Saint-Jacques-de-Compostelle (Santiago de Compostela), cinquième ville de Galice par sa population, est située dans laprovince de La Corogne, et c'est la capitale politique de la communauté autonome (La Corogne est, elle, la capitale de la province du même nom).
La majorité des auteurs semblent s’accorder pour voir dans le nom du peuple éponymeCallaeci /Gallaeci, d’où est issu le nom du paysCallaecia >Gallaecia >Galicia, un nomproto-indo-européen. Le nom desCallaici / Callaeci, en grec ancienΚαλλαϊκoί (Kallaïkoí) (Appien,Histoire romaine - Tome II, Livre VIL'Ibérique, 70 etStrabon, Géographie, III, 3, 2).
Il s’analyse d’ordinaire en un radicalcall(a)- + un suffixe-aici + la désinence-us oukall(a)- +-aiko-, avec suffixe*-aiko-. Ce suffixe indigène du nord-ouest hispanique avait pour fonction de transformer des noms de lieux (propres ou communs) en formes adjectivales, c’est-à-dire qu’il avaitgrosso modo la même valeur que le suffixe latin-ensi-. Le nom de peupleKallaikoi serait un dérivé du terme pré-indo-européen*kalla- ou*cal-, sa signification serait alors celle de « montagnard, habitant des hauteurs, des montagnes ». Cette étymologie semble confortée par les propres dires deStrabon (Géographie, III, 3, 2), lorsqu’il mentionne les Callaïques, qui occupent une grande partie de la région montagneuse[3],[4].
vert pré : limites de la province romaine rose : région ayant changé d'autorité vert : limites du royaume desSuèves.Rose des vents représentant les différents peuples celtes, au pied de latour d'Hercule (La Corogne).Uncastro, village en pierre sèche de la préhistoire galicienne (Castro de Baroña).La Torre de Hércules (la tour d'Hercule), dernier phare romain en fonctionnement (à La Corogne).
La Galice doit donc son nom aux Callaeci, nom donné par les auteurs anciens aux peuples de cette région (en fait d'une zone allant jusqu'au fleuveDouro). LaGallaecia devient une province romaine dotée d'une certaine autonomie avec ses propres capitales (Braga,Lugo etAstorga).
La conquête romaine (de 137 à 22 avant Jésus-Christ), motivée par la richesse en minerais, a créé, au fil des siècles, une culture où les éléments indigènes se sont manifestés avec une force croissante. Les voies romaines, les ponts (Bibei, Ourense), les murailles (Lugo) et les exploitations agricoles autour desvillae changent peu à peu l'image du pays.
L'influence la plus durable laissée par les Romains demeure lalangue galicienne qui se développe à partir du latin vulgaire parlé dans cette région.
Le christianisme change progressivement la religiosité populaire, même si celle-ci subsiste à travers des mythes, des rites et des symbolismes particulièrement riches. AuIVe siècle, les premiers sièges épiscopaux font leur apparition, lesdoctrines priscillianistes ayant un singulier succès dans le monde rural.Priscillien finit par être exécuté, accusé de magie et d'orgies sexuelles, mais il fut considéré dans laGallaecia comme un martyr, à un tel point que les évêques galiciens, au cours du synode de Tolède de 396, refusèrent de considérer les priscillianistes comme des martyrs.
En 425-426, lesVandales, un autre peuple germanique, refoulent les Suèves et s'établissent également en Galice. Après une époque initiale de conflits, Galiciens, Suèves et Vandales s'allient et fondent un royaume qui dure un siècle et demi. Puis, le roiwisigothLéovigild annexe, en 585, le royaume suève de Galice, qui devint alors une unité administrative du royaume wisigoth. Au cours des quelques siècles qui suivirent, les divers peuples composant la Galice, c'est-à-dire les Galéïco-Romains, les Suèves, les Vandales, et les Wisigoths, s'intégrèrent socialement et linguistiquement, puis fortifièrent leur royaume. Ce fut une époque d'âge d'or pour la Galice qui s'étendit sur presque toute la côte ouest de la péninsule (le Nord du Portugal actuel). En711, lesBerbères mirent fin à la domination wisigothe sur l'ensemble de la péninsule Ibérique, mais l'influence berbère demeura toujours faible en Galice.
L'arrivée desrois catholiques sur le trône sonne le glas de l'indépendance politique et administrative du royaume, qui continue néanmoins d'exister jusqu'à sa disparition en 1833, sous larégence de Marie-Christine de Bourbon.
Récemment, l'interprétation du sanctuaire catholique subit une évolution doctrinale : le mot « tombeau » a disparu des discours des deux derniers papes.Jean-Paul II parlant du « mémorial de saint Jacques », sans utiliser le mot « reliques » etBenoît XVI disant simplement que la cathédrale de Compostelle « est liée à la mémoire de saint Jacques ».
La Galice couvre une superficie de 29 574 km2. À l'époque romaine la Galice disposait d'importantes ressources minières : de l'or, de l'argent et de l'étain.
La Galice est une zone géographique limitée au nord et à l'ouest par l'océan Atlantique, à l'est par la fin de la chaîne montagneuse de la côte cantabrique (Os Ancares), et au sud-ouest par le fleuveMiño, dont la fin du parcours marque la frontière avec lePortugal. C'est une région verte, auclimat océanique, balayée par les vents, rappelant le Nord-Ouest de l'Europe.
C'est la dislocation de son socle ancien, lors de la formation de la chaînepyrénéo-cantabrique au tertiaire qui lui a donné son aspect physique actuel. Dans l'Est, à la frontière desAsturies et duLeón, de hauts massifs culminent à laPeña Trevinca (2 124 mètres). Dans le Nord et dans l'Ouest, les plateaux s'étagent entre 200 et 600 mètres d'altitude et contrastent dans le Sud avec la vallée encaissée du Miño et les gorges duSil. Le soulèvement du soclegranitique etschisteux a par ailleurs entraîné la formation de paysages littoraux caractéristiques : lesrias,Rías Baixas dans le Sud-Ouest et lesRías Altas dans le Nord, sortes d'abers qui dentellent les côtes, et des falaises impressionnantes, telles celles ducap Ortegal.
La nation galicienne est divisée en quatre provinces, cinquante-troiscomarques, trois cent seizeconcellos (communes), 3 847 paroisses et 31 855lieux-dits,lugares en galicien, (la moitié de toute l'Espagne qui en compte 63 613) oualdeas (hameaux). Mais la paroisse est pour le galicien, la référence absolue ;Il est commun, si vous demandez à un Galicien d'où il vient, qu'il vous réponde par le nom de sa paroisse.[réf. nécessaire]
L'origine de ces paroisses est due auxSuèves, peuple germanique qui fonda un des premiers royaumes chrétiens d'Europe vers 410. Un document de l'an 569 atteste cette organisation administrative, leParochiale Suevorum.
La Galice se caractérise, à la différence d'autres régions espagnoles, par l'absence d'une métropole dominant le territoire. En effet, le maillage urbain est constitué de 7 villes principales et d'autres petites villes dont les communes ont le nombre d'habitants suivants :
Le pouvoir exécutif est exercé par laJunte de Galice, à la tête de laquelle se trouve le président de la Galice.
LeParlement de Galice exerce le pouvoir législatif. Il se compose de75 députés élus tous les quatre ans.
La politique locale est largement dominée par leParti populaire.Manuel Fraga, grande figure de la droite espagnole, ancien ministre deFranco et l'un des rédacteurs de laConstitution de 1978, dirige le gouvernement galicien de 1990 à juillet 2005.
Après quatre années de gouvernement de coalition entre leParti des socialistes de Galice-PSOE et leBloc nationaliste galicien, lesélections du permettent le retour au pouvoir du Parti populaire. Le socialisteEmilio Pérez Touriño, président de la Galice depuis juillet 2005, doit alors céder sa place àAlberto Núñez Feijóo. Ce dernier est reconduit à la suite desélections anticipées du à l'issue desquelles le PP conserve sa majorité absolue. Il l'emporte de nouveau lors desélections du. Devenu président national de son parti, il est remplacé en par son vice-présidentAlfonso Rueda[5].
LeJournal officiel de Galice (DOG) est le journal officiel de la Communauté autonome de Galice, où sont publiés officiellement les règlements juridiques et autres actes de l'administration et du gouvernement galiciens afin qu'ils aient les effets juridiques correspondants.
Le textile, la pêche, l'élevage, l'exploitation forestière, lagrande distribution et la construction automobile sont les secteurs les plus dynamiques de l'économie galicienne.
La province deLa Corogne génère 70 % de la richesse de la Galice, étant le premier agent économique de la région[6].Inditex àLa Corogne (Inditex, Industrias de Diseño Textil, S.A., ou Textil Design Industries, Inc.) est le groupe d'entreprises le plus important de Galice et le premier groupe de confection textile mondial juste devant l'Américain GAP. Le groupe comprend plus d'une centaine d'entreprises ainsi que plus de 4 200 boutiques réparties dans73 pays. Son siège social est situé àArteixo. C'est là que la plupart des confections des marques appartenant àInditex sont fabriquées (Zara etZara Home,Pull and Bear,Massimo Dutti,Bershka,Stradivarius, Oysho, Kiddy's class, Lefties et Uterquë).
Avec l'usine française PSA Peugeot-Citroën implantée en Galice, àVigo, depuis les années 1960, de nombreux fournisseurs se sont installés dans la région. La Galice est donc devenue une des grandes régions de production automobile européenne. On peut noter qu'une majorité de la production de cette usine est exportée par voie maritime depuis le port de Bouzas. L'industrie a donc su profiter de la tradition maritime galicienne.
D'autres entreprises ayant un grand nombre de travailleurs et un chiffre d'affaires important sontSan José, basée àPontevedra, appartenant au secteur de la construction, et Gadisa et Vego, basées àLa Corogne et Froiz, basée àPontevedra, liées au secteur de lagrande distribution[6].
Protégées du vent du nord, lesRias Baixas bénéficient d'un climat encore plus doux, mais les vents du sud-ouest y provoquent d'importantes précipitations tout au long de l'année (1 500 millimètres en moyenne), moins importantes cependant que celles enregistrées à Saint-Jacques-de-Compostelle (1 973 millimètres).
Le climat de l'intérieur se caractérise par de forts contrastes de température (4,9 °C àManzaneda durant les mois les plus froids, mais31,8 °C de moyenne àA Rúa durant les mois les plus chauds) ; des précipitations beaucoup plus faibles (359 millimètres à Manzaneda) et des gelées hivernales marquées à Lugo et à Ourense.
Les spécialistes connaissent peu de choses sur les langues parlées en Galice avant la conquête romaine. On y parlait vraisemblablement lelusitanien, une langue indo-européenne mal identifiée; une langue celtique hypothétique, legallaïque; mais aussi sans doute une langue pré-basque non-indo-européenne. En ce qui concerne l'usage du celtique, la documentation est faible. On connaît grâce aux témoignages dePomponius Mela et dePline l'Ancien l'existence de populations non-celtiques et celtiques en Galice. Cependant, aucune inscription en langue celtique ancienne (hormis des mots et des courtes phrases au sein du latin) ne vient témoigner de son usage extensif dans la région, alors qu'on en trouve assez nombreuses inscriptionsceltibèriques enCastille-et-León et enAragon (aucune n'est d'ailleurs postérieure auIer siècle avant J. C., alors que certaines inscriptions gauloises datent duIVe siècle après J. C.)[10]. C'est tout juste si quelquestoponymes antiques (parfois conservés dans les noms de lieux modernes), quelques noms de personnages, desthéonymes et des termes dialectaux, dont la plupart se retrouvent dans d'autresidiomes romans, rappellent la présence de ces peuples. Si une langue celtique a bien été parlée en Galice, son emploi a été limité et elle était en train de disparaître à l'époque de la conquête romaine. Cette remarque est d'ailleurs confortée par le fait que le galicien ne possède pas davantage de mots d'origine celtique que lecastillan ou lecatalan et moins que le français.
Sur le plan linguistique, lesGaliciens consolidèrent leur langue, le galicien (galego), qui se développa non seulement en Galice du Nord (l'actuelle Communauté autonome de Galice), mais aussi dans toute la Galice du Sud (le Nord du Portugal d'aujourd'hui). Durant tout le Moyen Âge, on parlait la même langue en Galice du Nord et en Galice du Sud. Le fleuveMiño, qui sépare la Galice du Nord et la Galice du Sud (Nord du Portugal), était au centre de l'aire de la langue commune galeïco-portugaise.
Langue romane, le galicien a avec leportugais un tronc commun, legalaïco-portugais issu du latin, au cours du Moyen Âge. Ce fait a motivé la création d'une riche littérature médiévale et a donné naissance aux deux langues actuelles : le galicien et le portugais, d'une assez forte ressemblance.
Un mouvement linguistique (leréintégrationnisme) soutient que le galicien et le portugais ne sont que deux variétés de la même languegalego-luso-brasileiro, et que l'actuelle séparation entre le portugais officiel et le galicien officiel n'est due qu'à la castillanisation normative du galicien (seule variétégalaico-portugués s'écrivant avec une orthographe semblable à celle du castillan).
Le plus ancien document connu écrit en galicien a été récemment trouvé. Il date de l'année 1228, et s'appelle leForo do bo burgo do Castro Caldelas. Il a été accordé parAlphonse IX, roi de León, en avril de cette année à la ville d'Ourense, d'Allariz.
Le galicien est enseigné à l'école primaire, et il est langue véhiculaire importante dans l'enseignement secondaire et dans les trois universités du territoire galicien : celle deSaint-Jacques-de-Compostelle (avec un autre campus àLugo),celle de La Corogne (avec un autre campus àFerrol) etcelle de Vigo (avec deux campus, àPontevedra et àOurense).
Dès lors, la frontière politique qui se fixa définitivement entre le Portugal et la Galice produisit peu à peu ses effets sur la langue commune galaïco-portugaise. Cette langue, pourtant née en Galice du Nord, qui s'était implantée au sud lors de la Reconquête contre les Arabes, fut coupée de ses racines galiciennes et subit des influences différentes. Ainsi, alors que le galicien du Nord commençait à être intégré à la couronne de Castille et empruntait massivement au castillan, le galicien du Sud subit l'influence arabe, puis, plus tard, soumis à la dynastiede Bourgogne et à l'influence desmoines de Cluny (célèbre abbaye deBourgogne), il emprunta une partie de son vocabulaire au français. À partir de 1500, le terme portugais remplaça définitivement celui de galego pour désigner la langue parlée par les Portugais, scellant la fragmentation du galego en deux langues.
Sous le régime autoritaire deFrancisco Franco (1936-1975), pourtant né en Galice auFerrol, mais ne maîtrisant pas parfaitement le galicien, l'usage du galicien était interdit à l'école[11].
Dans les années cinquante, l'émigration galicienne s'est poursuivie vers l'Europe (Royaume-Uni, France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Suisse]) ainsi que dans les principaux centres industriels de l'Espagne (Catalogne,Communauté autonome du Pays basque etCommunauté de Madrid).
Cette saignée de la population a commencé à ralentir au début desannées 1970.
La Communauté autonome de Galice a alors été instituée et legalicien fut reconnu langue officielle avec l'espagnol.
L'utilisation de la langue par la population est en augmentation chez les jeunes depuis ces dernières années, grâce en partie à la politique linguistique dans l'enseignement. Dans les secteurs ruraux, le galicien s'est maintenu depuis toujours et est généralement préféré à l'espagnol. Legalicien est de plus en plus influent dans les centres urbains.
Malgré l'évolution historique en faveur de l'espagnol, une récente étude sur les coutumes idiomatiques de la population galicienne montre que 80 % de cette population pratique toujours le galicien.
Bien que ce soit la langue proportionnellement la plus parlée, le galicien a joui traditionnellement de moins de prestige social que l'espagnol, et bénéficie d'une politique régionale en sa faveur moins forte que lecatalan enCatalogne ou l'euskara auPays basque. De ce fait, le galicien réussit moins bien à s'imposer comme langue normale dans les communications formelles, tant à l'oral qu'à l'écrit. Et pourtant le galicien reste très attaché dans les conversations amicales et dans le milieu intime familial. Dans la rue, les Galiciens s'adressent ou répondent toujours aux étrangers en espagnol (sauf dans le cas des lusophones).
La chaîne de télévision et la radio de la Communauté autonome de Galice utilisent le galicien.
De nombreux Galiciens émigrèrent auBrésil, enArgentine et àCuba, à tel point que l'on surnomme aujourd'huigalego (« galicien » en français) les personnes blondes et à la couleur claire au Brésil. Encore aujourd'hui, dans la plus grande partie de l'Amérique latine, tous les habitants venant d'Espagne ou vivant dans ces pays sont encore appelésGaliciens, quelles que soient leurs origines régionales.
L'emploi extensif de lagaita galega (cornemuse galicienne), est le symbole d'un renouveau de la musique galicienne qui utilise, certes, le répertoire traditionnel, mais qui fait aussi de nombreux emprunts auXXe siècle et auXXIe siècle à des pays comme l'Écosse, l'Irlande ou la Bretagne. C'est à travers cette musique nouvelle, entre autres choses, que certains Galiciens cherchent à se renforcer au sein ce que l'on appelle aujourd'hui la communauté despays celtiques. Ces pays ne regroupent en fait que six nations celtiques, unis par l'existence passée ou présente d'une culture caractérisée par l'emploi d’unelangue celtique insulaire, à savoir : l'Irlande, l'Écosse, lePays de Galles, l'Île de Man, laCornouailles et laBretagne, cependant la Galice est conviée à des festivals demusique celtique. En réalité, la musique traditionnelle galicienne s'apparente davantage à celle des pays environnants jusqu'à la Méditerranée, mais leceltisme actuel engendre de nombreux emprunts musicaux à des pays comme la Bretagne ou l'Irlande qui tendent parfois à l'éloigner de ses racines réelles. Il existe pourtant de nombreuses formations musicales qui pratiquent la musique traditionnelle du pays. Sur un plan académique, des musicologues galiciens et italiens étudient le possible « lien génétique » entre lamuiñeira galicienne à latarentelle italienne dont l'origine pourrait être liée aux deux cultures[12]. D'autres recherches mettent en évidence la parenté de certains rythmes et manifestations vocales avec ceux des pays d'Afrique du Nord :« Ce que nous appelonsaturuxo en Galice, une vocalisation que pratiquent souvent les femmes en chantant ou en jouant du tambourin ou du pandeiro pendant la danse, rappelle leyouyou qui se fait en Afrique du Nord »[13]. Cette constatation corrobore une étude génétique récente qui montre que les habitants du nord ouest de la péninsule ibérique, incluant la Galice, sont ceux qui possèdent le plus d'ascendance nord africaine (11 %)[14].
La Galice compte le plus grand nombre de bâtiments romans en Espagne, même si une telle richesse patrimoniale n'est pas notoire comme dans d'autres lieux de la péninsule. Seulement un certain retard dans le catalogue de ces monuments a empêché que cette région soit évaluée comme elle le mérite dans un contexte de l'art roman hispanique ; l'histoire et l'évolution de l'art « galicien roman » passe par une série de phases et vicissitudes trop complexes pour les détailler ici.
Tout au long du Moyen Âge s'est développée en Galice une période de construction où prédomina l'art roman, dans les grandes cathédrales comme celle deSaint-Jacques-de-Compostelle, aussi bien que dans les monastères, comme ceux de laRibeira Sacra, caractérisé par l'importance des monuments, véritables plaques fortes de l'architecture médiévale. Mais l'art roman s'est aussi imposé dans des centaines de paroisses rurales, éparpillées un peu partout dans le territoire, plus particulièrement dans le centre de la Galice.
À la tête du roman galicien on trouve la cathédrale Saint Jacques-de-Compostelle, mais la Galice est riche en cathédrales médiévales, commeLugo,Ourense,Tui etMondoñedo. Les zones à l'intérieur, là où les quatre provinces sont presque unies dans un seul point, on retrouve l'une des plus grandes concentrations d'art roman de toute l'Espagne.
Tout le long aussi de la côte atlantique, depuisPontevedra jusqu'à Lugo, en passant par La Corogne, l'art roman rural est présent, spécialement aussi sur les côtes de Pontevedra et du golfe Ártabro de La Corogne et jusqu'à d'autres zones plus éloignées de la côte ; dans toute la vallée verte ou montagneuse, on avait érigé des centaines de paroisses rurales. Quelques communes ont plusieurs églises romanes, des temples paroissiaux et des ermitages de la plus grande qualité artistique. Elles passent souvent inaperçues au regard d'un public non averti.
La force visuelle de ces bâtiments de granit, presque tous bien conservés sauf par l'action directe de l'homme, est une rendue consubstantielle au territoire galicien.
L'intime simplicité de cet art s'est pleinement identifié avec l'esprit de recueillement du paysage et de la dévotion galicienne. Dans les hameaux ou lieux-dits, aujourd'hui isolés, des chemins en marge des routes touristiques habituelles conduisent vers ces témoins de tant d'histoire. Pour les visiter, il faut s'adresser sans réticence aux habitants du village qui gardent les clés des chapelles et connaissent plus d'une histoire sur leur passé. Parfois abandonné par l'Église et par l'administration, parfois victime de restaurations sauvages, ce patrimoine garde encore, dans son granit séculaire, la finesse d'un loup, à San Miguel d'Eiré, les signes lapidaires séculaires des tailleurs, ou des jalousies d'inspiration celtique encastrées avec d'autres pierres de taille pré-romanes, dans les murs de l'église de saint Estevo d'Atán. Pierre dans la pierre, lemonde galaïco a toujours été dans cette superposition de cultures et de civilisations.
Cependant, au cours de la guerre d'indépendance d'Espagne (1808-1813), guerre napoléonienne, Ibáñez, accusé par ses ennemis d'être unafrancesado, un partisan de Napoléon, a été traîné à terre jusqu'à ce qu'il meure dans les rues de Ribadeo, où il avait sonpazo (« manoir »), face à la passivité de l'armée anglaise retranchée dans la ville. Cet épisode, tragique et injuste a été l'objet de recherches controversées parmi les historiens, et un motif littéraire pour de nombreux écrivains.
Ibáñez assassiné, ses usines ont eu une survie inégale jusqu'à ce qu'elles cessent en 1875, date à laquelle se concrétise la fermeture et s'initie la dégradation du complexe architectonique.
Sargadelos était un endroit important pour entreprendre la récupération de l'histoire de la Galice. Et avec sa restauration, naît d'un projet de 1963 du Laboratoire de Formes de Galice, puis soutenu et associé par l'expérience acquise des Faïences du Castro depuis 1947.
Par conséquent, la convention entre le Laboratoire des Formes, institution conçue en Argentine par Luis Seoane et Issac Diaz Pardo, créateurs artistiques et intellectuelsgalléguistes exilés, et Faïences du Castro, va mettre en marche les projets qui avaient cristallisé avec un secteur expérimental en 1968, qui aboutira finalement, le 10 mai 1970 par l'inauguration de la nouvelle entreprise de Sargadelos dont les buts étaient de restaurer la mémoire historique cachée par la dictature du général Franco et de créer en même temps une industrie propre.
L'entreprise a situé les installations industrielles hors de l'ancienne enceinte du complexe de Sargadelos, et puis, le Laboratoire de Formes avait demandé en 1972 que cet ensemble soit protégé et déclaré d'Historique-Artistique, protection qui lui fut accordé cette même année.
C'est ainsi que, sous la direction de Diaz Pardo, retourné en Galice, se fonde à nouveau la « Faïencerie de Sargadelos ». Depuis lors, des formes traditionnelles galiciennes et des expériences d'avant-garde internationales se combinent dans une variété infinie de pièces à usage quotidien ou décoratif d'une qualité et d'un succès extraordinaires.Parallèlement, le Groupe Sargadelos est à l'origine de projets culturels et industriels, devenus fondamentaux dans la Galice actuelle.
Parmi ses initiatives, on peut citer, entre autres, le séminaire de Sargadelos, consacré à la recherche technique, artistique et historique ; à Sada, d'une part, le musée Carlos Maside d'Art galicien contemporain, d'autre part, le complexe Do Castro : faïence, arts graphiques et maison d'édition, ainsi que le Laboratoire géologique de Laxe de la Fondation Parga Pondal ; àSaint-Jacques-de-Compostelle, l'Institut Galicien de l'Information (IGN) et son auditorium et, finalement, partout en Galice et dans d'autres pays en Europe.
Le Patronat royal de Sargadelos, qui protège l'ensemble, a son siège dans la nouvelle reconstruction de laCasa da Administración (Maison de l'Administration).
L'émigration, une résistance culturelle et politique
Avec le temps, ces Galiciens de l'extérieur se sont organisés dans des associations culturelles et des œuvres de bienfaisance, créant de grands comités àLa Havane,Buenos Aires, ouMontevideo. Certains parmi les plus fortunés ont financé la préservation et le rayonnement des traditions et de la langue galiciennes dans l'émigration, ainsi que la réalisation d'œuvres philanthropiques dans leur terre d'origine : travaux publics, écoles, centres culturels…
L'Amérique latine ne pouvait plus s'expliquer sans la Galice (le président cubainFidel Castro ou l'ex-président argentinRaúl Alfonsín sont descendants de Galiciens) mais, en retour la Galice ne peut pas non plus se comprendre sans l'Amérique latine (l'hymne galicien a été composé àCuba et partout il existe des traces de l'empreinte « indiana» — des émigrants revenus au pays —, par exemple, dans l'architecture ou la botanique).
AuXXe siècle, la préoccupation civique et « galléguiste » de quelques-unes de ces communautés émigrantes conflua avec l'attitude revendicative des exilés arrivés en Amérique après l'éclatement de laguerre civile. Il s'est alors produit à l'extérieur un important foyer de résistance culturelle et politique de la spécificité galicienne, persécutée en Galice par la dictature du généralFranco. Pendant cette période, une nouvelle émigration s'est produite, cette fois-ci à destination des pays de l'Europe centrale, où les nouvelles associations émigrantes ont ainsi été créées.
Il n'est pas de famille galicienne qui n'ait connu, en conséquence, l'émigration, soit à travers ses aïeux, soit parmi ses proches.
Une autre spécialité galicienne est l'empanada (sorte de tourte) qui est généralement fourrée avec des produits de la mer comme le thon, la bonite, la seiche, mais qui peut aussi être fourrée à la viande de bœuf ou de veau, au poulet...
Latarta de Santiago (« tarte de Saint-Jacques ») est unepâtisserie réalisée pour les pèlerins de passage. Cette tarte, à base d'amandes, est typique de la région deGalice et plus spécialement deSaint-Jacques-de-Compostelle, lieu de pèlerinage.
Quant aux boissons, la Galice est réputée depuis l'époque romaine pour la qualité de ses vins. La région compte 5denominaciones de origen, l'équivalent français desAOP. Deux cépages blancs sont typiquement galiciens : l'albariño et le godello.
Manuel Fraga, ancien ministre de Franco, puis l'un des pères de la Constitution espagnole de 1978, président de la Communauté autonome de Galice de1989 à2005.
Miguel de Cervantes Saavedra, connu notamment pour son ouvrage,Don Quichotte, porte le nom Saavedra d'origine galicienne par sa mère.
Fernando Torres, footballeur espagnol, galicien par son père.
Mike Castro de Maria, fils de Galiciens.
Jerry García, guitariste du groupe américain Grateful Dead, galicien par son père.
Maria Casarès, tragédienne, comédienne de théâtre et de cinéma, hispano-française, fille deSantiago Casares Quiroga, président de la seconde république espagnole en 1936 et de Gloria PEREZ.