Ungenre musical, oustyle musical, est une catégorie conventionnelle qui identifie certains morceaux demusique comme appartenant à une tradition partagée ou à un ensemble de conventions[1]. L'encyclopédieLarousse considère le genre musical comme un« ensemble de formes de même caractère, réunies par leur destination (par exemple lamusique de chambre) ou par leur fonction (par exemple lamusique religieuse) »[2].
Le genre musical est un concept sans limites précises[3], il est donc compliqué d'établir une liste exhaustive des genres[4]. La dénomination d’un genre peut venir d’une expression qui a marqué une scène musicale (krautrock)[3], de techniques ou sources sonores utilisées par le genre musicalpopulaire (techno,synthpop)[3], de son origine géographique (Miami bass,UK garage)[3], ou de l’intention que porte le style (rock psychédélique)[3]. Un genre musical peut être vocal ou instrumental.
Selon le genre envisagé, diverses caractéristiques matérielles ou humaines peuvent être prises en considération.
La source sonore est souvent déterminante pour appréhender un genre musical : celle-ci définit lesinstruments, lesvoix, les formations ou les effectifs de telle ou telle musique. La voix étant un instrument tout à fait particulier (elle réside dans le corps de l'exécutant et permet d'ajouter du texte à la musique, mais aussi des sons vocaux tels que des cris, des râles, des souffles...), lamusique vocale et lamusique instrumentale généreront des genres musicaux différents. Du point de vue du nombre desinterprètes, on peut, par exemple, distinguer : le genrequatuor à cordes (pour quatresolistes), le genresérénade pourorchestre de chambre (petite formation orchestrale), le genreconcerto symphonique (pourorchestre symphonique etsoliste).
Le lieu de destination peut parfois déterminer un genre ou un autre. Il peut s'agir de musique destinée à être jouée en extérieur ou en intérieur et dans des types de lieux variés (type de lieux, dimension, volume, acoustique…). Par exemple, le genremarche militaire est normalement destiné à être joué en plein air, tandis qu'untrio demusique de chambre est plutôt destiné à une salle, de dimension réduite de préférence.
La durée moyenne d'uneœuvre musicale varie notablement d'un genre à l'autre et peut servir de caractéristique. Par exemple, les morceaux du genreopéra sont généralement plus longs que ceux du genrechanson.
Lorsqu'on veut déterminer un genre musical, le critèresociologique est probablement le plus pertinent. Il permet de répondre aux questions suivantes : « àquoi sert cette musique ? » (sa fonction), « àqui s'adresse-t-elle ? » (quel groupe social) et « dans quelles circonstances est-il joué ? ». Ainsi lamusique religieuse (ou musique sacrée) regroupera certains genres musicaux, tandis que son contraire (lamusique profane) en regroupera d'autres. Quelques exemples : musique pour la scène,musique de film,musique de danse, musique militaire, musique funéraire,musique d'ascenseur,jingle, etc.
Le genre musical doit également être distingué de laforme musicale. En effet, desœuvres musicales appartenant à un même genre peuvent revêtir différentes formes. Par exemple, unemélodie peut suivre la forme binaire (ABABA...), la formerondo (ABACAD...), ou encore, une forme plus complexe et inhabituelle, la forme libre (ABCDE...). À l'inverse, des œuvres musicales appartenant à des genres différents peuvent revêtir la même forme. Par exemple, la formefugue peut se retrouver dans unemesse, dans une pièce pourorgue, dans uneouverture, dans unopéra, etc.
Pour désigner le concept qui fait l'objet du présent article, le mot « forme » est souvent employé en lieu et place du mot « genre », ce qui ne manque pas de susciter de regrettables équivoques. Cette confusion provient du fait que dans un contexte donné — une époque, une esthétique, etc. — un genre revêt souvent une forme privilégiée, à tel point que le premier donne son nom au second — ou inversement. Quoi qu'il en soit, les deux concepts ne doivent pas être confondus. De même, legenre sonate est à distinguer de laforme sonate. Si l'emploi du mot « genre » a été retenu ici, c'est, d'une part parce que dans le domaine de la musique, ce mot revêt un sens analogue à celui qu'il reçoit dans d'autresarts —cinéma,littérature,peinture, etc. — d'autre part et surtout, parce que dans ce même domaine, le mot « forme » a déjà d'autres significations, ainsi qu'on vient de le voir.
Allan Moore a répertorié quatre façons d'appréhender la relation entre le genre et le style musical[4] :
dans la première le style décrit la manière d'articuler lesgestes musicaux(en) et le genre est lié à l'identité et au contexte de ces gestes ;
dans la seconde, le genre met l'accent sur le contexte des gestes et se rapporte à l'esthétique alors que le style qui met l'accent sur leur mode d'articulation se réfère à lapoïétique (le processus de création) ;
dans la troisième, le genre est normalement socialement contraint alors que le style est peu déterminé par le social et a un certain degré d'autonomie ;
dans le quatrième, le style a plusieurs niveaux hiérarchiques, du plus général qui peut être socialement constitué au plus local ; le système des genres est lui aussi hiérarchique mais les « sous-genres » constituent des genres à part entière d'une façon différente des « sous-styles ».
En dépit des distinctions ci-dessus, il n'est pas toujours facile de s'entendre sur la définition exacte de tel ou tel genre : certains ont des frontières floues, d'autres sont inventés par les critiques, tels que lepost-rock ou lenu metal. Parfois, un nom de genre est susceptible d'évoluer en fonction de l'époque ou du lieu. Par exemple, dans lamusique classique, le genresonate, auXVIe siècle, désigne« approximativement » toute pièce musicale exclusivementinstrumentale (par opposition à lacantate, pièce essentiellementvocale) ; tandis qu'auXIXe siècle, le même mot renvoie plus précisément à un « genre instrumental propre à lamusique de chambre, généralement constitué de plusieurs mouvements ». D'autres fois au contraire, plusieurs mots désignent« plus ou moins » un même genre. Par exemple, dans lamusique baroque, les termessuite,ordre, cassation etpartita renvoient au même genre (avec éventuellement quelques nuances variant selon lecompositeur).
Le progrès de la distribution musicale numérique a créé la possibilité d’avoir accès à de très vastes catalogues musicaux, et, en dépit des limites évoquées ci-dessus, a augmenté la nécessité d’une classification cohérente des genres musicaux. En raison de l'incohérence des taxonomies musicales existantes, un projet demetadatabase(en) global de titres musicaux a été proposé par François Pachet et Daniel Cazaly[5]. Cette proposition a comme objectif celui de décrire et classifier (dans le cadre de la musique occidentale) les titres musicaux (et non pas des albums ou artistes), en suivant les principes d’objectivité, indépendance, similarité et cohérence, en s’appuyant sur une série de descripteurs musicaux. Les créateurs de la plate-forme musicale Gracenote, dont le chercheur Oscar Celma, ont quant à eux répertorié plus de 2 000 genres musicaux, qui ont été créés par les labels musicaux pour des raisons de marketing ou bien par les fans (Celma et d'autres parlent alors defolksonomy, soit de taxonomie musicale créée par de simples auditeurs et non par des musiciens ou des professionnels de l'industrie musicale).
Entre les différents genres, le nombre de caractéristiques communes est susceptible de varier. Certains genres sont très éloignés de nature (par exemple, lacomédie musicale a peu de points communs avec lepsaume) ; d'autres au contraire, peuvent être considérés comme très proches, sinon apparentés (par exemple, lasonate correspond à une évolution de lasuite).
Le terme de sous-genre désigne un genre musical appartenant à un autre genre musical global. Par exemple, legangsta rap et latrap sont considérés comme des sous-genres duhip-hop (genre global)[6].
Un microgenre est un genre musical spécialisé ou dit« de niche »[7]. Le terme est utilisé depuis au moins lesannées 1970 pour décrire des sous-genres très spécifiques de lamusique, de lalittérature, du cinéma et de l'art[8]. En musique, les exemples incluent la myriade de sous-sous-genres duheavy metal et de lamusique électronique[8]. Certains genres sont parfois créés rétroactivement par des marchands de disques et des collectionneurs afin d'augmenter la valeur monétaire de certains disques, les premiers exemples étant laNorthern soul, lefreakbeat, legarage punk et lasunshine pop. Au début desannées 2010, la plupart des microgenres sont reliés et définis par divers points de vente sur Internet, généralement dans le but de générer une popularité et un engouement pour une nouvelle tendance perçue[9], comme lachillwave,witch house,seapunk, shitgaze,vaporwave, etcloud rap.
Les formules hyper-spécifiques et les sous-genres ont toujours été présents dans laculture populaire. Dans un article français de 1975 sur la fiction historique, les concepts de« microgenre » et de« macrogène » sont évoqués. L'auteur définit les microgenres comme« un groupe de textes étroitement défini, reliés dans le temps et l'espace », tandis que les macrogènes sont« plus diffus et plus difficiles à généraliser »[10]. Le concept de microgenre a également été abordé dans divers ouvrages critiques des années 1980 et 1990[8].
Le mot genre revêt un sens tout à fait spécifique dans le domaine de la musique de laGrèce antique. Dans ce contexte, le terme désigne alors une division particulière de chaque tétracorde constitutif d'uneéchelle musicale. Untétracorde est la succession de quatredegrésconjoints — par exemple : mi, ré, do, si. Parmi ces degrés — qui correspondent aux quatrecordes de lalyre — les degrés extrêmes — mi et si dans notre exemple — sont fixes, tandis que les degrés intermédiaires — ré et do dans notre exemple — sont mobiles. Unegamme est donc composée de deux tétracordes consécutifs — « mi, ré, do, si » et « la, sol, fa, mi », par exemple — séparés par unton, appelé « disjonction » — « si, la » dans notre exemple.
Le genre diatonique divise chaque tétracorde de la manière suivante, de l'aigu augrave : deuxtons (9/8) et undemi-ton diatonique oulimma (256/243). Il y a par exemple : « mi, ré, do, si ». C'est le seul genre dont lamusique occidentale ait hérité, et qui est à la base de l'échelle diatoniquepythagoricienne. Le genre chromatique divise chaque tétracorde de la manière suivante, de l'aigu au grave :tierce mineure (32/27),demi-ton chromatique ouapotome (2187/2048) etdemi-ton diatonique oulimma (256/243). Il y a par exemple : « mi, do, do, si ». Le genreenharmonique divise chaque tétracorde de la manière suivante, de l'aigu au grave :tierce majeure (5/4 ou 81/64, selon les théoriciens) et deuxdiésis, équivalent approximativement auquart de ton (selon les théoriciens : 36/35, 28/27, 39/38, 40/39, 31/30, 32/31...). Il y a par exemple : « mi, do, xx, si » — la note xx est à mi-chemin entre do et si.
↑(en)[PDF] Pachet, F. and Cazaly, D.A Taxonomy of Musical Genre, InCentre des Hautes Etudes Internationales d'Informatique Documentaire - C.I.D, editor, Proceedings of Content-Based Multimedia Information Access (RIAO) Conference, vol. 2, pages 1238-1246, Collège de France, Paris, 2000.