FrançoisIer est considéré comme le roi emblématique de la période de laRenaissance française[1]. Son règne, ponctué de guerres et d’importants faits diplomatiques, permet néanmoins un développement important des arts et des lettres en France.
Il possède un puissant rival en la personne de l'empereurCharles Quint et doit compter sur les intérêts diplomatiques du roiHenriVIII d'Angleterre, toujours désireux de se placer en allié de l’un ou l’autre camp.FrançoisIer enregistre succès et défaites mais interdit à son ennemi impérial de concrétiser ses rêves, dont la réalisation toucherait l’intégrité du royaume de France. L'antagonisme des deux souverains catholiques entraîne de lourdes conséquences pour l’Occident chrétien : il facilite la diffusion des idées de laRéforme naissante et surtout permet à l'Empire ottoman de s'installer aux portes deVienne en s'emparant de la quasi-totalité duroyaume de Hongrie.
La constitution de ce qui deviendra sous lesBourbons lamonarchie absolue et les besoins financiers liés à la guerre et au développement des arts induisent la nécessité de contrôler et optimiser la gestion de l'État et du territoire.FrançoisIer introduit une série de réformes touchant à l'administration du pouvoir et en particulier à l'amélioration du rendement de l'impôt, réformes mises en œuvre et poursuivies sous le règne de son fils et successeur,HenriII.
Son nom lui vient du nom deFrançois de Paule, lequel aurait prédit à sa mère la mise au monde d’un enfant-roi qui, à sa naissance, prendrait le nom de François[3].
Pour son sacre, Louis XII fait venir à lacour, en avril1498, son jeune cousin François, accompagné de sa sœur aînée,Marguerite, et de leur mère,Louise de Savoie. François est faitduc de Valois l'année suivante. Il est, en vertu de laloi salique, l'héritier présomptif de la couronne, en qualité d'aîné de la maison de Valois dans l'ordre de primogéniture (aucun des fils que Louis XII aura avec son épouseAnne de Bretagne n'a survécu plus de quelques jours).
Enluminure représentant un dauphin bleu à côté du futurFrançoisIer. L'enfant est guidé par sa mère,Louise de Savoie, jeune veuve vêtue de noir. Accompagnée de ses dames d'honneur, elle tient un compas,allégorie de la prudence. Louise entend que son« César » devienne ledauphin en titre, héritier du trône de France, conformément à une prophétie deFrançois de Paule[5]. Maître de Philippe de Gueldre, « Le Compas du Dauphin », vers 1505, Paris,BnF,Ms. Français 2285,fo 5 ro.
François grandit auchâteau d'Amboise, sur les bords de laLoire. Adoré par sa mère et sa sœur, François grandit au sein de ce trio très soudé, comme le relatent le journal de Louise[6][source insuffisante] et les écrits de Marguerite, qui parle même de « trinité »[Note 1]. Le, François fait une chute de cheval et se retrouve dans un état critique. Sa mère en tombe malade et ne vit que pour la guérison de celui qu’elle appelle son« César »[7].
Louise doit composer avec lemaréchal de Gié, gouverneur du jeune comte d'Angoulême et commandant du château, qui exerce un grand pouvoir sur ses enfants. Il a comme précepteursArtus Gouffier etFrançois de Moulins de Rochefort, son professeur de latin (langue que François assimilera avec beaucoup de peine), que François nommera plus tardgrand aumônier du roi[8]. Vers 1519-1520, François de Moulins rédige pour lui desCommentaires de la guerre gallique, une adaptation desCommentaires sur la Guerre des Gaules dans lequel il imagine un dialogue entre le jeune roi etJules César lui racontant ses campagnes militaires[9]. Le contact entre les cultures italienne et française pendant la longue période desguerres d'Italie, menées par ses deux prédécesseursCharlesVIII etLouis XII, introduit les nouvelles idées de laRenaissance en France au moment où François reçoit son éducation. Nombre de ses précepteurs, notamment l’ItalienGiovanni Francesco Conti etChristophe de Longueil, inculquent au jeune François un enseignement inspiré de la pensée italienne. La mère de François s’intéresse également de près à l’art de la Renaissance et transmet cette passion à son fils qui, durant son règne, maîtrise la langue italienne à la perfection. On ne peut affirmer que François ait reçu une éducationhumaniste ; en revanche, plus que tout autre de ses prédécesseurs, il a bénéficié d'une éducation qui le sensibilise à ce mouvement intellectuel.
François gouverne lecomté d'Angoulême lorsqu'il devient majeur en1512. Avant cette date, c'est sa mère Louise de Savoie qui le gérait depuis la mort de son mari Charles d'Orléans en 1496. Ils y effectuent de fréquents séjours. Lorsque François devient roi en 1515, Louise gouverne à nouveau le comté d'Angoulême devenu duché, jusqu'à sa mort en 1531[10].
François, comte d'Angoulême et duc de Valois, l'année de son mariage avecClaude de France (1514). Copie d'un portrait parJean Perréal, Saint-Pétersbourg,musée de l'Ermitage, cabinet des Dessins.
François d'Angoulême en prière devant le Christ en croix. Derrière le duc de Valois figure sa protectriceSainte Agnès, en référence aujour de la Sainte-Agnès qui voitAnne de Bretagne accoucher d'un fils mort‑né, le. François demeure ainsi le seul héritier du trône. Enluminure, 1512, Paris, BnF, Ms. Latin 8396,fo 1 vo.
Son emblème personnel représente unesalamandre, animal légendaire réputé se nourrir du feu selon les auteurs antiques. Jadis utilisé brièvement par son aïeulJean d'Angoulême, cet emblème reptilien figure dès 1504 sur une médaille frappée pour le jeune comte François d'Angoulême, avec l'inscription latine « Notrisco al buono, stingo el reo » signifiant que la salamandre possède la double faculté d'entretenir le « bon feu » divin de la Charité et d'éteindre le « mauvais feu » infernal de la division et de la guerre[14].
L'entrée royale dansParis le (rite politique majeur au cours duquel il accorde desgrâces[15]), donne le ton de son règne. Vêtu d’un costume en toile d’argent incrusté de joyaux, il fait cabrer son cheval et jette des pièces de monnaie à la foule[16][source insuffisante]. Il participe avec fougue et éclat à unpas d'armes (joute à cheval avec lances selon un scénario élaboré)[17].
À l’époque oùFrançoisIer accède au trône, les idées de laRenaissance italienne se diffusent en France et le roi contribue à cette diffusion. Il commande de nombreux travaux pour les différents châteaux de la couronne à de grands artistes qu’il fait venir en France. Plusieurs travaillent pour lui, comme l’orfèvreBenvenuto Cellini et les peintresRosso Fiorentino,Le Primatice,Andrea del Sarto et surtoutLéonard de Vinci[18].FrançoisIer manifeste une véritable affection pour Léonard, qu’il appelle« mon père » et qu’il installe auClos Lucé, à Amboise, à quelques centaines de mètres duchâteau royal. Le vieil artiste apporte, dans ses malles, ses œuvres les plus célèbres, parmi lesquellesLa Joconde,La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne,Saint Jean Baptiste. Le roi lui confie de nombreuses missions comme l’organisation des fêtes de la Cour, la création de costumes ainsi que l’étude de divers projets. Léonard reste en France de1516 jusqu’à sa mort en1519, dans les bras du roi, selon une légende battue en brèche par certains documents historiques[Note 2].
FrançoisIer emploie de nombreux agents, commePierre l'Arétin, chargés d’amener en France les œuvres de maîtres italiens commeMichel-Ange,Titien etRaphaël. C’est pendant le règne deFrançoisIer que la collection d’œuvres d’art des rois de France, aujourd’hui exposée auLouvre, commence réellement. En1530, il crée la collection desjoyaux de la Couronne[19].
Grâce àFrançoisIer, lesimprimeries françaises se perfectionnent et atteignent une importance de premier ordre dans l’univers intellectuel, en favorisant la publication d’un nombre croissant de livres. En1518,FrançoisIer décide la création d’un grand « cabinet de livres » abrité àBlois et confié au poète de la CourMellin de Saint-Gelais[20]. En1536, une interdiction est faite de« vendre ou envoyer en pays étranger, aucuns livres ou cahiers en quelques langues qu’ils soient, sans en avoir remis un exemplaire ès mains des gardes de la Bibliothèque Royale »[21][source insuffisante], bibliothèque dont il nomme intendant l’humanisteGuillaume Budé avec mission d’en accroître la collection. En1540, il chargeGuillaume Pellicier, ambassadeur àVenise, d’acheter et de faire reproduire le plus possible de manuscrits vénitiens.
À l’instigation de Guillaume Budé, il fonde en1530 le Collège des Lecteurs royaux (futurCollège de France) afin d'en faire un pôle d'enseignement du grec, de l'hébreu, du latin, et des mathématiques[22]. Bien que décidée parFrançoisIer, la construction du bâtiment ne se concrétise pas avant la régence deMarie de Médicis, près d’un siècle plus tard. Parmi les lecteurs royaux, on compteBarthélemy Masson[23], qui enseigne le latin, et le géographe et astronomeOronce Fine, chargé des mathématiques. Il favorise le développement de l’imprimerie en France et fonde l’Imprimerie royale dans laquelle œuvrent des imprimeurs commeJosse Bade etRobert Estienne. En1530, il nommeGeoffroy Toryimprimeur du roi, charge qui passe en1533 à Olivier Mallard, puis en1544 àDenis Janot. Le, le roi commande au graveur et fondeurClaude Garamont des poinçons destinés à graver des lettres grecques qui serviront, à partir de 1544, à imprimer, à partir de manuscrits conservés à Fontainebleau, des éditions grecques[22].
De nombreuses bibliothèques privées voient ainsi le jour :Emard Nicolaï, président de laChambre des comptes possède une vingtaine d’ouvrages,500 volumes appartiennent au président duparlement,Pierre Lizet,579 livres constituent la bibliothèque de son confrère André Baudry, 775 chez l’aumônier du roi, Gaston Olivier, 886 pour l’avocat Leferon, au moins 3 000 chezJean du Tillet et plusieurs milliers chezAntoine Duprat.
FrançoisIer subventionne des poètes telsClément Marot etClaude Chappuys et compose lui-même quelques poésies — bien que Mellin de Saint-Gélais soit soupçonné d’être l’auteur de certains poèmes dontFrançoisIer s’attribue la paternité[21] —[source insuffisante] publiées ainsi que quelques-unes de ses « lettres »[24].
Sa sœur aînée,Marguerite, se montre également une fervente admiratrice des lettres et protège de nombreux écrivains commeRabelais etBonaventure des Périers. Elle figure aussi dans la liste des lettrés de la Cour, étant l’auteur de nombreux poèmes et essais.
FrançoisIer se montre un bâtisseur acharné et dépense sans compter dans la construction de nouveaux bâtiments. Chacun des ambitieux projets royaux bénéficie de somptueuses décorations tant extérieures qu’intérieures.
Il poursuit le travail de ses prédécesseurs auchâteau d’Amboise, et surtout auchâteau de Blois[25]. Par des travaux qui durent dix ans, il fait ajouter deux nouvelles ailes à ce dernier, dont l’une abrite le fameux escalier, et modernise son intérieur avec des boiseries et des décorations à base d'arabesques propres à la nouvelle mode italienne. Au début de son règne, il entame la construction duchâteau de Chambord sur un domaine de chasse acquis par Louis XII. Bien queLéonard de Vinci participe vraisemblablement à ses plans, ainsi que l’architecte italienBoccador, Chambord reste un château Renaissance très ancré dans l'héritage de l'architecture médiévale française.
FrançoisIer tente de reconstruire lechâteau du Louvre, faisant détruire la tour médiévale de la forteresse dePhilippe Auguste. Il demande la construction d’un nouvelhôtel de ville pour Paris dans le but d’influencer les choix architecturaux, qui seront d’ailleurs mis en œuvre par Boccador etPierre Chambiges. En1528, dans lebois de Boulogne, il fait édifier lechâteau de Madrid, sous la direction deGirolamo della Robbia, qui évoque par sa structure la demeure queFrançoisIer a occupée pendant son emprisonnement en Espagne. Il fait également reconstruire, sous la direction de Pierre Chambiges, lechâteau de Saint-Germain-en-Laye et ajoute un château de chasse, lechâteau de la Muette, dans la forêt de Saint-Germain : celui que l'on surnomme le « roi des veneurs » peut s'y adonner à sa passion de lachasse à courre. Il fait aussi ouvrir les chantiers des châteauxde Villers-Cotterêts vers1530,de Folembray en1538, etde Challeau en1542. En tout, près de sept châteaux sont construits ou remaniés en quinze ans[26].
Le plus grand des projets deFrançoisIer consiste en la reconstruction quasiment complète (seul ledonjon du château antérieur est conservé) duchâteau de Fontainebleau, qui devient rapidement son lieu de résidence favori. Les travaux s’étendent sur une quinzaine d’années pour constituer ce queFrançoisIer veut être l’écrin de ses trésors italiens : tapisseries dessinées parRaphaël, bronze d’Hercule réalisé parMichel-Ange, décoration de la galerieFrançoisIer parRosso Fiorentino, autres décorations parle Primatice. Ces maîtres influenceront les artistes de la période, que l'on nommeraécole de Fontainebleau.
Il confie également à Léonard de Vinci l’élaboration des plans du nouveau château de Romorantin dans lesquels l’artiste reprend les plans de sa cité idéale deMilan. Le projet est néanmoins abandonné en1519, les maîtres d'œuvre mettant en cause une épidémie depaludisme alors présente dans les marais de Sologne, frappant les ouvriers du chantier, et la mort de l'artiste florentin cette année-là[27].
Il décide en1517 de la fondation d’un nouveau port, un temps appelé « Franciscopolis » mais que l’existence d’une chapelle sur le site choisi pour sa construction fera renommer « Le Havre de Grâce » (aujourd'hui simplementLe Havre).
SousFrançoisIer, la vie à la cour est rythmée par un ensemble d'évènements festifs constitués de tournois, de danses, et de bals costumés. Lesbals costumés se fondent le plus souvent sur des thèmes mythologiques, le Primatice contribuant à la réalisation des costumes[28].
La politique extérieure deFrançoisIer s’inscrit dans la continuité desguerres d’Italie menées par ses prédécesseurs. Pendant toute la durée de son règne, le roi n’a de cesse de revendiquer ses droits sur leduché de Milan. Son règne est également dominé par sa rivalité avecCharles de Habsbourg, devenuroi d'Espagne puisempereur du Saint-Empire sous le nom de Charles Quint. Leur rivalité se concrétise par quatre guerres au cours desquellesFrançoisIer enregistre succès et défaites, mais interdit à son ennemi impérial de concrétiser ses rêves de recouvrer leduché de Bourgogne. Pour lutter contre l'empire des Habsbourg,FrançoisIer met en place des alliances avec des pays considérés comme des ennemis héréditaires de la France ou des alliances jugées contraires aux intérêts chrétiens dont le roi est censé être le garant : le roi d'AngleterreHenriVIII, les princes protestants de l'Empire et le sultan ottoman,Soliman le Magnifique.
Par son arrière-grand-mèreValentine Visconti,FrançoisIer détient des droits dynastiques sur leduché de Milan. Dès la première année de son règne, il décide de faire valoir ses droits et monte une expédition pour prendre possession de ce duché. Pour lui, c'est aussi l'occasion de venger les défaites françaises de laprécédente guerre italienne : deux ans avant son avènement, tous les territoires occupés par ses prédécesseurs en Italie avaient été perdus. La conquête duMilanais parFrançoisIer s'inscrit totalement dans la continuité des guerres d'Italie commencées vingt ans plus tôt par le roiCharlesVIII[29].
Par plusieurs traités signés au printemps 1515,FrançoisIer parvient à obtenir la neutralité de ses puissants voisins[30],[31]. L’opposition à ses visées se limite au duc de MilanMaximilien Sforza, officiellement mais faiblement soutenu par le papeLéonX et son allié lecardinalMatthieu Schiner, artisan de l’alliance entre lescantons suisses et le pape, et futur conseiller de Charles Quint.
Au printemps 1515,FrançoisIer ordonne la concentration des troupes àGrenoble et une armée de 30 000 hommes marche sur l’Italie. Cependant, solidement établis àSuse, les Suisses tiennent la route habituelle duMont-Cenis. Avec l’aide technique de l’officier et ingénieur militairePedro Navarro, l’armée, y compris les chevaux et l’artillerie (soixante canons de bronze), franchit lesAlpes par une route secondaire plus au sud, par les deux cols,Vars (vallée de l'Ubaye) etLarche, puis débouche dans la vallée de laStura. C'est au prix d'efforts très importants qu'ils élargissent les chemins correspondants pour y passer l'artillerie. Ces efforts rapides sont récompensés, car ils provoquent une grande surprise. Dans la plaine duPiémont, une partie de l’armée suisse prend peur et propose, le 8 septembre àGallarate, de passer au service de la France. Schiner réussit à regagner les dissidents à sa cause et s’avance à leur tête jusqu’au village deMelegnano (en français, Marignan), à seize kilomètres deMilan. Labataille qui s’engage reste longtemps indécise, mais l’artillerie française, efficace contre lesfantassins suisses, les forces d’appoint vénitiennes et lafuria francese finissent par faire pencher la balance du côté deFrançoisIer qui emporte cet affrontement décisif.
En 1525, plusieurs auteurs évoquent l'adoubement du roi parBayard sur le champ de bataille de Marignan. Cette histoire est considérée désormais comme un mythe : elle aurait été montée à la demande royale, afin notamment de faire oublier que celui qui a adoubéFrançoisIer lors de son sacre, leconnétable de Bourbon, s'est rangé en 1523 du côté de Charles Quint. Pire, le connétable serait l'artisan de la future défaite de Pavie, et donc de l'emprisonnement deFrançoisIer. La légende a donc été inventée afin de faire oublier les liens « filiaux » qui liaient le roi et son traîtreux sujet, tandis qu'elle aurait renforcé un lien, inexistant au départ, entre le souverain et le symbole du courage et de la vaillance, mort en 1524[32]. Cette invention pourrait également être liée à la volonté du roi de France de se montrer le parfait exemple, chevaleresque entre tous, alors qu'il était prisonnier[33].
le,FrançoisIer et le jeune roi des EspagnesCharlesIer, futur Charles Quint, signent letraité de Noyon qui confirme àFrançoisIer la possession du Milanais, restitue laNavarre àHenri d’Albret[Note 3], et promet àCharles la main de la fille aînée du roi de France,Louise, alors âgée d’un an (mais qui ne survit pas à son troisième anniversaire). La dot de la future mariée inclut les droits sur leroyaume de Naples ;
Expansion des possessions de Charles Quint en Europe après 1519.
Une fois empereur, Charles s'anime de deux ambitions complémentaires :
une ambition dynastique lui tient particulièrement à cœur depuis sa jeunesse flamande, la récupération duduché de Bourgogne, possession de son arrière-grand-pèreCharles le Téméraire. Il n'en obtiendra jamais satisfaction pour des raisons de réalisme politique : si l'annexion de la Bourgogne par le roi de France à la mort du Téméraire était indiscutablement un coup de force peu fondé en droit[34], cet état de fait s'était suffisamment installé pour qu'en 1526, malgré la promesse de restitution du duché, les États de la province s'opposent au changement de suzeraineté[35] ;
une ambition impériale et chevaleresque de paix entre les chrétiens autour de l'empereur et du pape afin de mener la réforme de l’Église romaine et lacroisade contre les Turcs, héritée à la fois de la tradition impériale allemande, du messianisme monarchique castillan et du rêve de croisade bourguignon.
Ces deux ambitions ne pouvaient que se heurter à l’hostilité deFrançoisIer, qui nourrit très exactement le même type d'aspirations. Réformateur de l’Église dans son royaume avec leconcordat de Bologne, le roi de France doit s'allier aux luthériens et aux Turcs pour contrer l'empereur et retarder autant que possible la tenue d'un concile universel. Le roi de France convoite en outre des droits lointains au royaume de Naples, appartenant à l'empereur comme roi d'Aragon, et au duché de Milan, fief d'Empire vital à Charles Quint pour des raisons géopolitiques. Continuant la politique italienne deCharlesVIII etLouisXII,FrançoisIer ne cesse de tenter de garder pied en Italie au prix de l'occupation indue des États de son propre oncle,le duc de Savoie, par ailleurs beau-frère de l'empereur, ce qui exacerbe encore leur rivalité.
Le, la mort deMaximilienIer ouvre la succession à la couronne impériale. Cette couronne, si elle n’ajoute aucun contrôle territorial, apporte en revanche à son titulaire un surcroît de prestige et un poids diplomatique certain. Charles, élevé dans cette perspective, s'avère le candidat naturel à la succession de son grand-père et doit affronter le roiHenriVIII d'Angleterre, le ducGeorges de Saxe, dit « le Barbu », etFrançoisIer. La candidature de ce dernier répond à une double ambition :
éviter que le souverain qui contrôle déjà plus de la moitié de l’Europe et le Nouveau Monde ibérique se voie auréolé d’un prestige diplomatique supplémentaire et parvienne à réaliser son rêve avoué de constituer un nouvel empire deCharlemagne ;
La compétition se résume vite à un duel entre François et Charles. Pour convaincre les septprinces-électeurs allemands, les rivaux vont user tour à tour de la propagande et d’arguments sonnants et trébuchants. Le parti autrichien présente le roi d’Espagne comme issu du véritable« estoc » (lignage), mais la clef de l’élection réside essentiellement dans la capacité des candidats à acheter les princes-électeurs. Lesécus d'or français s’opposent auxflorins etducats allemands et espagnols mais Charles bénéficie de l’appui déterminant deJakob Fugger, richissime banquier d’Augsbourg, qui émet deslettres de change payables après l’élection et« pourvu que soit élu Charles d’Espagne ». Pour tenir les engagements de ses ambassadeurs qui promettent des millions d'écus, François aliène une partie du domaine royal, augmente lataille, émet des emprunts accumulés en promettant des intérêts toujours plus forts[36].
Charles qui a massé ses troupes près du lieu de l'élection à Francfort, est finalement élu à l'unanimité à19 ans « Roi des Romains » le etsacré empereur àAix-la-Chapelle le[Note 4]. Sa devise« Toujours plus oultre » correspond à son ambition de monarchie universelle d’inspiration carolingienne alors qu’il est déjà à la tête d’un empire« sur lequel le soleil ne se couche jamais » mais néanmoins, pour son malheur, très hétérogène.
Bien entendu, l’élection impériale n'apaise en rien les tensions continuelles entreFrançoisIer et Charles Quint. D’importants efforts diplomatiques sont déployés pour constituer ou consolider le réseau d’alliances de chacun.
En,FrançoisIer organise la rencontre ducamp du Drap d'Or avecHenriVIII mais échoue, vraisemblablement par excès de faste et manque de subtilité diplomatique, à concrétiser un traité d’alliance avec l’Angleterre[17]. De son côté, Charles Quint, neveu de la reine d’Angleterre, avec l’aide du cardinalThomas Wolsey à qui il fait miroiter l’élévation aupontificat, obtient la signature d’un accord secret contre la France au traité deBruges ; comme aime à le soulignerHenriVIII,« Qui je défends est maître ».
Les premiers affrontements éclatent en1521. Au nord, une attaque est dirigée parRobert III de La Marck sur laMeuse. Simultanément une armée d'Henri II de Navarre, commandée parAndré de Foix, tente de récupérer laNavarre, au sud. Du côté impérial,Franz von Sickingen et lecomtePhilippeIer de Nassau obligentBayard à s’enfermer dansMézières assiégée qu’il défend sans capituler malgré les canonnades et les assauts[37]. Le sort des armes se montre moins favorable aux français sur le front italien où les troupes dumaréchalOdet de Foix sont décimées par l’armée commandée parFrançoisII Sforza etProspero Colonna lors de labataille de la Bicoque. Toute la province se soulève alors en réaction au gouvernement oppressif du maréchal : la France perd le Milanais en avril 1522.
L’année 1523 est également le théâtre d'une affaire initialement franco-française mais dont les conséquences dépassent les frontières du royaume. LeconnétableCharles de Bourbon, en butte depuis son veuvage (1521) aux manœuvres deFrançoisIer pour satisfaire les revendications deLouise de Savoie sur leBourbonnais et la vicomté deChâtellerault[38], et s'estimant mal récompensé parFrançoisIer, s’accorde avec Charles Quint au service duquel il passe, pour devenir lieutenant général de ses armées.
FrançoisIer présidant unlit de justice. Miniature en frontispice du Registre du procès criminel du connétable de Bourbon, atelier d'Étienne Colaud, vers 1528-1535, Paris,BnF,Ms. Français 5109,fo A vo.
Cette défection retarde la contre-offensive deFrançoisIer sur Milan. En 1524,Guillaume Gouffier de Bonnivet prend la tête de l’armée qui doit reconquérir Milan mais trouve Charles de Bourbon sur son chemin, et doit se retirer sur laSesia. Blessé, il confie son arrière-garde à Bayard, qui succombe lui-même le. La voie est ouverte aux armées impériales pour une invasion par la route deLyon, offensive préconisée par Charles de Bourbon. Charles Quint préfère attaquer par la Provence et, en août et septembre 1524, fait mettre le siège devantMarseille, qu’il échoue à prendre.FrançoisIer en profite pour reprendre l’initiative et conduit lui-même son armée au-delà des Alpes pour arriver le sous les murs dePavie. La ville défendue parAntonio de Leiva, reçoit les renforts duvice-roi de Naples,Charles de Lannoy. Mal conseillé par Bonnivet et malgré l’avis deLouis de la Trémoille,FrançoisIer engage labataille dans la hâte. L’artillerie, mal placée, doit cesser le feu sous peine de tirer dans les rangs français. L’armée ne peut résister aux troupes impériales ; Bonnivet,La Palice et La Trémoille sont tués. La défaite de Pavie, le, s'avère grave pourFrançoisIer qui, blessé au visage et à la jambe, remet son épée à Charles de Lannoy et se voit retenu prisonnier[Note 5] dans la forteresse dePizzighettone puis transféré àGênes et à partir dejuin 1525 dans différentes résidences espagnoles, Barcelone, Valence et enfin l'alcazar de Madrid[39].FrançoisIer est le troisième souverain français capturé sur un champ de bataille[Note 6].
À l'alcazar,FrançoisIer est retenu dans une grande tour avec une vue prenante sur leManzanares. Durant sa détention, on dit que sa future femme,Éléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint, gravit souvent les marches de la tour pour admirer le roi de France dont elle tombe amoureuse. Elle reste souvent plusieurs heures à contempler François, qui tente lui d'apaiser sa solitude dans les lettres qu'il rédige pour sa maîtresse, lacomtesse de Châteaubriant. Elle écrit même à la mère du roi,Louise de Savoie, pour témoigner de son admiration envers son fils, assurant que si elle pouvait le délivrer elle le ferait. Éléonore n'est cependant pas la seule à tomber sous le charme du souverain, durant ses nombreux transfertsFrançoisIer suscite la sympathie des peuples qu'il rencontre[40][source insuffisante].
FrançoisIer reste prisonnier jusqu’à la signature, le, dutraité de Madrid, qui met fin à la guerre. Le roi de France doit céder leduché de Bourgogne et leCharolais, renoncer à toute revendication sur l’Italie, les Flandres et l’Artois, réintégrer Charles de Bourbon au sein du royaume de France, restituer les terres de celui-ci, et épouser Éléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint. François est libéré en échange de ses deux fils aînés, le dauphinFrançois de France etHenri de France (futur Henri II).FrançoisIer, lors de sa captivité à Madrid, avait fait le vœu d’un voyage de dévotion àNotre-Dame du Puy-en-Velay et à labasilique Saint-Sernin de Toulouse, s’il obtenait sa délivrance. En 1533, il honore sa promesse et se voit accueilli avec liesse dans de nombreuses villes de provinces[41].
Charles Quint ne tire pas grand profit de ce traité, que François avait d’ailleurs jugé bon de déclarer inexécutable la veille de sa signature. Le 8 juin, les états de Bourgogne déclarent solennellement que la province entend rester française. De surcroît, Louise de Savoie n’étant pas restée inactive pendant sa régence, une ligue contre l’empire est scellée àCognac, à laquelle participent la France, l’Angleterre, le pape et les principautés italiennes (Milan, Venise et Florence). Le, le connétable Charles de Bourbon est tué dans l'assaut qu'il donne à Rome. Ses troupes vengeront sa mort en mettant à sac la ville.
Une suite de défaites et de victoires des deux camps en Italie amène Charles Quint etFrançoisIer à laisserMarguerite d’Autriche, tante de l’empereur, etLouise de Savoie, mère du roi, négocier un traité qui amende celui de Madrid : le, àCambrai, est signée la « paix des Dames », ratifiée ensuite par les deux souverains.FrançoisIer épouse Éléonore, recouvre ses enfants moyennant une rançon de 2 000 000 d'écus (soit 6,86 tonnes d'or)[42] et garde la Bourgogne ; en revanche, il renonce à l’Artois, à la Flandre et à ses vues sur l’Italie.
Nouvelles alliances avec l'Empire ottoman et les princes protestants
En fait,FrançoisIer n’abandonne pas ses prétentions et s’ouvre à de nouvelles alliances quelque peu surprenantes pour un roi « très chrétien ».
FrançoisIer (à gauche) etSoliman le Magnifique (à droite) scellent l'alliance franco-ottomane. Tous deux ont été peints séparément parTitien en 1530. N'ayant pas rencontré les souverains, l'artiste a probablement pris pour modèle leurs profils sur des médailles[43].
En1528, il fait appel àSoliman le Magnifique afin de restituer aux chrétiens deJérusalem une église que les Turcs avaient transformée en mosquée. Le sultan accepte cette demande, et initie une succession d'accords entre la France et l'Empire ottoman qu'on appellera « capitulations ». Aucun traité d’alliance proprement dit n’est signé mais une coopération étroite permet aux deux puissances de combattre efficacement la flotte espagnole enMéditerranée, au grand scandale de l’Europe chrétienne.FrançoisIer use d’un intermédiaire pour discuter avec le sultan : il s’agit d’un des premiers cas connus de l’usage d'un diplomate pour négocier et non transmettre un simple message. Celui-ci, par précaution, demeure quand même emprisonné pendant un an àConstantinople[44].
En1536, la France devient la première puissance européenne à obtenir des privilèges commerciaux en Turquie. Ceux-ci autorisent les navires français à naviguer librement dans les eaux ottomanes et chaque navire appartenant aux autres pays a l’obligation de battre pavillon français et demander la protection des consuls français pour commercer. Outre cela, la France obtint le droit de posséder une chapelle d’ambassade[45] à Constantinople dans le quartierGalata. Ces privilèges assurent également une certaine protection de la France sur les populations catholiques de l’Empire ottoman.
D'autre part,FrançoisIer entend profiter des dissensions internes de l’Empire et signe, le àSaalfeld, un traité d’alliance avec lesprotestants de laligue de Schmalkalden. La France ne rejoint pas la ligue, mais promet une aide financière.
L’empereur et le pape finissent par aplanir leur différend : en 1530, àBologne, Charles Quint reçoit la couronne impériale des mains deClémentVII. Le7 août,FrançoisIer épouse la sœur de Charles Quint,Éléonore de Habsbourg, veuve du roiManuelIer de Portugal.
En1535, à la mort du duc de MilanFrançoisII Sforza,FrançoisIer revendique l’héritage du duché. Au début de1536, 40 000 soldats français envahissent leduché de Savoie et s’arrêtent à la frontière lombarde, dans l’attente d’une éventuelle solution négociée. En juin, Charles Quint riposte et envahit laProvence, mais se heurte à la défense du connétableAnne de Montmorency. Grâce à l’intercession du papePaulIII, élu en1534 et partisan d’une réconciliation entre les deux souverains, le roi et l’empereur signent le lapaix de Nice et se réconcilient lors de l'entrevue d'Aigues-Mortes le, promettant de s’unir face au danger protestant. En signe de bonne volonté,FrançoisIer autorise même le libre passage à travers la France afin que Charles Quint puisse aller mater une insurrection à Gand.
Charles Quint ayant refusé, malgré ses engagements, l’investiture duduché de Milan à un des fils du roi, une nouvelle guerre éclate en1542. Le,François de Bourbon-Vendôme,comte d’Enghien, à la tête des troupes françaises, défait le marquisAlfonso de Avalos, lieutenant général des armées de Charles Quint à labataille de Cérisoles. Cependant, les troupes impériales, avec plus de 40 000 hommes et62 pièces d’artillerie, ont traversé laLorraine, lesTrois-Évêchés et franchi la frontière. Mi-juillet, une partie des troupes assiège la place forte deSaint-Dizier, tandis que le gros de l’armée poursuit sa marche vers Paris. De graves problèmes financiers empêchent l’empereur de solder ses troupes, où se multiplient les désertions. De son côté,FrançoisIer doit également faire face au manque de ressources financières, ainsi qu’à la pression des Anglais qui assiègent et prennentBoulogne-sur-Mer. Les deux souverains, s'en remettant aux bons office du jeune ducFrançoisIer de Lorraine, filleul du roi de France et neveu par alliance de l'empereur, finissent par consentir à une paix définitive en 1544. Letraité de Crépy-en-Laonnois reprend l’essentiel de la trêve signée en 1538. La France perd sa suzeraineté sur la Flandre et l’Artois et renonce à ses prétentions sur le Milanais et sur Naples, mais conserve temporairement la Savoie et le Piémont. Charles Quint abandonne la Bourgogne et ses dépendances et donne une de ses filles en mariage, dotée du Milanais en apanage, àCharles,duc d’Orléans et deuxième fils du roi.
Bien queFrançoisIer et Charles Quint ne s’apprécient guère, ils se témoignent en public tout le respect qui s’impose lors de visites officielles. Ainsi,FrançoisIer reçoit plusieurs fois Charles, notamment au Louvre, juste avant que les travaux du nouveau Louvre ne commencent. Charles Quint demandant àFrançoisIer de le laisser traverser la France pour mater une révolte en Flandres, est reçu par le roi en et, accompagné de celui-ci, fait une entrée àParis, après être passé parBordeaux,Poitiers (le 8 décembre 1539)[46], etOrléans. Il visite ainsiFontainebleau, oùFrançoisIer lui fait découvrir lanouvelle galerie récemment achevée. La communication politique et la diplomatie s'érigent en outil de parade dans le but d'impressionner l’adversaire.
Les deux chefs d’État cherchent aussi à créer des liens familiaux pour donner un sentiment de paix et d’entente.FrançoisIer offre sa filleLouise (qui meurt en bas âge) en mariage à Charles Quint, et ce dernier est à l’origine du mariage de sa sœur Éléonore avecFrançoisIer en1530.
LorsqueFrançoisIer accède au pouvoir, la France ne s’intéresse guère auxgrandes découvertes et limite ses périples maritimes aux actions de contrebande et aux actes de piraterie sur la côte africaine. Pourtant, la France possède tous les atouts d’une grande puissance coloniale et navale : elle est dotée d’une longue façade maritime, de nombreux ports et de marins de qualité. Néanmoins, les prédécesseurs deFrançoisIer avaient privilégié les conquêtes méditerranéennes. La France avait été ainsi distancée dans la course vers l'Amérique par l'Espagne, le Portugal et l'Angleterre.
C’est donc sous le règne de celui-ci que naît le premier engouement français pour les Amériques. Le roi de France s'attache à desserrer le contrôle duNouveau Monde mis en place par les royaumes ibériques avec l'appui de la papauté (bulle pontificale de 1493Inter Cætera modifiée par letraité de Tordesillas de 1494) en limitant la portée de la bulle aux territoires déjà découverts à cette date, limitation qu'il n'obtient que sous la forme d'une déclaration deClémentVII en 1533.FrançoisIer peut donc pousser ses envoyés vers les territoires demeurant encore hors tutelle ibérique[47]. Les protestations espagnoles nées de cette politique sont à l'origine de la répartie du roi de France :« Je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde »[48].
Ainsi, les navires de l'armateurdieppoisJean Ango reconnaissent les côtes deTerre-Neuve, descendent enGuinée puis auBrésil, et contournent leCap jusqu’àSumatra. En 1522, l’un de ses capitaines,Jean Fleury, intercepte deuxcaravelles espagnoles venant de laNouvelle-Espagne et transportant les trésors offerts parCortès à Charles Quint. Cette découverte fait prendre conscience à la cour de France de l’importance du Nouveau Monde et des richesses qu’il peut contenir.
En 1523,FrançoisIer commence à encourager les explorations en Amérique du Nord. Il prend sous son égide le FlorentinGiovanni da Verrazzano et met à sa dispositions le vaisseau royalLa Dauphine, laissant à Jean Ango et aux capitaux florentins le soin de financer l’expédition. Verrazano atteint l’Amérique du Nord et laFloride (qu'il baptise du nom deFranciscane), cartographieTerre-Neuve, puis fondeLa Nouvelle-Angoulême (site de la futureNouvelle-Amsterdam, rebaptiséeNew York en 1664), en hommage à la famille du roi de France, avant de poursuivre vers le Brésil et lesAntilles. Son objectif consiste à trouver un passage vers le nord-ouest menant directement auxIndes. Ses conclusions s'avèrent éloquentes :« C’est une terre inconnue des anciens, […] plus grande que l’Europe, l’Afrique et presque que l’Asie ». Il donne le nom de « Nouvelle-France » aux territoires découverts.
En 1534,Jean Le Veneur, évêque deLisieux etgrand aumônier du roi, conseille àFrançoisIer d’envoyer le MalouinJacques Cartier en expédition pour découvrir« certaines îles et pays où l’on dit qu’il se doit trouver grande quantité d’or et autres riches choses ». C’est la naissance de laNouvelle-France et duCanada en tant que colonie française.
Parti de Saint-Malo le, Cartier traverse l’Atlantique en seulement trois semaines. Le24 juillet, il prend possession de la côte deGaspé, puis revient à Saint-Malo le5 septembre. Soutenu parFrançoisIer, il repart le 15 mai 1535 à la tête de trois navires. Il découvre l’embouchure du Saint-Laurent, remonte le fleuve et fonde le poste de Sainte-Croix (futureQuébec), puis atteint un village sur une colline, Hochelaga, qu’il rebaptise « Mont-Royal » (futureMontréal). Il nomme « Canada », d'après un motiroquois, une partie du territoire qu'il découvre. Remontés à Sainte-Croix, les Français y restent bloqués par les glaces entre novembre 1535 et avril 1536. Cartier repart, pour la France, considérablement affaibli et arrive à Saint-Malo le16 juillet 1536. La guerre avec Charles Quint ne facilite pas la mise en place d’une nouvelle expédition. À l'automne 1538FrançoisIer prend néanmoins connaissance du « Mémoire des hommes et provisions nécessaires pour les Vaisseaux que le Roy voulait envoyer en Canada »[49]. Pour gouverner cette province d’outre-mer,FrançoisIer choisit le LanguedocienJean-François de La Rocque de Roberval, militaire expert en fortification. Jacques Cartier quitte Saint-Malo le 23 mai 1541 à la tête de cinq navires chargés de vivres pour deux ans et transportant plusieurs centaines d’hommes. Ceux-ci sont « de bonne volonté et de toutes qualitez, artz et industrie ». Sa mission est de se rendre aux pays de « Canada et Ochelaga et jusques en la terre de Saguenay, s'il peult y aborder ». Il fonde une colonie qu’il nomme Charles-Bourg à une quinzaine de kilomètres de l'île de Sainte-Croix. Après des complications avec les populations amérindiennes et un hivernage difficile, Cartier décide de regagner la France. Le8 juin, il croise, à Terre-Neuve, Roberval qui arrive seul à la colonie en juillet. En octobre 1543, il est de retour en France.
Carte montrant la nouvelle terre de « Canada », produite vers 1542 par l'École de Dieppe, basée sur les écrits de Cartier 1535-1536.
Cette tentative française en Amérique du Nord se solde donc par un échec, car aucune colonie viable n'a pu être établie, mais la prise de possession de territoires nord-américains remet en cause le monopole colonial espagnol et ouvre des perspectives pour l’avenir, notamment pourSamuel de Champlain au début duXVIIe siècle.
Alors que le roi érige de nombreux châteaux et guerroie sans cesse, il déséquilibre sérieusement le budget du royaume. À la fin de son règne,LouisXII s’inquiétait déjà d’un François très dépensier. Le beau-père du roi avait laissé une France en bonne santé économique avec une monarchie au pouvoir renforcée sur le pouvoir des féodaux.FrançoisIer continue de consolider l’emprise de la couronne sur le pays mais, en même temps, détériore la situation économique du royaume.
LorsqueFrançoisIer accède au trône de France, son royaume compte environ18 millions d’habitants[52], ce qui constitue le pays unifié le plus peuplé d’Europe. 85 % de la population française est paysanne, mais laproductivité de l’agriculture, basée essentiellement sur la polyculture et les céréales, demeure faible (5 quintaux par hectare), et la pénurie, fréquente. En revanche, l’horticulture progresse avec notamment la culture des carottes, betteraves, artichauts, melons, choux-fleurs et mûriers. Quant aux villes, leur croissance suit le développement de l’artisanat.
Le règne deFrançoisIer voit un renforcement de l’autorité royale jetant les bases de l’absolutisme tel que pratiqué plus tard parLouisXIV[53]. Le défenseur le plus ardent de la suprématie royale s'avère lejurisconsulteCharles du Moulin[54]. Pour lui, le roi seul, et aucun autre seigneur ou officier, bénéficie de l'imperium.
La cour (estimée entre10 000 et 15 000personnes[55],[56]) toujours itinérante forme le véritable cœur du pouvoir. Bien qu’entouré de sonConseil (leGrand Conseil, leConseil des parties ou Conseil privé et le Conseil étroit, ce dernier chargé des décisions importantes de l’État), le roi apparaît de plus en plus comme la source unique de l’autorité, arbitrant en dernier ressort les initiatives de l’administration judiciaire et financière, choisissant et disgraciant sesfavoris, ses ministres et ses conseillers.
FrançoisIer est considéré comme un roi très chrétien et bon catholique[57]. Bien qu’il ne soit peut-être pas aussi pieux que sa sœurMarguerite de Navarre, il prie chaque matin dans sa chambre, se rend à la messe après le Conseil des affaires et communie régulièrement.FrançoisIer prend également part aux pèlerinages : dès son retour d’Italie en 1516, il se rend à laSainte-Baume en Provence sur le tombeau de Marie-Madeleine. Plus tard, il part à pied avec ses courtisans rendre hommage auSaint-Suaire àChambéry.
Après plusieurs décennies de crise entre la papauté et le royaume de France,FrançoisIer signe avec le papeLéonX leconcordat de Bologne (1516).
Alors que les idées de laRéforme commencent à se répandre en France,FrançoisIer garde initialement une attitude plutôt tolérante, sous l’influence de sa sœur Marguerite, portée sur l’évangélisme, sans rupture avec l’Église catholique. Le roi protège les membres dugroupe de Meaux, persécutés durant son absence par les théologiens de la Sorbonne et, sur les conseils de sa sœur, nomme même précepteur de son fils Charles,Lefèvre d’Étaples, auparavant exilé à cause de ces persécutions.
En revanche, dès 1528, l’Église de France entreprend des actions contre le développement de la nouvelle religion et propose aux réformés le choix entre l’abjuration et le châtiment. L’influence de Marguerite de Navarre se trouve contrariée par celle de deux puissants conseillers proches du roi : les cardinauxAntoine Duprat etFrançois de Tournon.
Devant les actes de vandalisme perpétrés contre les objets du culte romain,FrançoisIer se montre implacable et favorise la poursuite en justice des réformés. Face aux actes iconoclastes, le roi participe personnellement aux cérémonies destinées à effacer ce qui est considéré pour l’époque comme un crime. Survient en octobre1534 l’affaire des Placards, dans laquelleFrançoisIer estime l’autorité royale bafouée et qui accélère en réaction le processus de persécution desprotestants et l’amorce desguerres de Religion en France[Note 8].
L’épisode le plus douloureux de cette répression, qui ternit la fin de règne deFrançoisIer, s'avère le massacre desVaudois du Luberon, ralliés aux thèses deCalvin, des villages deCabrières,Mérindol etLourmarin, villages situés sur les terres de l’Église. Après publication d’un édit duParlement d’Aix en1540,FrançoisIer reste au départ silencieux car il a besoin du soutien des Vaudois contre l’empereurCharles Quint, il expédie donc des lettres de grâce aux habitants persécutés en Provence pour cause de religion.
Mais la retraite de Charles Quint en 1545 change la donne. Le, FrançoisIer fait exécuter l'édit de Mérindol et commande une croisade contre les Vaudois de Provence, décidant ainsi de réprimer dans le sang les désordres de cette communauté. Grâce auxgalères dePaulin de La Garde qui amènent des troupes duPiémont,Jean Maynier, président du Parlement d’Aix, etJoseph d’Agoult, baron d’Ollières, exécutent les ordres royaux avec un tel enthousiasme que même Charles Quint en exprimera son émotion.
Le durcissement de la politique deFrançoisIer à l’égard de la religion réformée ressort aussi, vraisemblablement, en raison des accords secrets passés avec Charles Quint à l’occasion de la signature dutraité de Crépy-en-Laonnois, accords qui obligent le roi de France à participer activement à l’éradication de la menace protestante en Europe et donc en France. Malgré ces accords,FrançoisIer persiste dans sa politique de soutien aux princes protestants d’Allemagne.[réf. nécessaire]
Les constructions se révèlent constituer un gouffre financier alors que l’effort de guerre contre Charles Quint mobilise des sommes énormes.
Pour faire face à la situation, le roi augmente les taxes : lataille, payée par les paysans, est plus que doublée, et lagabelle, payée sur le sel, est triplée[Note 9].FrançoisIer généralise ladouane et latraite foraine, augmentant ainsi la part dans les ressources du Trésor des taxes générées par les importations et les exportations de marchandises. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, en particulier pour les décisions à caractère fiscal,FrançoisIer ne convoque pas lesétats généraux durant son règne.
Il met en place trois mesures douanières protectionnistes. Il impose des droits de douane sur les importations de soie dans le but de protéger l'industrie de la soie de Lyon. Les deux autres mesures visent l'imposition de denrées alimentaires à l'exportation, motivée par la crainte d'une pénurie dans le royaume.
L'accroissement des différentestraites rend inopérant le système de recouvrement en usage jusqu'alors.FrançoisIer pallie cette insuffisance administrative par l'extension à la gabelle du système de perception par laferme. De même, le roi entend améliorer l'efficacité de l'emploi des fonds levés et l'adéquation des prélèvements avec la création en 1523 duTrésor de l'Épargne, caisse unique où doivent être apportées toutes les finances et réalisées toutes les dépenses générales de l'État. Cette nouvelle institution centralise l'activité des dix recettes générales préexistantes, qui opéraient de façon indépendante et sans coordination, laissant se développer erreurs et doubles emplois[Note 10].
FrançoisIer use aussi de nouveaux moyens pour lever des fonds. Il se sépare de pierres précieuses appartenant à la couronne et aliène des territoires royaux qui lui apportent les fonds nécessaires au financement de sa politique.
Enfin, le roi innove avec la vénalité des charges et offices. Ainsi, de nombreux bourgeois et nobles de grandes familles accèdent aux plus hautes charges de l’État par leur seule fortune. Les postes les plus prisés sont les notaires et secrétaires de la Chancellerie de Paris, qui rédigent et authentifient les lois. Bien qu’il n’abuse pas de ce dernier moyen, c’est certainement le début d’un phénomène destiné à s’amplifier et donc à affaiblir plus tard l’administration du pays malgré un pouvoir de plus en plus centralisé.
Par l’édit de Châteauregnard (),FrançoisIer crée également la premièreloterie d’État, sur le modèle des « blancques » existant déjà dans plusieurs villes italiennes.
Enfin, comme lors de l’affaire du connétable Charles de Bourbon,FrançoisIer ne recule pas devant les procédés douteux pour résoudre les problèmes financiers de la couronne. L’exemple le plus frappant en est le procès intenté àJacques de Beaune, principalintendant des finances depuis 1518 et accusé lors d’un procès intenté par le roi en 1524 de détournement des fonds destinés à la campagne d’Italie. Bien qu’ayant réussi à se justifier lors de ce procès, il est arrêté en 1527, accusé deconcussion, condamné à mort et exécuté augibet de Montfaucon. Lors de sa réhabilitation, il apparaît qu’il avait surtout eu le tort d’être un créancier important deFrançoisIer ; d'autres personnages, créanciers moins importants commeImbert de Batarnay, n'avaient pas été inquiétés.
Le domaine royal sousFrançoisIer, ses acquisitions et les demeures royales.
La majeure partie des acquisitions du domaine royal se limite aux fiefs de la famille deFrançoisIer et de son épouse réunis à la couronne lors de son sacre, tel le comté d’Angoulême, érigé en duché et offert à Louise de Savoie, qui retourne à la couronne à sa mort en 1531. En 1523, le domaine du roi s’étend au duché deBourbonnais, aucomté d’Auvergne, deClermont, deForez, deBeaujolais, de laMarche, deMercœur et deMontpensier (la plupart de ces terres étant confisquées au connétable de Bourbon en 1530 après sa trahison[38]). En1525, la couronne acquiert leduché d'Alençon, les comtés duPerche, d'Armagnac, deRouergue et, en 1531, ledauphiné d'Auvergne.
La Bretagne se trouvait déjà en cours de rattachement au domaine royal en1491, la duchesse de BretagneAnne ayant épouséCharlesVIII puisLouisXII. Cependant, la mort de Louis XII le mettait fin à l'union personnelle qui n'était pas uneunion réelle.FrançoisIer en devient l'usufruitier en épousant la fille d’Anne de Bretagne,Claude de France,duchesse de Bretagne, qui décède en 1524, sans toutefois être propriétaire du duché car Louis XII avait réservé les droits deRenée de France, fille cadette d'Anne de Bretagne. En 1514,FrançoisIer y envoieAntoine Duprat qui devient chancelier de Bretagne en 1518, en plus du titre de chancelier de France. Les héritiers de Renée seront spoliés de leur droit sur le duché. La Bretagne entre alors dans une ère assez prospère, dont la paix n’est perturbée que par quelques expéditions anglaises, telle celle deMorlaix en 1522. En 1532, année de la majorité du duc-dauphin,FrançoisIer réunit lesétats de Bretagne àVannes, début août, en demandant une union perpétuelle moyennant le respect de leurs droits et privilèges fiscaux. Menacés d'usage de la force par le lieutenant du roiRené de Montejean et malgré l'opposition et protestation officielle des députés nantais Julien Le Bosec et Jean Moteil, les états de Bretagne n'abandonnent que la souveraineté mais pas la libre administration du duché par les états, assemblée nationale des Bretons. Le13 août, il signe l’édit d'union du duché à la couronne de France. La Bretagne, jusque-là principauté du royaume, donc disposant d'une très large autonomie, devient propriété de la couronne et symbolise la réussite deFrançoisIer dans son agrandissement territorial du domaine royal. Le14 août, àRennes, il fait couronner son fils qui devientFrançoisIII de Bretagne.
À part les conquêtes duMilanais en début de règne et l’acquisition temporaire de laSavoie et duPiémont, le règne deFrançoisIer se révèle pauvre en conquêtes étrangères, en particulier après l'échec de ses revendications sur leroyaume de Naples.
À la fin des années 1530,FrançoisIer s'est considérablement épaissi, et unefistule entre l'anus et les testicules, cet « abcès augénitoire », le contraint à abandonner le cheval au profit d'une litière pour effectuer ses déplacements. Au cours des années suivantes, la maladie empire et la fièvre devient pratiquement continue[58].
Le « à deux heures du soir », le roiFrançoisIer meurt auchâteau de Rambouillet, assisté par son aumônier,Pierre Duchâtel, à l'âge de cinquante-deux ans. Le second fils du roi lui succède, devenant le roiHenri II. Selon lediagnostic paléopathologique établi d'après le compte rendu de son autopsie, la cause de sa mort est unesepticémie (évolution de sa fistule vésico-périnéale), associée à une insuffisance rénale grave due à unenéphrite ascendante[59]. Lors de son agonie, il aurait fait venir son fils pour lui livrer son testament politique et aurait été capable de gouverner jusqu'à son dernier souffle[60].
Le peintreFrançois Clouet réalise une esquisse à la sanguine du visage du roi âgé, destinée à effectuer son effigie mortuaire en cire[61],[62].
Anne de Pisseleu, sa maîtresse, se voit contrainte de quitter la cour.
Uncardiotaphe, réalisé sous forme d'une urne sur un haut socle sculptée entre 1551 et 1556 parPierre Bontemps — placé à l'origine dans leprieuré de Haute-Bruyère, détruit — est aujourd'hui conservé à Saint-Denis, non loin du monument au corps où le roi repose aux côtés de Claude de France, monument funéraire commandé parHenriII. Le mausolée, qui évoque un arc de triomphe, est conçu par l'architectePhilibert Delorme, et l'ensemble sculpté[Note 11] entre 1548 et 1559, l'œuvre deFrançois Carmoy, puis deFrançois Marchand etPierre Bontemps[63].
L’image la plus courante deFrançoisIer, visible dans ses nombreux portraits tels celui deJean Clouet de 1530, présente un visage calme avec un nez proéminent tout en longueur. Un autre portrait de profil réalisé parTitien confirme cette silhouette, avec une petite bouche lançant un sourire malicieux et des yeux en amandes. D'après un soldat gallois, présent aucamp du Drap d’Or en 1520,FrançoisIer est grand et :
« …Sa tête est bien proportionnée, malgré une nuque fort épaisse. Il a des cheveux châtain, bien peignés, une barbe de trois mois d’une couleur plus foncée, un nez long, des yeux noisette injectés de sang, le teint laiteux. Ses fesses et cuisses sont musclées, mais, au-dessous des genoux, ses jambes sont maigres et arquées, ses pieds longs et complètement plats. Il a une voix agréable mais il a la manie « peu royale » de rouler ses yeux continuellement vers le ciel… »
Les chroniqueurs évoquent un changement de physionomie à la suite d'unpas d'armes à Romorantin, le. Alors que le roi simule l'attaque de l'hôtel du comte de Saint-Paul, un des assiégés (identifié selon la tradition àJacques de Montgomery), dans l'exaltation du jeu, lance sur les assiégeurs un tison brûlant. Ce projectile aurait blessé le roi à la tête, ce qui aurait contraint son médecin à couper ses cheveux pour soigner la plaie.FrançoisIer décide alors de garder les cheveux courts. Par ailleurs, il a été avancé que le roi choisit, pour masquer la blessure, de ne pas rester le visage glabre, rejoignant ainsi la mode de la barbe, témoin d'un nouvel idéal masculin né dans les cours princières d'Italie et dominant en Europe pendant plus d'un siècle[65] ; toutefois, il n'y a aucun rapport de causalité entre l'accident du tison et le choix de sa pilosité faciale[66].
À la faveur de lapaix de Nice, unearmure équestre à ses mesures est commandée en janvier 1539 parFerdinandIer pour uncadeau diplomatique somptueux. Elle est réalisée àInnsbruck par l’armurier autrichien Jörg Seusenhofer et le graveur Degen Pirger[67]. Cette armure, d’une remarquable facture, permet d'appréhender la haute stature du souverain. Seusenhofer avait en effet été envoyé à Paris en 1539 pour prendre les mesures du roi. En 2015, pour une exposition à laBNF, l'armure est descendue de sa monture et installée en pied sur un mannequin. Elle montre que le roi avait une large carrure, de longues jambes minces et que sa taille se situait entre 1,98 m et 2 mètres[68].Mais les hostilités entre la France et l’Empire ayant repris au moment de la livraison en 1540, l'armure ne parviendra jamais à FrançoisIer. Elle reste àInnsbruck jusqu'auXIXe siècle puis rejoint les collections rassemblées auchâteau d’Ambras par l’archiducFerdinand II de Tyrol. La barde de cheval complémentaire, assemblant des éléments de 1547 et 1582, y est associée. En 1806,NapoléonIer réclame le harnois, mais le transfert à Paris est fait dans la hâte et ne permet pas l’enlèvement de toutes les pièces, dont une partie reste à Vienne[68]. Lemusée de l'Armée àParis[69] et leLeibrüstkammer de Vienne se partagent ainsi les pièces qui subsistent de cet ensemble. Les étriers (en or) ainsi que les armes richement décorées deFrançoisIer sont, quant à eux, exposés aumusée national de la Renaissance d'Écouen et témoignent également de la robustesse du roi.
FrançoisIer en Saint Jean Baptiste, peint parClouet vers 1520. Il est alors âgé de la vingtaine.
FrançoisIer portant le grand manteau de l'ordre de Saint-Michel, dans une représentation idéalisée du Roi réalisée après sa mort. Vitrail, 1555,musée national de la Renaissance,Écouen.
D’après les différents portraits de ses contemporains, par son éducation rigoureuse et par sa correspondance avec sa famille, on sait queFrançoisIer se montre assez intelligent, curieux et largement ouvert d’esprit, s’intéressant à tout sans ressortir pour autant érudit, prêt à discuter de toutes sortes de sujets avec une assurance souvent mal fondée, et très courageux, se rendant lui-même sur le champ de bataille et combattant avec bravoure[Note 12]. Il fait toutefois preuve d’un égoïsme caractéristique d’un enfant gâté, d’un manque d’implication et d’un tempérament impulsif qui lui valent certains déboires dans l’art militaire. Tout en sachant l’autorité qu’il doit à Dieu et l’image qu’il représente,FrançoisIer marque un certain rejet pour un protocole souvent trop rigoureux et prend quelques libertés, ce qui permet à la Cour de France de se vivre comme un lieu assez détendu. Il impose parfois des conventions mais peut passer outre l’étiquette[70].
La légèreté deFrançoisIer dans sa vie curiale ne doit pas occulter un véritable sens de ses responsabilités royales. Marino Cavalli, ambassadeur deVenise de 1544 à 1546, insiste, dans un rapport au sénat, sur la volonté du roi français :« Pour ce qui est des grandes affaires de l’État, de la paix et de la guerre, Sa Majesté, docile en tout le reste, veut que les autres obéissent à sa volonté ; dans ces cas-là, il n’est personne à la Cour, quelque autorité qu’il possède, qui ose en remontrer à Sa Majesté »[71],[Note 13].
Dans la victoire comme lors des revers militaires,FrançoisIer se distingue par un courage vif mais mal maîtrisé ; médiocre stratège, il tire mal parti des innovations techniques de son temps. L’exemple de labataille de Pavie se montre édifiant :FrançoisIer place dans la hâte son artillerie, pourtant l’une des meilleures d’Europe, derrière sa cavalerie, et lui ôte ainsi une grande part de son efficacité.
Durant son règne,FrançoisIer ne cache pas son goût pour les plaisirs courtois et l’infidélité. SelonBrantôme, son goût pour les femmes lui vaut d'être atteint desyphilis contractée dès 1524 avec une de ses maîtresses, la femme de l’avocat parisien Jean Ferron, surnommée « la Belle Ferronière »[72]. On prête au roi cette phrase :« Une cour sans femmes, c’est comme un jardin sans fleurs », montrant à quel point le roi compte sur la présence féminine à la cour de France, imitant ainsi les cours italiennes dans lesquelles le féminin atteste d'un symbole de grâce. Parmi ses maîtresses, on peut citerFrançoise de Foix, comtesse de Châteaubriant, supplantée parAnne de Pisseleu[Note 14], duchesse d’Étampes et demoiselle d’honneur deLouise de Savoie au retour deFrançoisIer après sa captivité espagnole. On peut aussi citer lacomtesse de Thoury et même une dame inconnue, dont le roi aura un fils,Nicolas d’Estouteville.
Certaines de ces femmes ne jouent pas seulement le rôle de maîtresse du roi, mais exercent également une influence politique, telles Anne de Pisseleu et la comtesse de Thoury.
D'après l'historien Cédric Michon, l'image populaire de François 1er est déformée par le fait qu'il n'a pas vraiment gagné la bataille de Marignan, que Léonard de Vinci n'est pas mort dans ses bras, qu'il n'a jamais rencontré Le Titien, qu'il n'a presque jamais dormi à Chambord, qu'il ne s'est pas passé grand chose au Camp du Drap d'Or, qu'il n'a pas créé le Collège de France, qu'il n'est pas le père de la Bibliothèque nationale, que malgré Villers-Cotterêts il n'a pas fait tant que ça pour la langue française, qu'il a abandonné le Canada malgré Jacques Cartier, qu'il n'a peut-être jamais porté l'habit de ses portraits, qu'il n'écoutait pas sa sœur et que sa maîtresse n'était pas si puissante[73].
Certains évoquent un huitième enfant, Philippe, né en 1524 et mort en 1525, ce qui laisse penser que Claude de France serait morte en couches[réf. nécessaire].
Plusieurs sources diffèrent quant à l’origine de lasalamandre comme symbole deFrançoisIer, cet animal légendaire censé éteindre les mauvais feux et attiser les bons[77]. Une tradition voudrait que François eût reçu cet emblème de son précepteur,Artus de Boisy, qui avait observé dans son élève,« un tempérament plein de feu, capable de toutes les vertus, qu’il fallait tantôt aviver, tantôt amortir ». Mais c’est oublier qu’on trouve déjà une salamandre dans l’emblème du comteJean d'Angoulême, frère cadet de Charles d’Orléans et grand-père deFrançoisIer, et qu’un manuscrit exécuté pour Louise de Savoie en1504, porte lui aussi une salamandre[78]. Les thèses selon lesquelles l’animal fut apporté àFrançoisIer parLéonard de Vinci, ou qu'il symboliserait l'ardeur amoureuse du roi, sont des hypothèses plaisantes, mais non véridiques. Toujours est-il queFrançoisIer, devenu roi, garda cet emblème hérité de la salamandre souvent surmontée d'unecouronne ouverte ou fermée, selon les hésitations de l'époque dans la représentation du premier insigne du pouvoir[79].
La salamandre au milieu des flammes, retournant la tête à gauche et regardant le ciel, l'extrémité de la queue repliée sur elle-même, symbolise généralement le pouvoir sur le feu, donc sur les hommes et sur le monde. La deviseNutrisco & extinguo, en latin approximatif, se traduit par :« Je nourris (le bon feu) et j'éteins le mauvais » ou« Je me nourris du bon feu et j'éteins le mauvais », ce qui symbolise la volonté du roi de soutenir les bons et d'exterminer les méchants[80].
Armoiries deFrançoisIer, roi de France. François retire la brisure de la branche de Valois-Angoulême au chef des armes, lors de son accession à la couronne.
« Une cour sans femmes, c’est comme un jardin sans fleurs »[Note 15].
« Votre Majesté » : il reprend cette formule jusque-là utilisée pour les empereurs, formule utilisée par ses successeurs.
« Parce que tel est notre plaisir. » /« Car tel est notre plaisir », citation apposée au bas deslettres patentes, édits et ordonnances royales[Note 16],[81],[82],[83].
Il y a, àCognac, sa ville natale, une placeFrançoisIer avec unestatue équestre à son effigie[85] (il s'agit de la place centrale de la ville), ainsi qu'une rueFrançoisIer qui borde lechâteau, où il est né en 1494.
Le grand parc au nord de Cognac porte également son nom[86].
↑Marguerite écrit, dans une réponse à des vers que lui adressait le roi :
«
Ce m’est tel bien de sentir l’amitié Que Dieu a mise en notre trinité.
»
(cité parChampollion-Figeac,Poésies deFrançoisIer, de Louise de Savoie et de Marguerite de Valois, 1847).
↑« Léonard de Vinci expirant dans les bras deFrançoisIer » est une belle image, traitée plusieurs fois en peinture, notamment en1781, parFrançois-Guillaume Ménageot et en 1835 parJean Gigoux. La tradition à laquelle les peintres ont emprunté leur sujet repose uniquement sur uneépitaphe latine conçue en termes fort amphibologiques. Elle est, il est vrai, rapportée parGiorgio Vasari (Les Vies, V), mais jamais vue sur aucun monument. En réalité, Léonard meurt au château de Cloux, àAmboise, le. Or, à cette époque, la Cour est àSaint-Germain-en-Laye, où la reine accouche du roiHenriII de France le 31 mars, et les ordonnances royales données le1er mai sont datées de cet endroit. De plus, le journal deFrançoisIer ne signale aucun voyage du roi jusqu’au mois de juillet. Enfin, l’élève de Léonard de Vinci,Francesco Melzi, auquel il lègue ses livres et ses pinceaux, et qui est dépositaire de son testament, écrit au frère du grand peintre une lettre où il raconte la mort de son maître. Pas un mot ne fait allusion à la circonstance mentionnée plus haut, qui, si elle eût été vraie, n’aurait certainement pas été oubliée. Source :John Grand-Carteret,L'Histoire, la vie, les mœurs et la curiosité par l'Image, le Pamphlet et le document (1450-1900), Librairie de la curiosité et des beaux-arts, 1927.
↑La Navarre avait été envahie en1512 parFerdinand le Catholique avec la complicité du papeJulesII, qui avait excommunié la famille régnante au motif qu’elle entretenait des liens coupables avec le protestantisme qui se répandait dans le Sud de la France. LaHaute-Navarre ne sera pas restituée, mais intégrée auroyaume de Castille.
↑Le papeClémentVII le sacrera pour sa part le àBologne, une fois leurs différends apaisés.
↑a etbOn a cru, jusqu’au commencement duXIXe siècle, queFrançoisIer, après la bataille de Pavie, écrivit immédiatement à sa mère cette seule phrase : « Tout est perdu, fors l’honneur », en admirant la simplicité et l’énergie de cette expression, et en exposant, à lachartreuse de Pavie, la table sur laquelleFrançoisIer aurait écrit ce billet. En réalité, on a retrouvé, dans les registres manuscrits du Parlement, le texte de la lettre adressée par le roi à sa mère. La voici telle qu’elle est rédigée :« Pour vous advertir comment se porte le ressort de mon infortune, de toutes choses ne m’est demouré que l’honneur et la vie, qui est sauve ; et pour ce que, en nostre adversité, cette nouvelle vous peu de resconfort, j’ay prié qu’on me laissât vous escripre ces lettres, ce qu’on m’agréablement accordé. Vous suppliant de volloir prendre l’extrémité de vous meismes, en usant de vostre accoustumée prudence ; car j’ay espoir en la fin que Dieu ne m’abandonnera point ; vous recommandant vos petits-enfans et les miens, vous suppliant de faire donner seur passage et le retour pour l’aller et le retour en Espaigne et à ce porteur, qui va vers l’empereur, pour savoir comme il faudra que je sois traicté. Et sur ce très humblement me recommande à vostre bonne grâce. » Registres manuscrits du Parlement,.
↑Outre ces deux ci,FrançoisIer créera neuf autres maréchaux de France, plus qu'aucun autre roi auparavant.
↑La répression déclenchée parFrançoisIer commence bien avant l’affaire des Placards. Depuis le mois d’août jusqu’au 15 septembre 1534, soit deux mois avant cette affaire, le Roi diligente une commission afin de poursuivre les réformés sous la conduite de Bonaventure Thomassin, conseiller au parlement de Paris depuis 1521 et qui sera nommé, en 1534, président du Parlement de Grenoble. L’action de cette commission créée par des lettres patentes du roi données à Arles le, plus d’un an avant l’exécution, aboutira à plusieurs condamnations à mort et à diverses autres peines. Le registre criminel du Parlement de Paris (cote 72) est incomplet, les vingt dernières feuilles ayant été arrachées (peut-être à cause de l’implication de certains familiers de Marguerite de Navarre : son aumônier Caroli etMichel d'Arande devenu précepteur du fils cadet du roi) ; le registre original a disparu, subsistent les extraits ; les lettres patentes ne sont mentionnées nulle part ailleurs. Cette commission fut notamment envoyée et procéda à Alençon, fief de Marguerite.FrançoisIer usurpe ainsi le pouvoir de la justice locale qu’il trouve trop molle à son goût.Références disponible viaGallica :
Extraits inédits des registres du Parlement de Paris dansBulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, 1859 (An 8),p. 62 et s.
ibidem dansBulletin historique et littéraire de la Société de l’histoire du protestantisme français, 1884, t. 33 (An 3),p. 162 et seq.
B. Robert,La réforme à Alençon dans le Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 1934 (An 83),p. 92 et seq.
↑Provoquant des émeutes, notamment àLa Rochelle en 1542.
↑FrançoisIer se félicite des conséquences de cette nouvelle institution :« Sans l'ordre établi par un nouveau système, il nous eut fallu ordonner une crue de la taille ou, au moins, charger nos officiers et nos sujets d'emprunts généraux et particuliers, retranchement de gages et pensions et autres sacrifices non moins pénibles. » (cité dansSystème financier de l'ancienne monarchie par Léon Bouchard (1891).
↑Lestransis deFrançoisIer et de sa femme sur les sarcophages dans la chambre funéraire reposent sur une estrade (ornée d'une frise en relief représentant labataille de Marignan etde Cérisoles) et sous une voûte sculptée soutenue par 16colonnes cannelées et rudentées au tiers d'ordre ionique. La voûte est ornée notamment de génies funéraires éteignant les torches de la vie, de l'allégorie du Christ ressuscité et des quatre prophètes de l'Apocalypse, Isaïe, Jérémie, Ezechiel et Daniel. L'entablement de marbre noir est recouvert d'une plate-forme en marbre gris sur laquelle figurent cinqpriants, le roi et la reine devant un prie-dieu et leurs enfantsCharlotte,François etCharles.
↑Brantôme donne une explication des traits de caractères du roi :« Le grand roy François, ce nom lui fut donné, non tant pour la grandeur de sa taille et corpulence, qui estoit très belle, et majesté royale très riche, comme pour la grandeur de ses vertus, valeurs, beaux faicts et hauts merites, ainsi que jadis fut donné à Alexandre, à Pompey et à d’autres ».
↑Marino Cavalli était un fervent admirateur deFrançoisIer :« Et si le roi de France n’avait pas rencontré dans sa route un prince aussi puissant (…) que l’est Charles Quint (…) la dignité impériale appartiendrait derechef à la France. ».
↑La légende raconte que le monarque et Anne de Pisseleu se sont rencontrés àVillepreux, au pied d'un orme qui a donné son nom à un lieu de cette ville : « l'Orme à la Blonde ».
↑D’après Nicolas Le Roux, maître de conférences àParisIV-Sorbonne, dans son article « La cour devient le théâtre de sa majesté ».
↑Comprendre : « Car telle est ma volonté ».On prête cette formule àFrançoisIer, qu’il utilisera à maintes reprises durant son règne, mais on sait qu’il n'est pas le premier à l'avoir exprimée : en effet, l’expression trouve son origine dans le droit romain :quod principi placuit legis habet vigorems = « ce qui plaît au prince a force de loi ».CharlesVI signait déjà une ordonnance du par la formule « Car ainsi nous plaît-il être fait »,LouisXI en 1461 par « Car ainsi le voulons et nous plaît-il être fait » et en 1464 par « Car tel est notre vouloir et franche volonté ». En 1472, la formule « Car tel est notre plaisir » est fixée. Le roi s’exprime à la première personne du pluriel, ce qui est l’usage depuis les débuts de la royauté.Cette formulation a été transformée à la Révolution en « Car tel est mon bon plaisir » pour condamner l'absolutisme, l'ancien régime étant qualifié par les républicains de « régime du bon plaisir » mais Napoléon,LouisXVIII etCharlesX se réattribuent la formule.
↑L. Roersch, « Barthélemy Latomus, le premier professeur d'éloquence latine au Collège Royal de France », dansBulletins de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique3e s., 14, 1887,p. 132-76.
↑Il existe à laBibliothèque nationale de France un manuscrit des poésies deFrançoisIer, provenant de la successionChatre-Imbert de Cangé.On y remarque une lettre en prose et en vers que ce prince adressa de sa prison à l’une de ses maîtresses, uneéglogue intituléeAdmetus, et un très grand nombre de petites pièces.Nous en extrayons quelques-unes :
«
Le mal d’amour est plus grand que ne pense Celui qui l’a seulement ouï dire ; Ce qui nous semble ailleurs légère offense, Et amitié se répute martyre. Chacun se plaint, et gémit, et soupire. Mais s’il survient une seule heure d’aise, La douleur cesse, et le tourment s’apaise.
Elle jura par ses yeux et mes yeux Ayant pitié de ma longue entreprise. Que mes malheurs se tourneraient en biens, Et pour cela me fut heure promise. Je crois que Dieu les femmes favorise, Car de quatre yeux qui furent parjures, Rouges les miens devinrent sans feintise, Les siens en sont plus beaux et azurés.
»
Les vers qu’il fit surAgnès Sorel sont plus connus. Le manuscrit dont nous avons parlé, les reproduit ainsi avec quelques variantes :
«
Ici dessoubz des belles git l’eslite, Car de louanges sa beauté plus mérite, Estant cause de France recouvrer, Que tout cela que en cloître put ouvrer Clause nonnain, ou en désert hermite.
»
Source :John Grand-Carteret,L'Histoire, la vie, les mœurs et la curiosité par l'Image, le Pamphlet et le document (1450-1900), Librairie de la curiosité et des beaux-arts,[détail des éditions].
↑Carlo Pedretti (dir.),Leonard De Vinci et la France, 2009,p. 79.
↑Les projets de costumes dessinés parle Primatice témoignent du grand nombre de fêtes organisés à Fontainebleau, à Paris et à Blois, sous la direction de l'artiste italien (référence : Dossier de presse de l'expositionL’Italie à la cour de France - Primatice, maître de Fontainebleau, 1504 -1570, Paris, musée du Louvre, -).
fin de 1539, fêtes données pourCharles Quint : costume deDiane assise sur un char, (le costume appartenait sans doute à une série de dieux assis sur des chars de l’invention deRosso et du Primatice),Musée du Louvre
costume deNeptune,Homme barbu, assis, à demi drapé, peut-être exhibé à l'initiative deCharles d’Angoulême, duc d’Orléans et costume porté par le dauphin.
juillet 1546, baptême d'Élisabeth de Valois, fille du dauphin Henri : costume porté par le dauphin,Capitaine tenant le bâton de commandement,Nationalmuseum,Stockholm
août 1546, mariage deClaudeII de Guise, duc d’Aumale, et deLouise de Brézé : costume vu par un ambassadeur du duc de FerrareFontaine d’eau parfumée,Nationalmuseum,Stockholm. La tête du personnage masqué était cachée par la sphère, les jambes par l’étoffe juponnée. Il jaillissait de l’eau parfumée des seins des Grâces.
noces de mademoiselle d’Avrilly : costume porté parFrançoisIer et Jean de Guise, cardinal de Lorraine,Sphinge polygnaste, Nationalmuseum, Stockholm.
↑Robert-Jean Knecht,Un Prince de la Renaissance :FrançoisIer et son royaume, Paris, Fayard, 1998,p. 75 et 77.
↑Avec Charles, le jeune souverain des Pays-Bas et duc de Bourgogne, le traité de Paris (), avecHenriVIII d'Angleterre, le traité de Londres (). Robert-Jean Knecht,Un Prince de la Renaissance :FrançoisIer et son royaume, Paris, Fayard, 1998,p. 77-78.
↑.LouisXII avait dû reculer face aux attaques de laSainte Ligue. Peu de temps avant le règne deFrançoisIer, deux des éléments essentiels de cette ligue reviennent à de meilleurs sentiments envers le royaume de France :HenriVIII signe en1514 le traité de paix et d’alliance deTournai et le papeLéonX, élu en1513, envisage des relations avec la France moins tumultueuses que celles de son prédécesseurJulesII. Letraité de Dijon n’ayant jamais été ratifié par Louis XII,FrançoisIer ne s’estime pas tenu par les clauses prévoyant la renonciation des droits de sa famille sur leduché de Milan et passe une alliance avec larépublique de Venise. Du côté duSaint-Empire romain germanique, le futurCharles Quint est alors seigneur desPays-Bas bourguignons et l’empereurMaximilienIer est concentré sur sa diplomatie vers l’est (Bohême,Hongrie,Pologne et Lituanie).
↑Voir par ex.Bertrand Schnerb, « La plus grande héritière du monde », dansBruges à Beaune. Marie, l'héritage de Bourgogne, Paris, 2000,p. 21-37, ici 23.
↑Dans letomeX de sonHistoire de France, le père Daniel rapporte une lettre curieuse qu’il transcrit de l’original, écrite parFrançoisIer à sa mère, lorsque les Impériaux lèvent le siège de Mézières. Le « Père des Lettres », comme on peut le voir, traite assez cavalièrement l’orthographe.« Madame, tout asetheure (à cette heure), ynsy que je me vouoys mettre o lyt, est aryveLaval, leque m’a aporté la serteneté (la certitude) deu lèvement du siège de Mésyères. Je croy que nos anemys sont en grant pène, vu la honteuse retrète qu’yl ont fet : pour tout le jour de demayn, je soré le chemin qu’ys prandront. Et selon sela, il nous fodra gouverner. Et s’yl on joué le pasyon, nous jourons la vanganse. Vous suplyant vouloyr mander partout pour fère remercier Dieu : car sans poynt de foie, il a montré se coup qu’yl est bon François. Et fesant fyn à ma lettre, remettant le tout seur le porteur, pry à Dieu qu’il vous doynt très bonne vye et longue. Vostre très-humble et très-obéyant fyls. François. ».
« Ce fut le 8 décembre de cette année 1539, vers les cinq heures du soir, que l’empereur Charles-Quint, venant de Lusignan où il avait « couché », disent les chroniques, fit son entrée dans la ville, accompagné du Dauphin et du duc d’Orléans. »
↑D’après l’article d’Historia de Liliane Crété, historienne du protestantisme et auteur deColigny (Fayard, 1995). Ce trait de caractère deFrançoisIer est confirmé par Robert Knecht, professeur en histoire de France à l’université de Birmingham qui écrit :« En tant que roi « très chrétien », qui a juré le jour de son sacre de défendre l’Église et de chasser toute hérésie de son royaume, il ne peut pas agir autrement. Mais est-il aussi pieux que sa sœur ? Aucune certitude à ce sujet mais tous les indices montrent que le roi se comporte en bon catholique ».
↑AlexandraZvereva,Les Clouet de la reine Catherine de Médicis : chefs-d'œuvre graphiques du Musée Condé, Paris / Chantilly, Somogy / Musée Condé,, 197 p.(ISBN2-85056-570-9),p. 14.
↑JulietteAllix, « L'Armure deFrançoisIer : histoires d'un présent diplomatique »,Les Cahiers de l’École du Louvre. Recherches en histoire de l’art, histoire des civilisations, archéologie, anthropologie et muséologie,no 6,(ISSN2262-208X,DOI10.4000/cel.311,lire en ligne, consulté le).
↑Robert Knecht, article « Un souverain en toute intimité »,Historiano 101.
↑Niccolo Tommaseo,Relations des ambassadeurs vénitiens sur les affaires de France auXVIe siècle, t. 1, Paris, Impr. royale, 1838.
↑Pierre-Olivier Chaumet explique :« DepuisFrançoisIer, la théorie de la monarchie absolue est contenue dans la formule prenant place à la fin des actes royaux : « car tel est notre bon plaisir ». Le mot « plaisir » est seulement la traduction latine deplacere, qui signifie « paraître bon » ou « volonté ». il ne s'agit aucunement de caractériser les effets d'un arbitraire royal. Par cette phrase, il est signifié que seul un monarque, au sens étymologique du terme, gouverne l'État. » (Pierre-Olivier Chaumet,Introduction historique au droit : de la fin de l'Antiquité à la codification napoléonienne, Paris, Ellipses,, 283 p.(ISBN9782340014008),p. 76).
Niccolo Tommaseo,Relations des ambassadeurs vénitiens sur les affaires de France auXVIe siècle,t. 1, Paris, Impr. royale, 1838. pourPortrait deFrançoisIer.
Pierre-Gilles Girault (dir.),FrançoisIer, images d’un roi, de l'histoire à la légende (catalogue d'exposition), Paris, Blois, Somogy, Château royal de Blois,, 104 p.(ISBN2-85056-988-7).