Seul président à avoir effectué deuxseptennats complets, François Mitterrand détient le record de longévité à la présidence de la République française. Atteint d'uncancer de la prostate diagnostiqué dès 1981 mais gardé secret, il meurt quelques mois après son départ de l'Élysée où son ancien Premier ministre de la première cohabitationJacques Chirac lui succède.
Sa mère, Yvonne Lorrain, issue d'une famille de tradition républicaine, était la fille de Jules Lorrain, producteur vinaigrier,négociant en vins eteaux de vie et conseiller municipal de Jarnac (et petit-neveu par alliance du ministreLéon Faucher). François est le cinquième d'unefratrie de huit enfants. Il a trois frères :Robert (1915-2002),polytechnicien, administrateur de sociétés ;Jacques (1918-2009),général d'armée aérienne ; Philippe (1921-1992),exploitant agricole et ancien maire deSaint-Simon en Charente, et quatre sœurs : Marie-Antoinette (1909-1999) épouse Fernand Ivaldi, puis Pierre de Renoult, puis Pierre Gabriel Signard ;Marie-Josèphe (1912-1997) épouse Charles, marquis de Corlieu, puis Jean Wegmann ; Colette (1914-2004), épouse du capitaine Pierre Landry ; et Geneviève (1919-2006), épouse d'Eugène Delachenal, polytechnicien et banquier.
François Mitterrand en 1933. Il porte l'uniforme de l'école Saint-Paul d'Angoulême, dont le blason s'orne de roses.
François estbaptisé le à l'église Saint-Pierre de Jarnac[3]. Il grandit dans une famille fortunée, disposant de l'électricité dès 1922. Il fréquente l'école privée Sainte-Marie de Jarnac avec son frère Robert jusqu'en 1925. Cette année-là, François entre comme pensionnaire au collège privé d'enseignement catholique Saint-Paul d'Angoulême pour entamer des études secondaires. Il se révèle excellent en histoire, en géographie, en latin et en philosophie, et prend goût pour la littérature tandis que les mathématiques, la physique et l'anglais le rebutent. Il devient membre de laJeunesse étudiante chrétienne, structure étudiante de l'Action catholique. En 1933, un discours lui vaut de remporter le championnat de l'éloquence de son école ; il échoue au championnat régional[4].
Le, François Mitterrand participe à la manifestation de l'Action française contre les médecins étrangers autorisés à exercer enFrance, connue sous le nom de manifestation contre« l'invasionmétèque »[14] aux cris de« La France aux Français »[15]. Un temps critique littéraire, Mitterrand écrit dans laRevue Montalembert et dans le quotidienL'Écho de Paris d'Henri de Kérillis, proche duParti social français. Dans un article sur leQuartier latin, il regrette qu'il se soit laissé envahir par le « dehors » :« Désormais, le Quartier latin est ce complexe de couleurs et de sons si désaccordés qu'on a l'impression de retrouver cettetour de Babel à laquelle nous ne voulions pas croire »[16].
Dans son compte-rendu d'une conférence deMarcel Griaule publié dans l'Echo de Paris le, il met en garde contre« le danger de voir les masses indigènes se lever contre les colonisateurssi l'Éthiopie l'emportait »[10]. Alors qu'il cherchera par la suite à s'inventer un engament à gauche dès 1935[17],[18], François Mitterrand est photographié lors du plus important chahut contre le professeur de droitGaston Jèze, le, dont les cours sont perturbés par des étudiants nationalistes, farouches défenseurs de la colonisation, depuis queJèze a défendu l'Ethiopie à la tribune de laSDN en, en tant que conseiller juridique de l'empereur d'ÉthiopieHaïlé SélassiéIer[19]. Dans l'Echo de Paris du, Mitterrand qualifie ces manifestations de« glorieuses journées de mars »[20]. Mitterrand se serait inquiété de l'expansionnismenazi lors de l'Anschluss dans l'un de ses articles pour laRevue Montalembert[21]. Si son engament pro-colonial à l'unisson de l'extrême-droite est établi, Mitterrand reste éloigné du concept de racisme biologique[22]. Il cultive par la suite des relations d'amitiés ou de famille avec des membres de laCagoule, mais selonHenry Rousso etPierre Péan, ces liens ne traduisent pas une connivence idéologique[23].
D'une relation extra-conjugale avecAnne Pingeot, conservatrice de musée, François Mitterrand a eu une fille :Mazarine Pingeot, née le, àAvignon, qu'ilreconnaît le devant notaire[28]. Après avoir obtenu sonagrégation de philosophie, elle a commencé une carrière d'enseignante puis est devenue écrivain et chroniqueuse de télévision.
Par ailleurs, Hravn Forsne, militant politiquesuédois né en 1988, affirme, dans un entretien publié dans un journal suédois le, être le fils biologique de François Mitterrand[29],[30]. Sa mère, la journaliste suédoiseChristina Forsne, avait évoqué, dans un livre paru en 1997, la liaison qu'elle aurait eue avec l'ancien chef de l'État français[31],[32].
À partir de 1988, François Mitterrand entretient une liaison avec Claire, une étudiante en droit et militante socialiste, de 50 ans sa cadette, qu'il reçoit de nombreuses fois à l'Élysée[33].
À la suite de ladéclaration de guerre du, François Mitterrand est mobilisé sur laligne Maginot[34]. Le, en tant que sergent-chef, il est blessé à l'omoplate droite ; après avoir été soigné, il est fait prisonnier par les Allemands le. Après dix-huit mois dans lestalag IX A de Trutzhain et austalag IX-C(en) deBad Sulza et deux tentatives d'évasion infructueuses, il s'évade en décembre 1941 et rentre en France[35].
Inaugurée par le maréchal Pétain à Vichy en 1942, l'une des « Maisons du prisonnier » lancées parMaurice Pinot, commissaire général au reclassement des prisonniers de guerre[36].
En, bien que recherché par les Allemands en tant qu'évadé, après un séjour chez les Sarrazin àMantry[37], puis chez les Levy-Despas àSaint-Tropez, il travaille à laLégion française des combattants et des volontaires de la révolution nationale en tant qu'agent contractuel dugouvernement de Vichy puis, à partir de juin, au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre, où il est chargé des relations avec la presse et où il favorise la fourniture de faux papiers pour aider les évasions[38]. En, il participe à des réunions auchâteau de Montmaur, où sont jetées les premières bases de son réseau deRésistance[39]. C'est Antoine Mauduit, ancien prisonnier de guerre arrivé à Vichy en mai, qui est à l'origine de ce rassemblement de Montmaur baptisé « la Chaîne », ouvert à des résistants de tendances et origines diverses[40].
Membres du Commissariat général au reclassement des prisonniers de guerre, François Mitterrand (à droite) et Marcel Barrois (au centre) sont reçus en audience par le maréchalPétain le.
Le, François Mitterrand est reçu par lemaréchal Pétain, avec plusieurs responsables du Comité d'entraide aux prisonniers rapatriés de l'Allier ; une photographie témoigne de cette rencontre compromettante, qu'aucun des futurs adversaires de François Mitterrand (De Gaulle, Pompidou, Giscard et Chirac) n'a utilisée à des fins politiques[41],[42]. Le, en représailles audébarquement des Alliés en Afrique du Nord trois jours plus tôt, les Allemandsenvahissent la zone libre. Cet événement va inciter Mitterrand à entrer plus fermement dans la Résistance et à rejeter les positions du gouvernement de Vichy[43].
En, Mitterrand démissionne du Commissariat, à la suite du remplacement deMaurice Pinot par André Masson, partisan de la Collaboration. Il conserve cependant un poste à la tête des centres d'entraides. Il se met également en relation avec lesChantiers de jeunesse, une organisation de service national créée en zone Sud par Vichy après l’armistice, et avec les Compagnons de France, une association essentiellement destinée aux adolescents[43].
Au cours des réunions de février 1943 à Montmaur avec les membres de « la Chaîne »[44], Mitterrand fait valoir ses arguments donnant priorité aux anciens prisonniers, en l’occurrence empêcher leur récupération parPierre Laval, s’opposant ainsi àMichel Cailliau (le neveu dugénéral de Gaulle), partisan d'une lutte armée immédiate. Le conflit entre les deux hommes persistera[45].
Plusieurs membres du réseau Mitterrand-Pinot sont, en pratique, membres de l'ORA. François Mitterrand lui-même est considéré par le service Action de l'organisation comme un de ses membres. Plusieurs actions sont décidées en commun entre des dirigeants de l'ORA et des dirigeants du RNPG et exécutées par des militants des deux mouvements[47].
En, Mitterrand rencontreHenri Frenay et le convainc de travailler avec lui. Grâce à Frenay, la Résistance intérieure soutient François Mitterrand contre Michel Cailliau[48]. Mitterrand se retrouve ainsi au cœur d’un réseau d’influence qui comprenait l’ORA, Maurice Pinot et ses partisans, les Chantiers, les Compagnons, et les centres d’entraide, tandis que Michel Cailliau, en rupture avec « la Chaîne » de Montmaur, lance son propre réseau appelé leMouvement de résistance des prisonniers de guerre et des déportés (MRPGD)[49].
Cependant, la date du, lors de sa rencontre avec le gaullistePhilippe Dechartre, sera un tournant dans son adhésion à la Résistance. Selon Philippe Dechartre, la rencontre du fut organisée, car :« il y avait trois mouvements [de Résistance :] […] le mouvement gaulliste, le mouvement communiste et un mouvement né des Centres d’entraide […] donc on m’a confié [à Philippe Dechartre] la mission de préparer ce qu’on appellerait ensuite la fusion [des trois mouvements] »[50].
SelonJean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire duBureau central de renseignements et d'action (BCRA) à l'époque,« c'était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu'il a été proposé pour la Francisque, nous avons parfaitement été tenus au courant ; nous lui avions conseillé d'accepter cette “distinction” pour ne pas se dévoiler. »[55] Pour lui, comme d'autres résistants qui travaillent pour Vichy, commeBernard de Chalvron,Raymond Marcellin ou encoreMaurice Couve de Murville, accepter cette distinction constitue une couverture idéale[56],[c].
L'activité du RNPG se déplace, au cours de l'année 1943, de la fourniture de faux papiers vers la fourniture de renseignements à la France libre. Selon Pierre de Bénouville,« François Mitterrand avait réussi à mettre sur pied un véritable réseau de renseignement dans les camps. Grâce aux prisonniers de guerre, nous avons pu prendre connaissance d'informations, parfois décisives, sur ce qui se passait derrière les frontières ». Philippe Dechartre a aussi confirmé l'importance du RNPG comme réseau de renseignement[59].
Le, François Mitterrand et le militant communiste François Pyatzook sont les auteurs d'un coup d'éclat lors d'une grande réunion publique à Paris, salle Wagram, consacrée à la « relève » des prisonniers par les ouvriers. Au moment où André Masson flétrit la « trahison des gaullistes », François Mitterrand l'interpelle de la salle et lui dénie le droit de parler au nom des prisonniers de guerre, qualifiant la relève d'escroquerie. François Mitterrand n'est pas arrêté, sa fuite ayant été facilitée par François Pyatzook[60].
C'est au mois de que François Mitterrand passe à la clandestinité, après que son appartement rue Nationale à Vichy a fait l'objet d'une descente de laGestapo[5] qui perquisitionne son domicile en son absence et y interpelle deux membres du réseauMitterrand-Pinot qui sont envoyés en déportation dont l'un, le logeur M. Renaud, ne reviendra pas[61],[62]. Un peu plus tard dans la journée, prévenue par un membre du réseau qui a pu s'échapper, l'épouse du colonel Pfister, dirigeant de l'Organisation de résistance de l'armée, fait remonter Mitterrand dans son train, engare de Vichy, arrivant de Paris, car la Gestapo l'attend[63].
En, il se rend clandestinement par avion le 15 àLondres[64],[65],[66],[67] puis àAlger, où il rencontre le général de Gaulle[68], legénéral Giraud etPierre Mendès France. La rencontre fut âpre, de Gaulle demande que les organisations de prisonniers fusionnent sous l'égide de MRPGD, seule condition pour recevoir matériel et argent.« Contre Caillau, Mitterrand va finir par l'emporter à l'issue de cette réunion de Montmaur. Au neveu du Général qui réclame un plan global de résistance, il réplique que « ce n'est pas le moment »[69].
De Gaulle, relatant son entrevue avec Mitterrand à Alger à l'hiver-, dit :« Il avait travaillé pour Vichy avec tant de zèle que ça lui avait valu la francisque. Il était entré dans ce corps d'élite. Voyant que ça allait mal tourner, il a voulu se dédouaner en entrant dans un réseau. [...] Mitterrand m'a demandé de lui confier la direction d'un réseau Charette, qui marchait très bien sans lui. Je n'avais pas envie de risquer de mettre un agent double dans un mouvement de résistance ». L'anecdote est rapportée en parAlain Peyrefitte dans le deuxième tome deC'était de Gaulle[70] relatant son expérience deministre de l'Information en- sous laprésidence du général de Gaulle. Lorsque Peyrefitte rappelle à de Gaulle que Mitterrand a été ministre dans le gouvernement de la Libération, de Gaulle répond :« C'est faux ! Un mensonge de plus ! C'est un imposteur ! Il a été nommé secrétaire général à titre intérimaire »[71].De Gaulle appréciait peu Mitterrand et n'hésitait pas à le dénigrer, déformant volontairement la réalité des faits[réf. nécessaire].
Le,Henri Frenay écrit àMichel Cailliau qu'il se« porte personnellement garant » de François Mitterrand, et que le général de Gaulle partage son point de vue. SuivantPhilippe Dechartre, c'est alors qu'il est toujours en Angleterre que le fonctionnaire vichysteJean-Paul Martin, en accord avecRené Bousquet, le fait prévenir des risques imminents d'arrestation qui pèsent sur lui à son retour, la Gestapo l'ayant repéré[72].
De retour en France, François Mitterrand participe au gouvernement des secrétaires généraux voulu par legénéral de Gaulle avant l'installation du gouvernement provisoire àParis. À partir de, il dirige leMouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD) qui unifie tous les réseaux de résistance de prisonniers de guerre. En, il est nommé au sein du gouvernement provisoire secrétaire général aux Prisonniers, Déportés et Réfugiés (PDR), correspondant du ministreHenri Frenay dans l'attente de son retour de Londres[73]. Enaoût 1944, Mitterrand participe à lalibération de Paris, où il participe à la prise du Commissariat général aux prisonniers de guerre et refuse le poste de secrétaire général PDR lorsque Frenay prend la tête du ministère le 2 septembre[73]. Il est alors élu Président du MRPGD[73]. Le, il épouse la résistanteDanielle Gouze à l'église Saint-Séverin, avec Jean Munier,Roger-Patrice Pelat, Henri Frenay etChristine Gouze comme témoins[74].
À son poste de secrétaire général des Prisonniers et des Victimes de guerre, il intervient en faveur de l'écrivainRobert Gaillard, qu'il a connu en captivité[75].
En, François Mitterrand accompagne le général Lewis comme représentant de la France pour la libération des camps deKaufering et deDachau, à la demande du général de Gaulle[76]. C'est là, en compagnie de Pierre Bugeaud, qu'il découvre,« par un hasard providentiel »[77],Robert Antelme, mari de son amieMarguerite Duras, à l'agonie, atteint du typhus. Les mesures sanitaires interdisant de l'évacuer, il organise le transfert de cet ancien membre de son réseau. Rétabli, celui-ci sera l'auteur d'un livre important sur la déportation :L'Espèce humaine[78].
En 1945, François Mitterrand etAndré Bettencourt apportent un témoignage en faveur du fondateur du groupeL'Oréal, mais aussi collaborateur et ancien financier dela Cagoule,Eugène Schueller[79]. François Mitterrand est alors brièvement engagé comme président-directeur général des Éditions du Rond-Point et directeur du magazineVotre Beauté appartenant au groupe fondé par Schueller[80].
François Mitterrand, ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre (février 1947).
En 1950,René Pleven le nomme ministre de l'Outre-Mer. Il est partisan de l'instauration d'une union franco-africaine où les territoires d'outre-mer jouiraient d'une autonomie négociée et librement consentie et s'efforce d'améliorer le sort des Africains, encore soumis à un régime très dur. Il est alors traité de « bradeur d'empire » : il s'attire dès cette époque une vive hostilité de la part des colons et duRPF, le parti gaulliste de l'époque, qui s'exprime notamment par la voix deJacques Foccart,Édouard Frédéric-Dupont etMaurice Bayrou[89],[90]. Missionné par René Pléven, il négocie avecFélix Houphouët-Boigny pour le convaincre de détacher son parti leRassemblement démocratique africain du parti communiste auquel il est apparenté et détendre ainsi les rapports avec l'administration française[91]. Lors des élections législatives de 1951, le RDA présente une liste commune avec l'UDSR. Afin de consolider cette politique libérale, François Mitterrand relève le gouverneur Laurent Péchoux, qui avait été nommé par son prédécesseurPaul Coste-Floret pour démanteler le RDA. François Mitterrand s'aliène alors leMRP[92].
En août 1951, leMouvement républicain populaire obtient de René Pleven que François Mitterrand quitte le ministère de l'Outre-Mer. Ne faisant plus partie du gouvernement, François Mitterrand, réélu à l'Assemblée le, devient président du groupe parlementaire et renforce son influence sur l'UDSR, et obtient l'élection, au poste de secrétaire général, d'un de ses partisans,Joseph Perrin. Pour autant, il conserve sa loyauté à René Pleven, resté président du Conseil[93].
Du 20 janvier au, François Mitterrand estministre d'État sous legouvernement d'Edgar Faure. Il est chargé du dossier tunisien et esquisse un plan d'autonomie interne. Mais le gouvernement est renversé six semaines seulement après sa formation. Les libéraux en matière coloniale (c'est-à-dire ceux qui refusent la répression systématique et prônent l'égalité des droits entre colons et colonisés, puis l'autonomie, voire l'indépendance si elle est réclamée avec force par la population et un interlocuteur crédible) sont provisoirement écartés du pouvoir[94],[95].
Après la formation dugouvernement d'Antoine Pinay, François Mitterrand critique la participation systématique de l'UDSR aux gouvernements et demande un recentrage à gauche. Il dénonce à l'Assemblée la politique répressive du gouvernement et défend avec vigueur le droit des Tunisiens à l'autonomie[96].
Il intègre avec une centaine de personnalités le « manifeste France-Maghreb » présidé parFrançois Mauriac, rendu public le demandant que« soient mis en œuvre tous les moyens légaux pour que les principes des droits de l'homme soient appliqués sans distinctions en Afrique du Nord »[97],[98].
Le, l'investiture dePierre Mendès France est rejetée, n'obtenant que 301 voix sur les 314 requises[99]. C'est un revers pour François Mitterrand qui s'était rapproché de Mendès France — à qui il confie la préface de son livre à paraître enAux Frontières de l'Union française. Indochine-Tunisie — et sa volonté de négocier pour mettre un terme à laguerre d'Indochine, en opposition à la ligne du président de l'UDSR, René Pleven[100]. L'impopularité de cette guerre sera une raison de sa prise de la présidence deUDSR le[101],[102]. François Mitterrand le défait alors par 402 mandats contre 337[103].
Alors qu'il déclarait le à la tribune d'un congrès de l'UDSR« Je ne puis imaginer que chacun de nos territoires puisse être amené à se gérer lui-même », François Mitterrand admet en 1953 dans son livre qu'il faut renoncer à poursuivre la guerre en Indochine, il souhaite consolider l'empire colonial français en Afrique, allant même jusqu'à conditionner l'intégration européenne au fait que celle-ci intègre l'Union française[104].
Plus généralement, l'élection de François Mitterrand marque une évolution de l'UDSR vers des positions plus à gauche. Le nouveau président du parti« se positionne dès lors pour atteindre l'hôtel Matignon »[106]. Il soutient alors une ligne libérale (mais déjà commune à cette époque) pour l'outre-mer : arrêt de la guerre d'Indochine, constitution d'un ensemble franco-africain, fédéral puis confédéral[107] (ce qui revient à accorder l'autonomie, voire l'indépendance-association aux territoires colonisés).
Dans la tourmente de la guerre d'Algérie (1954-1958)
En 1954, il est nomméministre de l'Intérieur dans legouvernement Mendès France, formé en juin, qui met fin à laguerre d'Indochine par lesaccords de Genève du 21 juillet et reconnaît l'autonomie interne de laTunisie par lediscours de Carthage du 31 juillet. François Mitterrand est alors opposé à l'indépendance de l'Algérie. Ses tentatives de muter le gouverneur général Léonard et le directeur de lamosquée de Paris, puis d'augmenter leSMIG d'Algérie, rencontrent l'hostilité des colons et de l'administration[108],[109]. En septembre, il est l'objet de rumeurs malveillantes dans le cadre de l'affaire des fuites. Il s'avère que Mendès France a fait faire depuis deux mois une enquête discrète par son directeur de cabinet,André Pélabon, sur des fuites ayant eu lieu au Comité supérieur de la Défense nationale ; le président du Conseil n'en a informé ni son ministre de l'Intérieur ni son ministre de la Défense nationale[110],[111]. Deux hauts fonctionnaires seront condamnés pour trahison.
Du 19 au, il se rend en Algérie, où il rencontre une nette hostilité de la part des partisans de l'Algérie française[112]. Le, à la tribune de l'Assemblée nationale, alors que les premiers conflits de laguerre d'Algérie éclatent, il déclare :« La rébellion algérienne ne peut trouver qu'une forme terminale : la guerre. », puis« L'Algérie, c'est la France. »[113]
En, le gouvernement annonce une forte augmentation des investissements sociaux en Algérie dans l'agriculture et l'éducation, et entend préparer« l'égalité des citoyens […] des chances égales à tous ceux, quelle que soit leur origine, qui naissent sur le sol algérien[114]. » François Mitterrand, ministre de l'Intérieur, autorise alorsGermaine Tillion à mener une enquête dans la zone d'insurrection, afin, entre autres, de signaler les éventuelles exactions policières[115]. En accord avec le président du Conseil, il fusionne la police d'Alger avec celle de Paris. Les décrets du, qui mettent fin à l'autonomie de la police d'Algérie, contribuent à permettre la mutation de deux cents agents soupçonnés d'actes detorture ou de l'avoir encouragée. Parmi eux, le directeur desRenseignements généraux d'Alger[116]. Les députés conservateurs en matière coloniale critiquent fermement cette décision. D'après François Mitterrand, la suppression de ce« système détestable » est à l'origine de la chute du gouvernement Mendès France, un mois plus tard (lettre à Pierre Mendès France,)[117]. En tout état de cause, le sénateurHenri Borgeaud, porte-parole des pieds-noirs, avait ainsi menacé :« Si vous fusionnez les polices, nous voterons contre votre gouvernement »[118].
L'Assemblée nationale ayant été une nouvelle fois dissoute, il mène campagne dans laNièvre et conserve son siège lors desélections du. Un mois plus tard, il est nommégarde des Sceaux dans legouvernement Mollet. François Mitterrand participe aux travaux du gouvernement, qui accorde l'indépendance à la Tunisie et au Maroc, l'autonomie à l'Afrique noire. Sur la question algérienne, il critique fermement (en privé[119],[120]) la dérive répressive qui suit l'échec de la tentative de libéralisation, en février 1956. Toutefois, c'est lui qui est chargé par le Conseil des ministres de défendre le projet de loi remettant les pouvoirs spéciaux à l'armée[121]. Il donne systématiquement son aval, en tant que garde des Sceaux, aux nombreuses sentences de mort prononcées par les tribunaux d'Alger contre des militants de la lutte pour l'indépendance, notammentFernand Iveton, membre duParti communiste algérien (PCA), guillotiné à Alger le. Sous son ministère, quarante-cinq militants algériens sont condamnés à mort de manière souvent expéditive[122] pour lesquels Mitterrand ne donne que sept avis favorables à la grâce, refusant de gracier dans 80 % des cas connus, six avis étant manquants[123]. Les témoins cités par son biographeJean Lacouture décrivent un homme profondément hésitant. Cependant, au risque de s'exposer à l'accusation d'avoir couvert, voire encouragé des pratiques renouvelées de celles de laGestapo et relevant pour le moins du crime de guerre, il reste au gouvernement, car il veut accéder à la présidence du Conseil, où ses pouvoirs seraient plus importants[124].
D'autre part, comme garde des Sceaux dugouvernement Mollet (de février 1956 à juin 1957), en rédigeant et faisant adopter la loi de mars 1956 qui donnait tous pouvoirs aux militairesen matière de justice sur le sol algérien, François Mitterrand a créé les conditions légales de la torture en Algérie[125], dans le temps oùBourgès-Maunoury, son collègue au ministère de la Défense nationale, ferme partisan d'une solution militaire, faisait instituer[126] lestechniques contre-insurrectionnelles inspirées parLacheroy etHogard qui permirent augénéral Massu, assisté ducolonel Trinquier, de gagner labataille d'Alger (janvier à octobre 1957)[127].
Après la démission deGuy Mollet, François Mitterrand refuse de participer à un gouvernement, à moins de le diriger. Il n'y parvient pas, bien que le présidentRené Coty ait sérieusement envisagé de faire appel à lui.
Le, il refuse de voter la confiance àCharles de Gaulle, expliquant ainsi son vote :
« Lorsque, le, le général de Gaulle s'est présenté devant l'Assemblée consultative provisoire issue des combats de l'extérieur ou de la Résistance, il avait près de lui deux compagnons qui s'appelaient l'honneur et la patrie. Ses compagnons d'aujourd'hui, qu'il n'a sans doute pas choisis, mais qui l'ont suivi jusqu'ici, se nomment le coup de force et la sédition. […] En droit, le général de Gaulle tiendra ce soir ses pouvoirs de la représentation nationale ; en fait, il les détient déjà du coup de force[129]. »
En, il appelle à voternon auréférendum sur laConstitution, qui est néanmoins adoptée à une très large majorité, puis promulguée le.
En octobre 1959, a lieu l'attentat de l'Observatoire dans lequel François Mitterrand est mis en cause et qui le mène, après la levée de sonimmunité parlementaire[131], à être inculpé le9 décembre pouroutrage à magistrat au motif d'avoir caché à la justice ses rencontres avecRobert Pesquet[132], l'auteur de l'attentat et après que, dans une nouvelle version qu'il donne au juge d’instruction, il révèle que Pesquet, devant participer directement à l'attentat, lui aurait suggéré un attentat manqué[133]. La loi d'amnistie de1966 met fin à la procédure.
Il effectue en 1961 un voyage enChine où il rencontreMao Zedong.
Le, François Mitterrand est appelé à témoigner à décharge au procès dugénéral Salan parJean-Louis Tixier-Vignancour. Le témoignage de Mitterrand porta sur l'« affaire du bazooka », tentative d'assassinat perpétrée contre le général Salan le et qui avait fait un mort, le colonel Rodier. Mitterrand appuya la thèse de Salan à propos du complot gaulliste fomenté (plus ou moins indirectement, c'est selon) parMichel Debré (d'autres personnalités commeRoger Frey etAlain Griotteray furent aussi citées comme prenant aussi plus ou moins part au complot). Cette thèse du complot gaulliste fomenté directement par Debré fut reprise par Mitterrand dans un éditorial duCourrier de la Nièvre. Les auteurs et commanditaires de l'attentat, Philippe Castille, Michel Fechoz et René Kovacs notamment, avaient motivé leur action par la nécessité de remplacer le général Salan, considéré avecPierre Mendès France comme le liquidateur de l'Indochine, par un général authentiquement favorable à l'Algérie française. Pour François Mitterrand,« Raoul Salan garde le droit de récuser certains de ses accusateurs qui, pour corriger la maladresse de l'avoir manqué, firent de lui plus tard son complice dans les événements de mai 1958 qui ramenèrent le général de Gaulle au pouvoir ». Une partie de la gauche s'en prit alors à Mitterrand, lui reprochant d'être intervenu dans un règlement de comptes au sein de la droite française, d'avoir été jusqu'à saluer Salan dans son box et d'avoir pris place au milieu de ses partisans.
Conscient des divisions de la gauche et de la difficulté de se placer en chef de file (Paris égaré par ses intellectuels de gauche)[135], François Mitterrand décide de concentrer ses attaques contre l'image même du général de Gaulle, image renforcée, en particulier, par son célèbreappel du 18 Juin. En effet, François Mitterrand craignait que l'image de De Gaulle, bien ancrée dans l'opinion, réduise ses chances dans une élection au suffrage direct, même avec une gauche rénovée.
En outre, la séparation des pouvoirs et les domaines réservés prévus par la Constitution en cas de cohabitation conduisent François Mitterrand à radicaliser sa position.
D'où l'agressivité vis-à-vis du chef de l'état, qu'il manifeste en 1964 lorsqu'il précise :« qu'il importe que l'opposition s'affirme sans accommodement. Il n'y a d'opposition qu'inconditionnelle dès lors qu'il s'agit de substituer un système de gouvernement à un autre. Retoucher, aménager, corriger le pouvoir absolu c'est déjà composer avec lui, c'est mimer l'opposition de Sa Majesté qui, autant que la majorité, participe au régime qui le soutient. »[136]
En 1965, bien que représentant d'une petite formation politique (la CIR), il est le candidat unique de la gauche à l'élection présidentielle[137]. Il axe sa campagne sur le changement comme l'indique sonslogan de campagne :« Un président jeune pour une France moderne ». Son résultat semble inespéré (en seconde position avec 31,78 % des suffrages), tout comme celui du candidat centristeJean Lecanuet (15 % des suffrages). Les sondages donnaient à l'époque Charles de Gaulle, largement réélu au premier tour avec 66 % et 75 %[138]. François Mitterrand reçoit alors l'appui pour le second tour de toute la gauche, mais aussi du conservateur modéréPaul Reynaud[139],[140] et d'une partie de l'extrême droite :Jean-Louis Tixier-Vignancour et des partisans de l'OAS. Au soir du second tour, Mitterrand est battu avec le score de 44,80 % des suffrages contre 55,20 % au général de Gaulle[141].
Fort de ce résultat (peu de gens pensaient initialement que de Gaulle pouvait être mis en ballottage), il prend la tête de laFédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui regroupe les petits partis de la gauche non communiste (essentiellement laSFIO, le Parti radical, la CIR et divers clubs). Il forme également le premiercontre-gouvernement en France, en1966, expérience qui ne dure qu'un an. Auxélections législatives de, le scrutin uninominal à deux tours et la nouvelle disposition qui relève le seuil et élimine du second tour tous les candidats n'ayant pas obtenu au premier tour au moins 10 % des inscrits, favorisent la majorité sortante face à une opposition hétéroclite (PC, PS et centristes deJacques Duhamel) et désunie. Mais avec 194 sièges, l'ensemble des partis de gauche (FGDS, Parti communiste) parvient à gagner 63 sièges, le Parti communiste restant la principale force de gauche avec 22,5 % des suffrages[142].
Néanmoins, la coalition gouvernementale est reconduite avec une majorité réduite à un seul siège à l'Assemblée nationale (247 sièges sur 487, dont 231 sièges en métropole). En métropole, au premier tour, l'ensemble de la gauche (FGDS,PSU, PCF) obtient même plus de voix que les seuls partis gouvernementaux gaullistes et giscardien (46 % contre 42,6 %), alors que leCentre démocrate de Duhamel recule de trois points à 7 % des voix. Mais avec le taux exceptionnel en France de 38 % des suffrages (en hausse de deux points par rapport au précédent scrutin), l'Union pour laVe République reste le premier parti de France[143].
Le, il déclare :« il convient dès maintenant de constater la vacance du pouvoir et d'organiser la succession ». Cette déclaration est faite la veille du départ du général de Gaulle, parti consulter le généralMassu enAllemagne[144]. Il propose le nom de Mendès France pour former le gouvernement provisoire et annonce qu'il est candidat à la présidence de la République, au cas où une élection anticipée aurait lieu. De Gaulle a en effet annoncé qu'il organiserait un référendum, et qu'il démissionnerait si le « non » l'emportait (une idée à laquelle le général a finalement renoncé).
Lediscours du 30 mai de De Gaulle réplique de façon sèche. Les élections législatives anticipées de juin 1968 se soldent par un raz-de-marée gaulliste (293 sièges pour la seuleUNR et 61 sièges aux républicains indépendants) et une majorité à droite jamais vue depuis leBloc national de 1919, alors que la gauche s'effondre de194 à 91députés. François Mitterrand parvient toutefois à sauver son siège de député.
Lors ducongrès d'Épinay de 1971, laConvention des institutions républicaines se fond dans leParti socialiste (créé en 1969 en remplacement de laSFIO). François Mitterrand est élupremier secrétaire du PS, avec l'appui de l'aile gauche du parti, leCERES mené parJean-Pierre Chevènement, et celui de deux puissantes fédérations, celles duNord dePierre Mauroy et desBouches-du-Rhône deGaston Defferre. Comme l'a rapporté Pierre Mauroy dans ses Mémoires, François Mitterrand n'envisageait pas initialement de devenir premier secrétaire : cette tâche devait revenir au dirigeant du Nord, et François Mitterrand lui-même devait exercer un rôle comparable à celui deLéon Blum entre 1921 et 1938. MaisAugustin Laurent aurait réclamé que Pierre Mauroy fût son successeur à la mairie deLille sans exercer de responsabilités nationales.
Auxélections législatives de 1973, le Parti socialiste obtient presque autant de voix que le Parti communiste au premier tour et davantage au second[145], mettant fin à une supériorité qui remontait à 1946. Les élections cantonales qui ont lieu en septembre de la même année confirment cette évolution. Par ailleurs, le PSU chute de 4 à 2 % par rapport à 1968[146]. Au congrès du PS tenu à Grenoble la même année, la motion finale de François Mitterrand obtient 96 % des voix[147].
Le, le président de la République,Georges Pompidou, meurtdes suites d'une longue maladie. François Mitterrand est désigné candidat du Parti socialiste le 8 avril, puis devient le candidat unique de la gauche.
Le, lors du second tour de l'élection présidentielle, François Mitterrand est battu par Valéry Giscard d'Estaing, avec 49,19 % des voix au second tour[152].
À l'issue du second tour desélections législatives de 1978, la gauche, majoritaire au premier tour, est battue par la droite (UDF-RPR), qui obtient 291 sièges contre 200 à la gauche.Michel Rocard remet alors en cause François Mitterrand et la direction du Parti socialiste.
François Mitterrand tenant une réunion publique (Strasbourg,).
Au cours de l'année 1980, il annonce sa candidature à l'occasion d'une entrevue avecLuce Perrot pour la promotion de sonIci et maintenant[153]. Lors du congrès extraordinaire deCréteil, qui se déroule en janvier 1981, il est désigné candidat du PS avec 83,64 % des voix[154]. Il adopte les « 110 propositions pour la France » comme programme, recyclant bon nombre de propositions duProgramme commun. En même temps, il dévoile son slogan pour cette élection, « La force tranquille »[155].
François Mitterrand lors d'un meeting de campagne, le.
Le, au premier tour del'élection présidentielle, il recueille 25,85 % des voix, contre 28,32 % pourValéry Giscard d'Estaing. Jacques Chirac obtient 18,00 % des suffrages et Georges Marchais 15,35 %.
Durant l'entre-deux-tours, François Mitterrand bénéficie du ralliement des communistes et de l'attitude de Jacques Chirac, qui se montre réticent à soutenir le président sortant[156]. Déclarant son intention de voter pour Valéry Giscard d'Estaing « à titre personnel », Jacques Chirac refuse de donner une consigne de vote, tandis que plusieurs permanences du RPR appellent leurs militants à voter en faveur du candidat socialiste[157],[158],[159]. En fait, dès 1980, un accord secret avait été trouvé, au domicile d'Édith Cresson, entre François Mitterrand et Jacques Chirac, ce dernier promettant de faire en sorte que son électorat se porte au second tour sur le candidat du PS, en espérant profiter du désenchantement de l'alternance[160],[161],[162],[163]. Alors que Jacques Chirac a toujours publiquement démenti l'existence d'un tel accord[164],[165],[166], François Mitterrand en a révélé l'existence à Valéry Giscard d'Estaing en décembre 1995, estimant que sans cet accord, avec 550 000 voix à la clé, il ne pouvait être élu[167]. Plusieurs personnalités politiques, dont Édith Cresson, confirment par la suite cet accord secret[160],[161],[167].
Au soir du, François Mitterrand est élu président de la République avec 51,76 % des suffrages exprimés contre 48,24 % à Valéry Giscard d'Estaing.
Cette section contient une ou plusieurslistes. Le texte gagnerait à être rédigé sous la forme de paragraphes synthétiques. Les listes peuvent demeurer si elles sont introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents éléments (octobre 2019).
Le, le septennat du nouveau président s'ouvre par une cérémonie auPanthéon. Puis il nomme son premier gouvernement dirigé parPierre Mauroy.
Le lendemain, il dissout l'Assemblée nationale. Les élections qui suivent, les 14 et, lui donnent la majorité absolue auParlement. Un deuxièmegouvernement de Pierre Mauroy fait entrer quatre ministres communistes. De nombreuses réformes sociales sont alors adoptées.
François Mitterrand et le président américainReagan, en 1981.
Les deux premières années des gouvernements Mauroy se caractérisent par une série de mesures économiques à rebours des autres pays qui diminuent leurs dépenses publiques et par des relanceskeynésiennes qui fonctionnent mal.
Toutes ces mesures sont accompagnées par un premier blocage des prix, par la fin de l'indexation des salaires sur les prix[168] et par un durcissement du contrôle des changes.
La relance de l'économie et les lois sociales amènent le Premier ministre à décider une augmentation de 27,5 % des dépenses publiques. Il en résulte au cours de l'année 1982, le triplement du déficit budgétaire, un accroissement de la dette publique de 418 milliards à617 milliards de francs, un déficit de la balance extérieure de 93,3 Mds de francs au lieu de 50,6 Mds, un important écart d'inflation avec les partenaires européens, la dette extérieure étant multipliée par quatre en trois ans. Il apparut, après la chute du franc, la nécessité de trois dévaluations :, et[169].
Confronté à une forte hausse de la dette et à une importante dégradation des comptes publics intérieurs et extérieurs, le gouvernement doit changer de politique : c’est le « tournant de la rigueur ». La France doit alors traiter avec des partenaires commerciaux (États-Unis,Royaume-Uni,Canada) qui effectuent une « révolution conservatrice » en adoptant une vision économique pluslibérale, proche de l'austérité[170].
Les gouvernements réalisent d'importantes réformes juridiques : suppression de laCour de sûreté de l'État, abolition de lapeine de mort, abrogation de laloi dite « anticasseurs », qui établissait notamment le principe d'une responsabilité pénale collective. Ils font adopter une loi d'amnistie, qui inclut les « délitshomosexuels »[171].
Différentes mesures sont prises concernant la vie culturelle et les médias telles l'autorisation des radios locales privées et la premièrefête de la musique, créée parJack Lang,ministre de la Culture. Est créée la Haute Autorité pour la communication audiovisuelle (ancêtre de l'actuelleARCOM).
Le ministre de l’IntérieurGaston Defferre fait cesser le fichage des homosexuels, et le communisteJack Ralite, ministre de la Santé, retire l'homosexualité des troubles mentaux[172]. Le gouvernement introduit par ailleurs via la « loiForni[173] » le passage de lamajorité sexuelle à 15 ans pour tous, abolissant la distinction, introduite en 1942 et confirmée en 1945, dans l'âge de consentement entrerapports homosexuels et hétérosexuels[174]. Le mode de vie homosexuel cesse d'être une clause d'annulation du bail d'habitation[175].
François Mitterrand met en place la cellule antiterroriste de l'Élysée dont le fonctionnement ambigu sera dévoilé par l'affaire des écoutes de l'Élysée.
La politique étrangère est marquée par le discours dit « deCancún » prononcé àMexico en marge de laconférence Nord-Sud de Cancún[176],[177], et la première visite d'un chef d'État français enIsraël : le président Mitterrand prononce à laKnesset (parlement israélien) un discours dans lequel il déclare qu’il existe un« irréductible droit de vivre » pour Israël tout en appelant au respect des droits desPalestiniens deGaza et deCisjordanie. Dans ses premiersvœux présidentiels, Mitterrand appelle à la gestion d'une Europe post-Yalta, un souhait qu’il réaffirme à plusieurs reprises[178].
Réforme de la loi Peyrefitte, dite Sécurité et Liberté.
Loi Roudy sur l'égalité salariale entre hommes et femmes dans les entreprises.
Loi sur l'indemnisation des victimes de crimes et délits.
LoiLe Pors portant droits et obligations des fonctionnaires. Les notions de « bonne moralité » et de « bonnes mœurs » sont supprimées du statut général des fonctionnaires[179].
Politique étrangère
Crise des euromissiles : soutien de François Mitterrand à l'installation de missiles Pershing 2 enAllemagne pour faire contrepoids aux missiles soviétiques. Discours du Bundestag sur l'équilibre des forces le :« Seul l'équilibre des forces peut conduire à de bonnes relations avec les pays de l'Est, nos voisins et partenaires historiques. Mais le maintien de cet équilibre implique à mes yeux que des régions entières de l'Europe ne soient pas dépourvues de parade face à des armes nucléaires dirigées contre elles. » En octobre, à Bruxelles, il déclare :« Je suis moi aussi contre les euromissiles, seulement je constate que les pacifistes sont à l'ouest et les euromissiles à l'est. »
Crise sidérurgique dans le Nord : plan de « modernisation ». Fermeture ou reconversion des anciennes mines de charbon, accélération du processus commencé dans lesannées 1960.
Élections européennes : percée duFront national, recul du PS à 20,75 % des voix, seulement 11,20 % au PC, la liste RPR-UDF recueille 43,02 % ;Le Monde titre « Grave échec de la gauche »[181].
Loi sur la formation professionnelle.
Abandon du projet de loi Savary sur l'enseignement à la suite des manifestations pour l'enseignement libre.
Septembre 1984 : accord franco-libyen sur« l'évacuation totale et concomitante du Tchad » qui ne sera pas respecté par laLibye[182].
Libéralisation de l'audiovisuel, création des premières chaînes de télévision privées (dontCanal+).
Nouveau statut pour la Polynésie.
Novembre 1984 : début d'affrontements sanglants en Nouvelle-Calédonie.
16 décembre 1984 : François Mitterrand déclare à la télévision ne pas vouloir faire usage de la« force injuste de la loi » en Nouvelle-Calédonie, vis-à-vis des partisans de l'indépendance[183].
En, malgré la bonne cote de Laurent Fabius, celle du président Mitterrand selon l'IFOP n'est plus que de 28 % de satisfaits contre 55 % de mécontents[184].
1985
Politique intérieure
Inauguration de la Géode au parc de la Villette à Paris.
Loi montagne.
Instauration du mode descrutin proportionnel aux élections législatives prévues l'année suivante.
Loi limitant le cumul des mandats.
Réforme du Code pénal.
Aux élections cantonales de, la gauche perd 10 départements et ne recueille plus que 41,10 % des suffrages. La droite contrôle 71 présidences de conseil généraux.
« Doctrine Mitterrand » engagement verbal à ne pasextrader les anciens activistes et terroristes d'extrême gauche d'Italie. Cette doctrine se fonde sur l'idée que les lois spéciales (incarcérations sur la base de seul soupçon, interrogatoires se déroulant sans la présence d’un avocat, égalité de peine pour les individus appartenant au même groupe quelle que soit la nature des délits commis individuellement, etc) adoptées par les autorités italiennes pour combattre les terroristes allaient à l’encontre de la conception française du droit[185].
Affaire duRainbow Warrior, il s'avère que le navire deGreenpeace coulé en Nouvelle-Zélande l'était sur ordre des services secrets français et instructions supérieures. Démission d'Hernu. On saura plus tard qu'il y avait eu un feu vert de l'Élysée.
François Mitterrand etJacques Chirac en 1986.François Mitterrand et le chancelier fédéral allemandKohl en 1987.
Mars-
L'union de ladroiteRPR-UDF-DVD remporte les élections législatives du avec 288 sièges, contre 215 au PS et seulement 35 au PC. Le Front national obtient 35 députés. Le PC n'obtient plus que 9,7 % des suffrages exprimés.
Le même jour, la droite emporte, largement cette fois, les élections régionales en emportant la majorité dans 20 régions sur 22 : le Nord et le Limousin.
Rupture (provisoire) des relations diplomatiques avec l'Iran en juillet après le refus de l'ambassade iranienne de remettre aux autorités françaises, un interprète de l'ambassade d'Iran suspecté d'être impliqué dans la vague d'attentats terroristes.
Septembre 1987 : référendum enNouvelle-Calédonie sur le maintien au sein de la République, boycotté par leFLNKS (98,3 % contre l'indépendance, 40 % d'abstention).
Célébrations duMillénaire capétien dans la basilique de Saint-Denis par François Mitterrand.
Loi sur le financement des campagnes électorales présidentielles et législatives, à la suite d'une proposition de François Mitterrand.
: enNouvelle-Calédonie, attaque de la gendarmerie de Fayaoué (île d'Ouvéa) par un commandokanak, tuant quatre gendarmes et prenant en otage les autres. Le, assaut de lagrotte d'Ouvéa par la gendarmerie : 21 morts (deux militaires et dix-neuf indépendantistes calédoniens).
Bien qu'il se sache atteint d'uncancer de la prostate depuis le[187], il annonce sa candidature pour un second septennat le au journal d'Antenne 2. L'information concernant ce cancer ne sera dévoilée que lors de son hospitalisation au Val-de-Grâce en.
Le, François Mitterrand arrive nettement en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec 34,10 % des suffrages face à son Premier ministre et chef de la majoritéJacques Chirac (19,94 %)[188]. Le, François Mitterrand est réélu avec 54,02 % des voix[189].
Le second septennat de François Mitterrand est marqué par l'instauration duRMI et de laCSG, les célébrations du bicentenaire de la Révolution, la chute dumur de Berlin, laréunification allemande (pour laquelle il était réticent[190]), l'engagement dans lapremière guerre d'Irak, leréférendum sur le traité de Maastricht, mais aussi par les affaires politiques, la maladie du président, la révélation publique de l'existence de sa filleadultérineMazarine Pingeot (dont il a tenté de cacher l'existence, notamment en l'installant à Gordes[191]) et les polémiques sur ses activités et ses amitiés nouées dans lesannées 1930 puis sous le régime de Vichy[192],[193].
Il nomme Premier ministreMichel Rocard, qu'il déteste et qu'il humiliera à plusieurs reprises[194],[d]. Après la dissolution de l'Assemblée nationale, les socialistes et apparentés remportent une majorité relative. Mais les communistes refusent une alliance gouvernementale. Lesgouvernements socialistes sont ainsi contraints à un jeu de bascule entre le groupe communiste et les éléments modérés de l'opposition, surtout l'Union du centre. Michel Rocard utilise à plusieurs reprises l'article 49al. 3 de la Constitution pour faire adopter ses réformes.
Création duministère de la Ville, annoncée dans le discours de Bron de François Mitterrand à la suite de troubles àVaulx-en-Velin. Il est confié au maire deDunkerqueMichel Delebarre, jusque-là ministre de l'Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer.
En, Michel Rocard est remplacé parÉdith Cresson qui altère rapidement son image par des propos maladroits sur les Anglais (« des homosexuels »[195]) et les Japonais (« des fourmis »[195]). Sa remarque« La Bourse, j'en ai rien à cirer » effrite encore davantage sa crédibilité[195]. Elle cède la place dix mois plus tard àPierre Bérégovoy.
Pour ce qui est de la politique étrangère, le pays est témoin de l'étape finale de ladislocation de l'URSS, dont l'épisode déterminant est leputsch de Moscou d’août 1991, lors duquelMikhaïl Gorbatchev est séquestré. Le président Mitterrand déclare alors vouloir attendre les intentions des « nouveaux dirigeants » soviétiques et, afin de ménager les putschistes, refuse de rencontrerBoris Eltsine. Cette attitude initiale plutôt conciliante envers les putschistes fait controverse[196],[197],[198].
Le,Pierre Bérégovoyse donne la mort après que la presse a largement commenté le prêt dont il avait bénéficié deRoger-Patrice Pelat sans remboursement établi et pour acheter un appartement. Le, lors de ses obsèques, François Mitterrand déclare :« Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme, et finalement sa vie », visant les médias en général.
François Mitterrand, dont la cote personnelle ne dépasse pas 22 % de satisfaits (IFOP) alors que le PIB baisse de 0,8 %, ne peut empêcher ladroite de remporter très largement les élections législatives en 1993 : le groupe socialiste et apparentés ne compte plus que 67députés sur 577. Le président nomme alorsÉdouard Balladur à la tête du gouvernement : il va être son dernier Premier ministre.
1993
Victoire de la droite aux élections législatives.Édouard Balladur, qui avait été ministre d'État chargé de l'Économie, des Finances et de la Privatisation lors de lapremière cohabitation (1986-1988), est nommé Premier ministre.
Fin de la politique du « ni-ni ». Retour desprivatisations.
Durant les derniers mois de sa présidence, François Mitterrand, diminué par la maladie, est contraint de rester la plupart du temps allongé[200]. Ne pouvant se représenter à l'élection présidentielle de 1995, il pousseJack Lang à briguer la présidence de la République et entretient des relations tendues avec le candidat du Parti socialiste,Lionel Jospin, qui se montre critique envers son passé et le bilan de sa présidence, en utilisant l'expression du« droit d'inventaire »[201]. Arrivé en tête au premier tour de l'élection présidentielle, Lionel Jospin est battu parJacques Chirac au second tour le.
Le, le président élu, Jacques Chirac, et François Mitterrand, encore en fonction, célèbrent à Paris lavictoire de 1945 et affichent une bonne entente. Pour la première fois deux présidents de la République française se retrouvent côte à côte dans ce genre de cérémonie. Le, deux heures avant sa passation de pouvoir avec Jacques Chirac, François Mitterrand prend le petit-déjeuner avec l'écrivain etacadémicienJean d'Ormesson qui est ainsi la dernière personnalité reçue par Mitterrand à l'Élysée. Après un entretien privé, Jacques Chirac est officiellement investi et François Mitterrand lui transmet ses pouvoirs, au cours d'une cérémonie officielle aupalais de l'Élysée. Après la passation de pouvoirs, François Mitterrand se rend au siège duParti socialiste,rue de Solférino, où il prononce son dernier discours public.
François Mitterrand reste le seul président de la République française à avoir exercé deux septennats complets[202].
Du point de vue économique, sa présidence est marquée par la valorisation des minima sociaux (augmentation du salaire minimum interprofessionnel de croissance, création durevenu minimum d’insertion) et la création de l’impôt sur les grandes fortunes, remplacé depuis par l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Le début du premier septennat consacre également les nationalisations, suivies en dutournant de la rigueur puis des privatisations. Le chômage qui était en 1981 de 1,5 million de personnes (soit 6 % de la population) dépasse en les 3,1 millions de chômeurs (soit 11,3 % de la population)[203],[204],[205]. Ladette publique suit cette tendance haussière puisqu’elle est multipliée par six : de 110,1 milliards d’euros en 1981 à 662,6 milliards en 1995[206].
Sur le plan international, François Mitterrand parachève la doctrine qui sera qualifiée de « gaullo-mitterrandisme ». Il défend la possession par la France de la bombe atomique française, que les Américains voulaient voir incluse dans les accords de dénucléarisation avec l'URSS. Il souhaite faire avancer l'Europe de la défense pour que l'OTAN, dirigée implicitement par les États-Unis, ne soit plus le protecteur de l'Europe[207]. François Mitterrand s'allie avec les États-Unis, notamment dans laguerre du Golfe, en faisant état d’« une logique de guerre » et envoyant un détachement de 9 500 soldats combattre l'Irak[196].Henry Kissinger dit de lui qu'il a été « un très bon allié, le meilleur de tous les présidents français » pour son alignement sur Washington[208]. Peu avant d'achever son deuxième mandat, Mitterrand décrit les relations franco-américaines comme étant beaucoup plus belliqueuses qu'il n'y paraît :« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente […] et pourtant une guerre à mort »[209]. Sur le plan de l’Union européenne, les deux septennats sont marqués par la signature desaccords de Schengen et dutraité de Maastricht, qui ouvre la voie de l'adoption de l’euro. Il se montre hostile à la réunification de l’Allemagne[196].
François Mitterrand en 1988.
La société est aussi marquée avec l’abolition de lapeine de mort, votée sous l'impulsion et la persévérance du Garde des SceauxRobert Badinter. L’âge légal de départ à la retraite est avancé à 60 ans, au lieu de 65 depuis 1910 et la cinquième semaine de congés payés est généralisée.Édith Cresson est la première femme en France à accéder au poste de Premier ministre. La libéralisation des mœurs se poursuit : l’article 331,al. 2 du Code pénal est abrogé, mettant un terme à ladiscrimination légale contre les homosexuels. Ce texte, hérité du maréchal Pétain, permettait de punir « d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d‘une amende de 60 francs à 20 000 francs toute personne qui aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu "mineur" du même sexe » ; cette disposition n’existait pas pour les actes hétérosexuels.
Culturellement, la présidence de François Mitterrand voit comme mesure phare la libéralisation des ondes (développement de « radios libres »). Il met en œuvre une politique deGrands Travaux, tels que l'édification de certains monuments comme le nouveaumusée du Louvre et sa pyramide, la construction de l'arche de la Défense, de l'opéra Bastille et l'inauguration de laBibliothèque nationale de France.
En tant qu'ancien président de la République, il devient membre de droit duConseil constitutionnel, mais refuse d'y siéger. Il se consacre dès lors principalement à la lecture, à l'écriture et effectue de nombreux déplacements (familiaux, politiques), bien qu'étant très affaibli. Il reçoit chez lui des hommes politiques commeHenri Emmanuelli,Michel Charasse,Michel Barnier,Édouard Balladur ou l'ancien président de la RépubliqueValéry Giscard d'Estaing, à qui il déclare que sa victoire de 1981 face à lui est due à la « trahison » du RPR et de Chirac.
François Mitterrand interprète pendant quelques secondes, en, son propre rôle dans lefilm à sketchesLumière et Compagnie, dans le segment deRégis Wargnier, un film documentaire réalisé par 41 réalisateurs[213]. Le mois suivant, il participe à un colloque d'anciens chefs d'État et de gouvernement organisé par l'ancienprésident des États-UnisGeorge H. W. Bush àColorado Springs. Mitterrand avait d'ailleurs rendu hommage au Premier ministre israélienYitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995, dans une lettre adressée àShimon Peres, Premier ministre par intérim, queLionel Jospin lui remet lors des funérailles de Rabin[214].
Le, il passe Noël àAssouan enÉgypte. Ce voyage lui avait été fortement déconseillé en raison de son état de santé. Le, il passe le réveillon en famille dans sa propriété àLatche, dans lesLandes. Le, il rentre à Paris pour effectuer des examens médicaux importants et subir un nouveau traitement. Son cerveau étant atteint par desmétastases, il prend la décision de ne pratiquement plus s'alimenter pour accélérer la fin[215].
Le psychanalysteGérard Bonnet cite cette phrase prêtée à François Mitterrand dans des propos rapportés parLe Point du 7 juillet 2005 :« Si j’ai tenu si longtemps face à la maladie, si j’ai résisté à l’adversité politique, c’est qu’à travers toutes ces confidences (aux personnes de rencontre) je faisais uneautoanalyse »[216].
François Mitterrand meurt avant l'aube le[217] à l'âge de 79 ans des suites d'uncancer de la prostate, dans son appartement de fonction du 9avenue Frédéric-Le-Play, dans le7e arrondissement de Paris[218]. Après les proches, le président de la République en exerciceJacques Chirac est prévenu parAndré Rousselet, l’exécuteur testamentaire, qui vient se recueillir en début de matinée avant que l'agence France-Presse n'annonce le décès à10 h 55[217]. La presse et de nombreuses personnalités politiques se rendent rapidement sur les lieux. L'hommage de la classe politique est unanime, y compris chez ses détracteurs, à l'exception d'Arlette Laguiller[219],[220],[221]. Jacques Chirac fait une allocution télévisée le soir-même, qui surprend par sa bienveillance[222],[223],[224]. Sa mort est à la une de toute la presse, sauf celle du quotidien d'extrême-droitePrésent[225]. En avril 2012, deux journalistes,Laurent Léger etDenis Demonpion affirment que François Mitterrand« a vu un lundi, à sa demande expresse, son calvaire abrégé » : selon eux,« une injection lui fut administrée par voie intraveineuse[226] », l'historienPhilip Short évoquant l'intervention du spécialiste de la lutte contre la douleur, le médecin Jean-Pierre Tarot[227]. Ce dernier assiste les dernières heures du président, avant de prévenir Anne Pingeot, présente dans l'immeuble[217].
Paris Match publie, le[217], un numéro hommage avec deux photographies[228], prises de manière dissimulée, de l'ancien président sur sonlit de mort, légendées :« Dans la chambre nue, un gisant pour l'histoire »[229], mais aussi des extraits, vivement critiqués, du livre deClaude Gubler, ancien médecin personnel du président de la République[230]. La prise des clichés est réalisée à l'initiative despaparazziPascal Rostain etBruno Mouron[231],[230] dont l'agence avait vendu àParis Match les photos deMazarine Pingeot au côté de son père et de sa mère, publiées en novembre 1994[232]. Rostain et Mouron confient un appareil photo à un tiers, dont, tout comme la directeur de publication, ils refusent de divulguer l'identité[228]. Alors que près de 400 personnes se sont recueillies devant sa dépouille[233], trois personnes sont soupçonnées : le photographe Claude Azoulay,Patrick Amory, un intime de la famille, etAli Baddou, alors compagnon de Mazarine Pingeot. Les accusations se sont concentrées sur Azoulay[228], mais une enquête du quotidienLe Monde affirme qu'Amory aurait pris la photographie le[234],[235]. Pourtant, Danielle Mitterrand collabore à plusieurs reportages du magazine la même année, tandis que la famille est satisfaite de la qualité du cliché[234], dont François Mitterrand lui-même n'aurait pas estimé déplaisante l'idée[236],[237]. Le, l'hebdomadaire est condamné à une amende de 100 000 francs pour délit de« publication de documents résultants d'une atteinte à l'intimité de la vie privée »[228],[237].
François Mitterrand repose au cimetière des Grands-maisons deJarnac dans le caveau familial du côté maternel, famille Lorrain[241],[1]. Il avait souhaité se faire inhumer au sommet dumont Beuvray, mais avait dû y renoncer en 1995, face à la polémique suscitée par cette annonce[242].
L'attentat de l'Observatoire est unattentat mené contre François Mitterrand en 1959. Dans les jours qui précèdent,Robert Pesquet approche François Mitterrand et l'informe qu'un attentat contre lui est en préparation, et donne conseil à celui qui est alors sénateur de se prémunir d'une attaque terroriste. Mitterrand revoit Pesquet plusieurs fois, jusqu'au jour qui doit être celui de l'attentat. Mitterrand échappe de peu à des coups de mitraillette. Peu de temps plus tard, Pesquet avoue dans les colonnes deRivarol avoir organisé l'attentat, et soutient que Mitterrand l'aurait machiné avec lui afin de gagner en visibilité auprès de l'opinion publique[243].
François Mitterrand est traduit en justice une fois sonimmunité parlementaire levée. Il estinculpé pour « outrage à magistrat »[244], avant qu'une loi d'amnistie prise par letroisième gouvernement Pompidou ne close les poursuites en 1966, empêchant un jugement d'avoir lieu. La responsabilité du futur président est aujourd'hui inconnue. Selon l'historienMichel Winock , il s'agirait d'un coup monté et que Mitterrand n'aurait pas été un comploteur dans l'attentat[243].
Entre 1983 et 1986, François Mitterrand fait écouter illégalement par la cellule antiterroriste de l'Élysée plusieurs dizaines de personnalités, notamment certaines bien informées sur sa vie privée[245]. L'écrivainJean-Edern Hallier, qui menaçait d'enlever sa filleMazarine Pingeot, et le journalisteEdwy Plenel, qui avait révélé l'affaire duRainbow Warrior, sont notamment placés sur écoute[246].
François Mitterrand apprend à la fin de l'année 1981 qu'il souffre d'uncancer de la prostate. Si la maladie se résorbe à partir de 1984, elle se réveille à nouveau en 1990. Ce cancer est gardé secret jusqu'à son opération chirurgicale en 1992, et la date réelle à laquelle il a appris l'existence de son cancer est révélée une dizaine de jours après sa mort en 1996 dans un livre de son ancien médecin,Claude Gubler, qui indique que le chef de l’État lui ordonnait de falsifier ses bulletins de santé[248].
Affaire Urba et financement du PS et des campagnes présidentielles
En 1990, la mort de deux ouvriers d'un chantier de construction révèle un système de financement occulte du Parti socialiste mis en place en 1973. Le système reposait sur la facturation de prestations fictives, en contrepartie d'attributions de marchés publics. L'argent était reversé au PS et à des personnalités politiques et aurait financé les deux campagnes présidentielles de François Mitterrand. L'ancien trésorier du parti,Henri Emmanuelli, sera notamment condamné en 1997.
Les relations entre François Mitterrand et l'extrême droite ont défrayé la chronique en particulier dans lesannées 1990, notamment avec la parution en1994 du livre dePierre Péan,Une jeunesse française, qui évoque la jeunesse du futur président durant lesannées 1930 et lesannées 1940, en revenant notamment sur sa relation avecRené Bousquet. Avant lui,Franz-Olivier Giesbert, dans son livreFrançois Mitterrand ou la tentation de l'histoire (1977) avait décrit, entre autres, le parcours de Mitterrand à l'époque deVichy.
Le rôle du pouvoir français et notamment de François Mitterrand dans le génocide de 1994 a été longtemps controversé.
Les archives liées à cet événement (documents émanant de conseillers de l’Élysée ou comptes rendus de réunion) ont été progressivement rendues accessibles aux chercheurs, notamment par l'action du chercheur François Graner, physicien et directeur de recherche au CNRS, qui lance une bataille judiciaire pour avoir accès à l’intégralité des documents. LeConseil d’État lui accorde finalement ce droit d'accès en juin 2020[251]. Pour François Graner, après analyses, des dirigeants français (et en particulier le président François Mitterrand) se sont rendus complices du génocide, même si la motivation qui les guidait n'était pas une intention génocidaire. Ils ont été informés de la situation, ont laissé faire des livraisons d'armes, ainsi que la constitution d'un gouvernement intérimaire dominé par des extrémistes hutus après la mort du président rwandaisJuvénal Habyarimana. François Mitterrand considérait ce sujet comme étant dans son pré carré : aidé de sonétat-major particulier, il a pesé sur les actions de la France. Des ordres, dont la trace écrite a été retrouvée, ont également été donnés pour faciliter la fuite de responsables associés au génocide. Des zones d'ombre subsistent, telles que l'implication de la France ou de baroudeurs français dans l'assassinat du président Habyarimana[252],[253].
Lacommission française d'historiens sur le rôle de la France au Rwanda, ou « commissionDuclert », mise en place parEmmanuel Macron, remet son rapport final le 26 mars 2021. Les conclusions sont similaires à celles de François Graner, même si cette commission refuse le terme de complicité de génocide :« La France est-elle pour autant complice du génocide des Tutsi ? Si l’on entend par là une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer. La France s’est néanmoins longtemps investie au côté d’un régime qui encourageait des massacres racistes. Elle est demeurée aveugle face à la préparation d’un génocide par les éléments les plus radicaux de ce régime. Elle a adopté un schéma binaire opposant d’une part l’ami hutu, incarné par le président Habyarimana, et de l’autre l’ennemi qualifié d’“ougando-tutsi” pour désigner leFPR. Au moment du génocide, elle a tardé à rompre avec le gouvernement intérimaire qui le réalisait et a continué à placer la menace du FPR au sommet de ses préoccupations. Elle a réagi tardivement avec l’opération Turquoise, qui a permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi du Rwanda, exterminés dès les premières semaines du génocide. La recherche établit donc un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes »[254].
Une grande partie de l'œuvre (considérée comme complète) est rééditée en 13 volumes auxéditions Rencontre en1982. Les œuvres les plus fameuses sont rééditées en 4 volumes auxBelles Lettres de2016 à2018.
1971 :La Convention des institutions républicaines : François Mitterrand et le socialisme, Paris,Presses universitaires de France,1971, 92-[1] p. (textes recueillis par Danièle Loschark).
Un livre consacré à Louis-Napoléon Bonaparte (Napoléon III) a été en préparation chez Gallimard… (Cf. « Faut-il réhabiliter Napoléon III ? », dossier de la revueL'Histoire,no 211, juin 1997.)
2015 :La France et sa défense, textes édités sous la direction de Georges Saunier et Philippe Vial, préface deJean-Yves Le Drian etHubert Védrine, Nouveau Monde Éditions.
François Mitterrand,Lettres à Anne (1962-1995),Éditions Gallimard,, 1 280
1218 lettres de François Mitterrand rassemblées par sa maîtresseAnne Pingeot, dont des poèmes à Anne, mère de sa filleMazarine.
Il lui est rendu hommage dans une chanson deBarbara,Regarde, écrite le (Un homme/Une rose à la main/A ouvert le chemin/Vers un autre demain), et deux deRenaud ,Tonton, portrait de l'homme Mitterrand à la fin de sa vie, etBaltique, qui évoqueBaltique, la chienne du président, qui resta sur le parvis, tenue en laisse parMichel Charasse[238], durant la messe des obsèques à Jarnac.
Le président se déclaraagnostique dans la tête, mais croyant dans le cœur. Il dit néanmoins pour l'organisation de ses obsèques une phrase ambiguë« Une messe est possible »[278],[279],[280],[281]. On cite aussi sa grande passion pour lescimetières[194].
Le président peut se définir commemystique à travers la fameuse phrase prononcée lors de ses ultimesvœux présidentiels :« Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas ». Interrogé sur sa croyance en l'existence de Dieu, il répond qu'il admet« l'idée d'un principe ordonnant toute chose, sans pour autant croire en une religion particulière ni verser dans le mysticisme »[282]. Il reste longuement les yeux clos, comme en prière, dans différents lieux sacrés comme la synagogue de larue Copernic en 1982 et dans un temple shintoïste de Kyoto[282].
Selon son frère Robert, François Mitterrand s'est désintéressé de la foi catholique à partir de sa trentaine tout en conservant une réflexion dans le domaine du spirituel[283]. Il aurait déclaré à sa maîtresse Claire, en 1991 :« Après la mort, je pense qu'il n'y a rien.Montaigne est mon maître. Je suis agnostique, comme lui. […] J’aimerais croire en Dieu mais je n'ai pas eu de révélation »[25].
François Mitterrand est reconnu comme un homme lettré, amoureux de lalittérature etbibliophile assidu, y compris d'éditions rares, avec de nombreux écrivains parmi ses conseillers ou amis, certains même identifiés à droite. Des journalistes analysent également qu'il est un écrivain frustré, qui aurait pu pratiquer sa passion en cas d'échec en politique[284],[285],[286],[287],[288].
Il pratiqua letennis[290] et legolf à partir de 1958[291], surtout àcelui de Saint-Cloud, mais arrête la pratique de ce sport à partir de 1971, la jugeant incompatible avec son image affichée de « candidat des travailleurs » ; il reprend ce sport en 1985. Il est également grand amateur decyclisme[292].
François Mitterrand fit créer sonemblème personnel de président de la République en 1981. Il représente un arbre composé d'un chêne et d'un olivier, symboles de force et de paix. Cette création est l'œuvre du designer français Michel Disle[293].
« Tonton ». Surnom donné parle Canard enchaîné. Il viendrait pour certains d'un nom de code que François Mitterrand aurait eu pendant laSeconde Guerre mondiale, pour d'autres de l'irruption télévisuelle de son neveuFrédéric Mitterrand, queRoland Topor caricaturera dans son émissionTéléchat. L'ancien conseiller en communication de François Mitterrand,Gérard Colé, explique dans son livreLe Conseiller du Prince queTonton était le surnom donné au président par les agents chargés de sa sécurité personnelle, ce surnom a ensuite été diffusé dans le but de remplacer le surnom « le Vieux » qui était jusque-là généralement utilisé. Il fut repris ensuite par des sympathisants socialistes telsRenaud qui donna ce surnom pour titre d'une chanson consacrée au président. Dans son livreLa parole de Dieu, le publicitaireJacques Séguéla a prétendu que ce surnom venait du publicitaire lui-même, qui était chargé de la campagne publicitaire des élections de1981. Ce surnom fut connu de l'opinion et essentiellement usité à partir et durant la période de lapremière cohabitation.
« Dieu ». Célèbre réplique duBébête show :« Appelez-moi Dieu ! », par Kermitterrand. Selon Georges-Marc Benamou dansLe dernier Mitterrand, François Mitterrand avait suspendu une figurine de la marionnette Kermitterrand au robinet de la douche de son appartement privé dupalais de l'Élysée.
« Florentin » ou « le Prince ». Ses amis lui donnent le surnom de « Florentin » en référence à l'art de l'esquive, illustré sous laRenaissance par des natifs de Florence commeLaurent le Magnifique ouMachiavel. Pour ses détracteurs, le surnom évoque plus l'intrigue et le cynisme politiques. L'inventeur de ce surnom semble avoir étéFrançois Mauriac, son ami fidèle et une de ses références littéraires.
« Le Sphinx »[294]. Les raisons de ce surnom, utilisé dès son appel de 1958 à refuser laVe République[295], sont multiples : il peut s'agir de références ausphinx de Gizeh, à l'animal mythique (Mitterrand serait un homme insaisissable, dissimulant ses intentions, avec des confidences maîtrisées, voire des répliques cassantes)[296],[297], à sesgrands travaux[295], au teint cireux de son visage[298].
« Rastignac », autre surnom deFrançois Mauriac donné à François Mitterrand, il fait référence au personnage Rastignac deBalzac, qui simple étudiant de province monte à Paris dans la volonté de parvenir au pouvoir et qui finit ministre.
« Mimi l'Amoroso » : à cause de sa prétendue relation amoureuse avec la chanteuseDalida, qui l'avait soutenu durant la campagne présidentielle de 1981[299],[300].
« Le Vieux » : surnom donné au sein du PS, notamment parJean-Luc Mélenchon, vraisemblablement en imitation de l'usage des trotskistes d'appeler ainsiLéon Trotski.
« L'Artiste » : surnom trouvé parLibération, au lendemain de sa réélection de 1988[301].
1988 :Les Guignols de l'Info, imité parJean-Eric Bielle puisYves Lecoq. Il est dépeint comme un vieillard considérablement amoindri par son cancer, et d'une profonde méchanceté envers tout le monde. Son insulte fétiche estBécile.
↑Dans un ouvrage sur la franc-maçonnerie, les journalistes Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre affirment qu'à l'occasion d'une invitation à « plancher » devant l'atelier « L'Abbé Grégoire » de laGrande Loge de France, plusieurs années après la fin de la guerre, Mitterrand aurait été expulsémanu militari à la demande deJean Pierre-Bloch qui n'aurait pas toléré la présence d'une personne décorée de laFrancisque dans une loge[57]. Or Jean Pierre-Bloch dénonce la « calomnie » réitérée à ce sujet, en insistant sur le fait qu'il a lui-même recommandé à Mitterrand d'accepter cette décoration à l'époque[58].
↑Les deux déclarations qui reviennent le plus sur son mépris de Rocard sont« Je vais le nommer puisque les Français semblent en vouloir […] Mais vous verrez, au bout de dix-huit mois, on verra au travers » et, lorsqu'on lui demanda qui est le mieux pour lui succéder,« Dans l'ordre : Balladur, Fabius, Chirac, mon chien, Rocard ».
↑Dans son livreFrançois Mitterrand ou la tentation de l'histoire, Franz-Olivier Giesbert reprendra la fiction d'en engagement de Mitterrand en faveur de Jèze
↑Philippe Foro,« Charles de Gaulle et François Mitterrand : regards croisés sur l'Allemagne à partir de leur expérience de la captivité », dans Sylvie Caucanas, Rémy Cazals, Pascal Payen,Les prisonniers de guerre dans l'Histoire. Contacts entre peuples et cultures, Toulouse, Privat,,p. 279.
↑Amarillys Siassia, « La Maison du prisonnier de la Seine. Vichy et les femmes de prisonniers de guerre français, (1941-1944). Master 2 d’histoire contemporaine, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, (dir. Danièle Voldman), 2010 »,Genre & Histoire,no 8,(lire en ligne).
↑« « La Photo », de Patrice Duhamel : une enquête captivante sur le cliché réunissant Pétain et Mitterrand »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)
↑Patrice Duhamel,La photo. Pétain-Mitterrand : l'histoire secrète du document qui aurait pu bouleverser la Ve République, Editions de l'Observatoire,(ISBN979-10-329-3413-5)
↑Le 13 février, Jacques de Montjoye etÉtienne Gagnaire, du Centre d'action des prisonniers de Lyon, étaient également présents, tout comme le neveu de De Gaulle, Michel Cailliau.
↑Voir la note 11 : SelonJean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire duBureau central de renseignements et d'action à l'époque :« C'était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu'il avait été proposé pour la francisque, nous avions été parfaitement tenus au courant ; nous lui avions conseillé d'accepter cette “distinction” pour ne pas se dévoiler. La calomnie sert toujours ; vingt-cinq ans plus tard, on ressortira les mêmes arguments au cours de la campagne présidentielle [qu'à Londres et Alger en 1943 et 1944]. Les services gaullistes ont de la suite dans les idées. […] Mitterrand fut même proposé pour être compagnon de la Libération, mais les titres de Résistance n'ont quelquefois rien à voir avec cette décoration. Ni résistants ni combattants, on trouve sur le Livre d'or des Compagnons de la Libération les noms de héros qui n'ont jamais quitté leur bureau de Londres. On l'a donné à quelques hommes de gauche, mais ils se comptent sur les doigts. Même Gaston Defferre, qui fut chef de réseau, n'est pas Compagnon de la Libération, et combien d'autres, tout comme François Mitterrand, l'auraient mérité cent fois et pourtant ne l'ont jamais eu. », éd. La Table ronde, 1969,p. 216 et suiv.
↑Selon l'historien et universitaire israélienMichel Bar-Zohar dansL'Oréal, des années sombres au boycott arabe chezFayard.
↑André Bettencourt rejoint la direction du groupeL'Oréal. SelonMichel Bar-Zohar, ibid, Schueller financera la campagne électorale de François Mitterrand de 1946 ce qui n'avait pas été indiqué dans les ouvrages antérieurs deJean Lacouture, d'Éric Duhamel, de Pierre Péan et deFranz-Olivier Giesbert. Pierre Péan confirme néanmoins que François Mitterrand a bien rencontréEugène Schueller à deux ou trois reprises (Une jeunesse française,p. 504).
↑Patrick Jarreau et Jacques Kergoat,François Mitterrand. 14 ans de pouvoir, Le Monde Éditions,,p. 11.
↑Ariane Chemin, « Hôtel du Vieux Morvan chambre 15 »,Le Monde,(lire en ligne).
↑La France a connu des ministres âgés de moins de trente ans, comme Lucien Bonaparte (né le) nommé ministre de l'Intérieur le, ou Félix Gaillard, né le, secrétaire d'État aux Affaires économiques dugouvernement Schuman le.
↑Selon une interprétation rétrospective, ces propos pourraient avoir été destinés à calmer l'aile colonialiste des députés centristes et selon la correspondance entre François Mitterrand et Pierre Mendès France, le ministre de l'Intérieur aurait plaidé — en vain — auprès du président du Conseil pour un accommodement. Le gouvernement de PMF étant, selon Mitterrand, le seul qui puisse lutter énergiquement contre les abus, notamment la torture policière, F. Mitterrand souhaitait qu'il durât le plus longtemps possible, quitte à « composer ». Cf. la contribution de Jean-Pierre Peyroulou dans Mohamed Harbi et Benjamin Stora,La Guerre d'Algérie,p. 170 de l'édition en format de poche (Hachette).
↑Mohamed Harbi et Benjamin Stora (dir.),La Guerre d'Algérie, éd. Hachette, 2005,p. 168.
↑L'historien Jean-Pierre Peyroulou, dans sa contribution à l'ouvrage collectif surLa Guerre d'Algérie (voir bibliographie) ne serait pas loin de partager ce point de vue - Mohamed Harbi et Benjamin Stora (dir.),La Guerre d'Algérie, op. cit.,p. 169-170.
↑François Mitterrand a déclaré àJean Lacouture que c'était une faute. Les témoignages recueillis par son biographe montrent tous un François Mitterrand hésitant, bouleversé quand il apprend les méthodes de torture (notamment par Jean Bérard, magistrat travaillant en Algérie, ou par Paul-Henri Teitgen) ne sachant pas vraiment que faire. Ses collaborateurs ne l'avaient jamais vu ainsi.
↑« Notre Guerre d'Algérie »,Le Nouvel Observateur, 21-27 octobre 2010,no 2 398,p. 22.
↑Cf. les biographies citées de MM. Lacouture et Giesbert.
↑Jacques Attali assure qu'il l'avouait :« François Mitterrand a créé les conditions légales pour que la torture soit en place. Il m'a dit début 1974 : c'est la seule erreur que je veux bien reconnaître dans ma vie. » – Voir notammentL'Expansion/L'Express du 7 mai 2001, à la suite de la publication des mémoires d'Aussaresses.
↑Voir aussigénéral Aussaresses,Pour la France :« Quant à l’utilisation de la torture, elle était tolérée, sinon recommandée. François Mitterrand, le ministre de la Justice, avait, de fait, un émissaire auprès de Massu en la personne du juge Jean Bérard qui nous couvrait et qui avait une exacte connaissance de ce qui se passait la nuit. J’entretenais les meilleures relations possibles avec lui et je n’avais rien à lui cacher… (Ce juge d’instruction) avait pour mission de tenir le cabinet de François Mitterrand, le garde des Sceaux, directement informé de ce que nous faisions, sans avoir à passer par le parquet. »
↑SelonRené Rémond, dans son ouvrage général intituléNotre siècle (Fayard, 1988), si les transferts de voix se sont bien effectués à gauche, celle-ci a aussi bénéficié de l'apport des voix de l'extrême droite proche de l'OAS et« viscéralement antigaulliste » (en dépit du soutien à la droite de groupuscules commeOccident, apporté par anticommunisme) et d'une« petite fraction d'électeurs centristes ».
↑René Rémond,Notre siècle, 1988, Fayard,p. 664 et s.
↑Décrite notamment parJacques Foccart dans sonJournal de l'Élysée, tome 2, éd. Fayard/Jeune Afrique.
↑a etbUnélément de langage de lacampagne présidentielle de 1974, cité dans le débat public quatre décennies, voir "Mais au fait, elle vient d'où, cette image des «chars russes place de la Concorde»?, par Jean-Marie Pottier, dansSlate, le 13 avril 2017[1]
↑"Edito. Les chars russes à Paris ? Le même délire qu'en 81", éditorial dans leBerry Républicain le 11/03/2025, par Edouard Frémy[2]
↑"Chars russes à Paris, communisme et fuite des notables : l’électrique présidentielle de 1981", par Valentin Biret, dansOuest-France le 17 novembre 2021[3]
↑"Le jour d'après", par Favilla le 4 mai 2012, dansLes Echos'[4]'
↑L'ambassadeur soviétique à Paris et le directeur deL'Humanité n'auraient pas caché leur satisfaction devant cette défaite. D'aprèsJean Lacouture,Raymond Aron,Mémoires,p. 569 et sqq., cité dansLacouture 1998, tome 1, chap.XII) et François Mitterrand lui-même, le gouvernement soviétique et les dirigeants du parti communiste ont tout fait pour l'empêcher d'être élu : ils le trouvaient trop anticommuniste et trop habile dans sa stratégie de rééquilibrage au détriment du PCF. L'historienJean-Pierre Azéma a insisté dans son intervention au colloque « Changer la vie » de 1999 (voir bibliographie) sur la jeunesse du nouveau parti socialiste et la faiblesse de son implantation locale, deux handicaps qui ont disparu en 1981.
↑Serge July, « Serge July : "L'autre secret de Mitterrand : la chance" », surRTL, :« En 1981, la chance s'appelait Jacques Chirac. La tactique suicidaire du PCF d'un côté et l'existence d'une fracture à droite, c'était une configuration de rêve. Sans la campagne anti giscardienne de Jacques Chirac, François Mitterrand n'aurait pas été élu. Le leader du RPR pense se débarrasser de Giscard en le faisant battre et il ne donne pas cher de la présidence Mitterrand et à ses ministres communistes, qui sont condamnés à très court terme. »
↑« Entre Chirac et Giscard, une inimitié de 30 ans… »,Le Parisien,(lire en ligne).
↑Frédéric Bozo, « François Mitterrand et la fin de la guerre froide (1981-1991) »,Matériaux pour l’histoire de notre temps,nos 101-102,,p. 39-45(lire en ligne).
↑« […] si les Libyens avaient dans une certaine mesure quitté le Tchad par le nord, ils y revenaient par l'est ! » —Roland Dumas,Tchad : histoire secrète d'une négociation - Propos recueillis par Georges Saunier, 14 juin 2005.
↑abc etdRaphaëlle Bacqué etAriane Chemin, « François Mitterrand : le mystère de la dernière photo », surlemonde.fr, 17 janvier 2007 (mis à jour 12 mars 2024)(consulté le) :« Anne Pingeot, la mère de Mazarine, qui a passé la nuit sur place, est la première avertie, un peu avant 6 heures du matin. Puis le docteur Tarot prévient Danielle Mitterrand, revenue la veille de Latche »
↑Laguiller cite en effet« Un homme qui aura fait beaucoup de mal aux travailleurs ». Malgré son ralliement en 1981, elle sera très critique vis-à-vis de la politique du président socialiste, déclarant en 1995, aux spots télévisés de candidatures« J'avais dit en 1974, j'ai répété en 1981, 1988, que les travailleurs n'avaient rien de bon à attendre du faux homme de gauche qu'est Mitterrand. Les faits m'ont donné raison (…) ».
↑« L'Hommage de Chirac fait de l'effet »,Le Parisien,(lire en ligne).
↑Jacqueline Freyssinet-Dominjon, « Une mort aux quotidiens : Le portrait de François Mitterrand à la une des journaux nationaux du 9 janvier 1996 »,Sociétés & Représentations, 2001-2002(lire en ligne).
↑Denis Demonpion et Laurent Léger,Le Dernier Tabou, révélations sur la santé des présidents,Pygmalion,,p. 147.
↑abc etdCécile Prieur, « Quand Paris Match publiait la première photo de François Mitterrand et sa fille Mazarine », surlemonde.fr,(consulté le) :« Roger Thérond, directeur de la publication de Paris-Match, a été reconnu coupable, lundi 13 janvier par la17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, du délit de « publication de documents résultants d'une atteinte à l'intimité de la vie privée » et condamné à une amende de 100 000 francs. (...) Il devra également verser 1 franc de dommages-intérêts à (...) Danielle Mitterrand, à ses deux fils, Jean-Christophe et Gilbert, et à sa fille, Mazarine Pingeot (...) »
↑Natacha Wolinski, « Paparazzis : Les coulisses d'un métier trash », surmarieclaire.fr(consulté le) :« Mazarine et son père ne sortaient jamais ensemble des restaurants (...). Cette fois-là (...) je les ai photographiés à la sortie du Divellec, confie Sébastien Valiela. (...) J'ai donné les photos à l'agence de Rostain et Mouron, Sphynx, qui les a proposées à "Paris Match", qui a contacté François Mitterrand. Comme c'était le moment pour lui d'officialiser l'existence de Mazarine, il a donné son accord. »
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↑a etb« Selon son ex-compagne, Patrick Amory est bien l'auteur de la photo de François Mitterrand sur son lit de mort »,Le Monde,(lire en ligne).
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Jean-Marie Cotteret, Claude Emeri, Jacques Gerstlé, René Moreau,Giscard d'Estaing / Mitterrand, 54 774 mots pour convaincre, Presses universitaires de France, Paris, 1976.
Pierre-Marie Terral (préf. deFrançois Hollande),François Mitterrand : un roman français, Mareuil éditions, 2021.
Lesarchives de la présidence de François Mitterrand et de ses conseillers (cabinet présidentiel, archives du secrétariat particulier, du secrétariat général et des services de l'Élysée comme le service photographique et le service du protocole) forment une documentation considérable et sont conservées auxArchives nationales dans la sous-série 5/AG(4). Elles sont versées suivant un protocole spécial propre à Mitterrand et à son prédécesseur. Les archives ne seront communicables de plein droit qu'en2055, soit 60 ans après leur production.Dominique Bertinotti fut désignée comme mandataire sur le fonds et a donc la possibilité d'accorder des dérogations pour la consultation, au moins jusqu'en 2022. Les archives concernant legénocide des Tutsi du Rwanda furent celles qui suscitèrent le plus de controverses pour une consultation anticipée.