Issu d'un milieu modeste, il est un ami d'enfance dePaul McCartney, qui le propose début 1958 àJohn Lennon pour qu'il intègre sa formation,The Quarrymen. À trois, ils forment le noyau du groupe qui en1960 est rebaptisé The Beatles et deviendra à partir de 1963, après l'arrivée du batteurRingo Starr, et sous la houlette deGeorge Martin, un des plus grands phénomènes de l'histoire de la musique populaire duXXe siècle.
L'influence de Harrison dans la musique des Beatles va croissant au fil des années. Il est tout d'abord leguitariste solo et un des quatre chanteurs du groupe, se distinguant très vite pour la qualité de sesharmonies vocales. À partir de 1965, il introduit laspiritualité, lamusique et desinstrumentsindiens dans l'univers musical des « Fab Four ». Il compose quelques-unes de leurs plus belles chansons durant les dernières années du groupe, commeWhile My Guitar Gently Weeps,Something ouHere Comes the Sun. Il est aussi un pionnier dans l'utilisation dusynthétiseur Moog dans la musique rock. À mesure que son talent de compositeur s'affirme, sa frustration de se trouver dans l'ombre du tandemLennon/McCartney grandit, contribuant aux dissensions qui vont conduire à laséparation du groupe en 1970.
De 1966 à 1977, il est marié àPattie Boyd (qu’il a rencontrée sur le tournage du filmA Hard Day's Night). En 1978, il épouse en secondes nocesOlivia Trinidad Arias, avec qui il a un fils,Dhani. Ses apparitions se font rares au cours des années 1990, durant lesquelles il participe au projetAnthology des Beatles et travaille épisodiquement à un hypothétique album — finalement publié après sa mort sous le titreBrainwashed. Uncancer de la gorge lui est diagnostiqué en 1997. Fragilisé de surcroît par une tentative d'assassinat dont il est victime en 1999 dans sa propriété, il meurt le à l'âge de 58 ans. Vingt ans après sa mort, il est encore considéré par le public comme l'un des grands artistes de son époque.
Le12 Arnold Grove, la résidence de George Harrison pendant les six premières années de sa vie.
George Harrison naît àLiverpool le jeudi (bien que certaines sources évoquent le 24[c 1]) dans une famillecatholique[1]. Fils de Harold Hargreaves Harrison et de son épouse Louise (née French), il est le dernier de quatre enfants. Il a une sœur aînée, née en 1931, prénommée Louise comme sa mère, et deux frères, Harry et Peter, nés en 1934 et 1940. Le père, anciensteward à laWhite Star Line, devient chauffeur d'autobus[a 1],[2], la mère est employée de commerce. La famille vit durant les six premières années de la vie de George au12 Arnold Grove (où il est né), à Wavertree, un quartier de Liverpool[3]. Le logement est modeste et ne compte que quatre pièces sur deux étages, dont une laissée à l'abandon, car« il y faisait un froid de loup ». Harrison rapporte également que la famille s'entassait dans la cuisine pour se chauffer auprès du feu[2]. Dans une entrevue de 1970, « Mimi » Smith – la tante deJohn Lennon qui l'a éduqué – a démenti le fait que les membres des Beatles étaient issus de familles pauvres, expliquant :« [John Lennon] ne venait certainement pas d'un taudis ! Ce n'était le cas d'aucun des garçons [du groupe]. Les Harrison ne s'en sortaient pas aussi bien que les autres familles, c'est possible, mais George ne venait pas non plus d'un taudis, comme l'a dit la presse[c 2]. » Par la suite, la famille déménage dans un autrelogement social, au 25 Upton Green àSpeke[4].
Enfant, George Harrison fréquente l'école de Dovedale, près de Penny Lane, où allait, quelques années auparavant, son futur partenaire John Lennon. Sa scolarité débute une année en retard à cause d'effectifs trop élevés dans les écoles locales, conséquence d'une poussée de lanatalité. Cela explique également qu'il a été scolarisé dans une école assez éloignée de chez lui[a 2]. Il fait également sacommunion, mais décide de ne pas recevoir laconfirmation, appréciant peu le« baratin du culte »[5]. Il prend même l'habitude de courir se cacher lorsque le prêtre local rend visite à sa famille[a 3]. Bien que le quartier de Speke ait été un quartier difficile dans lequel« il y avait quelques familles vraiment moches », Harrison considère avoir vécu une enfance heureuse[5].
De 1954 à 1959, il fréquente leLiverpool Institute High School for Boys. Cette période est difficile pour lui (il va même jusqu'à parler du pire moment de sa vie), à cause de la stricte discipline de cettegrammar school et de l'impression d'être muselé dans la masse de ses condisciples. Il échoue à ses examens terminaux, s'amusant à dire que les quelques points qu'il a obtenus le récompensaient d'avoir bien écrit son nom en haut de la feuille[a 4].
Alors qu'il a 12 ans, il est hospitalisé pour uneinflammation des reins. C'est durant ces six semaines de convalescence qu'il décide d'acheter uneguitare à un camarade de classe. Cependant, celle-ci se retrouve bien vite brisée et reste inutilisée pendant quelque temps. Un peu plus tard son père lui présente un ami guitariste qui lui apprend, plusieurs heures par semaine, des accords et des chansons[6]. Deux ans plus tard les économies du foyer permettent d'acheter un meilleur instrument. Alors que Liverpool vit au rythme de la musiqueskiffle, Harrison fonde le groupeThe Rebels avec son frère Peter et un ami[c 3]. Ils ne se produisent qu'une fois, en remplacement d'un groupe qui avait déclaré forfait[a 5].
À cette époque il fréquentePaul McCartney, de huit mois son aîné, partageant l'autobus qui les ramène de l'école. Leur attrait commun pour la musique favorise la naissance de leur amitié, et son concert avec lesRebels l'aide à gagner en crédibilité. Ils deviennent alors amis intimes et perfectionnent leur technique de jeu ensemble[a 6]. Durant l'été 1957 ils partent tous deux enauto-stop sur la côte sud de l'Angleterre avec leurs guitares[a 7].
McCartney finit par déménager dans un autre quartier de Liverpool, où il se lie avec John Lennon, qui a également son groupe,The Quarrymen, que Paul rejoint après avoir fait la preuve de ses capacités[7]. Peu après, McCartney suggère à Lennon d'inclure Harrison dans la formation. Lennon, bien que gêné par le jeune âge du nouveau venu, finit par l'écouter interpréter l'instrumentalRaunchy au fond d'unautobus à impériale et est impressionné par ses talents. Harrison rejoint donc les Quarrymen en, en remplacement ponctuel d'Eric Griffiths[8]. Il s'impose finalement par son talent, et c'est au nouveau batteur du groupe, Colin Hanton, que revient l'ingrate tâche d'annoncer à Griffiths que ses services ne sont plus requis[a 7]. Durant l'été le groupe enregistre deux chansons dans un studio privé :That'll Be the Day, une reprise deBuddy Holly, etIn Spite of All the Danger,créditée Harrison/McCartney[a 8].
Des clubs de Hambourg à la popularité internationale (1958-1966)
Dans les deux années qui suivent, la formation desQuarrymen évolue et le groupe change de nom à plusieurs reprises. Formé deJohn Lennon,Paul McCartney et George Harrison aux guitares,Stuart Sutcliffe à labasse etPete Best à la batterie, le groupe part pourHambourg en, se produisant dans lesquartiers chauds de la ville. Il prend finalement le nomThe Beatles[a 9]. Sutcliffe quitte rapidement le groupe, forçant McCartney à prendre la basse, car Harrison et Lennon refusent de quitter leurs places de guitaristes. À la mi-novembre, les Beatles connaissent une grave déconvenue : ayant choisi de jouer dans un club rival de leur scène habituelle, ils dressent contre eux leur ancien patron, qui dénonce Harrison aux autorités. Celui-ci, encore mineur, n'a en effet pas le droit de travailler enAllemagne et est renvoyé à Liverpool le, bientôt suivi par le reste du groupe[9].
En Angleterre le groupe se produit auCavern Club de Liverpool et acquiert une bonne expérience de scène, avant de repartir jouer en Allemagne en. Les Beatles sont alors engagés pour accompagner le chanteurTony Sheridan en concert, et enregistrent avec lui son disqueMy Bonnie[10]. Ils y interprètent notamment l'instrumentalCry for a Shadow, composé par Harrison et Lennon[a 10].
Le groupe retourne à Liverpool et se produit à nouveau au Cavern, durant l'automne. Il est alors repéré parBrian Epstein, qui en devient lemanager en[11]. Le, le groupe parvient à obtenir une audition devant leproducteurGeorge Martin, et signe chezParlophone dans la foulée[12]. Ce jour-là, lorsque Martin leur passe les enregistrements en leur demandant si quelque chose ne convient pas, Harrison répond immédiatement :« Eh bien, pour commencer, j'aime pas votre cravate[a 11]. » Martin est séduit par le groupe, mais n'apprécie guère Pete Best, qui ne trouve pas vraiment sa place auprès des autres membres, lesquels ont déjà envisagé de changer de batteur auparavant. George apprécie beaucoup un jeune batteur nomméRingo Starr, et suggère qu'il rejoigne le groupe. Les Beatles se séparent donc de Best sans même lui annoncer son éviction : c'est Brian Epstein qui s'en charge, le.« On n'a pas été très brillants sur ce coup-là », notera plus tard George Harrison. Dans les jours qui suivent, les fans se plaignent de ce changement, et au Cavern Club, un spectateur colle un œil au beurre noir à Harrison parce qu'il défendait le nouveau membre du groupe[a 12].
Les Beatles sont donc engagés et enregistrent leur premier45-tours,Love Me Do, suivi, début 1963, de leur premier album,Please Please Me, qui atteint la tête deshit-parades britanniques. Pour Harrison, qui tient la guitare solo, comme pour le reste du groupe, le succès commence à naître, et les concerts s'enchaînent[13].
Les membres du groupe s'offrent des vacances en. Harrison, accompagné de son frère Peter, traverse l'Atlantique pour rendre visite à sa sœur Louise àBenton, dans l'Illinois. Il est invité à jouer quelques chansons sur la scène du Post 3479 VFW Hall dans le village voisin de Eldorado avec un groupe local, les Four Vests; ils jouentYour Cheatin' Heart deHank Williams,Johnny B. Goode deChuck Berry etMatchbox deCarl Perkins[14]. Harrison est donc le premier Beatle à se produire sur scène auxÉtats-Unis. C'est avec deux membres de ce groupe qu'il visite le magasin de musique Fenton àMount Vernon, où il achète, pour 400 dollars, une guitare électriqueRickenbacker 420[15],[16].
Au sein des Beatles, George Harrison s'impose avant tout commeguitariste solo et commechoriste.Lennon et McCartney composent et chantent en effet les chansons du groupe, à quelques exceptions près. George fait lesharmonies, avec l'un ou l'autre, en fonction de qui tient le chant principal. Quelques titres sont aussi chantés intégralement à trois voix, commeThis Boy[b 1]. Par ailleurs, Harrison etRingo Starr interprètent un petit nombre de chansons sur chaque album. Cependant, Harrison s'intéresse rapidement à la composition avec, dès le deuxième album, son premier titre personnel,Don't Bother Me, qui reste cependant de facture très classique[17]. Dans le même temps, le groupe acquiert une notoriété internationale et reste plus d'un an en continu en tête descharts britanniques[18]. Harrison est à cette époque surnommé par les médias leQuiet Beatle (le « Beatle réservé »), son attitude et sa personnalité telles que perçues par le public contrastant avec l'exubérance de John Lennon, l'humour décalé de Ringo Starr ou l'aisance de Paul McCartney[c 4]. En fait, à son arrivée aux États-Unis, en, il souffre d'unepharyngite[19] qui le laisse momentanément aphone, expliquant partiellement cette impression.
Au plus fort de laBeatlemania, le groupe tourne également son premier film,A Hard Day's Night. Si c'est surtout Ringo Starr qui s'illustre par son jeu d'acteur, l'expérience n'en est pas moins décisive pour Harrison qui rencontre sur le tournage sa future épouse,Pattie Boyd[20]. Le réalisateur,Richard Lester, reconnaît que le personnage de George Harrison est certainement celui qui ressort le moins dans le film, mais il a néanmoins quelques scènes de premier plan, et déclare par la suite avoir apprécié l'expérience[a 13].
Harrison n'impose pas de nouvelle chanson pour le groupe en 1964, mais savoure, comme les autres Beatles, l'euphorie de la Beatlemania — le tourbillon des tournées, les hurlements des foules, les innombrables interviews où l'on se délecte de la moindre de leurs anecdotes... Lors de la tournée américaine de l'été 1964 le groupe est également initié à lamarijuana parBob Dylan. Durant le tournage deHelp! début 1965, les quatre musiciens en fument énormément. Ce tournage marque également une nouvelle rupture pour Harrison, qui découvre laculture indienne, laquelle occupe une place importante dans le scénario du film. Le guitariste va jusqu'à déclarer à ce propos :« Je suppose que c'est là que tout a commencé pour moi[21]. »
Il commence à s'affirmer timidement en tant que compositeur. Deux de ses compositions figurent sur l'albumHelp! :I Need You etYou Like Me Too Much, qui, bien que peu remarquables, possèdent, à l'instar des autres titres du disque, leur lot de petites trouvailles audacieuses dans lesarrangements. Harrison participe de façon plus inspirée à l'albumRubber Soul : dansNorwegian Wood il introduit, pour la première fois dans la musique pop occidentale, lesitar, instrument indien pour lequel il se passionne[22] ; l'idée est reprise quelques mois plus tard par lesRolling Stones, en passe de devenir leur principal rival, surPaint It Black (à l'initiative deBrian Jones). Par ailleurs, ses compositions gagnent en maturité au milieu des chansons de McCartney et Lennon, comme le montrentThink for Yourself et lepré-psychédéliqueIf I Needed Someone dans un style que lesByrds subliment à la même époque. La même année, le prestige du groupe explose lorsque les Beatles deviennent les premiers artistes à être reçus dans l'ordre de l'Empire britannique, par la reineÉlisabeth II[23].
À partir deRevolver, l'influence de Harrison se ressent de plus en plus dans les compositions du groupe[b 2]. Dans ce nouvel album, publié en 1966, il compose trois chansons :Taxman, sublimée par la bassegroovy et le solo de guitare de McCartney (titre qui ouvre l'album, première et unique fois pour une composition de George Harrison),I Want to Tell You, etLove You To, interprétée avec des instruments indiens[24]. Cette même année, il part pourBombay prendre des cours desitar auprès deRavi Shankar et découvre plus profondément laculture et laphilosophie indiennes[25]. Début 1967 commence la préparation deSgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, unalbum conceptuel pour lequelPaul McCartney souhaite que chaque membre se crée undouble fictif qui prendrait sa place le temps de l'album. Cela transparaît notamment dans les costumes créés pour les Beatles pour la pochette de l'album.
« Je croyais qu'on était en studio simplement pour faire le prochain disque, mais Paul suivait son idée de groupe fictif. Cet aspect-là ne m'a pas vraiment intéressé »
La chanson que George Harrison compose sur cet opus se distingue nettement des autres et est enregistrée avec un orchestre indien :Within You Without You est, en effet, réalisée sans la participation des autres Beatles et permet à Harrison d'exposer sa nouvelle spiritualité. Bien que peu commerciale, la chanson sort en single auMexique[27]. Avec ce style indien le guitariste trouve un moyen de se distinguer du duoLennon/McCartney ; par ailleurs, ses chansons se démarquent dans la mesure où les autres membres du groupe ne participent que peu, voire pas du tout, à leur enregistrement[b 3]. Harrison apporte également des instruments indiens sur d'autres pistes de l'album, commeLucy in the Sky with Diamonds etGetting Better[28].
Harrison met fin à sa période indienne avec une troisième chanson,The Inner Light, en 1968. Celle-ci est sélectionnée pour figurer enface B sur le singleLady Madonna, et c'est la première chanson éditée en single à ne pas être signéeLennon/McCartney. Auparavant, en 1967, il a commencé à convertir les trois autres Beatles à sa philosophie, les emmenant à Londres à une conférence duMaharishi Mahesh Yogi sur laméditation transcendantale, qu'ils apprennent auprès de lui àBangor (pays de Galles). C'est pendant ce séjour qu'ils apprennent la mort de leur managerBrian Epstein, qui les choque tous profondément.
« C'était très étrange d'apprendre ça à ce moment-là, alors qu'on venait juste de s'engager dans la méditation. On pourrait croire que ça n'avait pas beaucoup d'importance, mais pourtant ça en avait. C'est un changement considérable dans la vie quand on commence ce voyage intérieur, et que Brian casse sa pipe ce jour-là est assez incroyable. »
En les Beatles se rendent avec leurs épouses et d'autres personnalités, au pied de l'Himalaya, àRishikesh, dans l'ashram duMaharishi, pour un séminaire de plusieurs semaines, afin d'approfondir leur expérience de la méditation transcendantale. Lennon commente la passion de Harrison :
« S'il continue comme ça, George fera du tapis volant à quarante ans. Je suis ici pour découvrir quel genre de rôle je dois désormais jouer. Je voudrais aller aussi loin que possible. George a pris un peu d'avance sur nous. »
L'apport de ceséjour n'est pas uniquement spirituel : coupés du monde pendant plusieurs semaines, les Beatles composent beaucoup. Ne disposant que de guitares acoustiques, ils se tournent vers des compositions plus simples, et écrivent un grand nombre de futurs succès des dernières années du groupe et du début de leurs carrières solo[31]. Harrison y compose notammentPiggies etNot Guilty. Après le départ de Ringo et Paul, John et George continuent à suivre les enseignements du Maharishi, jusqu'à ce que circule une rumeur selon laquelle le maître spirituel auraitabusé d'une participante au camp. Lennon se brouille alors avec leguru, et les deux Beatles restants quittent le camp et rentrent chez eux[32].
Avant même son départ pour l'Inde, Harrison compose des chansons qui se détachent du style oriental qu'il a importé au sein du groupe. Il compose ainsiBlue Jay Way pour le filmMagical Mystery Tour. Durant le travail surSgt. Pepper's, il composeOnly a Northern Song, chanson satirique sur lesdroits qu'il touche pour ses textes. Cette période voit aussi l'écriture de sa plus longue chanson avec les Beatles,It's All Too Much, sur son expérience duLSD. Ces deux chansons apparaissent finalement sur l'albumYellow Submarine, bande originale dufilm du même nom[33].
En 1968, durant la réalisation de l'Album blanc, il invite son amiEric Clapton à jouer un solo sur sa chansonWhile My Guitar Gently Weeps ; c'est durant l'enregistrement de cette chanson que Clapton donne à George Harrison la célèbre guitareLes Paul qu'il nommera Lucy. La présence de Clapton permet aussi de détendre l'atmosphère pesante qui règne alors au sein du groupe[a 14]. Une autre composition de Harrison sur cet album,Piggies, a un retentissement inattendu, à l'instar duHelter Skelter de McCartney : la chanson est interprétée parCharles Manson comme un appel au meurtre, et plusieurs assassinats sont commis sur son initiative auxÉtats-Unis[a 15].
« Ça a été vraiment épouvantable d'être associés à quelque chose d'aussi sordide que l'histoire Charles Manson. »
AvecSavoy Truffle etLong, Long, Long, Harrison place au total quatre de ses compositions sur ce double album (Not Guilty est finalement écartée, malgré cent deux prises).
Les Beatles étant contractuellement tenus de réaliser un dernier film, ils décident de se faire filmer durant les séances d'enregistrement de leur futur album, dont le titre de travail estGet Back et qui sera finalement intituléLet It Be. Débute alors un travail difficile aux studios de cinéma deTwickenham, qui se clôt par une brouille. Georges Harrison quitte le groupe le, pendant une douzaine de jours[b 4]. Une réunion est organisée pour le convaincre de revenir, et des concessions sont faites. Ainsi, les Beatles abandonnent l'idée d'un retour sur scène prévu pour clore le film[35]. Harrison revient donc en studio, et propose de faire venir le claviéristeBilly Preston pour participer à l'enregistrement. Comme celle d'Eric Clapton l'année précédente, la présence de celui-ci permet d'apaiser les tensions[35]. Le les Beatles et Preston montent sur le toit de l'immeuble d'Apple Corps, surSavile Row, pour donner leurtout dernier concert ensemble[36] (ils n'avaient plus joué en concert depuis 1966). Au cours de cette période naît son morceauOld Brown Shoe, qui sortira en face B du singleThe Ballad of John and Yoko.
Déçus par leur travail surGet Back, les Beatles mettent le projet entre parenthèses et décident de se consacrer à un dernier album avant une séparation qui semble inévitable. Cet album,Abbey Road, est l'apogée du travail de Harrison au sein des Beatles. Il en compose en effet deux des plus célèbres morceaux :Something etHere Comes the Sun.Something, queJohn Lennon considère comme« l'un des meilleurs titres de l'album », est de plus choisi comme face A du single tiré de l'album ; il s'agit de la seule face A du groupe non composée parLennon/McCartney[37].
Here Comes the Sun a été pressentie pour figurer sur leVoyager Golden Record, placé à bord des sondes spatialesVoyager I et II lancées en 1977 — désormais les objets de création humaine les plus éloignés de la planèteTerre —, au sein d'une sélection de morceaux de musique emblématiques des différentes cultures humaines, d'une durée totale de 90 minutes, établie parCarl Sagan et son comité[38], mais la maison de disqueEMI détentrice des droits de diffusion s'y oppose pour des raisons confuses. La chanson aurait été l'une des deux seules représentantes de l'épopée pop-rock, avecJohnny B. Goode deChuck Berry, finalement la seule retenue[39].
Harrison introduit également un tout nouvel instrument, lesynthétiseurMoog, dans le dernier disque des Beatles. Frustré par son rôle au sein du groupe, restant, en tant qu'auteur-compositeur, à l'ombre du tandemLennon/McCartney, George Harrison, s'il n'est pas à l'origine de la séparation (John Lennon quitte le groupe le premier, en), n'en approuve pas moins les événements menant à la dissolution des Beatles, y prenant même sa part[b 5]. C'est à cette époque qu'il se lie d'amitié avec les membres du duoDelaney & Bonnie avec lesquels il participe à des concerts (il utilise le pseudonyme L'Angelo Misterioso pour l'albumOn Tour with Eric Clapton[40]). Delaney Bramlett lui enseigne les rudiments de laslide guitar et l'aide pour l'écriture de la chansonMy Sweet Lord pour laquelle il voulait une sonoritégospel[41].
Let It Be, présentant douze titres des sessionsGet Back, est finalement l'ultime album des Beatles (bien qu'enregistré avantAbbey Road) et sort le. C'estPhil Spector qui est chargé de concevoir l'album à partir de la masse considérable de bandes, abandonnées depuis un an. Ce projet était voulu comme un retour aux sources pour le groupe, avec des chansons enregistrées live sans overdubs mais le producteur américain ajoute descordes et deschœurs féminins en excès sur trois des titres dontI Me Mine, un des deux morceaux de Harrison, avecFor You Blue, qui apparaissent sur l'album. Le précédent, Paul McCartney avait déjà annoncé la dissolution officielle des Beatles. Harrison retravaillera avec Spector au début de sa carrière solo.
En 1968, George Harrison est le premier des Beatles à se lancer dans une carrière solo puisqu'il publie deux albums sous son seul nom avant même la dissolution du groupe. Le premier d'entre eux, aux tonalités indiennes, estWonderwall Music, bande originale du filmWonderwall et également le premier album publié parApple Corps[c 5]. L'année suivante il publie au sein de l'éphémèrelabel Zapple un album de musique expérimentale,Electronic Sound, à base desynthétiseurs Moog[c 6]. Aucun des deux ne connaît de véritable succès critique ou commercial[42]. Il participe également en 1969 à l'enregistrement de la chansonBadge, avecEric Clapton, sous le surnom de L'Angelo Misterioso[c 7],[b 6].
C'est cependant en, lorsqu'il publie son triple albumAll Things Must Pass, produit parPhil Spector, que George Harrison s'impose véritablement. Il déclare à propos du disque :« Je me suis senti comme un homme constipé pendant des années, et qui aurait subitement eu la diarrhée[c 8]. » — allusion aux années Beatles pendant lesquelles Harrison ne put faire enregistrer au groupe que quelques-unes de ses chansons parmi la pléthore des compositions signées Lennon/McCartney. L'album connaît un succès fulgurant, notamment le titreMy Sweet Lord, qui se vend par millions et reste une des chansons les plus populaires desannées 1970[a 16].All Things Must Pass est composé de quatre faces de chansons de format classique et de deux faces dejam session, ces dernières étant généralement peu appréciées de la critique et suscitant des débats sans fin entre fans[b 7]. OutreMy Sweet Lord,What Is Life etIsn't It a Pity tournent aussi sur les radios en ce début de décennie. Seule ombre au tableau, la chansonMy Sweet Lord vaut à son auteur un procès pourplagiat, qu'il perd : il est en effet accusé d'avoir repris, sans le vouloir, l'air de la chansonHe's So Fine(en) desChiffons, qui avait connu un certain succès en 1963[43]. Harrison ironisera à propos de cette affaire avecThis Song en 1976[a 17].
En 1971, Harrison organise leConcert for Bangladesh, le premier grandconcert de charité regroupant de nombreux artistes. Il se tient le auMadison Square Garden deNew York, devant plus de 40 000 personnes. À l'origine de ce concert se trouve l'émotion de George face à la détresse des Pakistanais : en, lecyclone Bhola, le plus meurtrier de l'histoire écrite, vient de dévaster la côte duPakistan oriental, causant la mort de 300 000 à 500 000 personnes. George Harrison décide alors de venir au secours des sinistrés en organisant un concert de charité, avec le concours de Ravi Shankar. Le, George Harrison et Ravi Shankar se produisent sur scène, accompagnés de plusieurs autres musiciens mondialement célèbres, parmi lesquels Eric Clapton, Bob Dylan, Ringo Starr et Klaus Voormann (ami des Beatles, qu'il avait rencontrés en 1960 à Hambourg, où ils se produisaient dans différents clubs à leurs débuts). La plus grande partie de la recette du concert sera bloquée par le fisc américain au motif d’un détournement de fonds commis par Allen Klein, un homme d’affaires américain principalement connu pour sa gestion agressive et controversée du répertoire musical de grands groupes de rock. Elle ne sera reversée à l’UNICEF qu’en 1981.
La même année, Harrison participe à plusieurs morceaux de l'albumImagine de John Lennon, notammentHow Do You Sleep?, virulente charge à l'encontre de Paul McCartney. L'album suivant de Harrison,Living in the Material World, publié en 1973 (avec la participation deNicky Hopkins,Klaus Voormann, Ringo Starr,Jim Keltner, etc.), connaît également un succès relatif, principalement grâce au titreGive Me Love, qui se classe numéro un des deux côtés de l'Atlantique au printemps 1973, mais n'égale pas pour autant son prédécesseur[c 9]. La même année, enfin, Harrison participe à un album solo de Ringo Starr,Ringo, qui a la particularité de réunir tous les Beatles, bien qu'ils ne jouent jamais tous ensemble sur un même morceau (toutefois, sur le titreI'm the Greatest composé par John Lennon, trois Beatles apparaissent ensemble : Ringo, John et George). Il aide notamment son ancien compagnon à composer l'une de ses chansons phares,Photograph[44].
En 1974 Harrison lance son propre label musical,Dark Horse. Le label accueille dans un premier temps un certain nombre d'artistes chers à Harrison, commeRavi Shankar, puis ne publie plus que ses propres albums à partir de 1977[45]. Un album intituléDark Horse sort cette année-là, mais c'est un véritable échec critique et commercial, de même que la tournée que le chanteur entreprend alors aux États-Unis. L'album est en fait réalisé à une période particulièrement peu favorable pour Harrison : il vient de se séparer de son épousePattie, et des complications consécutives à unelaryngite l'empêchent de chanter convenablement[c 10]. En 1975, il est un invité spécial d'Eric Idle à son émissionRutland Weekend Television(en) pendant laquelle il participe à un « running gag » où il insiste à jouer un sketch de pirate. Il termine l'émission avec une prestation musicale qui semble conventionnelle avec les premières mesures de sa chansonMy Sweet Lord mais qui se transforme aussitôt enchant de marins sur le thème de lapiraterie[46].
Les albums suivants, malgré un progressif regain d'estime auprès de la critique, sont dans la même lignée que le précédent et ne rencontrent que peu de succès dans lescharts. George Harrison se consacre alors à des participations occasionnelles, aux côtés, notamment, deBilly Preston et deHarry Nilsson, ainsi qu'à sa société de production de cinéma,HandMade Films, qu'il fonde en 1978 afin de produire le filmLa Vie de Brian de ses amis lesMonty Python[47]. La même année, il joue son propre rôle en tant que narrateur dans l'émission spécialeRingo de son ex-partenaire[48].
Sur le plan personnel, Harrison connaît une période plus faste. Il rencontre en 1974Olivia Trinidad Arias, qu'il épouse quatre ans plus tard, et avec laquelle il a un fils,Dhani, le. Par ailleurs, bien que son ancienne épouse Pattie soit désormais en couple avecEric Clapton, les deux amis restent proches et conservent de bonnes relations[a 18]. Harrison travaille également à son autobiographie,I, Me, Mine, écrite en collaboration avecDerek Taylor. Dans la première partie de l'ouvrage, il relate le parcours des Beatles et le sien, agrémenté de ses réflexions. La seconde partie comprend le texte définitif de quatre-vingt-trois de ses chansons, avec le récit des circonstances de leur création. Cependant, le fait qu'il ne mentionne pasJohn Lennon dans l'ouvrage entraîne une brouille entre les deux hommes[a 19]. Lennon estassassiné en décembre 1980, ce qui choque d'autant plus Harrison qu'il n'avait pu se réconcilier avec lui avant sa disparition brutale[a 20].
Il lui consacre une chanson,All Those Years Ago, à laquelle participentPaul McCartney etRingo Starr, et qui connaît un certain succès grâce à son style enjoué qui contraste avec son sujet[b 8]. Propulsé par cette chanson, l'albumSomewhere in England, publié par Harrison en 1981, semble renouer avec le succès, mais retombe assez vite dans les classements.Warner, qui distribue l'album, a par ailleurs demandé à George Harrison de revoir sa copie avant parution : le musicien est sommé de remplacer quatre des chansons prévues initialement par des compositions « plus vivantes »[49]. Dépité par l'industrie du disque, Harrison prépare l'année suivante le dernier album le liant par contrat à la Warner, sans vraiment se prendre au sérieux[50] :Gone Troppo est un échec total sur les plans critique et commercial mais permet à Harrison de cesser d'enregistrer pendant cinq ans pour se consacrer à d'autres projets et passions[c 11].
Harrison n'est pas pour autant musicalement inactif pendant cette période : il participe à quelquesbandes-son, produit des films et s'engage pour diverses causes[a 21]. Il apparaît ainsi auBirmingham Heart Beat Charity Concert 1986, destiné à récolter des fonds pour l'hôpital pour enfants deBirmingham. Il y interprète notammentJohnny B. Goode deChuck Berry aux côtés duElectric Light Orchestra[c 12]. L'année suivante, il se produit lors du concert du Prince's Trust à laWembley Arena, interprétantWhile My Guitar Gently Weeps etHere Comes the Sun[51]. La même année, il fait son retour en tant qu'auteur-compositeur-interprète avec l'albumCloud Nine, qui est un renouveau et le remet en lumière, aussi bien sur le plan critique que commercial. Réalisé avec la participation deJeff Lynne,Eric Clapton,Elton John etRingo Starr, l'album se classe dans les charts des deux côtés de l'Atlantique et contient son dernier numéro un aux États-Unis : larepriseGot My Mind Set on You[52]. C'est l'ultime album studio en solo qu'il réalise de son vivant.
En 1988, Harrison met de côté sa carrière solo pour se consacrer ausupergroupeTraveling Wilburys, en compagnie deRoy Orbison,Tom Petty,Jeff Lynne etBob Dylan. L'idée est venue en enregistrant une face B au single de HarrisonThis Is Love. TrouvantHandle with Care trop bonne pour une face B, les membres de ce groupe improvisé décident alors de pousser le projet plus loin en produisant un album complet[53]. Chacun des artistes prend unpseudonyme, se faisant passer pour un des frères Wilbury (Harrison est ainsi successivement Nelson puis Spike Wilbury), et chacun participe à la composition des chansons[54]. Leur premier album,Traveling Wilburys Vol. 1, sort cette même année et est assez bien accueilli[c 13]. Malgré la mort d'Orbison fin 1988, le groupe enregistre un deuxième opus en 1990,Traveling Wilburys Vol. 3. Le titre de l'album (« Vol. 3 » alors qu'il n'y a pas de « Vol. 2 ») est une idée de Harrison pour entretenir la confusion dans le public[c 14]. Si quatre chansons du premier album dontHandle with Care sont clairement attribuables à Harrison, les crédits du deuxième volume sont beaucoup plus difficiles à établir[b 9].
En 1994 et jusqu'en 1996, Harrison retrouve les deux autres membres survivants desBeatles pour la réalisation duprojetAnthology. Ce projet pour la télévision consiste notamment en de nombreuses heures d’interviews, par la suite publiées enVHS, et plus tard enDVD, et dans unbeau-livre. Trois albums doubles,Anthology 1,2 et3, comprenant des enregistrements inédits, des prestations en public et des prises alternatives, sont également réalisés. Quatredémos, enregistrées surcassette dans les années 1970 parJohn Lennon, sont offertes parYoko Ono pour le projet. C'est Harrison qui suggère son ami Jeff Lynne pour produire ces enregistrements inédits[a 25]. Les chansonsFree as a Bird etReal Love sont finalisées par les trois Beatles survivants et sorties en singles et sur les albumsAnthology, en 1995 et 1996[56].Grow Old with Me(en) est laissée de côté mais Harrison enregistre un accompagnement de guitares acoustique et électrique surNow and Then avant que le travail ne soit abandonné. En 2023, à partir de cette ébauche, Paul McCartney et Ringo Starr finalisent ce qui deviendra la dernière chanson inédite de l'œuvre des Beatles[57].
En George Harrison apprend qu'il est atteint d'uncancer de la gorge, attribué au fait qu'il a commencé à fumer à l'âge de 11 ans et qu'il a été un grand fumeur pendant des décennies[58],[59]. Il est rapidement soigné et déclare en 1998, après une opération à Londres, qu'il est pleinement guéri[a 26],[c 16]. En, il participe aux obsèques d'une des idoles de sa jeunesse,Carl Perkins, en interprétantYour True Love[c 17]. La même année, il assiste aux obsèques deLinda McCartney[c 18]. Il contribue également au nouvel album deRingo Starr,Vertical Man[c 19].
Dans la soirée du, il est poignardé à son domicile par un intrus, Michael Abram, qui a réussi à s'introduire dans sa propriété deFriar Park àHenley-on-Thames en brisant une fenêtre. George est frappé de quarante coups de couteau, et a un poumon perforé, avant que son épouseOlivia vienne à son secours et que l'agresseur soit maîtrisé[c 20]. La lame du couteau est passée à environ 2,5 cm du cœur. L'ex-Beatle déclarera en 2000 à la cour avoir été persuadé sur le moment qu'il était mortellement touché[c 21]. Le couple Harrison est conduit à l'hôpital où il apparaît qu'aucun des deux époux n'est dans un état grave[a 27]. Le criminel se révèle atteint deschizophrénie[c 21] et est libéré en 2002 après avoir été interné dans un hôpital spécialisé pendant plus de dix-neuf mois[a 28].
Cette même année, il subit une nouvelle intervention chirurgicale pour se faire retirer une tumeur au poumon[c 24]. Il apprend alors que desmétastases se sont développées en plusieurs endroits, notamment au cerveau, et subit plusieurs thérapies, notamment en Suisse durant le mois de juillet[c 25]. George Harrison meurt le à13 h 30 dans une clinique deHollywood Hills[a 29]. Le jour de sa mort, la famille Harrison publie le communiqué suivant :
« He left this world as he lived in it: conscious of God, fearless of death and at peace, surrounded by family and friends. He often said, 'Everything else can wait but the search for God cannot wait, and love one another'. »
« Il a quitté ce monde comme il y a vécu : conscient de Dieu, sans peur de la mort et en paix, entouré de sa famille et de ses amis. Il disait souvent : “Tout le reste peut attendre, mais pas la recherche de Dieu, et aimez-vous les uns les autres”[c 26]. »
Il est incinéré et, selon sa volonté, ses cendres sont répandues le long duGange et de laYamuna enInde[c 27]. Son albumBrainwashed paraît après sa mort, en 2002, après avoir été achevé par son filsDhani etJeff Lynne. Il est considéré par la critique comme un de ses meilleurs disques[60].
C'est sur le tournage du premier film des Beatles,A Hard Day's Night, en 1964, que George Harrison rencontre lemannequinPattie Boyd. Leur relation inspire à Harrison plusieurs de ses premières compositions commeI Need You etIf I Needed Someone[61],[62]. Ils se marient le, après avoir obtenu l'autorisation deBrian Epstein, manager des Beatles[a 30]. Après leurlune de miel, Harrison demande à sa femme de renoncer à son activité professionnelle pour se consacrer à sa famille, ce qu'elle accepte[63]. Ce mariage, dans un premier temps heureux, inspire au musicien plusieurs chansons commeFor You Blue et surtoutSomething, un de ses plus grands succès[64]. Pattie Harrison accompagne également son époux lors de ses voyages en Inde et dans son étude de la spiritualité orientale. C'est elle qui lui présente leMaharishi Mahesh Yogi ; et elle est également à ses côtés lors de ses expériences de drogues, notamment son initiation auLSD[a 31].
Cependant, le mariage finit par péricliter. Dès le début des années 1970,Eric Clapton, proche ami de Harrison, tombe amoureux de Pattie et lui dédie sa chansonLayla. Tous deux entament une relation, et le couple Harrison divorce en 1977, sans toutefois que les relations entre les deux amis soient dégradées[a 32]. À la même époque, Harrison connaît, selon Peter Brown, membre de l'entourage des Beatles, une relation adultère avecMaureen, l'épouse deRingo Starr qu'il reconnaît lui-même par la suite. Le couple Starkey (du vrai nom de Ringo Starr : Richard Starkey) divorce en 1975, là encore sans que l'amitié des deux anciens partenaires musicaux soit détériorée par cet épisode[a 33].
Harrison rencontre en 1974 une secrétaire de la maison de disquesA&M Records,Olivia Trinidad Arias, dont il tombe amoureux. Après plusieurs années de vie commune, et avec l'arrivée imminente d'un bébé, le couple se marie en 1978. Ils vivent ensemble jusqu'à la mort du chanteur, en 2001, et ont un fils,Dhani, qui suit les traces de son père en devenant musicien[a 34]. Leur relation offre à Harrison un climat de sérénité qui lui permet de retrouver un optimisme qu'il avait perdu dans ses compositions du milieu des années 1970[65].
Harrison a eu des rapports variables avec les Beatles, faits d'amitié et de tensions. Aux débuts du groupe, et à l'apogée de laBeatlemania, les quatre garçons vivent une relation d'amitié très forte :
« On veillait vraiment les uns sur les autres. On riait tout le temps. À cette époque, on avait d'immenses suites dans les hôtels, parfois un étage entier, rien que pour nous, et rien que pour être ensemble on se retrouvait tous les quatre dans la salle de bains. […] Aujourd'hui encore, quand on se retrouve tous les trois, Paul et George sont les seuls à me voir tel que je suis. »
George Harrison a été un des plus grands soutiens du batteur au sein du groupe, que ce soit pour lui permettre de remplacerPete Best, ou lorsqu'il est tombé malade au moment d'une tournée. C'est également ensemble qu'ils ont composé plusieurs de ses chansons, comme son succèsPhotograph[a 35].
Harrison se montre en particulier très proche deJohn Lennon sur le plan spirituel, comme il l'explique :« Il avait perçu que nous ne vivions pas seulement dans le monde matériel. Il voyait au-delà de la mort, il voyait que cette vie n'était qu'une petite comédie. […] Étant passé avec John par cette période LSD, je l'ai compris dès la première fois qu'on en a pris et je crois que nos pensées ont été en plus grande harmonie l'une avec l'autre[66]. » Après la séparation du groupe, les deux hommes restent bons amis, et Harrison participe à plusieurs enregistrements au sein duPlastic Ono Band. Cependant, leurs relations se tendent lorsque Lennon ne se présente pas à l'audition visant à dissoudre légalement le groupe. En 1980, celui-ci s'offusque publiquement de ne pas avoir été cité par son ami dans l'autobiographie que celui-ci vient de publier,I, Me, Mine(en)[c 28]. Il est assassiné peu après, avant que les deux hommes aient eu l'occasion de se réconcilier. George Harrison, très affecté par sa disparition subite, lui consacre une chanson en hommage :All Those Years Ago[a 20].
Paul McCartney et George Harrison sont amis depuis leur enfance. Au sein même des Beatles, cependant, ils se disputent fréquemment lors du travail sur certaines chansons, de façon croissante au cours des dernières années, notamment pendant le tournage deLet It Be lorsque McCartney lui indique comment jouer une prise : les tensions accumulées finissent en effet par éclater, et Harrison quitte provisoirement le groupe[67],[a 36]. La séparation effective des Beatles survient quelques mois plus tard. Harrison explique que chacun avait besoin de plus d'espace, que le groupe était devenu trop petit[68]. Durant leur carrière solo, les deux anciens partenaires retravaillent assez peu ensemble, principalement à cause de leurs divergences de caractère, à l'exception notable duprojetAnthology. Selon le biographeMark Lewisohn, durant ces séances il démontre beaucoup d'impatience et tente souvent d'humilier McCartney[69]. Peu avant la mort de Harrison, McCartney lui rend toutefois une visite à l'hôpital, au cours de laquelle ils ont une longue conversation sur le temps passé[a 37]. Par la suite, au cours de ses tournées, McCartney interprète régulièrementSomething en son honneur ; il commence seul auukulélé et termine avec tout son groupe, le guitaristeRusty Anderson interprétant le solo de George Harrison à la note près[70].
Sur leurs statues dressées dans le quartier de Pier Head, à Liverpool, chacun des Beatles a un « talisman » représentant un aspect de sa vie. Sur l'arrière de la ceinture de George Harrison figure leGayatri mantra en sanscrit.
George Harrison découvre l'Inde et sa culture durant le tournage du filmHelp!, en 1965. Celui-ci met en effet en scène une secte indienne tentant de mettre la main sur une bague sacrée détenue parRingo Starr. Lors du tournage d'une scène se déroulant dans un restaurant indien, le guitariste s'intéresse particulièrement au groupe de musiciens et s'essaie à jouer dusitar. Peu après il en achète un et apprend à en jouer, l'intégrant par la suite aux compositions du groupe[71]. Fin 1965, il entend parler du musicien indienRavi Shankar et achète plusieurs de ses disques. Il le rencontre l'année suivante, et tous deux se découvrent rapidement des affinités. Shankar propose finalement à Harrison de lui apprendre à jouer du sitar en Inde[72]. Le guitariste et son épousePattie Boyd profitent de la pause que s'accordent les Beatles dans la foulée de la sortie deRevolver et de l'arrêt des tournées pour partir en Inde où ils s'imprègnent de la culture et de la philosophie locales[73].
Particulièrement intéressé par le courantHare Krishna, Harrison devient très critique envers l'Église catholique dont il fustige le train de vie et les principes[a 38]. Il rencontre également leMaharishi Mahesh Yogi et s'intéresse à laméditation transcendantale que celui-ci enseigne[74]. En, Harrison propose donc aux autres Beatles d'assister à une conférence du Maharishi aupays de Galles où ils sont initiés à la méditation transcendantale. L'expérience est troublée par l'annonce de la mort deBrian Epstein, leur manager, qui choque profondément les membres du groupe. C'est finalement en 1968 que les quatre musiciens et leurs épouses partentséjourner un temps dans l’ashram du maître spirituel, àRishikesh, dans le nord de l'Inde.Ringo Starr etPaul McCartney en reviennent les premiers, de leur propre chef, tandis qu'une rumeur d'abus sexuel commis par le Maharishi — laquelle s'est révélée fausse plus tard — pousse les deux autres à rentrer à leur tour en Angleterre[a 39].
Cela n'empêche pas Harrison de conserver un fort intérêt pour l'Inde et la méditation. Il se targue notamment d'avoir chanté durant vingt-trois heures lemantraHare Krishna en conduisant sa voiture à travers l'Europe[a 40]. Il devientvégétarien, et le restera jusqu'à la fin de sa vie[c 29]. Il s'engage également en 1992 pour leParti de la loi naturelle[a 41],[75],[76]. La spiritualité de George Harrison transparaît dans ses premiers albums en solo, notammentLiving in the Material World, ce qui finit par lasser une partie de la critique[77]. Son dernier album,Brainwashed, est également empreint de cette spiritualité, avec notamment le récit d'une prièrehindoue ensanscrit dans la chanson titre[b 11].
Harrison marque un très fort intérêt pour lejardinage. En 1970, il rachèteFriar Park, unmanoir entouré d'un grand parc, qu'il fait ensuite restaurer[78] (en 1972 il y fera installer un studio d'enregistrement[a 42]). Le manoir, avec ses tourelles et sesgargouilles, a été construit à la fin duXIXe siècle pour répondre aux vœux de l'excentriqueFrank Crisp, un avocat qui a également créé le parc avec une étendue d'eau. Harrison engage une équipe de jardiniers pour l'aider à s'occuper de ce parc de près de 25 hectares où il aime se promener. Avec le temps il en arrive même à se considérer non plus comme un musicien mais comme un jardinier[79]. En 1980, il dédie son autobiographie,I · Me · Mine,« aux jardiniers, où qu'ils soient ». Sa propriété lui inspire par ailleurs une chanson,Ballad of Sir Frankie Crisp (Let It Roll), sur l'albumAll Things Must Pass : il y décrit la maison et son parc. C'est également là qu'est prise la photographie ornant la pochette de l'album[b 12].
Il se passionne également pour lescourses automobiles à partir de 1977 (année qu'il considère comme celle où il a abandonné la musique pour les courses)[80]. Il est le possesseur de l'une des cent sixMcLaren F1 de route construites[a 43], et acquiert également dès 1964 une des raresAston Martin DB5 (la voiture deJames Bond dansGoldfinger)[c 30]. Il conduit lui-même de façon agressive, aimant à dire :« Je me considère comme bon derrière un volant, mais je ne suis pas certain que la police soit d'accord. » Il se fait d'ailleurs retirer plusieurs fois son permis de conduire, et a en 1972 un grave accident avec son épousePattie, qui est plongée quelque temps dans lecoma[a 42]. Sa chansonFaster, qui figure sur l'albumGeorge Harrison, de 1979, est un hommage aux coureurs automobiles[b 13]. En assistant à de nombreuxgrands prix automobiles à travers le monde, il se lie d'amitié avec plusieurs pilotes, notammentJackie Stewart etDamon Hill[a 44].
Lors des longues heures passées sur scène dans les bars de Hambourg à leurs débuts, les Beatles consomment desprellies, despilules dePreludin, uncoupe-faim qui agit aussi comme unstimulant[81]. Comme les trois autres Beatles, Harrison découvre lamarijuana, lorsqueBob Dylan les y initie, pendant leur tournée américaine de l'été 1964. Ils y prennent vite goût, et, durant le tournage deHelp! l'année suivante, ils en consomment massivement, comme l'expliqueRingo Starr :« On a fumé une quantité diabolique d'herbe pendant le tournage du film. C'était génial. Ça rendait les choses encore plus rigolotes[82]. » En, Harrison,Lennon et leurs épouses respectives passent la soirée chez un ami dentiste qui met duLSD dans leur café sans les prévenir. Cette découverte prend des allures de révélation pour Harrison, qui y voit un moyen de s'élever spirituellement. Lennon devient, pour sa part, un gros consommateur durant les années qui suivent. Cela rapproche particulièrement les deux hommes[66].
En 1967, Harrison raconte les effets du LSD sur sa méditation, dansIt's All Too Much, mais par la suite il s'éloigne peu à peu de cette substance, notamment au cours de son séjour en Inde, au profit d'autres méthodes de méditation[83]. Il se rend compte en effet que la méditation est un meilleur moyen d'atteindre son« vrai soi » que la drogue[a 43]. Pour autant, Harrison continue à consommer de la marijuana. Le, l'inspecteur Norman Pilcher, de labrigade des stupéfiants de la police de Londres, perquisitionne chez lui, et en découvre une certaine quantité[84]. Harrison reconnaît les faits, tout en déclarant que la marijuana retrouvée par Pilcher ne lui appartient pas. L'année précédente, pour les mêmes raisons, Lennon connaissait lui aussi des problèmes judiciaires ; c'était la fin de l'immunité dont avaient jusque-là profité les Beatles. Cependant, en 1972, le policier Pilcher sera condamné pour avoir introduit de la drogue chez des innocents[85].
Une réplique de la Gretsch de George Harrison (à droite) ; à côté, une basse Höfner ressemblant au modèle dePaul McCartney, mais pour droitier.
Le jeu de guitare de George Harrison avec les Beatles est varié et d'une grande souplesse. Ce n'est pas un guitariste rapide ou tape-à-l'œil, mais il produit un jeu solide, caractéristique des solos de guitare dépouillés du début des années 1960[c 31]. L'influence sur George Harrison du style de guitare enpicking deChet Atkins etCarl Perkins donne une tonalité demusique country aux premiers enregistrements des Beatles[c 32]. Il reconnaît également l'inspiration deBuddy Holly etChuck Berry[b 14].
Harrison explore les possibilités de nombreux types de guitares, dont ladouze cordes et laslide, et il fait évoluer son jeu, de simples solos sur huit ou douze mesures, comme surA Hard Day's Night ouCan't Buy Me Love[c 32], jusqu'à ses envolées lyriques à la slide sur les albums plus tardifs[c 33]. L'exemple le plus ancien d'un travail remarquable de Harrison sur une chanson des Beatles est son long solo acoustique sur la chansonTill There Was You, pour lequel il se procure une guitare classique José Ramírez afin de rendre la sensibilité souhaitée sur ce titre[b 1].
Geoff Emerick, qui a travaillé en studio avec les Beatles commeingénieur du son, assistant tout d'abord puis principal à partir de l'albumRevolver, n'est généralement pas tendre avec George Harrison dans son ouvrageHere, There and Everywhere: My Life Recording the Music of the Beatles. Il souligne la difficulté que le plus jeune membre du groupe éprouve souvent à enregistrer un solo du premier coup, raconte qu'il a fallu ralentir la bande pour qu'il puisse placer la phrase rapide dupont deA Hard Day's Night, l'appelle parfois« poor George » (« pauvre George »), trouvePaul McCartney bien plus doué que lui à la guitare… mais reconnaît pour finir son talent et même l'étonnement qui est le sien lors de l'enregistrement du dernier album du groupe,Abbey Road, où Harrison est particulièrement affûté, fait preuve de virtuosité pour une contribution de très grande qualité à toutes les chansons de ce disque[c 34].
Par ailleurs, sur ce dernier disque enregistré par les Beatles, George Harrison introduit un nouvel instrument pour la première fois sur un disque de rock : lesynthétiseur.
« C'est en Amérique que j'ai entendu parler pour la première fois du synthétiseurMoog. J'ai dû en commander un spécialement parce que M. Moog venait de l'inventer. Il était énorme, avec des centaines de connexions et deux claviers. Mais c'était une chose d'en posséder un, et une autre d'essayer de le faire fonctionner. Il n'y avait pas de mode d'emploi, et s'il y en avait eu un il aurait probablement fait deux mille pages. Je ne crois pas que M. Moog savait lui-même comment faire de la musique avec son truc, c'était plus un appareil technique. Quand on écoute ces sons, par exemple surHere Comes the Sun, il y a quelques bonnes choses, mais ce ne sont encore que des balbutiements. »
Tout en apprenant à se servir de cet appareil, à l'époque aussi encombrant qu'une armoire, et encoremonophonique, Harrison parsème les pistes d'Abbey Road de ces sons nouveaux. Le synthétiseur deviendra par la suite un instrument très courant dans la musique rock[a 45].
Harrison introduit dans la musique des Beatles divers instruments à cordes indiens, dont lesitar qu'il contribue à populariser dans la musique occidentale. Il découvre l'instrument en 1965 et l'utilise pour la première fois sur la chansonNorwegian Wood ; par la suite il apprend plus formellement à en jouer, suivant des cours pendant plusieurs semaines auprès deRavi Shankar. Il arrête finalement en 1968 sur les conseils de Shankar et d'Eric Clapton qui lui suggèrent de se recentrer sur son jeu de guitare[86].
Parmi les instruments, une de ses passions est leukulélé, dont il est un collectionneur notoire et un joueur émérite. Il s'intéresse en particulier à la variante de cet instrument la plus répandue auRoyaume-Uni : le banjo-ukulélé, qu'il utilise notamment sur une de ses dernières chansons,Any Road[b 15].
La première guitare électrique de George Harrison est un modèletchèque populaire auprès des guitaristes britanniques du début des années 1960 dénommé Futurama/Grazioso[c 35],[c 36].
Sur les premiers albums du groupe, il joue principalement sur uneGretsch branchée sur un ampliVox[c 37]. Il utilise divers modèles de Gretsch[c 38], comme la Duo-Jet — achetée d'occasion en 1961 à un marin deLiverpool —[c 39], laTenessean, et laCountry Gentleman, qu'il s'est procurée en pour 234livres dans un magasin londonien, et qu'il utilise surShe Loves You ainsi que lors de la prestation des Beatles auEd Sullivan Show à New York, le[c 39].
Durant le premier voyage du groupe aux États-Unis en 1964, Harrison se procure un desprototypes de laRickenbacker 360 à douze cordes — c'est encore un modèle expérimental, avec les cordes inversées et une disposition originale des mécaniques qui évite d'avoir une tête de manche plus longue et donc plus lourde. Il l'utilise beaucoup sur l'albumA Hard Day's Night, et les sonorités particulières de cet instrument encore méconnu deviennent rapidement populaires — Roger McGuinn aime tellement ce son qu'il en fera la signature sonore desByrds[c 40],[c 41].
En 1965, Lennon et Harrison se procurent tous deux — l'achat est effectué parMal Evans — leur premièreFender Stratocaster, dans une livrée Sonic Blue. Harrison l'utilise sur l'albumRubber Soul, en particulier sur la chansonNowhere Man, où il joue à l'unisson avec John Lennon, jouant sur sa propre Stratocaster. Harrison décore la sienne avec un dessin psychédélique, plus le termeBebopalula — en référence à la chansonBe-Bop-A-Lula deGene Vincent — écrit sur le chevalet, et le surnom de l'instrument,Rocky, sur la tête de manche. On voit cette guitare dans le filmMagical Mystery Tour. Harrison continue à l'utiliser ensuite durant sa carrière solo[c 42].
L'intérêt de George Harrison pour l'Inde et sa philosophie ressort dans nombre de ses compositions, avec les Beatles comme en solo.
Avec lesBeatles, George Harrison participe généralement auxharmonies vocales du groupe, tandis que Lennon et McCartney s'occupent du chant principal. Cependant il chante toujours une ou deux chansons par album dès les débuts du groupe. Il en est de même pour ses propres compositions, qu'il interprète systématiquement.
« George ne chantait pas du tout quand on l'a fait entrer dans le groupe. Il était guitariste. Durant les premières années, il n'a pas chanté sur scène. On le laissait peut-être faire un morceau, comme on le faisait avec Ringo, voilà. »
Bien que sa voix soit généralement claire et monte facilement dans les aigus, elle mettra un frein sérieux à la carrière du musicien. Harrison est en effet frappé en 1974 d'unelaryngite persistante qui lui donne une voix très rauque. Ce timbre déformé s'entend sur la tournée qu'il donne cette année-là et sur son albumDark Horse, que la critique va jusqu'à surnommer« Dark Hoarse » (hoarse signifiant « rauque » en anglais). Le public est déçu par les concerts donnés par Harrison fin 1974, ce qui le dégoûte des tournées[c 10].
Harrison commence également à composer au sein des Beatles, en 1963. Sur le deuxième album du groupe sort en effetDon't Bother Me, sa première chanson, qu'il juge a posteriori décevante[87]. Il faut ensuite attendre l'albumHelp!, en 1965, pour retrouver des compositions de son cru avecI Need You etYou Like Me Too Much, deux chansons plutôt conventionnelles[61],[88]. Le potentiel de Harrison se révèle sur l'albumRubber Soul avecIf I Needed Someone, et surtout avec trois titres parus surRevolver, l'année suivante :Taxman, chanson engagée[89],Love You To, la première chanson aux sonorités indiennes du groupe[24] etI Want to Tell You. Ce courant se poursuit sur l'album suivant,Sgt. Pepper's, avecWithin You Without You, morceau enregistré par Harrison seul, accompagné de musiciens indiens : il y explique les préceptes de laphilosophie indienne qui l'ont séduit[90]. Enfin, une dernière chanson indienne est composée par Harrison :The Inner Light. Parue en face B deLady Madonna, il s'agit de son premier morceau présent sur un single[91].
Dans une interview en 1974,John Lennon a ainsi résumé l'évolution des compositions de Harrison :
« Il y a eu une période embarrassante car ses chansons n'étaient pas très bonnes et que personne ne voulait rien dire. […] Ce n'est pas du tout une manière de le rabaisser, c'est seulement, que comme auteur, il n'avait pas notre métier[37]. »
C'est à partir de l'Album blanc des Beatles que Harrison compose des chansons plus notoires :While My Guitar Gently Weeps etPiggies, notamment. Il atteint une véritable consécration avecAbbey Road, sur lequel il compose deux grands succès.Here Comes the Sun ouvre en effet la face B de l'album et rencontre un certain succès, mais c'est surtoutSomething qui séduit autant le groupe que le public[92]. La chanson s'impose comme une évidence et devient la première face A de single signée par Harrison, avecCome Together deLennon/McCartney en face B[c 43].
« Un George auteur était en train de naître. AvecSomething etWhile My Guitar Gently Weeps — sans rire, deux des plus belles chansons d'amour jamais composées et qui soutiennent la comparaison avec ce qu'écrivaient John et Paul, ou qui que ce soit d'autre à l'époque. […] C'est intéressant que George ait émergé au moment où le groupe éclatait. »
La composition deSomething préfigure le plus grand succès de Harrison, l'année suivante, avecMy Sweet Lord. Cette chanson atteint en effet la tête des classements aux États-Unis et dans de nombreux pays. Cependant, elle attire également des ennuis à son auteur, accusé d'avoir plagié la chansonHe's So Fine desChiffons, composée en 1962. Le différend judiciaire dure près de vingt ans[43]. Si au bout du compte il perd ce procès, ce n'est pas sans humour qu'il rachète par la suite la maison d'édition musicale des plaignants, dans laquelle figure bien sûr la chanson objet du litige. Il compose également en 1976This Song au sujet de cette affaire[b 16]. La critique plébiscite les compositions de Harrison sur son premier album,All Things Must Pass[b 17], mais se lasse par la suite de la tonalité plaintive de certains de ses disques[93]. Harrison compose également plusieurs chansons engagées[b 18] et, parfois, des chansons introspectives[b 19] ou même humoristiques[b 20].
Sur le premier album des Beatles,Please Please Me, George Harrison tient principalement la guitare solo. Il chante également deux chansons,Chains etDo You Want to Know a Secret[13]. Sur l'album suivant,With the Beatles, il signe sa première composition,Don't Bother Me[17]. Durant les deux années qui suivent, son rôle se limite principalement à la guitare solo, aux chœurs, ainsi qu'au chant principal sur un ou deux titres par album, parfois composés par ses soins.
C'est à partir deRubber Soul, en 1965, que Harrison affirme sa position au sein du groupe. Deux de ses compositions sont présentes sur le disque, mais c'est surtout sa contribution à une chanson deJohn Lennon,Norwegian Wood (This Bird Has Flown), qui marque une évolution dans le style du groupe. Il propose en effet de donner une sonorité nouvelle au titre en ajoutant unsitar[94]. Dans les années qui suivent, Harrison compose des titres aux sonorités indiennes :Love You To,Within You Without You etThe Inner Light. Son implication atteint son apogée surRevolver, sur lequel il compose trois des quatorze chansons[b 21]. En 1968 il revient à un style plus habituel sur l'Album blanc, et invite son amiEric Clapton à participer àWhile My Guitar Gently Weeps, la seule chanson du groupe à contenir un solo joué par un invité[95]. Enfin, la consécration vient en 1969 avecAbbey Road : Harrison y compose en effetSomething, qui est choisie pour être éditée en single, etHere Comes the Sun, également un grand succès. Sur cet album, Harrison s'illustre également par l'utilisation d'un synthétiseur Moog sur certaines chansons : il s'agit d'une première en la matière[96].
Au total, sur les douze albums studio publiés par les Beatles au Royaume-Uni, auxquels s'ajoutent les nombreux singles de titres inédits, Harrison est l'auteur de vingt-deux morceaux. Après la disparition de John Lennon, les trois Beatles survivants se retrouvent dans les années 1990 pour préparer le projetAnthology et ils finalisent alors deux enregistrements inédits du disparu,Free as a Bird etReal Love[97].
À plusieurs reprises le guitaristeEric Clapton a joué avec George Harrison sur ses albums.
En 1968, George Harrison devient le premier des Beatles à publier un album solo,Wonderwall Music, la bande originale du filmWonderwall, alternant orchestrations pop et tonalités indiennes, sur laquelle il ne joue toutefois d'aucun instrument, se contentant de produire et de composer[b 22]. Il collabore la même année avec son ami Eric Clapton à l'écriture et à l'enregistrement (en tant que guitariste rythmique) du titreBadge, single tiré du dernier album dupower trioCream,Goodbye, sorti en et qui, à l'instar des derniers albums des Beatles, constitue un assemblage de compositions personnelles des trois musiciens du groupe :Jack Bruce, Eric Clapton etGinger Baker. Pour des raisons contractuelles de conflits entre maisons de disques, il signe sa collaboration sous le pseudonyme L'Angelo Misterioso, qu'il réutilisera plusieurs fois pour les mêmes raisons. En 1969 et sous le même nom d'emprunt il collabore avec Jack Bruce surNever Tell Your Mother She's Out of Tune, un des morceaux du premier album solo de celui-ci,Songs for a Tailor. Il publie la même année un album de musique expérimentale à base de synthétiseur,Electronic Sound, qui connaît peu de succès du fait de son caractèreavant-gardiste[c 6]. Il rejoint une nouvelle fois Eric Clapton en tournée fin 1969. Clapton, après la séparation du groupe éphémèreBlind Faith, décide d'accompagner en tournée le groupeDelaney & Bonnie & Friends qui assurait leur première partie lors de la tournée de Blind Faith. Harrison, sur proposition de son ami, décide de les accompagner sur quelques dates. Cette tournée donne lieu à la sortie d'un album live en :Delaney & Bonnie & Friends On Tour with Eric Clapton, dans les crédits duquel Harrison apparaît encore sous son pseudonyme.
À la séparation des Beatles, cependant, Harrison connaît un succès fulgurant avecAll Things Must Pass, son premier véritable album, qui atteint le sommet des charts des deux côtés de l'Atlantique en 1970. Ce triple 33-tours contient notammentMy Sweet Lord, une de ses chansons les plus connues[c 44]. L'année suivante, il est à l'origine du premier concert caritatif, leConcert for Bangladesh. L'album qui en est tiré se place également en tête des charts au Royaume-Uni, et atteint la deuxième place aux États-Unis[c 45]. L'album suivant,Living in the Material World, connaît un succès comparable en 1973, bien que la critique commence à être plus mitigée au sujet de Harrison[c 9].
Dans les années qui suivent, les albums de Harrison connaissent un succès bien moindre et traduisent un certain passage à vide :Dark Horse,Extra Texture (Read All About It),Thirty Three & 1/ॐ etGeorge Harrison peinent en effet à monter dans les classements, et reçoivent un accueil critique plus froid que leurs prédécesseurs, bien que témoignant d'un progressif regain de qualité. En 1981 l'albumSomewhere in England semble marquer un retour à la lumière. Celui-ci comprend en effet la chansonAll Those Years Ago, hommage àJohn Lennon,assassiné un an plus tôt, qui contribue en très grande partie à son succès[49]. L’opus suivant,Gone Troppo est, en 1982, un échec retentissant, mais le musicien s'y est peu impliqué, étant contractuellement tenu de fournir un dernier album, avant de cesser toute activité musicale en son nom durant cinq années[c 11]. Il fait son grand retour en 1987 avecCloud Nine, qui marque son retour dans les charts tandis que la critique plébiscite l'album[c 46]. Les années suivantes, il enregistre avec le supergroupeTraveling Wilburys deux albums salués par la presse musicale[98]. Il consacre ses dix dernières années à la production d'un album qui ne paraît finalement qu'après sa mort, terminé par son fils Dhani Harrison et son amiJeff Lynne :Brainwashed. Celui-ci parvient à convaincre les critiques, notamment le siteAllMusic qui le considère comme« un des meilleurs albums enregistrés par Harrison »[c 47].
Au total, George Harrison a publié onze albums studio, auxquels s'ajoutent un album expérimental, une bande originale, deux albumslive (The Concert for Bangladesh etLive in Japan), et trois compilations. À ceux-ci s'ajoutent une trentaine de singles dont un classé numéro un au Royaume-Uni et aux États-Unis,My Sweet Lord, et deux autres qui se placent en tête des charts aux États-Unis,Give Me Love (Give Me Peace on Earth) etGot My Mind Set on You[99],[c 48].
Ses albums solo contiennent par ailleurs plusieurs chansons prévues initialement pour figurer sur des albums des Beatles :All Things Must Pass (album homonyme),Not Guilty (George Harrison) etCircles (Gone Troppo). Ces chansons apparaissent ainsi dans des versions interprétées par les Beatles sur la compilationAnthology 3[100] ou sur les disques bonus de l'Album blanc remixé en 2018.
En 1969, il participe à quelques enregistrements et spectacles du duoDelaney & Bonnie.
Il participe à l'enregistrement des chansonsExchange and Mart etSpending All My Days avecDenny Laine etTrevor Burton pour un album deRick Grech qui ne verra pas le jour. Ces deux chansons seront placées en supplément pour la réédition de 1986 de l'albumBlind Faith du groupe éponyme[101].
Il joue de la guitare acoustique et fait les chœurs surI Won't Back Down de l'albumFull Moon Fever deTom Petty & The Heartbreakers, paru en 1989. On peut aussi l'entendre en 1996, cette fois avecRingo Starr, surHung Up and Overdue tirée de latrame sonore du filmShe's the One, toujours des Heartbreakers.
Les Beatles sur le tournage deHelp! : George Harrison est le troisième de la file.
George Harrison fait ses premiers pas au cinéma avec lesBeatles en 1964 dans leur filmA Hard Day's Night ; il y joue son propre rôle dans une histoire inspirée de la vie du groupe en pleineBeatlemania. Cette expérience est décisive pour lui, non pas sur le plan cinématographique, mais pour sa vie personnelle : c'est en effet au cours du tournage qu'il rencontre sa future épouse,Pattie Boyd[a 46]. Le groupe rempile l'année suivante avecHelp!, qui met le groupe au contact avec la culture indienne[71]. En 1967,Magical Mystery Tour est le troisième film des Beatles, qui se révèle un échec critique et commercial[105] (malgré une bande-son de grande qualité, contenant plusieurs des morceaux les plus emblématiques du groupe). Comme le reste du groupe, Harrison s'implique peu dans la réalisation du film d'animationYellow Submarine, et aucun des musiciens ne double son personnage[106].
Sur son expérience cinématographique, les autres Beatles disent de Harrison qu'il semble s'être ennuyé, ce que l'intéressé dément cependant. À propos deA Hard Day's Night, il dit notamment : « Je ne vois pas de quoi ils parlent. J'ai adoré ça ! La seule chose qui m'embêtait, c'était de devoir se lever à 5 heures du matin pour aller tourner[107]. » Harrison commence en 1968 à s'impliquer dans des projets extérieurs et compose la bande originale deWonderwall. Il participe ensuite au tournage du dernier film des Beatles,Let It Be, qui est un documentaire sur la préparation de l'album éponyme du groupe[108].
Sa société produit ensuiteDu sang sur la Tamise, également en difficulté. Il produit aussiTime Bandits, un film deTerry Gilliam, membre des Monty Python, sorti en 1981 pour lequel sa chansonDream Away est entendue durant le générique final. Sort ensuiteMona Lisa, sorti en 1986, et la même annéeShanghai Surprise, première grosse production de la société, avecMadonna etSean Penn, qui se révèle être un fiasco économique et artistique[a 49]. Par la suite, HandMade films connaît de grandes difficultés financières, et Harrison la revend à une société canadienne en 1994[c 49].
Enfin, en 1993, il double son propre personnage dans un épisode desSimpson parodiant l'histoire des Beatles,Le Quatuor d'Homer[c 50].
George Harrison est le deuxième des Beatles, après John Lennon, à avoir reçu son étoile sur leHollywood Walk of Fame, en 2004.
La première récompense officielle remise à Harrison date de 1965. Cette année, en effet, les quatre Beatles défraient la chronique en devenant membres de l'ordre de l'Empire britannique : c'est la première fois que cette distinction est remise à des artistes, ce qui choque particulièrement l’establishment[109]. Au sein du groupe, il reçoit également unOscar en 1971 pour la musique du filmLet It Be ; Paul McCartney, accompagné de Linda, sera le seul Beatle à se rendre à la cérémonie pour recevoir la statuette des mains deJohn Wayne[c 51].
En 1990, leplanétoïde 4149, découvert en 1984 par l'astronomeBrian A. Skiff, est officiellement nommé(4149) Harrison. Les planétoïdes 4147, 4148 et 4150 portent respectivement les noms de Lennon, McCartney et Starr[c 57].
Harrison fait par ailleurs la une deTime Magazine à deux reprises : la première fois avec lesBeatles en 1967, et la deuxième fois juste après sa mort, en[c 58],[c 59]. Le, trois jours après sa mort, l'épisode des SimpsonAphrodite Burns est dédié à sa mémoire[c 60].
La version du 28 mars 2012 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.