Frank Borzage naît à Salt Lake City, quatrième enfant d'une mère d'origine suisse alémanique et d'un père italien, Luigi Borzaga, qui ont émigré aux États-Unis au début des années 1880, Luigi ne voulant pas être enrôlé dans l'armée autrichienne à la suite de la conclusion de la premièreTriplice[1]. Dès l'adolescence, il est attiré par le spectacle et travaille dans une mine pour se payer des cours d'art dramatique. De 1906 à 1912, il travaille ainsi comme accessoiriste de théâtre et tient de petits rôles au sein d'une compagnie qui fait des tournées dans sa région[2],[3],[4].
À partir de1916, il commence à diriger des films, jusqu'à une quinzaine par an, et renonce à être acteur dès 1918 pour se consacrer entièrement à la réalisation[2],[3]. Son premier grand succès estHumoresque en1920[3],[5].
Borzage est considéré par certains comme le« représentant le plus caractéristique du mélodrame cinématographique américain », d’aprèsJean Tulard[5], avec par exempleL'Heure suprême (« véritable monument du mélodrame muet »[6]), ce qui ne l'empêche pas d'être aussi, selonHenri Agel,« l'un des plus grands peintres de l'amour à l'écran »[7].
Comme d'autres réalisateurs des années 1920, il subit l'influence deMurnau, dans son attention aux décors, à la lumière[2],[8].
Lui-même impressionna beaucoup de réalisateurs dans le monde :« Frank Borzage est un des plus grands cinéastes américains de tous les temps » a déclaréSamuel Fuller – une opinion partagée par beaucoup de confrères. Josef von Sternberg, pourtant si avare de compliments, admit peu avant de mourir que de tous ceux qui travaillèrent pour Hollywood, Borzage fut « le plus digne de son admiration illimitée ».Sergueï Eisenstein ayant découvert un de ses films à Moscou plaça sans hésiter Borzage aux côtés deChaplin etStroheim, « les trois plus grands cinéastes d'Amérique ».Marcel Carné avouait « sa prédilection particulière » pour l'œuvre de ce réalisateur.William K. Howard l'estimait même « plus importante que celle deFritz Lang et d'Ernst Lubitsch. » La magie borzagienne suscita jadis l'enthousiasme dessurréalistes autour d'André Breton et des hommages jusqu'en Chine et au Japon, dans les films d'unYasujirō Ozu, selon Hervé Dumont[9].