Né par accident à Paris[a], Gaston Alfred Louis Leroux grandit enNormandie, dont est originaire sa mère, Marie Bidault. Il vit d’abord àEu, où son père, entrepreneur de travaux publics, dirige la restauration duchâteau d’Eu selon les plans deViollet-le-Duc, puis auTréport. Il suit sa scolarité au collège d’Eu, où il aPhilippe d’Orléans comme condisciple et dont il sort bachelier en 1886[2]. Il s’installe à Paris en et s’inscrit à la faculté de droit[1].
S’amusant à faire des tragédies et à écrire des nouvelles depuis le collège, il envoie un sonnet sur Lamartine àla Lyre universelle, qui le publie. Il a ensuite la surprise de voir en kiosque son premier article, intitulé …Mon premier article, imprimé en tête, en première page deLutèce, en 1886. L’année suivante, sa première nouvelle de fiction, « Le Petit Marchand de pommes de terre frites », paraît dansla République française nouvellement fondée[1]. Licencié en droit en 1890, il plaide en correctionnelle jusqu’en 1893. Ayant fait la connaissance du dramaturgeRobert Charvay, à la terrasse duClou, il lui apporte une demi-douzaine de sonnets sur les vedettes pour les échos de son journalL’Écho de Paris[1].
Il fait la connaissance deRaoul Canivet, directeur duParis, au café duCroissant, qui lui confie la chronique judiciaire de son journal. Il débute dans l’affaire Vaillant, l’auteur de l’attentat de la chambre des députés, et doit envoyer sa copie au fur et à mesure, leParis étant un journal du soir[1]. Son compte rendu tombe sous les yeux deMaurice Bunau-Varilla, directeur du journalLe Matin. Celui-ci propose à Leroux de devenir le chroniqueur judiciaire de ce quotidien, le plus important de Paris à l’époque. Il débute dans l’affaire Émile Henry, et a ainsi l’occasion de suivre le procès de personnages qui auraient pu figurer dans ses romans, en particulier lesanarchistes, notamment les poseurs de bombes.
Lors du procès du marquis de Nayve, aux assises de Bourges en 1895, il réussit à interviewer l’accusé dans sa cellule, une première dans les chroniques judiciaires. En 1894, devenu chef des informations auMatin, il effectue de nombreux voyages en France et à l’étranger, notamment enEspagne et auMaroc au moment où ce pays est encore « barbaresque ». AuMatin, il fait paraître en 1903 un feuilleton,Le Chercheur de trésors, qui paraît l’année suivante sous le titreLa Double Vie de Théophraste Longuet. Envoyé spécial permanent duMatin enRussie, de à[3], il assiste au massacre des Arméniens dans le Caucase et aux sanglantes prémices de l’écroulement de l’empire des tsars et prédit la révolution russe[4].
Chroniqueur judiciaire durant dix ans, chroniqueur parlementaire pendant trois ans, critique dramatique pendant trois ans, ces trois activités ont contribué à le documenter pour son œuvre littéraire. Rêvant depuis toujours de faire carrière dans la grande littérature, il écrit, entre Southampton, Madère, Marseille, Port-Saïd et Saint-Pétersbourg, une pièce longuement mûrie intituléela Maison des Juges. Montée parAntoine àl’Odéon le, l'oeuvre est qualifiée parCatulle Mendès d’« hugolienne »[5], mais elle tient l’affiche à peine 15 jours. Incomprise du public, elle paraît dansl’llustration théâtrale dès le. Devant l’insuccès de cette pièce, il va trouverRené Baschet etMaurice Normand àl'Illustration et leur annonce qu’il veut faire un roman. Il en propose plusieurs sujets, dont un sur un les aventures d’un reporter, qui est retenu.
Gaston Leroux épouse en 1899 Marie Lefranc, mais s'en sépare très vite. En 1902, il rencontre Jeanne Cayatte àLeysin, enSuisse, avec qui il vit bientôt maritalement et dont il a deux enfants : Alfred Gaston, dit Miki (1905-1970), et Madeleine (1908-1984). Marie Lefranc ayant fini par accepter le divorce, il épouse Jeanne en 1917[7].
Gaston Leroux a été mis au nombre des adversaires de la peine de mort, pour avoir écrit :« moi, qui suis contre la peine de mort, je suis contre le droit de grâce[8] », mais il a également écrit l’année suivante :« le meurtre de l’homme, si habilement et si proprement exécuté, serait devenu si inoffensif pour le coupable qu’on se verrait dans la nécessité de décréter l’assassinat non point crime, mais contravention. Alors… Alors, comme il est défendu, sans ambages, de secouer les tapis par les fenêtres, sous peine d’une amende d’un sou, il serait défendu, sans explications, de tuer, sous peine de l’amende d’une tête[9]. »
:Premières aventures de Chéri-bibi — Paru en feuilleton dansLe Matin sous le titreChéri-bibi, puis chez Arthème Fayard en 1914.
:Nouvelles aventures de Chéri-Bibi — Paru en feuilleton dansLe Matin sous le titre La Nouvelle Aurore, puis chez Pierre Lafitte en 1921.
:Le coup d'état de Chéri-bibi — Paru en feuilleton dansLe Matin sous le titreChéri-Bibi, le marchand de cacahouètes, puis aux éditions Baudinière en 1926.
La sérieChéri-Bibi parue aux éditions du Masque reprend quelques aventures de Chéri-Bibi :
:Balaoo — Paru en feuilleton dansLe Matin, puis chez Jules Tallandier la même année.
:L'Épouse du Soleil — Parue en feuilleton dansJe sais tout, puis chez Pierre Lafitte en 1913.
:Confitou — Paru en feuilleton dansLe Matin, puis chez Pierre Lafitte en 1917.
:La Colonne infernale — Paru en feuilleton dansLe Matin, puis chez Arthème Fayard en 1917.
:Le Capitaine Hyx — Paru en feuilleton dansLe Matin sous le titreLe Sous-marin « Le Vengeur » : Les Anges des eaux, puis chez Pierre Lafitte en 1920.
1917 :La Bataille invisible — Paru en feuilleton dansLe Matin sous le titreLe Sous-marin « Le Vengeur » : La Bataille invisible, puis chez Pierre Lafitte en 1920.
:Tue-la-mort — Paru en feuilleton dansLe Matin, puis chez Jules Tallandier en 1921.
:Le Sept de trèfle — Paru en feuilleton dansLe Matin, puis chez Jules Tallandier en 1922.
:Les Ténébreuses — Paru en feuilleton dansLe Matin, puis chez Jules Tallandier en 1925.
1924 :La Farouche Aventure — Paru en feuilleton dansLe Journal sous le titreLa Coquette punie, puis chez Gallimard en 1925.
:Le Fils de trois pères — Paru en feuilleton dansLe Journal, du au, sous le titreHardigras, puis aux éditions Baudinière en 1926.
1925 :La Mansarde en or — Paru en feuilleton dansLe Journal, puis dans l'intégrale Leroux, coll. Bouquins, chez Laffont en 1984.
1925 :Il y a des pas au plafond... — Paru en feuilleton dansL'Écho d'Alger du au.
:Les Mohicans de Babel — Paru en feuilleton dansLe Journal, puis aux éditions Baudinière en 1928.
:Mister Flow — Paru en feuilleton dansLe Journal sous le titreLa Véritable Histoire du célèbre Mister Flow, puis aux éditions Baudinière la même année.
Ton maître — Roman autobiographique inédit écrit avant 1900 et publié sous forme d'extraits dans lesCahiers semestriels du cercle Gaston Leroux en 1977-1981, et sous le titreLes Possédés du stupre dansPlayboy en juin 1978.
Pouloulou — Manuscrit inédit découvert par les héritiers de Leroux et authentifié parFrancis Lacassin, publié chez Michel Lafon en 1990.
Les œuvres de Gaston Leroux ont fait l'objet de nombreuses adaptations au cinéma, à la radio, à la télévision et même en bandes dessinées, parmi lesquelles :
:Le Fantôme de l'Opéra (The Phantom of the Opera), film américano-britannique deJoel Schumacher. Version cinématographique de la comédie musicale d'Andrew Lloyd Webber.
↑Isabelle Casta,« De l’intimes aux confins », dans Philippe Antoine, Marie-Christine Gomez-Géraud,Roman et récit de voyage, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne,, 252 p.(ISBN9782840501770,OCLC231874229,lire en ligne),p. 168.
Isabelle Husson-Casta,Le Travail de l'« obscure clarté » dansLe Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, Paris, Archives des lettres modernes,, 79 p.(ISBN978-2-256-90462-2).
Isabelle Casta,Le Corps comme territoire de fiction dans quelques romans de GastonLeroux, thèse, Université de Picardie, 1992, Lille, Presses universitairesdu Septentrion, 1998, 573 p.
Isabelle Casta,La Littérature dans les Ombres : Gaston Leroux et les Œuvres noires, Paris, Lettres modernes Minard,, 250 p.(ISBN978-2-256-91044-9).
Isabelle Casta,Étude surLe Mystère de la chambre jaune etLe Parfum de la dame en noir, de Gaston Leroux, avec Vincent Vanderlinden, Ellipses, coll.« Résonances », Paris, 2007, 128 p.