Longue province étroite, coincée entre leplateau de Mongolie au nord et les contreforts duplateau Tibétain au sud, épousant le tracé principal de l'ancienneroute de la soie, le Gansu est habité par environ 26 millions d'habitants (en 2004), dont une minorité importante de Hui. La capitale, Lanzhou, est située dans le sud-est de la province.
Le nom du Gansu est un nom composé, utilisé pour la première fois à l'époque de ladynastie Song, formé de celui de deux préfectures des dynastiesSui etTang : Gan (près de Zhangye) et Su (près deJiuquan).
Le nom de la province est abrégé en Gan (甘, gān) ou Long (陇 / 隴, lǒng).
L’Homme de Denisova vivait au Gansu il y a 160 000 ans. Une demi-mandibule de ce groupe humain a été découverte dans lagrotte de Baishiya. Des outils en pierre et des os d’animaux avec des marques de découpes y furent aussi trouvés[1].
Aux temps préhistoriques, la région du Gansu héberge un certain nombre de culturesnéolithiques. Laculture de Dadiwan (老官台文化, lǎoguāntái wénhuà, « culture du Laoguantai ») prospère dans l'est du Gansu entre 6000 et 3000 av. J.-C[2]. Laculture de Majiayao et une partie de laculture de Qijia ont également leur origine dans le Gansu, respectivement entre 3100 et 2700 av. J.-C., et 2400 et 1900 av. J.-C.
L'État de Qin — qui donne par la suite ladynastie fondatrice de l'Empire chinois — se développe initialement dans le sud-est du Gansu, spécifiquement dans la région de Tianshui. Des tombes et des objets Qin ont été excavés àFangmatan, près de Tianshui.
Aux temps impériaux, le Gansu est un avant-poste et une voie de communication importants de l'Empire chinois, lecorridor du Hexi courant le long de la province. Ladynastie Han étend laGrande Muraille à travers ce corridor et construit les villes fortifiées deYumenguan etYangguan. Ladynastie Ming y construit l'avant-poste deJiayuguan. Le nord-ouest de la province, à l'ouest de Yumenguan et des montsQilian, est habité par desYuezhi,Wusun et autres tribus nomades.
En 822, letraité de paix sino-tibétain est signé entre l’empereur du Tibet,Tri Ralpachen et l’empereur chinoisTang Muzong (820 — 824) de ladynastie Tang. Le traité permet de stabiliser les relations politiques, militaires et commerciales entre le Tibet et la Chine. Ainsi le traité délimite la frontière entre les deux empires[3] et la Chine reconnaît l'occupation du Gansu par les tibétains[4].
Après la chute dukhaganat ouïghour (744 – 848), unÉtat ouïghour s'établit dans le Gansu entre848 et1036. À cette époque, de nombreux habitants du Gansu se convertissent à l'Islam. Plus tard, une partie du Gansu fait partie de l'Amdo, région du nord-est duTibet, et une autre partie appartient à laMongolie. Province créée sous ladynastie Yuan, située le long de la route de la soie, le Gansu est une région économiquement importante, ainsi qu'un vecteur de transmission culturelle.
La province est le lieu d'origine de laRévolte des Dungan (des Huis) de1862-1877, qui s'étend par la suite au reste de la Chine. La communauté musulmane rebelle du Gansu est alors presque entièrement anéantie, principalement par les forces armées de ladynastie Qing mandchoue, parmi lesquelles, il y avaitMa Zhan'ao etMa Anliang(en), de laclique des Ma, une famille de seigneurs de la guerre, également musulmans huis, fidèle à l'Empereur.
Pendant laGrande famine entre 1958 et 1961, selon l'universitaire chinoisYang Jisheng, les données officielles pour le Gansu indiquent un nombre de morts non naturelles de 666 700 et un nombre de naissances non advenues de 800 000. Le professeur Cao Shuji arrive quant à lui au chiffre de 1,023 million de décès non naturels[6]. Yang Jisheng mentionne aussi de nombreux cas decannibalisme. Dans la ville de Linxia, 588 personnes ont mangé 337 cadavres; à Hongtai, 170 personnes ont mangé 125 cadavres dont 5 tués à cet effet. Des cas sont connus où des maris ont mangé leurs femmes, des mères leurs enfants, des frères leurs sœurs[7].
C'est à cette époque entre 1958 et 1961 qu'a été ouvert le camp derééducation par le travail deJiabiangou utilisé pour emprisonner des intellectuels et d'anciens fonctionnaires gouvernementaux qui ont été déclarés « droitistes » lors dumouvement anti-droitier duParti communiste chinois. Lorsqu'il était en opération, il contenait approximativement 3 000 prisonniers politiques, dont environ 2 500 sont morts à Jiabiangou, principalement de famine[8],[9],[10].
Composante centrale du Gansu, lecorridor du Hexi est un passage très étroit et étiré d'un millier de kilomètres, reliant la ville moderne de Lanzhou à Yumenguan, à la frontière du Gansu et du Xinjiang. C'est le passage le plus important permettant d'accéder au Xinjiang et à l'Asie centrale. Géographiquement, le corridor débute dans la préfecture deHaidong du côté de la ville deXining et dubassin du lac Juyan(en) (appelé enmongol Gaxun Nuur, Goshun Nur pour le lac de l'ouest et Sogo Nur pour le lac de l'est) et constitue la majeure partie de la province. On y trouve de nombreusesoasis fertiles entourées des vastes étendues du désert de Gobi.
Lefleuve Jaune traverse le sud du Gansu et traverse Lanzhou, sa capitale. Le fleuve dont la source est sur leplateau du Tibet, passe par les provinces du Sichuan et du Qinghai, avant de la traverser. Il est la principale source d'eau de cette province aride. Quelques grandes oasis sont dispersées autour deDunhuang, à l'ouest de la province. Les nappes d'eau souterraines permettent tout de même la culture duraisin.
Le, un tremblement de terre de magnitude 6,6 sur l'échelle de Richter a lieu dans leXian de Min(县 / 岷縣, mín xiàn).
La plupart des habitants du Gansu, y compris dans les minorités, parlent des dialectes dumandarin. Letu, letibétain amdo, lemongol et lekazakh sont également employés sur les frontières de la province.
La ville de Dunhuang, avec sesdunes de sable, sonoasis du Croissant de Lune, ses vestiges de la Grande Muraille de Chine de l'époque de la dynastie Han, ainsi que lesgrottes de Mogao (cf. infra).