LaGambie, en forme longue larépublique de Gambie[5] (enanglais :Gambia ouThe Gambia, etRepublic of The Gambia), est unpays d'Afrique de l'Ouest.
Longue bande de terre sinueuse s'étirant sur plus de 320 km le long dufleuve Gambie, la Gambie est complètementenclavée dans leSénégal au nord[Note 1], au sud et à l'est. Elle est bordée à l'ouest par l’océan Atlantique où se situe l'embouchure du fleuve Gambie. Ces limites correspondent au cours et à lavallée peu profonde du fleuve Gambie qui coule d'est en ouest à travers le pays. Sa superficie est de 11 300 km2 (c'est le pays d'Afrique continentale ayant la plus petite superficie), pour une population d'un peu plus de deux millions d'habitants (estimation 2018).Banjul est lacapitale et lesplus grandes villes sontSerrekunda etBrikama.
La Gambie partage des racines historiques avec les autres pays d’Afrique de l'Ouest qui ont connu la pratique de latraite des esclaves. Le commerce des esclaves est à l'origine de la mise en place et de la tenue d'une colonie sur lefleuve Gambie ; d'abord par lesPortugais, époque au cours de laquelle le pays s'appelle « A Gâmbia », et plus tard par les Britanniques. En 1965, la Gambie obtient son indépendance duRoyaume-Uni.
Depuis la proclamation de larépublique, en 1970, la Gambie a eu trois dirigeants : le présidentDawda Jawara, qui a gouverné le pays de 1970 à 1994 avant queYahya Jammeh prenne le pouvoir lors d'uncoup d’État en tant que jeune officier de l'armée. Le,Adama Barrow gagne l'élection présidentielle mais le président sortant, Yahya Jammeh, ne reconnaît pas sa défaite. Une délégation de laCÉDÉAO (dont la Gambie est un État membre) a tenté de régler la situation pacifiquement, mais à l'issue de l'échec des négociations, le, l'armée sénégalaise est intervenue en Gambie, à la suite du vote d'une résolution de l'Organisation des Nations unies (ONU). Le soir du, Yahya Jammeh décide, sous la pression de l'ONU et des pays voisins, de quitter la Gambie, et de s'exiler enGuinée équatoriale. Cette décision permet désormais à Adama Barrow d'exercer le pouvoir.
La situation d'enclave pose dès les origines la question du contrôle des frontières des deux empires français et britannique. La Gambie et son port, Banjul, sont un lieu de trafics commerciaux et de contrebandes, notamment des ressources naturelles deCasamance, mal reliée au reste du Sénégal.
Des conflits récurrents pour le contrôle des flux commerciaux alternent avec des tentatives de coopération avec, par exemple, uneConfédération de Sénégambie, de 1982 à 1989. En 2016, la frontière avec la Gambie est bloquée durant trois mois par le Sénégal, perturbant le lien vers la Casamance[7],[8].
Les commerçants arabes donnent les premiers témoignages écrits de la région aux environs desIXe et Xe siècles. Au cours duXe siècle, les marchands et savantsmusulmans établissent des communautés dans plusieurs centres commerciaux de l'Afrique de l'Ouest ; s'établissent alors des routes commerciales à travers leSahara, entraînant un grand commerce d’exportation d'esclaves, d'or et d'ivoire et d'importation de produits manufacturés.
En 1455, les Portugais installent des comptoirs le long du fleuve Gambie à partir desquels ils organisent latraite des Noirs. Le Portugal vend ses droits sur ces territoires au Royaume-Uni en 1588. En 1723, la Compagnie britannique d'Afrique achète de la terre en Gambie.
De 1651 à 1661, une partie de la Gambie, l'île de Saint Andrews, actuelleîle James, constitue une colonie de larépublique des Deux Nations, polonaise et lituanienne, par le biais de sonduché de Courlande. Pendant presque un siècle, l'embouchure dufleuve Gambie est disputée entre le duché de Courlande, fondateur duFort James, et laHollande. La Courlande était un duché vassal de laPologne-Lituanie à l'époque, situé sur le territoire de l'actuelle Lituanie/ Lettonie et qui disposait d'une importante flotte commerciale. Malgré cela, les Britanniques prennent finalement le dessus.
Le Fort James sert de base commerciale et d'escale de traite pendant les siècles de l'esclavage et du commerce triangulaire en Atlantique, comme d'autres escales de la côte (Gorée,îles de Loos…). C'est la première et plus ancienne implantation pérenne desEuropéens en Gambie.
En 1723, la Compagnie britannique d'Afrique acquiert une série de terres autour du fleuve Gambie et les Britanniques s'établissent en Gambie lors de la « capture » du Sénégal en 1758. Les Français et les Anglais se disputent longuement le territoire. Letraité de Versailles de 1783 attribue la Gambie au Royaume-Uni, à l'exception de l'enclave d'Albreda (actuelNorth Bank). À partir duXVIIIe siècle, les Britanniques occupent ce petit territoire enclavé dans leSénégal. Ils y abolissent la traite négrière en 1807, puis l'esclavage en 1833. En 1807, le Royaume-Uni supprime le commerce des esclaves partout dans son empire et donc en Gambie. Les bateaux négriers interceptés par l'escadre de l'Afrique occidentale de laMarine royale en Atlantique se rendent en Gambie, avec des esclaves libérés dans l'île MacCarthy loin en haut du fleuve Gambie où on s'est attendu à ce qu'ils aient établi de nouvelles bases de vie. Les Britanniques établissent en 1816 sur le continent, à l'embouchure du fleuve Gambie, le poste militaire de Bathurst, maintenantBanjul, actuelle capitale de la Gambie.
Pendant la Révolution Française, entre 1793 et 1816, la Grande-Bretagne occupe les comptoirs français au Sénégal, dontSaint-Louis. En 1815, letraité de Vienne restitue les comptoirs français au Sénégal, et le retour effectif des Français intervient entre 1816 et 1817. En 1816, la colonie britannique de Gambie s'agrandit, en intégrant tout le fleuve Gambie, alors qu'avant, la colonie se constituait surtout autour de Bathurst et vers la côte.
Les Français occupent un petit poste pris auxPortugais et qui végétait sur la rive nord de la Gambie,Albreda. Celui-ci est finalement cédé au Royaume-Uni en 1856. À la suite d'un accord franco-britannique sur ses frontières en 1889, la Gambie devient officiellement un protectorat britannique en 1894.
Les frontières actuelles sont tracées en 1889[11] après plusieurs tentatives sans suite d'échange de la Gambie contre d'autres territoires français dans legolfe de Guinée. L'accord franco-britannique de 1889 permet de définir les frontières avec le futur Sénégal, y compris la Casamance prise par les Français aux Portugais. Le Royaume-Uni fait officiellement du pays unprotectorat britannique en 1894.
Plus petite colonie de l'Empire britannique, la Gambie ne connaît aucun événement notable et reste un territoire marginal.
Au cours de laSeconde Guerre mondiale, la Gambie constitue une escale pour les vols de l'armée de l'air américaine et un port d'escale pour les convois des forces alliées. Fait anecdotique, le président américainFranklin Delano Roosevelt fait escale, en 1943, à Bathurst, capitale de la Gambie, avant de se rendre à laconférence de Casablanca, ce qui constitue la première visite d'un président américain en exercice sur le continent africain.
Le, à la suite d'un secondréférendum, la Gambie devient une république au sein duCommonwealth. Le Premier ministreDawda Jawara assure les postes de président ainsi que de ministre des Affaires étrangères[13].
Le président Dawda Jawara est réélu cinq fois de suite. Le 29 juillet 1981, pendant que le président Jawara est en visite àLondres, a lieu une tentative de coup d'État. La Gambie connaît un affaiblissement de son économie et également des allégations de corruption des responsables politiques. Ce coup d'État est perpétré par le Conseil de la gauche révolutionnaire nationale, composé de socialistes et de révolutionnaires du Parti travailliste de Samba Sanyang Kukoi (PDS) et des éléments de la « Force de Campagne » (une force paramilitaire qui a constitué l'essentiel des forces armées du pays). Le président Jawara demanda immédiatement l'aide militaire duSénégal qui déploie 400 hommes de troupe en Gambie le. Le, quelque 2 700 soldats sénégalais sont déployés et vainquent les forces rebelles. Entre 500 et800 personnes sont tuées lors de ce coup d'État.
En 1994, lesArmed Forces Provisional Ruling Council(en) (AFPRC) font tomber le gouvernement Jawara et interdisent toutes activités politiques d'opposition. Le lieutenantYahya Jammeh, président de l'AFPRC, devient le chef d'État de la Gambie et sera président durant22 ans. L'AFPRC annonce un plan de transition pour le retour à un gouvernement civil démocratique. La commission électorale indépendante provisoire (PIEC) est créée en 1996 pour organiser des élections nationales. Le PIEC est transformé par la commission électorale indépendante (CEI) en 1997 et devient responsable de l'enregistrement des électeurs et la conduite des élections et des référendums.
Vers la fin de l'an 2001 et au début 2002, la Gambie termine un cycle complet d'élections présidentielles, législatives et locales, que les observateurs étrangers jugent libres, justes et transparentes, malgré quelques lacunes. Réélu, le président Yahya Jammeh, installé le, conserve un pouvoir obtenu à l'origine par un coup d'État. Son parti, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), conserve une large majorité à l'Assemblée nationale, en particulier après que la principale force d'oppositionParti démocratique unifié (UDP) a boycotté les élections législatives.
Alors qu'elle en est membre depuis 1965, la Gambie, par la voix de son ministre de l'Intérieur, annonce le[14] son retrait duCommonwealth[14]. Le pays refuse les injonctions du Royaume-Uni au sujet desdroits de l'homme alors que le régime du président Yahya Jammeh se fait plus autoritaire et accuse l'organisation d'être néo-coloniale[15],[16].
L'élection présidentielle de décembre 2016 voitAdama Barrow, candidat de l'opposition, remporter la victoire sur le président sortant[17] dont le mandat court jusqu'au. Le, Adama Barrow prête serment dans l'ambassade gambienne àDakar auSénégal, après le refus du président sortant de céder le pouvoir. Le même jour, l'armée sénégalaise entre en Gambie, forte d'une résolution de l'ONU[18],[19]. Le, Jammeh accepte de quitter le pouvoir[20], et part en exil le lendemain soir pourConakry (Guinée), avant de rejoindre laGuinée équatoriale[21].
Le, la Gambie adhère à nouveau au Commonwealth[22].
La Gambie est unerépublique multipartite à régime présidentiel, où le président exerce à la fois les charges de chef de l'État et dechef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et l'Assemblée nationale. La constitution en vigueur a été approuvée en1996.
L'Assemblée nationale est constituée de 53 sièges.
Le, le présidentYahya Jammeh déclare que son pays est désormais un « État islamique », ce que conteste un responsable de l'opposition qui qualifie cette décision d'« inconstitutionnelle »[23], la séparation de l'Église et de l'État étant inscrite dans laConstitution[24]. La minorité chrétienne du pays est estimée à 8 %[25]. L'administration impose aux femmes fonctionnaires de se voiler :« Tout le personnel féminin au sein du gouvernement, des ministères, des départements et des agences gouvernementaux n’est plus autorisé à montrer ses cheveux pendant les heures de travail officielles à compter du 31 décembre 2015. Le personnel féminin est appelé à se couvrir les cheveux et à les attacher[25]. » Le, le nouveau président,Adama Barrow, annule le changement de forme longue[26].
En 2016,Adama Barrow est élu président de la République. En raison du refus de Yahya Jammeh de céder le pouvoir, laCÉDÉAO intervient en Gambie et Adama Barrow devient président le.
Adama Barrow est réélu président de la République le[27].
En 2013, la Gambie avait annoncé son retrait du Commonwealth, en dénonçant une « institution néo-coloniale ». « Le gouvernement a décidé que la Gambie ne sera jamais membre d'une institution néo-coloniale et ne fera jamais partie d'une institution représentant une extension du colonialisme », avait déclaré le gouvernement de Banjul[28].
Le 8 février 2018, la Gambie adhère à nouveau au Commonwealth.
Pirogues de pêche aux couleurs vives, communes àBakau.
Selon l'Index of Economic Freedom, l'économie de la Gambie est parmi les moins libérales du monde[29],[30]. Elle est classée 123e en 2020 et donc très en dessous de la moyenne mondiale. Le droit de propriété est en pratique peu respecté, malgré une légère amélioration. La corruption reste très importante[31].
Évolution de la démographie entre 1890 et 2021.Mosquée àSerrekunda.
La population de la Gambie est estimée à 1,96 million d'habitants en2015. La croissance démographique annuelle est de 2,2 % et le taux d’urbanisation est de 57 %. En 2013, elle est composée à 39,2 % de personnes de 0 à 14 ans, à 57,6 % de personnes de 15 à 64 ans et de 3,2 % de personnes de 65 ans ou plus. Sa densité humaine est de 167 hab./km2.
Plusieurs groupes ethniques vivent en Gambie, chacun conservant sa propre langue et ses traditions. L'ethnie desMalinkés (mandingues) est la plus influente, suivie par lesFulas,Wolofs,Diolas,Serahules,Sérères,Manjaques et lesBianunkas. Les gens de Krio, connus localement sous le nom d'Akus, constituent l'une des plus petites minorités ethniques en Gambie[6]. Ils sont les descendants du peuple créole de laSierra Leone et sont traditionnellement concentrés dans la capitale.Il y a environ 3 500 résidents non-africains, dont des Européens et des familles d'origine libanaise, syrienne et arménienne (environ 0,23 % de la population totale). Une grande partie de la minorité européenne était britannique et a quitté le pays après l'indépendance. Le pays compte environ 5 000 métis, issus d'unions entre des noirs Africains et Européens , qui sont souvent considérés comme des Créoles, et qui sont majoritairement Chrétiens. Depuis une période récente, des Chinois sont présents dans le pays, et travaillent surtout dans les secteurs du commerce, et du BTP (bâtiments et travaux publics).
L'éducation primaire est gratuite et obligatoire en Gambie. Le manque de ressources et d'infrastructures éducative rend sa mise en œuvre difficile[38]. En 1995, le taux brut de scolarisation primaire était de 77,1 % et le taux net de scolarisation primaire était de 64,7 %[38]. Les frais de scolarité ont longtemps empêché de nombreux enfants de fréquenter l'école, mais en février 1998, le présidentJammeh a rendu l'école primaire gratuite. Les filles représentent environ 52 % des élèves des écoles primaires. Le chiffre peut être inférieur pour les filles dans les zones rurales, où la pauvreté et les facteurs culturels empêchent les parents d'envoyer les filles à l'école. Environ 20 % des enfants d'âge scolaire fréquentent des écoles coraniques.
Bien que la Gambie soit le plus petit pays de l’Afrique continentale, sa culture est diverse. Ses frontières nationales décrivent une bande étroite de chaque côte du fleuve Gambie, un cours d'eau qui joue un rôle vital dans le destin de la nation et est connu localement et simplement comme « la rivière ». Sans barrières naturelles, la Gambie est la maison de la plupart des groupes ethniques qui sont présents dans toute l'Afrique de l'Ouest, en particulier ceux du Sénégal. Les Européens figurent également en bonne place dans l'histoire de la Gambie car le fleuve Gambie est navigable profondément dans le continent, une particularité géographique qui fait de ce secteur l'un des sites les plus favorables pour la traite des esclaves duXVe au XVIIIe siècle. La traite est interdite en 1807, puis l'esclavage aboli en 1815, par les britanniques.
Une partie de cette histoire a été popularisée par le romanRacines d'Alex Haley et par lasérie télévisée qui a suivi, récit dont le début se déroule en Gambie.
La cuisine de la Gambie est principalement composée de pâte d'arachide, de riz, de mil, de poisson, d'oignons, de tomates, de manioc, de mangues, d'huîtres du fleuve Gambie récoltées par les femmes.
La musique de la Gambie est étroitement liée avec lamusique du Sénégal, qui entoure ses frontières intérieures. Elle fusionne la musique occidentale populaire et la danse, avec« sabar », les tambours et la danse traditionnelle desWolofs et desSérères.
On y compte un nombre important de dynasties degriotsmalinkés, les hommes (jalikeolu) jouant de la musique avec lakora, tandis que le chant est de préférence assuré par les femmes (jalimusoolu), dont l'instrument privilégié est leneo, une tige en fer à percussion. La famille Susso est un des exemples de ces dynasties, avec un oncle paternel, Bamba Susso très célèbre, un neveu,Papa Susso qui a fait carrière aux États-Unis, sa sœur, Gai Sakiliba qui après avoir appris auprès de sa mère et de son père, a continué après leur mort son apprentissage auprès de sa tante, Silami Sakiliba, elle aussi très estimée[41].
↑En 2014, le président Yahya Jammeh déclare que son pays va abandonner l'anglais comme langue officielle. En 2018, cela n’est toujours pas entré dans les faits