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Francs

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Pour les articles homonymes, voirFranc.

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Cet article concerne le peuple historique. Pour la monnaie du même nom, voirFranc (unité monétaire). Pour la ville, voirFrancs (Gironde).

Francs
Image illustrative de l’article Francs
Armement typique d'un prince franc de la période mérovingienne :spatha,scramasaxe,francisque,Spangenhelm (casque composite) et bosse de bouclier,Germanisches Nationalmuseum, Nüremberg.

PériodeIIIe – IXe siècles (pour les Francsstricto sensu)
EthnieGermains
Langue(s)vieux bas francique à l'origine ; enGaule, legallo-roman
ReligionPaganisme,christianisme nicéen à partir desVIe – VIIe siècle,christianisme catholique depuis leXIe siècle.
Villes principalesAix-la-Chapelle,Cambrai,Francfort,Laon,Metz,Orléans,Paris,Reims,Soissons,Tournai
Région d'origineGermanie, puisBelgique etFrancie.
Région actuelleAllemagne,Pays-Bas,Luxembourg,Belgique etFrance
Rois/monarquesChildéric,Clovis,Clotaire,Dagobert,Pépin le Bref,Charlemagne,Louis le Pieux
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LesFrancs sont unpeuple germanique apparaissant sous la forme d'une confédération aux marges de l'Empire romain à l'époque dulimes germanicus.

AuVe siècle, alors que l'empire est (depuis 285)divisé entreEmpire d'Orient etEmpire d'Occident et eut de plus en plus de relations (pacifiques ou belliqueuses), notamment avec lesGoths et lesBurgondes, une partie des Francs s'installe au nord de laGaule romaine et s'y sédentarise dans la région deTournai.

Après lafin de l'empire d'Occident en476, les Francs conquièrent la Gaule de 486 à 534, sousClovis (royaume de Syagrius etroyaume wisigoth de Toulouse) et ses fils (royaume des Burgondes). Lebaptême de Clovis par l'évêque de Reims en 496 est le fondement d'une alliance entre l'aristocratie militaire franque et lesévêques, généralement issus de l'aristocratie gallo-romaine. Par la suite, sous lesMérovingiens, puis lesCarolingiens, leroyaume des Francs est étendu à laGermanie jusqu'à l'embouchure de l'Elbe et à l'Italie jusqu'àRome, oùCharlemagne estcouronné empereur en800.

Le partage de l'empire en 843 autraité de Verdun entre les trois royaumes deFrancie (en latin :Francia)occidentale,médiane etorientale est à l'origine auXe siècle duroyaume de France (Francia) et duSaint-Empire romain germanique (962-1806).

Le rôle important des Francs dans l'histoire de l'Europe apparaît dans le fait qu'ils ont donné leur nom à laFrance, mais ce nom se retrouve également dans plusieurstoponymes d'Allemagne, notamment le nom de la ville deFrancfort-sur-le-Main (en allemandFrankfurt-am-Mein) et celui de laFranconie (Franken), région du nord de laBavière.

Histoire

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Origines

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L'origine des Francs est mal connue. Dès lesVIe et VIIe siècles, les Francs se donnent une origine prestigieuse, affirmant descendre desSicambres qui seraient venus du royaume mythique deSycambria situé dans les marais dePannonie, sur les bords duDanube, pour s'installer dans les marais deToxandrie, au nord de laGaule romaine, à l'ouest de laMeuse. Plus tard, d'autres récits en font les descendants d'un groupe deTroyens, menés en Occident, sur les bords duRhin, par un parent du roiPriam nomméFrancion, leur ancêtre éponyme. Cette quête des origines est, en elle-même, un objet d'histoire. Elle témoigne d'une maturité politique précoce puisque, dès leVIe siècle, elle confirme la légitimité et le prestige de la dynastie des roismérovingiens, face aux prétentions de l'aristocratie franque et à celles des autresrois germaniques rivaux du roi des Francs.

Légendes et théories sur les origines des Francs

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Un collier duVIe au VIIe siècle en perles de verre et céramique avec une perle centrale enaméthyste. Des colliers similaires ont été trouvés dans les tombes de femmes franques enRhénanie.

Plusieurs légendes et théories ont été proposées pour expliquer l'origine des Francs.

Vers 580, le chroniqueurGrégoire de Tours parle des Sicambres de Pannonie qui auraient remonté leDanube pour rallier les bords duRhin, et pour ensuite envahir laGaule[1],[2].

Vers 660,Lachronique de Frédégaire, suivie par leLiber historiae Francorum vers 725, affirme que les Francs sont issus de rescapés de la ville deTroie, prise par les Grecs[2]. Contestée dès leXVIIe siècle, cette légende est progressivement abandonnée.

Article détaillé :Légende de l'origine troyenne des Francs.

En 1714, l'historienNicolas Fréret est le premier à énoncer la thèse selon laquelle les Francs sont issus d'une ligue de peuples germaniques, mais cette thèse jugée« attentatoire à la dignité de la monarchie » vaut à son auteur six mois d'emprisonnement à laBastille[3]. L'enjeu historique se cristallise non sur l'origine des Francs mais sur les débuts de lamonarchie capétienne et l'origine de la noblesse, avec notamment l'Histoire de l'ancien gouvernement de la France et l'Essai sur la noblesse d'Henri de Boulainvilliers en 1727 et 1732, réfutés dès 1734 par l'Histoire critique de l'établissement de la monarchie française dans les Gaules de l'abbé Dubos[4].

Enfin, s'appuyant sur lanavigation maritime des premiers Francs et sur leurs pratiques guerrières et économiques différentes de leurs voisins les autres Germains, l'historienRoger Grand propose en 1965 de voir dans les Francs des émigrésscandinaves qui seraient venus sur les bords du Rhin au cours duIIIe siècle. Cette thèse n'a cependant pas résisté à la critique[3].

La fondation des ligues

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Durant les premiers siècles de notre ère, les peuples germaniques sont en constante migration, sous la pression d'autres peuples migrants. Les peuples situés entre leRhin et laWeser, ne pouvant franchir lelimesrhénan, migrent vers laHesse et laThuringe, mais se heurtent à d'autres peuples[5].

Pour résister à cette pression, une première ligue depeuples germaniques se constitue au début duIIIe siècle. Ses membres la nomment la ligue de tous les hommes (alle man en langue germanique). Cette ligue, qui apparaît pour la première fois en213 dans les textes romains sous la formeAllamannicus qui a donnéAlamans, avait pour but de résister aux peuples germains voisins et de conquérir de nouveaux territoires, d'abord sur d'autres peuples germains, puis en tentant de franchir lelimes germanique[5].

À la même époque, une autre ligue, non plus assujettie à l'Empire, se forme plus au nord, le long du Rhin et enGermanie inférieure. Il s'agit de la Ligue franque, d'abord constituée des peuplesChamaves,Hattuaires,Bructères etSaliens ; la ligue comprend aussi lesTongres déjà installés en Belgique, auxquels contribuent lesSicambres. Ils sont rejoints par la suite par lesAmpsivariens, lesTenctères, lesTubantes et lesUsipètes[6].

Des monnaies d'or de l'empereurConstantinIer émises en306 après des victoires contre les Francs et lesAlamans portent à l'exergueFrancia etAlamannia, ce qui semble démontrer à cette époque l'existence d'un pays des Francs que les Romains appellent Francie, et qu'ils distinguent nettement du pays voisin des Alamans.Francia n’a alors pas uneconnotationpolitique, mais plutôtgéographique ousociologique, commeMaghreb ouBalkans auXXIe siècle. AuxIIe et IIIe siècles,Franci désignait alors une ligue ou confédération depeuples germaniques installés sur la rive inférieure droite duRhin (c'est-à-dire au nord-est du Rhin), au-delà des frontières de l'Empire romain.

Étymologie

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Franc (latinisé enfrancus) désigne plus tard l'homme libre (fin duVIe siècle), mais ce n'est, par un glissement de sens postérieur, qu'un adjectif tiré du nom propre[7]. Ce nom peut remonter augermanique commun *frankō « javelot, lance », attesté dans levieil anglaisfranca et levieux norroisfrakka, ce qui supposerait que la ligue franque aurait tiré son nom d'une arme totémique à l'instar desSaxons et leursaxe « épée courte »[8]. D'autres y voient unallomorphenasalisé de l'adjectif *frakaz « audacieux, effronté, hardi », continué par lem. néerl.vrak, lev. angl.frǣc, lefrison occ.frak, levx. norvégienfrakkr et lesuédois régionalfräk[9]. Une série à -e- (cf.néerl.vrek,all.frech, vx. norr.frekkr[7]) s'explique par l'apophonie[9].

Le peuple franc est avant tout un peuple de guerriers qui élisaient unchef de guerre, nommérex francorum, « roi des Francs », qui exerçait son pouvoir dans son « unité clanique », le *gawi (cf. néerl.gouw, all.Gau), oupagus en latin. Ils se plaçaient librement pour les affaires militaires sous l'autorité de ce chef.

Entre Empire romain et Germanie

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Unefibule duVIe siècle trouvée dans le nord-est de la France et en Rhénanie. Les femmes nobles franques les portaient par paires à l'épaule ou comme ornements de ceinture.

C'est en 254 que les Alamans attaquent une nouvelle fois lelimes, qu'ils franchissent et ravagent laGaule belgique et au même moment les Francs débutent leurs incursions sur le sol romain. Ils commencent par le pillage de laGermanie inférieure avant d'être repoussés parGallien en257. Profitant du départ de Gallien vers laPannonie, ils reprennent leurs incursions, mais sont provisoirement battus parPostumus. Celui-ci se proclameempereur des Gaules et doit lutter contre Gallien, ce qui laisse le champ libre aux incursions terrestres des Francs, qui se lancent également dans des expéditions maritimes, ravageant labaie de Somme, leCotentin, leMorbihan, les basses vallées de laSeine et de laLoire et même les côtes de laLusitanie. Ce n'est qu'en 264 que Postumus réussit à mettre fin à ces raids, tant terrestres que maritimes[10].

La mort de Postumus et les luttes de ses successeurs contre les empereurs légitimes laissent le champ libre aux Francs et aux Alamans qui reprennent leurs pillages en 269.Probus soumet les Alamans en 277, mais ne parvient pas à réduire ni les Francs occidentaux qui occupent laBatavie, ni les Francs transrhénans qui occupent laToxandrie et les environs deTrèves[11]. En286,Carausius, un général romain envoyé enBretagne par l'empereurMaximien et craignant une disgrâce, se proclame empereur. Afin d'empêcher Maximien de réagir, il s'empare dePortus Itius, s'allie aux Francs et les installe sur les embouchures du Rhin afin de contrôler les deux points qui pourraient permettre à Maximien d'envahir la Bretagne. En287 ou en288, Maximien écrase le roi salienGennobaud qui choisit de se soumettre sans combat, avec tout son peuple. Maximien accepte sa reddition et installe les Saliens enToxandrie, à l'embouchure du Rhin derrière lelimes enGaule belgique, d'abord sous le statut deLètes (soumis à l’autorité impériale), mais ce succès ne lui permet pas de reconquérir la Bretagne, la flotte romaine ayant probablement été malmenée par une tempête.Constance Chlore termine la reconquête de la Bretagne et, ayant eu des problèmes avec quelques Francs, déporte des Chamaves et des Frisons en Gaule dans les pays desAmbiens et desBellovaques[12].

En 306,Ascaric etMérogaise, deux rois francs, probablementbructères envahissent la Gaule, maisConstantin les vainc, les capture et les fait jeter aux fauves à Trèves[13]. Sans doute à la suite de cette victoire, l'empereur romain émet desaurei frappés à Trèves montrant au revers uneallégorie de la Francie, effondrée au pied d'un trophée d'armes, avec la légendeFrancia à l'exergue.

Articles détaillés :Fédérés francs etLètes.

Durant leIVe siècle, les invasions continuent mais sont toutes repoussées par l'armée romaine. Un nouveau phénomène apparaît au sein de cette dernière. En effet, les citoyens romains rechignent à s'engager dans l'armée ou simplement à faire leur service militaire, et pour compenser la baisse des effectifs, les empereurs romains engagent des soldats germains qui intègrent l'armée romaine. Nombreux sont les Francs qui s'engagent et certains parviennent aux plus hautes fonctions militaires et politiques :

Les grandes invasions

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Les Francs entre 400 et 440. Les zones colorées et pâles indiquent les tentatives d'extension des deux peuples francs[35],[36].
Articles détaillés :Invasions barbares,Francs saliens etFrancs rhénans.

LeVe siècle commence par une période d'accalmie entre les Romains et les Francs. Mais la pression desHuns qui viennent d'Asie pousse lesVandales, lesWisigoths et lesBurgondes vers l'ouest. Avec les hivers particulièrement rigoureux de 405 et 406, le Rhin et le Danube sont pris par les glaces, et les Barbares peuvent franchir facilement ces fleuves. Tandis que lesFrancs rhénans pillent une première foisTrèves, lesFrancs saliens protègent les provinces romaines de Belgique et de Germanie. Un de leurs chefs,Edobich, se rallie à l'usurpateurConstantin III qui organise la défense contre les envahisseurs[37].

Les Francs saliens se regroupent ensuite en un seul royaume et sont gouvernés parThéodomir, tué vers 420 par les Romains, puis parClodion le Chevelu. Profitant du retrait des troupes romaines de Gaule, il conduit son peuple vers le sud et s'empare de Tournai et de sa région. Ils sont cependant arrêtés et battus parFlavius Aetius, qui leur accorde unfœdus autour deTournai. Plusieursrois s'y succèdent, jusqu'àClovis qui devient roi en481[38].

La migration des Francs saliens, puis le fœdus qui leur est accordé, a pour conséquence d'isoler les Francs rhénans qui, coupés de leurs alliés saliens, se retrouvent seuls face auxAlamans. Entre 431 et 469, ils se regroupent en un seul royaume et négocient une alliance avec le royaume burgonde. CommeGondioc, roi des Burgondes est également maître de la milice, les Francs rhénans obtiennent le droit de s'implanter sur la rive gauche du Rhin et occupent Cologne, Mayence et Trèves. Plus tard, en 496, ils écrasent les Alamans àTolbiac avec l'aide de Clovis.Sigebert le Boiteux etClodéric, les derniersrois de Cologne, meurent en508, et les Francs rhénans choisissent le salien Clovis pour leur succéder.

Les Mérovingiens

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Article détaillé :Mérovingiens.

Parmi les Francs servant l'Empire depuis la fin duIIIe siècle, se trouvent lesFrancs saliens. Mérovée, ancêtre légendaire et quasi-divin est, selon la tradition germanique, la principale source de légitimité de leurs souverains qui en descendraient.

Les« domaines francs » en 511 issus de Clovis, roi des Francs.

Toutefois, auVe siècle leur roi est aussi devenuproconsul desGaules, c'est-à-dire un fonctionnaire romain d'origine germanique maistrès bien assimilé. LesFrancs saliens sont alors solidement établis dans l'ancienne province romaine deBelgique seconde et leurs fonctions militaires leur confèrent un pouvoir important en ces temps troublés : le jeuneClovis (germ.Hlodowec, qui donne par la suite les prénoms Ludovic ou Ludwig en Allemagne et Louis en France) devient leur roi àTournai, probablement en 481. Mais il lui faut plus que le pouvoir d'essence divine que lui confère la mythologie germanique, pour s'imposer face auxévêques, auxpatrices ou à la population gallo-romaine en partie christianisée.

Installé àSoissons, où il a renversé un général romain nomméSyagrius, Clovis est sans doute d'abord sensible aux conseils de sa deuxième épouse, une princesse burgonde nomméeClotilde, convertie au christianisme, et à ceux de l'évêque de Reims,Remi.

Si l'on veut bien croireGrégoire de Tours, c'est au cours d'une bataille importante contre lesAlamans, labataille de Tolbiac, qu'il promet de se convertir à la religion chrétienne s'il est victorieux[39]. Il tient parole et reçoit le baptême àReims entre 496 et 500 avec, selonGrégoire, plus de 3 000 de ses guerriers et deux de ses sœurs, Alboflède et Lantechilde[40]. Par la suite, il soutient l'homogénéisation religieuse du territoire qu'il domine, en réunissant notamment le premierconcile d'Orléans en 511.

Le territoire de la Belgique actuelle avec les sièges épiscopaux et les abbayes auVIIe siècle. Les abbayes sont à l'origine de certains villages et même de quelques villes.

Après une suite de victoires sur ses rivaux barbares, notamment sur les Burgondes lors de la bataille d'Autun, Clovis apparaît donc comme l'un des premiers rois germaniques d'Occident à avoir adopté lafoi nicéenne, sous la forme du christianisme romain, contrairement auxWisigoths ou auxLombardsariens et aux Alamans païens.

Il parvient ainsi à gagner le soutien des élites gallo-romaines et à fonder une dynastie durable (laquelle prend le nom de son ascendant) : les Mérovingiens.

À la suite des conquêtes de Clovis (royaume de Syagrius, Aquitaine) et de ses fils (Bourgogne, Provence), les Mérovingiens règnent sur la grande majorité de l'ancienneGaule jusqu'au milieu duVIIIe siècle. Dès la seconde moitié duVIe siècle, les habitants de la moitié nord de la Gaule se reconnaissent comme Francs, témoignage de l'accomplissement de la fusion progressive entre Gallo-Romains et Francs qui s'achèvera auVIIe siècle[41] de la naissance, selon l'expression de Ferdinand Lot d'un « patriotisme gallo-franc »[42].

Leurs souverains les plus connus sont :Brunehilde (ou Brunehaut), reine entre 566 et 613, etDagobertIer, roi de 629 à 639. À cette époque, comme sous la dynastie suivante, il n'est pas question de « France », mais bien d'un « royaume des Francs » : les rois germains, en effet, ne règnent pas sur un territoire, mais sur des sujets.

Les Carolingiens

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Article détaillé :Carolingiens.

Dès le début duVIIe siècle, la politique est marquée par des querelles sanglantes entre les Francsneustriens (au nord-ouest) etaustrasiens (au nord-est). Les derniers rois mérovingiens parviennent difficilement à s'imposer à leur aristocratie, la puissance foncière de certaines grandes familles leur assurant en effet une influence grandissante sur leurs pairs. La culture latine a progressivement régressé au cours des deux siècles précédents. Une crise économique sans précédent a mis à mal l'ensemble des repères de l'Occident antique : elle est notamment due à la fermeture des routes commerciales avec le monde méditerranéen à cause des conquêtes arabes.

L'empire franc, de 481 à 814.

C'est dans ce contexte que commence l'ascension d'une nouvelle famille : lesPépinides. Dès le deuxième quart duVIIe siècle, un certainPépin de Landen s'empare de lamairie du palais d'Austrasie. Son petit-filsPépin de Herstal et surtout son arrière-petit-filsCharles Martel exercent la réalité du pouvoir, respectivement de 690 à 714 et de 717 à 741.Charles Martel va même jusqu'à se passer de roi de 737 à sa mort en 741 et son filsPépin le Bref ne rappellera un roi mérovingien (Childéric III) en 743 que pour le détrôner publiquement huit ans plus tard, avec l'aval du papeZacharie. Cette dynastie devient celle desCarolingiens, du nom deCharlemagne, le fils dePépin le Bref. Soucieux de légitimer leurcoup d'État, lesPépinides prétendent descendre deFrancus, un Troyen légendaire, se rattachant par là à l'histoire de Rome. Dans le même but,Éginhard, conseiller et biographe deCharlemagne, s'attellera à discréditer la dynastie mérovingienne en créant la légende desrois fainéants.

Le pouvoir des Carolingiens marque l'entrée réelle dans leMoyen Âge : le centre du pouvoir se déplace vers l'est, des cités épiscopales antiques vers les domaines ruraux des comtes carolingiens. Il est remarquable que dans le même temps, les hommes de lettres, conscients de la désagrégation de la culture classique antique, tentent de la faire renaître : c'est laRenaissance carolingienne.Charlemagne, le deuxième et plus prestigieux souverain carolingien est lui-même couronnéEmpereur des Francs et des Romains en l'an 800 à Rome. Mais il est difficile de voir dans son Empire, une véritable « renaissance de l'Empire romain » (renovatio imperii).

Du royaume des Francs au royaume de France

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En 842, lesserments de Strasbourg, prêtés entre deux des petits-fils de Charlemagne, héritiers de l'Empire qui se déchirent, témoignent de l'usage de langues qui sont totalement différentes à l'ouest et à l'est. Ils sont suivis dutraité de Verdun en 843, qui consacre de fait la division de l'Empire carolingien en trois royaumes, parfois qualifiés par les historiens deFrancie occidentale,Francie orientale etFrancie médiane.

À partir de 911, sousCharles III le Simple, le plus occidental des royaumes francs issu du partage de Verdun en 843, que certains historiens qualifient de Francie occidentale, revendiquera seul de façon continue l'héritage du royaume des Francs deClovis etCharlemagne par la titulature permanente de ses rois se proclamant tous rois des Francs. Ce royaume des Francs, où la notion de Franc a perdu, du fait des mariages mixtes entre Gallo-romains et Francs toute connotation ethnique dès leVIIe siècle[43], conservera ainsi seul le nom de Francia ou France (officiellement, dès le règne deLouis IV[44]).

AuXe siècle, l'arrivée au pouvoir d'une dynastie saxonne, lesOttoniens, en Germanie, et celle desCapétiens en Francie occidentale marquent la fin de la dynastie des Carolingiens. Les Capétiens revendiqueront comme les derniers Carolingiens le titre de roi des Francs. Le termeFrancs reste en usage pour distinguer les habitants de la France durant leMoyen Âge et c'est par le nom defranj que les chroniqueurs arabes décrivent auXIIIe siècle lescroisés, venu en majorité du royaume de France, directement issu duroyaume des Francs.

Le peuple franc

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Physionomie

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Éginhard (vers 771-840), Franc lui-même, décrit ses compatriotes comme différents des Vikings,« Il est dit que des hommes du Nord d'une beauté et d'une taille jamais vues parmi le peuple Franc ont été tués dans cette bataille »[45],[46].

Les fouilles effectuées dans les cimetières mérovingiens du nord de la France ont montré que les Francs étaient souvent de haute stature[47],[48]. Les fouilles effectuées dans deux cimetières de l'île deLangeland (Danemark) ont mis au jour des squelettes de l'époque viking dont la taille moyenne était de 1,71 m chez les hommes[49], alors que les tombes franques deSaint-Dizier par exemple, nous livrent deux hommes de grande taille mesurant respectivement 1,82 et 1,77[48].

Les ethnies de la ligue des Francs

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Les peuples francs auIIIe siècle[50].
En orange, l'Empire romain ; en vert les peuples francs.

Les peuples qui constituaient la ligue des Francs sont supposés être :

À ce noyau initial de peuples francs se sont rajoutés plus tardivement trois autres peuples :

L'historien belgeGodefroid Kurth mentionne d'autres peuples, mais qui sont des peuples de laGermanie inférieure qui n'ont pu se fondre parmi les Francs qu'à la fin duIIIe siècle, après l'occupation de cette province (devenue la Toxandrie) par les Francs : ce sont lesTongres et lesUbiens[51].

Kurth et Werner comptent également lesSicambres ou Sugambres parmi les peuples francs. Ce peuple, combattu parCésar et ses successeurs, n'est plus mentionné après leIer siècle. Il est probable qu'il se soit fondu dans les peuples germains voisins (Texandres, Saliens et Tongres), réminiscence d'où serait venu l'apostrophe desaint Remi en baptisant Clovis :« Courbe la tête, fier Sicambre, abaisse humblement ton cou. Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré »[52],[53].

LesChérusques sont parfois rattachés aux Francs alors que certains les mentionnent comme faisant partie des Saxons.

LesChauques, établis au nord-est desFrisons, sont plus souvent rattachés auxSaxons qu'aux Francs. Cependant, l'historienJean-Pierre Poly a proposé de voir en les Saliens une tribu chauque qui a quitté son peuple pour rejoindre les Francs[55]. L'historien allemand,Karl Ferdinand Werner, estime que les Chauques ont constitué l'élément central de la Ligue des Francs, au point que les deux termes sont confondus par les Romains, avec pour conséquence que leur chroniques ne parlent plus des Chauques[56].

LesChattes[57] et lesBataves[58] comptent éventuellement parmi les Francs.

Plus tard une partie des Francs, déplacée vers l'ouest, se fondra avec lessaliens des rivages du nord de laGaule ; on parlera desFrancs saliens à l'ouest et desFrancs rhénans un peu plus à l'est, sur les rives duRhin et de laMeuse. Le terme deFrancs Ripuaires (de ripa = rive) n'apparaît qu'auVIIe siècle et représente les Francs rhénans[59].

L'historien romainTacite ne mentionne pas les Francs dans son ouvrageGermania, daté de l'an 98apr. J.-C. Il se contente d'énumérer les différents peuples qui composeront plus tard la confédération franque, sans mentionner de liens particuliers entre elles. À l'inverse, en 306apr. J.-C., les pièces de monnaie de Constantin impliquent l'existence d'une association pérenne entre ces peuples. La plupart des peuples cités plus haut auraient donc fusionné dans un temps relativement bref.

Religion

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Article détaillé :Mythologie germanique.
Donar (Thor) sur un manuscrit islandais duXVIIIe siècle.Institut Árni Magnússon, Islande.

Les Francs partageaient lepaganismepolythéiste avec les autres peuples germaniques etscandinaves.Le dieuWuodan était le père des dieux, il présidait à la guerre, à la poésie et à l'éloquence. Il eut pour épouseFrikka, déesse de la fécondité et de la victoire, avec qui il eut un fils,Donar, dieu du tonnerre, du vent, des saisons[60], de la fertilité[61]. Les Germains vus comme héros étaient également déifiés. Ainsi, le chef desChérusques, Hermann ou Irmin (latinisé enArminius), vainqueur de labataille de Teutobourg, contre les légions romaines. Il fut plus tard érigé en héros et célébré par des chansons populaires. Les Saxons lui dédièrent un temple àEhresbourg (Stadberg) en Westphalie, faisant face à un arbre nomméIrminsul. Les Germains lui vouèrent un culte en se réunissant autour d'Irminsul, jusqu'à ce queCharlemagne fasse abattre l'arbre en772 pour abolir le culte païen[62].

Ils vénéraient également la nature comme les sources, les arbres et les rochers, mais aussi les astres, notamment laLune et leSoleil. Leurs rites se déroulaient autour d'un arbre sacré, au sommet d'un rocher, ou au fond d'une caverne. Ils croyaient à la résurrection des corps[62] et, les Germains occidentaux, enterraient les morts avec leurs objets précieux et leurs armes, afin de continuer à guerroyer outre-tombe et à festoyer après que Wotan les ait envoyés dans le Walhalla (Valhöll).

Ainsi,ChildéricIer se fit inhumer avec des vêtements brodés d'or et était revêtu d'un manteau en brocart de soie pourpre revêtu d'abeilles d'or cousues avec grenats, lepaludamentum des généraux romains. Il s'agissait peut-être d'abeilles naissant dans une peau de taureau et fournissant à l'humanité le miel de l'abondance[63]. Ses chevaux de guerre ayant été sacrifiés pour être enterrés avec lui, devaient lui venir en aide pour combattre au Walhalla, à l'image de Wotan chevauchantSleipnir[64]. Une imitation de tête de taureau, symbole de force et du renouvellement de la vie, était accrochée sur la tête de l'un d'entre eux[65].

Le titre de chef était décerné à celui dont la famille descendait d'un dieu. Les familles royales cherchaient donc à se rattacher aux dieux en revendiquant une ascendance semi-mythique et en l'inscrivant dans la mémoire collective : ainsi, selonFrédégaire, la mère deMérovée aurait été violée par un monstre marin en forme de serpent appelé NeptuneQuinotaure[66] (cinq fois taureau), ou d'un monstre anguipède (au pied de serpent). Ce sont des mythes de fondation classiques chez les peuples de l'Antiquité occidentale.

Odin chevauchant Sleipnir jusqu'au Valhalla,pierre historiée de Gotland duVIIIe siècle.

Au combat, le roi-prêtre[67] s'exposait à la vue des adversaires, action vue comme preuve d'une grande hardiesse[68]. Seul cavalier de la troupe, il chevauche une monture blanche afin de se rendre mieux visible de ses ennemis. Souverain sur le plan temporel et spirituel, il est sacré par la diffusion du charisme (heil[69]) du chef de guerre (heerkönig, littéralement « roi d'armée »[70]) : véritable incarnation de Wotan chevauchant Sleipnir, il est possédé par leheil qui lui procure vie, santé, victoire (devenant ainsiheilag), puissance sacrée déclenchant la violence destructrice. Il devient ainsi le descendant des dieux possédés par les puissances de l'au-delà[71]. S'il est tué au combat, c'est que les dieux l'ont abandonné ou choisi pour le Walhalla. La mort du roi signifiait la retraite pour les adorateurs de ce chef de guerre possédé, dont la fureur guerrière était divine. Wotan étant fourbe, inconstant et rusé, il inspirait un tel comportement à ceux qu'il possédait. Le pouvoir des guerriers pouvait être renforcé par Thor, et par Freya dont les prêtresses sacrifiaient des hommes pour équilibrer les morts et obtenir la victoire, ou pour obtenir des enfants[réf. à confirmer][61].

Le paganisme déclina à partir de l'adoption ducatholicisme après le baptême deClovisIer vers 500. Le choix catholique permit aux Francs d'avoir l'appui du clergé gallo-romain qui luttait contre l'arianisme, unehérésie condamnée aux conciles deNicée (325) etConstantinople (381) mais à laquelle les autres peuples germaniques avaient été gagnés. Pour les Germains, l'arianisme se rapprochait plus de leur ancienne religion, car le roi-prêtre païen conservait toute sa sacralité et restait détenteur de pouvoirs temporels et spirituels, concentrant ainsi entre ses mains pouvoirs spirituel et politique[67]. Vers le milieu duVIe siècle,Procope de Césarée dira à propos des Francs :« Ces Barbares ont une manière d'être chrétiens qui leur est propre ; ils observent encore plusieurs usages de l'ancienne idolâtrie, et offrent, pour connaître l'avenir, des sacrifices impies et des victimes humaines »[72],[73].

Organisation militaire

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Enluminure représentant despersonnages bibliques comme des cavaliers francs de l'èrecarolingienne.
Psalterium Aureum,bibliothèque cantonale de Saint-Gall,IXe siècle.
Reconstitution d'un guerrier carolingien armé d'unspangenhelm, d'unecotte de mailles, d'unelance et d'unbouclier, montant un cheval de guerre (VIIIe – Xe siècles). Mannequin exposé à la mairie d'Aix-la-Chapelle en juin 2014, lors de la commémoration du1200e anniversaire de la mort deCharlemagne.

Les Francs eux-mêmes utilisaient desscramasaxes (épée de taille moyenne), desangons ouframées (lances à crochet permettant d'immobiliser l'adversaire en se fichant dans son bouclier), et desfrancisques (haches de jet à simple tranchant). Ces armes qui étaient technologiquement développées pour l'époque, alliées à un savoir-faire au combat développé par les Francs, sans cesse menacés à l'époque par leurs voisins germains, celtes et romains, ont permis à ce peuple de s'imposer assez rapidement mais au prix de durs combats…

Au combat, ils n'employaient initialement ni casque, ni cuirasse, c'est-à-dire tête nue et poitrine découverte. Comme ils préféraient l'infanterie à la cavalerie, les guerriers francs portaient leur scramasaxe sur la cuisse et tenaient leur bouclier de cuir sur la main gauche[74]. Ils ne possédaient pas de cavalerie lourde.« Ils se servent rarement de longues lances ; ils portent des javelots (hastæ) dits framées, dont le fer est étroit et court. C'est un trait acéré, fait pour être lancé ou pour le combat rapproché. Le cavalier n'a qu'un bouclier ou une framée, les fantassins nus ou vêtus d'un léger sayon, lancent des javelots ; chacun d'entre eux en lance successivement plusieurs… Leurs chevaux ne sont ni fins ni agiles, ni éduqués à l'exercice », explique Tacite[75].

Ils lançaient les francisques de manière à briser les boucliers en bois recouverts de cuir. Le système de défense consistait à se grouper encunei (coin triangulaire) et à faire tournoyer en l'air leurs longues épées. Ils attendaient alors l'ennemi et abattaient, par la force du tournoiement, les épées sur l'adversaire. Le scramasaxe permettait d'affronter les ennemis au corps à corps. Le bloc triangulaire ne bougeant pas, ils pouvaient se faire massacrer en cas de sous-effectifs ou d'attaque par surprise[76]. Les victoires de Clovis sont en partie dues au fait qu'il alignait sur le champ de bataille non seulement ses Saliens, mais aussi des cohortes de Gallo-romains, et qu'il s'attachait à garder vivantes la rigueur et la stratégie de l'armée romaine, dans laquelle nombre de Saliens avaient servi en tant queLètes.

La cavalerie lourde se développa chez lesCarolingiens. Les soldats deCharlemagne étaient armés d'épées mais aussi d'arcs et de flèches. Ils se protégeaient avec un équipement sophistiqué pour l'époque : le plus fréquent était la cotte de mailles qui protégeait efficacement des lances et des épées mais pas des flèches dont le choc était cependant absorbé, lepourpoint sous la cotte pouvant alors amortir la pointe de la flèche ; la cuirasse d'écailles était très adaptée contre les flèches en les faisant ricocher[77].

La langue

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Articles détaillés :Vieux-francique etHistoire de la langue française.
Les langues franciques d'Europe
Légende :

La langue ou peut-être les dialectes originellement parlés par les Francs se rattachent aux langues dugroupe germanique occidental (ou westique). Les peuples germaniques au nord duRhin et desAlpes, qui acquirent une culture écrite en dehors de l'empire gardèrent leur propre langue, les peuples qui s'établirent dans l'empire abandonnèrent leur langue pour lelatin vulgaire[78]. Cependant, les Francs installés en Gaule du nord donnèrent une coloration spécifique au latin vulgaire parlé en ces contrées, qui aboutit plus tard auxlangues d'oïl, et notamment aux dialectes septentrionaux (picard,wallon,normand,champenois et bas-lorrain).

Historiquement, les Francs du début duIer millénaire parlaient des dialectes du groupe linguistique ditbas francique, groupe dans lequel on classe lenéerlandais, entre autres. On ne connaît pas de forme écrite duvieux bas-francique, c'est essentiellement une langue reconstituée par les spécialistes. Il existe bien l'inscription runique de Bergakker, mais sa provenance exacte reste à éclairer. Le vieux bas-francique est souvent appelé improprement « francique », alors que leslangues franciques proprement dites, comprennent aussi des dialectes dumoyen allemand et duhaut allemand dans la taxinomie actuelle des langues.

Les sites archéologiques

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Exemples de nécropoles fouillées auXIXe siècle

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Envermeu : On a retrouvé de nombreux vestiges datant duHaut Moyen Âge dansle champ de la Tombe (à 500 m au nord-est de l’église) : 800sépultures ont été mises au jour et l'on a dénombré 460 squelettes de guerriers avec leurs armes (scramasaxes,angons,spatha,francisques,framée) et de femmes ornées de leurs bijoux et parures. De plus, on dénombre plusieurs tombes de chevaux, selon la coutume typiquement germanique de les enterrer auprès de leur propriétaire, déjà décrite parTacite dansGermania. Ces tombeaux attestent d’une présence de l'armée franque du nouveau pouvoir.

Avesnes-en-Bray : En 1866, au lieu-ditCamp Vaquier, l'abbé Cochet a réalisé des fouilles archéologiques à la suite de la découverte accidentelle d'un sarcophage en pierre et a mis au jour une nécropole entière du haut Moyen Âge d'au moins 12 fosses placées sur 3 rangs et orientées est-ouest. Elles ont fourni un mobilier important : 5 vases, 1 scramasaxe, 1 couteau, 5 agrafes de ceinturon avec plaques dont plusieurs étaientdamasquinées, une belle plaque damasquinée, une chainette en fer, 4 perles en pâte de verre, 2fibules dont une en bronze ansée, une bague en bronze, une paire de boucles d'oreille (franques) et un petit bronze romain duHaut Empire. Ces objets se trouvent maintenant auMusée départemental des antiquités de Rouen[79].

Douvrend : Au hameau de Beauvert, dans leChamp de l'Arbre ont été exhumés 150 à 200 cadavres placés dans des fosses de craie et accompagnés d'un mobilier funéraire du Haut Moyen Âge. Les objets recueillis furent déposés à la bibliothèque deDieppe ou auMusée départemental des antiquités (Rouen). En 1865, l'abbé Cochet, assisté de P. H. Cahingt[80], entreprit une fouille sur une portion de cette anciennenécropole qu'il data duVIe et du VIIe siècles. Il découvrit 140 sépultures disposées en 25 rangées nord-sud et orientées est-ouest comme àLondinières, ce que les archéologues allemands nommentReihengräberfriedhof. Aucun plan précis de ce cimetière ne nous est parvenu. Parmi le mobilier, on distingue :

  • Une paire de grandes fibules ansées en argent doré, une épingle en argent doré, une paire de fibules ansées en bronze doré, une applique en bronze estampé, des boucles d'oreille en argent, unargenteus (monnaie en argent) deJustinien duVIe siècle et unantoninien deClaude II le Gothique, percé, il devait servir d'ornement, une aiguille en argent, une bague en or
  • Vingt-quatre vases de terre, dont certains étaient remplis de coquillages.
  • Un vase de verre à ocelles de couleur verdâtre, un bol verdâtre bullé de forme évasée, un collier de perles de verres, une boule de cristal
  • Un fauchard (32 cm), une petite hache (11 cm) dissymétrique à tranchant incliné vers le bas, une hache en fer (11,2 cm), unLangsax (un « scramasaxe long », de 45,5 cm), une pointe de lance à flamme triangulaire, 11 autres fers de lance, quatresaxes courts (poignard), un bouclier rond (de type germanique) avec sonumbo et son manipule, un « sabre », cinq francisques et vingt-et-une autres scramasaxes[79], etc.

On a repéré les restes d'un cheval dans une fosse, selon la coutume déjà évoquée par Tacite auIer siècle dansLa Germanie, mais cette pratique se développe surtout auxVIe et VIIe siècles. Cependant, rares sont les découvertes de ce type en Gaule mérovingienne, mais on peut citer l'exemple de la nécropole d'Envermeu où plusieurs squelettes de chevaux ont été identifiés avec leurs mors à côté ou des tombes mérovingiennes deSaint-Dizier. En revanche, cette pratique d'enterrer des chevaux entiers ou des quartiers du même animal est répandue enEurope du Nord[81].

Londinières : P. H. Cahingt, accompagné de l'abbé Cochet, a découvert environ 400 fosses taillées dans la craie, qui renfermaient parfois plusieurs corps. Les sépultures étaient orientées ouest-est et disposées en rangées nord-sud. Comparativement aux nécropoles mérovingiennes analogues de Douvrend ou d'Envermeu, le mobilier exhumé est relativement peu luxueux (aucune pièce d'or ou dorée). Dans ce mobilier se trouvent : des plaques boucles en bronze datées duVIIe siècle, des fibules, une abondante céramique (150 pots, des vases, des assiettes) et un peu de verrerie. Le grand nombre d'armes découvertes sur le site et leur type montrent qu'il s'agissait de guerriers francs (avec femmes et enfants) : on dénombre pas moins de 130 scramasaxes, une vingtaine debreitsaxes, 3 spatha (épées), une quinzaine de haches dont une francisque, des fers de flèches, 75 lances, un umbo de bouclier en fer, une etc[79].

Exemple d'une sépulture fouillée auXXIe siècle

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Une fouille préventive menée par l'INRAP sur le site dela Tuilerie àSaint-Dizier a mis au jour un petit groupe de sépultures, celles de deux hommes, une femme et un cheval[82] datant duVIe siècle.

La femme est décédée jeune et portait de nombreux bijoux, dont quatre fibules, deux petites au cou et deux ansées plus bas sur le corps, selon une mode qui se répand de la Grande-Bretagne à la Hongrie à cette époque, principalement chez les femmes d'un rang social élevé. Les deux hommes étaient de haute stature et inhumés dans des tombes luxueuses, comparativement à celle de la jeune femme. Ils portaient également des bijoux et, comme de coutume, le scramasaxe, l'épée et une ceinture à boucle en matière précieuse. Boucliers et haches, ainsi qu'angons et lances se trouvaient à l'extérieur des cercueils, dans la chambre funéraire[83].

Les caractéristiques de ces sépultures les rattachent au faciès archéologique des tombes de « chefs francs » du début duVIe siècle. On les retrouve avec une remarquable homogénéité entre Seine et Rhin, jusqu'au Danube, et elles se distinguent par la présence d'armes de prestige, de bijoux et d'objets datant de la même époque et d'aspect analogue[83].

Les tombes de ce type les plus précoces, se trouvent au centre du royaume Franc, alors que celles un peu plus tardives, comme Saint-Dizier, se situent à la périphérie[83].

Notes et références

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  1. Grégoire de Tours,Histoire des Francs,livre II, 9.
  2. a etbFeffer et Périn 1987,p. 20.
  3. a etbFeffer et Périn 1987,p. 26.
  4. André Burguière, « L'historiographie des origines de la France », surCairn.info,.
  5. a etbFeffer et Périn 1987,p. 32.
  6. Feffer et Périn 1987,p. 34-35.
  7. a etbRouche 1996,p. 75.
  8. (nl) M. Philippaet al,Etymologisch Woordenboek van het Nederlands, art.frank, 2003-2009.
  9. a etb(de) Duden,Das Herkunftswörterbuch : Etymologie der deutschen Sprache, Band 7, Duden Verlag 1989. p. 202 - 203. l.frank /frech.
  10. Feffer et Périn 1987,p. 38-42.
  11. Feffer et Périn 1987,p. 42-44.
  12. Feffer et Périn 1987,p. 45-48.
  13. Rouche 1996,p. 79 et 85.
  14. Kurth 1896,p. 86.
  15. Werner 1984,p. 289.
  16. Rouche 1996,p. 82.
  17. Kurth 1896,p. 85-91.
  18. Werner 1984,p. 289-292.
  19. Rouche 1996,p. 82-83.
  20. Kurth 1896,p. 99-100.
  21. Riché et Périn 1996,p. 228, notice « MéraubaudeIer (Flavius) ».
  22. ab etcWerner 1984,p. 296-297.
  23. Rouche 1996,p. 83.
  24. Kurth 1896,p. 103-104.
  25. Settipani 1996,p. 6.
  26. Riché et Périn 1996,p. 220-221, notice « Mallobaude ».
  27. Rouche 1996,p. 54.
  28. Kurth 1896,p. 152.
  29. ab etcWerner 1984,p. 297-300.
  30. Riché et Périn 1996,p. 288, notice « Richomer ».
  31. Rouche 1996,p. 73 et 83.
  32. Kurth 1896,p. 106-109.
  33. Rouche 1996,p. 82-84.
  34. Riché et Périn 1996,p. 42, notice « ArbogastIer ».
  35. Rouche 1996,p. 81-131.
  36. Kinder et Hilgemann 1964,p. 116.
  37. Feffer et Périn 1987,p. 84-85 et 88.
  38. Rouche 1996,p. 116-117.
  39. Grégoire de Tours,Histoire des Francs,livre II (ref LXXXVIII).
  40. Grégoire de Tours,Histoire des Francs,livre II (ref LXXXIX).
  41. Pierre Riché, Patrick Périn,Dictionnaire des Francs. Les Mérovingiens et les Carolingiens, éd. Bartillat, 2013, p. 253-254 et 259.
  42. Ferdinand Lot,La Naissance de la France, 1948.
  43. Gabriel Fournier,Les Mérovingiens, Presses universitaires de France,coll. « Que sais-je ? », juin 1987, p. 107.
  44. Hervé Pinoteau,La symbolique royale française,Ve – XVIIIe siècles, PSR éditions, p. 115.
  45. (la) Eginhard,Annales Fuldenses : Sive, Annales Regni Francorum Orientalis,, 180 p.(ISBN 978-1-293-76740-5,lire en ligne), "in quo certamine tales viri de Nordmannis cecidisse referuntur, quales numquam antea in gente Francorum visi fuissent, in pulchritudine videlicet ac proceritate corporum" , p. 101
  46. (en) Reuter,Timothy.,The Annals of Fulda : Ninth-century Histories,Manchester University Press,, 174 p.(ISBN 978-0-7190-3458-9,OCLC 439356141), "But in the end with God's help the Christians had the victory. It is said that Northmen of a beauty and size of body never before seen among the Frankish people were killed in this battle.", p. 95
  47. Rapport d’activité : « Archéologie des nécropolesmérovingiennes en Île-de-France » sous la direction de Cyrille Le Forestier[1]
  48. a etbMarie-Cécile Truc, « Trois tombes d'exception », inArchéologia, n° 461, décembre 2008.
  49. Pia Bennike, « Vikings danois d'hier et d'aujourd'hui », p. 10 - 11 inDossier de l'Archéologie n°208 : les Hommes du Moyen Âge
  50. D'aprèsFeffer et Périn 1987,p. 30 et 33.
  51. abcde etfKurth 1896,p. 39-42.
  52. abcdefgh etiRiché et Périn 1996,p. 158-159, notice « Francs ».
  53. abcde etfWerner 1984,p. 239-240.
  54. abcdef etgSettipani 1996,p. 26-27.
  55. Jean-Pierre Poly, « La corde au cou. Les Francs, la France et la loi salique »,Genèse de l'état moderne en Méditerranée, Rome,‎,p. 287-320.
  56. Werner 1984,p. 241.
  57. Georges Tessier,Le baptême de Clovis, Gallimard, 1964,p. 17.
  58. Kurth 1896,p. 244.
  59. Riché et Périn 1996,p. 161, notice « Francs rhénans (ripuaires) ».
  60. IvanGobry,Les premiers rois de France : la dynastie des mérovingiens, Paris,Éditions Tallandier,coll. « Documents d'histoire »,, 428 p.(ISBN 2-235-02171-9),p. 12.
  61. a etbRouche 1996,p. 43.
  62. a etbIvanGobry,Les premiers rois de France : la dynastie des mérovingiens, Paris,Éditions Tallandier,coll. « Documents d'histoire »,, 428 p.(ISBN 2-235-02171-9),p. 13.
  63. Rouche 1996,p. 197.
  64. Rouche 1996,p. 198.
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  66. Chronique de Frédégaire, III, 9.
  67. a etbRouche 1996,p. 266.
  68. Ménas,Sur la politique (Rouche 1996,p. 256).
  69. Geary 1989,p. 136.
  70. Geary 1989,p. 81.
  71. Rouche 1996,p. 256.
  72. Amédée Gabourd,Histoire de France, depuis les origines gauloises jusqu'à nos jours, Paris : Waille, 1843,p. 134 (lire en ligne).
  73. Procope de Césarée,Histoire de la guerre contre les Goths,chapitre XXV, surremacle.org
  74. Agathias,De Francis, dansRerum Gallorum scriptores, tome II,p. 65.
  75. Tacite,De moribus Germanorum, 26.
  76. Rouche 1996,p. 183-184.
  77. Gabriel Wengler, documentaire « Charlemagne » surArte, 2013
  78. IvanGobry,Les premiers rois de France : la dynastie des mérovingiens, Paris,Éditions Tallandier,coll. « Documents d'histoire »,, 428 p.(ISBN 2-235-02171-9),p. 14.
  79. ab etcIsabelle Rogeret, « La Seine-Maritime 76 », inCarte archéologique de la Gaule, éditions de la Fondation Maison des sciences de l'Homme, Paris, 1998.
  80. Originaire de Londinières
  81. Marie Cécile Truc, « Une tombe de cheval »,Archéologia, n° 461, décembre 2008, p.38.
  82. Marie-Cécile Truc, Archéologia,ibidem
  83. ab etcMarie-Cécile Truc, Arch.

Annexes

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Bibliographie

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Sources primaires

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Sources secondaires

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Articles connexes

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Liens externes

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