Ses parents appartenaient à deux vieilles familles patriciennes de New York[a 1].
Parmi ses ancêtres figurePhilippe de La Noye[réf. souhaitée], qui porte un nom dérivé deLannoy, commune près deTourcoing, et qui s'était ensuite installé aux Pays-Bas à la suite de sa conversion au protestantisme. Émigré deTournai en Amérique du Nord avec les colons financés par la compagnie d'Amsterdam sous la direction dePierre Minuit, Philippe de La Noye eut des descendants qui s'allièrent à desHollandais, les Roosevelt. Le nom de La Noye s'étant altéré en Delano, la famille Delano Roosevelt se réclamait de cette vieille ascendance.James Roosevelt I, père du futur président et riche entrepreneur, faisait remonter la fondation de la famille à l'ancêtre hollandais,Nicholas Roosevelt, installé àLa Nouvelle-Amsterdam. La descendance de celui-ci a donné un autre président américain,Theodore Roosevelt. Le futur président Franklin Delano épousera la nièce de Theodore,Eleanor.
Par sa mère,Sara Ann Delano, il a des ancêtres wallons, le père de celle-ci, Warren Delano Jr. (qui avait fait fortune dans le commerce de l'opium avec laChine), descendant dePhilippe de La Noye (1602-1681), l’un des passagers duFortune qui accosta àPlymouth en novembre1621, rejoignant les premiers colons duMayflower[3],[4],[5]. Parmi la nombreuse descendance de Philippe de La Noye, il y eut quelques décennies auparavant un autre président des États-Unis, le généralUlysses S. Grant[6],[7],[8]. Franklin Roosevelt s'était quant à lui convaincu de descendre d'une des familles les plus anciennes de la Flandre française et belge, les comtes de Lannoy, ancienne famille du comté de Flandre, comme la grand-mère maternelle deCharles de Gaulle, Julia Delannoy[9].
Franklin Roosevelt était fils unique ; il grandit sous l'influence d’une mère possessive[10] et eut une enfance heureuse et solitaire[a 2]. Il passait souvent ses vacances dans la maison familiale deCampobello Island située auCanada. Grâce à de nombreux voyages enEurope, Roosevelt se familiarisa avec les langues allemande et française. Il reçut une éducation aristocratique[11], apprit à monter à cheval, pratiqua de nombreux sports comme lepolo, l’aviron, letennis et letir.
À l'âge de quatorze ans, il entra dans un établissement privé et élitiste duMassachusetts, laGroton School. Pendant ses études, il fut influencé par son maître, le révérend Endicott Peabody, qui lui enseigna le devoir chrétien de charité et la notion de service pour le bien commun[a 3].
En1902, au cours d'une réception à laMaison-Blanche, Franklin Roosevelt fait la connaissance de sa future épouseEleanor Roosevelt, nièce du président Theodore Roosevelt. Eleanor et Franklin Roosevelt avaient un ancêtre commun, le Hollandais Claes Martenzen van Roosevelt[a 5], qui débarqua àLa Nouvelle-Amsterdam (future New York) dans lesannées 1640. Ses deux petits-fils, Johannes et Jacobus, ont fondé les deux branches de la famille, celle de l'Oyster Bay et celle d'Hyde Park. Eleanor et Theodore Roosevelt descendaient de la branche aînée, alors que Franklin Roosevelt était issu de la branche cadette, celle de Jacobus[15]. En1904, Franklin Roosevelt entra à l’école de droit de l’université Columbia mais abandonna son cursus en1907 sans diplôme. Il passa avec succès l’examen du barreau de l’État de New York et fut engagé dès1908 dans un prestigieux cabinet d’affaires deWall Street, la Carter Ledyard & Milburn.
Franklin D. Roosevelt et ses parents en1899.Franklin et Eleanor Roosevelt en 1935.
Franklin Roosevelt épousaEleanor le àNew York, malgré l'opposition de sa mère. Lors de la cérémonie,Theodore Roosevelt remplaçait le père défunt de la mariée, Elliott Roosevelt. Le jeune couple s'installa ensuite sur le domaine familial de Springwood àHyde Park. Alors que Franklin était un homme charismatique et sociable, sa femme était à cette époque timide et se tenait à l'écart des mondanités pour élever ses enfants :
Anna Eleanor (1906-1975) ;
James (1907-1991) ;
Franklin Delano Jr. (3 mars 1909 – 7 novembre 1909) ;
Franklin Roosevelt eut plusieurs aventures amoureuses pendant son mariage : il entretint dès1914 une liaison avec la secrétaire de son épouse,Lucy Page Mercer Rutherfurd. En septembre1918, Eleanor trouva la correspondance écrite d'amantes dans les affaires de son mari. Elle menaça ce dernier de demander ledivorce. Sous la pression de sa mère et de sa femme, Roosevelt s’engagea à ne plus voir Lucy Mercer et le couple sauva les apparences. Eleanor s’établit dans une maison séparée à Valkill, tout en continuant à voir son époux[a 6].
Les enfants du couple ont eu quant à eux des existences tumultueuses : 19 mariages, 15 divorces et 22 enfants pour l’ensemble des cinq enfants. Les quatre fils ont participé à laSeconde Guerre mondiale commeofficiers et ont été décorés pour leur bravoure au combat. Après le conflit, ils ont mené des carrières dans les affaires et la politique.Franklin Delano Roosevelt Jr. a représenté l’Upper West Side auCongrès pendant trois mandats et James Roosevelt le26e district deCalifornie pendant six mandats.
Roosevelt n'aimait pas particulièrement sa carrière juridique et ne termina pas ses études de droit commencées à l'université Columbia. Il se tourna vers la politique à la première occasion. En1910, il se présenta, au nom du Parti démocrate, au poste de sénateur pour le26e district de l'État de New York, qui regroupait les comtés de Dutchess, Columbia et Putnam[16]. Il fut élu et entra en fonction le auSénat d'Albany. Il prit rapidement la tête d’un groupe parlementaire deréformistes qui s’opposait au clientélisme duTammany Hall, la « machine » politique duParti démocrate àNew York. Roosevelt devint un personnage populaire parmi les démocrates de l'État et fut réélu le grâce au soutien du journalisteLouis McHenry Howe[a 7], avant de démissionner le 17 mars suivant. En1914, il se présenta aux élections primaires pour le poste de sénateur mais fut battu par le candidat soutenu par le Tammany Hall,James W. Gerard.
Roosevelt (à droite de la photographie) avecWoodrow Wilson le.
Le Maréchal Joffre et Franklin Delano Roosevelt, en 1917, à Washington.
Lors de lamission Viviani-Joffre en 1917, le secrétaire adjoint à la Marine et plusieurs politiciens accueillent le maréchalJoffre et le sénateurRené Viviani lors de leur arrivée à Washington.
En1918, il inspecta les équipements navals américains enGrande-Bretagne et se rendit sur le front enFrance[a 9]. Pendant sa visite, il rencontraWinston Churchill pour la première fois. Après l’armistice du 11 novembre 1918, il fut chargé de superviser la démobilisation et quitta son poste de secrétaire-adjoint à la Marine en juillet 1920.
En 1920, la convention nationale du Parti démocrate choisit Franklin Roosevelt comme candidat à lavice-présidence des États-Unis, aux côtés dugouverneur de l’OhioJames Middleton Cox. Dans un discours prononcé àButte (Montana) le, il mit en avant son rôle dans la rédaction de laconstitution imposée àHaïti en 1915 :« J’ai écrit moi-même la constitution de Haïti, et je pense que cette constitution est plutôt bonne »[17]. Le ticket Cox-Roosevelt fut battu par le républicainWarren G. Harding qui devint président. Après cet échec, il se retira de la politique et travailla à New York : il fut vice-président d’une société de vente par actions et directeur d’un cabinet d’avocats d’affaires[a 10].
Une des rares photographies de Roosevelt en fauteuil roulant (1941).
En, pendant ses vacances à l'île Campobello, Roosevelt contracta une maladie que l'on pensait être à l'époque lapoliomyélite. Il en résulta uneparalysie de ses membres inférieurs : il avait alors39 ans. Il ne se résigna jamais à accepter la maladie, fit preuve de courage et d’optimisme[a 11],[18]. Il essaya de nombreux traitements : en 1926, il acheta une propriété àWarm Springs enGéorgie, où il fonda un centre d'hydrothérapie pour les patients atteints de la poliomyélite, le Roosevelt Warm Springs Institute for Rehabilitation, qui est toujours en activité. Le jour de sa première investiture présidentielle, il reçut personnellement des enfants paralytiques[a 12]. Pendant sa présidence, il participa à la création de la National Foundation for Infantile Paralysis. Roosevelt cacha la dégradation de son état de santé pour pouvoir être réélu (comme deux de ses prédécesseurs eta posterioriDwight D. Eisenhower etKennedy)[19]. Autrement dit, être en bonne santé, est, en effet, un argument politique fort qui maximise sa popularité auprès des électeurs américains. En public, il marchait avec des attelles orthopédiques ou une canne ; en privé, il se déplaçait enfauteuil roulant[a 13]. Lors de ses apparitions publiques, il était soutenu par l'un de ses fils ou par un auxiliaire. Une étude de 2003 a démontré qu’il est beaucoup plus probable que Roosevelt ait été atteint par lesyndrome de Guillain-Barré que par la poliomyélite[20]. La recherche est néanmoins compliquée car la quasi-totalité desdossiers médicaux de Roosevelt, pourtant conservés dans un coffre-fort auWalter Reed National Military Medical Center, ont disparu peu de temps après sa mort. Il est supposé que les bilans furent détruits par le médecin personnel du président, l'amiral Ross McIntire[21].
Le gouverneur Franklin Roosevelt posant aux côtés d'Al Smith (Albany,New York,1930).
Roosevelt prit bien soin de rester en relation avec le Parti démocrate et s’allia avecAl Smith, ancien gouverneur deNew York. Il se rapprocha du Tammany Hall et fut finalement élu gouverneur de l'État de New York à une courte majorité[b] et dut cohabiter avec unCongrès à majorité républicaine[a 14].
Il prit sa charge de gouverneur en1929 et entama aussitôt une politique novatrice et audacieuse pour l'époque : il agit en faveur des campagnes (reboisement, conservation du sol), établit des programmes sociaux comme l'office temporaire des secours d'urgence (Temporary Emergency Relief Administration)[22],[a 15] qui accordait des aides financières directes auxchômeurs. Deux concepts forts, outre un remarquablepragmatisme, dominaient son action publique. Tout d'abord l'idée qu'il était souvent nécessaire de substituer la liberté collective à la liberté individuelle, mais aussi sa grande méfiance envers l'idée de concurrence sans contrainte (« la coopération doit intervenir là où cesse la concurrence » et celle-ci« peut être utile jusqu'à une certaine limite mais pas au-delà »). C'est ainsi qu'il réduisit la durée du temps de travail pour les femmes et les enfants, lança un programme d'amélioration des hôpitaux, des prisons et renforça l'autorité publique.
Ses détracteurs l'accusèrent d'être « socialiste », dans un sens péjoratif. Roosevelt fit en effet preuve d'une grandetolérance sur les thèmes de l'immigration et de lareligion, tolérance qui se manifesta par ses réserves sur la politique des quotas, sur laprohibition et sur les querelles internes au Parti démocrate entrejuifs,catholiques etprotestants.
C'est à cette époque que Roosevelt commença à réunir une équipe de conseillers parmi lesquelsFrances Perkins etHarry Hopkins, en prévision de sa candidature au poste de président. Le principal point faible de son mandat fut la corruption de laTammany Hall à New York. Roosevelt fut réélu en1930 contre le républicain Charles H. Tuttle pour un deuxième mandat de gouverneur de l'État de New York.
La même année, lesBoy Scouts of America (BSA) lui décernèrent la plus haute distinction pour un adulte, la Silver Buffalo Award, en l’honneur de son engagement pour la jeunesse. Roosevelt soutint le premierJamboree et devint président honoraire des BSA[23].
Roosevelt remplaça le catholiqueAl Smith à la tête du Parti démocrate de New York dès 1928. La popularité de Roosevelt dans l’État le plus peuplé de l’Union fit de lui un candidat potentiel à l'élection présidentielle de 1932. Ses adversaires à l'investiture,Albert Ritchie, le gouverneur duMaryland etWilliam Henry Murray, celui de l'Oklahoma, étaient des personnalités locales et moins crédibles.John Nance Garner, candidat de l’aile conservatrice du parti, renonça à la nomination en échange du poste de vice-président, charge qu’il assuma jusqu’en 1941. Roosevelt resta en butte à l'hostilité affichée du président du parti,John Jakob Raskob, mais reçut le soutien financier deWilliam Randolph Hearst, deJoseph P. Kennedy (le père du futur président John F. Kennedy), deWilliam Gibbs McAdoo et d’Henry Morgenthau.
L’élection présidentielle se déroula dans le contexte de laGrande Dépression (1929-1939) et des nouvelles alliances politiques qui en découlaient. En1932, Roosevelt avait récupéré physiquement de sa maladie, si ce n'est l'usage de ses jambes, et il n'hésita pas à se lancer dans une épuisante campagne électorale. Dans ses nombreux discours électoraux, Roosevelt s’attaqua aux échecs du président sortantHerbert Hoover et dénonça son incapacité à sortir le pays de la crise[24]. Il s’adressa en particulier aux pauvres, aux travailleurs, aux minorités ethniques, aux citadins et aux Blancs du Sud en élaborant un programme qualifié deNew Deal (« nouvelle donne ») : il avait prononcé cette expression lors de la Convention démocrate deChicago le[25],[a 16],[26]. Il développa surtout les questions économiques[a 17] et proposa une réduction de labureaucratie et une abolition partielle de laProhibition. Le programme de Roosevelt n'obéissait à aucuneidéologie, bien qu'il fût d'inspirationsocial-démocrate etkeynésienne, et n'était pas précis quant aux moyens qui devraient être mis en œuvre pour aider les Américains les plus pauvres[27],[28],[29],[30].
Résultats électoraux de 1932.Le couple présidentiel, le jour de la première investiture de Roosevelt en 1933.
La campagne de Roosevelt fut un succès pour plusieurs raisons. Tout d'abord le candidat fit preuve depédagogie et sut convaincre les Américains par ses talents d’orateur[a 18]. Il parcourut près de 50 000 kilomètres à travers tout le pays pour convaincre ses électeurs[31]. De plus, Roosevelt avait mûri politiquement sous l'influence de personnalités commeLouis McHenry Howe, l'un de ses associés, ouJosephus Daniels, son ministre de tutelle à la Marine. Il ne faut pas négliger non plus le rôle des conseillers du gouverneur qu'il fut, telsRaymond Moley,Rexford Tugwell etAdolf Augustus Berle, tous les trois chercheurs et universitaires, généralement deColumbia. Ces hommes, avecBernard Baruch, un financier ancien chef du War Industries Board durant laPremière Guerre mondiale, ou encoreHarry Hopkins, son confident, constituèrent ensuite le célèbre « Brain Trust » du président. Cependant, le succès de Roosevelt fut surtout dû à l'extrême impopularité du président Hoover et de sa politique de « laisser-faire » ayant largement aggravé la crise de 1929.
Le, Roosevelt recueillit 57 % des voix[a 19],[18] et leCollège électoral lui était favorable dans 42 États sur 48[a 20]. Le Congrès était acquis au Parti démocrate[32]. Les États de l’Ouest, du Sud et les zones rurales le plébiscitèrent. Les historiens et les politologues considèrent que les élections de 1932-1936 ont fondé une nouvelle coalition autour des démocrates et le5e système de partis[33].
Le, Roosevelt échappa à unattentat alors qu’il prononçait un discours impromptu depuis l'arrière de sa voiture décapotable àBayfront Park àMiami, enFloride[34]. L’auteur des coups de feu étaitGiuseppe Zangara[a 21], unanarchiste d’origine italienne dont les motivations étaient d’ordre personnel. Il fut condamné à 80 ans de réclusion, puis à lapeine de mort, car le maire deChicagoAnton Cermak mourut des blessures reçues pendant l’attentat. La plupart des historiens pensent que Zangara tenta d'assassiner Roosevelt, mais le manqua et toucha Cermak. D'autres cependant pensent queFrank Nitti avait donné ordre de tuer Cermak, et que le contrat avait été offert à Zangara. Celui-ci est connu pour avoir été tireur d'élite dans l'armée italienne avant d'émigrer en Amérique, ce qui amène certains à spéculer que Cermak était bel et bien la cible[35],[36]
Lorsque Franklin Roosevelt prit ses fonctions de président des États-Unis le, le pays était plongé dans une grave crise économique : 24,9 % de la population active, soit plus de 12 millions de personnes, étaient alors au chômage[37],[38], et deux millions d’Américains étaient sans-abri. Entre 1930 et 1932, 773 établissements bancaires firent faillite[a 22]. Roosevelt choisit comme conseillers trois économistes de l'école deSimon Patten[39]. LeBank Holiday[40] cacha leGlass-Steagall Act qui a notamment permis de détruire les comptes spéculatifs faisant pression sur la société américaine. Ensuite, Roosevelt permit la création d'unemonnaie nationale publique, créant de l'argent par rapport aux futures productions, qui subventionna leNational Industrial Recovery Act. Lors de sondiscours inaugural, Roosevelt dénonça la responsabilité des banquiers et des financiers dans la crise ; il présenta son programme directement aux Américains par une série de discussions radiophoniques connues sous le nom defireside chats (« causeries au coin du feu »)[41]. Le premiercabinet de l'administration Roosevelt comprenait une femme pour la première fois de l'histoire politique américaine : il s'agissait deFrances Perkins, qui occupa le poste desecrétaire au Travail jusqu'en juin1945.
CCC. (Corps civil de protection de l'environnement)L'aigle bleu (Blue Eagle), symbole de la NRA (National Recovery Administration)William Gropper :Construction d'un barrage, une œuvre subventionnée par la WPA (Work Projects Administration), 1939.
Au début de son mandat, Roosevelt prit de nombreuses mesures pour rassurer la population et redresser l’économie. Entre le 4 mars et le 16 juin, il proposa 15 nouvelles lois qui furent toutes votées par leCongrès[42]. Le premier New Deal ne fut pas une politiquesocialiste et Roosevelt gouverna plutôt au centre[a 23]. Entre le 9 mars et le, période de cent jours qui correspond à la durée de la session du Congrès américain, il fit passer un nombre record de projets de loi qui furent facilement adoptés grâce à la majorité démocrate, au soutien desénateurs commeGeorge William Norris,Robert F. Wagner ouHugo Black, mais aussi grâce à l’action de sonBrain Trust, l'équipe de ses conseillers issus pour la plupart de l'université Columbia. Pour expliquer ces succès politiques, les historiens invoquent également la capacité de séduction de Roosevelt[a 24] et son habileté à utiliser lesmédias.
Comme son prédécesseurHerbert Hoover, Roosevelt considérait que la crise économique résultait d’un manque de confiance qui se traduisait par une baisse de laconsommation et de l’investissement. Il s’efforça donc d’afficher son optimisme. Au moment des faillites bancaires du, son discours d'investiture, entendu à la radio par quelque deux millions d'Américains, comportait cette déclaration restée célèbre :« The only thing we have to fear is fear itself » (« la seule chose que nous ayons à craindre, c’est la crainte elle-même »)[43],[a 25],[44]. Le jour suivant, le président décréta un congé pour les banques afin d’enrayer la panique causée par les faillites, et annonça un plan pour leur prochaine réouverture.
Le passe l'Emergency Banking Act (approximativement : « Loi de secours bancaire ») au Congrès[45], suivi le 5 avril de l'Ordre exécutif présidentiel 6102[46] requérant des possesseurs de pièces d'or de les retourner au Trésor américain. En trente jours, un tiers de l'or en circulation est retourné au Trésor[45]. Le 28 août le président Roosevelt publie une autre ordonnance enjoignant à tout possesseur d'or d'enregistrer ses avoirs auprès du Trésor public[45].
Les réformes économiques furent entreprises grâce auNational Industrial Recovery Act (NIRA) de 1933. Cependant la cour suprême le déclara anticonstitutionnel par une décision du. Le NIRA établissait uneplanification économique, unsalaire minimum et une baisse du temps de travail ramené à 36 heures hebdomadaires[47]. Le NIRA instaurait également plus de liberté pour lessyndicats. Les buts attendus de cet agent de régulation sont essentiellement la maîtrise de l'activité économique, le soutien du pouvoir d'achat de la population, la création d'emplois et le respect des droits aussi bien des ouvriers et des employés que des patrons.
Roosevelt injecta d'énormes fonds publics dans l’économie : le NIRA dépensa ainsi 3,3 milliards de dollars par l’intermédiaire de laPublic Works Administration sous la direction deHarold LeClair Ickes. Le président travailla avec le sénateur républicainGeorge William Norris pour créer la plus grande entreprise industrielle gouvernementale de l’histoire américaine, laTennessee Valley Authority (TVA) : celle-ci permit de construire des barrages et des stations hydroélectriques, de moderniser l’agriculture et d’améliorer les conditions de vie dans la vallée duTennessee. En avril 1933, l'abrogation duVolstead Act qui définissait laprohibition, permit à l’État de lever de nouvelles taxes[c].
Roosevelt essaya de tenir ses engagements de campagne sur la réduction des dépenses publiques : mais il souleva l’opposition des vétérans de laPremière Guerre mondiale en diminuant leurs pensions (jusqu'à 40 %). Il fit des coupes sévères dans le budget des armées ; il baissa le salaire et le nombre des fonctionnaires par l'Economy Act le[48]. Il réduisit également les dépenses dans l’éducation et la recherche.
Le relèvement de l’agriculture fut l’une des priorités de Roosevelt comme en témoigne le premierAgricultural Adjustment Administration (AAA) qui devait faire remonter les prix agricoles par la réduction de l'offre agricole. Son action fut critiquée car elle imposait de détruire les récoltes alors qu'une partie de la population était mal nourrie[49].En plus de la destruction des ressources agricoles (mise en jachère des terres et destruction des récoltes lorsque la baisse des prix des produits agricoles est jugée trop forte), les subventions octroyées aux agriculteurs étaient financées par un impôt prélevé sur les dépenses de consommation de produits agricoles ; ces soutiens n'ont profité qu'aux propriétaires et non pas ou très peu aux ouvriers agricoles.[réf. nécessaire]Par ailleurs, leFarm Credit Act fut voté pour réduire l'endettement des agriculteurs.
À la suite des rigueurs de l’hiver 1933-1934, laCivil Works Administration fut fondée et employa jusqu’à 4,5 millions de personnes[a 26] ; l'agence engagea des travailleurs pour des activités très diverses telles que desfouillesarchéologiques ou la réalisation depeintures murales. Malgré ses réussites, elle fut dissoute après l’hiver.
Roosevelt a été sévèrement attaqué durant la première partie de sa présidence par les élites économiques, la presse et d'anciens dirigeants de son propre parti. Il est régulièrement décrit dans la presse comme un dictateur, un communiste ou un fasciste. LeChicago Tribune tenait un compte à rebours du temps qu'il restait avant les élections de 1936, indiquant en première page : « Plus que X jours pour sauver notre pays[50]. »
Le président Franklin Roosevelt signant leSocial Security Act, le 14 août1935.Tempête de poussière (Dust Bowl) au Texas en 1935.
À partir de 1934, la politique de Franklin Roosevelt s’orienta à gauche avec la création de l’État-providence (Welfare State)[51].
Les élections législatives de 1934 donnèrent à Roosevelt une large majorité aux deux chambres du Congrès. Le président put continuer ses réformes afin de relancer la consommation et de faire baisser le chômage. Cependant, le taux de chômage restait à un niveau très élevé (12,5 % en 1938[52]). Le, le président crée l'Administration chargée de l'avancement des travaux (Work Projects Administration)[a 27], dirigée parHarry Hopkins. Elle employa jusqu'à 3,3 millions de personnes en 1938[a 28] sur des chantiers divers : réalisation de routes, de ponts, de bâtiments publics… Les professeurs enseignaient la langue anglaise aux immigrants, les acteurs jouaient des pièces de théâtre jusque dans les petites villes, les peintres commeJackson Pollock recevaient des commandes. L'Administration nationale de la jeunesse (National Youth Administration) fut fondée en juin 1935 pour faire baisser le chômage des jeunes et les encourager à faire des études. L'Administration pour la réinstallation (Resettlement Administration), créée en avril 1935, fut placée sous la direction deRexford Tugwell pour réduire la pauvreté des agriculteurs. Elle fut remplacée par l'Administration pour la sécurité agricole (Farm Security Administration) en 1937.
Le, Roosevelt rencontra l’économiste anglaisJohn Maynard Keynes[a 29], entrevue qui se passa mal, ce dernier estimant que le président américain ne comprenait rien à l'économie[53].
LeSocial Security Act prévoyait pour la première fois à l’échelon fédéral la mise en place d’une sécurité sociale pour les retraités, les pauvres et les malades. La loi sur les retraites fut signée le[a 30]. Le financement devait reposer sur les cotisations des employeurs et des salariés pour ne pas accroître les dépenses de l'État fédéral[a 31].
Le sénateurRobert Wagner rédigea leWagner Act, qui fut ensuite adopté sous le nom deNational Labor Relations Act. Cette loi signée le établissait le droit au niveau fédéral pour les travailleurs d’organiser des syndicats, d’engager des négociations collectives. Elle fondait le Bureau national des relations au sein du travail (National Labor Relations Board) qui devait protéger les salariés contre les abus des employeurs. Le nombre de syndiqués augmenta fortement à partir de ce moment.
Le deuxièmeNew Deal fut attaqué par des démagogues tels que lepère Coughlin,Huey Pierce Long ou encoreFrancis Townsend. Mais il suscita également l’opposition des démocrates les plus conservateurs emmenés parAl Smith. Avec l’American Liberty League, ce dernier critiqua Roosevelt et le compara àKarl Marx etVladimir Ilitch Lénine[54]. Le, laCour suprême des États-Unis s'opposa à l’une des lois duNew Deal, donnant au gouvernement fédéral des pouvoirs sur les industriels. Elle décréta unanimement que leNational Recovery Act (NRA) n'était pas constitutionnel car il donnait un pouvoir législatif au président. Ce fut un premier échec pour Roosevelt mais aussi pour le gouvernement fédéral face aux États et aux intérêts individuels. Le monde des affaires se montra également hostile au « type de la Maison-Blanche »[a 32]. Enfin, Roosevelt était critiqué pour avoir creusé le déficit du budget fédéral, qui passa de 2,6 milliards de dollars en 1933 à 4,4 milliards de dollars en 1936[55].
Favorable à laretraite par répartition, Roosevelt déclara à un journaliste qui lui suggérait de financer les retraites par l’impôt :« Je suppose que vous avez raison sur un plan économique, mais le financement n’est pas un problème économique. C’est une question purement politique. Nous avons instauré les prélèvements sur les salaires pour donner aux cotisants un droit légal, moral et politique de toucher leurs pensions […]. Avec ces cotisations, aucun fichu politicien ne pourra jamais démanteler masécurité sociale ».
Après quatre ans de présidence, l'économie avait progressé mais restait encore fragile. En 1937, 7,7 millions d'Américains étaient au chômage soit 14 % de la population active[a 33],[56]. À l'élection présidentielle de novembre 1936, Roosevelt fut confronté à un candidatrépublicain sans réelle envergure,Alf Landon, dont le parti était désuni. Il réussit à réunir sous sa bannière l'ensemble des forces opposées « aux financiers, aux banquiers et aux spéculateurs imprudents ». Cet ensemble électoral multi-ethnique, multi-religieux essentiellement urbain devint ensuite le réservoir de voix duParti démocrate. Roosevelt fut réélu pour un deuxième mandat. Sa victoire écrasante dans 46États sur 48[a 34], obtenue avec un écart de 11 millions de voix[57],[58], contredisait tous lessondages et les prévisions de la presse[59]. Elle indiquait un fort soutien populaire à sa politique deNew Deal et se traduisit par une super majorité du Parti démocrate dans les deux chambres duCongrès (75 % des sièges étaient détenus par les Démocrates).
Par rapport à la période de son premier mandat, peu de grandes législations furent adoptées lors du second mandat : ainsi l’United States Housing Authority qui faisait partie duNew Deal (1937), un deuxième ajustement pour l’agriculture ainsi que leFair Labor Standards Act (FLSA) de1938 qui créa unsalaire minimum. Lorsque l’économie se détériora à nouveau fin de l’année 1937, Roosevelt lança un programme agressif de stimulation de celle-ci en demandant au Congrès 5 milliards de dollars pour lancer des travaux publics dans le but de créer 3,3 millions d’emplois en 1938.
LaCour suprême des États-Unis était l’obstacle principal empêchant Roosevelt de réaliser ses programmes. Roosevelt étonna le Congrès en 1937 enproposant une loi lui offrant la possibilité de nommer cinq nouveaux magistrats[60] (connu sous le nom decourt-packing plan). Cette demande fut accueillie par une large opposition comprenant même des membres de son propre parti dont levice-présidentJohn Nance Garner car il semblait aller à l’encontre de laséparation des pouvoirs. Les propositions de Roosevelt furent ainsi rejetées. Des décès et des départs à la retraite de membres de la Cour suprême permirent néanmoins à Roosevelt de nommer assez rapidement de nouveaux magistrats avec peu de controverse. Entre 1937 et 1941, il nomma huit juges à la Cour suprême[61].
Le marché boursier connut une rechute dans l'été 1937, la production s'effondra et le chômage grimpa à 19 % de la population active en 1938[a 35]. En 1938, le président réagit en demandant une rallonge financière au Congrès, en présentant une loi sur l'aide au logement, en aidant les agriculteurs (deuxième AAA en février 1938). Le fut votée la loi sur les salaires et ladurée du travail (Fair Labor Standards Act). La durée hebdomadaire du travail fut abaissée à 44 heures puis à 40 heures[a 36].
Roosevelt obtint le soutien desCommunistes américains et de l’union des syndicats qui connaissaient alors une forte progression mais ceux-ci se séparèrent à la suite de querelles internes au sein de l'AFL et duCIO mené parJohn L. Lewis. Ces querelles affaiblirent le parti démocrate lors des élections de 1938 à 1946[62].
Le deuxième mandat de Roosevelt a été marqué par la montée des oppositions. Ces dernières s'exprimèrent d'abord dans les contre-pouvoirs, la Cour suprême et le Congrès, y compris dans les rangs démocrates, mais aussi dans les journaux où les caricatures et les éditoriaux n'hésitaient pas à critiquer l'action présidentielle[a 37]. La presse fit état des scandales qui touchaient la famille du président[a 38]. Les conservateurs l'accusaient d'être trop proche des communistes et attaquèrent la WPA. Les groupuscules et leadersfascistes tels que le Front chrétien dupère Coughlin, lancèrent une croisade contre leJew Deal mais qui trouva peu d'écho[53],[a 39].
Déterminé à surmonter l’opposition conservatrice chez les Démocrates du Congrès (pour la plupart en provenance desÉtats du Sud), Roosevelt s’impliqua lui-même lors desprimaires de 1938 en apportant son soutien aux personnes favorables à la réforme duNew Deal. Roosevelt ne réussit qu'à déstabiliser le Démocrate conservateur de la ville deNew York[63]. Il dut préserver l'équilibre politique pour pouvoir conserver sa majorité et ménagea les Démocrates du Sud du pays en ne remettant pas en cause laségrégation contre les Noirs[64].
Lors desélections de mi-mandat en novembre1938, les Démocrates perdirent sept sièges auSénat et 72 sièges à laChambre des représentants. Les pertes se concentraient chez les Démocrates favorables auNew Deal. Lorsque le Congrès fut réuni début 1939, les Républicains menés par le sénateurRobert Taft formèrent une coalition conservatrice avec les Démocrates conservateurs du Sud du pays ce qui empêchait Roosevelt de transformer ses programmes en lois. La loi de 1938 sur lesalaire minimum fut ainsi la dernière réforme du New Deal à être entérinée par le Congrès[65].
Franklin Roosevelt utilisait souvent la radio pour expliquer sa politique aux Américains.
L'efficacité duNew Deal en matière économique reste discutée aujourd'hui, puisque cette politique visait au premier chef à lutter contre la crise et que celle-ci perdura jusqu’à ce que l’Amérique mobilise son économie pour laSeconde Guerre mondiale[a 40]. Son succès fut en revanche indéniable dans le domaine social. La politique menée par le président Franklin Roosevelt a changé le pays par des réformes et non par larévolution[a 41].
Sur le plan économique, la situation était meilleure qu'en 1933 qui avait constitué le moment le plus difficile de la crise : la production industrielle avait retrouvé son niveau de 1929[a 41]. En prenant comme base 100 la situation de 1929, lePNB en prix constants était de 103 en 1939, 96 pour le PNB/hab[a 41]. Cependant, le chômage était toujours massif : 17 % de lapopulation active américaine se trouvait au chômage en 1939 et touchait 9,5 millions de personnes[a 41]. Ils recevaient une allocation chômage, ce qui représentait un progrès par rapport à l'avantNew Deal. La population active avait augmenté de 3,7 millions de personnes entre 1933 et 1939[a 41].
LeNew Deal inaugurait en outre une période d'interventionnisme étatique dans de nombreux secteurs de l'économie américaine : bien qu'il n'y avait pas eu denationalisations comme dans la France duFront populaire, les agences fédérales avaient développé leurs activités, employé davantage defonctionnaires issus de l'université[a 42]. Ainsi, les mesures duNew Deal ont posé les bases de la futuresuperpuissance américaine[a 43]. Sur le plan politique, lepouvoir exécutif et lecabinet présidentiel avaient renforcé leur influence, sans pour autant faire basculer le pays dans ladictature. Roosevelt avait su instaurer un lien direct avec le peuple, par les nombreuses conférences de presse qu'il avait tenues, mais aussi par l'utilisation de la radio (« causeries au coin du feu » hebdomadaires[66]) et ses nombreux déplacements[a 44]. LeNew Deal a permis une démocratisation de la culture et la réconciliation des artistes avec la société. L'esprit duNew Deal a imprégné le pays : le cinéma et la littérature s'intéressaient davantage aux pauvres et aux problèmes sociaux[a 45]. LaWork Projects Administration (1935) mit en route de nombreux projets dans le domaine des arts et de la littérature, en particulier les cinq programmes du fameuxFederal One. La WPA permit la réalisation de 1 566 peintures nouvelles, 17 744 sculptures, 108 099 peintures à l’huile et de développer l'enseignement artistique[67]. À la fin duNew Deal, le bilan était mitigé : si les artistes américains avaient été soutenus par des fonds publics et avaient acquis une reconnaissance nationale[68], cette politique culturelle fut interrompue par laSeconde Guerre mondiale et la mort de Roosevelt en1945.
Le président Roosevelt accueille le président des PhilippinesManuel Quezón, à Washington D.C.
Entre l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler et l'entrée en guerre des États-Unis, Roosevelt dut prendre position sur les différentes questions internationales en tenant compte du Congrès et de l'opinion américaine. Il fut partagé entre l'interventionnisme défini par leprésident Wilson et l'isolationnisme qui consistait à tenir son pays en dehors des affaires européennes. La politique étrangère de Roosevelt fit l'objet de nombreuses controverses[a 46].
Franklin Delano Roosevelt connaissait bien l'Europe, l'Amérique latine et la Chine[a 47]. Au début de sa carrière politique, il fut d'abord partisan de l'interventionnisme et soucieux de l'influence américaine à l'étranger : dans les années 1920, il était favorable aux idées wilsonniennes. En 1933, il choisit comme secrétaire d'ÉtatCordell Hull, qui s'oppose au protectionnisme économique et au repli des États-Unis[a 48]. Le, le gouvernement américain reconnut officiellement l’Union soviétique et établit des relations diplomatiques avec ce pays.
Cependant, Roosevelt changea rapidement de position sous la pression du Congrès, dupacifisme ou dunationalisme de l'opinion publique[a 49], et fit entrer les États-Unis dans une phase d'isolationnisme, tout en condamnant moralement les agressions desdictaturesfascistes.
Face aux risques de guerre en Europe, Roosevelt eut une attitude qui a pu paraître ambiguë : il s'évertua officiellement à maintenir les États-Unis dans la neutralité, tout en faisant des discours qui laissaient entendre que le président souhaitait aider les démocraties et les pays attaqués.
Le, il signa laloi sur la neutralité (Neutrality Act) des États-Unis au moment de laseconde guerre italo-éthiopienne : elle interdisait les livraisons d'armes aux belligérants. Elle fut appliquée à la guerre entre l’Italie et l’Éthiopie, puis à laguerre civile en Espagne. Roosevelt désapprouvait cette décision car il estimait qu'elle pénalisait les pays agressés et qu'elle limitait le droit du président américain d'aider les États amis. La loi de neutralité fut reconduite avec davantage de restrictions le (interdiction des prêts aux belligérants) et le (clausecash and carry — « payé et emporté » — qui autorisait les clients à venir chercher eux-mêmes les marchandises aux États-Unis et à les payer comptant[a 51]). En janvier 1935, Roosevelt proposa que les États-Unis participassent à laCour permanente de justice internationale ; le Sénat, pourtant majoritairement démocrate, refusa d'y engager le pays[a 52].
Le àChicago, Roosevelt prononça undiscours en faveur de la mise en quarantaine de tous les pays agresseurs qui seraient traités comme une menace pour la sécurité publique. En décembre1937, au moment dumassacre de Nankin en Chine, les avions japonais coulèrent lacanonnière américainePanay sur leYangzi Jiang[71]. Washington obtint des excuses mais la tension monta rapidement entre les États-Unis et l'Empire du Soleil Levant. En mai 1938, le Congrès vota des crédits pour le réarmement[72]. Le président américain fit publiquement part de son indignation face aux persécutions antisémites en Allemagne (nuit de Cristal, 1938)[a 54] mais les États-Unis refusèrent aux 908 réfugiés juifs allemands dupaquebotSaint Louis de débarquer aux États-Unis (ils seront accueillis par laFrance, laBelgique, laGrande-Bretagne et lesPays-Bas)[73]. Il rappela son ambassadeur à Berlin mais sans fermer la représentation diplomatique[72]. À partir de 1938, l'opinion américaine se rendit progressivement compte que la guerre était inévitable et que les États-Unis devraient y participer. Roosevelt prépara dès lors le pays à la guerre, sans entrer directement dans le conflit. Ainsi, il lança en secret la construction desous-marins à long rayon d’action qui auraient pu bloquer l’expansionnisme duJapon.
Lorsque laSeconde Guerre mondiale se déclencha enseptembre 1939, Roosevelt rejeta la proposition de neutralité du pays et chercha des moyens pour aider les pays alliés d’Europe. Il fit du lePulaski Day en soutien des Polonais[a 55]. Le, Roosevelt obtint l'abrogation de l'embargo automatique sur les armes et les munitions[a 56]. Il commença aussi une correspondance secrète avecWinston Churchill pour déterminer le soutien américain au Royaume-Uni[a 57].
Harry Hopkins l'un des principaux conseillers de Roosevelt.
Roosevelt se tourna versHarry Hopkins qui devint son conseiller en chef en temps de guerre. Ils trouvèrent des solutions innovantes pour aider leRoyaume-Uni comme l’envoi de moyens financiers à la fin de 1940. Le Congrès se ravisa petit à petit en faveur d’une aide aux pays attaqués et c’est ainsi qu’il alloua une aide en armements de 50 milliards de dollars à différents pays dont larépublique de Chine et l'Union soviétique entre 1941 et 1945. Contrairement à laPremière Guerre mondiale, ces aides ne devaient pas être remboursées après la guerre. Il se forgea d’excellentes relations avec Churchill qui devint Premier ministre du Royaume-Uni enmai 1940.
Ce même mois de mai, l’Allemagne nazieenvahit le Danemark,les Pays-Bas,la Belgique, leLuxembourg, etla France en laissant seul le Royaume-Uni face au danger d’une invasion allemande. À la suite de ces victoires éclairs en Europe, l’Allemagne d’Hitler se tourna vers l’Est, l’Union soviétique. L’invasion allemande força l’Union soviétique à entrer dans le conflit. Bien que les États-Unis, grâce à leurs positionnements géographique, ne craignaient pour l’instant aucune attaque, l’entrée en guerre de l’Union soviétique fut un tournant majeur dans la décision des États-Unis de participer à la guerre. En effet, l’Allemagne était en conflit sur deux fronts, ce qui changea complètement le scénario de la guerre. Pourtant le rôle des États-Unis ne fut pas encore défini. Face à maintes incertitudes, Roosevelt se questionnait sur la nécessité d’entrer en guerre, et si oui de quelle façon. Ses craintes se concentraient sur plusieurs points : En tant que pays capitaliste, les États-Unis doivent-ils aider les Communistes ? Les États-Unis sont-ils assez puissants pour se confronter à l’Allemagne ? Est-ce que le Japon représente une menace pour les États-Unis ?
Roosevelt mit au pouvoir enjuillet 1940 deux chefs républicainsHenry Lewis Stimson etFrank Knox commesecrétaire à la Guerre etsecrétaire à la Marine. Lachute de Paris choqua l’opinion américaine et le sentiment d'isolationnisme baissa petit à petit[74]. Tout le monde se mit d’accord pour renforcer l’armée américaine mais certaines réticences à l’entrée en guerre eurent la dent dure encore un moment. Roosevelt demanda au Congrès de faire la premièreconscription de troupes en temps de paix du pays en septembre 1940[74],[a 58], et ceci malgré sa déclaration publique faite la même année aux citoyens américains comme quoi « vos garçons ne seront pas envoyés dans une guerre étrangère »[75]. Il recommença en 1941.
En 1940, les États-Unis cherchaient à éviter un nouveau conflit mondial.
Roosevelt était conscient de cette atmosphère craintive. Il savait cependant que le Congrès ne suivrait aucune demande sans que les États-Unis y soient forcés. Il lui fallait donc attendre un événement majeur, capable de persuader les isolationnistes d’entrer en guerre officiellement[76].
Lorsque l'Union soviétique fut attaquée par l’Allemagne le, sa demande d’armement supplémentaire, créa une opinion populaire partagée. Pour beaucoup c’était un débat idéologique. On vit ce conflit entre le régime totalitaire d’Hitler et communiste de Staline comme une bonne chose. De plus, une majorité pensait qu’Hitler en aurait vite terminé avec l'URSS[77].
En effet, la décision d’aider l’Union soviétique n’était pas facile à prendre. Même si ce choix fut d’une importance capitale, il ne faut pas oublier qu’une majorité était contre l’idée d’apporter de l’aide à l’Union soviétique et que si la Russie n’avait pas tenu face à l’Allemagne, ce choix aurait eu de grandes répercussions sur Roosevelt et sur sa politique. Il aurait perdu beaucoup de popularité, c’est pourquoi il dut se montrer fort et convaincant, car d’après lui, aider l'Union soviétique était un choix logique.
Effectivement, si l’URSS perdait contre l’Allemagne, Hitler n’aurait plus qu’à se battre sur un front. Il aurait pu se concentrer entièrement sur la Grande-Bretagne, qui misait sur l’aide des États-Unis. Même si le Royaume-Uni s’était battu contre l’Allemagne, il aurait eu peu de ressources et aurait fini par perdre ou aurait été forcé de négocier. À ce stade, l’Europe entière aurait été sous domination nazie ce qui aurait compliqué la tâche à Roosevelt.
Ainsi, le temps pressait avant que l’Union soviétique ne tombât dans les mains d’Hitler[78].
Le conflit d’idéologie n’était pas l’unique incertitude. En 1940-1941, les États-Unis n’étaient pas suffisamment armés pour entrer en guerre. Cette crainte se confirma, le, dans le journal intime de Stimson, le secrétaire à la Guerre des États-Unis : « Le vrai problème va de plus en plus être de savoir si nous sommes véritablement assez puissants, assez sincères et assez dévoués pour affronter les Allemands »[79]. Ainsi, à la suite de l’avancée fulgurante de l’Allemagne nazie, cette crainte affecta non seulement un proche du président, son secrétaire à la Guerre, mais aussi une majeure partie des États-Unis. Cette partie s’opposait à une potentielle déclaration de guerre[80]. Pour cela, le temps était un facteur indispensable dans la prise de décision[81].
De plus, l’incertitude concernant la fiabilité de l’URSS et de la Grande-Bretagne de résister à l’Allemagne, s’ajoutait à la crainte d’une offensive allemande en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Les États-Unis craignaient que l’Allemagne envahisse l’Afrique, car c’était l’un des moyens les plus rapides d’arriver en Amérique du Sud et d’attaquer les États-Unis par ce biais. Face à ces menaces, Roosevelt fut forcé d’être prudent lors de sa prise de décision.
D’ailleurs, le Japon, l’allié de Hitler, représentait une menace sur un autre front. Même si avant l’attaque de Pearl Harbor, le, le Japon n’avait pas encore attaqué les États-Unis, le président et ses proches furent vigilants[82]. Enjuin 1941, le Japon voulait profiter de l’invasion allemande en attaquant l’Union soviétique par l’est, ce qui aurait affaibli les chances de survie de l’URSS. Ceci poussa Roosevelt à pratiquer « une politique d’extrême prudence dans l’aide apportée à Staline ». Roosevelt préférait tenir le Japon tranquille pour éviter de devoir se battre sur deux fronts[83], si les États-Unis déclaraient la guerre à l’Allemagne[84]. Cependant, en juillet, le Japon confirma son choix de l’expansion vers le sud. Il n’attaquerait donc pas l’URSS, « du moins pas avant d’être certains de la victoire décisive de Hitler ». « Ceci augmenta les chances de survie de Staline »[85]. Ainsi, cela permit aux États-Unis d’observer la suite du conflit et d’examiner une potentielle déclaration de guerre.
Le, l'USS Greer, un destroyer américain, décida de poursuivre un sous-marin allemand. Il l’attaqua, sans autorisation, à l’aide d’un bombardier britannique. Au bout de quelques heures, le commandant du sous-marin décida d’inverser les rôles et lança deux torpilles en direction duGreer. L’incident fut aussitôt transmis à Washington. Le lendemain, le président parlait d’une attaque sous-marine contre leGreer[86]. Ainsi, les États-Unis introduisirent l’escorte des convois (KE 460-461), notamment ceux du Canada qui faisait parvenir des marchandises à la Grande-Bretagne depuis juin 1940 déjà. Les isolationnistes protestèrent, mais l’opinion publique approuva le « tir à vue » par 62 % contre 28 %[87]. À la suite des attaques sous-marines contre lePink Star et leKearny aux mois deseptembre et d’octobre 1941[88], Roosevelt mis en évidence les insuffisances duNeutrality Act de 1939 qui interdisait l’armement de navires marchands[89]. Le président n’obtint cependant pas la permission de déclarer la guerre à l’Allemagne de la part du Congrès, encore trop isolationniste. La seule solution fut de poursuivre la guerre non déclarée.
La progression allemande en Union soviétique ralentit également en septembre 1941. Hitler avait attaqué Staline le. Il avait mal estimé la résistance de l’Union soviétique et lorsque l’hiver vint, l’armée allemande fut en butte à des conditions météorologiques pour lesquelles elle n’était pas équipée. Ce tournant facilita la décision de Roosevelt de fournir du matériel à l’URSS afin qu’elle persiste face à l’Allemagne[90]. De plus, à la suite de la visite de Hopkins à Moscou en juillet-août 1941, une image plus positive de Staline et de la Russie circulait aux États-Unis. Le nombre d’Américains voulant participer à la guerre augmentait et l’opinion publique poussa Roosevelt à décider en faveur de l’URSS[91]. Ainsi, les États-Unis et la Grande-Bretagne « acceptèrent de satisfaire autant que possible les demandes de Staline, offrant des avions, des chars, de l’aluminium, 90 000 jeeps et camions et plus encore. Le premier accord de livraisons fut signé le1er octobre 1941 »[92]. Il restait le problème du transport et du paiement. Le, un mois avant l’attaque sur Pearl Harbor, l’Union soviétique fut admise à bénéficier de l’aide d'un milliard de dollars au titre duprêt-bail, remboursable sans intérêts sur dix ans à partir de cinq années pleines après la fin de la guerre[93]. Roosevelt semble décidé, pendant l’automne 1941, à continuer une guerre non déclarée à l’Allemagne aussi longtemps que possible[94]. Il savait cependant que l’envoi de convois en Europe ne suffisait pas pour vaincre Hitler. Il fallait que les États-Unis entrent en guerre. Ils devaient envoyer des hommes sur place[95]. C’était inévitable. Cependant, l’événement qui allait bouleverser les opinions isolationnistes au sein du Congrès vint plus tôt que prévu[96].
Le, Roosevelt évoqua dans un discours radiodiffusé la conversion de l'économie américaine pour l'effort de guerre : le pays devait devenir « l'arsenal de la démocratie » (The Arsenal of Democracy). Le, il prononça son discours sur lesQuatre libertés présentées comme fondamentales dans sondiscours sur l'état de l'Union : laliberté d'expression,de religion, de vivre à l'abri du besoin et de la peur. Le lendemain, le président créa le Bureau de la gestion de la production (Office of Production Management) ; d'autres organismes furent fondés par la suite pour coordonner les politiques : Bureau de l’administration des prix et des approvisionnements civils (Office of Price Administration and Civilian Supply), Bureau des priorités d’approvisionnement et des allocations (Supplies Priorities and Allocation Board) dès 1941 ; Service de la mobilisation de guerre (Office of War Mobilization) en mai 1943. Le gouvernement fédéral renforça ainsi ses prérogatives ce qui suscita des réactions parmi les Républicains, mais aussi dans le propre camp de Roosevelt : ainsi, enaoût 1941, le sénateur démocrateHarry Truman rendit un rapport sur les gaspillages de l'État fédéral[a 59].
Le programmeprêt-bail devait fournir les Alliés en matériel de guerre sans intervenir directement dans le conflit. La loiLend-Lease fut signée le et autorisa le président des États-Unis à « vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d'autres moyens » tout matériel de défense à tout gouvernement « dont le président estime la défense vitale à la défense des États-Unis ».
Le, Roosevelt ordonna à son aviation d’attaquer les navires de l’Axe surpris dans les eaux territoriales américaines. Cinq jours plus tard, leservice militaire obligatoire en temps de paix était instauré. Le, après le torpillage de deux navires de guerre américains par des sous-marins allemands, Roosevelt déclara que les États-Unis avaient été attaqués. À la différence de la Première Guerre mondiale, les États-Unis avaient eu le temps de se préparer au conflit[a 58]. Il ne restait qu'à attendre l'étincelle qui déclencherait l'entrée en guerre : elle vint du Japon et non de l'Allemagne nazie comme le pensait Roosevelt.
Roosevelt s'adresse au Congrès américain le.Le président américain Roosevelt signant la déclaration de guerre contre le Japon.
Le, les forces militairesphilippines, encore sous contrôle américain, furent nationalisées et le généralDouglas MacArthur fut nommé responsable duthéâtre Pacifique. Les relations avec le Japon commençaient à se détériorer.
Enmai 1941, Washington accorda son soutien à la Chine par l’octroi d’unprêt-bail. À la suite du refus du Japon de se retirer de l'Indochine et de la Chine, à l'exclusion duMandchoukouo, les États-Unis, la Grande-Bretagne et lesPays-Bas décrétèrent l’embargo complet sur le pétrole et l’acier ainsi que le gel des avoirs japonais sur le sol américain[97].
Les Japonais avaient prévu de faire une déclaration de guerre officielle avant l'attaque de Pearl Harbor mais à cause de divers contretemps, elle ne fut présentée au département d'État qu'après le début de l'attaque. Le 8 décembre 1941, le président Roosevelt déclara à la radio :« Hier, 7 décembre 1941, une date qui restera dans l'Histoire comme un jour d’infamie, les États-Unis ont été attaqués délibérément par les forces navales et aériennes de l'empire du Japon »[100].
LeCongrès américain déclara la guerre au Japon à la quasi-unanimité et Roosevelt signa la déclaration le jour même. Le 11 décembre, l’Allemagne et l’Italie déclaraient la guerre aux États-Unis.
Avec la loi sur laconscription du, la mobilisation s'élargit à tous les Américains entre 20 et 40 ans[101]. Le 22 décembre 1941 débuta laconférence Arcadia au cours de laquelleChurchill et Roosevelt décidèrent d'unir leurs forces contre l'Allemagne nazie. LaDéclaration des Nations unies du prévoyait la création de l'ONU. L'entrée en guerre des États-Unis marquait un tournant dans la mondialisation du conflit.
Une thèse controversée affirme que Roosevelt était au courant de l'attaque sur Pearl Harbor et qu'il la laissa survenir pour provoquer l'indignation de la population et faire entrer son pays dans la guerre[102]. Cette théorie fut d'abord avancée par des officiers déchus par les commissions d'enquête :Husband E. Kimmel se dit victime d'un complot visant à cacher la responsabilité du gouvernement et de l'état-major. Il diffusa cette idée dans sesMémoires parus en1955. Cette thèse fut ensuite reprise par les adversaires de Roosevelt et de sa politique extérieure[103]. Plus tard, plusieurs historiens américains, tels queCharles Beard,Charles C. Tansill[104] et Robert B. Stinnett[105] ont essayé de prouver l'implication du président.
Les faits cités à l'appui de cette théorie sont notamment l'absence de Pearl Harbor, supposée providentielle, des trois porte-avions (cibles prioritaires des Japonais) qui étaient en manœuvre en mer le jour de l'attaque et ne furent donc pas touchés, le fait que les nombreux messages d'avertissement aient été ignorés et enfin les négligences locales. Certains soupçonnent le gouvernement américain d'avoir fait en sorte de ne recevoir la déclaration de guerre japonaise qu'après le bombardement. Les partisans de cette thèse sont convaincus que Roosevelt a poussé les Japonais à la guerre tout au long desannées 1930 afin de convaincre le peuple américain partisan de laneutralité.
Il est cependant difficile d'imaginer que Roosevelt ait laissé détruire autant de bâtiments de la marine afin d'engager son pays dans la guerre. En effet, la valeur tactique desporte-avions était méconnue en 1941, même si d'évidence, compte tenu des investissements réalisés, les Japonais et les Américains fondaient de gros espoirs sur ce nouveau type d'unité navale. C'était encore lecuirassé qui faisait figure de bâtiment majeur dans les flottes de guerre et même l'amiral Yamamoto envisageait la confrontation finale entre les deux pays sous la forme d'un combat entre cuirassés. Dès lors, tout décideur opérationnel au courant de l'attaque aurait fait en sorte de mettre à l'abri les cuirassés qui auraient alors appareillé vers le large, et de sacrifier plutôt les porte-avions ; cela dit les cuirassés au mouillage le jour de l'attaque étaient tous anciens.
Et il n'est pas impossible que les Américains aient été au courant du raid envisagé par les Japonais mais aient sous-estimé la taille de celui-ci et l'ampleur des dégâts et des pertes possibles.
Par conséquent, rien ne permet d’affirmer formellement que Roosevelt était au courant de l'attaque de Pearl Harbor[106],[107], même s'il fait peu de doute qu'il a accumulé les actes contraires à la neutralité durant lesannées 1930. Cependant, les sanctions économiques visaient avant tout les Allemands[108] et le président américain donnait la priorité authéâtre d’opérations européen comme le montre par exemple laconférence Arcadia, et la guerre contre le Japon ne fut jamais sa priorité.
Si Roosevelt et son entourage étaient conscients des risques de guerre provoqués par la politique de soutien au Royaume-Uni, à l'URSS et à la Chine, il n'y a pas d'indication qu'il ait souhaité l'attaque de Pearl Harbor. Le désastre fut provoqué par la préparation minutieuse des Japonais, par une série de négligences locales et par des circonstances particulièrement défavorables aux Américains.
De gauche à droite : Franklin D. Roosevelt, Harry S. Truman et Henry Wallace (novembre 1944).
La tradition d'une limite maximale de deuxmandats présidentiels était une règle non écrite mais bien ancrée depuis queGeorge Washington avait décliné son troisième mandat en 1796. C'est ainsi queUlysses S. Grant etTheodore Roosevelt furent attaqués pour avoir essayé d'obtenir un troisième mandat (non consécutif) de président. Franklin Delano Roosevelt coupa pourtant l'herbe sous les pieds dusecrétaire d'ÉtatCordell Hull et duPostmaster généralJames Aloysius Farley, deux membres de soncabinet présidentiel, lors de l'investituredémocrate aux nouvelles élections. Roosevelt se déplaça à laConvention nationale du Parti démocrate de 1940 où il reçut un fervent soutien de son parti. L'opposition à FDR était mal organisée malgré les efforts de James Farley. Lors du meeting, Roosevelt expliqua qu'il ne se présenterait plus aux élections sauf s'il était plébiscité par les délégués du parti qui étaient libres de voter pour qui ils souhaitaient. Les délégués furent étonnés un moment mais ensuite la salle cria« Nous voulons Roosevelt… Le monde veut Roosevelt ! » Les délégués s'enflammèrent et le président sortant fut nommé par 946 voix contre 147. Le nouveau nommé pour la vice-présidence étaitHenry Wallace, un intellectuel qui devint plus tardsecrétaire à l'Agriculture[109],[110],[58].
Le candidat républicain,Wendell Willkie, était un ancien membre du Parti démocrate qui avait auparavant soutenu Roosevelt. Son programme électoral n'était pas véritablement différent de celui de son adversaire. Dans sa campagne électorale, Roosevelt mit en avant son expérience au pouvoir[a 61] et son intention de tout faire pour que les États-Unis restent à l'écart de la guerre. Roosevelt remporta ainsi l'élection présidentielle de 1940 avec 55 % des votes et une différence de 5 millions de suffrages[a 62],[58]. Il obtint la majorité dans 38 des 48États du pays à l'époque. Un déplacement à gauche de la politique du pays se fit sentir dans l'administration à la suite de la nomination deHenry Wallace commevice-président en lieu et place du conservateurtexanJohn Nance Garner qui était devenu un ennemi de Roosevelt après 1937. Le 27 juin 1941, pour la première fois peut-être depuis le retrait du sud des troupes nordistes en 1877, une mesure fédérale d'interdiction de laségrégation raciale fut promulguée. Mais elle concernait seulement l'emploi dans l'industrie de la défense.
Roosevelt (en chemise blanche) en conférence avec le général MacArthur, les amiraux Chester Nimitz et W. D. Leahy (1944).
Si dans les institutions américaines, le président est le chef des armées, Roosevelt ne se passionnait pas pour les affaires strictement militaires. Il délégua cette tâche et plaça sa confiance dans son entourage, en particulier le généralGeorge Marshall et l'amiralErnest King[a 63]. Une agence unique de renseignements fut mise en place en 1942, l'Office of Strategic Services (qui sera remplacée par laCIA en 1947). Le président créa par la suite l’Office of War Information (Bureau de l’information de guerre) qui mit en place une propagande de guerre et surveilla la production cinématographique[a 64]. Il autorisa leFBI à utiliser les écoutes téléphoniques pour démasquer les espions[a 65]. Le 6 janvier 1942, Roosevelt annonça un « programme de la Victoire » (Victory Program) qui prévoyait un effort de guerre important (construction de chars, d'avions…)[a 66].
Avant même le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Roosevelt avait dénoncé l’oppression et leslois de Nuremberg[a 68]. Pourtant, il considérait également qu'il ne pouvait intervenir directement dans les affaires internes de l'Allemagne[a 69]. Il ne fit pas pression sur le Congrès pour augmenter l'accueil des réfugiés juifs. Pendant la guerre, le président américain n'a pas cherché à aider les Juifs d'Europe, considérant que le principal objectif devait être l'écrasement du régime nazi[a 70]. Malgré la pression desJuifs américains, desa femme et de l'opinion publique américaine, le président ne dévia pas de cette direction. Il ne fut pas mis au courant desprojets de bombardements d’Auschwitz ou des voies ferrées[a 71].
Conférence de Téhéran, 1943 : de gauche à droite, Staline, Roosevelt et Churchill.Conférence de Yalta, 1945 (Roosevelt, au centre).Roosevelt (à droite) et leroi Abdelaziz d'Arabie saoudite, à bord duQuincy (février 1945).
Roosevelt fut l'un des principaux acteurs desconférences interalliées et tenta d'y défendre les intérêts des États-Unis tout en faisant des compromis[a 72]. En 1942, il donna la priorité aufront européen tout en contenant l'avancée japonaise dans le Pacifique. Il subit la pression de Staline qui réclamait l'ouverture d'un second front à l'ouest de l'Europe, alors que Churchill n'y était pas favorable et préférait la mise en œuvre d'une stratégie périphérique.
Roosevelt eut le grand mérite, bien que l'implication de son pays dans cette guerre ait résulté avant tout de l'attaque japonaise, d'orienter prioritairement la riposte américaine en direction de l'Europe, une fois le conflit équilibré sur le front du Pacifique par lavictoire aéronavale des îles Midway.
Son évaluation à sa juste mesure de l'énormité du danger hitlérien et de la nécessité d'empêcher l'URSS de sombrer justifiait certes ce choix. Mais il dut néanmoins pour l'imposer surmonter les préférences post-isolationnistes de la majorité des Américains pour lesquels l'ennemi principal était le Japon. C'est ainsi que fut mise sur pied une vigoureuse entrée en ligne des États-Unis aux côtés des Britanniques, d'abord avec ledébarquement en Afrique du Nord (novembre 1942), puis en Europe avec les débarquements successifs en Italie (1943) eten Normandie (juin 1944).
À laconférence d'Anfa (Casablanca, janvier 1943), Roosevelt obtint d'exiger la reddition sans condition des puissances de l'Axe. Les Alliés décidèrent d'envahir l'Italie. Les 11-24 août 1943, Roosevelt etChurchillse rencontrèrent au Canada pour préparer le débarquement en France prévu au printemps 1944. Au cours de laconférence de Téhéran (novembre 1943), plusieurs décisions majeures furent prises : organisation d'un débarquement en Normandie, rejet par Staline et Roosevelt du projet britannique d’offensive par la Méditerranée et les Balkans. Sur le plan politique, Staline accepta le principe de la création d'une organisation internationale, proposé par Roosevelt. Les Trois Grands s'entendirent également sur le principe d'un démembrement de l’Allemagne. Ils ne fixèrent pas précisément les nouvelles frontières de la Pologne, car Roosevelt ne voulait pas heurter les millions d'Américains d’origine polonaise. Lors de cette conférence, avecWinston Churchill etJoseph Staline, les services secrets alliés découvrent l'opération Grand Saut, un projet d'assassinat des participants. Entre le1er et le 22 juillet 1944, les représentants de 44 nations se réunirent àBretton Woods et créèrent laBanque mondiale et le FMI (Fonds monétaire international). La politique monétaire de l’après-guerre fut fortement affectée par cette décision. À laconférence de Dumbarton Oaks (août-octobre 1944), Roosevelt réussit à imposer un projet auquel il tenait beaucoup : lesNations unies.
Ce fut à l'initiative de Roosevelt que se tint laconférence de Yalta en février 1945[a 73]. Le président arriva dans la station balnéaire de Crimée très fatigué et malade[113]. Il dut faire d'importantes concessions à l'URSS car il avait besoin de Moscou pour vaincre les Japonais[a 74]. Roosevelt faisait alors confiance à Staline[114],[115]. « Si je lui donne (i. e. à Staline), estima-t-il, tout ce qu'il me sera possible de donner sans rien réclamer en échange, noblesse oblige, il ne tentera pas d'annexer quoi que ce soit et travaillera à bâtir un monde de démocratie et de paix »[116].
Après la conférence de Yalta, Roosevelt s'envola pour l'Égypte et rencontra le roiFarouk ainsi que l'empereur d'ÉthiopieHailé SélassiéIer à bord de l'USS Quincy où le 14 février, il s'entretint avec leroi Abdulaziz, fondateur de l'Arabie saoudite et ils auraient conclu le« pacte du Quincy » (protection américaine du régime saoudien contre accès au pétrole).
Franklin D. Roosevelt (à gauche) et le général Henri Giraud à Casablanca au Maroc, janvier 1943.
De la situation complexe de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, Roosevelt écrivit à Churchill qu'elle était leur « mal de tête commun[a 75] ». Sa politique étrangère fut largement contestée et soumise aux pressions dudépartement d'État et par ses diplomatesLeahy etMurphy. Dans un premier temps, le président américain garda des contacts diplomatiques avec l'État français : il pensait ainsi éviter que la flotte française ne tombât aux mains duTroisième Reich et avoir des renseignements sur la France. Il refusait en outre de reconnaître l'autorité et la légitimité du général de Gaulle auquel il vouait une antipathie personnelle[117]. Au début de 1942, il s'opposait à ce que laFrance libre participât aux Nations unies avant les élections en France[a 76]. Dès 1941 pourtant, une partie des Américains protesta contre la complaisance du département d’État envers le régime de Vichy[a 77]. La presse américaine était par ailleurs favorable à la France libre[a 78].
Mais enavril 1942, le retour de Laval au pouvoir entraîna le départ de l'ambassadeur américain[a 75]. Washington ouvrit alors un consulat àBrazzaville, alors« capitale » de la France libre. Mais la méfiance vis-à-vis de De Gaulle ne se dissipa pas : pour le département d’État, le personnage n'était qu'un « apprenti-dictateur[118]» et Roosevelt était persuadé que les Gaullistes divulgueraient les opérations secrètes des armées alliées[a 79]. Roosevelt soutint successivement l'amiral Darlan, puis legénéral Giraud, malgré leur maintien des lois vichystes enAfrique libérée, et il tenta de bloquer l'action duComité français de libération nationale d'Alger, puis de placer la France libérée sous occupation militaire américaine (AMGOT).
De Gaulle ne fut mis au courant du débarquement en Normandie qu'à la dernière minute. Roosevelt ne reconnut leGPRF qu'en octobre 1944. La France ne fut pas invitée à laconférence de Yalta. Churchill insistait pour que la France fût responsable d'une zone d'occupation de l'Allemagne. Mais le président américain se rendit compte finalement que De Gaulle était l'homme qui pouvait contrer la menace communiste en France[a 80]. Profondément anticolonialiste[119],[120] (avec un bémol pour l'Empire britannique), il souhaitait que l'Indochine française fût placée sous la tutelle des Nations unies, après avoir un temps proposé àTchang Kaï-chek de l'envahir[121], mais il dut finalement abandonner cette idée sous la pression du département d'État, des Britanniques et du général de Gaulle[a 81]. D'une manière générale, Roosevelt jugeait que la défaite de la France et la collaboration dugouvernement de Vichy avec l'Allemagne ôtait à celle-ci toute autorité politique pour conserver son empire colonial. Mais, s'il donne avecCordell Hull dès 1942, une impulsion sans précédent au mouvement dedécolonisation, il est contraint les derniers mois de sa vie, du fait de considérations de sécurité militaire, de modérer sonanticolonialisme[122].
Sur le plan économique, Roosevelt prit des mesures contre l'inflation et pour l'effort de guerre. Dès le printemps 1942, il fit accepter la loi duGeneral Maximum visant à augmenter l'impôt sur le revenu, à bloquer les salaires et les prix agricoles pour limiter l'inflation. Cette politique fiscale fut renforcée par leRevenue Act(en) en octobre 1942. La conversion de l'économie se fit rapidement : entre décembre 1941 et juin 1944, les États-Unis produisirent 171 257 avions et 1 200 navires de guerre[a 82], ce qui entraîna la croissance ducomplexe militaro-industriel. Cependant, les produits de consommation courante et d'alimentation furent insuffisants, sans que la situation fût aussi difficile qu'en Europe[a 83]. Uneéconomie mixte, alliantcapitalisme et intervention de l'État fut mise en place pour répondre aux nécessités de la guerre. Sur le plan social, les campagnes connurent un exode rural et une surproduction agricole. LesAfro-Américains du Sud migrèrent vers les centres urbains et industriels du Nord-Est. Dans le monde ouvrier, la période fut agitée par de nombreuses grèves à cause du gel des salaires et de l'augmentation de la durée du travail. Le chômage baissa à cause de la mobilisation et le taux d'emploi des femmes progressa[a 84].
Lesdiscriminations à l'égard des Afro-Américains persistèrent jusqu'au sein de l'armée, ce qui explique l'ordre exécutif 8802 qui les interdisait dans les usines de défense nationale[a 85]. Après l'attaque de Pearl Harbor, lesentiment antijaponais aux États-Unis prit de l'ampleur. Dans ce contexte, 110 000 Japonais et citoyens américains d'origine japonaise[123] furentrassemblés et surveillés dans des camps d'internement (War Relocation Centers). Le 14 janvier 1942, Roosevelt signa un décret defichage des Américains d’origine italienne, allemande et japonaise soupçonnés d'intelligence avec l’Axe. Ledécret présidentiel 9066 du 19 février 1942 fut promulgué par Roosevelt et concerna l'Ouest du pays où se concentraient les populations japonaises, regroupés dans des camps surveillés.
Le 7 novembre 1944, Franklin Roosevelt se présenta à la Présidence avec le soutien de la quasi-totalité de son parti. Il fut de nouveau opposé à un candidat républicain,Thomas Dewey, dont le programme n'était pas en contradiction totale avec la politique de Roosevelt[a 86]. Roosevelt, malgré son âge et sa fatigue, mena campagne en demandant aux Américains de ne pas changer de pilote au milieu du gué. Il futréélu pour un quatrième mandat avec une courte majorité de 53 %[58](25 602 505 voix) mais plus de 80 % du vote du collège électoral (432 mandats).
Dernière photo de Franklin Delano Roosevelt malade, prise le 11 avril 1945.Les funérailles de Franklin Delano Roosevelt à Washington D.C., le.
Lors de son discours devant le Congrès le, Roosevelt apparut amaigri et vieilli ; il partit le 30 mars pourWarm Springs, une petite station thermale de Géorgie où il avait une résidence (la« Little White House ») afin de prendre du repos avant la tenue de laconférence des Nations unies qui devait se tenir deux semaines plus tard à San Francisco. Le, il s'écroula se plaignant d'un terrible mal de tête alors qu'Elizabeth Shoumatoff était en train de peindre son portrait. Il mourut à15 h 35[124] à l'âge de 63 ans d'unehémorragie cérébrale.
Lucy Mercer Rutherfurd, l'ancienne maîtresse du président, était présente aux côtés de Roosevelt et partit rapidement pour éviter le scandale[a 87]. Son épouse,Eleanor Roosevelt, prit le premier avion pour se rendre à Warm Springs. Le corps du président fut transporté en train jusqu'à la capitale : des milliers de personnes, notamment desAfro-Américains[125], se rassemblèrent le long de la voie ferrée pour lui rendre hommage. Le cercueil fut déposé à laMaison-Blanche puis dans la maison familiale de Hyde Park. Les fils de Franklin Roosevelt étant mobilisés, ils ne purent assister à la cérémonie funèbre sauf Elliott. Le président fut enterré le dans son domaine de Springwood à Hyde Park[126], qui devint un peu plus tard leFranklin D. Roosevelt National Historic Site.
La mort de Roosevelt souleva une grande émotion dans le pays[118] et à l'étranger. Son état de santé avait été caché par son entourage et par les médecins de la Maison-Blanche. Roosevelt était président depuis plus de 12 ans, une longévité jamais égalée par aucun président américain. En URSS, le drapeau soviétique fut bordé de noir et les dignitaires assistèrent à la cérémonie à l’ambassade[a 88]. Staline pensait que le président américain avait été empoisonné[a 87]. Le président du Conseil italien décréta trois jours de deuil[a 88].
En Allemagne, la nouvelle renditGoebbels joyeux. Quand il apprit la mort de Roosevelt en, établissant un parallèle historique avec le sauvetage miraculeux deFrédéricII de Prusse,dont la situation militaire désespérée s'était retournée grâce à la mort inattendue de l'impératrice russeÉlisabeth Pétrovna en 1762,Hitler fêta l'événement et, déambulant comme un possédé, la main agitée de tremblements, disait à qui voulait l'entendre :« Tenez ! Vous vous refusiez à y croire ! Qui a raison ? »[127]
Les traits principaux du caractère de Roosevelt apparaissent dès l'époque de sa première campagne présidentielle : son optimisme[128], notamment face à la gravité de sa maladie puisqu'il avait la volonté de s'en remettre ; également son exigence vis-à-vis de lui-même comme de ses collaborateurs. Son optimisme se nourrissait également de sa foi puisqu'il était profondément religieux[129]. L'un de ses films préférés étaitGabriel au-dessus de la Maison-Blanche deGregory La Cava (1933) qu'il se faisait projeter à la Maison-Blanche[130]. Côtédistractions, il appréciait peu le théâtre et collectionnait les timbres-poste[131].
Roosevelt était quelqu'un d'intuitif, de chaleureux et même charmeur[29],[132],[133], toujours souriant[134],[135] et sachant désarmer les critiques par l'humour[136]. Roosevelt était doué pour la communication et même capable d'éloquence[134], moins en meeting qu'en petits comités d'où l'incontestable succès de ses causeries « au coin du feu » (fireside chat) dans lesquelles il s'adressait de façon simple et directe aux Américains[133],[137]. En 1939, Roosevelt devint le premier président à apparaître à la télévision. Il utilisa aussi beaucoup la radio. Avec sa voix chaude et mélodieuse[22], il savait s'adresser au public ainsi qu'aux journalistes.
Il se souciait réellement des Américains les plus défavorisés[138] et était sensible aux injustices et à l'oppression sous toutes ses formes[133]. Sur ce plan, il bénéficia de la popularité de sa femme. Mais Roosevelt pouvait être également un politique hésitant[30], un tacticien manipulateur, capable de ne pas s'embarrasser de sentiments pour parvenir à ses fins[53], souvent secret[133], égoïste et attaché à son indépendance[128]. Son secrétaire à l'Intérieur,Harold LeClair Ickes, lui dit un jour :« Vous êtes quelqu'un de merveilleux, mais vous êtes un homme avec lequel il est difficile de travailler. […] Vous ne parlez jamais franchement même avec les gens qui vous sont dévoués et dont vous connaissez la loyauté ».
Franklin Roosevelt avait le souci de l'opinion publique[22] : il s'intéressa d'ailleurs auxsondages de l'Institut Gallup[29]. Devenu président des États-Unis, ses décisions étaient motivées par un souci depragmatisme[128],[133] et le respect scrupuleux de la démocratie, motif de sa méfiance à l'égard deCharles de Gaulle[139].
Truman essaya de marcher dans les pas de son prédécesseur en lançant leFair Deal. Mais ce fut Johnson qui fut le plus rooseveltien des présidents américains et il aimait comparer sa politique sociale auNew Deal[a 90].
Le portrait de Franklin Roosevelt apparaît sur la pièce de 10 cents.Monaco a émis plusieurs timbres d'hommage pendant la seconde moitié desannées 1940. L'un d'eux représente Roosevelt devant sa collection detimbres-poste. Or, ce timbre comporte uneerreur : la main qui tient lesbrucelles a été dessinée dotée de six doigts.
↑Roosevelt présenta son adversaire comme undo nothing, un président qui n'a rien fait pour lutter contre le chômage et la pauvreté, ce qui ne correspondait pas à la réalité : lire sur ce pointNouschi 1999,p. 116-117.
↑Bernard Vincent (dir.),Histoire des États-Unis, Paris, Champs Flammarion, 1997,(ISBN2080813765),p. 199.
↑Bernard Sternsher, « The Emergence of the New Deal Party System: A Problem in Historical Analysis of Voter Behavior »,Journal of Interdisciplinary History, Vol. 6, No. 1, été 1975,p. 127-149.
↑Frank Freidel,Franklin D. Roosevelt, 1973, volume 3,p. 170–73.
↑Carl Sifakis, The Mafia encyclopedia, New York, N.Y. : Facts on File, 1987.(ISBN9780585076652)
↑L’expression est née dans lesannées 1940, mais l’État-providence existait de fait dès 1934 aux États-Unis : lire l'articleProtection sociale aux États-Unis et A. Kaspi,Franklin Roosevelt, Fayard, 1988,p. 261.
↑De nombreux présidents des États-Unis ont depuis repris cette habitude.
↑Alan Lawson, « The Cultural Legacy of the New Deal » dans Harvard Sitkoff,Fifty Years Later. The New Deal Evaluated, Philadelphie, Temple University Press, 1985,p. 163
↑F. Martel,De la culture en Amérique, 2006,p. 111.
↑Kershaw 2012 : “En septembre, malgré de nouveaux revers soviétiques majeurs, dont la perte dévastatrice de Kiev, le ralentissement de la progression allemande ne faisait pas de doute. Roosevelt et Churchill estimèrent pouvoir se lancer dans la planification d’une aide à long terme substantielle et coordonnée.”
↑Roland H. Worth, Jr.,No Choice But War: the United States Embargo Against Japan and the Eruption of War in the Pacific, Jefferson, North Carolina, McFarland, 1995,(ISBN0786401419).
↑Pierre Vallaud,Témoins de l’Histoire. La Seconde Guerre mondiale, plus de 500 documents inédits, Paris, éditions Acropole,(ISBN2735702308), p.211.
(On our way)]. [Par] Franklin D. Roosevelt, président des États-Unis. Traduit de l’anglais par Pierre Dutray. – Paris, Denoël et Steele, 1934. In-8° (20,5 cm), 261 p.[Biblioth. historique, CHEFF : 8° 9499].
Regards en avant (Looking forward). [Par] F. D. Roosevelt, président des États-Unis. Traduit de l’anglais par Henri de Maublanc ; préface de Marcel Chaminade. – Paris, Denoël et Steele, 1933. In-8° (19,5 cm), 250 p. [Biblioth. historique, CHEFF : 8° 8479].
Elliott Roosevelt, Eleanor Roosevelt, Nathalie Gara (trad.), 1947.
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