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Archives conservées par | Bibliothèque Kandinsky (FGM CHAI) ![]() |
Gaston Chaissac, né le àAvallon et mort le àLa Roche-sur-Yon[1], est unpeintre et unpoètefrançais.
Il est également connu pour ses nombreuses correspondances, mais aussi textes et poèmes publiés entre autres àLa Nouvelle Revue française (NRF) et dansLes Cahiers de la Pléiade[2].
Gaston Chaissac naît rue de Paris à Avallon, de parents corréziens[3]. Son père est cordonnier. Après la guerre et la séparation de ses parents, le jeune Chaissac demeure avec sa mère. Sa scolarité est, comme il le dira lui-même,« courte et chétive »[réf. nécessaire]. L’école ne lui convient guère mais il se plaît à observer les cours de dessin que sa sœur prend auprès deHélène Guinepied dont la méthode (Méthode Helguy) le fascinera au point d'en parler plus tard dans ses correspondances, notamment avecJean Dubuffet[4] etLuc Benoist, comme« (notre) instigatrice de l'art brut que j'ai préféré baptiserpeinture rustique moderne ».
Sa santé se révèle fragile. Souvent malade, il développe peu à peu un style de vie frileux et ascétique. On observe d’ailleurs que les personnages de ses tableaux — et même de ses « totems » — ont un corps fréquemment atrophié, et que leur visage exprime parfois un sentiment de souffrance.
En 1923, Chaissac quitte l’école pour entrer en apprentissage. Il touche à divers métiers sans se décider pour aucun en particulier.
En 1926, la famille Chaissac s'installe àVillapourçon (Nièvre).
En 1931, il perd sa mère. Le mariage de sa sœur, qui quitte dès lors la cellule familiale, constitue également un choc pour lui. Il met longtemps à surmonter ce double traumatisme.
En 1934, Chaissac tente de s’établir àParis, où son frère Roger, devenu brigadier de police, lui ouvre une échoppe de cordonnierrue Mouffetard et l'accueille chez luirue Henri-Barbusse. Avec son animation grouillante, la grande ville lui plaît, mais ne réussissant pas à gagner sa vie, il quitte une première fois la capitale pour y revenir en 1937. Dans le même immeuble que Chaissac habitent les peintresOtto Freundlich et sa compagne,Jeanne Kosnick-Kloss, qui l'encouragent à dessiner. Les premiers résultats de cette activité leur paraissent pleins d’avenir.« Un maître nous est né », aurait dit Freundlich[réf. nécessaire]. Quoi qu’il en soit, ce dernier ne cessera plus, jusqu’à sa mort en déportation (1943), d’aider et de conseiller Chaissac.
À l’automne 1937, Chaissac tombe gravement malade. Unetuberculose est diagnostiquée. Il est envoyé ausanatorium d’Arnières-sur-Iton, dans l’Eure. Le traitement ne l’empêche pas de continuer de peindre : en décembre1938 a lieu sa première exposition personnelle à Paris.Albert Gleizes etRobert Delaunay s’intéressent vivement aux travaux qu’il y présente.
De 1939 à 1942, Chaissac achève de guérir au sanatorium de lacité-sanitaire de Clairvivre enDordogne, où il deviendra chef d'atelier de la cordonnerie. À Noël 1940, il y rencontre sa future épouse, Camille Guibert (1911-1980).
En 1942, à l’invitation d’Albert Gleizes, il part pourSaint-Rémy-de-Provence. Tout en travaillant chez un bourrelier, il peint dans l’atelier de Gleizes grâce auquel il fait la connaissance d’André Lhote. Il se marie le àVix enVendée et Camille accouche trois jours plus tard de leur unique enfant, Annie. En1943, Chaissac présente sa deuxième exposition àParis, à la Maison des intellectuels.Raymond Queneau, amené par Jeanne Kosnick-Kloss, la voit et l’apprécie. La même exposition est signalée — avec enthousiasme — àJean Paulhan.
En 1943, l'épouse de Chaissac, qui est institutrice, est nommée àBoulogne enVendée. Le couple s’y installe pour cinq ans. Chaissac, désormais débarrassé du souci de sa subsistance, peut enfin se consacrer entièrement à ses activités artistiques. En 1944, il participe auSalon des indépendants, et en 1945, il expose auSalon des surindépendants[réf. nécessaire].
En, il commence une correspondance avecPaulhan qui séduitJean Dubuffet ; ce dernier lui écrit alors à son tour et se porte acquéreur de certaines de ses œuvres. De 1946 à 1953, il entretient aussi une correspondance avec le peintreLouis Cattiaux[5].
En 1947 se tient une nouvelle exposition personnelle àParis, à la galerie Arc-en-ciel. La préface est signée Dubuffet, où ce dernier compare l’art de Chaissac à celui des bédouins qui, dans leSahara, jouent de la flûte en se moquant de la civilisation.
En 1948, sa femme est nommée dans une autre commune vendéenne,Sainte-Florence-de-l'Oie. Le couple y demeurera treize ans. Années difficiles pour le peintre qui, refusant de jouer le jeu du parisianisme alors même qu’il aspire à être reconnu par ses pairs, rejeté par la majorité des habitants de sa commune qui le prend pour un sorcier ou un fou, se trouve en proie à une terrible solitude. Sa créativité s’en ressent et dans les années 1956-1958, il ne peint presque pas.
Cette solitude est pourtant rompue de loin en loin : visite du critiqueAnatole Jakovsky en 1948 (qui publiera un livre sur Chaissac peu après) et de Jean Dubuffet, qui invite le peintre à participer à l’exposition d'art brut de lagalerie René Drouin à Paris ; visite du photographeGilles Ehrmann en 1955 lequel, enthousiasmé, revient en compagnie du poète surréalisteBenjamin Péret. En 1956, Chaissac effectue un bref séjour dans la maison de Dubuffet àVence. Après cette date, leurs rapports iront en s’espaçant. La dernière lettre de Dubuffet à Chaissac citée dansProspectus et tous écrits suivants, date de 1961.
Après l’envoi d’un texte de Chaissac à laNRF en 1954, celle-ci publiera régulièrement de 1957 à 1960 ses « Chroniques de l’Oie », articles humoristiques entrecoupés de réflexions poétiques.
Ce n’est qu’en 1961, avec l’installation du couple àVix, que Chaissac commence à sortir de son isolement. Cette même année, il reçoit la visite d’Iris Clert qui lui organise une exposition personnelle dans sa galerie parisienne, celle-là même d’Yves Klein et desnouveaux réalistes…
En 1962 sort le livre deGilles Ehrmann,Les Inspirés et leurs demeures, dans lequel Chaissac se trouve en compagnie d’autres autodidactes. Il occupe toutefois une place prépondérante dans le livre grâce aux textes d’André Breton et deBenjamin Péret. Dans les mois qui suivent, l’Allemagne, l’Italie, lesÉtats-Unis s’intéressent soudain à lui. Mais miné par l’anxiété, les difficultés matérielles et les ennuis de santé, Chaissac meurt le d’une embolie pulmonaire à l’hôpital deLa Roche-sur-Yon.
Les relations entre Gaston Chaissac etJean Dubuffet ont été pour le moins tumultueuses, mais hautement symptomatiques de l’histoire et de l’évolution de l’art brut[6].
Chaissac est très tôt intégré à la collection de Dubuffet, et exposé dès 1948 avec les autres créateurs du Foyer de l’art brut, qui deviendra la Compagnie de l’art brut, puis laCollection de l'art brut. Mais en 1963 est créée la seconde Compagnie de l’art brut, au moment du retour de la collection d’Amérique. Dubuffet doit alors revoir les fondements idéologiques qui définissent l’art brut, ce qui aboutit à la création d’une « Collection annexe », qui prendra le nom définitif deNeuve Invention en 1982, dans laquelle il place Chaissac :
« Le silence et le secret restent pour Jean Dubuffet les fondements inhérents à la véritable production artistique ; le créateur autodidacte œuvre pour son propre usage, sans aspirer à la communication ni à la diffusion de ses travaux. Dubuffet pousse alors sa théorie socio-esthétique à ses limites et dénonce la contradiction existant entre la production d’art et la reconnaissance sociale. »
« Vous ne pouvez pas être un créateur et être salué par le public de ce titre. […] Il faut choisir entre faire de l’art et être tenu pour un artiste. L’un exclut l’autre. »
— Lettre à Pierre Carbonel
Dubuffet retire alors quelques créateurs du groupe de l’art brut et transfère leurs productions dans les collections annexes – tel est le cas pour Gaston Chaissac,Philippe Dereux etIgnacio Carles-Tolra.
Plus que tout autre, le transfert de Chaissac a été et reste un sujet de polémique. Nombreux sont ceux qui ont accusé Dubuffet de l’avoir enrôlé dans l’art brut, de l’avoir pillé et plagié pour finalement le renier en le reléguant dans les collections annexes. Dans un premier temps, Dubuffet a vu en Chaissac l’homme du commun créateur, cette figure essentielle de sa conception philosophique et artistique. Puis il a révisé son jugement, tenant compte non seulement du bagage culturel de Chaissac mais aussi de sa connaissance et de ses liens toujours plus importants avec la vie parisienne. Chaissac est« trop informé de ce que font les artistes professionnels »[7].
Chaissac se voulait non seulement peintre, mais aussi épistolier et poète. Dans ses écrits, truffés de mots rares, dans lesquels il crée de nombreux néologismes, il s'exprime, souligne M. Amirault, « en indépendant, dénonce le fascisme de la langue qu'il délivre de la prison du langage et de la dictature de la grammaire »[8]. « Chercher dans le contenu de la correspondance de Chaissac la logique d'une pensée articulée, poursuit-elle, l'expression d'un projet construit, le témoignage d'un idéal, serait donc vain, car ce n'est rien d'autre que la jouissance de dire et d'écrire, d'être lu et de provoquer, de déconstruire "les dogmes", qui le motive sans trêve ». Ce dont « il raffole le plus c'est d'ébranler les convictions »[9]. La langue est pour lui l'instrument et l'arme d'une politique qui subvertit les normes et dévoile la nature de semblants des discours[8].
Après sa mort, Gaston Chaissac sera finalement intégré dans l'histoire de l’art moderne[10].
Des artistes reconnus commeGeorg Baselitz ouRobert Combas revendiquent son influence directe[réf. nécessaire].
La bibliothèque-médiathèque de la ville de ses origines,Avallon, porte son nom depuis le.
Sa fille, Annie Raison-Chaissac, devenue agricultrice en Vendée, s'est investie pour la reconnaissance de l'œuvre de son père. Sa petite-fille, Nadia Raison, sociologue, a pris la relève[réf. nécessaire].
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