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Lefrancique luxembourgeois de Lorraine, communément appeléplatt luxembourgeois, est lavariété dialectale duluxembourgeois qui est géographiquement située enLorraine et plus précisément dans le Nord-Ouest de laMoselle. Jusqu'auXIXe siècle, le luxembourgeois dialectal était également parlé dans le Nord de l'actuelleMeurthe-et-Moselle.
Le francique luxembourgeois de Lorraine représente l'une des trois formes dufrancique lorrain, les deux autres étant lemosellan et lerhénan.
Concernant le luxembourgeoisstandard[n 1], il est enseigné dans des écoles de la Moselle depuis les années 1990 et dans des écoles de Meurthe-et-Moselle depuis les années 2010.
AuXIXe siècle, ce sont les termes « patois allemand »[1],[2] et « allemand »[3] qui sont utilisés pour désigner lesdialectes franciques qui sont parlés dans l'arrondissement de Thionville. De plus, en 1863,Théodore de La Fontaine utilise deux fois l'appellation« dialecte allemand luxembourgeois » dans des explicationsétymologiques concernant deux localités duLuxembourg français, en l'occurrenceHelpert (une ferme isolée) etLogne[4].
En 1939, Emile Guelen mentionne le francique luxembourgeois de Lorraine sous le nomallemand deWestmosellothringisch[5].
D'un point de vue général, le luxembourgeoisdialectal est désigné par les appellations germaniques :lëtzebuerger Platt[6],[7],[8],lëtzeburger Platt[9],[10],[11],plattdeitsch[12],plattdäitsch[13] etc. EnMoselle, il y a au moins la première (lëtzebuerger Platt) qui est utilisée dans ce département[14],[15], en même temps qu'une autre appellation mi-germanique et mi-française qui estplatt luxembourgeois[16],[17],[18].
La dénominationlëtzebuerger Platt signifie « patois luxembourgeois »[16], de même queplat Vlaams veut dire « patoisflamand »[19].
Le motplatt se traduit enfrançais par « patois »[16] et aussi par « dialecte »[16].Daniel Laumesfeld ajoute que :« le platt est par définition, pour ceux qui le parlent, du patois. Mais pas n'importe lequel : tout le monde est bien conscient de son caractère germanique »[16]. Le « luxembourgeois non-standard » est en effet un « patois », mais plus précisément un « patoisfrancique ». La revueHemechtsland a Sprooch utilise le motfränkesch pour dire « francique », par exemple dansFränkeschland[20] (pays francique) ; un mot qui correspond àfränkisch enallemand standard.
Il est dit aussi par rapport aux localités :Woolkrénger platt (dialecte de Volkrange)[21],Opécher platt (dialecte d'Apach)[22],Metzerwiser platt (dialecte de Metzervisse)[23], etc. Ou encore, par rapport à la région :Lotrénger platt (dialecte deLorraine / dialecte lorrain).

Située au Nord-Ouest du département de la Moselle, l'aire linguistique du luxembourgeois est délimitée à l'Est par l'isoglosse op/of. Cette isoglosse, qui sépare le francique luxembourgeois dufrancique mosellan, est située à l'Est des localités suivantes :Hestroff,Edling,Hobling,Chémery-les-Deux,Neudorff,Bibiche,Rodlach,Waldweistroff,Flastroff,Zeurange,Bourg-Esch,Cottendorff etOtzwiller[24]. Elle est également située à l'Ouest des lieux suivants :Bockange,Piblange,Anzeling,Freistroff,Beckerholz,Colmen etSchwerdorff[24]. Concernant le village de Schwerdorff, qui est du côté du francique mosellan, il est quasiment enclavé : puisque Flastroff et Zeurange à l'Ouest, Cottendorff au Nord et Otzwiller à l'Est sont du côté du luxembourgeois, tout du moins par rapport à l'isoglosse op/of.
L'aire linguistique luxembourgeoise est également délimitée à l'Ouest et au Sud par lelorrain roman (quasiment éteint au début duXXIe siècle). En 1500, la frontière linguistique qui sépare le luxembourgeois du lorrain roman est située à l'Ouest de :Godbrange,Hussigny,Tiercelet,Bréhain-la-Ville,Crusnes,Aumetz,Boulange,Fontoy,Lommerange,Fameck,Vitry-sur-Orne,Amnéville,Hagondange etTalange[24]. Ainsi qu'au Sud de : Talange,Bousse,Montrequienne,Hessange etSaint-Hubert[24]. Plusieurs éléments ont contribué à son recul, notamment laguerre de Trente Ans, suivie d'un repeuplement par descolons étrangers à la région ; ainsi que les épidémies decholéra duXIXe siècle entre Metz et Thionville[25]. Lapolitique linguistique française après 1944, notamment dans l'enseignement, a également contribué au recul du « platt luxembourgeois » dans tout le territoire où il est traditionnellement parlé.
En 1983, l'aire linguistique du luxembourgeois s'étend encore jusqu'aux localités suivantes :Rédange,Russange,Volmerange-les-Mines,Nondkeil,Rochonvillers,Angevillers,Beuvange-sous-Saint-Michel,Volkrange,Veymerange,Saint-Pierre,Beauregard,Daspich,Ébange,Illange,Bertrange,Imeldange,Reinange,Schell,Vinsberg,Metzeresche,Hombourg,Ébersviller etHestroff[24].
EnLorraine, le platt luxembourgeois était unelangue vernaculaire dans le Nord de laMeurthe-et-Moselle[n 2] et plus précisément dans une partie dudistrict de Longwy en 1790[26], ainsi qu'à partir deMont-Saint-Martin jusqu'àVillerupt dans les années 1860[2]. Certains lieux-dits de ce territoire ont plus ou moins conservé une dénomination germanique[n 3]. Cette langue était également vernaculaire dans le Nord-Ouest du département de laMoselle, autour deThionville,Cattenom etSierck-les-Bains, sachant que celle-ci connait un lent déclin depuis 1945.
Une grande partie de l'aire linguistique du luxembourgeois qui est située en France représente l'ancienneprévôté luxembourgeoise de Thionville. Celle-ci est cédée auroyaume de France en 1659 dans le cadre dutraité des Pyrénées qui fait suite à laprise de Thionville par leduc d'Enghien et ses troupes en 1643. Laprévôté lorraine de Sierck, également située dans l'aire du luxembourgeois, est rattachée à la France par letraité de Vincennes en 1661.
Entre 1661 et 1789, le particularisme linguistique dubailliage de Thionville n'était pas ouvertement combattu, mais les actes officiels de la vie civile étaient dorénavant rédigés enfrançais[27].
Vers 1828,M.Teissier remarquait que l'idiome parlé dans les villages environnant Thionville était, selon lui, inintelligible avec« la langue de Wieland et de Goethe »[1], c'est-à-dire l'allemand standard. Quelques décennies plus tard,M.Bouteiller fit une remarque similaire concernant ce« patois allemand » usité dans l'arrondissement de Thionville, en particulier à propos de celui parlé dans lescantons limitrophes duGrand-Duché, en expliquant que ces différences caractéristiques se rapportent à une langue particulière, à cause de mots qui ne se trouvent pas dans l'allemand et de la prononciation de quelques voyelles et de quelques consonnes[2].
Les personnalités représentatives de cette zone linguistique en France, depuis les années 1970, ont été notammentDaniel Laumesfeld (musicien, écrivain),Jo Nousse (musicien, poète, enseignant) et Albert Piernet (ancien enseignant), ce dernier étant le fondateur de l'association franciqueHemechtsland a Sprooch en 1975[28] (une des premières en France), qui publiait une revue sous le même nom[n 4]. En 1979, Jean-Marie Becker fonda une association concurrente dénomméeWei laang nach ? (Jusqu’à quand ?)[28].
Dans les années 1980, à propos des Nord-Mosellans d'origine étrangère,Hemechtsland a Sprooch donne pour exemple un émigrépolonais rencontré àRussange« qui parlait le francique à la perfection »[29], ainsi qu'unNord-Africain marié à une femme duHeckepéi (dans les environs d'Oudrenne) qui avait« un francique irréprochable »[29].
AuXXe siècle, dans lescommunes luxembourgeoises qui sont limitrophes de la Moselle, lesLuxembourgeois surnommaient lesMosellans luxembourgophonesd'Koken[30], un terme à rapprocher ded'Goken qui signifie « les niais »[30]. De l'autre côté de lafrontière franco-luxembourgeoise, les Mosellans luxembourgophones surnommaient les Luxembourgeoisd'Kéiskäpp[30], qui signifie « les têtes de fromage » au sens littéral et « les gens bêtes » au sens figuré[30].
En 1824,M. Teissier indique que les habitants de l'arrondissement de Thionville « ne parlent qu'allemand » dans les quatre cinquièmes des communes[3]. D'après lerecensement INSEE de 1962, les cantons deCattenom et deSierck avaient chacun entre 60 et 80 % de locuteurs du francique luxembourgeois[31].
En 1982, une enquête réalisée par le sociolinguiste Daniel Laumesfeld sur 1 084 habitants dupays de Sierck, révèle que 48,2 % de la population a pourlangue maternelle oulangue seconde le francique luxembourgeois[32]. En se basant sur une autre enquête qu'il a faite en 1984,M. Laumesfeld estime qu'il y aurait entre 42 500 et 51 500 locuteurs du luxembourgeois dans la« zone luxembourgeophone » de laMoselle[16].
En 1990, leBureau européen pour les langues moins répandues estime que la France devait compter 40 000luxembourgeophones ; sachant que ce dernier mot s'écrit également « luxembourgophone(s) ».
Au début des années 2010, le luxembourgeois est réintroduit sous saforme standard dans l'arrondissement de Briey via la voie scolaire, dans quelques écoles[33]. Durant cette décennie, la langue luxembourgeoise est aussi enseignée via d'autres structures, comme lamairie duVal de Briey qui s'est transformée en école de luxembourgeois à raison d'un jour par semaine pendant2 h[34].
Tout cela sachant que 19 200 Meurthe-et-Mosellanstravaillaient au Luxembourg en 2010[35], chiffre qui est passé à 22 730 en 2016[35].
Une enquête diligentée en 1995 par l'Inspection académique de la Moselle révéla que424 familles (représentant491 élèves) de la commune deSierck et ses environs demandaient l'enseignement du francique luxembourgeois pour leurs enfants[36]. Une autre enquête de 2004, faite par la même inspection académique et concentrée sur quelques communes choisies, a recueilli les demandes de 60 % des parents d'élèves en faveur de l'enseignement de cette langue[36]. Un dispositif minimal d'une heure et demie par semaine d'enseignement du luxembourgeois, via l'option « langue et culture régionales », a été mis en place dans quelques communes seulement, là où les demandes étaient les plus fortes[36].
À partir de larentrée scolaire 1996-1997, l'enseignement de la langue fut effectif àRustroff,Berg-sur-Moselle,Ritzing,Launstroff, puis au collège de Sierck[37]. En, devant le refus de l’Inspection académique de répondre aux demandes parentales, la commune deRoussy-le-Village mit en place des cours de luxembourgeois[37]. Pour l'année scolaire 2005-2006, l’enseignement du luxembourgeois fut dispensé dans11 écoles des communes de :Montenach,Manderen,Kirsch-lès-Sierck, Rustroff,Merschweiller, Ritzing, Launstroff,Gavisse,Kœnigsmacker et Sierck[37]. Enfin, pour l'année scolaire 2013-2014, il fut également enseigné àRettel,Basse-Rentgen etThionville.
Concernant les enseignants,Joseph Nousse est le premierfonctionnaire de l'Éducation nationale à avoir enseigné le luxembourgeois à plein temps[38],[39].
| Communes | GS | CP | CE1 | CLIS ouIME | CE2 | CM1 | CM2 | 6e | 5e | 4e | 3e | 2de | 1re | Term. | Total Commune |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Sierck | 28 | 18 | 18 | 5 | 22 | 24 | 17 | 72 | 62 | 28 | 31 | 325 | |||
| Manderen | 11 | 11 | |||||||||||||
| Merschweiller | 15 | 6 | 21 | ||||||||||||
| Launstroff | 15 | 15 | 30 | ||||||||||||
| Ritzing | 10 | 13 | 23 | ||||||||||||
| Rustroff | 12 | 12 | |||||||||||||
| Montenach | 20 | 11 | 10 | 41 | |||||||||||
| Kirsch-lès-Sierck | 10 | 13 | 23 | ||||||||||||
| Rettel | 13 | 11 | 9 | 1 | 8 | 12 | 9 | 63 | |||||||
| Basse-Rentgen | 12 | 12 | |||||||||||||
| Thionville | 32 | 24 | 17 | 73 | |||||||||||
| Total niveau | 76 | 64 | 54 | 6 | 53 | 61 | 54 | 72 | 62 | 28 | 31 | 32 | 24 | 17 | Total : 634 |
Le luxembourgeois traditionnel deLorraine est différent duluxembourgeoisstandardisé[n 5], celui-ci peut même varier d'un village à un autre, sachant qu'il existe quelques localités qui forment à elles seules unezone dialectale à part entière, par exempleRussange etVolmerange-les-Mines :« le francique parlé à Russange ne se rattache à celui d'aucun village voisin. Comme le francique de Volmerange, il constitue en lui-même un ensemble dialectal bien à part »[40]. De ce fait, au début duXXe siècle les habitants de Russange se sont efforcés de parler comme dans les villages environnants et notamment comme àEsch-sur-Alzette, pour que l'on ne se moque pas de leur dialecte russangeois qui est trèsdiphtongué et qui inclut beaucoup d'archaïsmes[40]. Le parler francique de Russange s'est donc modifié au cours duXXe siècle et par ailleurs plusieurs mots du dialecte d'Esch-sur-Alzette existent aussi dans le dialecte deRédange[40].
Comparé à cela, il y a des zones dialectales beaucoup plus grandes, comme celle du« Sud-Est thionvillois », qui se compose d'une vingtaine de localités et qui a la forme d'un rectangle dont les coins sontBasse-Ham au Nord-Ouest,Veckring au Nord-Est,Guénange au Sud-Ouest etHombourg au Sud-Est[23]. Cependant, malgré la profonde unité linguistique de ce rectangle, certaines« différences sensibles » existent entre les localités. Par exemple, la diphtongue [ei] du luxembourgeois standard correspond la plupart du temps à un [e] long àYutz, à un [i] long àElzange, quant àMetzervisse c'est un [e] long pour certains mots, un [i] long pour d'autres et [ei] pour quelques autres[23].
Autre exemple de différence sensible concernant la zone linguistique de« l'Ouest thionvillois » : àVolkrange,Metzange etBeuvange-sous-Saint-Michel, les [a] brefs sont souvent prononcés /å/, c'est-à-dire presque comme un [o]ouvert[21] ; dans le pays de Thionville cette particularitéphonétique n'existe que dans ces trois lieux[21]. Ailleurs, la prononciation d'un [a] bref peut toutefois varier selon les locuteurs au sein d'un même village[41].
En outre, il n'y a que trois villages[n 6] de la région thionvilloise dans lesquels il existe leson dialectal/y/[42] et pas plus de six[n 7] dans lesquels il existe le son dialectal/ø/[42]. Sachant que ces deux sons s'écrivent respectivement avec les lettres "ü" et "ö" qui proviennent de l'alphabet allemand (de)[42] et que le luxembourgeois standard utilise parfois.
La finale-eren de la langue standard correspond à-ern dans certains dialectes locaux, exemples :réiern au lieu deréieren (remuer)[20],mompern au lieu demomperen (tuteurs)[43] etfuern au lieu defueren (conduire)[22].
Quand en luxembourgeois standard il y a des [ch] situés avant des [t] dans les mots, il semble assez fréquent que ces mêmes [ch] précédant des [t] n'existent pas dans lescommunes de la Moselle qui sont situées dans l'aire linguistique duluxembourgeois. C'est entre autres le cas pour :Cattenom, où l'on ditKniet au lieu deKniecht (valet)[44] ;Apach, où l'on ditNuet au lieu deNuecht (nuit)[22] ;Hettange-Grande, où l'on ditLiit au lieu deLiicht (lumière)[45] ;Kœnigsmacker, où l'on ditKneet et pasKniecht[46]. Il y a aussi des dialectes comme celui deRodemack où cette absence de [ch] avant [t] n'est pas systématique mais sporadique[47].
Enfin, comme ailleurs enMoselle germanophone, les communes qui sont proches de lafrontière linguistique ont dans leur dialecte des motsempruntés aufrançais ou aulorrain roman qui sont plus ou moins germanisés, des mots tels que :lappîn (lapin)[23],papijon (papillon)[23],disett (betterave)[23],châmpignân (champignon)[21], et cetera.
Il faut aussi signaler le dialecte deBasse-Yutz, qui se compose de plusieurs emprunts à l'allemand standard, car beaucoup d'Allemands ont habité cette commune à l'époque de l'Alsace-Lorraine (1871-1918)[48]. Il y a par ailleurs dans le dialecte deHaute-Yutz un certain nombre d'emprunts à l'allemand standard qui n'existent pas dans d'autres villages[48]. Quoi qu'il en soit, entre Basse-Yutz, Haute-Yutz etMacquenom, c'est à Basse-Yutz où il y a eu le plus d'emprunts à la langue allemande pendant la période de laLorraine annexée[48].
En luxembourgeois standard, l'accent tonique est souvent situé sur la premièresyllabe d'un mot ; en platt luxembourgeois de Lorraine c'est la même chose (comme le démontre le tableau ci-dessous). En l'occurrence ce n'est donc pas une spécificité différente mais commune.
| toponyme | emplacement de l'accent tonique |
|---|---|
| Munnowen | sur le [u], qui est bref[49] |
| Lemmeschtrëf | sur le premier [e], qui est bref[20] |
| Opéch | sur le [o], qui est long etfermé[22] |
| Engléngen | sur le premier [e][43] |
| Kaunfen | sur la diphtongue [au][50] |
| Metzerwis | sur le [i], qui est long[23] |
| Uderen | sur le [u], qui est long[20] |
| Réisséng | sur la diphtongue [éi][40] |
Dans l'aire linguistique du luxembourgeois située en Moselle, il existe 4 mots différents pour dire « papillon », ainsi que 44 variantes de ces 4 mots, ce qui fait donc au total 48 façons différentes de dire « papillon »[22]. Ceci temoigne du niveau de diversité de vocabulaire qui peut exister.
| dialecte d'Apach[22] | dialecte de Guentrange[51] | dialecte de Haute-Yutz[48] | dialecte d'Inglange[43] | dialecte de Rodemack[47] | dialecte d'Oudrenne[20] | français |
|---|---|---|---|---|---|---|
| seejhones | omess | ooblens | omensel | seejomes | seechomëssel | fourmi |
| erpel | eerpel | eerbet | beer | knëppelbir | bier | fraise |
| moort | maart | for[n 8] | maart | moaart | maart | marché |
| päipel | pipoul | päipampel | paipolter | päipolfer | paipolter | papillon |
| stëlper et mauerwolf | moulbot | maulwuurf | mauerwolf | mëulbech | mauerwolf | taupe |
| dialecte de Manom[49] | dialecte de Metzervisse[23] | français |
|---|---|---|
| eet | een | un |
| zwee | zwee | deux |
| dräi | drei | trois |
| véier | vir | quatre |
| fënnef | fënnef | cinq |
| sechs | sechs | six |
| siwen | siwen | sept |
| iet | eet | huit |
| néng | néng | neuf |
| zeen | zeen | dix |
Aussi, à Russange, on ne dit pasnéng etzeen maisning/niŋ/ etzing/tsiŋ/[40].
Dans huit localités[n 9] situées entre l'Ouest et le Sud de Thionville, à l'exception de quelques mots brefs, les [n] situés à la fin des mots disparaissent, cela quelle que soit leur position dans la phrase[21]. De ce fait, l'infinitif des verbes se termine par-e au lieu de-en, les pluriels sont en-e au lieu de-en, le diminutif-chen devient-che et concernant l'article définiden, il se réduit àde sauf si le nom suivant commence par une voyelle (car dans ce cas la liaison est faite)[21]. La spécificité concernantden est aussi une règle de la langue luxembourgeoise auGrand-Duché, si la lettre du mot suivant est soit a, d, e, h, i, n, o, t, u, ou encore z. Exemple :denHarespel qui veut dire en français « la guêpe ».
Ailleurs, la lettre finale [n] est inexistante dans lesparticipes passés, c'est entre autres le cas à : Oudrenne (dans tous)[20], Cattenom (dans certains)[44], Apach (dans tous)[22], Volmerange-les-Mines (dans quelques-uns)[42], Kœnigsmacker (dans tous)[46], Inglange (dans tous)[43], Haute-Yutz (dans certains)[48], etc. En outre, s'il y a un [e] avant le [n] en luxembourgeois standard, celui-ci disparait également et donc par exemplegefrien devientgefri (courtisé)[43],gedroen devientgedro (porté)[23], etc.
La prononciation de la lettre [r] dépend des mots et aussi des localités, elle est par exemple : parfoisvocalisée à Hettange-Grande après unevoyelle longue[45], presque toujours prononcée dans la gorge à Rodemack[47], toujours prononcée dans la gorge àSœtrich (comme le[r] français)[45], elle estroulée àMetrich[46] et, à Metzervisse, elle se vocalise en finale et parfois après une voyelle longue[23].
Il existe des cas plus complexes concernant cette lettre, comme dans le dialecte d'Inglange où d'une part le [r] est prononcé dans la gorge après une voyelle brève et après uneconsonne et d'autre part le [r] est vocalisé après une voyelle longue et en finale[43]. À Oudrenne, le [r] est vocalisé en finale et aussi quand il est situé entre une voyelle et une consonne. De plus, le [r] est roulé si c'est la première lettre d'un mot ou s'il est situé après une consonne[20].
Dans quelques localités, dont Manom et Cattenom, la finale-er se prononce/ɛʁ/ (comme le français « aire »). De ce fait, il y a entre autres le mot « frère » qui s'écritbruddär au lieu debrudder[49],[44] et le mot « hiver » s'écrivantwantär au lieu dewanter[49],[44]. Ailleurs, la finale-er est prononcée/əʁ/ ; par exemple le motbrouder (frère) se prononce/bʁoudəʁ/ à Rodemack[47], le motgleser (verres) est prononcé/ɡlēzəʁ/[Quoi ?] à Haute-Yutz[48], le motfanger (doigt) se prononce/fåŋəʁ/[Quoi ?] à Volkrange[21], etc. Enfin, comme déjà dit plus haut, dans certaines localités le [r] est vocalisé quand c'est la dernière lettre d'un mot, c'est-à-dire qu'il est prononcé/ɐ/. Par conséquent,brouder (frère) se prononce/broudɐ/ à Oudrenne[20],gäbber (menton) est prononcé/ɡɛbɐ/ à Kœnigsmacker[46],liwwer (chansons) se prononce/livɐ/ à Metzervisse[23], etc.
Dans la région de Thionville, plus on va versle Nord et plus il y a dediphtongues[43] ; à l'inverse, plus on va vers le Sud et moins il y en a. Par exemple, le dialecte deRodemack (au Nord) se compose de dix diphtongues[47] alors que celui deYutz (au Sud) n'en a que deux[47], sachant que le luxembourgeois standard se compose de huit diphtongues[47]. En outre, sur larive droite de laMoselle, plus on s'éloigne de cette rivière en allant vers l'Est et moins il y a de diphtongues[44].
À partir deGavisse, le Nord de la région thionvilloise est une« zone de diphtongaison intense »[44] ; mais dans le Sud de cette région, il y a une tendance très nette à lamonophtongaison, c'est-à-dire une réduction des diphtongues en unevoyelle longue et parfois même en une voyelle brève[51].
Il y a des diphtongues qui existent en Moselle mais pas en luxembourgeois standard : comme les diphtongues [ëu] (transcrite par /ę'u/)[47], [äe] (transcrite par /ēə/)[47] et [oa] (transcrite par /ǫā/)[47], existantes àRodemack mais pas en luxembourgeois standardisé ; sachant qu'en partant de Rodemack, la diphtongue [oa] est présente jusqu'àAngevillers[21] et que [ëu] existe dans 9 autres localités[n 10],[47] au minimum. Les diphtongues [öü] (transcrite /øy/)[42] et [ëü] (transcrite /ę'y/)[42] deVolmerange-les-Mines, n'existent pas non plus en luxembourgeois standard ; tout comme la diphtongue [ua] (transcrite par /uā/) de Russange[40], ou encore la diphtongue [oe] (transcrite par /ǭə/) existante à Œutrange[45], etc.
À l'inverse, il y a des diphtongues du luxembourgeois standard qui n'existent pas dans certaines localités de la Moselle : par exemple àVolkrange,Beuvange,Metzange,Manom,Guentrange,Veymerange,Œutrange etAngevillers, la diphtongue [au] du luxembourgeois standardisé correspond à un [o] bref dans ces 8 localités[21] et la diphtongue [ai] correspond à un [ë] bref dans ces mêmes lieux[21]. En outre, dans les dialectes deBreistroff-la-Grande et deBasse-Rentgen, il existe la voyelle longue [ö] qui correspond à la diphtongue [äu] du luxembourgeois standard[47]. Tout cela ne représente que quelques exemples parmi tant d'autres, puisque rien que dans la zone linguistique du Sud-Est thionvillois, il n'y a que deux diphtongues principales : [ai] et [au][23]. Elles sont principales car concrètement, si on prend pour exemple le dialecte deMetzervisse, celui-ci a principalement deux diphtongues : [ai] et [au], ainsi que les diphtongues [éi] et [ou] qui concernent uniquement un petit nombre de mots[23].
Pour mentionner également le cas de figure où une monophtongue du luxembourgeois standard correspond à une autre monophtongue en Moselle, la voyelle [o] de la langue standard se transforme en [u] àRédange,Russange,Nondkeil etRochonvillers[40]. Concrétement,schong devientschung (chaussure) ethong devienthung (poule), entre autres[40].
| dialecte d'Elange | dialecte de Guentrange | dialecte d'Œutrange | dialecte de Volkrange | dialecte de La Briquerie | dialecte de Saint-François | français | |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| [au] et [o] | hott | hott | hott | hott | haut | haut | aujourd'hui |
| [ei] et [ë] | d'Lëtt | d'Lëtt | d'Lëtt | d'Lëtt | d'Leit | d'Leit | les gens |
| [ue] et [o] | en Hues | en Hos | en Hues | en Hues | en Hos | en Hos | un lièvre |
| [ie] et [e] | en Iesel | en Esel | en Iesel | en Iesel | en Esel | en Esel | un âne |
| dialecte d'Entrange | dialecte de Kanfen | dialecte de Volmerange-les-Mines | dialecte de Zoufftgen | français | |
|---|---|---|---|---|---|
| [au] et [a] | kand | kaund | kaund | kaund | enfant |
| [ou], [öü] et [ö] | hous | hous | höüs | höös | maison |
| [ou] et [o] | hond | hound | hound | hound | chien |
| [oa] et [o] | boam | bom | bom | boam | arbre |
| dialecte de Thionville | dialecte de Lemestroff | dialecte de Breistroff-la-Petite | dialecte de Roussy-le-Village | dialecte de Basse-Ham | dialecte de Malling | français |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Fuss | Fouss | Fuss | Fouss | Fuss | Fouss | pied |
| Ku | Kou | Ku | Kou | Ku | Kou | vache |
| n.c. | Hout | Hutt | n.c. | Hutt | Hout | chapeau |
La forme dupronom de la première personne du singulier (je), semble être toujoursech ; mais pour les autres pronoms, leur forme varie selon les localités :
Il serait peut-être très long de mentionner toutes les variantes existantes depronoms possessifs, mais il faut au moins un exemple, ci-dessous :
| masculin | feminin | neutre | pluriel |
|---|---|---|---|
| mäin | méng | mäi | méng |
| däin | déng | däi | déng |
| säi | séng | säi | séng |
| hire | hir | hiirt | hir |
| ësen | ës | ëscht | ës |
| äre | är | äärt | är |
| hire | hir | hiirt | hir |
Lesverbesconjugués à la deuxième personne du singulier se terminent par la finale-scht[n 11], quel que soit letemps de conjugaison. Comparé au luxembourgeois standard, cela donne par exemple autemps présent :bascht[23] au lieu debass (être),hoscht[22] au lieu dehues (avoir),gëscht[44] au lieu degëss (donner),ëscht[51] au lieu deëss (manger), etc. Auprétérit, cela donne des formes verbales telles que :gongscht[51] au lieu degoungs (aller),guffscht[44] au lieu degoufs (donner) ethaatscht[22] au lieu dehas (avoir).
| dialecte d'Apach[22] | dialecte de Kanfen[50] | dialecte d'Oudrenne[20] | dialecte de Volmerange-les-Mines[42] |
|---|---|---|---|
| ech sën | ech séin | ech sin | ech sën |
| dëu bëscht | du bascht | dau bascht | dü bascht |
| heen as | heen as | heen as | heen as |
| mer sën | mär séin | mir sin | mir sën |
| der séid | där sid | dir séid | dir sid |
| se sën | si séin | séi sin | si sën |
| dialecte d'Apach[22] | dialecte de Guentrange[51] | dialecte de Kanfen[50] | dialecte d'Oudrenne[20] | dialecte de Volmerange-les-Mines[42] |
|---|---|---|---|---|
| ech hun | ech hu | ech houn | ech hun | ech houn |
| dëu hoscht | dou hooscht | du huescht | dau hoscht | dü hööscht |
| heen hott | heen hot | heen huet | heen hott | heen höt |
| mer hun | mär hu | mär houn | mir hun | mir houn |
| der hott | där hut | där huet | dir hott | dir höt |
| se hun | säi hu | si houn | séi hun | si houn |
| dialecte de Guentrange[51] | dialecte de Hettange-Grande[45] | ||||
|---|---|---|---|---|---|
| au présent | au prétérit | au conditionnel | au présent | au prétérit | au conditionnel |
| ech leie | ech lag | ech leeg | ech läien | ech lug | ech leg |
| dou leitscht | dou laagscht | dou leegscht | du läischt | du luugscht | du leegscht |
| hee leit | hee lag | hee leeg | hee läit | hee lug | hee leg |
| mär leie | mär lage | mär lege | mär läien | mär lugen | mär legen |
| där leit | där laagt | där leegt | där läit | där luugt | där leegt |
| säi leie | säi lage | säi lege | se läien | se lugen | se legen |
EnMoselle germanophone, jusqu'auXXe siècle, l'identité officielle des personnes était surtoutadministrative[52],[53]. Dans la région de Thionville, chaque famille portait un nom non officiel appeléBeinumm[n 12], qui était un surnom à l'origine parfois obscure[53] et chaque personne portait un prénom non officiel qui était une traduction francique de sonprénom français[54]. Quelquefois ce n'était pas une traduction du prénom officiel qui était porté, mais un autre prénom qui n'avait pas de rapport avec l'officiel ; par exemple une Célestine (prénom officiel) était mieux connue dans son village sous le prénom Kätt[55], qui est une forme courte de Kätrin (Catherine en français). Quoi qu'il en soit, dans leurscommunes respectives, les habitants étaient surtout connus par leur identité officieuse composée d'unBeinumm et d'un prénom francique[52],[53].
Par ailleurs, leBeinumm est employé sans suffixe quand il est employé sans le prénom de la personne, ce suffixe pouvant être :-s,-en ou-ssen[53]. En outre, lesmaisons avaient aussi un surnom francique et celui-ci devenait parfois leBeinumm des familles qui les habitaient[56]. Dans les années 1980, certaines personnes n'aimaient pas être appelées par leurBeinumm[57] ou ne voulaient pas que celui-ci soit connu à grande échelle[58]. À la fin duXXe siècle, la tradition duBeinumm avait quasiment disparue dans certaines localités où il ne restait plus que quelques familles qui en portaient un. C'est entre autres le cas pour Guentrange[51], pour Hettange-Grande[59] et pour Metzervisse[54].
Dans la liste non-exhaustive ci-après, tous ces prénoms ont été portés officieusement auXXe siècle par des personnes habitant dans l'aire linguistique du luxembourgeois de laMoselle. Certains sont desdiminutifs de prénoms, les autres sont des prénoms proprement dits ; à titre indicatif le suffixe-chen est un diminutif. Les prénoms incluant la diphtongue [éi] sont spécifiques à l'aire linguistique du luxembourgeois ; d'autres ne sont pas exclusivement franciques, par exemple Peter qui existe aussi enalémanique (entre autres).
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