LeGroupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ouGIEC (enanglaisIntergovernmental panel on climate change ouIPCC) est un organisme intergouvernemental chargé d'évaluer l'ampleur, les causes et les conséquences duchangement climatique en cours.
Les évaluations du GIEC sont fondées sur les publications scientifiques et techniques, dont les auteurs du GIEC opèrent une synthèse critique. Elles sont publiées sous la forme de rapports synthétiques ou portant sur un aspect particulier du changement climatique, au sein de cycles d'évaluation d'une durée approximative de sept ans.
Rédigés par des centaines de scientifiques des États membres, les travaux du GIEC aboutissent également à des résumés à l'intention des décideurs, relus phrase par phrase et formellement validés à l'unanimité par les délégués des États, avec l'assentiment des auteurs scientifiques.
Le GIEC est une organisation autonome hybride, constituée de scientifiques et de représentants des États. La présence de ces derniers a été voulue par le G7 sous la pression du président américainRonald Reagan et de la Première ministre britanniqueMargaret Thatcher qui souhaitaient un contrôle des gouvernements sur les rapports scientifiques.
Le GIEC est une organisation intergouvernementale autonome[7], constituée d'une part de scientifiques apportant leur expertise et d'autre part de représentants des États participants. Cette structure hybride a été voulue par le G7 sous la pression deRonald Reagan etMargaret Thatcher, leur crainte étant de voir l'expertise climatique relever d'une agence de l’Organisation des Nations unies (ONU) constituée uniquement de scientifiques soupçonnés de militantisme écologique[9]. La création du GIEC a été validée par un vote de l'Assemblée générale des Nations unies.
D'aprèsNigel Lawson, secrétaire à l’Énergie puischancelier de l'Échiquier dans le gouvernement de Margaret Thatcher, sa motivation était plus complexe que celle de Reagan. Outre son envie de laisser la science aux mains des scientifiques, elle avait été sensibilisée par le diplomate et spécialiste de l'environnement Crispin Tickell, l'un de ses conseillers auForeign Office[10]. Il est également souvent mentionné sa motivation de contrer les syndicats britanniques des mineurs de charbon tout en soutenant le nucléaire en tant que source d'énergie propre pour remplacer le charbon[11],[12].
LemétéorologistesuédoisBert Bolin a joué un rôle important lors de la création de l'organisme et l'a dirigé de 1988 à 1997[13]. Les autres membres fondateurs sont le CanadienMaurice Strong et le BritanniqueJohn T. Houghton[14]. Les experts scientifiques contribuants sont issus de différents domaines, tels que les sciences de la nature, les sciences politiques ou l'économie[8].
Le GIEC a émis plusieurs rapports d'évaluation, dontle premier en 1990 (trois rapports supplémentaires ont paru en 1992), puisle deuxième, publié en 1995 et qui a fourni aux négociateurs d’importants documents avant l’adoption duprotocole de Kyoto en 1997[15]. Letroisième rapport d’évaluation a été publié en 2001, lequatrième en 2007, lecinquième en 2013-2014 et lesixième en 2021-2023[15]. Plusieurs rapports supplémentaires et autres documents relatifs à des sujets particuliers ou de la méthodologie ont été publiés au fil des ans[15].
Entre 2010 et 2012, le GIEC réalise un examen de ses processus et procédures[15].
À la suite des menaces de baisse de financement de la part du président des États-Unis d'Amérique élu en 2016,Donald Trump, le gouvernement français a annoncé, en, augmenter sa contribution au GIEC d'un million d'euros par an jusqu'à l'année 2022[16], ce qui porte son soutien à hauteur de 15 % des contributions des États[17]. D'autres États (dont le Japon, le Luxembourg, le Maroc, Mexique et la Norvège) et l'Union européenne envisagent aussi d'augmenter leurs contributions[16].
Évolution globale des températures depuis 1880 par rapport à la moyenne sur la période 1951-1980.
Le GIEC a pour mission d'évaluer et desynthétiser l'état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques disponibles, de façon neutre et objective, en rapport avec la question duréchauffement climatique[5],[7]. L'organisme travaille à rendre compte des différents points de vue et des incertitudes, tout en dégageant clairement les éléments qui relèvent d'unconsensus de la communauté scientifique. Il a donc pour mission d'« établir régulièrement une expertise collective scientifique sur le changement climatique »[2],[6]. Les apports de ces documents sont utilisés par les décideurs politiques et en tant qu'outil d'information pour la société civile[7],[1].
« [Il] a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés auréchauffement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation[19]. »
« Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents[20]. »
Le GIEC n'est donc pas un organisme de recherche, mais un lieu d'expertise visant à synthétiser des travaux menés dans les laboratoires du monde entier[21],[5],[7],[8], en fonction d'un problème précis, pour lequel les États, membres de l'ONU, l'ont mandaté.
Le travail du GIEC est organisé en cycles qui durent chacun plusieurs années[7]. Chaque cycle permet l'élaboration d'un rapport d'évaluation et de rapports spéciaux concernant un thème particulier, à partir des connaissances scientifiques[7]. Le bureau à la tête du GIEC est renouvelé après chaque cycle d'évaluation[1].
Le secrétariat du GIEC se situe au sein du bâtiment de l'organisation météorologique mondiale à Genève, en Suisse, lieu où s'est déroulée la première session de séance plénière du GIEC.
L'assemblée générale se réunit en sessions de séances plénières avec comme membres les représentants des gouvernements de tous les pays adhérents à l'Organisation des Nations unies (ONU), chaque membre comptant pour une voix[1].
En 2021, le GIEC compte195 membres, pays qui se réunissent généralement une fois par an. Des centaines de fonctionnaires et d'experts de différents ministères et d'instituts de recherche compétents des pays membres ainsi que des organisations observatrices assistent à ces sessions. En 2021, le GIEC compte aussi181organisations observatrices[23].
Les décisions majeures sont prises par le groupe lors de la session plénière, telles que[23] :
l'élection du président, des membres du bureau du GIEC et du bureau du groupe de travail ;
la structure et le mandat des groupes de travail ;
les principes et les procédures du groupe ;
le plan de travail du groupe ;
le budget et l'organisation budgétaire du groupe ;
la portée et les grandes lignes des rapports émis par le groupe, ainsi que l'approbation, l'adoption et l'acceptation des rapports.
L’assemblée plénière du GIEC, qui comprend l'ensemble des représentants des gouvernements des nations constituant l'ONU, choisit le président du groupe.
En,Hoesung Lee, enseignant d’économie du changement climatique à l’École supérieure de l’énergie et de l’environnement de l'université de Corée et ancien vice-président[25] a été élu par78 voix, contre 56 qui ont choisi le docteur en sciences physiques belgeJean-Pascal van Ypersele de Strihou. Jean-Pascal van Ypersele de Strihou a ensuite démissionné de tous ses postes à responsabilité au GIEC, mais il a immédiatement déclaré être prêt à continuer de servir la communauté internationale, d'une autre manière[26].
Six candidats étaient en lice pour occuper cette fonction[27].
Les trois vice-présidents élus le même jour sontYouba Sokona (Mali), Ko Barrett (États-Unis) et Thelma Krug (Brésil)[28].
Les membres du bureau du GIEC sont généralement élus par l'assemblée plénière pour la durée de l’établissement d’un rapport d’évaluation, soit environ cinq à six ans. Le processus d'élection du bureau a, par exemple, eu lieu en 2002 puis en 2008[1].
Le bureau se compose du président du GIEC, des coprésidents des trois groupes de travail et du bureau de l’équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre, des vice-présidents du GIEC ainsi que les coprésidents des groupes de travail. En 2015, le bureau du GIEC se composait d'une trentaine de membres[29],[1]. Ses membres sont donc de différents pays et les scientifiques sont issus de différentes disciplines[5].
le groupeno 3 étudie l'atténuation du changement climatique (comment atténuer l'ampleur du changement climatique en limitant les émissions de gaz à effet de serre)[34]. Il est coprésidé par Katherine Calvin (États-Unis) et Joy Jacqueline Pereira (Malaisie)[32].
S'y ajoute une équipe spéciale pour les inventaires nationaux degaz à effet de serre, qui a produit des guides pour ces inventaires[35],[1]. Un rapport spécial, d'une équipe dédiée, a été publié sur les scénarios d'émission de gaz à effets de serre[36],[5], qui a été la base de certaines simulations dans les travaux des groupes de travail.
Chaque groupe de travail (et l'équipe spéciale) a deux coprésidents, l'un représentant lespays développés, l'autre lespays en voie de développement. Ces groupes ont chacun l'appui d'une équipe scientifique, technique et opérationnelle[7]. Pour le sixième rapport d'évaluation du GIEC, les coprésidents du groupe de travail I sontValérie Masson-Delmotte (France) et Panmao Zhai (Chine), ceux du groupe de travail II sont Hans-Otto Pörtner (Allemagne) etDebra Roberts (Afrique du Sud), ceux du groupe de travail III sontJim Skea (Royaume-Uni) et Priyadarshi R. Shukla (Inde) ; les coprésidents de laTask Force on National Greenhouse Inventories sont Kiyoto Tanabe (Japon) et Eduardo Calvo Buendia (Pérou)[37]. Chaque groupe de travail comporte plusieurs vice-présidents[37].
Outre les co-présidents de chaque groupe de travail, le GIEC s'appuie sur de nombreux auteurs, aux rôles différenciés, nommés par le bureau du GIEC (voirinfra). Chaque chapitre est conçu sous la supervision de plusieurs auteurs coordonnateurs principaux (en anglais,coordinating lead authors, CLA) et est rédigé par dix à vingt auteurs principaux (lead authors, LA). Ils peuvent s'appuyer sur leschapter scientists, qui fournissent un soutien technique (recherches dans la littérature, aide à la conception des figures, etc.). Les éditeurs réviseurs (review editors, RE) doivent quant à eux s'assurer que les auteurs répondent aux commentaires reçus lors des deux phases de relecture des brouillons : la première est uniquement ouverte aux experts et chercheurs externes tandis que la seconde l'est également aux représentants des gouvernements. Enfin, les auteurs principaux peuvent solliciter des personnes extérieures pour bénéficier de leur expertise sur des points précis : ce sont les auteurs contributeurs (contributing authors, CA)[38],[39],[1].
Les points focaux des États membres — la personne physique nommée par chaque État pour assurer la liaison avec le GIEC[42] — ainsi que les organisations observatrices soumettent au bureau du GIEC une liste de personnalités, qu'ils ont librement constituée. Le bureau (plus précisément les co-présidents du groupe de travail concerné, avec l'aide de son unité d'appui technique) se fonde sur ces listes, tout en gardant la possibilité de nommer des personnes qui n'y figurent pas, pour désigner les auteurs (CLA, LA et RE), avant tout en fonction de l'excellence scientifique et de la diversité des points de vue, et dans une moindre mesure en veillant à la diversité géographique, d'expérience au sein du GIEC et degenre. Parmi les auteurs peuvent figurer, outre les chercheurs, des personnalités du secteur privé et des experts d'ONG[39],[43],[44],[45].
Plus de 3 000 auteurs (CLA, LA, RE) ont participé à la rédaction des rapports du GIEC depuis sa création[41].
Dans les années 2010, le laboratoire des médias deSciences po Paris, en France, a travaillé sur l'évolution du GIEC au fil des ans ; une partie de ce travail a trait aux scientifiques qui ont contribué aux rapports. Si, en 1990, les auteurs principaux des chapitres des rapports étaient au nombre de 273, ils sont 833 en 2013. Entre ces deux dates, le taux de chercheurs occidentaux est passé d'un peu plus de 80 % du total des scientifiques à 65 %, le taux de chercheurs asiatiques ayant crû. Les groupes de travail ayant la plus grande diversité d'origines géographiques pour les chercheurs sont les groupes de travail II et III. Par ailleurs, peu d'experts contribuent à plusieurs rapports du GIEC et peu d'experts ont contribué à plus d'un groupe de travail, bien que ce soit possible[46].
En 2012, le budget annuel du GIEC est d'environ cinq millions d'euros[1].
En 2021, le budget annuel du GIEC s'élève à environ six millions d'euros[28],[47] ; il est financé par les195 États membres de l'ONU qui y contribuent de « manière indépendante et volontaire ». Cette même année 2021, les pays donnant le plus d'argent sont notamment les États-Unis, le Japon, la France, l'Allemagne et la Norvège[47]. D'autres pays, souvent ceux en développement, donnent une« contribution en nature, en accueillant des réunions du Giec »[47]. En 2022, ce budget est d'un peu moins de huit millions d'euros[47].
Le budget dévolu au GIEC permet le financement de l'organisation des réunions, le secrétariat, les déplacements des chercheurs de pays en développement et la traduction des rapports[47]. Les scientifiques, bénévoles pour le GIEC, ne sont pas rémunérés par cet organisme, mais les ministères de leurs pays ou leurs organismes de recherche les rémunèrent pour le travail effectué et les déplacements[47],[1].
L'unique organe permanent du GIEC est son secrétariat, situé àGenève, en Suisse, et qui comporte en 2021 treize salariés — qui dépendent de l'OMM et du PNUE[47].
Le GIEC a pour principale activité la production de rapports (rapport d'évaluation[6], rapports spéciaux[49]), de directives méthodologiques et de documents techniques[50]. Ces documents scientifiques sont utilisés par les gouvernements afin d'« élaborer des politiques dans le domaine du climat » et au cours des négociations internationales desCOP pour le climat[6].
Les rapports d'évaluation se décomposent en plusieurs documents : le rapport, en tant que tel, qui contient trois volumes (un par groupe de travail) de plus d'un millier de pages chacun et un rapport de synthèse de 30 à50 pages[50]. Chaque volume, ainsi que le rapport de synthèse, fait également l'objet d'un résumé à l'intention des décideurs de quelques dizaines de pages au maximum, rédigé par les auteurs, qui produisent également un résumé technique, plus long que le résumé à l'intention des décideurs mais beaucoup plus court que le rapport.
Les rapports spéciaux et rapports d'évaluation suivent le même processus, décrit ci-après. L'élaboration des rapports d'évaluation se fait sur plusieurs années.
L'assemblée plénière du GIEC prend la décision de la préparation du rapport et de ses lignes principales, avec un plan indicatif[1].
S'agissant des rapports d'évaluation, les auteurs principaux des chapitres sont ensuite sélectionnés par les co-présidents de chaque groupe de travail, avec l'aide de l'unité d'appui technique du groupe de travail, selon le processusdécrit plus haut.
Le rapport complet est rédigé par les auteurs principaux, qui fournissent un premier brouillon sommaire (zero order draft, ZOD), destiné uniquement à une révision interne. Ils produisent ensuite un premier jet (first order draft, FOD), qui est soumis aux commentaires de la part d'« experts » extérieurs au GIEC (toute personne qualifiée peut commenter). Chaque commentaire doit faire l'objet d'une réponse et l'ensemble est rendu public à terme. Un deuxième jet (second order draft, SOD) est élaboré et soumis aux commentaires externes, qui sont cette fois ouverts également aux représentants des gouvernements ; des éditeurs-réviseurs aident l'équipe des auteurs à traiter les commentaires. Enfin, le brouillon final (final government distribution) est établi par les auteurs et distribué aux gouvernements[1],[51],[52].
En parallèle de la rédaction du deuxième jet du rapport complet, une partie des auteurs est chargée d'établir un résumé à l'intention des décideurs, qui est lui-même sujet à deux phases de relecture par les gouvernements et les experts extérieurs au GIEC, puis par les gouvernements seuls. Il est enfin soumis à l'approbation des États membres du GIEC en séance plénière (cf. ci-dessous)[1],[51],[52].
Approbation des résumés à l'intention des décideurs
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Le résumé à l'intention des décideurs est approuvé en séance plénière du GIEC, à l'unanimité de l'avis des États membres, dont une partie dépêche sur place une délégation. Les délégations demandent des ajouts, des modifications et des suppressions du texte, mais la décision est prise en dernier ressort par les auteurs du rapport complet, qui doivent veiller à ce que le résumé à l'intention des décideurs soit fidèle au contenu du rapport complet. Ils peuvent décider de supprimer une phrase, un paragraphe ou une figure lorsqu'aucun consensus ne peut être trouvé[53],[6],[1].
Dans ce premier rapport de 1990[54], le GIEC observe que les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l'atmosphère desgaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, chlorofluorocarbones, oxyde nitreux) et renforcent l'effet de serre naturel. Le GIEC établit quatre scénarios d'émissions futures, le scénario A n'envisageant aucune mesure, les scénarios B, C et D correspondant à des degrés de réglementation croissants. Il prévoit un doublement des concentrationséquivalentes de dioxyde de carbone par rapport aux niveaux pré-industriels entre 2025 et 2050 pour les scénarios A à C, et 2100 pour le scénario D.
Le GIEC souligne les incertitudes relatives à ces scénarios, dues à une méconnaissance des sources et des puits de gaz à effet de serre, et aux réactions des nuages, des océans et des calottes polaires face à un changement duforçage radiatif provoqué par l'augmentation des gaz à effets de serre. En particulier, les phénomènes de rétroaction sont mal connus.
Le rapport essaie également d'évaluer quels impacts aurait un tel réchauffement sur l'agriculture, lesécosystèmes, lesressources en eau, lasanté publique. Il examine quels moyens pourraient être mis en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
En 1992, le GIEC a produit un rapport supplémentaire destiné aux négociateurs de cette convention-cadre auSommet de la Terre de Rio de Janeiro, la même année.
Deuxième rapport d’évaluation : « Changements climatiques 1995 »
Entre les années 1990 et 1995, des études ont été menées afin de parvenir à distinguer les influences naturelles qui s'exercent sur le climat et celles qui relèvent d'une activitéanthropique. Le rapport[55] de 1995 estime que l'évolution du climat depuis un siècle s'explique mieux en tenant compte d'une influence anthropique, et que cette évolution n'est vraisemblablement pas d'origine naturelle. Il reprend les scénarios du précédent rapport[1], tout en rappelant les incertitudes portant sur ces scénarios.
Il comprend les trois rapports des groupes de travail et un rapport de synthèse sur les questions scientifiques directement liées avec les politiques à suivre.
Alors que les précédents rapports étaient passés relativement inaperçus au sein du grand public, c'est essentiellement à la suite de ce rapport et entre 2000 et 2005 que la question de l'existence d'un réchauffement climatique et d'une éventuelle responsabilité humaine sont massivement traitées dans les médias[57]. C'est également à partir de 2000 que se développe une viveopposition aux conclusions et prévisions alarmantes du GIEC. C'est également vers cette époque que la question climatique entre dans les débats politiques.
Quatrième rapport d’évaluation : « Changements climatiques 2007 »
Le quatrième rapport d'évaluation (AR4) a été publié le. Il compile les travaux de chacun des groupes de travail présentés lors de trois sessions échelonnées au cours de l'année :
le « rapport du groupe de travail I », sur les bases scientifiques physiques des changements climatiques présenté àParis, le[58],[59] ;
le « rapport du groupe de travail II », sur les conséquences, l’adaptation et la vulnérabilité aux changements climatiques présenté àBruxelles, le[60],[61] ;
le « rapport du groupe de travail III », sur l’atténuation des changements climatiques présenté àBangkok, le[62],[63] ;
le « rapport de synthèse » (RSY) qui fait la synthèse des précédents. Il est rédigé sous la direction deRajendra K. Pachauri, président du GIEC, et publié avec la version finale de l'AR4[64].
Cinquième rapport d'évaluation : « Changements climatiques 2014 »
Le cinquième rapport d’évaluation se décompose en trois parties : « éléments scientifiques », « conséquences, adaptation et vulnérabilité » et « atténuation du changement climatique ».
La responsabilité de ce rapport repose sur trois groupes de travail, ainsi qu’un rapport de synthèse. Il consiste en unesynthèse de 9 200 études[5],[46].
La contribution du groupe de travail I a été acceptée et approuvée en. La contribution du groupe detravail II a été adoptée en mars et celle dugroupe III, en[65]. Le rapport de synthèse définitivement approuvé a été publié le (texte intégral[66] et résumé pour décideurs[67]).
Un document avait été diffusé en avance dès[68] par un des réviseurs, sans l'accord du GIEC. En réaction, le GIEC a publié un « démenti » en forme de mise au point[69], à la suite de quoi, les projets des différents chapitres du groupe de travail II ont été publiés à leur tour[70].
Le premier volet concerne les bases scientifiques[71], illustré par lesscénarios RCP. Le groupe detravail I l'a présenté à Stockholm (Suède) le.
Le deuxième volet recense les impacts duréchauffement climatique, ainsi que les possibilités d'adaptations et lesvulnérabilités. Ce texte, qui résulte, d'après le GIEC, d'un immense travail de lecture et de compilation de douze mille publications scientifiques, a été publié le lundi[72]. La version finale de ce rapport a été mise en ligne en[73].
Chacune de ces trois parties est accompagnée d'un « Résumé à l’intention des décideurs » (summary for policy-makers, SPM) qui récapitule dans un format condensé les conclusions du groupe de travail pour des non-experts, et en particulier les décideurs politiques. L'AR4 sert ainsi de base aux négociations de laConférence de Copenhague de 2009 sur les changements climatiques.
Les conclusions principales de ce rapport sont[76] :
« la décarbonation (i.e. la réduction de l’intensité en carbone) de la production d’électricité est un composant essentiel des stratégies d’atténuation rentables pour atteindre des niveaux de concentrations bas. Dans la majorité des scénarios à stabilisation basse, la part de la production d’électricité bas-carbone (y compris énergie renouvelable (EnR), nucléaire etcapture et stockage du carbone - CSC) augmente à partir de la part actuelle d’environ 30 % à plus de 80 % en 2050, et la génération d’énergie à partir de combustible fossile sans CSC est supprimée quasi complètement d’ici 2100 ».
Sixième rapport d'évaluation : « Changement climatique 2023 »
La première partie du sixième rapport d'évaluation, à savoir la contribution du groupe de travail 1 dédié aux bases physiques du climat a été approuvé vendredi après une session d’approbation des différents membres du 26 juillet au 6 août et a été rendue publique le[81],[82]. La deuxième partie du rapport, dédiée aux impacts du changement climatique sur les sociétés et la biodiversité, a été diffusée le[83],[84] et la troisième, consacrée aux solutions envisageables pour diminuer l'impact sur le climat, le[85].
Les observations des satellites de la NASA montrent que la banquise arctique diminue de 11,5 % par décennie, dans les années 2010, par rapport à la moyenne de 1979 à 2000.
Lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre[86].
Les publications officielles du GIEC ont pour objet de proposer une synthèse des connaissances scientifiques. Ces synthèses comprennent les publications qui font l'unanimité et celles qui sont contestées par des scientifiques. Ces rapports sont le fruit d'un long débat qui aboutit à unconsensus : l'approbation de la version finale du rapport par tous les scientifiques et tous les gouvernements faisant partie du GIEC (la quasi-totalité des pays du monde sont représentés et ont signé l'approbation de la version finale, y compris les États-Unis)[91],[6],[8],[1].
L'affaire du « Climategate » (selon une dénomination journalistique qui l'a présenté comme un scandale scientifique, à l'instar duWatergate ou duMonicagate), dénommée plus prosaïquement « l'incident des courriels duClimatic Research Unit », est uneaffaire résultant de la divulgation, après unpiratage en, d'un ensemble de courriels et de fichiers datés entre 1996 et le et attribués à des responsables duClimatic Research Unit (CRU) de l'Université d'East Anglia et à leurs correspondants[92],[93]. Les accusations portaient sur la manipulation de données sur leréchauffement climatique. Ces recherches sur leschangements climatiques naturels etanthropiques sont parmi les plus influentes[93] et un certain nombre des correspondants concernés font partie de l'encadrement du GIEC, qui a dès lors été directement mêlé à l'affaire.
Le président du GIECRajendra Pachauri, aux moments des faits, a fait une déclaration annonçant que le « Climategate » ne pouvait rester ignoré et que le GIEC conduirait des investigations avant de prendre position[94]. Plusieurs enquêtes ont été menées sur le sujet[93]. En particulier, après six mois d'enquête, une commission indépendante, menée par lePrMuir Russel, ancien doyen de l'université de Glasgow, a écarté les soupçons sur les scientifiques britanniques accusés[95],[93].
L'agence néerlandaise d'évaluation de l'environnement (PBL) a par ailleurs évalué en 2010 la qualité du dernier rapport du GIEC en date[93].
Un argument populaire concernant laprévision climatique, telle que peuvent l'effectuer les chercheurs du GIEC, est :« comment peut-on prévoir le climat à long terme et pas le temps qu'il va faire dans cinq jours ? »[96].
Dans un document publié par le GIEC, la réponse est présentée dans ce sens :« Si le temps et le climat sont étroitement liés, il s’agit en fait de réalités différentes. Défini comme l’état de l’atmosphère à un moment et en un lieu donné, le temps est susceptible de changer d’une heure à l’autre et d’un jour à l’autre. Le climat, pour sa part, se réfère généralement aux statistiques des conditions météorologiques sur une décennie ou plus ».
Laprévision météorologique consiste donc à prévoir le temps qu’il fera sur une période précise (jour, semaine) et en un secteur donné (pays, région), tandis que l'étude duclimat se propose de décrire et prévoir l'évolution à moyen et long terme de ladistribution statistique des températures, des précipitations et des vents dans un secteur. Non seulement les valeurs moyennes, mais aussi les valeurs et phénomènes extrêmes (canicules, vagues de froid, sécheresses, pluies exceptionnelles, tornades, cyclones…) sont évaluées en fréquence et intensité. Lesmodèles climatiques élaborés par les chercheurs du GIEC sont fondés sur des programmes informatiques très complexes. Ceux-ci effectuent dessimulations informatiques en tenant compte des interactions entre l’atmosphère, les surfaces maritimes, la surface des terres émergées, la neige et la glace et l’ensemble de l'écosystème mondial[97].
De plus, les travaux du GIEC reposent sur des « scénarios d'évolution », différents de « prévisions »[1].
Ce graphique était la première reconstitution de latempératurenord-hémisphérique durant les 1 000 dernières années ; il différait d'un premier rapport schématique qui montrait des températures plus élevées durant la périodemédiévale qu'aujourd'hui. La présence de MBH98 dans le TAR a largement contribué à démontrer que la période de réchauffement actuelle est inhabituelle en comparaison aux températures de 1000 à 1900, jusqu'à ce que la méthodologie utilisée pour produire ce graphique soit la cible de critiques[98],[99].
En 2007, dans le résumé technique de sonquatrième rapport, le groupe II du GIEC estimait que lesglaciers de l'Himalaya reculaient plus vite que les autres glaciers du monde et « pourraient disparaître d'ici 2035, voire avant »[103]. Absente des travaux de synthèse du GIEC[104], cette affirmation est mise en avant de façon alarmiste à la fin de l'année 2009, avec la perspective de laConférence de Copenhague sur le climat et la médiatisation du thème du réchauffement climatique. Dès lors, plusieurs enquêtes journalistiques[105],[106] montrent que cette projection est erronée. Finalement, le, le GIEC publie un communiqué de presse qui reconnaît une erreur concernant ce point précis mais qui maintient l'intégralité des conclusions présentées par ailleurs dans les rapports de synthèse (notamment sur la fonte des glaciers)[107].
Le communiqué souligne aussi que cette erreur ponctuelle est le résultat d'une mauvaise application des règles de validation scientifique. En effet, cette date inexacte provient d'un rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF) qui l'attribue erronément à une étude de laCommission internationale de la Neige et de la Glace alors qu'en réalité elle est issue d'un article duNew Scientist[108], une revue devulgarisation scientifique britannique qui ne fait pas l'objet d'uneévaluation par les pairs comme c'est le cas pour lesrevues proprement scientifiques. La date de 2035 serait unecoquille sur un chiffre plus réaliste mais controversé : 2350, date à laquelle le géographe russeVladimir Kotliakov a calculé que les glaciers extra-polaires pourraient avoir disparu à 80 % si le rythme du réchauffement se maintenait[109]. Fred Pearce, l'auteur duNew Scientist, a, de son côté, confirmé que ce chiffre lui avait été donné lors d'une interview par un scientifique indien, Syed Hasnain, qui rédigeait à l'époque une étude sur la question qui restera non-publiée[106]. Après la finalisation du texte de 2007, mais avant sa publication officielle, cette erreur avait été signalée par Georg Kaser,glaciologue et auteur du groupe I du GIEC, mais trop tard, semble-t-il, pour être corrigée[110],[111].
Fin 2009, une étude du ministèreindien de l'environnement et des forêts avait alimenté la controverse en critiquant la vitesse de fonte des glaciers himalayens suggérée par le rapport du GIEC et en niant la conclusion plus générale que ces glaciers fussent menacés par le réchauffement climatique[112]. Le président du GIEC, Rajendra Pachauri y avait d'abord répondu sévèrement, en reprochant à cette étude de n'avoir pas de solides bases scientifiques pour nier le rôle du réchauffement dans la fonte glaciaire[113]. Au mois de janvier suivant, un groupe de scientifiques, dont Georg Kaser, fera paraître une lettre pour rectifier le paragraphe incriminé du rapport du GIEC et expliquer l'origine de l'erreur concernant la date de 2035 tout en confirmant les conclusions générales[114]. Ces auteurs accréditent l'hypothèse d'une erreur de transcription de l'étude de ICSI par le fait que le texte mentionne que la surface des glaciers concernés passerait de 500 000 à 100 000 km2, ce qui ne peut correspondre à l'Himalaya dont les glaciers couvrent 33 000 km2.
Le, le président du GIEC de l'époque,Rajendra Kumar Pachauri, a reconnu lors d’une interview publiée par le journalThe Australian que« le réchauffement global avait enregistré une « pause » de17 ans ».
De nombreuxclimato-sceptiques ont interprété cette déclaration comme étant une supposée reconnaissance officielle de leur contestation. Lors de l'interview, le président du groupe a pourtant insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un arrêt temporaire de la phase de réchauffement en ajoutant ce commentaire :
« Ce qui est tout à fait perceptible c’est que, au cours des cinquante dernières années, la tendance est à la hausse. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de haut et de bas – il y en aura –, mais ce dont il faut se soucier, c’est de la tendance, et elle est maintenant influencée dans une large mesure par l’activité humaine. »
En fait, selon l'organisation, les températures évoluent parpaliers entraînant une certaine stabilité durant des périodes plus ou moins variables avant une nouvelle élévation brutale. Selon Rajendra Kumar Pachauri, ce palier de17 années n'est pas suffisant dans sa durée pour remettre en question l’existence d’un réchauffement aux originesanthropiques[115].
En 2017, de nouvelles études ont montré qu'une amélioration du modèle deforçage, du stockage de chaleur dans les océans, des variations naturelles et de données manquantes expliquaient ce qui a été improprement qualifié de « hiatus » et renforçaient encore la confiance en une cause anthropogénique du réchauffement[116],[117]. De plus, il existe une variabilité naturelle du climat sur de courtes périodes ; celle-ci s'inscrit toutefois dans une tendance au réchauffement climatique sur une période de temps plus longue[117]. Par ailleurs, au fil des ans, les moyens de récolte de données scientifiques sur les milieux, par exemple sur la température et le degré de salinité des océans, ont fortement évolué[117].
« J'ai régulièrement entendu des récits de collègues et de jeunes chercheuses qui ont du mal à gérer le fait de paraître déterminées et confiantes sans paraître trop autoritaires ou insistantes. [...] Plusieurs collègues féminines, en particulier des employées débutantes, ont déclaré que les tâches administratives, telles que la prise de notes, l'organisation de réunions et la gestion de la logistique, leur incombaient plutôt qu'à leurs homologues masculins. »
L’observation de Chandni Singh est confirmée par l’étude du PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) selon laquelle« un tiers des personnes interrogées ont indiqué que la garde des enfants et les responsabilités familiales étaient des obstacles à leur pleine participation aux travaux du GIEC »[118].
Certains commentateurs considèrent que le GIEC« dramatise […] la situation »[5].
D'autres critiques considèrent que le GIEC soutiendrait, en raison d'une interférence politique, une position de consensusa minima qui ne reflète que très partiellement l'état actuel de la recherche, et qu'il aurait tendance à sous-estimer les effets du réchauffement[119],[120].
Selon la chercheuseKari De Pryck, qui analyse les fondements et« la question de la/des séparation(s) entre science et politique » du GIEC,« cette organisation a dû, à plusieurs reprises, adapter ses procédures sous la pression d’actions internes et externes » ;« malgré une institutionnalisation très politique de la question climatique, le GIEC doit sa crédibilité à l’éminence de ses personnalités scientifiques », bien que la création de cet organisme soit une action purement politique[121].
Le GIEC utilise des descriptions verbales de l'incertitude[122] :
« Les qualificatifs ci-après ont été utilisés pour indiquer la probabilité évaluée d’un résultat : quasiment certain (probabilité de 99 à 100 %), très probable (90 à 100 %), probable (66 à 100 %), à peu près aussi probable qu’improbable (33 à 66 %), improbable (0 à 33 %), très improbable (0 à 10 %), exceptionnellement improbable (0 à 1 %). La probabilité évaluée est indiquée en italique : par exempletrès probable. (…) D’autres qualificatifs peuvent également être utilisés le cas échéant : extrêmement probable (95 à 100 %), plus probable qu’improbable (> 50 à 100 %), plus improbable que probable (0 à < 50 %) et extrêmement improbable (0 à 5 %). Enfin, ce Rapport utilise également les expressions « fourchette probable » et « fourchette très probable » qui signifient que la probabilité évaluée d’un résultat se situe dans la fourchette de 17 à 83 % ou de 5 à 95 %. »
L'interprétation de ces descriptions verbales dépend cependant grandement du point de vue et des croyances des individus. Une double échelle (verbale-numérique) serait supérieure au mode de communication actuel[123].
Conformément aux buts envisagés d'aide à la décision politique et malgré le caractère d'expertise non prescriptif des rapports du GIEC, nombre de décideurs en matière politique tiennent compte de ses apports[5].
↑Philippe Marbaix, Pénélope Lamarque, Bruna Gaino etJean-Pascal van Ypersele, « Les changements physiques du climat en 11 questions »,Lettre de la Plateforme wallonne pour le GIEC, Plateforme wallonne pour le GIEC,no 23,(lire en ligne, consulté le).
(en)Faits saillants sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par l'organisme lauréat — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)