Georges Charles Brassens naît le au numéro 54 de la rue de l'Hospice (rebaptisée rue Georges-Brassens en 1982), dans un quartier populaire duport de Cette[1] (le nom de la ville n'est orthographiéSète qu’en 1928[2], un changement de graphie qu'il évoque comme étant à l'origine de sa « première tristesse d'Olympio » dans la chansonJeanne Martin[3]).
Dans la maison familiale[note 1], il est entouré de sa mère, Elvira (née Dagrosa, 1887-1962), de son père, Jean-Louis (1881-1965, maçon, comme ses parents l'étaient avant lui), de sa demi-sœur Simone Comte (1912-1994), née du premier mariage de sa mère, et de ses grands-parents paternels, Jules et Marguerite (née Josserand), natifs deCastelnaudary[4].
Sa mère, dont les parents sont originaires deMarsico Nuovo dans la région de laBasilicate enItalie duSud[5], est une catholique d'une grande dévotion. Veuve de guerre d'Alphonse Comte, tonnelier tué au front[6] (-), père de Simone, la demi-sœur de Georges, Elvira épouse en 1919 Jean-Louis Brassens, un entrepreneur de maçonnerie. Le père de Georges est un homme paisible, généreux, libre-penseur,anticlérical (il refusera d'assister à la communion de son fils[7]) et doté d'une grande indépendance d'esprit. Deux caractères très différents qu'une chose réunit : le goût de la chanson. D’ailleurs, tout le monde chante à la maison. Sur legramophone, les disques deMireille,Jean Nohain,Tino Rossi ouRay Ventura et ses Collégiens.
Selon le souhait de sa mère, à l'âge de quatre ans Georges commence sa scolarité dans l’institution catholique des sœurs de Saint-Vincent. Il en sort deux ans après pour entrer à l’école communale, selon le désir de son père. À douze ans, il entre au collège[note 2]. Georges est loin d’être un élève studieux. Ses amis le décrivent comme plutôt rêveur en classe[note 3]. Mais, après l'école, il préfère les jeux, les bagarres, les bains de mer et les vacances. Afin que son carnet de notes soit meilleur, sa mère lui refuse des cours de musique. Il ignorera donc tout dusolfège, mais cela ne l’empêche pas de griffonner des chansonnettes sur ses premiers poèmes.
En 1936, il s'ouvre à lapoésie grâce à son professeur de français, Alphonse Bonnafé, alias « le Boxeur ». L’adolescent s’enhardit jusqu'à lui soumettre quelques-uns de ses bouts-rimés. Loin de le décourager, l'enseignant lui conseille plus de rigueur et l'intéresse à la technique de versification et à l'approche de la rime[8]. À la poésie et à la chanson populaire s’ajoute sa passion pour les rythmes nouveaux, venus d’Amérique, qu’il écoute à laTSF : lejazz. En France,Charles Trenet conjugue tout ce qu'il aime. Il sera un modèle.
« On était des brutes, on s'est mis à aimer [les] poètes. […] Et puis, grâce à ce prof, je me suis ouvert à quelque chose de grand. Alors, j’ai voulu devenir poète…[9] »
Son intérêt croissant pour la poésie ne lui ôte pas le goût pour les « quatre cents coups ». À 16 ans, au printemps 1938, il sombre un temps dans ladélinquance juvénile. Dans le dessein de se faire de l'argent de poche, la bande de copains dont il fait partie commet quelques larcins dont les proches sont les principales victimes. Georges, de son côté, subtilise une bague et un bracelet de sa sœur. Ces vols répétés mettent la ville en émoi. Lorsque la police arrête enfin les coupables, l’affaire fait scandale. Indulgent, Jean-Louis Brassens ne lui adresse aucun reproche quand il va le chercher au poste de police. Plus tard (en 1966[10]), pour saluer l’attitude de son père, il en fera une chanson :Les Quatre Bacheliers.« Mais je sais qu'un enfant perdu […] a de la chance quand il a, sans vergogne, un père de ce tonneau-là ». Par égard pour son père, il ne la chantera qu’après sa mort.
« Je crois qu'il m'a donné là une leçon qui m'a aidé à me concevoir moi-même : j'ai alors essayé de conquérir ma propre estime. […] J'ai tenté, avec mes petits moyens, d'égaler mon père. Je dis bien tenté…[11] »
Pour sa part, cet égarement se solde, en 1939, par unecondamnation à une peine d'emprisonnement avec sursis[note 4]. Il ne retourne pas au collège. Il passe l’été reclus dans la maison et se laisse pousser la moustache. Le, laguerre contre l'Allemagne est déclarée. Il pourrait devenir maçon auprès de son père, mais peine perdue, il ne se satisfait pas de cette perspective. Il persuade ses parents de le laisser quitter Sète, où sa réputation est ternie, et aller tenter sa chance àParis.
Dans le même temps, s'étant découvert une passion pour lejazz et résolu à faire de la musique, Georges Brassens, en 1938, monte un groupe avec Emile Miramont[12] au banjo, Henri Delpont[13] au chant, un copain à la guitare et un autre au saxophone, lui est à la batterie (composé de divers ustensiles, « des caisses, des boites de conserves »)... Plus tard, il assimilera cela, à défaut de jazz, à de la « cacophonie »[14].
En, Georges est hébergé, comme convenu avec ses parents, chez sa tante maternelle Antoinette Dagrosa, dans le14e arrondissement[note 5]. Chez elle il y a un piano. Il en profite pour apprendre l’instrument à l’aide d’une méthode, malgré sa méconnaissance du solfège. Pour ne pas vivre à ses dépens, comme promis il recherche un emploi. Il obtient celui de manœuvre dans un atelier des usinesRenault. Cela ne dure pas ; le 3 juin, Paris et sa région sont bombardés et l’usine deBillancourt est touchée. Le 14, l’armée allemande entre dans la capitale. C’est l’exode. Georges retourne dans sa ville natale. Une fois l’été passé, certain que son avenir n'est pas là, il revient chez sa tante dans unParis occupé par laWehrmacht. Tout travail profitant maintenant à l'occupant, il n'est plus question pour lui d'en rechercher[15].
Georges passe ses journées à labibliothèque municipale du quartier. Conscient de ses lacunes en matière de poésie, il apprend la versification et litVillon,Baudelaire,Verlaine,Hugo et tant d’autres. Il acquiert ainsi une certaine culture littéraire qui le pousse à écrire ses premiers recueils de poésie :Les Couleurs vagues,Des coups d'épée dans l'eau, annonçant le style des chansons à venir etÀ la venvole[note 6], dans laquelle sonanarchisme se fait jour. Ce dernier opuscule est publié en 1942, grâce à l'argent de ses proches : ses amis, sa tante et même une amie de celle-ci, une couturière nommée Jeanne Planche née Le Bonniec[16], qui apprécie beaucoup ses chansons.
On le voit souvent plongé dans des bouquins ou écrivant des chansons, qui divertissent ses compagnons, et la suite d’un roman commencé à Paris,Lalie Kakamou. Il lie des amitiés, auxquelles il restera fidèle tout au long de sa vie – notamment avecAndré Larue,René Iskin et, plus particulièrement,Pierre Onténiente, le bibliothécaire du camp, à qui il emprunte régulièrement des livres.
Enmars 1944, Georges Brassens bénéficie d’une permission de quinze jours[note 7] pour maladie grave[17]. C’est une aubaine à saisir : il ne retournera pas en Allemagne.
Plaque commémorative à l'entrée de l'impasse Florimont.
À Paris, refusant de repartir en Allemagne, il lui faut trouver une cachette, car il est considéré comme déserteur et il lui est impossible de passer à travers les filets de laGestapo en restant chez la tante Antoinette. Jeanne Planche, de trente ans son aînée, accepte d'héberger ce neveu encombrant. Avec son mari Marcel, elle habite une maison extrêmement modeste au 9,impasse Florimont. Georges s’y réfugie le, en attendant la fin de la guerre. On se lave à l’eau froide, il n’y a ni gaz ni électricité (donc pas de radio), ni letout-à-l'égout. Dans la petite cour, une vraie ménagerie : chiens, chats, canaris, tortues, buse… et la fameuse cane qu'il célébrera dans une chanson. Il est loin de se douter qu’il y restera vingt-deux ans.
Dans ce cocon, à cause de l'absence d'électricité, il se lève et se couche avec le soleil (rythme qu'il gardera la majeure partie de sa vie), poursuit l'écriture de son roman et compose des chansons en s’accompagnant d’un vieuxbanjo.
« J'y étais bien, et j'ai gardé, depuis, un sens de l'inconfort tout à fait exceptionnel[19]. »
Cinq mois plus tard, le, c’est lalibération de Paris. La liberté soudainement retrouvée modifie peu ses habitudes. Avec leur consentement, il se fixe à demeure chez les Planche. Sa carte de bibliothèque récupérée, Brassens reprend son apprentissage de la poésie et s’adonne à nouveau à la littérature.
La fin de la guerre, signée le, marque le retour à Paris des copains de Basdorf. Avec ses amis retrouvés, Brassens projette la création d'un journal à tendance anarchiste,Le Cri des gueux. Après la sortie du premier numéro, le projet tourne court, faute de financement suffisant.
Parallèlement il monte avec Émile Miramont (un copain sétois) et André Larue (rencontré à Basdorf) le « Parti préhistorique » qui vise surtout à tourner en dérision les autres partis politiques et préconise un retour à un mode de vie plus simple. Ce parti ne verra jamais le jour, en raison de l’abandon de Miramont[note 8].
Avec l’aide financière de Jeanne, il achète la guitare d’un ami. Elle lui sera volée[20].
En 1946, il hérite du piano de sa tante Antoinette, morte en juillet. Cette année-là il ressent ses premiers maux de reins accompagnés de crises decoliques néphrétiques.
Antimilitariste[21] etanticlérical[22], il se lie en 1946 avec des militantslibertaires (notamment avec le peintreMarcel Renot et le poèteArmand Robin) et litMikhaïl Bakounine,Pierre-Joseph Proudhon etPierre Kropotkine. Ces lectures et ces rencontres le conduisent à s'impliquer dans le mouvement et à écrire quelques chroniques dans le journal de laFédération anarchiste[23],Le Libertaire (depuis les années 1950Le Monde libertaire), sous les pseudonymes deGéo Cédille,Charles Brenns,Georges,Charles Malpayé,Pépin Cadavre ou encoreGilles Colin[15],[24],[25]. Il y exerce également un double emploi non rémunéré de secrétaire de rédaction et de correcteur[24]. Ses articles sont virulents, teintés d'humour noir, envers tout ce qui porte atteinte aux libertés individuelles. La violence de sa prose ne fait pas l’unanimité auprès de ses collègues.
En, il quitte la Fédération en gardant intacte sa sympathie pour les anarchistes (plus tard, Brassens ira régulièrement se produire bénévolement dans les galas organisés parLe Monde libertaire).
Son roman achevé en automne est publié à compte d’auteur.Lalie Kakamou est devenuLa Lune écoute aux portes, dont la couverture plagie, par provocation, celles de la collection NRF de la maisonGallimard. Brassens adresse une lettre à l’éditeur concerné pour signaler cette facétie. Contre toute attente, il n’y aura aucune réaction[26],[27].
Pour ne pas attiser la jalousie de Jeanne, Georges a vécu des amourettes clandestines. Il y eut en particulier Jo (Josette), âgée de dix-sept ans (-). Une relation tumultueuse qui lui inspira peut-être quelques chansons :Une jolie fleur,P… de toi et, en partie,Le Mauvais Sujet repenti (modification deSouvenir de parvenue déjà écrite à Basdorf). Un document vidéo,Le Bout du cœur, nous montre une version primitive d'Une jolie fleur.
En 1947, il rencontreJoha Heiman (1911-1999). La Blonde Chenille – comme il la surnomme – habite à quelques mètres de chez Jeanne, rue Pauly[28]. Née àTallinn, enEstonie[29], elle est son aînée de neuf ans — affectueusement, il l'appelle« Püppchen », petite poupée en allemand, mais ils l'orthographieront tous les deux« Püpchen » (c'est le nom gravé sur leur tombe)[30]. Ils ne se marieront jamais ni ne cohabiteront. Il lui écriraJ’ai rendez-vous avec vous,Je me suis fait tout petit (devant une poupée),Saturne,Rien à jeter etLa Non-Demande en mariage. Morte le, dix-huit ans après lui, elle est enterrée à ses côtés.
Ses talents de poète et de musicien sont arrivés à maturité. De nombreuses chansons sont déjà écrites. Pratiquement toutes celles de cette époque qu'il choisira d'enregistrer deviendront célèbres, commeLe Parapluie,La Chasse aux papillons,J'ai rendez-vous avec vous,Brave Margot,Le Gorille,Il n'y a pas d'amour heureux (poème d'Aragon, mis en musique par Brassens sur une mélodie qui sera réutilisée pourLa Prière, poème deFrancis Jammes).
La personnalité de Brassens a déjà ses traits définitifs : la dégaine d'ours mal léché, la pipe et la moustache, le verbe imagé et frondeur et pourtant étroitement soumis au carcan d'une métrique et d'un classicisme scrupuleux, le goût des tournures anciennes, le culte des copains et le besoin de solitude, une culture littéraire et chansonnière pointue (il s'amuse à combiner l'usage de l'argot et celui d'un langage châtié faisant appel à l'imparfait du subjonctif, par exemple dansLe Gorille), un vieux fonds libertaire, hors de toute doctrine établie, mais étayé par un individualisme aigu, un antimilitarisme viscéral, un anticléricalisme profond aussi bien qu'un sens du sacré, et un mépris total du confort, de l'argent et de la considération. Il ne changera plus.
En 1951, Brassens rencontreJacques Grello, chansonnier et pilier duCaveau de la République qui, après l'avoir écouté, lui offre sa propre guitare et lui conseille, plutôt que du piano, de s’accompagner sur scène avec cet instrument[31]. Ainsi « armé », il l'introduit dans divers cabarets pour qu'il soit auditionné. Alors, il compose d'abord sur piano ses chansons qu'il transcrit pour guitare.
Sur scène, Brassens ne s’impose pas. Intimidé, paralysé par le trac, suant, il est profondément mal à l'aise. Il ne veut pas être chanteur, il préférerait proposer ses chansons à des chanteurs accomplis, voire à des vedettes de la chanson. Il se produit alors dans quelques cinémas parisiens, tel le Batignolles,rue La Condamine, où, entre les actualités et le film, il interprète trois de ses premiers succès,Le Parapluie,Chanson pour l'Auvergnat etLe Gorille.
Après plusieurs auditions infructueuses, Brassens est découragé.Roger Thérond et Victor Laville, deux copains sétois, journalistes du magazineParis Match, viennent le soutenir et tentent de l'aider, dans la mesure de leurs moyens. Ils lui obtiennent une audition chezPatachou, le jeudi, dans le cabaretmontmartrois de la chanteuse[note 9]. Le jour dit, et au bout de quelques chansons, Patachou est conquise. Enhardi, Brassens lui propose ses chansons. Elle ne dit pas non et l'invite même à se produire dans son cabaret dès que possible[32]. Les jours suivants, malgré son trac, Georges Brassens chante effectivement sur la scène du restaurant-cabaret de Patachou. Pour le soutenir,Pierre Nicolas, bassiste dans l'orchestre de la chanteuse, l’accompagne spontanément[note 10].
Quand Patachou parle de sa découverte, elle ne manque pas de piquer la curiosité du directeur du théâtre desTrois Baudets,Jacques Canetti, également directeur artistique au sein de la filiale française de la firme phonographiquePhilips. Le, il se rend au cabaret Chez Patachou pour écouter le protégé de la chanteuse. Emballé, il convainc le président de la maison de disques Philips en France, Georges Meyerstein-Maigret. de lui signer un contrat[33]. Le quotidienFrance-Soir, des 16-, proclame en gros titre : « Patachou a découvert un poète ! »
Le 19 mars, l’enregistrement duGorille et duMauvais sujet repenti s’effectue au studio de laSalle Pleyel. Certains collaborateurs, offusqués parLe Gorille, s’opposent à ce que ces chansons sortent sous le label Philips. Une porte de sortie est trouvée par le biais d’un autre label,Polydor, dont Philips détient la licence d'utilisation pour la France. D'avril à novembre, neuf chansons sortiront sur disques78 tours. L'une d'elles,Le Parapluie, est remarquée par le réalisateurJacques Becker qui l'utilise pour son filmRue de l'Estrapade. Éditée sur disque en même temps que la sortie du film en salle, elle est distinguée par l’Académie Charles-Cros l’année suivante en obtenant le Grand Prix du disque 1954[note 11].
Le 6 avril, Brassens fait sa première émission télévisée à laRTF. Il chanteLa Mauvaise Réputation devant le public de l’Alhambra.Du au, il fait sa première tournée en France, enSuisse et enBelgique, avec Patachou etLes Frères Jacques.
Il est engagé à partir du mois de septembre aux Trois Baudets ; le théâtre ne désemplit pas. Dans le public, les chansons commeHécatombe[note 12],[34] etLe Gorille scandalisent les uns, ravissent les autres. Ces controverses contribuent à faire fonctionner le bouche à oreille. Dès lors, Georges Brassens gravit les échelons du succès et de la notoriété. En 1953, tous les cabarets le demandent et ses disques commencent à bien se vendre. Son premier passage àBobino, sa salle de prédilection, « l'usine » comme il se plaisait à le dire, « à quatre pas de sa maison » se fera en, avec l'accord du directeur des Trois Baudets (Jacques Canetti) ; son deuxième passage a lieu en, mais pas encore en vedette.
Lui qui longtemps a hésité entre une carrière de poète et celle d’auteur-compositeur est maintenant lancé dans la chanson. Loin de juger la chanson comme une expression poétique mineure, il considère que cet art demande un équilibre parfait entre le texte et la musique et que c’est un don qu’il possède, que de placer un mot sur une note[35]. Extrêmement exigeant, il s’attache à écrire les meilleurs textes possibles. Jamais satisfait, il les remanie maintes fois : il change un mot, peaufine une image, jusqu'à ce qu'il estime avoir atteint son but.
Patachou, qui a mis avec succès plusieurs chansons de son poulain à son répertoire, enregistre neuf titres le, au studio Chopin-Pleyel, pour l’albumPatachou... chante Brassens. Pour ce disque, il lui a donné une chanson en exclusivité :Le Bricoleur (Boîte à outils) et interprète en duo avec elle la chansonMaman, Papa.
Séduit par les chansons qui passent à la radio, l’écrivainRené Fallet va l’écouter un soir aux Trois Baudets. Il en sort ravi et son enthousiasme le pousse à publier un article dithyrambique dansLe Canard enchaîné du : « Allez, Georges Brassens ! »
« La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et… à la chasse aux papillons. »
Touché, Brassens lui écrit pour le remercier et lui demander de venir le voir aux « Trois Baudets ». Leur rencontre sera le début d’une amitié qui durera le restant de leur vie.
En 1954, c'est au tour de l’Olympia (du au et du au). Pour cette grande scène, il fait appel àPierre Nicolas pour l’accompagner à lacontrebasse, marquant ainsi le début d’une collaboration qui durera presque trente ans. Le bassiste sera désormais de toutes les scènes et de tous les enregistrements. Bobino (du au) achève cette année qui a vu la publication, en octobre, deLa Mauvaise Réputation, recueil où sont réunis des textes en prose et en vers, dont une pièce de théâtre :Les Amoureux qui écrivent sur l’eau.
Avec le succès, l’argent commence à entrer et il faut faire face à la gestion du métier. En 1954,Pierre Onténiente, le copain de Basdorf, a accepté de l’aider sans contrepartie pour s’occuper de ses affaires. Avant de franchir le pas et de s'engager plus avant, il fait son apprentissage auprès deRay Ventura, l'éditeur de Georges.
En 1955, Brassens fait l’acquisition de la maison des Planche et de celle qui lui est mitoyenne pour l’agrandir. L’eau et l’électricité installées, il la leur offre. La vie continue comme avant. Cette même année, il rencontrePaul Fort, poète qu’il admire et qu’il a chanté à ses débuts (Le Petit Cheval[note 13], sur son deuxième78 tours). Avant sa tournée enAfrique du Nord et son passage à l’Ancienne Belgique, àBruxelles, il compose des musiques sur deux autres de ses poèmes :Comme hier etLa Marine[note 14] en vue de son nouveau passage à l’Olympia (du 6 au). La nouvelle station de radio,Europeno 1, qui vient d’apparaître sur les ondes, est un événement important dans sa carrière. C’est la seule qui diffuse ses chansons interdites sur les radios d’État. En 1956, Brassens sera animateur sur Europeno 1[note 15].
Prêt à se consacrer à son ami, Pierre Onténiente quitte son emploi en. Son baptême du feu : le prochain passage à Bobino de l’artiste ( –). Entre-temps, à la demande deRené Fallet, Brassens a accepté, par amitié, de faire l’acteur aux côtés dePierre Brasseur etDany Carrel. Le romanLa Grande Ceinture, de son ami Fallet, est adapté à l’écran parRené Clair. Le film s’intituleraPorte des Lilas. Dans cette affaire, Onténiente gagnera son sobriquet de « Gibraltar ». Le trouvant aussi résistant qu’un roc quand il défend les intérêts de son « protégé », le réalisateur le compare aurocher de Gibraltar. Friand de surnoms, Brassens l’adopte pour dénommer son ami et, désormais, secrétaire-imprésario. Trois chansons arrivent à point pour illustrer le film :Au bois de mon cœur,L'Amandier etLe Vin[note 16].
En 1957, Brassens et Gibraltar créent les éditions 57.
Jacques Charpentreau écrit le premier ouvrage sur le chanteur :Georges Brassens et la poésie quotidienne de la chanson[note 17].
En 1961, il sort un disque en hommage àPaul Fort, mort l’année précédente, disque où sont réunis sept poèmes qu’il a mis en musique ou qu'il déclame simplement[note 18].
Georges Brassens sur scène en 1964.
En, il fête àBobino ses dix ans de carrière. Le 15 mai, il monte un spectacle en hommage à Paul Fort, authéâtre Hébertot. Le 5 décembre, jour de la première à l’Olympia avecNana Mouskouri, il souffre d’une crise decoliques néphrétiques. Sur l’insistance deBruno Coquatrix, il honore les dates prévues à partir du lendemain jusqu’au 24 décembre. Chaque soir, une ambulance l’attend. À la suite de cette douloureuse expérience, il ne retournera plus à l’Olympia[note 19]. Le 31 décembre, il apprend la mort de sa mère. Le jour même, il se rend àSète puis regagneMarseille pour se produire à l’Alcazar. « Pour la première fois, ce soir, elle me voit chanter », dit-il[36].
En, il est cosignataire d'une lettre du Comité de secours auxobjecteurs de conscience réclamant au président de la République et au Premier ministre un statut pour que les objecteurs puissent effectuer un service civil et non militaire[37].
Georges Brassens (à droite) sur la scène du théâtre du Capitole en 1963.
Leprix Vincent-Scotto, décerné par laSACEM, gratifieLes Trompettes de la renommée de meilleure chanson de l'année 1963. En octobre, le numéro 99 de la très sélective collectionPoètes d’aujourd’hui, qui paraît chez les libraires, est consacré à Georges Brassens. Quand l’éditeurPierre Seghers lui avait fait part de ce projet, Brassens avait accepté à condition que son ancien professeur de français, Alphonse Bonnafé, fût l’auteur du texte[38]. Brassens est ainsi le deuxième auteur de chansons (aprèsLéo Ferré), à figurer dans cette collection. Dans son journal,René Fallet écrit :
Georges Brassens sur scène en 1964.
« C’est le triomphe enfin avoué et officiel de ceux qui, voilà dix ans, criaient au poète pour les sourds[39]. »
Souffrant de calculs rénaux depuis plusieurs mois déjà, les crises de coliques néphrétiques deviennent plus aiguës. Il subit une opération des reins à la mi-janvier. Après une longue convalescence, il est à nouveau sur les planches de Bobino en.
Le film d’Yves Robert,Les Copains, sort en 1965. Pour le générique, Brassens a composé une chanson :Les Copains d’abord[note 20]. Le succès qu’elle rencontre est tel qu’il rejaillit sur les ventes de sonpremier album 33 tours 30 cm et sur son triomphe à Bobino (du au) avec, en alternance,Barbara[note 21],Serge Lama,Michèle Arnaud,Brigitte Fontaine ouBoby Lapointe. L'une de ses nouvelles chansons,Les Deux Oncles, où il renvoie dos à dos les belligérants des deux camps de la Seconde Guerre mondiale pour exprimer l’horreur que lui inspire la guerre, jette le trouble et lui vaut des inimitiés chez certains de ses admirateurs[40].
Jean-Louis Brassens, lui non plus, n’aura jamais vu son fils sur scène ; il meurt le et Marcel Planche, quant à lui, le 7 mai suivant.
Lors de l'émission radiophoniqueMusicorama, diffusée en direct du théâtre de l'ABC le, Georges Brassens réalise un rêve : chanter avecCharles Trenet[note 22]. Ils renouvelleront cette expérience pour l'émission téléviséeLa La La en mars 1966. L’estime qu’ils se portent est réciproque, mais Trenet garde ses distances. « C’est le grand regret de Georges. S’il y en avait un qu’il aurait vraiment aimé fréquenter, c’est bien Trenet. Or, il s’est trouvé que Trenet […] n’a rien fait pour aller vers Georges »[41].
Pour rompre sa solitude, Jeanne se remarie à 75 ans, le, avec un jeune homme de 37 ans. Contrarié par ce mariage, Brassens quitte l'impasse Florimont pour emménager dans un duplex près de laplace Denfert-Rochereau[note 23].Jacques Brel, qu’il a connu aux « Trois Baudets » en 1953, est son voisin ; il s’apprête à faire ses adieux sur la scène de l’Olympia. Par amitié, Brassens écrit le texte du programme de cet événement.
Du au, Georges Brassens se produit sur les planches duThéâtre national populaire (TNP) avecJuliette Gréco qui en assure la première partie[note 24]. Chaque soir, il présente saSupplique pour être enterré à la plage de Sète et fait part de sonBulletin de santé — en réponse aux rumeurs distillées par une certaine presse — et pour faire bonne mesure, il (ré)affirme sa singularité et exprime le peu de bien qu'il pense dumilitantisme et des groupuscules de toutes sortes avec la chansonLe Pluriel, dans laquelle, quelles que soient les circonstances, il proclame :« Bande à part, sacrebleu, c'est ma règle et j'y tiens ! »
Habitué à souffrir de ses calculs rénaux, il a laissé passer le temps. Au mois de mai 1967, une nouvelle crise l’oblige à interrompre une tournée pour subir une deuxième opération des reins. Le, parrainé parMarcel Pagnol etJoseph Kessel, l'Académie française lui décerne le Grand Prix de poésie pour l’ensemble de son œuvre. Brassens en est honoré, mais pense ne pas le mériter.
« Je ne pense pas être un poète… Un poète, ça vole quand même un peu plus haut que moi… Je ne suis pas poète. J’aurais aimé l’être commeVerlaine ouTristan Corbière[42]. »
René Fallet sort à son tour un livre sur son ami, auxéditions Denoël.
AprèsMai 68, quand on lui demande ce qu’il faisait pendant les événements, il répond malicieusement : « Des calculs ! »[43]
Le 24 octobre, avec son ami Fallet, il est au chevet de Jeanne, qui meurt faute d’avoir pu surmonter le choc de son opération de lavésicule biliaire. Elle avait 77 ans.
Le, à l'initiative du magazineRock & Folk et deRTL, Georges Brassens,Léo Ferré etJacques Brel sont invités à débattre autour d'une table. Ce moment est immortalisé par lephotographe Jean-Pierre Leloir et par une vidéo.
Au début desannées 1970, Georges Brassens engage son amiJean Bertola[44] comme secrétaire artistique et organisateur de ses tournées[45]. Le pianiste lyonnais apportera à Georges une aide dans toutes les formes, amicales, musicales, artistiques, ou de présentations des tours de chant.
Conséquence de vacances passées àPaimpol chez le neveu de Jeanne depuis lesannées 1950, Georges Brassens apprécie laBretagne. Michel Le Bonniec lui a trouvé une maison sur les rives duTrieux, àLézardrieux[46] : « Ker Flandry ». Le moulin de Crespières est mis en vente au début de 1970. À la demande de Brassens, « Gibraltar » et son épouse viennent habiter la maison de l’impasse Florimont[47].
Gravure sur granit du portrait de Georges Brassens, octobre 1977.
Brassens a cinquante ans et vingt ans de carrière. Un autre tour de chant l’attend à Bobino avecPhilippe Chatel,Maxime Le Forestier,Pierre Louki, ou encoreMarie-Thérèse Orain[48] en alternance ( au). Avec la chansonMourir pour des idées, il répond aux réactions mitigées envers sa chansonLes Deux Oncles. Le, il participe à une soirée spéciale contre la peine de mort auPalais des sports de Paris. À partir du, il entame ses dernières tournées françaises. Il passe au théâtre municipal de Sète, le. Cette année-là, il fait son entrée dansLe Petit Larousse.
En 1973, Brassens joue dans un film deJean-Marie Périer :Pourquoi t'as les cheveux blancs…, sur un scénario deRené Fallet. Ce film a été diffusé sur la troisième chaîne de l'ORTF le[49].
Le, il s’installe à Bobino pour cinq mois. Il reprend certains de ses compagnons en première partie de spectacle, dontMarie-Thérèse Orain etPierre Louki, et présente les nouvelles chansons de sondernier album, dont celle qui lui donne son nom :Trompe-la-mort. Il y est accompagné par le guitaristeJoël Favreau.
« C’est pas demain la veille, bon Dieu, de mes adieux. »
Le, jour de la dernière, personne ne se doute qu’il ne foulera plus jamais les planches de son music-hall de prédilection.
D'inquiétantes douleurs abdominales, de plus en plus vives, l’amènent à se faire examiner. Un cancer de l’intestin est diagnostiqué et se généralise. Il est opéré àMontpellier, dans la clinique du docteur Bousquet, en novembre 1980. L'année suivante, une nouvelle opération à l’hôpital américain de Paris lui accorde une rémission qui lui permet de passer l'été dans la propriété des Bousquet, àSaint-Gély-du-Fesc, au nord deMontpellier, avant de revenir àParis puis de séjourner àLézardrieux.
Ultime satisfaction, lapeine de mort — contre laquelle il a participé à des manifestations[note 28], signé des pétitions et au sujet de laquelle il a écrit des chansons (Le Gorille, 1952 ;La Messe au pendu, 1976) —est abolie en France le.
Revenu dans la famille de son chirurgien àSaint-Gély-du-Fesc, Georges Brassens fête son soixantième anniversaire le 22 octobre. Il meurt en toute fin de soirée du, à23 h 15. Il est inhumé le matin du 31 dans son caveau familial ducimetière Le Py, proche de la plage de la Corniche deSète de sa chansonSupplique pour être enterré à la plage de Sète de 1966. Sa pierre tombale porte unecroix (cette croix déjà dans sa chanson faisant une ombre sur la baigneuse à la plage de Sète) au cimetière Le Py[note 29].
Le choc de sa mort, dont les médias se font largement l'écho[50], est immense dans toute la France et la francophonie.
Joha Heiman meurt le et est enterrée auprès de lui.
Lui qui avait comme modèle de réussitePaul Misraki, parce qu'il était chanté partout sans être connu du grand public, ne se doutait pas qu'un jour il accéderait à la renommée internationale.
Chaque année, de 50 000 à 80 000 personnes visitent sa tombe[51].
Tout au long de sa carrière, Brassens aura repris, mis en musique et interprété ou simplement déclamé les textes de plusieurs poètes, non sans les avoir le plus souvent abrégés. Parmi eux :
Le Petit Cheval (La Complainte du petit cheval blanc, du recueilMortcerf, 1909) ;
Si le bon Dieu l'avait voulu (du recueilL’Alouette, 1917) ;
La Marine (version réduite deL’Amour marin, 1900) ;
Comme hier (du recueilL’Alouette, 1917) ;
Germaine Tourangelle (version réduite du poèmeLe Jet d'eau (Rêverie sur un banc du Luxembourg), du recueilBol d'air, 1946, déclamé sans musique) ;
À Mireille dite « Petit Verglas » (déclamé sans musique) ;
L'Enterrement de Verlaine (version réduite deConvoi de Paul Verlaine après un tourbillon de neige, du recueilBallades françaises et chroniques de France, 1896, dans une version simplement déclamée, puis dans une version chantée sur la musique originellement prévue pour ce poème, mais qui avait été utilisée finalement pourLa Marche nuptiale) ;
Hégésippe Moreau :Sur la mort d'une cousine de sept ans (mis en musique par Brassens – qui en fit lui-même un enregistrement jamais publié –, on peut en entendre les versions chantées par les Compagnons de la chanson, par Valérie Ambroise ou par Eric Zimmermann) ;
Carcassonne (sur la musique de la chansonLe Nombril des femmes d'agent, dont les paroles, bien que sur un autre sujet, empruntent le thème du poème de Nadaud) ;
Les Regrets de la belle heaulmière[52] (simplement déclamé) ;
Épitaphe etrondeau (improvisation sans accompagnement sur l'air du menuet deMarquise) ;
Un extrait duPetit Testament (séance de travail sur la prononciation et l'articulation avec essai de plusieurs motifs mélodiques parmi lesquels des réminiscences d'Il suffit de passer le pont et deLa Ballade des dames du temps jadis).
1979 : Prix de l’Académie du disque français — association sous la haute autorité duprésident de la République —, remis en décembre par le maire de Paris,Jacques Chirac, àMoustache et à Georges Brassens pour l’albumGeorges Brassens joue avec Moustache et Les Petits Français.
« Trophée Numéro 1 » remis par la station de radio,Europe 1 pour l’albumGeorges Brassens joue avec Moustache et Les Petits Français.
Georges Moustaki, membre de la « bande à Georges », a composé en 1974Les Amis de Georges en son honneur. Prénommé Giuseppe à sa naissance, Moustaki aurait opté pour le prénom de Georges par admiration pour Brassens[55],[56].
En 1991 ouvre à Sète l'Espace Georges-Brassens[58]. Malgré l'ouverture de ce lieu de mémoire, les amateurs continuent de se rendre sur sa tombe pour le commémorer[59].
En 2021, pour célébrer les anniversaires de sa naissance et de sa mort,La Poste édite un timbre spécial. D’une valeur de 1,08 euro (lettre verte), il a été mis en image par Valérie Besser à partir d’une photo de Jean-Pierre Leloir.
Bruno Blum chante une version ska deLa Mauvaise Réputation sur son albumThink différent paru en 2001. Une partie du morceau comprend la mélodie deHava Nagila[64].
Le groupe françaisDionysos reprend en 2006La Cane de Jeanne, qui paraîtra dans leur compilationDionysos Eats Music !!! sortie en 2009.
The Brassens, groupe sétois fondé en 2006 et devenu en 2007La Pompe moderne, reprend les chansons d'artistes plus récents en parodiant les intonations et l'accompagnement de Brassens ;
Brassen's not Dead, groupe toulousain fondé en 2006, se consacre à interpréter le répertoire de Brassens dans le style punk-rock ;
Demi Portion lui rend hommage avec une reprise duMécréant[65] (ayant grandi à Sète, il revendique explicitement l'influence de Georges Brassens dans toute son œuvre[réf. nécessaire]), 2012 ;
Le groupePomplamoose réinterprète la chansonJe me suis fait tout petit renommé enAn old French tune (by Georges Brassens) enfeaturing avec John Schroeder en 2019, et la chansonLes Copains d'abord enfeaturing avec Ross Garren en juillet 2020.
Paco Ibáñez enregitre en 1979 dix chansons de Brassens traduites par Pierre Pascal dans son albumPaco Ibáñez canta Brassens (aussi intituléPaco Ibáñez canta a Brassens), sorti en France sous le titrePaco Ibañez chante Brassens en castillan.
Javier Krahe(es) a traduit en 1981L'Orage(La Tormenta) et l'interprète sur l'albumLa Mandrágora. Sur un autre de ses albums,Elígeme, en 1988, il interprèteMarinette[66], (Marieta). Il revendique l'influence de l’œuvre[67] de Brassens.
Graeme Allwright, accompagné parPierre Nicolas,Joël Favreau, Gérard Niobey etRichard Galliano entre autres, interprète douze chansons traduites par Andrew Kelly, sur l'albumGraeme Allwright sings Brassens, enregistré en 1984 et sorti en 1985 :Buddies First of All (Les Copains d’abord),The Daisy (La Marguerite),A Sinner Repents (Le Mauvais Sujet repenti),The Passers By (Les Passantes),Nine And A Half Times (Quatre-vingt-quinze pour cent),The School Mistress (La Maîtresse d’école),Saturn (Saturne),My Lovely Flower She's Hard As Iron (Une jolie fleur),Friends Like Evergreens (Au bois de mon cœur),The Thunderstorm (L’Orage),To Anne, September Fifteenth (Le 22 septembre),Die For What You Believe In (Mourir pour des idées).
Le chanteur et musicien franco-américainPierre de Gaillande(en) a consacré deux albums aux textes de Brassens, traduits par lui :Bad reputation (Barbès Records BR0027), paru en 2011, contient treize titres :The Princess and the troubadour (La Princesse et le Croque-note),To Die for your ideas (Mourir pour des idées),Penelope (Pénélope),Don Juan,Song for the countryman (Chanson pour l'Auvergnat),Ninety-five percent (Quatre-vingt-quinze pour cent),I made myself small (Je m'suis fait tout petit),Philistines (Philistins),Trumpets of fortune and fame (Les Trompettes de la renommée),Public benches (Les Amoureux des bancs publics),Absolutely nothing (Rien à jeter),The pornographer (Le Pornographe),Bad reputation (La Mauvaise Réputation). La chanteuseKeren Ann participe aux chœurs. Sorti en 2014,Bad reputation 2 (Vermillon Records V0009) comprend onze chansons:Dear Old Leon (Mon vieux Léon),Lament of the ladies of leisure (La Complainte des filles de joie),Give them all kiss (Embrasse-les tous),In the clear water of the fountain (Dans l'eau de la claire fontaine),The Wind (Le Vent),With all due respect (Sauf le respect que je vous dois),Wine (Le Vin),The Old Man (Pauvre Martin),The Storm (Tempête dans un bénitier),The War of 14-18 (La Guerre de 14-18),The Codicil (Supplique pour être enterré à la plage de Sète). Pierre de Gaillande a invitéJoël Favreau sur cet album.
Enallemand,Franz Josef Degenhardt (appelé en 1968 le Brassens allemand) traduit et chante quelques titres sur les albums intitulésVorsicht Gorilla, 1985, etJunge Paare auf Bänken, 1986.
Enpolonais, le groupeZespół Reprezentacyjny enregistre trois albums avec des reprises :Śmierć za idee – ballady Georgesa Brassensa, 1986,Pornograf, 1993 etKumple to grunt, 2007.
Encatalan, Miquel Pujadó :Fum de pipa i pèl de gat CDNúvols i clarianes, Columna Música, 1997.
Encréole martiniquais, Sam Alpha consacre trois albums de 14 titres adaptés de l’œuvre de Georges Brassens (de 1997 à 2000).
Entchèque, le chansonnierJiří Dědeček(en)[68] consacre deux albums à des chansons adaptées de Georges Brassens et a publié en 1988 un livre traduisant en tchèque des textes de Brassens.
Enitalien,Fabrizio De Andrè a traduit et chanté plusieurs des chansons de celui qu'il appelait "Il Maestro Brassens".
Enespéranto,Jacques Yvart a adapté et chanté plusieurs chansons de Georges Brassens, réunies dans deux albums (Jacques Yvart kantas Georges Brassens puisBrassens Plu).
Enbasque, Anje Duhalde a traduit et interprété quatorze chansons de Georges Brassens réunies sur l'albumGeorges Brassens Kantari.
Un p'tit coin d'paradis ?, première création en, mise en scène de Roland Marcuola, avec Roland Marcuola et Ghislain Liebaert (Compagnie Les Uns Les Unes).
la rue Georges-Brassens àSète, rue de la maison familiale, actuellement au numéro 20. Appelée rue de l'Hospice à l'époque de sa naissance, puis rue Henri-Barbusse, Brassens la cite dans sa chansonJeanne Martin ;
la rue Georges-Brassens àCrespières, localité où, de 1958 à 1970, il posséda la maison du moulin de la Bonde (dont le cambriolage est à l’origine de sa chansonStances à un cambrioleur)[59] ;
la rue Georges-Brassens àLézardrieux, dans laquelle se situe Ker Flandry, la maison bretonne qu'il avait acquise au début des années 1970 ;
la rue Georges-Brassens àPaimpol, à l'angle de laquelle se trouve le bar (rebaptisé après sa mort « Les Copains d'abord ») où il aimait venir lors de ses séjours en Bretagne.
il existe également une place Georges-Brassens (Georges-Brassens-Platz) àBasdorf enAllemagne, et la bibliothèque municipale de cette ville porte également son nom.
Outre ceux-ci, un grand nombre de voies et espaces publics, salles de spectacle, parcs et jardins, portent le nom de Georges Brassens. Quelques exemples :
la promenade Georges-Brassens àRennes, une coulée verte le long de la voie ferrée et où a lieu tous les deux ans un festival de musique en son honneur ;
Créées en 1987 par René Froment, lesJournées Georges-Brassens sont le plus ancien événement consacré à Brassens. Relancées en 2005 par Guy Coudert, elles ont lieu chaque année le second week-end d'octobre dans le parc Georges-Brassens (Paris15e) et sont organisées par l'« Association culturelle et événementielle du15e arrondissement de Paris » (ACE15)[note 31]. Elles proposent sur deux jours : dictée Georges-Brassens, chorales, tremplin de la chanson, concerts...
Le Prix littéraire Georges Brassens, créé en 2002 par rené Froment, est animé depuis sa création par le libraire Philippe Touron.
Le prix "Mémoire" Brassens, créé par Guy Coudert (fondateur de l'association ACE15)
Ces journées reçoivent gratuitement entre 4 000 et 6 500 spectateurs chaque année.
Depuis 1995, les premiers week-ends d'août, organisé par les bénévoles de l'associationVivre à Chirens, leFestival Brassens deCharavines est l'un des plus anciens de France. Il propose quatre soirées musicales dont trois grands spectacles cabaret 100 % Georges Brassens. Dans une grande salle décorée en cabaret, une trentaine d'artistes réalisent des interprétations très variées. Les festivaliers ont librement accès aux expositions et aux après-midi musicaux en plein air.
Depuis 1997, pendant la dernière semaine d'avril, leFestival Georges Brassens[note 32] deVaison-la-Romaine est organisé par l'associationLes Amis de Georges Brassens. Son initiateur, Georges Boulard, passionné de Brassens, a réuni les proches du chanteur pour créer un festival-témoignage avec conférences, expositions, concerts d'artistes multiples, connus ou non. Le festival s'est développé avec le temps et les répertoires se sont diversifiés, mais on est certain d'y entendre chaque année plusieurs concerts consacrés à Brassens.
Depuis 2004, à la mi-septembre, organisé parLes Amis des Amis de Georges, quatre jours d'un festival essentiellement consacré à Brassens. Initié par la visite anniversaire de 2004, au cours de laquelle Georges Boulard a emmené René Iskin et les copains survivants du STO chanter Brassens sur les lieux où ont été écrits certains des premiers succès.
Depuis 2004, le festivalBallade avec Brassens a lieu en septembre, en alternance entreRennes etSaint-Brieuc. En 2018, le à Rennes, sur la promenade Georges-Brassens, soixante-dix groupes (deux cents personnes environ) ont repris à nouveau plus ou moins fidèlement les chansons du Sétois. Chaque édition voit se rassembler environ 7 000 personnes (entrée gratuite).
Depuis 2005, leFestival des fils de Georges a lieu àSoucieu-en-Jarrest le dernier week-end de mai. Sur trois jours se produisent des artistes chantant Brassens et ceux qui se réclament « fils de Georges ». Des guinguettes sont mises en place dans lesquelles les chansons du Sétois sont interprétées de différentes façons ; ce festival de chansons se réclame du développement durable et se trouve ainsi en harmonie avec le respect de la nature dans une grande fraternité[73].
Cet événement s'est tenu de 2006 à 2014, la dernière semaine complète du mois d'octobre, à la salle Rossini, dans lamairie du9e arrondissement de Paris, 6, rue Drouot. Toutes les chansons (y compris posthumes et inédites) de Brassens sont interprétées par différents artistes, dans un ordre proche de l'ordre chronologique, en neuf soirs de spectacle — avec toujours un hommage à un autre auteur. L'événement fut orchestré en 2006 et 2007 par Dimitris Bogdis et Marie Volta, puis par cette dernière de 2008 à mi 2013, avec le soutien de l'association Le Grand Pan - Intégrale Brassens, née autour du festival. Celui-ci a vu le jour à l'initiative de Dimitris Bogdis (traducteur et interprète de Brassens en grec) et Marie Volta (autrice, compositrice, et interprète de Brassens)[74].
Depuis 2008, àPirey, dans leDoubs, sont organisées lesBrassensiades, à l'initiative de l'associationL'Amandier, dont l'objectif est de maintenir vivante l'œuvre de Georges Brassens et de lui donner une place importante dans le patrimoine culturel collectif. Ce festival, qui se déroule à la fin mars, accueille durant trois soirées des artistes qui interprètent, adaptent, les chansons de Brassens. Sont aussi organisées des conférences, des expositions et des animations.
↑Parmi les biographies de ses copains d'enfance, on peut citer celles d'Émile Miramont dit Corne d’aurochs,Brassens avant Brassens – De Sète à l’impasse Florimont ou de Victor Laville et Christian Mars,Brassens, Le Mauvais sujet repenti.
↑Différentes sources ne s'entendent pas sur la durée de la peine imposée à Georges Brassens. Si l'ami d'enfance de celui-ci, Victor Laville, affirme que tous les malfaiteurs écopèrent de peines allant de quinze jours à deux ans avec sursis, ce dernier affirme ne pas se souvenir des peines exactes ordonnées à chacun (Laville, V. et Mars, C. (2006).Brassens : le mauvais sujet repenti. Paris, France : L'Archipel). De son côté, Jean-Paul Sermonte déclare que Brassens fut condamné à quinze jours avec sursis (Sermonte, J.-P. (2001).Brassens : au bois de son cœur. Paris, France : Éditions Didier Carpentier.), alors que Jacques Vassal, s'appuyant sur le témoignage de Pierre Onténiente, ami et secrétaire personnel de Brassens, fixe la peine à un an avec sursis (Jacques Vassal,Brassens : le regard de "Gibraltar", éd. Fayard, 2006.). Éric Kristy, scénariste du téléfilmLa Mauvaise Réputation réalisé en 2011 pour France 2 et qui raconte la vie de Georges Brassens de son adolescence à ses débuts sur scène, quant à lui, établit la peine à six mois dans une entrevue accordée auPoint (« Georges Brassens et sa "mauvaise réputation" »).
↑Du 6 au 21 mars 1944. Dates mentionnées sur sa fiche de contrôle de permissionnaire, visée à ParisIXe, datée du.
↑Brassens a connu Émile Miramont à 9 ans, à l'école communale de Sète. Brassens l'a surnommé Corne de roc puis Corne d'aurochs, pour mieux l’accorder avec le parti préhistorique. Il utilisera ce sobriquet pour le titre de la chanson vengeresse composée au sujet de son abandon.
↑Il s'agit de l'orchestre de Léo Clarens, qui les accompagne dans un disque Philips où ils chantent en duoMaman Papa etLa Légende de la nonne (voir l'album posthumeLes débuts de Brassens, en privé 1952-1955).
↑Il s’agit du sixième 78 tours (pas plus de trois minutes, donc un seul titre, par face) de Georges Brassens. Sous le titreLe Parapluie, la première édition mentionne : « du filmRue de l’Estrapade ». La deuxième édition ajoute : « Grand prix du disque 1954 Académie Charles-Cros ». La chansonLe Fossoyeur est gravée sur la face B (Polydor – 560.436).
↑En 2011, un jeune homme de 27 ans est condamné à Cherbourg à 200 euros d'amende et 40 heures de travaux d'intérêt général pour outrage à agents après avoir chantéHécatombe à sa fenêtre. Sources :« "Brassens : les cas tombent" », surlesmotsontunsens.com
↑Titre original :Complainte du petit cheval blanc.
↑Contre toute attente, la chansonLes Lilas, composée lors de cette aventure cinématographique, n’est pas chantée dans le film. Par ailleurs, on entend, en valse musette, une musique qui sera utilisée en 1960 pourEmbrasse-les tous (relevé dans l’article de Philippe Lucas paru dans le numéro spécial de la revueLes Amis de Georges consacré au filmPorte des Lilas).
↑Voir Bibliographie/Les trois premiers ouvrages consacrés à Georges Brassens.
↑Hommage à Paul Fort, 45 tours, Philips (MEDIUM 432.556 BE). Un 33 tours, sera édité en1972, pour le centième anniversaire de sa naissance (voir discographie/Autres enregistrements).
↑sauf le, pour une soirée au profit deSerge Lama, victime d’un accident de la route.
↑45 tours de la bande originale du filmLes Copains, orchestre dirigé parAndré Girard, Philips (437.004 BE), novembre 1964.
↑Le, la chanteuse avait reçu le Grand Prix du disque de l'Académie Charles-Cros pour l'album,Barbara chante Brassens.
↑Ils s’étaient déjà rencontrés une première fois en 1960 ; Brassens était venu le voir authéâtre de l'Étoile à Paris.
↑Immeuble « Le Méridien », 7-9, rue Émile-Dubois,XIVe.
↑Enregistré, ce spectacle sera édité trente ans plus tard (voir Discographie/Enregistrements publics).
↑La chanson a été éditée sur un 45 tours deux titres chez Philips (6009 007)1968.
↑Un disque est enregistré et commercialisé sur les territoires anglais et français. Ce sera le seul enregistrement public édité du vivant du chanteur (voir Discographie/Enregistrements publics).
↑Les Sétois le désignent comme « le cimetière des pauvres ». Il est surnommé « le ramassis ». À défaut de dominer la merMéditerranée, il donne sur l'étang de Thau.
↑Lorsqu'il a francisé son nom, Moustaki a choisi le prénom de Georges par admiration pour Brassens.
↑ab etcLena Lutaud, « Brassens : ses dernières volontés dans un imbroglio »,Le Figaro, supplément Le Figaro et vous, 22-23 octobre 2022,p. 35(lire en ligne).