À la faveur de ladislocation de l'URSS, l'indépendance de la Géorgie est une nouvelle fois restaurée en 1991 mais les difficultés économiques s'aggravent et lesguerres de restauration de l'URSS lui font perdre une partie de son territoire après les combats des années 1990 : si l'Adjarie redevient totalement géorgienne en 2004, en revanche l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud proclament unilatéralement leur indépendance avec le soutien direct de laRussie. Larévolution des Roses, en 2004, pacifique, et l'alternance démocratique, en 2012, non moins pacifique, conduisent le pays sur le chemin de la démocratie. Toutefois, au début des années 2020, le parti au pouvoir « Rêve géorgien »,soutenu par la Russie, prend un tournant plus autoritaire.
LesGéorgiens nomment leur terre, la Géorgie,Sakartvelo, se nomment eux-mêmesKartvelebi (ქართველები) et appellent leur langue, le géorgien,kartuli (ქართული).
Plusieurs théories existent quant à l'origine de cette appellation :
l'origine étymologique deSakartvelo (littéralement : le pays des Géorgiens) viendrait le plus probablement desa khartv-elo qui signifie « le pays des hommes originaires de Khaldi » (Khartvli, en vieux géorgien), c'est-à-dire laChaldée, située enMésopotamie[22] ;
ce terme pourrait aussi venir de l'ancêtre mythique des Géorgiens,Karthlos, qui est considéré comme le père de la Géorgie, à l'origine du royaume de Kartlie-Ibérie ;
une autre hypothèse avance que ces mots sont dérivés du motქართ (kart, en français : endroit fortifié[23]).
La dénomination française du pays, Géorgie, n'est pas dérivée desaint Georges —saint protecteur du pays — comme cela est parfois avancé[24], ni non plus dérivée dugrecγεωργία (geōrgía), signifiant « agriculture » commeJean Chardin l'avait affirmé dans le récit de son voyage au Caucase. Le nom est vraisemblablement dérivé deGorj(i)], la dénominationpersane des Géorgiens, qui est également la racine des motsturcGürcü etrusseGruzin. La Géorgie est nomméeگرجستان (Gordjestân) en persan,Gürcistan en turc,Грузия (Grouziia) enrusse etגרוזיה (Grouzia) enhébreu. Le nom persan vient probablement degorg (loup), qui est aussi l'origine du surnom duroi d'IbérieVakhtangIer Gorgassali (Tête de loup), car les Anciens considéraient le Gourdjistan comme la Terre des loups.
Dans l'Antiquité, les habitants de l'actuelle Géorgie étaient dénommés lesIbères, du nom du royaume dans lequel ils vivaient, l'Ibérie, sans lien apparent avec lapéninsule Ibérique. Malgré le questionnement des géographes de l'Antiquité et l'hypothèse de certains savants géorgiens[réf. nécessaire] estimant que les Ibériens du Caucase étaient les ancêtres des Ibériens de la péninsule, le nom caucasien d'Ibérie viendrait de celui de la ville géorgienne Sper, aujourd'huiİspir enTurquie[réf. nécessaire].
Les dénominationsarméniennes pour Géorgien et Géorgie, respectivementVir etVirq, viennent d'Ibérie avec la perte du « i » initial et son remplacement par le « w » ou le « v » du « b » d'Ibérie.
Lors de fouillespaléontologiques effectuées àDmanissi, dans le sud du pays, entre 1999 et 2001, des restes d'hominidés de l'espèceHomo georgicus datant d'environ 1,8 million d'années ont été trouvés.
De nombreuses civilisations, langues et religions se diffusent à travers leCaucase et le territoire géorgien qui se trouve dans une position de carrefour entre les puissances qui l'entourent. LesScythes s'installent dans la région auVIe siècle av. J.-C., suivis par l'Empire perse (dynastieachéménide).
À la fin duVe siècle, l'Ibérie et laColchide s'allient, et tentent une première unification. Mais la mort du roi VakhtangIer, dans lesannées 580 profite à la Perse qui fait de la Géorgie orientale l'une de ses provinces. Une période trouble s'ensuit, la Géorgie est divisée à maintes reprises entre les Perses, lesByzantins, lesArabes et quelques princes locaux assez puissants pour reprendre provisoirement le titre de roi… et se combattre mutuellement, ce qui finalement profite auxinvasions musulmanes abassides.
À la fin des années 1040, le conflit cesse et laisse place à une autre guerre, cette fois entre Géorgiens etSeldjoukides, eux aussi musulmans. Elle éclate en 1048 : les forces alliées de la Géorgie et deConstantinople triomphent d'abord de l'Empire seldjoukide à labataille de Kapetrou, engagent une « croisade géorgienne » en raison du caractère religieux du conflit, mais battent ensuite en retraite : les Seldjoukides s'emparent ducentre de l'Anatolie en 1071 (bataille de Mantzikert) et dévastent ce pays, ainsi que l'Arménie et le territoire géorgien, jusqu'à la fin duXIe siècle.
Mais des révoltesnobiliaires éclatent, et en 1223, lesMongolstengristes, apparus aux frontières du pays, n'ont aucun mal à vaincre la monarchie géorgienne. Durant la décennie 1270, bien qu'un royaume géorgien s'instaure enColchide, le territoire géorgien sombre dans le déclin : lesTimourides, puis lesTurcomans succèdent aux Mongols. Après la chute deTrébizonde en 1461, la Géorgie se divise en trois entités, dernières monarchies chrétiennes de la région.
En 1478,ConstantinII accède au trône géorgien après une période de guerre civile et de chaos intérieur. Une dizaine d'années plus tard, en 1490, un conseil national proclame la division officielle duRoyaume de Géorgie, qui laisse place à trois entités : l'Iméréthie à l'ouest, dirigée parAlexandreII, laKarthlie au centre, qui reste aux mains de Constantin II, et laKakhétie à l'est, qui revient au princeAlexandreIer. À partir de cette période, les trois royaumes deviennent vassaux des Empires perse et ottoman, puissances musulmanes :
la division profite aux États vassaux de laCiscaucasie qui se proclament indépendants, mais les Ottomans les annexent, entourant désormais la totalité de la Géorgie occidentale ;
l'Iméréthie sombre à son tour dans le chaos quand la noblesse réussit (notamment grâce à la conversion de plusieurs de ces nobles à l'Islam) à gagner en puissance. En un demi-siècle, l'Abkhazie, laSvanétie, laMingrélie et laGourie deviennent indépendantesde facto vis-à-vis deKoutaïssi : leurs monarques n'hésitent pas à se proclamerrois à leur tour ;
les deux autres royaumes géorgiens, la Karthlie et la Kakhétie, sont sous une administration non moins instable. Les guerres civiles sont courantes et des tentatives d'unification par la force sont souvent organisées. LeChah de Perse, qui n'est officiellement que le suzerain, nomme également le roi de ces provinces et a le pouvoir de les chasser quand ils sont jugés coupables d'insoumission : plusieurs monarques périssent dans le martyre, notamment en raison de leur foi chrétienne. AuXVIIe siècle, ladynastie de Moukhran accède au trône de Kartlie et une nouvelle période commence dans l'histoire de la Géorgie orientale. Les monarques de cette dynastie tentent de recréer un royaume unifié, réalisé par le roiVakhtang V : il réussit à placer un temps sur les trônes de Kakhétie et d'Iméréthie ses propres enfants, mais ils en sont chassés quelques années plus tard sous la pression desTurcs.
Georges XII, le dernier roi de Géorgie de 1798 à 1800.
En 1762, la Géorgie orientale est unifiée sous le sceptre du roiHéraclius II, qui fonde leRoyaume de Kartl-Kakhétie, dans l'espoir de reconquête de l'indépendance perdue vis-à-vis de laPerse impériale. En 1783, il signe àGueorguievsk untraité de protection et de coopération militaire bilatérale avec l'Empire russe deCatherine II, qui se pose désormais en suzeraine de la Géorgie. Toutefois, ce traité n'empêche pas l'Empire perseqadjar d'Agha Mohammad Chah de ravager le pays et de prendre la capitale,Tiflis, qui est complètement brûlée en 1795. Trois années plus tard, le roiGeorges XII succède à son père et son court règne reconfirme le traité de Gueorguievsk ; à sa mort, en 1800, laRussie annexe le Royaume de Kartl-Kakhétie, qui devient une simple province de l'empire d'AlexandreIer. La signature dutraité de Golestan (1828) fait perdre définitivement à l'Empire perse toutes les villes du territoire géorgien, y compris celles situées sur la côte de la mer Noire.
Antérieurement au traité, l'Empire russe a déjà annexé l'émirat deGandja en 1813 et lekhanat d'Erevan en 1828, et sa conquête du Caucase se poursuit avec l'Iméréthie : après une courte guerre, le roiSalomon II est arrêté et extradé vers l'Empire ottoman. Toutes les principautés géorgiennes indépendantes (Abkhazie,Svanétie,Moukhran…), sont peu à peu annexées. Le pouvoir tsariste deSaint-Pétersbourg crée alors la vice-royauté du Caucase, subdivisée en gouvernat (dontcelui de Géorgie-Iméréthie) avec pour capitale administrative Tiflis.
La période d'annexion russe est d'abord une période de combat et de rébellion, mais aussi de développement de la société et de la culture géorgienne. Les églises sont restaurées, des écoles sont créées et la littérature géorgienne accède à son apogée, notamment grâce aux écrivainsIlia Tchavtchavadzé etAkaki Tsereteli dont les œuvres sont aujourd'hui des références.
Durant leXIXe siècle, si la culture transcaucasienne se réoriente vers lechristianisme orthodoxe (se séparant de la tradition persane qui a dominé le pays durant près de cinq siècles), le réveil des nationalités gagne la Géorgie comme les autres pays de l'Europe, les idées progressistes trouvent écho auprès des jeunes aristocrates géorgiens. Malgré l'émancipation des serfs appliquée en Géorgie en 1865, les révoltes paysannes se multiplient devant la difficulté de la vie. La mort controversée du prince Dimitri Kipiani en 1887 fait également éclater des manifestations antirusses.
République géorgienne - une inscription en français sur untimbre postal géorgien, 1920.Noé Jordania proclame l'indépendance de la Géorgie le.
En novembre 1917, après larévolution russe d'octobre, les pays transcaucasiens refusent de reconnaître l'autorité du pouvoir bolchévique dePetrograd : la présidence du Haut Commissariat à la Transcaucasie est confiée àEvguéni Guéguétchkori[27](ancien député menchevique représentant la Géorgie à la Douma russe). Le 10 février 1918, une Assemblée parlementaire transcaucasienne, dite Sejm, présidée parNicolas Tcheidze[28](ancien président menchevique du Comité exécutif du Soviet de Petrograd, de février à octobre 1917) confirmeEvguéni Guéguétchkori dans ses fonctions. Le 9 avril, la Sejm proclame l'indépendance de larépublique démocratique fédérative de Transcaucasie et confie la responsabilité de son exécutif àAkaki Tchenkéli[29] (Akaki Tchkhenkéli), ancien député menchevique représentant la Géorgie à la Douma russe.
La situation géopolitique de la Géorgie du moment, en conflit grandissant avec laTurquie, lui font solliciter la protection des forces desempires centraux d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie : les troupes allemandes débarquent àBatoumi (juin-octobre 1918), une des villes qui sera plus tard promise par le pouvoir bolchévique à l'Empire ottoman.
La fin de laPremière Guerre mondiale change la situation : l'armée britannique prend le relais provisoirement de l'armée allemande. Entre 1918 et 1921, laTurquie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan entrent en conflit pour des questions frontalières, laRussie pour des questions plusexistentielles[C'est-à-dire ?]. En, le gouvernement bolchévique russe deMoscou signe un traité de paix avec le gouvernement social-démocrate géorgien deTbilissi. En, les alliés de laTriple-Entente reconnaissentde jure larépublique démocratique de Géorgie. Malgré une coopération déclarée et une reconnaissance mutuelle de la part de laRussie soviétique, et malgré la reconnaissance internationale de l'indépendance géorgienne, l'Armée rouge envahit le territoire géorgien en et met fin à larépublique démocratique de Géorgie en mars 1921. La classe politique et la classe militaire émigrent, pensant pouvoir reconquérir le pays de l'extérieur à travers leurgouvernement en exil.
Après l'invasion soviétique, la république socialiste soviétique de Géorgie est proclamée. Il y a alors un bras de fer entre les différentes factions de Moscou dirigées parLénine etStaline, durant l'Affaire géorgienne des années 1920, qui mène également à la perte de près d'un tiers des territoires géorgiens au profit de ses différents voisins. En, l'URSS est proclamée et la RSG devint une des trois républiques de laRépublique socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, dissoute à son tour en 1936.
En 1927, Staline arrive à la tête de l'Union soviétique après avoir procédé à des éliminations politiques. À partir de cette époque, la destinée de la Géorgie change. En effet, le dictateur soviétique était né sous le nom de Joseph Djougachvili àGori, en Géorgie et c'est notamment pour cette raison que le statut de la région change considérablement. Dans les années 1930, après avoir supprimé toute opposition anticommuniste, le gouvernement de Moscou fait de la Géorgie un lieu de détente pour l'intelligentsia soviétique. Puis, peu à peu, la contrée se développe et après laSeconde Guerre mondiale, plusieurs dirigeants du monde (dontGeorges Pompidou,Fidel Castro…) visitent le pays. À la mort de Staline en 1953, son successeurNikita Khrouchtchev entame une politique consistant à supprimer le culte de la personne de l'ancien chef d'État. Pour cette raison, plusieurs manifestations et révoltes éclatent à Tbilissi, et chacune d'entre elles est brutalement réprimée. Bientôt, une opposition se développe et, à partir des années 1970, un fort sentiment nationaliste. Lors de latragédie du 9 avril 1989, une manifestation anti-soviétique est violemment dispersée par l'armée[32], menant à la démission du gouvernement[33]. En 1990, la RSS de Géorgie est dissoute et remplacée par le Conseil suprême.
Les deux drapeaux géorgiens : celui de l'État et celui de la religion chrétienne géorgienne, à l'entrée dumonastère d'Alaverdi.
La Géorgie proclame son indépendance le et nomme comme chef d'ÉtatZviad Gamsakhourdia. Or, quelques mois seulement après son arrivée au pouvoir, une opposition se développe contre son régime, jugé trop autoritaire. Entretemps, le gouvernement profite de cette situation pour supprimer l'autonomie de l'oblast d'Ossétie du Sud qui est intégrée à la région de Mtskheta-Mtianétie. Cette action pousse les autochtones ossètes à se rebeller contre le gouvernement et des affrontements militaires font des dizaines de morts jusqu'à la fin de l'année. Finalement, les troupes nationales perdent le contrôle du conflit quand les séparatistes, soutenus par laRussie, proclament leur indépendance le.
Plus tard dans l'année, les membres de l'opposition s'arment quand le commandant limogé de la Garde nationale Tenguiz Kitovani rejoint le camp anti-Gamsakhourdia. À la fin du mois de, ils commencent le siège du Parlement qui est pris le, date du coup d'État qui amène l'exil du président Gamsakhourdia chez ses voisinscaucasiens. À ce moment, un Conseil d'État est formé et l'ancien chef du parti communiste géorgienEdouard Chevardnadze est choisi pour chef du Conseil intérimaire. Celui-ci poursuit laguerre en Ossétie du Sud et, au lieu d'atténuer les conflits séparatistes,envoie des troupes géorgiennes en Abkhazie pour réprimer les nationalistes qui virent à leur tour vers le sécessionnisme. MaisTbilissi se heurte à une opposition armée, soutenue logistiquement par la Russie. En un peu plus d'une année, la guerre est gagnée par les séparatistes qui déclarent à leur tour leur indépendance et se livrent à unnettoyage ethnique des Géorgiens présents sur leur territoire. À la suite de cette défaite, Tbilissi tente de se rapprocher politiquement de la Russie qui lui accorde une aide militaire pour combattre les nouveaux opposants menés par Gamsakhourdia, qui avait établi un gouvernement en exil àZougdidi. Par la suite, en, cette ville est prise par les autorités géorgiennes et, un mois plus tard, Zviad Gamsakhourdia est retrouvé mort dans le village de Khiboula.
La défaite du nouveau gouvernement géorgien face aux séparatistes fait monter leur impopularité chez le peuple dont une partie continua à se battre en l'honneur de Gamsakhourdia. En 1995, de nouvelles élections sont organisées et, à la suite de celles-ci, le Conseil d'État est dissous et Édouard Chevardnadzé devientprésident de la République. Sa présidence est notamment caractérisée par une longue crise économique qui attise l'ire de plusieurs membres du gouvernement soutenus par les capitalistes occidentaux. En 2000, il est réélu à la présidence de la République mais ne peut empêcher la formation de plusieurs partis d'opposition. Par une dernière tentative, il essaya d'orienter sa politique en direction de l'Occident, notamment en concluant une alliance militaire avec lesÉtats-Unis, mais en, le peuple se révolte et mène larévolution des Roses qui aboutit à la destitution de Chevardnadzé. Un gouvernement intérimaire est alors constitué et en,Mikheil Saakachvili est élu à la présidence.
Mikheil Saakachvili, président de 2004 à 2013.Symbole de la demande d'intégration dans l'OTAN affiché avenue Roustaveli, àTbilissi, devant le Parlement.
Mikheil Saakachvili est président de la Géorgie de janvier 2004 à octobre 2013, mais il doit céder la Primature en octobre 2012 à son opposantBidzina Ivanichvili.
Saakachvili entame une ouverture économique et conclut des alliances afin de redresser la situation financière. Il met en œuvre une politique pro-occidentale, considérant que la menace russe est forte, et demande adhésion à l'OTAN. Il parvient à reprendre le contrôle de la région d'Adjarie, en poussant son présidentAslan Abachidze à l'exil enRussie. Il parvient à faire évacuer les bases militaires russes d'Akhalkalaki, deBatoumi et deTbilissi. La situation des régions sécessionnistes,Abkhazie etOssétie du Sud, reste inchangée, les déclarations unilatérales d'indépendance ne sont pas reconnues sur le plan international. Les échecs des tentatives de réunification du pays entraînent de nombreuses manifestations en : Mikheil Saakachvili démissionne un mois plus tard pour participer à l'élection présidentielle anticipée du, qu'il remporte avec un score inférieur à celui de.
À partir de cette date, les affrontements militaires entre les séparatistes abkhazes et sud-ossètes et les forces géorgiennes se multiplient. Dans la perspective de rétablir le contrôle sur les deux régions, Mikheil Saakachvili décide le d'un assaut surTskhinvali, la capitale de l'Ossétie du Sud, visant les points stratégiques défendus par un bataillon russe[34]. Six régiments, deux bataillons et des forces spéciales de la fédération de Russie, massés au Nord Caucase pour des exercices, franchissent le tunnel de Roki et répliquent le 9 août avec l'appui de forces aériennes : l'armée géorgienne est neutralisée et se replie sur Tbilissi, une partie du territoire géorgien est occupée à partir de l'Abkhazie (où d'autres forces russes ont débarqué) et de l'Ossétie du Sud[35]. Cettedeuxième guerre d'Ossétie du Sud s'achève deux semaines plus tard, mais reste un sujet de forte tension : Moscou reconnaît fin l'indépendance des deux régions sécessionnistes qui procèdent à des agrandissements de territoire. Elles sont également reconnues par leNicaragua un mois plus tard, leVenezuela etNauru un an plus tard,Tuvalu trois ans plus tard[36].
Le, le Parlement géorgien déclare l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud « territoires sous occupation russe ». Le, la Géorgie rompt toute relation diplomatique avec la fédération de Russie ; le gouvernement suisse accepte de représenter les intérêts de la Géorgie à Moscou via une section particulière[37]. La frontière russo-géorgienne est fermée, un seul point sera rouvert en, celui deKazbegui-Zemo Larsi, sur laRoute militaire géorgienne[38]. Le nombre de réfugiés intérieurs, évalué lors des conflits des années 1990 entre 200 et 300 000, est cette fois estimé entre 20 et 30 000.
L'échec de cette tentative de reconquête, la dégradation de l'économie (due à la crise mondiale mais aussi à la situation nationale) et les entraves à la liberté d'expression (réelles ou supposées) conduisent l'opinion publique à se tourner vers l'opposition. Le, durant la campagne des élections législatives, une vidéo rend publics les mauvais traitements infligés dans les prisons. Le, le scrutin donne la majorité aux opposants coalisés dans un mouvement intitulé leRêve géorgien, conduit par le milliardaireBidzina Ivanichvili. Ce dernier devientPremier ministre avec des pouvoirs accrus comme le prévoient les amendements à la constitution votés antérieurement. Bien que beaucoup d'anciens ministres soient poursuivis, et parfois emprisonnés par une justice loin d'être indépendante, il assure une alternance pacifique et prépare une nouvelle gouvernance du pays par la mise en place de nouvelles équipes. Comme il l’avait annoncé, il quitte ses fonctions officielles après une année d'exercice. Le, leParlement de Géorgie déménage deTbilissi àKoutaïssi, la deuxième ville du pays, et la nouvelle majorité s'y installe. Le,Guiorgui Margvelachvili, candidat duRêve géorgien, remporte l'élection présidentielle, battant le candidat duMouvement national uni,Davit Bakradze, soutenu par Mikheil Saakachvili.
Irakli Garibachvili devient Premier ministre et engage une politique étrangère en continuité avec celle des gouvernements précédents (intégration euro-atlantique notamment) mais évitant toute agressivité vis-à-vis de la fédération de Russie. Il adopte aussi une politique économique moins libérale que précédemment mais qui ne permet pas d'enrayer le chômage et l'émigration. LaTurquie et l'Azerbaïdjan consolident leurs positions de premiers partenaires du pays.
D'après une première estimation, 30 000 Russes, critiques enversPoutine, auraient rejoint la Géorgie à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, aucunvisa n'étant exigé. Cette forte immigration n'est pas toujours la bienvenue[42],[43].
Interrogée le 12 novembre 2022 surFrance Inter[44], Salomé Zourabichvili, présidente de la République, réaffirme le soutien de son pays à l’Ukraine. Elle fait état de 700 000 Russes ayant émigré en Géorgie après la mobilisation de septembre 2022. La plupart ont seulement transité vers d’autres pays mais elle estime que 100 000 exilés, généralement d’un bon niveau d’étude, sont restés dans la république.
En 2024, des tensions apparaissent entre le Premier ministreIrakli Kobakhidze plutôt anti-européen, voire pro-russe, et la présidente Zourabichvili pro-européenne, notamment en désaccord à propos d'un projet de loi passé le 14 mai 2024 sur l'ingérence étrangère[45]. Ce projet déclenche aussi de nombreuses manifestations[46],[47],[48], en raison de la crainte de voir renforcée l'influence russe, au détriment du processus d'adhésion à l'Union Européenne[49],[50].
Le 30 novembre 2024, la présidenteSalomé Zourabichvili, qui considère que les élections législatives ayant porté au pouvoir leRêve géorgien deBidzina Ivanichvili ont été entachées de fraudes, déclare que le Parlement n’a aucune légitimité pour désigner son successeur et annonce rester à son poste à l’issue de son mandat (fin 2024) dans l'attente de nouvelles élections, que le Premier ministre se refuse à organiser[51].
La Géorgie est située sur laligne de division entre l'Europe et l'Asie, dans la région duCaucase. Bien que son territoire soit majoritairement au sud duGrand Caucase, elle est généralement considérée comme faisant partie culturellement et historiquement de l'Europe.
Carte topographique de la Géorgie.Svanétie, une province historique dans le nord-ouest du pays.Une petite rivière en Géorgie.Nord-est de la Géorgie.
La Géorgie est un pays montagneux et subtropical d'une superficie de 69 700 km2 (avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud). Le pays a des frontières communes terrestres avec quatre pays : laRussie au nord (723 km), l'Azerbaïdjan à l'est (322 km), l'Arménie au sud (164 km) et laTurquie au sud-ouest (252 km). À l'ouest, le pays est bordé par lamer Noire. Aujourd'hui, la Géorgie est en conflit au nord avec les indépendantistes dans les provinces d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, tandis qu'au sud-est, le gouvernement azerbaïdjanais réclame l'intégration à son territoire du complexe monastique de David Gardja depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.
Les villes, les villages et les communautés rurales sont généralement construites en hauteur, sauf celles sont situées au bord de la mer Noire, commeSoukhoumi,Poti etBatoumi. Ainsi, la capitaleTbilissi est située à une altitude moyenne de572 mètres, tandis que certains villages sont situés dans les montagnes les plus hautes du Caucase, rendant difficile leur accès et conduisant à une autarcie et une culture différente de celle du reste du pays, héritière des temps anciens et des croyances païennes de l'Antiquité. Cette situation était très profitable aux habitants du pays : en effet, la Géorgie ayant été durant toute son histoire une terre d'invasions, de pillages, et de ravages, les habitants des montagnes étaient épargnés, d'où la conservation de certains édifices religieux datant du Haut-Moyen Âge.
La Géorgie est traversée par de nombreux fleuves et cours d'eau. Le principal est leMtkvari (ou Koura), long de 1 515 km, qui prend sa source au nord-est de laTurquie, avant de traverser la capitale géorgienne Tbilissi et de se jeter dans lamer Caspienne, en Azerbaïdjan. Il y a également d'autres rivières importantes telles l'Alazani et leRioni. Toutefois, aucune d'elles n'est navigable car, depuis les années 1990, elles sont coupées par des usines hydroélectriques.
Le gouffre deKrubera-Voronja, situé enAbkhazie, est le gouffre naturel le plus profond connu du monde. Il dépasse les 2 000 mètres de profondeur.
Les tremblements de terre et des glissements de terrain dans les zones montagneuses sont une menace importante pour la vie et les biens. L'une des plus anciennes traces historique d'activité sismique en Géorgie date de 1088, sous le règne deGeorgesII, quand un tremblement de terre détruit villes et forteresses. Cela servira, entre autres choses, de prétexte à sa destitution l'année suivante. Plus récemment, on peut citer le tremblement de terre deGori de 1920 ou bien les glissements de terrain enAdjarie en 1989 qui ont déplacé des milliers de personnes dans le sud-ouest de la Géorgie. En 1991, deux tremblements de terre ont détruit plusieurs villages dans le centre-nord de la Géorgie et enOssétie du Sud-Alanie.
La Géorgie abritait autrefois une population deloups, d'ours bruns et delynx particulièrement importante. Aujourd'hui, celle-ci a fortement diminué mais certaines espèces restent encore bien présentes sur le territoire.Écureuils,cerfs etrenards cohabitent dans les forêts mixtes de feuillus.Chamois,bouquetins etmouflons peuplent le haut des alpages, tandis qu'un peu partout, vit une faune ornithologique particulièrement riche. On peut également, entre autres espèces, observer lefaucon pèlerin, levautour fauve, lebusard mais aussi le vautour moine ou l'aigle royal. Le littoral accueille quant à lui des colonies depélicans et decigognes. Par ailleurs, le célèbrefaisan de Colchide a été nommé en raison de sa découverte dans l'ouest du pays. Diversesespèces d'animaux découverts ou décrits en Géorgie ont reçu l'épithète spécifiquegeorgicus.
Faisan de Colchide (Phasianus colchicus).
La Géorgie compte de nombreux parcs et réserves naturels abritant des espèces végétales d'une grande diversité. Parmi eux,Bordjomi (la réserve de l'Est), leparc national Kharagaouli, ou le site protégé d'Eroutchétie. Le climat et le relief étant différents d'une région à l'autre, laflore s'est adaptée et varie en fonction du milieu. C'est pourquoi on peut apercevoir, aussi bien des forêts de feuillus composées de châtaigniers, de chênes, de hêtres et d'érables, que des forêts mixtes et de conifères, en altitude. Sur le littoral de lamer Noire, on a l'occasion de voir essentiellement des plantes exotiques. La Géorgie est également la terre de plus de 6 330 variétés dechampignons. Officiellement, la flore géorgienne comprend entre4 200 et 4 500espèces vasculaires, 675 types demousses, 738lichens et 1 763 algues.
Malgré cette richesse sauvage, le domaine environnemental au sein de la société géorgienne n'est toutefois pas bien développé. À partir desannées 1980, la pollution de la mer Noire a grandement nui à l'industrie touristique en Géorgie. Cette pollution est due en majorité au traitement insuffisant des eaux usées. ÀBatoumi, par exemple, 18 % des eaux usées sont traitées avant d'être rejetées dans la mer. On estime que 70 % de la surface de l'eau contient des bactéries nocives pour la santé auxquels le taux élevé des maladies intestinales est attribué. La guerre enAbkhazie du début desannées 1990 a fait d'importants dégâts à l'habitat écologique propre à cette région. À d'autres égards, les experts ont considéré les problèmes d'environnement de la Géorgie moins graves que ceux des anciennes républiques soviétiques plus industrialisées. Résoudre les problèmes de la Géorgie en matière d'environnement n'était pas une priorité du gouvernement national de l'époque post-soviétique. Cependant, en1993 le ministre de la Protection de l'environnement a démissionné pour protester contre cette inactivité. Enjanvier 1994, le Conseil des Ministres a annoncé un nouveau système de surveillance de l'environnement. Ce système inter-ministériel permet de centraliser des programmes distincts sous la direction du ministère de la Protection de l'environnement. Le système comprendrait un centre de l'environnement et de l'information et une agence de la recherche. Le petit contingent duParti vert a poussé le Parlement à aborder ces questions.
Géographie administrative et division territoriale
Le statut administratif actuel de la république de Géorgie est issu de la série des décrets gouvernementaux des années 1994-1996, faits dans un cadre temporaire, en attendant la résolution définitive des conflits avec les indépendantistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Jusque-là, la Géorgie avait hérité de la division organisée au temps du Conseil suprême de la Géorgie deZviad Gamsakhourdia (1990-1991) qui avait fait débuter le conflit osséto-géorgien en annulant le statut de l'oblast autonome d'Ossétie du Sud le. Par ailleurs, depuis queMikheil Saakachvili est arrivé au pouvoir en 2004, de nouvelles tentatives de négociations ont été enclenchées. L'une des propositions deTbilissi est actuellement de fournir un statut de république autonome à l'Ossétie du Sud, au sein d'une « fédération de Géorgie ». Un processus pour la création d'une telle entité est mis en route le et uneentité provisoire d'Ossétie du Sud prônant pour un tel statut entretient un « gouvernement alternatif » de la région depuis.
Les relations avec les autres régions autonomes ont également été très tendues. Avec laguerre civile géorgienne du début des années 1990, l'Adjarie décide de fermer ses frontièresde facto avec la Géorgie et devient dans les faits une région indépendante, dirigée par un musulman,Aslan Abachidze. La situation perdure jusqu'à larévolution des Roses et le bras de fer politique atteint son paroxysme en, quand les derniers ponts reliant l'Adjarie à la Géorgie sont détruits. À la suite de manifestations de masse àBatoumi, Abachidzé doit quitter la Géorgie et se réfugier àMoscou, d'où il est condamné à15 ans de prisonin absentia.
L'Abkhazie, quant à elle, est dirigée par des indépendantistes depuis laprise de Sokhoumi le, qui est suivie par un nettoyage ethnique desGéorgiens de la région, qui représentaient pourtant la majorité de la population abkhaze depuis leXIXe siècle[53]. Jusqu'à laDeuxième guerre d'Ossétie du Sud, le gouvernement de Tbilissi contrôle toujours lavallée de Kodori, renommée laHaute-Abkhazie. Toutefois, à la suite de la bataille de la Vallée de Kodori ( -), les séparatistes abkhazes aidés par les Russes finissent par reprendre possession de la région.
Plus récemment, des problèmes réapparaissent enSamtskhé-Djavakhétie, dont la majorité ethnique desArméniens demande une autonomie vis-à-vis de Tbilissi, accusant le gouvernement géorgien de vouloir « géorgianiser » la région. Cela entraîna notamment un refroidissement des relations avec l'Arménie où se tiennent plusieurs manifestations pour une autonomie des Arméniens de Géorgie depuis le début de l'année2009.
La population de la Géorgie varie sans cesse avec le cours de l'histoire du pays, en fonction des frontières instables et généralement non-naturelles de la nation. AuMoyen Âge, le peuple géorgien doit probablement acquérir un pic relatif durant la période appelée Âge d'Or (XIIe – XIIIe siècles), mais les nombreuses invasions desMongols, desTurcs, desPerses et les ravages causés par les raids des tribus caucasiennes desOssètes et desDaghestanais causèrent une baisse de la population nationale durant toute la période comprise entre leXIIIe et le XIXe siècle. Le roiHéraclius II (1762-1798) doit même encourager la fondation de colonies grecques et arméniennes dans son royaume pour tenter de redresser la situation économique désastreuse causée par la double guerre contre lesOttomans et les PersesAfcharides.
Quand la Géorgie est annexée par laRussie impériale au début duXIXe siècle avec le reste duCaucase, de nombreux colons russes et étrangers viennent s'installer dans la région et la fin des raids des Caucasiens au milieu du siècle garantit une stabilisation de la population qui commence petit à petit à augmenter. En 1919, lors de l'indépendance de larépublique démocratique de Géorgie, la population s'éleve à 2 500 000 habitants, dont lesAbkhazes et les Ossètes qui demandent déjà leur autonomie, aidés par les Bolcheviks. Durant la période soviétique, la population au sein de laRépublique socialiste soviétique de Géorgie ne cesse d'augmenter et une forte « géorgianisation » (ou plutôt « soviétisation ») chez certaines minorités ethniques du pays est opérée par les autorités communistes deTbilissi. Ainsi, durant toute la période socialiste (et peut-être avant), les Abkhazes sont largement minoritaires dans leur propreAbkhazie, ne représentant que 30 % de la région en 1926, 15 % en 1959 et 17,8 % en 1989. Dans un cadre plus large, la population ethniquement géorgienne augmente considérablement au niveau national, composant plus de 73 % de la population à la chute de l'Union soviétique (chiffre qui ne cesse d'augmenter depuis).
Toutefois, laguerre civile, les nettoyages ethniques faits par les Abkhazes, et les nombreux conflits internes des années 1990 font baisser considérablement la population du pays . C'est ainsi que du pic national de 5,5 millions d'habitants en 1992, le pays passe à 4,5 millions en 2002, les départs provenant à 90 % des minorités. Mais larévolution des Roses apporte une certaine amélioration au niveau de ladémographie de la Géorgie. En 2008, la population est de 4 630 841 habitants, avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. En 2015, selon lerecensement géorgien de 2014, la population est encore en baisse, s'établissant à 3,73 millions, hors républiques séparatistes.
Réfugiés politiques, émigrants économiques et diaspora
La diaspora géorgienne est constituée par l'ensemble des communautés deGéorgiens vivant à l'étranger. Pour la plupart de ces communautés, une longue histoire est liée à leur fondation. D'après les récents recensements, la population géorgienne à l'étranger s'élevait à 3 937 200 personnes. Avec pas moins de 1 500 000 Géorgiens, laTurquie est aujourd'hui le pays qui accueille la plus grande communauté géorgienne du monde. Presque la moitié de ces Géorgiens viennent d'Adjarie et se sont réfugiées en Turquie en trois grandes vagues : 1829 (annexion de plusieurs territoires géorgiens par l'Empire ottoman), 1878 (fin de laguerre russo-turque) et 1921 (fin des prétentions de la Turquie sur l'Adjarie et arrivée de la plupart des musulmans du sud-ouest géorgien dans le pays). Pour cette raison, la Turquie et la Géorgie ont toujours essayé d'entretenir des relations amicales depuis la fin de l'Union soviétique.
Il existe aussi d'importantes communautés enRussie et enIran, où se trouvent 1 000 000 Géorgiens dans chacun des deux pays. Mais alors que les Géorgiens d'Iran sont déportés de force par milliers auXVIIIe siècle lors des invasions du shahAbbasIer de Perse, ceux de Russie ont plutôt des origines politiques. Les premiers Géorgiens à arriver en Russie datent probablement de l'exil du roiArtchilIer d'Iméréthie. Le fils de ce dernier,Alexandre d'Iméréthie (1674-1711) fonda par ailleurs une communauté géorgienne à Vsesviatskoï, avant de créer le premier centre d'imprimerie géorgienne de l'histoire, àMoscou. Une seconde vague arriva à Moscou avec le roiVakhtang VI, quand celui-ci est détrôné par lesPerses en 1724. Il apporte avec lui plusieurs grands nobles qui fondent de nouvelles familles géorgiennes russifiées (Eristoff, Davidov, Yachvili…). Les Géorgiens d'Israël ont eux aussi une ancienne histoire. Ils seraient probablement arrivés enTerre sainte lors du célèbre Âge d'Or de la Géorgie (1156-1242), quand les souverains chrétiens duCaucase parrainent la fondation de monastères dans les terres desCroisades. D'un autre côté, les nombreuxJuifs de Géorgie ont également leur histoire et d'après certaines légendes, les premiers Israélites qui arrivent dans le Caucase datent de la prise deJérusalem par le roi babylonienNabuchodonosor II en-586.
Un bilan comparatif pourrait être établi pour l'Amérique du Nord : il serait numériquement bien plus important. Certains Géorgiens seraient déjà arrivés enAmérique du Nord dans les années 1880 (une troupe de cavaliers caucasiens accompagnentBuffalo Bill avant de gagner leur propre nom en organisant des spectacles devant la reineVictoria du Royaume-Uni et le présidentTheodore Roosevelt). Durant les années 1980, 1990 et 2000, lesÉtats-Unis et leCanada ont accueilli eux aussidissidents géorgiens, membres de la communauté juive de Géorgie, réfugiés à la suite de la guerre civile géorgienne, opposants politiques et immigrés économiques.
L'identité nationale géorgienne a été la principale philosophie du peuple géorgien depuis que la nation existe. Toutefois, malgré une culture nationale unique, la Géorgie est une mosaïque de groupes ethniques, dont lesGéorgiens ne sont qu'une partie. Depuis longtemps, lesGrecs, lesArméniens, lesPerses, lesTurcs ou bien lesAbkhazes et lesOssètes ont cohabité avec la principale ethnie de la Géorgie pour contribuer à la fondation de la nation géorgienne. Chaque région du pays reflète cet environnement social complexe. Ainsi,Jean Chardin, un voyageur français de la fin duXVIIe siècle qui visite leCaucase durant ses voyages en Perse, parla ainsi de Tiflis :
« Les Géorgiens ont de la civilité et de l'humanité, et de plus ils sont graves et modérés… Chacun peut en Géorgie, vivre dans sa religion et dans ses coutumes, en discourir et la défendre. On y voit des Arméniens, des Grecs, desJuifs, des Turcs, des Persans, desIndiens, desTatars, desMoscovites et desEuropéens[55]. »
Toutefois, un véritable nationalisme géorgien nait alors que la Russie (et le reste de l'Europe) découvrent lesocialisme. Dès les années 1840, quand la Géorgie était englobée dans l'orbe impériale russe, de nombreuses révoltes du peuple géorgien contre laRussie impériale, qui empêchent les rêves des peuples caucasiens (dont la fondation d'universités) de se réaliser, se produisent et quand larévolution russe arrive en 1917, laTranscaucasie en profite pour déclarer son indépendance. Toutefois, lechauvinisme des militants nationalistes géorgiens ne permet pas l'existence de la jeune fédération transcaucasienne et la Géorgie devient à son tour indépendante. Ce nationalisme est à nouveau supprimé par les autorités soviétiques quand l'Armée rouge envahit le pays en 1921, avant de l'intégrer dans larépublique socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie.
Quand cette union est dissoute en 1936, la Géorgie recouvre son unité au sein d'une plus grande fédération (l'URSS) et les pouvoirs centraux deTbilissi décident d'organiser une politique de « géorgianisation » vis-à-vis des minorités ethniques nationales, notamment lesAbkhazes sousLavrenti Beria. Cela contribue également au développement d'une mentalité patriotique en Géorgie et, avec laperestroïka deGorbatchev, les choses ne firent qu'empirer. En 1990, un ancien dissident soviétique,Zviad Gamsakhourdia, accéde à la présidence de la RSS géorgienne, le premier à être élu à un tel poste dans toute l'URSS sans avoir été nommé par lePolitburo du Parti communiste de l'Union soviétique. Celui-ci déclare l'indépendance du pays et vire bientôt à un ultra-nationalisme extrémiste et fasciste qui donne aux minorités un sentiment de détresse[56]. Pour cette raison, les ethnies abkhazes et ossètes entrent en sécession et les musulmans et les Arméniens commencent à se sentir en danger, suivis par les Grecs. De nos jours, le présidentSaakachvili tente en vain d'organiser une politique de « réconciliation nationale », mais seuls les Adjares musulmans reviennent dans le giron de Tbilissi, alors que les Grecs et les Arméniens commencent petit à petit à rentrer dans leur patrie d'origine.
Diversité ethnique du Caucase en 2023.
Voici le tableau des principales minorités ethniques de Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud non-comprises :
La langue officielle de la Géorgie est legéorgien.
Lerusse se trouve présent en raison de l'appartenance de la Géorgie à l'URSS jusqu'en 1991. Il fut obligatoire de l'école primaire au lycée durant la période soviétique ; 50 % de la population du pays sait parler le russe, souvent les générations les plus anciennes. Les rivalités entre les deux pays empêchent cependant d'obtenir des estimations fiables. Globalement, tous les Georgiens scolarisés avant 1991 savent parler le russe car il était obligatoire. Après 1991, le russe devient facultatif.
Le pays s'étant tourné vers l'Europe, les jeunes générations ont opté pour l'anglais : son enseignement a fait l'objet d'un plan national et il est devenu la première langue étrangère, ouvrant des emplois auprès des institutions et des entreprises étrangères présentes sur le territoire géorgien, et facilitant l'émigration.
Les communautés arméniennes et azéries, moins de 5 % de la population, pratiquent leurs langues. Les communautés grecques et juives se sont très considérablement réduites : le grec et l'hébreu ont disparu. La langue allemande est pratiquée par un très petit nombre de Géorgiens, dont desAllemands de la Volga, dont les ancêtres furent déportés entre 1944 et 1947. L'allemand est la seconde langue étrangère choisie dans les études, derrière l'anglais, mais avant le russe.
La langue française — devenue une langue culturelle — compterait 18 000 locuteurs sur le territoire géorgien selon l'Organisation internationale de la francophonie, institution que la Géorgie a rejointe en 2004 avec le statut de pays observateur.
Du fait de son histoire avec l'URSS,il y aurait[évasif] en Géorgie desagnostiques, et desathées, mais on ignore leur nombre. Globalement, les athées et les agnostiques sont discrets en Géorgie où lenationalisme est assez présent et où les religionschrétienne etmusulmane sont identitaires. Il y a aussi un fort ressentiment entreorthodoxes géorgiens etrusses, du fait deconflits récents[évasif] et de tensions.
De grands bouleversements se produisirent auIVe siècle de notre ère. À l'époque, le roiMirianIII d'Ibérie se convertit au christianisme et abandonne les divinités païennes. Le peuple est plus réservé : des éléments polythéistes de coutume sont introduits dans la religion chrétienne pour encourager à la conversion. Ainsi, Armazi disparait mais laisse place à SaintGeorges de Lydda, saint protecteur de la Géorgie depuis leMoyen Âge (célébration encore accompagnée de sacrifices d'animaux dans certaines régions montagneuses du pays).
Lechristianisme est la principale religion de la Géorgie depuis plus d'un millénaire : aujourd'hui, 88,6 % de la population géorgienne est chrétienne. La nation géorgienne est considérée comme la troisième à avoir adopté cette religion comme religion d'État, les deux premières étant l'Arménie et l'Éthiopie. Les chrétiens furent souvent persécutés par les différentes autorités dominatrices duCaucase. Durant les premiers siècles lesSassanides imposaient déjà les règles duzoroastrisme enIbérie, persécutant ceux qui refusent de se soumettre. Durant leHaut Moyen Âge, lesArabes font de nombreux martyrs parmi la population et la noblesse du pays. DuXVIe auXVIIIe siècle, lesTurcs et lesPerses font de même. Plus récemment, lesSoviétiques ordonnent la fermeture de 1 500 églises pour les seules années 1920.
Proportion d'orthodoxes par district lors du recensement de 2014.
83,9 % de la population relèvent de l'Église de Géorgie, qui se revendique comme fondée par l'apôtreAndré ; elle estautocéphale etorthodoxe. De son vrai nom de Catholicosat-Patriarcat de toute la Géorgie, elle est dirigée depuis le par lecatholicos-patriarcheÉlie II, archevêque deMtskheta et deTbilissi.
La Constitution géorgienne, adoptée en, lui définit ce rôle particulier et garantit son indépendance. Un concordat signé en 2002, entre le présidentEdouard Chevardnadze et le patriarche Ilia II, officialise les relations entre l'État et l'Église. Depuis larévolution des Roses, son influence sur les gouvernements successifs n'a pas diminué. Au-delà du pouvoir spirituel, elle exerce un pouvoir temporel dont le financement est souvent considéré comme peu transparent[58].
La seule mosquée subsistante àTbilissi.Proportion de musulmans par district lors du recensement de 2014.
Les musulmans représentent aujourd'hui 9,9 % de la population géorgienne, composant ainsi la seconde religion après les chrétiens orthodoxes. La répartition de l'islam en Géorgie est tout à fait inégale, la majorité de ses fidèles se situant dans larépublique autonome d'Adjarie, où ils représentent 30 % de la population, contre 64 % de chrétiens. L'Adjarie embrasse l'islam dès la mi-XVe siècle, quand elle est intégrée dans l'Empire ottoman ; une mosquée délimite sur la côte de lamer Noire la frontière entre larépublique autonome d'Adjarie et laTurquie.
Il existe également des minorités de musulmans sunnites enAbkhazie séparatiste, dans la communauté meskhète (1 000 personnes aujourd'hui), et dans lesGorges de Pankissi où vivent lesKistes - groupe ethniquement proche desTchétchènes et desIngouches -.
Les autres musulmans de Géorgie se trouvent en Géorgie orientale, enBasse Kartlie où lesAzéris,chiites pour la plupart, se sont islamisés depuis les invasions séfévides duXVIIe siècle.
La communauté juive est aujourd'hui, avec 10 000 membres (dont 3 000 pratiquants), la plus faible des trois religions monothéistes présentes sur le sol de Géorgie (0,1 % de la population).
Il est probable que la plus ancienne communauté judaïque géorgienne se soit établie dans leCaucase à la suite de la prise deJérusalem par le roi babylonienNabuchodonosor II (586 av. J.-C.). Tout au long des siècles, la culture géorgienne observa une grande tolérance vis-à-vis du judaïsme, tolérance qui ne se démentit jamais et empêcha tout pogrom dans le pays.
L'époque soviétique ne fut pas exempte de discrimination religieuses. Les Juifs géorgiens luttèrent, lorsqu'ils en eurent la possibilité, pour la liberté de leurs croyances et de leur culture. En 1969, un groupe d'entre eux écrivit auxNations unies pour obtenir le droit de retour sur la terre de leurs ancêtres. En 1971, un autre groupe manifesta devant le bureau gouvernemental deMoscou. Cette détermination, aidée de la pression internationale, entraîna une certaine libéralisation et une émigration ponctuelle versIsraël, lesÉtats-Unis et l'Europe occidentale : entre 1979 et 1989, la population juive de la Géorgie baisse de 4 000 individus. Après l'ouverture des frontières, la guerre civile et les difficultés économiques, 125 000 judéo-géorgiens partent à l'étranger (dont 100 000 en Israël).
Les derniers pratiquants du pays sont désormais regroupés en communautés dans des villes commeTbilissi,Koutaïssi,Akhaltsikhé etOni. Chacune de ces villes possède des synagogues, toutes sous la juridiction du Rabbinat de Géorgie, dirigé par le Rabbin Ariel Levin depuis 1991. En 1994, celui-ci signe un accord avec le présidentEdouard Chevardnadze pour la conservation de la culture, de l'histoire et de la langue judéo-géorgienne.
En 1991, lors du retour à l'indépendance, la politique nationaliste du chef d'État géorgienZviad Gamsakhourdia défavorise les minorités religieuses, malgré leur présence ancienne sur le territoire géorgien et malgré la tradition de tolérance observée tout au long de l'histoire : la citoyenneté géorgienne n'est pas garantie aux non-fidèles de l'Église orthodoxe géorgienne (principe de la « Géorgie auxGéorgiens »). Des vagues d'émigration se déclenchent, musulmane vers la Russie faisant baisser cette partie de la population de 12 % à moins de 10 % et juive vers Israël. Sous la présidence d'Edouard Chevardnadze (1992-2003), l'Église orthodoxe de Géorgie engage une politique de conversion encouragée par le gouvernement. À partir de 2004, le présidentMikheil Saakachvili change les symboles nationaux comme le nouveaudrapeau, « drapeau aux cinq croix » qui tire ses origines desCroisades et du règne du roiVakhtangIer Gorgassali (Ve siècle).
Le pluralisme religieux a ainsi peu progressé dans la société géorgienne ces vingt-dernières années, même si l'amendement voté par leParlement le a permis à certaines minorités religieuses un enregistrement administratif[60].
Considérant que son statut privilégié vis-à-vis de l'État ne peut être remis en cause, l'Église orthodoxe de Géorgie s'oppose à toute évolution vers le pluralisme religieux[61],[62]. Elle suit ainsi de près la position de l'Église orthodoxe russe, avec laquelle sa proximité est particulière depuis leXXe siècle.
Devant les pressions internationales (Cour européenne des droits de l'homme en particulier), une agence gouvernementale des Affaires religieuses a été créée en février 2014, avec pour objectif la coordination de la politique gouvernementale en termes religieux (éducation, propriété des biens, financement…). Le rapport annuel de 2014 dudépartement d'État des États-Unis demeure néanmoins très critique[63].
Le jeudi, le Parlement géorgien promulgue une loi restreignant fortement les droits des personnes LGBTQ+[64]. L'Union Européenne dénonce ce texte, par la voix de Josep Borrell (le chef de la diplomatie européenne), selon lequel cette loi porte « atteinte aux droits fondamentaux et augmentera la discrimination et la stigmatisation »[65].
Le texte vise à restreindre la présence et la représentation des personnes LGBTQ+ dans l'espace public[66].
L'éducation est gratuite et obligatoire pour tous les élèves. La scolarité commence dès6 ans et se termine vers17-18 ans. En 1996, 88,2 % des enfants sont scolarisés, dont 48,8 % de filles et 51,8 % de garçons. Aujourd'hui, tous les enfants sont scolarisés.
Indépendante depuis et membre duConseil de l'Europe depuis le, la Géorgie est une république présidentielle. Il s'agit d'un régime très particulier où le parlement détient des attributions spécifiques. Cependant, à l'automne 2007, le patriarche orthodoxe propose de restaurer la monarchie constitutionnelle, une idée qui rencontre un certain succès dans les rangs de l'opposition, agacée par les pouvoirs renforcés du président Saakachvili[67]. Ce dernier a indiqué qu'il est membre de la grande dynastie caucasienne, lesBagration, et organise sa prise de fonction sur la tombe du roiDavidIV[68]. Lesévénements d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie ont depuis relégué cette idée au second plan.
Le pouvoir exécutif est détenu par le présidentMikheïl Kavelachvili depuis le, élu pour6 ans. Le Premier ministre, actuellementIrakli Kobakhidze, est le chef du gouvernement.
Le pouvoir législatif est détenu par leParlement de Géorgie (Sakartvelos Parlamenti), composé de235 députés élus pour un mandat de4 ans.
La Cour suprême constitue le sommet du pouvoir judiciaire. Elle est composée de juges élus sur recommandation. Il existe également une Cour constitutionnelle.
En 2020, quelque 20 % des Géorgiens vivent encore sous le seuil de pauvreté (selon la Banque mondiale), les ouvriers et employés gagnent généralement moins de 800laris (218 euros) et le taux de chômage approche les 20 %. Le très faible niveau de protection sociale expose les salariés à la perte de leur emploi du jour au lendemain sans compensation[71].
Le transport en Géorgie est assuré par le rail, la route, la mer et l'avion. La longueur totale des routes en Géorgie, à l'exclusion des territoires discutés, est de 21 110 kilomètres et celle des voies ferrées de 1 576 km[72].
La langue officielle de la Géorgie est legéorgien.
Le russe se trouve également très présent en raison de l'appartenance de la Géorgie à l'URSS jusqu'en 1991. Il fut obligatoire de l'école primaire au lycée durant la période soviétique ; au moins 50 % de la population du pays sait parler russe. Les rivalités entre les deux pays empêchent cependant d'obtenir des estimations fiables. De plus, la Géorgie souhaite se tourner vers l'Europe ; désormais les plus jeunes optent en grand nombre pour l'anglais, qui prend une importance grandissante.
La Géorgie est aussi membre de l'Organisation internationale de la francophonie, et le français figure en relativement bonne place, tout comme l'allemand. La Géorgie compte aussi d'importantes communautés arménienne et grecque qui n'ont cessé de pratiquer leurs langues d'origine.
La musique géorgienne se caractérise par despolyphonies anciennes aux échelles particulières. Un richeinstrumentarium ponctue par ailleurs les autres formes folkloriques.
Lecircuit automobile Roustavi se trouve à 20 km deTbilissi. En 2011-2012, la piste est entièrement reconstruite conformément aux standards de catégorie 2FIA et il devient le premier circuit professionnel construit dans la région de Transcaucasie.
La Géorgie a traditionnellement une grande culture sportive de lalutte. Lejudo se développe également beaucoup et lerugby à XV donne lieu à de nombreux « exodes » de joueurs de haut niveau, en particulier vers la France. L'équipe nationale géorgienne participe régulièrement à laCoupe du monde de rugby à XV.
↑Parlement européen,Resolution 2014/2717(RSP), 17 juillet 2014 : « pursuant to Article 49 of the Treaty on European Union, Georgia, Moldova and Ukraine – like any other European state – have a European perspective and may apply to become members of the Union provided that they adhere to the principles of democracy, respect fundamental freedoms and human and minority rights and ensure the rule of law… »
↑Au pays de la Toison d'or : art ancien de Géorgie soviétique : Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 17 avril-26 juillet 1982, Association française d'action artistique,(présentation en ligne)
↑Le Monde avec AFP, « En Géorgie, le chef du gouvernement exclut l’organisation de nouvelles élections législatives »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)
L'Office national des statistiques de Géorgie publie régulièrement des documents concernant la population et la démographie ; ils contiennent parfois des chiffres légèrement différents pour les mêmes rubriques :