Pour les articles homonymes, voirAlbertini.

Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes »().
| Naissance | |
|---|---|
| Décès | |
| Nom de naissance | |
| Pseudonyme | |
| Nationalité | |
| Activité |
| Partis politiques | |
|---|---|
| Archives conservées par | La Contemporaine (F delta res 0802)[1] |
Georges Albertini, né le àChalon-sur-Saône (département deSaône-et-Loire)[2], mort le 30 mars 1983 àParis (14e arrondissement)[3], est unjournaliste,homme politiquesocialiste,collaborationniste et militantanticommuniste français.
D'abord engagé à laSection française de l'Internationale ouvrière (SFIO) et à laConfédération générale du travail (CGT), il s'engage activement dans laCollaboration durant laSeconde Guerre mondiale en devenant un des animateurs duRassemblement national populaire (RNP) fondé parMarcel Déat dont il devient le second à la tête du parti et le chef de cabinet après la nomination en 1944 de celui-ci au poste de ministre du Travail et de la Solidarité nationale. Après la guerre, il est jugé et condamné à cinq ans de travaux forcés. Libéré en 1948, il devient un militantanticommuniste de premier plan en fondant notamment leBEIPI (bulletin d'études et d'informations politiques internationales), renomméEst & Ouest en 1956, avec d'anciens membres du RNP commeClaude Harmel etRoland Silly et d'anciens communistes commeBoris Souvarine. Il devient aussi uneéminence grise de plusieurs hommes politiques importants dontGeorges Pompidou ouJacques Chirac.
Son père, Ours François Albertini, comptable, est originaire deCalacuccia enCorse[4]. Sa mère, Jeanne Gange, est la fille d'uncheminot.
Georges intègre l’École normale supérieure de Saint-Cloud et devient professeur d'histoire et géographie et militant de laSFIO en 1932. Durant les années 1930, il collabore à la revueNouveaux Cahiers dès1937, où l'on tente de remédier à la crise par un rapprochement dupatronat et dessyndicats ouvriers en augmentant le rôle de l'élite technicienne et en mettant sur pied unepolitique pour favoriser les rapportséconomiques franco-allemands.
Il est membre desJeunesses socialistes, de la Fédération de l'enseignement et de laCGT. De 1934 à 1939, il participe auComité de vigilance des intellectuels antifascistes.
Pacifiste etmunichois, il s'oppose à ce sujet au futur chef résistantPierre Brossolette. Il s'oppose également à la guerre en 1939.
Mobilisé, décoré, ce socialiste pacifiste et anticommuniste salue l'armistice et se rallie à la collaboration franco-allemande[5]. Il publie après la défaite des articles historiques dans le quotidien parisienL'Œuvre[6] deMarcel Déat et devient le fondateur et le responsable départemental duRassemblement national populaire (RNP) de l'Aube[7],[8],[9] tout en étant professeur à l'école normale d'instituteurs deTroyes[10],[11]. Il est également membre du comité directeur du Centre syndicaliste de propagande, issu de l'hebdomadaire de la gauche syndicaliste et collaborationnisteL'Atelier[12], et membre du comité de direction de ce périodique[13], proche du RNP. Il y commente jusqu'en 1944 des ouvrages de partisans de la Collaboration[14] mais aussi des livres d'histoire[15], et y publie des éditoriaux géopolitiques[16],[17].
Il devient à la fin de l'année 1941[18] le second de Déat en exerçant la fonction de secrétaire administratif puis de secrétaire général et organisateur du RNP, acquis à laCollaboration avec l'Allemagne nazie[19]. Il fait des tournées en province, participe à des meetings, donne des conférences et apparaît bientôt de facto comme le véritable patron du parti[20]. Il salue les nationaux-socialistes allemands en qui il voit des « frères en socialisme » et rêve de construire un « socialisme national » français. Il s'illustre notamment par son zèle desergent recruteur contre laRésistance, par unanticommunisme et unantisémitisme certains, comme le confirme le titre d’un de ses éditoriaux àNational populaire en juin1942 : « Le communisme, entreprise juive »[21]. Il est cependant partisan d'un antisémitisme nuancé[22], comme le montre sa polémique avecMaurice-Ivan Sicard, duPPF, en 1942[23]. Il est également recruteur pour laLégion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF)[24]. Il collabore aussi à l'agence de presse Inter-France[25].
Lorsque Déat est nommé ministre du Travail en mars 1944, Albertini devient son directeur de cabinet[26].Il est arrêté à laLibération. À son procès en décembre 1944, il déclare qu'il n'a fait que suivre la voie tracée parPhilippe Pétain et qu'il n'a commis qu'une erreur de jugement, certes « infiniment lourde », en croyant que l'Allemagne gagnerait la guerre. Il cache son admiration pour le national-socialisme et ment en affirmant qu'il était hostile à un engagement militaire de la France aux côtés de l'Allemagne et en assurant qu'il n'a pas fréquenté d'Allemands. Bien que reconnu coupable d'intelligence avec l'ennemi, il sauve sa tête, à la différence de collaborateurs moins éminents que lui commePaul Chack, au bénéfice des circonstances atténuantes et grâce à des témoins à décharge et à une instruction et une accusation peu incisives. Il n'est condamné qu'à cinq ans de travaux forcés par laCour de justice de laSeine[27],[28].
Il passe en prison trois ans et demi des cinq années de sa condamnation. En, une grâce présidentielle deVincent Auriol, membre de la SFIO, lui permet de sortir de prison. Il a, selonPatrick Pesnot, bénéficié d'une « clémence assez incompréhensible », peut-être due au fait que son fils de 16 mois est mort lors de sa détention à la suite de maltraitances subies à l'assistance publique et que sa femme a été torturée lors de sa détention[29].
Le réseau d'amitiés et d'intérêts noué avant, pendant et après la guerre par Georges Albertini lui permet non seulement de survivre, mais d'exercer longtemps son influence. Il entre à labanque Worms comme « conseiller » à la direction générale, grâce à l'amitié d'Hippolyte Worms, avec lequel il a partagé un temps sa cellule à laprison de Fresnes[30].
Parallèlement, afin d'organiser le nouveau syndicatForce ouvrière, Albertini s'entoure d'anciens collaborateurs duRNP[31] et monte à partir de 1948 une entreprise de « documentation politique » axée sur la lutte contre lecommunisme, dans le contexte de laguerre froide. Avec l'appui d'Émile Roche et le soutien financier duGroupement des industries métallurgiques - grâce notamment à Étienne Villey, son responsable -, puis des services américains[30],[32],[33], il fonde en 1949 l'Association d'études et d'informations politiques internationales. Elle publie notamment une revue bimensuelle consacrée à l'analyse du communisme dans le monde entier, leBEIPI (Bulletin d'études et d'informations politiques internationales)[34], qui devient en 1956Est § Ouest[35]. Albertini note en 1981 : cette revue
« a été créée (...) pour faire mieux connaitre les réalités nationales et internationales du communisme. De cette route, la revue n'a jamais dévié. La règle était simple et l'est encore. Combattre le communisme intérieur et extérieur sans concession, et avec la meilleure documentation et interprétation de ses actes qu'il soit possible de proposer. Mais la règle a été, et elle demeure, de dénoncer, sans complaisance, ceux qui, pour une raison ou une autre, faisaient alliance avec le communisme[36]. »
Il réunit autour de lui des militants commeClaude Harmel,Pierre Celor,Henri Barbé, anciens du RNP,Lucien Laurat,Branko Lazitch (réfugié serbe, ancien résistant antinazi),Jean Madiran (issu de l'Action française) mais aussi (et surtout)Boris Souvarine, qui devient un des plus actifs collaborateurs de son bulletin d'information. Rapidement, l’activité du centre se diversifie avec la fondation officielle en 1951 du Centre d'archives et de documentation politique et sociale du 86,boulevard Haussmann (publication desInformations politiques et sociales hebdomadaire[37] à destination de la presse, d'autres périodiques comme lesÉtudes sociales et syndicales de Claude Harmel,L'Observateur étudiant[38] etL'Observateur municipal[39], de brochures, d'articles, de fiches pour les candidats aux élections, etc.) et elle s'étend à l'Amérique du Sud (création en1961 de la revueEste y Oeste), à l'Italie (avec « Documenti sul comunismo » à partir de 1961) et plusieurs pays d'Afrique[32]. Albertini est aussi le trésorier jusqu'en 1978 de l'Institut d'histoire sociale, reconstitué en 1954 par Souvarine, son secrétaire général jusqu'en 1976[40].
Le journaliste communisteRené Andrieu qualifie le Centre d'Albertini d'« officine » dans le quotidienL'Humanité.
À la fin des années 1960, le noyau permanent d'Est § Ouest est constitué d'Albertini, Harmel (rédacteur en chef et directeur-gérant), Souvarine, Laurat, Lazitch, Manuel Castillo, Nicolas Lang et Jacques Olivier[41].
Georges Albertini cherche à être en parallèle un conseiller influent sous lesIVe etVe Républiques. Dans sa croisade contre le communisme, il est servi par le mélange de peur et d'aveuglement qui régnait pendant la guerre froide : peur de la menace soviétique d'un côté, aveuglement de ceux qui refusaient de voir les errements du système stalinien de l'autre. Grâce à la réceptivité qu'il trouvait auprès des diverses sensibilités anticommunistes, il parvint à tisser sa toile. Parmi ses nombreux contacts, on recense le préfet de policeJean Baylot, fondateur de la Grande Loge nationale française, le cardinalEugène Tisserant ou encore le résistantHenri Frenay[32]. Il fait office d'expert auprès desRenseignements généraux (RG) français dans le domaine de la lutte anticommuniste[42].
Collaborateur d'Albertini, le journalisteMorvan Duhamel affirme que : « Georges Albertini était si peu antisémite qu'il a travaillé avec de nombreux Juifs (Hippolyte Worms,Boris Souvarine,Raymond Aron…) et qu'il en comptait plusieurs dans son équipe d'Est & Ouest (Alexis Goldenberg…). Il n'a jamais été d'extrême droite et est resté longtemps socialiste. C'est d'ailleurs son ami d'avant-guerreVincent Auriol qui, élu président de la République, l'a libéré du bagne en 1948 pour qu'il reprenne l'action au côté du parti socialiste SFIO, en particulier pour qu'il aide à la formation de syndicatsForce ouvrière dans les différentes branches professionnelles. À cette époque, Albertini a aussi aidé Vincent Auriol à expliquer, dans une brochure, pourquoi il ne pouvait gracier le communisteHenri Martin, condamné pour intelligence avec l'ennemi en Indochine. Albertini était alors très proche deGuy Mollet et de son adjoint Pierre Commin. En 1953, il s'affichait encore comme très proche des sociaux-démocrates scandinaves et il me l'a écrit. Si vraiment Georges Albertini était l'affreux que dépeignent les communistes et leurs proches, aurait-il pu devenir le conseiller privilégié d'importantes personnalités politiques, de droite comme de gauche, et de hauts fonctionnaires duQuai d'Orsay, de la Police, de l'administration préfectorale et de plusieurs gouvernements étrangers ? ».
Sa technique de documentation, sa propension à démasquer le dessous des choses ou à dénoncer l'ennemi intérieur (par exemple,Le Monde, présenté dans les années 1950, comme un auxiliaire duKremlin du fait de son option neutraliste[43]) convenaient au climat de l'époque.
Il est reçu régulièrement parFrançois Mitterrand qu'il fait soutenir financièrement[31].
Il devient également un conseiller très écouté deGeorges Pompidou, Premier ministre du général De Gaulle, et, lorsque Pompidou est élu président de la République, Albertini conserve encore une grande influence sur ses deux conseillersMarie-France Garaud etPierre Juillet. Il collabore également avec ces derniers lorsqu'ils sont dans l'entourage deJacques Chirac qu'il rencontre et conseille personnellement.Philippe Lamy estime ainsi qu'il« n'est pas étranger » à l'appel de Cochin[44].
Le monde politique sollicite ses conseils, jusqu'en1981. Détournant des jeunes loups de l'extrême droite « tentés par l'action violente », à travers l'ALEPS, qui publie en 1974 le faux journalFrance-Matin, mais aussi via l'Institut supérieur du travail, financé par l'argent de la formation professionnelle et outil de propagande du patronat, il fut également le conseiller occulte – viaClaude Harmel, pseudonyme de l'ancien collaborateur Guy Lemonnier – de, entre autres,Alain Madelin,Patrick Devedjian,Gérard Longuet etHervé Novelli, et, via l'Institut d'histoire sociale, deGeorges Pompidou[45].
| Cadre juridique |
| ||||||||||||||||||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Rafles |
| ||||||||||||||||||||||
| Camps |
| ||||||||||||||||||||||
| Assassinats et déportation |
| ||||||||||||||||||||||
| Responsables allemands de la mise en œuvre | |||||||||||||||||||||||
| Responsables français de la mise en œuvre |
| ||||||||||||||||||||||
| Spoliation | |||||||||||||||||||||||
| |||||||||||||||||||||||
| |||||||||||||||||||||||
| Documentation | |||||||||||||||||||||||
| Lieux de mémoire |
| ||||||||||||||||||||||
| Justes parmi les nations |
| ||||||||||||||||||||||