Gaza (enarabe :غَزَّة,Ġazza [/[ˈɣazza]]) est la principaleville de labande de Gaza. Elle est parfois appelée « ville de Gaza » ou « Gaza-ville » pour la distinguer du territoire auquel elle donne son nom.
Avant la guerre, la ville de Gaza comptait près de 700 000 habitants tandis que la population totale de la bande de Gaza dépasse 2 100 000 personnes[4],[5], dont environ un tiers vivaient dans des camps deréfugiés palestiniens[6], un autre tiers étant constitué des réfugiés vivant en dehors des camps[7]. Seshabitants sont les Gazaouis.
La première référence à la ville de Gaza remonte au règne dupharaon égyptienThoutmôsis III (mort en 1425 av. J.-C.). La ville est également citée dans leslettres d'Amarna (sous laXVIIIe dynastie). Son intérêt principal réside dans sa position stratégique sur la route côtière reliant l'Égypte antique et laSyrie. C'est alors un marché important[10] et un poste avancé égyptien faisant partie du « Chemin d'Horus » (série deforteresses réparties entre Tcharou[N 1] et Gaza)[11].
Dans les années 1190 avant J.-C., lesPhilistins, un despeuples de la mer (originaires deCrète selon une tradition biblique)[12] s'installent sur la côte sudcananéenne (de Gaza àJaffa), après avoir attaqué l'Égypte. Les Philistins laisseront leur nom bien plus tard à l'ensemble du territoire, que lesRomains appelleront « Palestine ». La ville philistine d'environ quatre-vingts hectares, murée, est construite sur une colline à quarante-cinq mètres d'altitude, à 2,4 km de lamer Méditerranée. Gaza est mentionnée dans laBible Hébraïque comme l'une des villes principales des Philistins en guerre contreIsraël : c'est là que le jugeSamson est capturé[13] et qu'il meurt en faisant s'écrouler untemple philistin.
La ville est considérée comme le lieu où serait mortHachim ibn Abd Manaf, l'arrière-grand-père deMahomet au cours d'une expédition commerciale, d'où le surnom de la ville « la Gaza de Hashim »[23], « Ghazzat Hashim ». Une mosquée en son nom s'y trouve, laMosquée d’al-Sayyid Hashim(en), et sous lesarcades serait présente sa tombe[24].
La conquête de Gaza par lesArabes intervient très tôt, sans doute en 634. Elle n'est pas évoquée par les sources arabes mais l'est par les sourcesbyzantines : la population civile, alors non musulmane, doitpayer tribut aux Arabes et la garnison, constituée de soixante soldats, est emprisonnée et mise à mort quelque temps plus tard. Sous lesOmeyyades, une garnison militaire et un atelier monétaire sont implantés en ville. L'islamisation de la cité est progressive : c'est là que naît l'imamal-Chafii (fondateur de l'école dejurisprudencechafiite), mais ce n'est pas là qu'il vécut et enseigna.
La petite communauté juive — présente à Gaza depuis la période hellénistique et également dans la ville de Rafah — paye un impôt de protection, et lesDhimmis ne furent pas inquiétés[14].
À la fin de 1170, le sultanSaladin s'empare de la ville basse mais échoue à prendre le château. Ce n'est qu'en 1187, au lendemain de labataille de Hattin, qu'il obtient l'évacuation de Gaza par les Templiers et la remise des forteresses de Gaza et de Darom (Deir el-Balah, au sud de Gaza). Le roi d'AngleterreRichard Cœur de Lion reprend Darom et Gaza en 1192, mais négocie ensuite avec Saladin l'abandon de ces positions jugées trop exposées, qu'il fait évacuer après en avoir détruit lesfortifications.
En 1239, un retour offensif desFrancs est brisé àBeit Hanoun, bourgade du nord de Gaza, dont la mosquée abrite les tombes desmusulmans qui sont tués au cours de cette bataille. En 1244, a lieu àHirbiyyah (en latinFurbia, en français « La Forbie ») unebataille bien plus importante opposant une coalition égypto-khowarizmienne et une coalitionsyro-franque : le roiAl-Salih Ismaël deDamas avait promis aux Templiers de leur restituer Gaza en cas de victoire, mais ils sont défaits. Gaza demeure au pouvoir desAyyoubides d'Égypte, puis deSyrie, jusqu'en 1260 où la ville est occupée un temps par lesMongols avant d'être reprise par le chefmameloukBaybars.
Dans les années 1480, des voyageurs indiquent que Gaza est la ville la plus importante de Palestine. Elle est habitée par desÉthiopiens, desArabes, desÉgyptiens, desSyriens, desIndiens, desJuifs (soixante-six familles), desSamaritains (quatre familles) et deschrétiens, plus de sept-mille hommes, au milieu de dix-mille chameaux. Seuls les Juifs y produisent le vin local[28].
La Palestine en 1949 : en pointillé blanc, les frontières duplan de partage prévu par l'ONU en 1947 ; en vert foncé, les territoires conquis par Israël sur le projet d'État d'arabe ; en blanc, la bande de Gaza contrôlé par l'Égypte.
Lors de la guerre de 1948, les Israéliens tentent d’empoisonner les puits avec le germe de latyphoïde, comme ils l’ont fait avec succès àAcre. Mais leur tentative, qui a lieu le 27 mai, est déjouée par la surveillance gazaouie et l’armée égyptienne[33],[34]. Gaza est aussi une des rares villes que les Israéliens bombardent durant cette guerre,« les Gazaouis ont la plus longue histoire de victimes de bombardements par Israël, de 1948 à nos jours »[35].
De 1948 à 1967, la bande de Gaza est administrée par l'Égypte. À la suite de lacrise du canal de Suez, elle est occupée parIsraël de novembre 1956 au. Outre quatre-mille prisonniers, cette occupation cause la mort de 930 à 1 200 Palestiniens arabes pour une population totale de 330 000 personnes[36].
Manifestation dans la bande de Gaza pendant lapremière intifada, le.
Le 9 décembre 1987, c'est à Gaza que débute lapremière intifada, la « révolte des pierres », avant de s'étendre à l'ensemble desterritoires occupés jusqu'en 1993, année desaccords d'Oslo. « Intifada » est d'ailleurs le seul motarabe qui intègre le vocabulaire de la politique mondiale auXXe siècle[37]. À la suite d’un accident de circulation que les Arabes considèrent comme un acte intentionnel de la part du chauffeur israélien, des jeunes ducamp de Jabalia se révoltent et lancent des pierres sur les forces d'autorité. Les artisans se rebellent aussi en ne se rendant pas au travail, et en fermant leur boutique[38].
Le 25 janvier 2006, le Hamas remporte lesélections législatives palestiniennes de 2006.Ismaël Haniyeh est nommé Premier ministre de l'Autorité palestinienne. La collaboration avec l'appareil politique mis en place par le Fatah est difficile.
En, le Hamasprend le pouvoir à Gaza et chasse les tenants de l'Autorité palestinienne. Israël, qui avait gardé le contrôle des frontières, des eaux territoriales et de l'espace aérien, met en place unblocus de la Bande de Gaza.
En octobre 2023, éclate laguerre à Gaza, lancée à la suite de l'incursion le 7 du même mois de commandos du Hamas en Israël depuis Gaza (opération dite « Déluge d'Al-Aqsa ») et le massacre de civils israéliens et étrangers, auxquels Israël répond pour officiellement éliminer leHamas par des bombardements massifs notamment sur la ville de Gaza avec des milliers de civils gazaouis tués sous les bombes, leblocus intégral du territoire, unsiège puis uneattaque terrestre[39], l'ensemble entraînant unecrise humanitaire alarmante. En juillet 2024, l'armée israélienne ordonne l'évacuation de toute la ville[40].
Centre de santé du quartier deSheikh Radwan, géré par l'UNRWA, détruit par les bombardements israélien,.Vue aérienne des destructions dans lecamp de réfugiés d'al-Shati, situé dans la ville de Gaza, 3 juillet 2024.
Les écoles servant de lieux de refuge pour les déplacés sont régulièrementbombardées, accusées par Israël de cacher des centres de commandement et d'opérations militaires du Hamas, desterroristes ou des armes[41],[42],[43],[44]. Le, au moins quinze personnes sont tuées lors d'une attaque israélienne contre l'école Dalal al-Mughrabi, tandis que le 3 août, seize autres personnes sont tuées lors du bombardement de l'école Hamama. Le 4 août, au moins trente personnes sont tuées dans desraids aériens israéliens sur les écoles Nassr et Hassan Salama, à l'ouest de la ville, et le 8 août, au moins dix-sept personnes sont tuées dans des attaques contre les écoles Abdul Fattah Hamouda et az-Zahra. Le 10 août, plus de cent personnes sont tuées et cent-cinquante autres blessées après que les forces israéliennes ont bombardé l'école al-Tabin, à l'est de la ville[44],[45],[46]. Le 21 septembre, vingt-et-une personnes sont tuées lors d'une frappe israélienne sur l'école Al-Zaytoun abritant des déplacés, quand Israël précise que sa cible terroriste se trouvait « à l'intérieur » de l'école Al-Falah, adjacente aux bâtiments de l'école Al-Zaytoun[47].
Front de mer de Gaza, détruit par les bombardements israéliens, février 2025.
Le quartier deSheikh Ijlin, rasé par l'armée israélienne, janvier 2025.
Pour certains chercheurs, les destructions planifiées et délibérées de quartiers entiers de Gaza s'apparente à unurbicide[51].
Le, à la suite du rapport de l'organisme indépendantIPC[52], l'Organisation des Nations unies déclare l'état defamine dans la ville, en« raison de l'obstruction systématique d'Israël » dans l'acheminement des vivres[53],[54]. Responsables de l'approvisionnement alimentaire dans les zones sous occupation militaire selon le droit international[53], le gouvernement israélien réfute cette accusation, parlant de« préjugés antisémites » et de« mensonges »[55],[56].
Au, la ville de Gaza est en grande partie dévastée par lesbombardements israéliens avec, selon l'ONU, plus de 78 % des immeubles détruits, partiellement ou totalement, y compris les hôpitaux et les écoles[3].
Fin 2023, à la suite de laguerre menée par Israël dans la bande de Gaza, toutes les écoles ont dû être fermés et un grand nombre d'établissements sont devenus des lieux de refuge pour la population civile[62]. À la rentrée 2024, plus de 45 000 enfants de classe primaire n'ont pas pu aller à l'école à cause de la situation actuelle. Ils rejoignent les 625 000 élèves déjà privés d’une année scolaire entière[63]. Quant aux universités de la ville, elles ont été partiellement voire totalement détruites par l’armée israélienne en 2024[64].
Lecentre-ville comporte un certain nombre de monuments importants. Toutefois, un grand nombre d'entre eux ont été détruits par lesbombardements israéliens depuis 2023[65].
Gaza compte aussi unhammam datant de l'époqueottomane, récemment restauré, puis détruit par l'armée israélienne pendant la guerre de 2023-2025[65].
Inventaire du patrimoine détruit par l'armée israélienne
Selon l'UNESCO, au printemps 2025, les deux tiers du patrimoine de la bande de Gaza ont déjà étédétruits par l'armée israélienne[71]. Sous la conduite de l’historienFabrice Virgili, un collectif de chercheurs et d'universitaires français recense le patrimoine architectural, et naturel, détruit par l'armée israélienne. Cette base de données, intituléeGaza, inventaire d'un patrimoine bombardé[72], met aussi à disposition une carte évaluant les dommages et la destruction des différents sites[73],[74].
Mohammad 'Assaf est un palestinien né 1989, et ayant vécu à Gaza pendant sa jeunesse dans un camp de réfugiés àKhan Younis. Il s'est fait connaitre lors de la deuxième saison de émission Arab Idol en 2013. Depuis, il a connu un succès international pour sa musique sur laPalestine, et notamment en 2015 avec "dammī falasṭīnī"[75].
Taysir Batniji, artiste et photographe franco-palestinien, né à Gaza en 1966.
Shireen Abed, pédiatre néonatalogue, directrice de la maternité de l'hôpital Al-Shifa et du service de néonatalogie de l'hôpital Nasser, ayant mis en évidence les impacts de la guerre à Gaza sur les nouveaux-nés.
Mohammed al-Chbeir, docteur en micro-biologie et universitaire, mort à Gaza le, tué avec sa femme, sa belle-fille et son petit-fils par un missile de l'armée de l'air israélienne[81].
↑a etb« À Gaza, une frappe israélienne tue près de cent personnes, rendant encore plus improbable un cessez-le-feu »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)