaque avec ses mots.
Le fonds d'innovation de l'ESPCI inauguré en[38] porte son nom[39].
Le vendredi, le maire deSaint-Nazaire (Loire-Atlantique) a inauguré la nouvelle cité sanitaire qui porte le nom de Georges Charpak[40].
Le laboratoire de biomécanique de l'École nationale supérieure d'arts et métiers, créé en 1979, a été renommé en 2013 institut de biomécanique humaine Georges Charpak, eu égard à sa contribution décisive pour l'imagerie médicale et les domaines de recherche appliquée qui en découlent[41].
En France, en 2015, 15 établissements scolaires portent son nom[42] : notamment àGoussainville, avec la particularité d'être autout numérique, àBrindas, ainsi qu'àGex, ville où il a vécu.
Le centre demédecine nucléaire de Quimper-Cornouaille, inauguré en novembre 2016, porte son nom.
Il existe également un institut à son nom à Villebon (91), où l'on peut obtenir une licence Sciences et Technologies. L'enseignement proposé dans cet institut respecte les valeurs de Georges Charpak, notamment le concept dela main à la pâte, adapté à un niveau universitaire.
Aussi, Georges Charpak étant lié àMontpellier au cours de sa vie, la ville décide de renommer un parc de huit hectares dans lequartier Port-Marianne en sa mémoire.
Georges Charpak apparaît aux côtés deHenri Broch sous les traits du personnage Henri-Georges Brochard dans letome 2 de la série de romans pour la jeunesse d'Alexandre Moix,Les Cryptides - À la poursuite de l'Olgoï-Khorkhoï (éditions Plon). Il y incarne un scientifique de réputation internationale, qui se fait mystérieusement assassiner par un cryptozoologue qui terrorise Paris.
↑a etb« L'enfance d'un Nobel »,Le Nouvel Observateur,,p. 96
(Extraits exclusifs dans le Nouvel Obs du livre de CharpakMémoires d'un déraciné, physicien et citoyen du monde) : « Grâce à l’École des Mines, je fus naturalisé français car [...] la France avait besoin de ses mineurs polonais qui partaient en masse reconstruire leur patrie. Elle leur assurait la nationalité française s'ils acceptaient de continuer leur travail dans les mines. Je jurai que c'était mon souhait. »
↑Étude de la période de décroissance du niveau de57 keV lié à la désintégration du MTh2.
(en)Faits saillants sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)