Parmi ses réalisations techniques, il a perfectionné et exploité lalunette astronomique, perfectionnement de la découvertehollandaise d'unelunette d'approche, pour procéder à des observations rapides et précoces qui ont bouleversé les fondements de l'astronomie. Cet homme desciences s'est ainsi posé en défenseur de l'approche modélisatricecopernicienne de l'Univers, proposant d'adopter l'héliocentrisme et les mouvementssatellitaires. Ses observations et généralisations se sont alors heurtées aux critiques desphilosophes partisans d'Aristote (proposant ungéocentrisme stable, une classification des corps et des êtres, un ordre immuable des éléments et une évolution réglée des substances) et des scientifiques attachés au modèle dePtolémée, ainsi qu'à une partie desthéologiens de l'Église catholique romaine et desÉglises protestantes. Galilée, qui ne disposait pas de preuves directes du mouvement terrestre, a parfois oublié la prudence qui lui était prônée par ses protecteurs religieux.
Dans son opus sur les comètes de 1623, il se fait le partisan de « l'écriture mathématique du livre de l'Univers ». Si Galilée n'a pas contribué à faire progresser l'algèbre, il a tout de même produit des travaux inédits et remarquables sur lessuites, sur certaines courbes géométriques et sur la prise en compte desinfiniment petits.
Par ses études et ses nombreuses expériences, parfois uniquement de pensée, sur l'équilibre et le mouvement des corps solides, notamment leur chute, leur translation rectiligne, leur inertie, ainsi que par la généralisation des mesures, en particulier du temps par l'isochronisme du pendule, et larésistance des matériaux, ce chercheur a posé les bases de lamécanique avec lacinématique et ladynamique. Il est considéré depuis 1680 comme le fondateur de laphysique, qui s'est imposée comme la première dessciences exactes modernes.
Galileo Galilei (Galilée), fils deVincenzo Galilei et deGiulia Ammannati, est l'aîné de leurs sept enfants. La familleflorentine appartient à la petite noblesse et gagne sa vie dans le commerce àPise. Vincenzo Galilei, son père, estluthiste,musicien, chanteur, et auteur en 1581 d'unDialogue de la musique moderne. Il participe à des controverses sur lathéorie musicale.
Galilée fait preuve très tôt d'une grande habileté manuelle. Enfant, il s'amuse à réaliser les maquettes de machines qu'il a aperçues[2].
Il est éduqué chez ses parents jusqu'à l'âge de 10 ans. Ceux-ci déménagent alors àFlorence et le confient à un prêtre du voisinage, Jacopo Borghini, pendant deux ans[3]. Par la suite, Galilée entre aucouvent deSanta Maria de Vallombrosa et y reçoit une éducation religieuse. Poussé aunoviciat par ses maîtres[4], il ne poursuit pas sa carrière ecclésiastique très longtemps : son père, réagissant à une maladie des yeux de son fils, le ramène à Florence en 1579.
Deux ans plus tard, Vincenzo Galilei l'inscrit à l'université de Pise où il suit des cours demédecine (sur les traces d'un de ses glorieux ancêtres, lemagister (maître) Galilaeus de Galilaeis), (1370 - ~1450), mais sans y porter de l'intérêt. Il revient à Florence en 1585 sans avoir fini ses études ni obtenu son diplôme.
Dès 1583, Galilée est initié auxmathématiques parOstilio Ricci, un ami de la famille, élève deTartaglia. Bien que Ricci soit un savant peu renommé, il a l'habitude, rare à l'époque, de lier la théorie à la pratique par l'expérience. Il a également été influencé parGiovanni Battista Benedetti, autre élève de Tartaglia.
À l'âge de dix-neuf ans, il découvre, en chronométrant à l'aide de son pouls[5], la régularité des oscillations des lustres de lacathédrale de Pise. De retour chez lui, il compare les oscillations de deux pendules et travaille à la loi de l'isochronisme despendules, dont leNéerlandaisChristian Huygens découvre la vraie loi de l'isochronisme rigoureux (nécessitant l'invention d'un autre mouvement isochrone : lependule cycloïdal alors que le pendule simple de Galilée n'est pas parfaitement isochrone) en[6], étape de la découverte d'une nouvelle science : lamécanique galiléenne[7].
Galilée observe la régularité du mouvement dupendule simple et le décrit en 1638. Il affirme que la période d'un pendule ne dépend pas de sa masse mais de sa longueur et il énonce la loi sur les périodes : les carrés des périodes d’oscillations sont proportionnels aux longueurs des pendules[8]. La formule (dans le cadre de l'approximation des petites oscillations) s'énonce de nos jours sous la forme suivante :
avec la période des oscillations, la longueur du pendule et l'intensité de la pesanteur.
Galilée entame des études de médecine, mais n'ayant aucun goût pour lamédecine et laphilosophiearistotélicienne, il les abandonne[9]. Grâce àEuclide, qui l'éblouit, Galilée réoriente ses études vers les mathématiques. Dès lors, il se réclame dePythagore, dePlaton[10] et d'Archimède et contre legéocentrisme aristotélicien. Dans le couranthumaniste, il rédige aussi unpamphlet féroce sur le professorat de son temps. Deux ans plus tard, il est de retour àFlorence sans diplôme, mais avec de grandes connaissances et une grande curiosité scientifique.
Galilée commence par démontrer plusieursthéorèmes sur lecentre de gravité de certains solides dans sonTheoremata circa centrum gravitatis solidum, et entreprend en 1586 de reconstituer labalance hydrostatique d'Archimède ou Bilancetta[11]. En même temps, il poursuit ses études sur lesoscillations dupendule pesant et invente lepulsomètre. Cet appareil permettait d'aider à la mesure dupouls et fournissait unétalon de temps, qui n'existait pas à l'époque. Il commence aussi ses études sur lachute des corps.
Depuis son retour dePise, l'ancien étudiant fréquente à Florence les cercles d'amateurs de musique, chers à son père, excellent théoricien de la musique.Il y donne des conférences érudites sur l'art et la littérature[réf. nécessaire]. Le fils Galilée est ainsi remarqué par le cénacle ducardinal del Monte, qui, en politique péninsulaire, soutient le parti français. En 1588, il est invité par l'Accademia Fiorentina (Académie florentine) à présenter deux leçons surla forme, le lieu et la dimension de l'Enfer deDante.
Parallèlement à ses activités diversifiées, il cherche vainement un emploi de professeur de géométrie ou de mathématiques dans une université. La mort de son père tombé gravement malade en 1589 rend cette quête cruciale, car il doit désormais subvenir seul aux besoins de sa famille. Il cherche alors à rencontrer, entre autres grands personnages avec lesquels il correspond déjà, le pèrejésuiteChristophorus Clavius, sommité des mathématiques auCollège pontifical. Il obtient aussi l'aide du mathématicienGuidobaldo Del Monte, avec lequel il entretient une relation épistolaire, échangeant des découvertes etthéorèmes[B 1]. Ce dernier recommande Galilée augrand-ducFerdinandIer de Toscane, qui le nomme à lachaire de mathématiques de l'université de Pise pour 60 écus d'or par an, une misère. Sa leçon inaugurale a lieu le.
En 1590 et 1591, il découvre lacycloïde et s'en sert pour dessiner desarches deponts.
Il expérimente également sur la chute des corps et rédige son premier ouvrage de mécanique, leDe motu (Le mouvement). La réalité même de ces « expériences » est aujourd'hui largement mise en doute et serait une invention de son premier biographe,Vincenzo Viviani. Ce volume contient des idées nouvelles pour l'époque, mais il expose encore, bien évidemment pour s'adapter aux contraintes de l'enseignement officiel, les principes de l'école aristotélicienne et le système dePtolémée. Galilée les enseigne d'ailleurs longtemps après avoir été convaincu de la justesse du systèmecopernicien, faute de preuves tangibles.
En 1592, Galilée part enseigner à l'université de Padoue, où il reste 18 ans[12]. Le départ de Pise, après seulement trois ans, s'expliquerait par un différend l'opposant à un fils du grand-ducFerdinandIer de Toscane. Ce nouveau poste à Padoue lui a été proposé par l'entremise du cardinal Del Monte. Il jouit alors d'un revenu stable, bien que modeste[B 1], qu'il multiplie par trois avec des cours particuliers qu'il dispense et la location de chambres[B 2]. Par ailleurs, il offre de grandes facilités de recherche.
Padoue, qui possède des artisans des métaux et du bois, experts enfonderie et enmenuiserie, appartenait à la puissanterépublique de Venise, ce qui garantissait à Galilée une grande liberté intellectuelle, l'Inquisition y étant très peu puissante. Même siGiordano Bruno avait été livré à l'Inquisition romaine par lespatriciens de la République, Galilée pouvait effectuer ses recherches sans trop de soucis.Venise est alors très réputée pour sonarsenal, et tout son savoir-faire artisanal et technique, ce qui offre à Galilée de grandes possibilités. Détail qui a son importance, la grande cité républicaine est également célèbre pour la qualité de son industrie verrière, protégée dans les îlots de Murano. Il logera modestement dans la ville, la « Sérénissime », avec sa compagne et ses enfants.
Galilée enseigne la mécanique appliquée, les mathématiques, l'astronomie et l'architecture militaire. Il installe une fructueuse coopération avec les ateliers de fondeurs et de menuisiers, ce qui lui permet de mettre au point avec ses étudiants des expériences sur le mouvement des solides. Il professait alors publiquement le système dePtolémée, n'osant pas encore s'insurger contre les idées admises, bien qu'ayant déjà adopté personnellement le système deCopernic. Ses leçons de mécanique avaient un succès considérable, qui dépassait largement le cadre de la république de Venise, et le pèreMersenne publiera en France en 1634les Méchaniques de Galilée[13].
Depuis la mort de son père en 1591, Galilée doit subvenir aux besoins de la famille : il se porte notamment caution pour la dot — dix fois supérieure à son salaire — d'une de ses sœurs et devra jusqu'à la fin de sa vie aider financièrement son frèreMichelagnolo Galilei ou supporter l'instabilité croissante de sa mère[14]. Galilée est accaparé par ses tâches d'enseignement et de recherche : il donne de nombreux cours particuliers à de riches étudiants qu'il héberge chez lui. Mais il est piètre gestionnaire et seule la vente d'instruments scientifiques (thermomètre de Galilée, balance hydrostatique) et surtout l'aide financière de ses protecteurs et amis lui permettent d'équilibrer ses comptes[15].
En 1593, il rédige leTrattato di Forticazioni (« Traité des fortifications ») et leTrattato di Meccaniche (« Traité de mécanique ») à l'intention de ses étudiants de cours particuliers. Les travaux de Galilée permettent une meilleure efficacité de l'artillerie lourde (ils établissent qu'un canon doit être pointé à 45° pour avoir sa portée maximale) et ne font l'objet d'aucune contestation.
En 1597, il améliore et fabrique uncompas de proportion, lecompas géométrique et militaire, ancêtre de larègle à calcul, qui connaît un grand succès commercial. Il n'en rédige le mode d'emploi que neuf ans plus tard[B 3].
En 1599, Galilée participe à la fondation de l’Académie des Ricovrati (Académie des découvertes) avec l’abbéFederico Cornaro. La même année, il fait venir le mécanicienMarcantonio Mazzoleni dans l'atelier au rez-de-chaussée de son logis pour y fabriquer et vendre, d'après ses propres plans, des instruments scientifiques[16],[B 2]. Galilée vend pour 1 000 lires d'instruments chaque année[B 2].
La même année, Galilée rencontreMarina Gamba, une jeune Vénitienne issue de famille modeste, avec laquelle il entretient une liaison jusqu'en 1610 (ils ne sont pas mariés et ne vivent pas sous le même toit). En 1600, naît Virginia, sa première fille, suivie par sa sœur Livia en 1601, puis un fils, Vincenzo, en 1606. Après la séparation (non conflictuelle) du couple, Galilée se charge des enfants. Il placera plus tard ses filles au couvent àArcetri. Sa fille aînée, Virginie, deviendrasœur Marie Céleste, car fille d'un scientifique fasciné par les étoiles[17].
SelonGuillaume Libri[18], Galilée expérimente vers 1602-1603, un appareil destiné à observer les variations de température outhermoscope et en montre les effets àCastelli. Mais la primauté de la découverte ne peut être attestée[19].
en décembre, il commence l'observation d'unenova connue depuis le 10 octobre au moins. Il consacre plusieurs leçons sur le sujet le mois suivant, et, en février 1605, il copublieDialogo de Cecco di Ronchitti in Perpuosito de la Stella Nova avecGirolamo Spinelli. Bien que l'apparition d'une nouvelle étoile et sa disparition soudaine entre en totale contradiction avec la théorie établie de l'inaltérabilité des cieux, Galilée reste encorearistotélicien en public, mais il est déjà fermementcopernicien en privé. Il attend la preuve irréfutable sur laquelle s'appuyer pour dénoncer l'aristotélisme.
Reprenant ses études sur lemouvement, Galilée montre que les projectiles suivent, dans le vide, des trajectoiresparaboliques.
En 1606, Galilée publieLe Operazioni del compasso geometrico et militare di Galileo-Galilei, nobil Fiorentino, publication précipitée par des rumeurs selon lesquelles quelqu'un d'autre était sur le point de s'approprier son travail[B 3]. Jusqu'en 1606, il fait usage de versions manuscrites du maunuel. Il souhaite alors faire valoir dans la presse sonantériorité sur son instrument de calcul, à contre-cœur[B 4]. La plupart des lecteurs de cet ouvrage font partie de l'entourage de Galilée. L'ouvrage n'est d'ailleurs vendu qu'au domicile du scientifique, imprimé en petit format[B 2].
En 1606, Galilée et deux de ses amis tombent malades le même jour d'une mêmemaladie infectieuse. Seul Galilée survit, mais il restera perclus derhumatismes pour le restant de ses jours[réf. nécessaire].
En 1607,Baldassarre Capra(en) conteste la paternité ducompas de proportion alors attribuée à Galilée et tente de le déchoir de son statut d'universitaire[20],[B 5]. Galilée réplique en attaquant Capra pour la copie et le vol de l'instrument et de son manuel d'utilisation, craignant pour saréputation plus que pour la perte financière associée[B 5]. Cette histoire ne dépassera pas les frontières locale de Padoue[B 5].
Dans les deux années qui suivent, le savant étudie les armatures d'aimants. On peut encore voir ses travaux aumusée Galilée àFlorence.
Réplique d'unelunette astronomique de Galilée au Griffith Observatory.Dessin de laLune par Galilée, publié dansSidereus nuncius en 1610, à côté d'une photographie de la même vue.
En mai 1609, Galilée reçoit deParis une lettre du FrançaisJacques Badovere(en), l'un de ses anciens étudiants, qui lui confirme une rumeur insistante : l'existence d'unelongue-vue conçue par l'opticien hollandaisHans Lippershey en 1608, et permettant de voir les objets éloignés[21].
Fabriquée communément enHollande et en France, la lunette est d'abord un jouet commun qui grossit les objets observés environ sept fois, non sans d'énormes aberrations latérales. Selon les indications françaises qui envisagent un usage de multiplicateur du sens de la vision, Galilée, qui ne donne plus de cours àCosme II de Médicis, construit sa premièrelunette.
Galilée améliorera cette lunette simple en appliquant des principes élémentaires d'optique et la transformera en lunette astronomique, envisageant d'observer les étoiles invisibles à l'œil nu. Son instrument déforme toujours sensiblement les objets, mais les grossit surtout de manière linéaire jusqu'à trente fois[22]. Galilée est aussi le seul à l'époque en Europe à réussir à obtenir une image droite grâce à l'utilisation d'unelentille divergente enoculaire.
Cette invention marque un tournant dans la vie de Galilée, car elle le transforme dephysicien en astronome. Et il croit d'emblée, sans construire une théorie prudente de l'instrument d'optique fabriqué, qu'il observe bien la réalité. Il se précipite vers l'observation des corps célestes et extrapole déjà leurs mouvements.
Le, il termine sa deuxième lunette assez proche de la longue-vue hollandaise et conçue pour l'observation maritime ou nocturne. Elle grossit huit ou neuf fois. Il la présente auSénat de Venise. La démonstration a lieu au sommet duCampanile de laplace Saint-Marc. Les spectateurs sont enthousiasmés : sous leurs yeux,Murano, située à 2,5 km, semble être à environ 300 m seulement.
Galilée offre son instrument et en lègue les droits à la république de Venise, très intéressée par les applications militaires de l'objet. En récompense, Galilée est confirmé à vie à son poste dePadoue et ses gages sont doublés. Il est enfin libéré de ses difficultés financières.
Il faut cependant signaler que Galilée ne maîtrisait pas la théorie optique et que les instruments fabriqués sont de qualité très variable. Certaines lunettes sont pratiquement inutilisables (en tout cas en observation astronomique). En avril 1610, àBologne, par exemple, la démonstration de la lunette est désastreuse, ainsi que le rapporte Martin Horky dans une lettre àKepler.
Galilée lui-même reconnaissait, en mars 1610, que, sur plus de 60 lunettes qu'il avait construites, quelques-unes seulement étaient adéquates. De nombreux témoignages, y compris celui de Kepler, confirment la médiocrité des premiers instruments.
Montées sur de simples tubes en bois ou de carton[23], les lentilles conçues par Galilée permirent pour la première fois à l'œil humain d'étudier de près laLune, lestaches solaires et lesplanètes et leurs satellites.
Pendant l'automne, Galilée continue à développer sa lunette. En novembre, il fabrique un instrument qui grandit une vingtaine de fois. Il prend le temps de tourner sa lunette vers le ciel. Très vite, en observant les phases de laLune, il découvre, quelques mois aprèsThomas Harriot, que cet astre n'est pas parfait comme le voulait la théorie aristotélicienne.
le monde « sublunaire » : comprenant laTerre et tout ce qui se trouve entre la Terre et la Lune ; dans ce monde tout est imparfait et changeant ;
le monde « supralunaire » : qui part de la Lune et s'étend au-delà. Dans cette zone, il n'existe plus que des formes géométriques parfaites (des sphères) et des mouvements réguliers immuables (circulaires).
Galilée, quant à lui, observa une zone transitoire entre l'ombre et la lumière, leterminateur, qui n'était en rien régulière, ce qui par conséquent invalidait la théorie aristotélicienne. Galilée en déduit l'existence de montagnes sur la Lune et estime même leur hauteur à 7 000 mètres, davantage que la plus haute montagne connue à l'époque. Il faut dire que les moyens techniques de l'époque ne permettaient pas de connaître l'altitude des montagnes terrestres sans fantaisie. Quand Galilée publie sonSidereus Nuncius (Messager Céleste), il pense que les montagnes lunaires sont plus élevées que celles de la Terre, bien qu'en réalité elles soient équivalentes. Malgré certaines erreurs, leSidereus Nuncius offre l'un des premiers exemples du souci de l'exactitude et de la rigueur scientifiques modernes[24].
Notes manuscrites historiques de Galilée décrivant pour la première fois sa découverte des lunes deJupiter en 1610.
En quelques semaines, il découvre la nature de laVoie lactée, dénombre les étoiles de laconstellation d'Orion et constate que certaines étoiles visibles à l'œil nu sont en fait desamas d'étoiles. Il étudie également les taches solaires sur le Soleil, qu'il affirme être le premier à découvrir, bien queChristoph Scheiner etJohannes Fabricius l'aient devancé[B 6].
Le, Galilée fait une découverte capitale : il remarque trois petites étoiles à côté deJupiter. Après quelques nuits d'observation, il en découvre une quatrième et qu'elles accompagnent la planète ; ce sont donc lessatellites visibles de Jupiter. Désireux de retourner avec tous les honneurs dans sa Toscane natale et à Florence, il les nommeMedicea Sidera en français : « étoiles ou astres médicéennes » (aujourd'hui appeléslunes galiléennes) en l'honneur deCosme II de Médicis, son ancien élève et grand-duc de Toscane qui vient de lui octroyer une généreuse pension à vie et de lui proposer un poste officiel de géomètre du duché de Florence. Un temps il hésite entreCosmica sidera etMedicea sidera (le jeu de mots « Cosmica = Cosme » est évidemment volontaire) et c'est seulement après la première impression de l'ouvrageSidereus nuncius qu'il retient la deuxième dénomination. Quatre ans après,Simon Marius revendique également la découverte des satellites de Jupiter et les baptise :Callisto,Europe,Ganymède etIo.
Pour Galilée, qui est alors le seul à expliquer leurs mouvements relatifs, Jupiter et ses satellites sont un modèle duSystème solaire. Grâce à eux, il pense pouvoir démontrer que les « orbes de cristal » d’Aristote n'existent pas et que tous les corps célestes ne tournent pas autour de la Terre. C'est un coup très rude porté aux aristotéliciens. Il corrige aussi certains coperniciens qui prétendent que tous les corps célestes tournent autour duSoleil (sauf la Lune).
Le, Galilée publie à Venise les résultats de ses premières observations stellaires dans l'ouvrageSidereus nuncius (Le Messager céleste), dont les 500 exemplaires seront épuisés en quelques jours. Le professeur d'université de Padoue, qui affiche son origine florentine, accède à la célébrité en quelques semaines. Les cours italiennes ne parlent que de ses observations astronomiques et veulent rencontrer le noble homme de science florentin.
Le10 avril, Galilée fait observer ces astres à la cour deToscane. C'est le triomphe. Le même mois, il donne trois cours sur le sujet à Padoue. Toujours en avril,Johannes Kepler offre son soutien à Galilée. L'astronomeallemand ne confirme pas vraiment cette découverte puisqu'il n'a pas encore eu accès à la lunette, il offre seulement une dissertation-discussion (enthousiaste pour son aspect copernicien) sur la pertinence du petit ouvrage de Galilée. C'est laDissertatio cum Nuncio Sidereo[25] où même la question de l'impact sur les fondements de l'astrologie est abordée (ces nouvelles planètes invalident-elles l'astrologie de la tradition ?). En, Kepler publie saNarratio, un compte-rendu court et précis de l'observation des compagnons deJupiter : c'est là qu'il crée le néologismesatellite (garde du corps en latin). En effet, si l'on ajoutait desplanètes au Système solaire, son système des cinq solides (1596,Mysterium Cosmographicum) serait invalidé. Galilée ne lui fit jamais parvenir une seule lunette, et ce malgré son soutien officiel en tant qu'Astronome Impérial. L'observation des satellites deJupiter n'a pu avoir lieu que par l'emprunt d'une lunette (qu'il eut à disposition une ou deux nuits seulement). Galilée, en effet, s'est toujours méfié des écrits képlériens faisant une part belle à l'astrologie, à l'Écriture Sainte (Kepler est protestant et théologien de formation) ou, à partir de 1609, à des ellipses et des forces dans le Système solaire. Par exemple, Galilée qualifiera de puérile l'idée d'une attraction mutuelle entre les eaux des mers et la Lune, rappelant trop la symbolique astrologique.
Le, Galilée quitteVenise pourFlorence. Malgré l'avis de ses amisFra Paolo Sarpi etSagredo, qui craignent que sa liberté ne soit bridée, il a, en effet, accepté le poste dePremier Mathématicien de l'université de Pise (sans charge de cours, ni obligation de résidence) et celui dePremier Mathématicien etPremier Philosophe du grand-duc de Toscane, titre spécialement créé pour lui[B 7].
Paolo Sarpi.
Le, Galilée tourne sa lunette astronomique versSaturne et découvre sesanneaux. C'est seulement 50 ans plus tard et avec des instruments plus puissants queChristian Huygens en comprendra la nature.
Le mois suivant, Galilée trouve une astuce pour observer le Soleil à la lunette et découvre lestaches solaires. Il en donne une explication satisfaisante.
En septembre 1610, poursuivant ses observations, il découvre lesphases de Vénus. Pour lui, c'est une nouvelle preuve de la vérité du système copernicien, car s'il est facile d'interpréter ce phénomène grâce à l'hypothèsehéliocentrique, il est beaucoup plus difficile de le faire à l'aide de l'hypothèsegéocentrique.
Le, des professeurs de sciences duCollège romain (dirigé par lesjésuites) répondent à la demande d'information de Bellarmin. Cette réponse, signée parChristophorus Clavius, un éminent mathématicien, confirme au cardinalBellarmin que les observations de Galilée sont exactes. Se limitant à leur domaine et aux questions posées, les savants se gardent bien de confirmer ou d'infirmer les conclusions que le Florentin en a tirées[26]. Galilée s'empresse de faire connaître cette opinion[27]. Il retourne à Florence le 4 juin.
Le, Galilée est grâce à sa lunette le premier humain à observerNeptune, visible à cette date enconjonction avec Jupiter[28],[29]. Le consensus est qu'il s'agit d'unepré-découverte, car, bien qu'il ait repéré un léger déplacement de Neptune en l'espace d'un mois, il n'a jamais rien publié qui laisse penser qu'il ait fait le lien avec le mouvement d'une planète[28]; il a néanmoins été proposé que Galilée aurait peut-être pu avoir conscience de la découverte, sur la base d'une étude minutieuse de ses relevés[28],[30]. Quoi qu'il en soit, cette pré-découverte s'est révélée utile 370 ans plus tard par les membres duprogrammeVoyager, afin d'augmenter la précision des calculs de l'orbite de la planète en vue de son survol parVoyager 2[29].
Les partisans de la théorie géocentrique sont devenus les ennemis acharnés de Galilée et les attaques contre lui ont commencé dès la parution duSidereus Nuncius. Ils ne peuvent pas se permettre de perdre la face et ne veulent pas voir leur science remise en question.
De plus, les méthodes de Galilée, reposant sur l'observation et l'expérience plutôt que sur l'autorité des partisans des théories géocentriques (qui s'appuient sur le prestige d'Aristote), sont en opposition complète avec les leurs, à tel point que Galilée refuse d'être comparé à eux.
Ce ne sont d'abord que des escarmouches, maisSagredo écrit tout de même à Galilée[31], fraîchement arrivé à Florence :« La puissance et la générosité de votre prince (le grand-duc de Toscane) permettent d'espérer qu'il saura reconnaître votre dévouement et votre mérite ; mais dans les mers agitées des cours, qui peut éviter d'être, je ne dirai pas coulé, mais au moins durement secoué par les rafales furieuses de la jalousie ? ».
La première flèche vient de Martin Horky, disciple du professeurGiovanni Antonio Magini et ennemi de Galilée. Cet assistant publie en juin 1610, sans consulter son maître, un pamphlet contre leSidereus nuncius. Hormis les attaques personnelles, son argument principal est le suivant :« Lesastrologues ont fait leursthèmes astrologiques en tenant compte de tout ce qui bougeait dans les cieux. Donc les astres médicéens ne servent à rien et,Dieu ne créant pas de choses inutiles, ces astres ne peuvent pas exister. »
Il est ridiculisé par les partisans de Galilée, qui répondent que ces astres servent à une chose : faire enrager Horky. Devenu la risée de toute l'université, Horky est finalement chassé par son maître : Giovanni Antonio Magini ne tolère pas un échec aussi cuisant. Au mois d'août, un certain Sizzi tente le même genre d'attaque avec le même genre d'arguments, sans plus de succès.
Une fois les observations de Galilée confirmées par le Collège romain, les attaques changent de nature.Lodovico delle Colombe attaque sur le plan religieux en demandant si Galilée compte interpréter laBible pour la faire s'accorder à ses théories. À cette époque en effet, et avant les travauxexégétiques duXIXe siècle, lePsaume 93 (92) pouvait laisser entendre unecosmologie géocentrique (dans la ligne :« etenim firmavit orbem terrae qui non commovebitur », littéralement« et de fait il a affermi l'orbe de la terre, qui ne sera pas ébranlé »).
Galilée, de retour àFlorence, est inattaquable sur le plan astronomique. Ses adversaires vont donc critiquer sa théorie des corps flottants. Galilée prétend que la glace flotte parce qu'elle est moins dense que l'eau, alors que les aristotéliciens pensent que c'est dans sa nature de flotter (physique quantitative et mathématique de Galilée contre physique qualitative d'Aristote). L'attaque aura lieu durant un repas à la table du grand-ducCosme II de Toscane au mois de septembre 1611.
Galilée est opposé aux professeurs dePise et notamment àLodovico delle Colombe, durant ce qu'on appelle la « bataille des corps flottants ». Galilée, par une série d'expériences, faisant varier la forme des corps, démontre que seule la densité influe sur la flottabilité[32]. Quelques mois plus tard, il rédige un opuscule où il présente sa théorie.
En 1612, il entreprend une discussion avec « Apelles latens post tabulam » (pseudonyme du jésuiteChristoph Scheiner), un astronome allemand, au sujet des taches solaires. Apelles défend l'incorruptibilité du Soleil en arguant que les taches sont en réalité desamas d'étoiles entre le Soleil et la Terre. Galilée démontre que les taches sont soit à la surface même du Soleil, soit si proches qu'on ne peut mesurer leuraltitude. L'Académie des Lyncéens publie cette correspondance le sous le titre d'Istoria e dimostrazioni intorno alle macchie solari e loro accidenti[33]. Scheiner finira par adhérer à la thèse galiléenne.
Le, la querelle reprend. Ledominicain Niccolo Lorini, professeur d'histoire ecclésiastique à Florence, prononce un sermon résolument opposé à lathéorie de la révolution de la Terre autour du Soleil. Sermon sans conséquence particulière, mais qui marque les débuts des attaques religieuses. Les opposants utilisent le passage biblique (Josué 10, 12-14) dans lequel, à la prière deJosué, Dieu arrête la course du Soleil et de la Lune, comme arme théologique contre Galilée.
En décembre 1613, le professeurBenedetto Castelli, ancien élève de Galilée et un de ses collègues à Pise, est sommé par la grande-duchesse douairièreChristine de Lorraine de prouver l'orthodoxie de ladoctrine copernicienne. Galilée vient en aide à son disciple en lui écrivant une lettre le[34] sur le rapport entre science et religion, affirmant que, dans le domaine des phénomènes physiques, l'écriture sainte n'a pas de juridiction. La grande-duchesse est rassurée, mais la controverse ne faiblit pas.
Galilée, cependant, continue ses travaux. Du 12 au 15 novembre, il reçoitJean Tarde, à qui il présente sonmicroscope et ses travaux d'astronomie. En 1614, il fait la connaissance deJean-Baptiste Baliani, physiciengénois, qui sera son ami et correspondant pendant de longues années.
Le, le dominicainTommaso Caccini attaque très violemment Galilée à l'église Santa Maria Novella. Le, un copernicien, lecarme Paolo Foscarini, publie une lettre traitant positivement de l'opinion despythagoriciens et deCopernic sur la mobilité de la Terre. Il envisage le système copernicien en tant que réalité physique. La controverse prend une telle ampleur que le cardinalBellarmin, pourtant favorable à Galilée, est obligé d'intervenir le. Il écrit une lettre à Foscarini où, en l'absence de réfutation concluante du système géocentrique, il condamne sans équivoque la thèse héliocentrique. Tout en reconnaissant l'intérêt pratique, pour le calcul astronomique, du système de Copernic, il déclare formellement imprudent de l'ériger en vérité physique, selon ce qu'on a appelé la doctrine de l'équivalence des hypothèses.
Dans une lettre à son ami, Piero Dini, datée du, Galilée explique que, sur les questions posées par la doctrine deCopernic par rapport aux problèmes posées par l'interprétation desSaintes Écritures, il élabore un exposé qui n'est pas encore au net. Dans une seconde lettre à Dini, datée du, il écrit qu'il« s'est attaché à exposer ces questions dans un écrit » et qu'il n'a pas pu le lui envoyer à cause de problèmes de santé. Le Dini écrit qu'il n'a pas encore reçu l'exposé. L'exposé est initialement conçu comme une lettre destinée au cardinalRobert Bellarmin[B 8], mais Galilée choisit d'adresser unelettre de 25 pages àChristine de Lorraine qui lui semblait plus à l'écoute de ses idées. À l'origine, la lettre n'est pas imprimée mais recopiée ; une large diffusion aurait pu déclencher un débat que l'Inquisition souhaitait éviter[B 8]. Elle n'a été imprimée qu'en 1636, àStrasbourg, parMatthias Bernegger.
Cette lettre rappelle :
les étapes de ses découvertes et des oppositions qu'elles ont suscitées de la part des professeurs ayant basé leur enseignement sur le savoir aristotélicien.Saint Thomas d'Aquin avait repris d'Aristote que toute connaissance est d'abord sensible avant d'être dans l'intelligence. L'astronomie de Galilée met à bas l'astronomie deClaude Ptolémée, reprise par la religion chrétienne, dans laquelle il affirmait dans la préface de l'Almageste : « Rien mieux que l'Astronomie ne saurait frayer la voie de la connaissance théologique » ;
les découvertes de Copernic faites au cours des études qu'il avait réalisées à la demande du pape pour établir un nouveau calendrier plus exact[35] ;
les propos desaint Augustin et cite plusieurs extraits de son œuvre, en particulier, du chapitre 10 deDe Genesi ad litteram où il est discuté de savoir si le ciel se meut ou s'il reste immobile et dans lequel il répond qu'il n'a pas de temps pour entreprendre cette étude et que ne devrait pas avoir ceux qu'il veut« former pour leur salut et le bien de la Sainte Église ». Galilée en déduit que leSaint-Esprit« n'a pas voulu nous enseigner si le ciel se meut ou s'il demeure immobile ». Il cite alors la formule d'un ecclésiastique (qu'on attribue au cardinalCesare Baronio) :« l'intention duSaint-Esprit est de nous enseigner comment on doit aller au Ciel, et non comment va le ciel ». Dans un extrait deEpistola septima ad Marcellinum :« S'il arrive que l'autorité des Saintes Écritures apparaît en opposition avec une raison manifeste et certaine, cela veut dire que celui qui interprète l'Écriture ne la comprend pas de manière convenable ; ce n'est pas le sens de l'Écriture qui s'oppose à la vérité, mais le sens qu'il a voulu lui donner ; ce qui s'oppose à l'Écriture, ce n'est pas ce qui est en elle mais ce qu'il y a mis lui-même, croyant que cela constituait son sens ». Dans l'Ecclésiaste, le Saint-Esprit dit queDieu a abandonné le monde aux disputes des hommes, aussi Galilée se demande pourquoi interdire aux hommes le droit de philosopher librement ;
que nombre de savants et philosophes de l'Antiquité avaient affirmé que le Soleil était immobile et que la Terre était mobile, parmi lesquels,Pythagore et les pythagoriciens,Héraclite du Pont,Philolaos maître dePlaton, Platon lui-même,Aristarque de Samos,Hicétas et d'autres, et queSénèque avait affirmé qu'il faudrait étudier pour savoir qui de la Terre ou du Soleil se déplaçait.
Galilée est certain que ses découvertes montrent qu'il est dans la vérité. Il condamne ceux qui se servent de l'Écriture pour prétendre que la Lune brille par elle-même et ne reçoit pas sa lumière du Soleil, que lesplanètes médicéennes autour deJupiter n'existent pas, puis il affirme que si de tels auteurs qui ont mal compris les Écritures abusent de leur autorité pour imposer leur interprétation à leurs lecteurs devaient l'emporter, alors ils pourraient interdire toutes les sciences spéculatives.
Galilée rappelle que pour ces théologiens,« lathéologie est la reine de toutes les sciences et ne doit pas s'abaisser à s'accommoder aux propositions des autres sciences qui sont moins dignes, et qui leur sont inférieures, mais que, tout au contraire, ces autres sciences doivent se référer à elle comme suprême maitresse, et modifier leurs conclusions conformément aux statuts et aux décrets de la théologie ».
Pour Galilée, lathéologie est la reine des sciences en raison de la sublimité de son objet qui est l'enseignement sur les révélations divines et l'acquisition de la béatitude. Mais la géométrie, l'astronomie, la musique et la médecine ne sont pas traitées de manière plus exacte dans les Écritures que chezArchimède,Ptolémée,Boèce etGalien. Il en déduit qu'imposer aux professeurs d'astronomie de se défier de leurs observations parce qu'elles ne seraient que dessophismes est une prétention inadmissible. Il demande alors aux Pères de considérer les différences qui existent entre les doctrines opinables et les doctrines démonstratives, entre commander à un mathématicien et à un philosophe, entre donner des instructions à un marchand ou à un légiste.
Reprenant les passages des Écritures qui posaient problème d'un point de vue cosmologique, il citesaint Jérôme : « Il est de nombreux passages de l'Écriture qui doivent être interprétés selon les idées du temps et non selon la vérité même des choses » (commentaire du chapitre 28 duLivre de Jérémie), et « Il est habituel dans les Saintes Écritures que le narrateur présente beaucoup de questions selon la manière dont on les comprenait à l'époque » (commentaire du chapitre 13 desaint Mathieu). Il est donc normal que pour les hommes du vulgaire la Terre est immobile et le Soleil est mobile, car ils sont liés à la Terre et voient le Soleil se déplacer. Cette opinion est naturelle et a été reprise par les Pères et n'a pas été discutée, mais cela n'en fait pas une vérité de la Foi, car ils n'ont pas condamné l'opinion contraire, car ils ne s'en sont pas préoccupés. C'est parce queCopernic connaissait la force avec laquelle l'idée de la stabilité de la Terre était ancrée dans les esprits qu'il a démontré le mouvement de la Terre autour du Soleil, mais a introduit les tables en parlant de lever et coucher du Soleil.
Galilée interprète ensuite l'immobilisation du Soleil et de la Lune à la demande deJosué.
Dans cette lettre, Galilée, qui a rompu avec l'enseignement d'Aristote, affirme que la science des savants, dûment contrôlée par l'observation et démontrée, pouvait faire autorité sans aucune référence à l'autorité ecclésiastique et à celle des Saintes Écritures. Les théologiens ne doivent pas intervenir sur des sciences qui ne sont pas de leur compétence et qui ne relèvent pas du domaine de laFoi.
Galilée se rend àRome pour se défendre contre les calomnies et surtout essayer d'éviter une interdiction de la doctrine copernicienne. Mais il lui manque la preuve irréfutable de la rotation de la Terre pour appuyer ses plaidoiries. Son intervention arrive trop tard : Lorini, par lettre de dénonciation, avait déjà prévenu Rome de l'arrivée de Galilée et leSaint-Office avait déjà commencé l'instruction de l'affaire.
Cherchant toujours une preuve du mouvement de la Terre et pour répondre aux objections du cardinal Bellarmin, Galilée pense la trouver dans le phénomène des marées. Le, il envoie sa théorie desmarées (Discorso del Flusso e Reflusso) au cardinal Orsini. Cette théorie rappelle la relation entre les marées et la position apparente de la Lune, qui tourne moins vite autour de la Terre (29,57 jours) que la Terre n'est supposée tourner sur elle-même (1 jour). Malheureusement, Galilée ne peut expliquer ainsi qu'une marée par jour alors qu'il en est couramment observé deux, parfois avec un peu de décalage sur l'heure astronomique (qui ne sera expliqué que plus tard par laDynamique des fluides). Elle reste en revanche compatible avec leprincipe d'inertie admis par Galilée. L'influence de la Lune sur les marées avait déjà été soulignée parKepler, mais Galilée n'en avait pas alors tenu compte.
Il faudra attendre l'année 1728 et les observations deBradley sur l'aberration de la lumière pour avoir une première preuve directe du mouvement de la Terre par rapport aux étoiles.
Le cardinal Bellarmin, qui demande à Galilée de présenter l'héliocentrisme comme une hypothèse, le fait sur la base d'un géocentrisme admis et considéré comme vrai. Quand Galilée refuse ce compromis, il refuse que l'astronomie conserve un rôle de subordonnée par rapport à la philosophie naturelle traditionnelle (d'Aristote), alors qu'elle est partie intégrante de la théologie catholique. Galilée revendique le statut de philosophe et considère que non seulement Dieu a donné aux hommes les sens et la raison pour découvrir la vraie constitution du monde, mais que ses observations minent l'astronomie de Ptolémée et justifie son adhésion à l'astronomie copernicienne. Remarque : l'historien Maurice Clavelin a cherché à justifier le refus de l'équivalence des hypothèses de Galilée.
Malgré deux mois passés en de nombreuses tractations, Galilée est convoqué le par le Saint-Office pour l'examen des propositions de censure. Les 25 février et, la censure est ratifiée par l'Inquisition et par lepapePaul V. Galilée n'est pas inquiété personnellement, mais est prié d'enseigner sa thèse en la présentant comme une hypothèse. Cet arrêté s'étend à tous les pays catholiques. Des rumeurs circulent que Galilée a abjuré et reçu une sévère pénitence. À sa demande Bellarmin lui donne un certificat () clarifiant que rien de tel n'eut lieu. Il lui a été simplement notifié que l'héliocentrisme, étant contraire auxSaintes Écritures, ne peut à ce stade être défendu ou enseigné[36].
Portrait au crayon de Galilée réalisé par Ottavio Leoni
Cette affaire a beaucoup éprouvé Galilée. Ses maladies reviennent le tourmenter pendant les deux années suivantes et son activité scientifique se réduit. Son système de détermination deslongitudes par l'observation de la position des satellites de Jupiter est proposé en vain à l'Espagne par l'ambassadeur deToscane. Ses deux filles entrent dans les ordres.
En 1618, on observe le passage de trois comètes, phénomène qui relance la polémique sur l'incorruptibilité des cieux.
En 1619, le père jésuiteOrazio Grassi publieDe tribus cometis anni 1618 disputatio astronomica. Il y défend le point de vue deTycho Brahe sur les trajectoireselliptiques des comètes. Galilée riposte d'abord par l'intermédiaire de son élèveMario Guiducci qui publie en juin 1619Discorso delle comete où il développe une théorie personnelle sur les comètes, allant jusqu'à émettre l'hypothèse de phénomènes météorologiques d'illusions d'optique[37].
En octobre, Orazio Grassi attaque Galilée dans un pamphlet plus sournois : aux considérations scientifiques se mêlent des allusions religieuses considérées comme malveillantes et dangereuses au temps de laContre-Réforme.
Le, le cardinal Maffeo Barberini adresse à son ami le poèmeAdulatio Perniciosa qu'il a composé à son honneur. Le, Galilée devient consul de l'Accademia fiorentina. Le 28 février, Cosme II, le protecteur de Galilée, meurt subitement. En 1622, àFrancfort, paraît uneApologie de Galilée rédigée parTommaso Campanella en 1616. Un défenseur bien encombrant, car Campanella est déjà convaincu d'hérésie.
Cependant, Galilée, encouragé par son ami lecardinal Barberini (futur papeUrbain VIII) et soutenu par l’Académie des Lyncéens, répond avec ironie à Grassi en publiant en 1623Il Saggiatore (« L'Essayeur »), ouvrage important sur laphilosophie atomiste, qui est considéré comme un« chef-d’œuvre de l'art polémique[38] ». Il y fait des remarques sur l’atomisme et déclare que l’atome possède bien des qualités premières, qui lui sont propres, mais que ce qu’on appelle les « qualités secondes » ou les « accidents » dans la terminologie aristotélicienne — qui déterminent le goût, le toucher, l'odeur — sont en fait le fruit de l’interaction des objets avec les organes du corps humain[39]. Grassi, l’un des plus grands savants jésuites, est ridiculisé et envoie une lettre anonyme à l’Inquisition dénonçant une contradiction avec le dogme catholique de latranssubstantiation, mais un théologien de l'Inquisition conclut à un non-lieu[40].
LorsquePeiresc, ami et ancien élève de Galilée, apprend qu'il est inquiété, il envoie une lettre au cardinal Barberini.
Entre-temps, Galilée a repris son étude des satellites de Jupiter. Malheureusement des difficultés techniques l'obligent à abandonner le calcul de leurséphémérides. Nonobstant, Galilée se voit couvert d'honneurs en 1620 et 1622.
Le, l'ami de Galilée, le cardinal Maffeo Barberini est élu pape sous le nom deUrbain VIII. Le, Galilée reçoit l'autorisation de publier sonSaggiatore(L'essayeur) qu'il dédie au nouveau Pape. L'ouvrage paraît le. Ce sont d'abord les qualités polémiques (et littéraires) de l'ouvrage qui assureront son succès à l'époque. Il n'en demeure pas moins qu'en quelques mois et dans une atmosphère de grande effervescence culturelle, Galilée devient en quelque sorte le porte-drapeau des cercles intellectuels romains en rébellion contre le conformisme intellectuel et scientifique imposé par les jésuites. Dans cet ouvrage, il énonce la mathématisation de la physique :
« La philosophie est écrite dans cet immense livre qui se tient toujours ouvert devant nos yeux, je veux dire l'Univers, mais on ne peut le comprendre si l'on ne s'applique d'abord à en comprendre la langue et à connaître les caractères avec lesquels il est écrit. Il est écrit dans la langue mathématique et ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques, sans le moyen desquels il est humainement impossible d'en comprendre un mot. Sans eux, c'est une errance vaine dans un labyrinthe obscur[41]. »
Les années suivantes sont assez calmes pour Galilée malgré les attaques desaristotéliciens. Il en profite pour perfectionner sonmicroscope qu'il présente à l'Académie de lyncéens en septembre 1624. En 1626, Galilée poursuit ses recherches sur l'armature de l'aimant. Il reçoit aussi la visite d'Élie Diodati, qui apportera les copies de ses manuscrits àParis. En 1628, Galilée, âgé de 64 ans, tombe gravement malade et manque de mourir en mars. L'année suivante, ses adversaires tentent de le priver de l'allocation qu'il reçoit de l'université de Pise, mais la manœuvre échoue.
En 1624, après la censure de ses thèses, Galilée passe un mois à Rome où il est reçu plusieurs fois par le papeUrbain VIII qui a pour lui une grande amitié. Il lui expose le plan d'une étude, commanditée par celui-ci et qui devra présenter de façon neutre les avantages comme les inconvénients du système de Ptolémée et du système deCopernic. En effet, le pape qui apprécie Galilée ne veut pas qu'il fasse figurer des arguments peu convaincants notamment à propos de sa théorie sur les marées, conseil dont Galilée ne tiendra pas compte[42][réf. incomplète].
Jusqu'en 1631, Galilée consacre son temps à l'écriture duDialogo (« Dialogue ») :Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo, « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde », ouvrage qui, pense-t-il, fera triompher ses idées et sera admis par la censure de la Curie romaine, qui lui est hostile. Les yeux de Galilée commencent à le trahir en mars et.
Le, pensant être protégé par le papeUrbain VIII et le grand-duc de ToscaneFerdinand II de Médicis, petit-fils deChristine de Lorraine et sans l'Imprimatur formelle de Rome, Galilée fait paraître, à Florence, leDialogo. Il raille sensiblement le géocentrisme dePtolémée comme il l'a fait dans sonexpérience de pensée concernant les affirmations erronées d'Aristote sur la chute des corps[43]. Il piège ainsi Niccolò Riccardi, maître du Sacré Palais, qui a la mission d'inspecter leDialogo et qui lors d'une inspection n'a eu connaissance que de la préface et de la conclusion, dans lesquelles Galilée ne dévoile pas ses vraies intentions[44].
L'Église se sent obligée de réagir, d'autant plus qu'elle considère qu'on lui a, en quelque sorte, volé son imprimatur puisque le texte imprimé ne correspond pas à celui présenté àMgr Riccardi. De plus, Galilée écrit son livre en italien et non enlatin, langue scientifique, car il souhaite ainsi toucher un large public.
Le pape Urbain VIII ne peut qu'avaliser les reproches faits à Galilée, à qui il a demandé une présentationneutre des deux théories et non un plaidoyer en faveur du seulCopernic. Le pape se doit d'agir vite face au succès du livre et de Galilée, qui devient un personnage célèbre, déchaînant la colère de ses opposants. Malgré cela, il veut éviter à Galilée de comparaître devant des juges et nomme une Commission spéciale du Saint Office en juillet 1632[44].
La commission convoque Galilée le. Deux choses lui sont reprochées :« avoir tenu et cru la doctrine fausse et contraire aux Saintes-Écritures que le soleil est le centre du monde » ainsi qu'« avoir tenu et cru qu'une doctrine qui a été déclarée et définie contraire aux Saintes-Écritures peut encore être tenue et défendue comme prouvable »[45]. Ce faisant, les théologiens s'en tiennent à une interprétation de la Bible selon le seul sens littéral, comme cela devient fréquent auXVIIe siècle et pendant toute l'époque moderne[46].
Malade, Galilée ne peut se rendre à Rome qu'en février 1633. Les interrogatoires se poursuivent jusqu'au sous la menace de torture. Galilée cède et, le, au couventdominicain de Santa-Maria, la sentence est rendue :
« Il est paru à Florence un livre intituléDialogue des deux systèmes du monde de Ptolémée et de Copernic dans lequel tu défends l'opinion de Copernic. Par sentence, nous déclarons que toi, Galilée, t'es rendu fort suspect d'hérésie, pour avoir tenu cette fausse doctrine du mouvement de la Terre et repos du Soleil. Conséquemment, avec un cœur sincère, il faut que tu abjures et maudisses devant nous ces erreurs et ces hérésies contraires à l’Église. Et afin que ta grande faute ne demeure impunie, nous ordonnons que ceDialogue soit interdit par édit public, et que tu sois emprisonné dans les prisons du Saint-office[47]. »
Il prononce également la formule d'abjuration que le Saint-office a préparée :
« Moi, Galileo, fils de feu Vincenzo Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église catholique et apostolique affirme, présente et enseigne. Cependant, alors que j'avais été condamné par injonction du Saint-office d'abandonner complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n'est pas au centre du monde et se déplace, et de ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par oral ou par écrit ; et après avoir été averti que cette doctrine n'est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j'ai écrit et publié un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la présente par des arguments très pressants, sans la réfuter en aucune manière ; ce pour quoi j'ai été tenu pour hautement suspect d'hérésie, pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la Terre n'est pas le centre, et se meut. J'abjure et maudis d'un cœur sincère et d'une foi non feinte mes erreurs[48]. »
Le fameuxaparté attribué à GaliléeE pur si muove! (ouEppur si muove - « Et pourtant elle tourne ») est probablementapocryphe[49],[50] : cette rétractation l'aurait en effet immédiatement fait passer pourrelaps aux yeux de l'Église et aurait pu lui faire risquer lebûcher, voire perdre tout espoir de commutation de sa peine.
Le texte de la sentence est diffusé largement : à Rome le 2 juillet, le 12 août à Florence. La nouvelle arrive enAllemagne fin août, auxPays-Bas espagnols en septembre. Les décrets du Saint-office ne seront jamais publiés enFrance, mais, prudemment et pour éviter la controverse,René Descartes renonce à faire paraître sonTraité du monde et de la lumière.
Beaucoup (y compris René Descartes, qui diffère puis annule par crainte la publication de son traité de science), à l'époque, pensent que Galilée est la victime d'unecabale des Jésuites qui se vengent ainsi de l'affront subi parOrazio Grassi dans leSaggiatore.
La condamnation de Galilée est rapidement commuée par le Pape en résidence surveillée. Le scientifique n'est donc jamais allé en prison et continuera à percevoir les revenus octroyés par le souverain pontife. La deuxième sanction, la récitation des psaumes de la pénitence une fois par semaine pendant un an, sera effectuée par sa fille religieuse carmélite[51].
D'abord assigné à résidence chez l'archevêque Piccolomini àSienne, il obtient finalement de se réinstaller chez lui, à Florence dans sa villa àArcetri[52] (petite colline au sud de Florence) :Villa le Gioiello (« Villa le petit joyau »)[53], non loin de ses filles au couvent.
Au début, personne n'est autorisé à se rendre chez le « prisonnier d'Arcetri » (c'est ainsi que Galilée se nomme). Cette interdiction s'assouplit ensuite, ce qui lui permet de recevoir quelques visites et lui fournit l'occasion de faire passer la frontière à quelques ouvrages en cours de rédaction. Ces livres paraissent àStrasbourg et àParis en traductionlatine.
En 1636,Louis Elzevier reçoit une ébauche desDiscours sur deux sciences nouvelles de la part du maître florentin. C'est le dernier livre qu'écrira Galilée, ouvrage où le scientifique a consigné les découvertes d'où est née la dynamique moderne ; il y établit les fondements de lamécanique en tant que science et marque ainsi la fin de la physique aristotélicienne. Il tente aussi de poser les bases de larésistance des matériaux, avec moins de succès. Il finira ce livre de justesse, car le, il perd l'usage de son œil droit.
Le, Galilée perd définitivement la vue. Par chance,Dino Peri a reçu l'autorisation de vivre chez Galilée pour l'assister avec le père Ambrogetti qui prendra note de la sixième et dernière partie desDiscours. Cette partie ne paraîtra qu'en 1718. L'ouvrage complet paraît en juillet 1638 àLeyde (Pays-Bas) et à Paris. Il est lu par les grands esprits de l'époque. Descartes, par exemple, enverra ses observations àMersenne, l'éditeur parisien.
Quelques jours plus tard, le, Galilée meurt à Arcetri, à l'âge de 77 ans. Sur l'ordre dugrand-duc de Toscane, son corps est inhumé religieusement le lendemain dans le caveau familial de laBasilique Santa Croce de Florence ; l'Église refusant que lui soit édifié un monument funéraire. Un mausolée est érigé en son honneur le[15].
Postérité : de l'incompréhension des scientifiques au réexamen par l'Église
La théorie de l'héliocentrisme souleva d'abord des questions sur l'aristotélisme (Terre fixe au centre de l'Univers) et sur lamétaphysique, qui entraînèrent des réactions des scientifiques :
En 1728,James Bradley fut le premier à prouver scientifiquement, par l'explication qu'il donna à « l'aberration de la lumière », la révolution de la Terre autour du Soleil[54].
en 1741, devant la preuve optique de l'orbitation de la Terre faite parBradley en 1728, il fit donner par le Saint-office l'imprimatur à la première édition des œuvres complètes de Galilée, avec cependant l'ajout du fait que le mouvement de la Terre estsupposé. Ce geste constitua une révision implicite des sentences de 1616 et 1633, même si celles-ci ne furent pas abrogées ;
en 1757, les ouvrages favorables à l'héliocentrisme furent à nouveau autorisés, par un décret de laCongrégation de l'Index, qui retira ces ouvrages du catalogue des livres interdits.
« Un tribunal devenu puissant dans le midi de l'Europe, dans les Indes, dans le Nouveau Monde, mais que la foi n'ordonne point de croire, ni la charité d'approuver, ou plutôt que la religion réprouve, quoique occupé par ses ministres, et dont la France n'a pu s'accoutumer encore à prononcer le nom sans effroi, condamna un célèbre astronome pour avoir soutenu le mouvement de la terre, et le déclara hérétique […]. C'est ainsi que l'abus de l'autorité spirituelle réunie à la temporelle forçait la raison au silence ; et peu s'en fallut qu'on ne défendît au genre humain de penser. »
« Les opinions de Galilée lui attirèrent les censures de l'inquisition de Rome mais ces censures n'ont pas empêché qu'on ne l'ait regardé comme un des plus grands génies qui ait paru depuis longtemps. »
L'Église catholique a reconnu lors duconcile Vatican II (1962-1965) que les interventions de certains chrétiens dans le domaine scientifique étaient indues, en mentionnant Galilée.
En 1979 et en 1981,Jean-Paul II, récemment élu, charge une commission d'étudier la controverse ptoléméo-copernicienne desXVIe et XVIIe siècles et leprocès de Galilée, nommant le cardinalPaul Poupard à la tête de cette commission. Il ne s'agit pas d'établir une réhabilitation, le tribunal qui a condamné Galilée n'existant plus, et la mise à l'Index étant levée depuis leXVIIIe siècle[57]. Celle-ci est d'ailleurs implicite après les autorisations de l'édition des œuvres de Galilée données parBenoît XIV en 1741 et en 1757.
« Ainsi la science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu'elle suppose, obligeait les théologiens à s'interroger sur leurs propres critères d'interprétation de l'Écriture. La plupart n'ont pas su le faire.
Paradoxalement, Galilée, croyant sincère, s'est montré plus perspicace sur ce point que ses adversaires théologiens. « Si l'Écriture ne peut errer, écrit-il àBenedetto Castelli, certains de ses interprètes et commentateurs le peuvent, et de plusieurs façons ». On connaît aussi saLettre à Christine de Lorraine (1615) qui est comme un petit traité d'herméneutique biblique.
L'erreur des théologiens d'alors, quand ils soutenaient la centralité de la Terre, fut de penser que notre connaissance de la structure du monde physique était, d'une certaine manière, imposée par lesens littéral de l'Écriture Sainte[58]. »
Jean-Paul II souligne que le grand savant a eu une« intuition de physicien de génie » en comprenant pourquoi seul le Soleil pouvait avoir fonction de centre du monde, tel qu'il était alors connu, c'est-à-dire commesystème planétaire[59].
En, 67[60] professeurs de l'université de Rome « La Sapienza », soutenus par des étudiants, s'en prennent àBenoît XVI, au point que ce dernier doit renoncer à participer à la cérémonie d'inauguration de l'année universitaire à laquelle il avait été convié. Ces professeurs lui reprochent sa position sur l'affaire Galilée telle qu'elle était apparue dans un discours prononcé par lui àParme en 1990[61], dans lequel il s'appuie sur l'interprétation du philosophe des sciencesPaul Feyerabend jugeant la position de l'Église d'alors plus rationnelle que celle de Galilée[62]. Une manifestation en soutien du pape réunit 100 000 fidèles sur laplace Saint-Pierre le[60].
en 1971, l'astronaute David Scott d'Apollo 15 reproduit l'expérience du marteau et de la plume en chute libre sur la Lune[64]. Cette expérience imaginée par Galilée devait être réalisée dans un espace vide, ce qui permettrait d'observer que l'effet de la masse sur la chute libre entre ces deux corps sont identiques.
l'institut Galilée près de Paris en France, est un pôle scientifique constitué de huit laboratoires de recherche, six formations d'ingénieurs et une école doctorale,
laHaute École Galilée[66] est un établissement d'enseignement supérieur bruxellois dans le domaine de la communication (master journalisme, publicité…), des soins infirmiers (bachelier en soins infirmiers), de l'enseignement (bachelier régent de l'enseignement secondaire inférieur...) et du secteur économique (bachelier en secrétariat de direction et bachelier en tourisme),
en France, de nombreuses voies urbaines rendent hommage à Galilée. En particulier, larue Galilée localisée dans les8e et16e arrondissements deParis.
Citation :
l'université de Padoue de « la Bô » conserve à l'académie l'épine dorsale de Galilée ; ce qui fait écrire àAndré Suarès, dans sonVoyage du Condottière :
« Peuple à reliques : ils ont aussi l'épine dorsale de Galilée, à l'Académie, en rien différente d'une autre épine, un os à moelle pour le pot-au-feu du dimanche. Il faudrait mettre le tout dans un tronc à la Sainte Science ou à Saint Antoine. »
Musée Galilée,Florence. Ouvert en 2010, il remplace le musée de laStoria della Scienza (Histoire des Sciences) de Florence. On peut voir des vitrines consacrées à de nombreux instruments de Galilée, également la relique momifiée de l'index de Galilée, celui-là même ayant désigné les astres qu'il voyait avec sa lunette[67].
1606 :Le Operazioni del compasso geometrico et militare di Galileo-Galilei, nobil Fiorentino
1610 :Discorso intorno alle cose che stanno in su l'acqua et che in quella si muovono
:Sidereus nuncius, magna longeque admirabilia spectacula prodens, etc.
1613 :Storia e dimonstrazioni intorno alle macchie solari et loro accidenti
1623 :Il Saggiatore nel quale con bilancia esquisita et giusta si ponderano le cose contenute nella libra astronomica et filosofica di Lotario Sarsi, etc.
Repris de l'ouvrage de A. Colin, publié en 1970. Les quatre premières journées seulement. La sixième journée a été publiée par S. Moscovici dans la revueIsis.
↑a etbAimé Richardt, « La vérité sur Galilée », émissionAu cœur de l'histoire, Europe 1, 27 février 2012.
↑René Taton, « Tableau chronologique de la vie et de l'œuvre de Galilée »,Revue d'histoire des sciences et de leurs applications,vol. 17,no 4,,p. 293.
↑Guglielmo Libri Carucci dalla Sommaja,Histoire des sciences mathématiques en Italie, depuis la renaissance des lettres jusqu'à la fin du dix-septième siècle, 1840,p. 189.
↑Cosmos: Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, 1865,p. 381 et suivantes.
↑CependantEdward Rosen a montré que Galilée s'est trompé quand il a affirmé queCopernic s'était rendu à Rome pour travailler sur la réforme du calendrier, avait travaillé sur les tables utilisées alors et avait rédigé leDe revolutionibus à la demande dePaul III.
↑Jacques Maritain et Raissa Maritain,Jacques et Raissa Maritain. Œuvres complètes. Volume XIII, Paris, Editions Saint-Paul Paris,,p. 345.
↑Régine Pernoud, dansPour en finir avec le Moyen Âge, p. 101, faisant référence aux travaux du pèreHenri de Lubac (Exégèse médiévale), rappelle qu'au Moyen Âge les méthodes d'explication des textes impliquaient la possibilité de commenter la Bible autrement qu'au seul sens littéral : la lecture selon lesQuatre sens de l'Écriture habituait les esprits à plusieurs ordres de commentaires à propos d'un même texte : littéral, allégorique, tropologique et anagogique.
↑Voir le texte complet :Texts from The Galileo Affair :A Documentary History, edited and translated by Maurice A. Finocchiaro.
↑Il serait dû au journalisteGiuseppe Baretti, qui a reconstitué l'événement pour le public anglais dans une anthologie parue à Londres en 1757,Italian Library.
↑« Voila, enfin, une preuve indiscutable, quoique tardive et inattendue, que la terre tourne autour du Soleil. » L.M. Celnikier, Histoire de l'astronomie, Technique et documentation-Lavoisier, Paris, 1986.
↑Colette Le Lay, Jacques Gapaillard (dir.),Les articles d’astronomie dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, mémoire de DEA d’histoire des sciences et des techniques, faculté des Sciences et des techniques de Nantes Centre François Viète, 1997,lire en ligne,p. 21.
↑Colette Le Lay, Jacques Gapaillard (dir.),Les articles d’astronomie dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, mémoire de DEA d’histoire des sciences et des techniques, faculté des Sciences et des techniques de Nantes Centre François Viète, 1997,lire en ligne,p. 13.
L'autre Galilée etAlcune lettere in italiano di Galileo Galilei deCesare Capitani, coll. sur la scène, éditions TriArtis, Paris(ISBN978-2-916724-66-9).
Autour de Galilée (1933), trad. Luc Roche, Perspectives Libres, 2018. Traduction de :En torno a Galileo, revue et corrigée, en accès libre sur Les classiques des sciences sociales (lire en ligne).
William R. Shea, « Galileo, Scheiner, and the Interpretation of Sunspots » [« Galileo, Scheiner et l'interprétation des taches solaires »],Isis,no 61,,p. 498-519