Pour les articles homonymes, voird'Eaubonne.
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| Conjoint | Jacques Aubenque(d) |
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| Parentèle | David Dufresne (petit-fils) |
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Françoise d'Eaubonne, née Françoise Marie-Thérèse Piston d'Eaubonne le àParis 17e et morte le àParis 14e, est unefemme de lettresfrançaise,romancière,philosophe,essayiste etbiographe, militante écoféministe etféministe libertaire.
Françoise d'Eaubonne, née en 1920, est la troisième des cinq enfants d'Étienne Piston d'Eaubonne et de Rosita Martinez Franco. L'une de ses sœurs est l'écrivaineJehanne Jean-Charles.
Sa mère, fille d'un chefcarliste espagnol[3],[4], est l'une des premières femmes à poursuivre des études scientifiques à la faculté des sciences de Paris, où elle a suivi les cours deMarie Curie[5]. Ses parents se sont rencontrés auSillon[6], mouvement progressiste chrétien porté parMarc Sangnier. Son père, originaire de Bretagne, est issu d'une famille de grands voyageurs, comptant parmi ses ancêtres un navigateur anti-esclavagiste des Antilles. Il estanarchiste chrétien. Étienne d’Eaubonne est secrétaire général de compagnie d’assurance alors que Rosita-Mariquita Martinez y Franco interrompt sa carrière scientifique une fois mariée. Françoise d'Eaubonne est très tôt sensibilisée par sa mère aux inégalités vécues par les femmes[5].
L'enfance toulousaine de Françoise d'Eaubonne est marquée par le déclin physique de son père dû aux effets desgaz dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Écrivaine précoce, elle a 9 ans lorsqueColette publie deux de ses poèmes[7][source secondaire souhaitée]. A treize ans, elle remporte un concours littéraire avec un roman de 220 pages,Mireille, fille des montagnes[8],[9][source secondaire souhaitée]. Elle a seize ans quand éclate laguerre d'Espagne, dix-neuf ans quand elle voit arriver les républicains en exil.
Françoise d'Eaubonne entame en 1940 des études à laFaculté des lettres de Toulouse et à l'École supérieure des beaux-arts de Toulouse qu'elle doit interrompre au bout de quelques mois pour gagner sa vie. Tout en entrant en Résistance face au nazisme, elle publie ses premiers poèmes en 1942, etLe Cœur de Watteau, son premier roman en 1944[5]. De 20 à 25 ans, elle subit les privations propres à l'époque et rencontre à laLibération, dans une grande gare parisienne, les rescapés juifs de retour des camps. Elle résumera plus tard son sentiment sur cette période de sa vie sous le titre évocateur deChienne de jeunesse[7].
Elle reçoit en 1947 le Prix des lecteurs aucercle Interallié pour son romanComme un vol de gerfauts[10],[11].
À partir de 1945 et jusqu'en 1956, Françoise d'Eaubonne est membre duParti communiste français[12]. Proche deLaurent Schwartz, deVladimir Jankélévitch, deLucien Goldmann, elle se marie avecJacques Aubenque[5].
Cette jeunesse plaquée sur une personnalitéhypersensible la conduit à porter sur le monde un regard critique qui façonnera la militante radicale etféministe. En ce sens, la lecture duDeuxième Sexe deSimone de Beauvoir, en 1949, est déterminante. À la suite du scandale que suscite sa publication au sein du milieu intellectuel et littéraire de l'époque, Françoise d'Eaubonne soutient la philosophe, notamment face aux attaques deFrançois Mauriac,Henri Massis,Charles Du Bos etPaul Claudel[13]. Deux ans plus tard, elle prend sa défense en publiant l'essaiLe Complexe de Diane[5]. En 1953, elle devient membre du Conseil national des écrivains. Lectrice chez Julliard dans les années 1950, chezCalmann-Lévy au début des années 1960, et à la fin des années 1960 chezFlammarion, elle élève ses enfants, Indiana et Vincent, avec l'aide de sa famille[5].
Elle milite activement contre laguerre d'Algérie et en septembre 1960, signe leManifeste des 121, aussi appelé « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie »[14].
Cofondatrice duMouvement de libération des femmes (MLF) tout à la fin desannées 1960, signataire duManifeste des 343 pour le droit à l'avortement[15], le 5 mars 1971, elle organise le "commando saucisson" pour boycotter la conférence du professeur Lejeune, de l'association "Laissez les vivre" contre l'avortement[16]. Quelques jours après, elle lance leFront homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) avec l'écrivain et journalisteGuy Hocquenghem et Anne-Marie Grélois, Marie-Jo Bonnet en1971[3],[4], alors qu'elle est secrétaire de rédaction au Fléau social[17]. Au sein du MLF, elle anime également le groupe « Écologie et féminisme »[18]. À l'origine du mot « phallocrate » et du terme « écoféminisme » en1974[19],[20], elle fonde l'association Écologie-Féminisme en1978. Cette vie littéraire et militante se croise avec celles deViolette Leduc,Nathalie Sarraute[17],Colette,Jean Cocteau,Simone de Beauvoir, avec qui elle fut amie, et deJean-Paul Sartre.
Le 3 mai 1975, des militants ducommando Ulrike-Meinhof-Puig-Antich dont l'autrice Françoise d'Eaubonne, ont commis un attentat à l'explosif (sans faire de victime) sur le chantier de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) et ont ainsi provoqué un retard de plusieurs mois sur le chantier[21].
Amie deMichel Foucault, Françoise d'Eaubonne s'engage également pour le droit des prisonniers et contre lapeine de mort. Le 6 septembre 1976, elle se marie avec « le détenu Pierre Sanna, matricule 645 513, à Fresnes, condamné à vingt ans de prison pour un meurtre », condamné à tort selon elle, et l'annonce dans les colonnes du journalLibération[22] :
« En révolte contre laclasse dont je suis issue, je veux tourner contre elle les armes qu'elle me donne et détourner lesinstitutions qu'elle fait servir à l'oppression de classe et de sexe. J'épouse Pierrot [Pierre Sanna] parce qu'il n'a jamais baissé la tête, pour sesgrèves de la faim qui ont abîmé sans résultat sa santé […] ; pour avoir saisi, étant droit commun, la dimension politique de sa situation[23]. »
L'année suivante, elle figure aux côtés du comédienGuy Bedos et du chanteurYvan Dautin, à la tribune de laMutualité, pour demander l'abolition de la peine de mort[4].
En 1981, elle est co-solidaire de la publicationAvis de recherche consacrée au soutien des appelés insoumis au service militaire[24].
À partir de 1988, Françoise d'Eaubonne devient secrétaire générale deSOS Sexisme. Elle intervient comme critique littéraire sur Radio Mouvance[25], Paris Pluriel, Paris FM, Radio-Paris etRadio-Beur (1989).
Elle meurt à Paris le et est incinérée aucimetière du Père-Lachaise, à Paris[19].
Ses cendres sont dispersées dans la Baie de Quiberon (Bretagne), le 20 septembre 2005.
Ses archives sont conservées à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine[17].
L'autrice a publié une centaine d'ouvrages et écrit environ cent quarante, deColonnes de l'âme (poèmes,1942) àL'Évangile de Véronique (essai,2003) dans de nombreux genres littéraires : essais philosophiques, politiques (dontLe féminisme ou la mort) et sur la littérature , romans descience-fiction (dont le cycle du Losange), biographies de femmes célèbres ou inconnues, livres pour la jeunesse, romans historiques, poésies. Elle fut traduite de son vivant en 12 langues[8],[26][source secondaire nécessaire]
Elle est la grand-mère de l'écrivain-réalisateurDavid Dufresne[27].
En 2008, Caroline Goldblum entame une recherche en vue d'une thèse sur Françoise d'Eaubonne. Dans la deuxième partie des années 2010 émerge une volonté collective de faire vivre son œuvre et la prolonger, de nombreux livres de l'autrice sont réédités depuis, dontLe féminisme ou la mort[28] (préface Myriam Bahaffou et Julie Gorecki),Écologie/féminisme, révolution ou mutation ?[1] (préface Geneviève Pruvost),Le sexocide des Sorcières (préfaceTaous Merakchi), les trois livres duCycle du Losange (préface Élise Thiébaut).
En 2021, l'autriceÉlise Thiébaut publieL'amazone verte, le roman de Françoise d'Eaubonne[29]. En 2024, l'autriceManon Aubel lui consacre un film, primé, co-produit par France Télévision et Sancho and Co,Françoise d'Eaubonne, une épopée écoféministe[30]. De nombreuses artistes se saisissent de Françoise, dontVirginie Despentes,Béatrice Dalle etCasey dansTroubles en 2024, où elle fait partie des autrices sélectionnées dont elles disent les textes accompagnées par la musique de Zerö[31],[32].
Françoise d'Eaubonne est aujourd'hui traduite en anglais, espagnol, catalan, danois, italien, et à ce jour (février 2025), des travaux de traduction sont en cours en norvégien, brésilien et coréen.
Françoise d'Eaubonne a milité pour de nombreuses causes, notamment l'indépendance de l'Algérie et l'abolition de la peine de mort. Mais aussi, les droits des homosexuelles[33], la décroissance et la sortie du système capitaliste, contre le mariage[33], le nucléaire et la psychiatrisation[14].
Françoise d'Eaubonne est très tôt membre duMouvement de libération des femmes (MLF) en 1968. En son sein, elle anime le groupe « Écologie et féminisme », à une époque où peu de féministes s'intéressent alors à ce thème[34], puis fonde l'association Écologie-Féminisme en1978.
S'appuyant sur les théories deSerge Moscovici qui avait déjà théorisé une articulation historique et politique entreécologie et féminisme[35], elle est l'une des premières penseuses à postuler« que les hommes — le patriarcat — ont fait à la fois main basse sur le ventre des femmes et sur les ressources naturelles »[34]. Elle crée alors le mot « écoféminisme », qu'elle définit comme un nouvelhumanisme dont l'objectif n'est pas la prise de pouvoir par les femmes, mais« la gestion égalitaire d'un monde à renaître »[36].
En 1975, elle participe aux activités ducommando Ulrike-Meinhof-Puig-Antich en endommageant par deux charges explosives, avec son compagnonGérard Hof[14], le réacteur en construction de lacentrale nucléaire de Fessenheim provoquant le retard de plusieurs mois du chantier[33].
En mai 2022, inauguration duJardin des Belvédères - Françoise d'Eaubonne à Lyon[38]. En juillet 2024, création de l'Allée Françoise d'Eaubonne à Paris.
Parmi ses publications se trouvent des poèmes, des romans, des essais, des biographies. On y trouve notamment des « romans de science-fiction post-patriarcale », radicaux pour l'époque[34], et des romans érotiques.
Pamphlets (20 ans de mensonges, contreLongo Maï, ce qui déclencha une plainte en diffamation, une procédure de 14 années), traductions (poèmes d'Emily Brontë), édition critique des lettres deFlaubert, nombreuses préfaces, etc.
Elle laisse avant de mourir un impressionnant volume de souvenirs, sous le titreMémoires irréductibles, qui regroupePutain de jeunesse (antérieurement publié par son éditeur sous le titreChienne de jeunesse),Les Monstres de l'été,L'Indicateur du réseau etLes Feux du crépuscule, ce dernier inédit jusque-là.