Le terme defront de l'Ouest (aussi appelé lefront occidental) fait référence authéâtre d'opérations enEurope de l'Ouest pendant laSeconde Guerre mondiale. Deseptembre 1939 àmars 1945, l'Allemagne nazie va combattre laFrance (Armée française puisRésistance) et leRoyaume-Uni puis lesÉtats-Unis et leCanada, les principales nationsbelligérantes sur ce front. La férocité grandissante de ce conflit provoqua d'énormes destructions et d'immenses pertes militaires et civiles dans l'ouest de l'Europe mais certaines régions où le front s'enlisera connaitront les plus importantes destructions (Normandie, Alsace, Belgique, Pays-Bas...) et avec, nouveauté dans l'Histoire, les premiersbombardements aériens massifs de villes (d'abord allemands sur les Pays-Bas et l'Angleterre puis Alliés sur l'Allemagne mais également des villes de l'Europe occupée).
Le début de la guerre est une longue phase d'attente, ladrôle de guerre, entreseptembre 1939 etmai 1940. Les Français et les Britanniques ont mobilisé et massé leurs troupes sur la frontière allemande et belge mais le front reste figé, ne connaissant que quelques escarmouches, tandis que le gros des forces allemandesenvahissent la Pologne. La première phase de combat sur le front de l'Ouest, à l'initiative de l'Allemagne, voit une victoire rapide de l'armée allemande enmai-juin 1940, leblitzkrieg met en déroute les forces franco-belgo-britanniques. Les Britanniquesréembarquent à Dunkerque et laFrance capitule militairement en obtenant un armistice. Les forces allemandes occupent alors les pays vaincus (Pays-Bas, Belgique, Luxembourg et la France à l'exception d'unezone libre dans la moitié Sud du pays). Seul le Royaume-Uni après avoir gagné labataille d'Angleterre n'est pas envahi et continue la guerre. Mais à l'exception des actions desrésistance nationales dans les territoires occupés et les bombardements alliés depuis l'Angleterre, l'Ouest de l'Europe restera alors hors des zones de combat pendant près de quatre ans.
Unnouveau front s'est ouvert à l'est avec le lancement par l'Allemagne nazie de l'opération Barbarossa, l'invasion de l'URSS. L'entrée en guerre des États-Unis fin 1941 change la donne.Staline presse les Alliés occidentaux pour l'ouverture d'un second front en Europe afin de soulager les Soviétiques sur le front de l'Est. Ennovembre 1942, ledébarquement en Afrique du Nord suivi parcelui en Sicile ouvre un second front en Méditerranée. Les Allemandsenvahissent alors la zone libre française et après la chute deMussolini et le renversement d'alliance de l'Italie, prennent le contrôle du Nord et du centre de la péninsule.
Mais les Alliés progressent peu en Italie et la nécessité d'ouvrir un second front dans le nord-ouest de l'Europe se fait pressante. Les Allemands accélèrent la construction dumur de l'Atlantique pour prévenir un débarquement allié. Celui-ci intervient le6 juin 1944 en Normandie. Débute alors uneéprouvante bataille dejuin àaoût 1944, les forces alliées piétinant de longues semaines devant Caen et dans le bocage normand avant depercer le front allemand et de partiellementencercler les forces allemandes, la bataille de Normandie s'achève. Le 15 août, lesAméricains et les Français débarquent en Provence, l'initiative est alors aux Alliés, les Allemands se replient et le front de l'Ouest évolue alors rapidement : en quelques semaines une grande partie de la France et de la Belgique sont libérées.
Le commandement allié croit possible la fin du conflit avant la fin de l'année mais la progression est freinée à l'automne 1944. L'opérationMarket Garden, qui visait àcontourner la ligne Siegfried par les Pays Bas est un échec et les Allemands montrent une résistance inattendue. Les Alliés doivent même faire face à unecontre-offensive allemande dans les Ardennes endécembre 1944 et une, de moindre envergure, enjanvier 1945 en Alsace. Finalement au sortir de l'hiver, les Alliés finissent par réussir àfranchir le Rhin et envahir une Allemagne dont l'arméeexsangue est alors en déroute. Les troupes alliées de l'Ouest font leur jonction avec les troupes soviétiques de l'Est enavril 1945. Le 7 mai 1945 à Reims, le colonel généralAlfred Jodl signe l’acte de reddition inconditionnelle des forces armées allemandes, le lendemain le 8 mai à Berlin est signée lacapitulation allemande.
Alors que le front occidental est resté calme enavril 1940, les combats entre les Alliés et les Allemands commencent sérieusement avec la campagne norvégienne quand les Allemands lancent l'opération Weserübung, l'invasion allemande du Danemark et de la Norvège, le 9 avril 1940. Ce faisant, les Allemands prennent les Alliés de vitesse. Ceux-ci avaient planifié un débarquement amphibie dans lequel ils pourraient commencer à encercler l'Allemagne, lui coupant l'approvisionnement en matières premières, principalement du minerai de fer, en provenance de Suède. Finalement, quand les Alliés tentent de débarquer en Norvège, l'attaque est repoussée. Cependant, lamarine allemande (Kriegsmarine) a subi de lourdes pertes.
Enmai 1940, les Allemands lancent une offensive à l'ouest dans ce qui sera appelé labataille de France. Le 10 mai, ils attaquent et envahissent d'abord les Pays-Bas et la Belgique, pourtant neutres. Au nord, les Pays-Bas ne résistent que trois jours. La Belgique, tournée par le nord, tiendra 18 jours en liaison avec les forces franco-britanniques. Les forces alliées étant battues par leBlitzkrieg allemand, l'armée belge capitule le 28 mai, mais il n'y a pas d'armistice belgo-allemand et le gouvernement belge se réfugie en France, puis en Grande-Bretagne avec d'autres gouvernements. LesBritanniques réembarquent à Dunkerque, tandis que l'armée française cède avec 60 000 à 90 000 morts ainsi que 90 000 blessés et que laFrance demande l'armistice, étant privée de tout soutien militaire. Les Allemands, quant à eux, encaissent des pertes qui s'élèvent à environ 60 000 tués et 100 000 blessés. La bataille est terminée, les Pays-Bas et la Belgique, qui n'ont pas signé d'armistice, sont occupés et administrés directement par les Allemands. Mais la France, grâce à l'armistice, sauve une partie de son territoire, lazone libre, qui n'est pas occupée par les Allemands et où s'installe un gouvernement français collaborateur : lerégime de Vichy (nommé officiellement l'État français). Les Allemands voudraient traiter avec le Royaume-Uni, mais si les Britanniques refusent d'accepter un traité de paix, une option est de les envahir. Mais la marine allemande a subi de graves pertes en Scandinavie, et avant même d'envisager un débarquement, l'Allemagne doit réunir pour son infanterie des moyens amphibies et logistiques qu'elle ne possède pas, et aussi s'assurer en priorité unesupériorité aérienne : c'est le début de labataille d'Angleterre et duBlitz dès le mois dejuillet 1940.
L'armée de l'air allemande (Luftwaffe) lance une opération de grande ampleur pour détruire la force aérienne britannique avec l'intention d'envahir le Royaume-Uni. C'est l'opération Lion de mer que l'on appelle aussi bataille d'Angleterre. L'objectif à court terme est de détruire le potentiel aérien britannique, en annihilant la production d'avions, en anéantissant les infrastructures aéroportuaires et, en intimidant la nation britannique, la forcer à la neutralité ou à la capitulation. Commencée enjuillet 1940 par l'attaque des convois maritimes britanniques, elle se poursuit par une tentative de destruction de laRoyal Air Force et du potentiel aérien britannique jusqu'enseptembre 1940 avant de s'orienter vers le bombardement de Londres et de grandes villes. Cette erreur tactique permet à la Royal Air Force au bord de la rupture de se reconstituer. La bataille d'Angleterre marque la fin de toute espérance allemande d'envahir la Grande-Bretagne grâce à l'aviation britannique dans laquelle combattent des pilotes tchèques, polonais, belges et français qui ont refusé la défaite de leurs pays.
Pour les historiens militaires, l'invasion de l'Angleterre n'était qu'une idée et ne fut jamais un projet clairement élaboré, l'Allemagne n'ayant ni la puissance maritime, ni le potentiel amphibie et logistique pour une telle opération. Le but d'Hitler aurait surtout été de contraindre le Royaume-Uni à la paix (d'où le bombardement des villes à but psychologique et militairement inutile) pour lui permettre de se consacrer à son « grand dessein » de la conquête à l'Est par la guerre contre l'URSS en étant sûr de ne pas être attaqué dans le dos par une contre attaque britannique.
Le gros de la bataille d'Angleterre s'achèvera au printemps 1941, Hitler rassemblant ses avions restants pour son offensive à l'Est. Mais l'Angleterre connaîtra encore quelques bombardements importants de villes, jusqu'ennovembre 1941, commecelui de Coventry qui anéantit cette ville, au point qu'il en naîtra le verbe « coventryser », synonyme d'anéantissement.
Malgré l'échec de la bataille d'Angleterre, Hitler estime que la Grande-Bretagne ne constitue plus une menace. La majorité de l'armée et l'aviation allemande est alors rassemblée pour le grand projet hitlérien, l'invasion de l'Union soviétique. Pendant près de trois ans, il n'y a plus de combats sur le front de l'Ouest, à l'exception de l'échec dudébarquement allié de Dieppe en août 1942. Les seules actions sur le continent sont celles desrésistances nationales clandestines dans les zones occupées, aidées et armées par les Alliés, et de quelques raids comme leraid britannique sur le port de Saint-Nazaire. Le combat se poursuit alors en Atlantique et dans le ciel européen.
Le combat se poursuit enAtlantique où, depuis les bases sous-marines allemandes construites sur les côtes de France et de Norvège, lesU-boots de laKriegsmarine essayent d'isoler la Grande-Bretagne en attaquant ses navires marchands. Mais après des succès importants entre 1939 et 1942 et un important tonnage coulé, la tendance s'inverse. Avec l'entrée en guerre desÉtats-Unis et à la suite d'une meilleure organisation de la protection navale et aérienne des convois et des progrès techniques comme leradar, l'ASDIC et lesavions quadrimoteurs à long rayon d'action, la flotte sous-marine allemande subit de plus en plus de pertes. Le tonnage construit par lesAlliés dépasse celui coulé par les U-Boots, qui ne sont plus en mesure courant 1943 d'être une vraie menace pour les convois vers la Grande-Bretagne. En décembre 1943, labataille du cap Nord est la dernière bataille de surface dans l'Atlantique du conflit. Les Alliés ont gagné la bataille de l'Atlantique.
Avec l'entrée en guerre des États-Unis et un conflit qui dure sur lefront de l'Est, le commandement allemand commence à prendre en compte, fin 1942-début 1943, le risque d'un débarquement des troupes alliées dans le nord-ouest de l'Europe, risque qui devient une quasi-certitude au début de 1944. Débute alors en mars 1943 la construction dumur de l'Atlantique une série de fortifications le long de la côte continentale de la Manche et de la mer du Nord et dans une moindre mesure de la côte Atlantique et de la côte de Norvège. Les défenses sont particulièrement renforcées dans le nord de la France et autour des ports de laManche.
Le combat se poursuit aussi dans les airs où l'Angleterre sert de base pour les bombardements alliés en Allemagne à partir de 1942, mais aussi sur des objectifs militaires ou industriels des pays occupés. Cette période marque également la progressive suprématie aérienne des Alliés en Europe occidentale, suprématie qui facilitera grandement le débarquement et l'offensive qui suivra à travers l'Europe.
Depuis 1942, Staline presse les Alliés d'ouvrir un second front en Europe pour soulager ses troupes sur le front de l'Est. Les Alliés choisissent d'abord ledébarquement en Afrique du Nord puiscelui en Sicile et dans lesud de la botte italienne. Mais la progression en Italie est extrêmement lente et laisse peu d'espoir d'arriver rapidement en Allemagne. Il est donc décidé d'ouvrir un second front en Europe du Nord-Ouest.
Les Américains rassemblent troupes et matériels en Angleterre. La suprématie aérienne est définitivement acquise après laBig Week, une semaine intense de bombardements des industries aéronautiques en Allemagne en février 1944. Mais malgré la supériorité aérienne et maritime alliées, un débarquement sur le continent fortifié reste une opération risquée et à la logistique compliquée. Latentative ratée sur Dieppe en 1942 en atteste. Une des clés de réussite est de réussir à cacher le plus longtemps possible aux Allemands le lieu choisi de débarquement — lesplages de la côte normande — en leur faisant croire à un débarquement ailleurs pour disperser les troupes du Reich. Les Alliés montent alors l'opération Fortitude, une vaste opération de désinformation.
Le6 juin 1944, les Alliés lancent l'opération Overlord, avec le débarquement en Normandie dont l'objectif est d'établir une grande-tête de pont en France et de pouvoir ainsi atteindre plus vite le centre de l'Allemagne. Avant et pendant les premiers jours du débarquement, les Alliés continuent l'opération Fortitude pour faire croire que le véritable débarquement aura lieu dans le Pas-de-Calais et que la Normandie n'est qu'une diversion, afin de fixer des troupes allemandes dans le Nord de la France le temps de permettre de débarquer suffisamment de troupes et d'armement dans les jours suivants le débarquement et de construire leurports artificiels, les Alliés ayant fait le choix de ne pas s'attaquer directement à la prise d'un port, très fortifié par les Allemands.
Évolution du front à l'ouest.
Le débarquement se déroule relativement bien malgré les pertes américaines àOmaha Beach et les Alliés réussissent à consolider une tête de pont. Mais la progression est moins rapide que prévu. Les Américains remontant le Cotentin prennent le port de Cherbourg le 26 juin (capitulation du général Karl von Schlieben) et il faudra plusieurs semaines pour le remettre en état, en particulier du fait des difficultés rencontrées par les scaphandriers pour déminer la rade. Les Alliés vont piétiner pendant près de deux mois en Normandie, ne progressant que très peu et au prix de lourdes pertes. Les Anglo-canadiens, à l'est du front, n'ont pas réussi à prendre Caen et ses plaines rapidement, ce qui aurait permis aux Alliés d'installer des aérodromes et d'avoir un terrain plus favorable à la mobilité de leurs blindés. Les Américains à l'ouest doivent eux livrer ce que les historiens nommeront uneguerre des Haies à laquelle ils n'étaient pas préparés. Lebocage normand offre un terrain très favorable à la défense allemande.
Mais le 25 juillet, les Alliés réussissent à ouvrir une brèche dans les défenses allemandes dans le sud du Cotentin. Les divisions américaines s'y engouffrent et lancent une grande percée vers le sud. Les Alliés libèrent la Bretagne (à l'exception des principaux ports fortifiés où les Allemands se sont retranchés), avancent jusqu’à la Loire, puis remontent vers le nord-est, prenant à revers le front allemand. Comme il le fera plusieurs fois sur lefront de l'Est, Hitler refuse un repli tactique, conseillé par ses généraux, et ordonne une contre-attaque à Mortain qui est un échec, les troupes allemandes subissent alors de lourdes pertes, piégées dans la poche de Falaise.
Les Alliés ont ouvert un large front sur l'ouest de la France, de la côte normande à la Loire, obligeant des Allemands en déroute à se replier à l'est de la Seine.
Face à cette poussée alliée à l'ouest et au sud, les troupes allemandes se replient. Le 19 août, la Résistance française (FFI) organise un soulèvement général et lalibération de Paris a eu lieu le 25 août, lorsque le généralDietrich von Choltitz accepte l'ultimatum français et désobéit aux ordres d'Hitler en ne détruisant pas la ville. Il se rend au généralLeclerc, commandant de la2e DB.
La progression se fait alors rapidement et mi-septembre, presque toute la France et la Belgique sont libérées. Mais la résistance allemande s’intensifie alors dans les zones dans lesquelles l'action de la Résistance se fait moins sentir[5], avec des renforts constitués de nouvelles divisions d'infanterie, de divisions blindées reconstituées, équipées deTigre II et deJagdpanther, qui malgré des débuts peu prometteurs, tiennent le choc face aux Américains, dont la couverture aérienne est moins efficace[5]. L'avance alliée marque le pas, face à une armée allemande qui exploite au maximum les possibilités du terrain et de la météo[6].
Les Alliés font face à laligne Siegfried, une ligne de défense fortifiée à la frontière occidentale de l'Allemagne. Les Américains ont commencé desanglants combats au travers de la forêt de Hurtgen. En Belgique, leport d'Anvers a été sauvé de la destruction grâce à l'aide de la Résistance locale, le 4 septembre, ce qui permet à la11e division blindée britannique de l'occuper en vue de son utilisation par les Alliés. Mais ce n'est pas possible tant que les berges de l'Escaut en aval n'ont pas été prises. Les Alliés connaissent de ce fait des problèmes d'approvisionnement. Les Allemands ont d'ailleurs défendu les ports français ou ne les ont abandonnés qu'après les avoir rendus inutilisables. Les lignes d'approvisionnement alliées s'étirent alors de Cherbourg et des plages normandes jusqu'à un front très éloigné qui approche des frontières allemandes. Et malgré la logistique mise en place (leRed Ball Express), l'approvisionnement du front est insuffisant.
La libération du Nord de la France et les pays du Benelux a été d'une importance particulière pour les habitants de Londres et du Sud-Est de l'Angleterre, car elle a privé les Allemands de leurs zones de lancement desV1 etV2, lesVergeltungswaffen, les armes de représailles d'Hitler.
Enseptembre 1944, l'opérationMarket Garden, une opération aéroportée alliée audacieuse, est lancée. Son but est de tenter de percer les lignes allemandes auxPays-Bas mais l'opération échoue.
Le front de l'Ouest semble se stabiliser et l'avancée alliée est stoppée face à laligne Siegfried (Westwall) et au sud sur le Rhin. À partir de début septembre, les Américains commencent de lents et sanglants combats dans laforêt de Hürtgen pour percer la ligne de front[7],[8].
Le port d'Anvers, situé au fond du long estuaire de l'Escaut, ne peut donc être utilisé tant que son approche maritime n'a pas été nettoyée des positions fortifiées allemandes. Lapoche de Breskens sur la rive sud de l'estuaire est nettoyée, avec de lourdes pertes, par les forces canadiennes et polonaises dans l'opération Switchback, durant labataille de l'Escaut. Elle est suivie par une campagne pénible pour prendre le contrôle de la péninsule de l'estuaire, et finissant par l'assaut amphibie sur l'île deWalcheren en novembre. La campagne pour dégager l'estuaire de l'Escaut est une victoire décisive de la1re Armée canadienne et des Alliés, car elle permet de grandement améliorer l'approvisionnement à partir du port d'Anvers, beaucoup plus proche du front que les plages de Normandie.
Durant le mois de septembre, malgré des échecs, le front allemand se stabilise à l'Ouest, notamment en raison de l'éloignement des centres d'approvisionnement alliés et de l'allongement de leurs lignes de ravitaillement ; de plus, les succès alliés, si impressionnants soient-ils, ne sont pas décisifs et la tactique de Hitler de créer des poches dans les ports immobilise des unités alliées, utilisables ailleurs avec plus de profit ; de plus, après l'échec de Falaise, les troupes allemandes positionnées sur la rive gauche de la Seine, comme celles de Provence, se retirent avec des pertes raisonnables[9].
Au sud desArdennes, les forces américaines combattent de septembre à mi-décembre pour repousser les Allemands hors de laLorraine et au-delà de laligne Siegfried. La traversée de laMoselle et la prise de la forteresse deMetz sont difficiles pour les troupes américaines face aux renforts allemands, aux ruptures d'approvisionnement et aux mauvaises conditions météorologiques. De septembre à octobre, le6e groupe d'armées allié (7e armée américaine et1re armée française) dispute unecampagne difficile à travers les Vosges, marquée par une résistance allemande farouche et une progression lente. Ennovembre 1944, néanmoins, le front allemand cède devant la pression, provoquant une rapide avancée des Alliés qui libèrent Belfort, Mulhouseet Strasbourg et arrivent sur les bords du Rhin. Les Allemands réussissent à conserver une assez large tête de pont sur la rive occidentale autour de Colmar (lapoche de Colmar).
Les Allemands lancent une contre-attaque massive à l'Ouest qui surprend les Alliés. Le plan allemandWacht am Rhein (« Veille sur le Rhin ») prévoit d'attaquer au travers des Ardennes puis vers le nord en direction d'Anvers, séparant les armées américaines et britanniques. L'attaque débute le 16 décembre, accompagnée de massacres de civils belges et de prisonniers américains qui rappellent les pires moments des combats d'août 1914 et de juin 1944. Après des succès initiaux, profitant de l'effet de surprise et du mauvais temps qui cloue l'aviation alliée au sol, la pointe de l'attaque allemande atteint presque la Meuse. Mais la contre-attaque est stoppée et le 15 janvier, les Allemands sont repoussés à leur point de départ.
Le mouvement de pince de la1re Armée canadienne lors de l'opération Veritable avançant depuis la région deNimègue aux Pays-Bas et de la9e armée américaine traversant la rivièreRoer dans l'opération Grenade est planifié pour débuter le 8 février 1945 mais est retardé de deux semaines quand les Allemands inondent la vallée en détruisant un barrage en amont. Durant les deux semaines d'inondation, Hitler n'autorise pas le maréchalvon Rundstedt à replier ses troupes sur la rive orientale du Rhin, arguant que cela ne ferait que retarder l'inévitable combat. Hitler lui ordonne donc de combattre à l'endroit où ses troupes se trouvent.
La traversée du Rhin fut réalisée en quatre endroits : l'un est une opportunité saisie par les forces américaines lorsque les Allemands échouèrent à faire sauter lepont de Remagen, un autre fut un assaut précipité et les deux derniers des traversées planifiées comme celle duVIIIe corps d'armée américain dirigé par le généralTroy Middleton près du rocher de laLorelei[10].
La poursuite agressive par les troupes américaines du généralBradley des forces allemandes en cours de désintégration conduit à la prise par la1re armée américaine du pont Ludendorff intact, pont franchissant le Rhin àRemagen. Bradley et ses subordonnés exploitent rapidement cet avantage, faisant traverser de nombreuses troupes et établissant une importante tête de pont sur la rive orientale du fleuve.
Bradley demande au général Patton dont la3e armée se bat dans lePalatinat rhénan, de « prendre le Rhin au pas de course ». La troisième armée y réussit en le traversant dans la nuit du 22 mars et en précipitant un assaut au sud deMayence àOppenheim.
Les troupes françaises et belges d'Angleterre, qui se sont étoffées au fur et à mesure de la libération des pays envahis, apportent leur contribution à la défaite allemande. C'est ainsi que les Français, après avoir défendu Strasbourg en janvier 1945 contre un retour offensif allemand, prennent enmai 1945Berchtesgaden où se trouve leBerghof, le lieu de villégiature d'Hitler.
La1re et9e armées américaines bifurquent alors vers l'est et poussent jusqu'à l'Elbe à lami-avril. Durant cette poussée vers l'est, les Américains se heurtent à une vigoureuse défense des villes deFrancfort-sur-le-Main,Cassel,Magdebourg,Halle etLeipzig, menée par des troupes allemandes régulières, renforcés d'unités normalement affectées à la défense anti-aérienne, des soldats duVolkssturm et des auxiliaires armés du Parti nazi; mais cette résistance s'opère dans un climat étrange, la population allemande des zones concernées étant plus spectatrice et désireuse d'en finir avec une guerre perdue[11], malgré la mise en place de cours martiales volantes et de sévères mesures de répression[12]. Jusqu'à l'annonce dusuicide de Hitler, des unités allemandes caressent l'espoir de continuer la lutte dans leHarz, en Bavière, ou ailleurs, tentent des contre-attaques plus ou moins victorieuses, mais sans lendemain, dans des villages fraichement occupés par les Alliés[13].
Le 7 mai, dans son quartier général de Reims, Eisenhower reçoit la capitulation inconditionnelle des forces allemandes par le chef d'état-major allemand, le généralJodl, qui signa le document de capitulation à 2h41[14]. Le généralFranz Böhme annonce la reddition des troupes allemandes en Norvège. Les opérations cessent à 23h01 (CET) le 8 mai. Le même jour, le maréchalKeitel, chef de l'OKW et supérieur de Jodl est amené devant le maréchalJoukov àKarlshorst et signe également une capitulation, à peu près identique à celle signée à Reims avec quelques ajouts demandés par les Soviétiques[15].
↑Vaincue en juin 1940, la France ne reprend officiellement les armes du côté des Alliés qu'à partir de la fin 1944, à la chute du Régime de Vichy. De fait, elle est considérée (en tant qu'État français) comme étant du côté de l'Axe de 1940 à 1944. Elle reprend les armes du côté des Alliés de 1944 à 1945.