Issu de lanoblessebretonne, membre le plus célèbre de safamille originaire deSaint-Malo, Chateaubriand s'inscrit politiquement dans la mouvanceroyaliste. Plusieurs foisambassadeur auprès de souverains divers, il est nommé, en 1822, sous laRestauration,ministre des Affaires étrangères et occupe cette fonction jusqu'en 1824. Sous le règne deCharlesX, il compte parmi lesultraroyalistes. Les nombreuses responsabilités politiques et diplomatiques qui jalonnent sa carrière ainsi que son goût pour le voyage, en Amérique puis dans lebassin méditerranéen, structurent une vie marquée par l'exil et la nostalgie de la stabilité.
Ses premières publications majeures, l'Essai sur les révolutions (1797)[1] et leGénie du christianisme (1802), manifestent son engagement politique alors en faveur de lacontre-révolution et en défense de lasociété d'Ancien Régime. Mais la question idéologique s'entremêle très rapidement à la promotion d'une esthétique originale qui remporte un grand succès populaire et littéraire : la description de lanature et l'analyse des sentiments du « Moi », qu'il met en œuvre dans les fictionsAtala (1801) etRené (1802). D'abord publiées comme illustrations des thèses duGénie puis rattachées au vaste cycle romanesque desNatchez (intégralement paru en 1826), elles sont un modèle pour la génération suivante des écrivains français. Sa propension au mystère, à l'amplitude, à l'emphase, à la grandeur mélancolique, sa tentative d'exprimer une souffrance indicible et sa soif d'exotisme, qu'il réaffirme dans le récit de son voyage en MéditerranéeItinéraire de Paris à Jérusalem (1811), lui ont valu d'être considéréa posteriori comme l'un des « préromantiques » les plus influents de sa génération. La sensibilité douloureuse de ce« vague des passions », illustré à travers le personnage de René, connaît une importante postérité dans leromantisme français : le « mal du siècle » deMusset ou le « spleen » deBaudelaire peuvent en être considérés, entre autres, comme de lointains avatars.
Mais l'œuvre monumentale de Chateaubriand réside dans lesMémoires d'outre-tombe, parus à titre posthume dès 1849, dont les premiers livres recréent son enfance et sa formation dans son milieu social de petite noblesse à Saint-Malo et àCombourg. Les livres suivants relèvent davantage du tableau historique des périodes dont il a été le témoin de 1789 à 1841. Ce texte, à la fois chef-d'œuvreautobiographique et témoignage historique de premier plan, manifeste une évolution de sa prose qui ne demeure pas moins influente sur lalittérature française.
René Auguste de Chateaubriand et Apolline Jeanne Suzanne de Bédée, fille du seigneur de La Bouëtardaye et comte de Bédée, épousée en 1753 à Bourseul, eurent six enfants dontJean-Baptiste de Chateaubriand et François-René.
Acte de baptême de François-René de Chateaubriand, 5 septembre 1768. Parrainage et signature de son frère aînéJean-Baptiste de Chateaubriand
Cette réussite financière est fondée sur le commerce avec lescolonies[2] où il futcorsaire en temps de guerre,pêcheur demorue etnégrier en temps de paix[3]. Le jeune François-René doit d'abord vivre éloigné de ses parents, chez sa grand-mère maternelle, Mme de Bédée, àPlancoët, où il est placé en nourrice. Mme de Bédée l'amène souvent chez son oncle, aumanoir de Monchoix. Son père, réussissant dans les affaires, peut acheter en 1761 lechâteau de Combourg enBretagne, où la famille Chateaubriand s'installe en 1777. François-René y passe une enfance qu'il décrira comme souvent morose auprès d'un père taciturne et d'une mère superstitieuse et maladive, mais gaie et cultivée.
Il fait successivement ses études aux collèges deDol-de-Bretagne (1777 à 1781), deRennes (1782) et deDinan (1783).
Après de longues hésitations à propos de sa carrière, il obtient en 1786 un brevet de sous-lieutenant aurégiment de Navarre à17 ans, sous les ordres de son frère Jean-Baptiste (lequel le présentera à laCour pour laquelle il ressent« un dégoût invincible »), puis est fait capitaine à19 ans. Il vient àParis en 1788, où il se lie avecJean-François de La Harpe, etLouis de Fontanes qui sera son ami le plus cher et avec d'autres écrivains de l'époque. Nourri deCorneille et marqué parRousseau, Chateaubriand fait ses débuts littéraires en écrivant des vers pour l’Almanach des Muses.
C'est Chateaubriand lui-même qui évoque dansLes Mémoires d'outre-tombe à plusieurs reprises son admission dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Pour devenirchevalier de Malte, il se serait même fait tonsurer. Il explique comment son frère aurait présenté pour lui-même une demande d'admission à l'Ordre auprès du prieur d'AquitaineLouis-Joseph des Escotais et comment il aurait justifié de ses quartiers de noblesse. La demande serait acceptée lors du chapitre prieural des, et. Chateaubriand note dans sesMémoires d'outre-tombe que, le, l'Assemblée nationale avait aboli les titres de noblesse :« Comment les chevaliers et les examinateurs de mes preuves trouvaient-ils aussi que je méritais à plus d'un titre la grâce que je sollicitais […] ? »[4].
Il faut noter que les principaux spécialistes de généalogies ou de nobiliaires duXIXe siècle donnent Chateaubriand commechevalier de Malte : Courcelles (1824)[5], Vitton de Saint-Allais (1846)[6], Potier de Courcy (1890)[7], Guillotin de Courson (1902)[8], Kerviler (1895)[9] à l’exception de Révérend (1902)[10] ou La Roque (1891)[11]. C'est« Chateaubriand [qui] donne complaisamment et intégralement dans leSupplément des Mémoires d'outre-tombe » le « Mémorial »[12]. CeMémorial des actes authentiques[13] est le dossier sur lequel se base l'Ordre pour admettre ou refuser un prétendant. Chateaubriand est deBretagne qui dépend dugrand prieuré d'Aquitaine qui relève de lalangue de France[12]. Dans cettelangue il fallait pouvoir justifier de huit quartiers (quatre du côté paternel et quatre du côté maternel) ainsi que de100 ans minimum de preuves de noblesse[12]. Chateaubriand remonte jusqu'au23e aïeul qui aurait participé en 1066 à labataille d'Hastings[12]. C'est ce Mémorial qu'aurait donc envoyé son frère auprieur des Escotais, et ce document aurait été accepté comme « bon et valable ».
Mais cela n'est que le début de la démarche et non sa finalité. C'est ce même document que présentaient les parents d'un nouveau-né qui voulaient faire admettre de minorité leur enfant cadet dans l'Ordre, puisque l'ancienneté commençait avec l'acceptation de ce mémorial. Admis dans l'Ordre mais pas pour autant chevalier. Pour cela le grand prieuré nommait des commissaires enquêteurs qui menaient des enquêtes locales, littérales (sur pièces), testimoniales, publiques (bonnes mœurs) et secrètes. Ces huit commissaires (quatre publics, quatre secrets) rédigeaient unProcès-verbal des Preuves qui devait être positif. Il fallait alors que le postulant ou sa famille payâtle passage en fait des droits de réception pour l'Ordre et de défraiement pour les commissaires. Ensuite, le futur chevalier devait faire une année de noviciat à Malte avec service à laSacra Infermeria ou auprès d'un notable de l'Ordre. Pour accéder aux dignités et devenir chevalier de Malte, il fallait en plus au novice faire quatre ans decaravanes, service en mer de six mois à la belle saison de navigation. Cela fait donc cinq années en résidence à Malte (consécutives ou non), au bout desquelles le novice pouvait prononcer ses vœux pour entrer en religion, dansLa Religion. Souvent, après cette formation à la mer, beaucoup de jeunes novices renonçaient à une vie monacale pour faire carrière dans la marine de leur royaume et plus simplement faire un mariage de qualité. Pour ceux qui prononçaient les vœux, qui « prenaient l'habit », ils devenaient frères en religion et chevaliers dans l'Ordre. Avec l'ancienneté, les chevaliers pouvaient espérer obtenir la charge d'unecommanderie, devenir ainsicommandeur, première étape d'une vie de seigneur local avec les bénéfices de la commanderie, une fois reversées à l'Ordre lesresponsions et assuré l'améliorissement de la commanderie et de ses maisons[12].
Chateaubriand ne fera jamais profession, ne séjournera jamais à Malte et ne pourra donc jamais prononcer ses vœux. Il ne sera jamais chevalier de Malte de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, il n'aura donc jamais l'« espoir des bénéfices » escomptés dans sesMémoires d'outre-tombe.
DansVoyage en Amérique, publié en 1826, Chateaubriand raconte être arrivé àPhiladelphie le, être passé àNew York,Boston etLexington. Il relate une rencontre avecGeorge Washington à Philadelphie, qui lui aurait dit« Well well, young man ». Il remonte l'Hudson en bateau jusqu'àAlbany, où il embauche un guide et continue jusqu'auxchutes du Niagara, à la rencontre du « bon sauvage » et de la solitude des forêts d'Amérique du Nord[16]. À Niagara, il raconte s'être brisé un bras à cause d'une brusquerie de sa monture, et avoir passé un mois au sein d'une tribu indienne. Le récit de voyage proprement dit s'interrompt, Chateaubriand consacrant plusieurs dizaines de pages à des considérations d'ordre zoologique, politique, et économique des Indiens et de l'Amérique en général.
Ensuite, il mentionne en quelques pages son retour vers Philadelphie via la rivièreOhio, leMississippi et laLouisiane, mais la véracité de ce trajet est remise en question.
De nombreux critiques questionnent le fait que Chateaubriand vécut plusieurs semaines au sein de tribus indiennes similaires à celle qu'il décrit dansLes Natchez[18]. L'itinéraire que Chateaubriand décrit dansVoyage en Amérique comporterait de nombreuses exagérations et déformations de la réalité, notamment quant à son passage enLouisiane. La véracité de sa rencontre avec George Washington est également mise en doute.
Certains experts émettent l’hypothèse que Chateaubriand rapporta des liasses de documents écrits de sa main contenant les idées qui formèrentLes Natchez[19]. Il affirma que l’expérience américaine lui avait fourni l’inspiration qui est à la base desNatchez. Ses descriptions imagées furent écrites dans un style novateur pour l’époque, qui deviendra le style romantique français.
Fin, il se marie avecCéleste Buisson de la Vigne, descendante d'une famille d'armateurs de Saint-Malo, âgée de17 ans. Ils n'auront pas de postérité. Le, accompagné de son frère, mais sans sa femme, il quitte la France pourCoblence. Il y rejoint l'armée des émigrés afin d'y combattre les armées de la République. Sa jeune femme Céleste, qui vit en Bretagne, délaissée par son mari qui ne lui donne pas de nouvelles, est arrêtée comme « femme d’émigré », emprisonnée àRennes, où elle reste jusqu'au9thermidor (). François-René, blessé ausiège de Thionville, se traîne jusqu'à Bruxelles[14], d'où il est transporté convalescent àJersey. C'est la fin de sa carrière militaire.
Il va ensuite vivre àLondres, en 1793, dans un dénuement momentané, mais réel (il loge dans un grenier deHolborn[20]). Grâce àJean-Gabriel Peltier il trouve un emploi à Beccles où il donne des leçons de français et fait des traductions pour les libraires. Il publie en 1797 son premier ouvrage, l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes, considérées dans leurs rapports avec la Révolution française[21], où il exprime des idées politiques et religieuses peu en harmonie avec celles qu’il professera plus tard, mais où se révèle déjà son talent d’écrivain.« Pour cet ouvrage il se nourrit deRousseau, deMontesquieu, deVoltaire »[14]. Cette œuvre passe inaperçue de la critique. Seul,Amable de Baudus s'en fait l'écho dans son journal,le Spectateur du Nord de. Sa femme, restée en Bretagne, est arrêtée et ne devra sa survie qu'à la chute de Robespierre.
En décembre 1793, son frèreJean-Baptiste de Chateaubriand, sa belle-sœur (une petite-fille deMalesherbes, l'avocat deLouisXVI) et une partie de leur famille sont arrêtés. La plupart sont guillotinés à Paris en avril et mai 1794. Seule la chute de Robespierre permet à la jeune belle-sœur de son frère et à son mari,Hervé Clérel de Tocqueville, de survivre. Le jeune couple recueillera leurs neveux et les élèvera avec leurs trois fils dont le cadet n'est autre que le philosophe politiqueAlexis de Tocqueville.
En 1798, sa mère et sa sœur Julie décèdent. Frappé par ces épreuves, François-René se tourne de nouveau vers la religion, et entreprend l'écriture duGénie du Christianisme. C'est, selon lui, une lettre de sa mère mourante qui le ramène à la religion. L'ouvrage est sur le point de paraître à Londres quand il décide de rentrer en France, en 1800.
De retour en France en 1800, il participe activement auMercure de France avecLouis de Fontanes, puis le dirige pendant quelques années. C'est dans cette logique qu'il fait paraître, en 1801,Atala, création originale qui suscite une admiration controversée.
Il compose vers la même époqueRené, œuvre empreinte d'une mélancolie rêveuse, qui devient un modèle pour les futurs écrivainsromantiques. Dans cette œuvre, il rapporte de manière à peine déguisée l'amour chaste, mais violent et passionné, qu'il a éprouvé pour sa sœur aînéeLucile, qui le surnommait « l'Enchanteur ». Sa femme Céleste vit alors avec Lucile dans leur château de Bretagne, mais elles ont cessé de parler de François-René, leurgrand homme, qu'elles aiment toutes deux.
Il publie ensuite à Paris le leGénie du christianisme, en partie rédigé en Angleterre, et dontAtala etRené, à l'origine, sont seulement des épisodes. Il s'est proposé d'y montrer que lechristianisme, bien supérieur aupaganisme par la pureté de sa morale, n'est pas moins favorable à l'art et à la poésie que les « fictions » de l'Antiquité. Il y célèbre la liberté, selon lui fille du christianisme, et non de la Révolution. Ce livre fait événement et donne le signal d'un retour du religieux après la Révolution.
Toujours sur laliste des émigrés dont il veut être radié, il plaide sa cause auprès d'Élisa Bonaparte, sœur duPremier Consul et dont Fontanes est l'amant. Elle intervient plusieurs fois auprès de son frère pour lui montrer le talent de l'écrivain, qui est rayé de cette liste le. Bonaparte le choisit en 1803 pour accompagner lecardinal Fesch àRome comme premier secrétaire d'ambassade[14]. François-René reparaît alors au château, tout juste vingt-quatre heures, pour inviter sa femme Céleste à l'accompagner à Rome. Celle-ci, apprenant sa liaison avec la comtessePauline de Beaumont, refuse le ménage à trois[22]. Cet amour est pourtant proche de sa fin, puisque Châteaubriant part pour Rome en tant que premier secrétaire d'ambassade. Malade, proche de sa fin,Pauline de Beaumont le rejoint à Rome où elle meurt peu après. L'écrivain fait ériger un monument funéraire à sa mémoire en l'égliseSaint-Louis des Français. Cependant, le moralisteJoseph Joubert écrira : "Châteaubriand la regrette sûrement autant que moi mais elle lui manquera moins longtemps."
Multipliant les maladresses à Rome — il demande notamment au papePieVII d'abolir les lois organiques qui complètent le régimeconcordataire pour rétablir le culte catholique en France —, il exaspère le cardinal-ambassadeur Fesch qui obtient son départ au bout de six mois. Bonaparte le nomme le chargé d'affaires dans laRépublique du Valais. Le, il apprend l'exécution duduc d'Enghien. Il donne immédiatement sa démission et passe dans l'opposition à l'Empire. Lors du sacre de l'empereur, il va chez son amiJoseph Joubert àVilleneuve-sur-Yonne où il écrit plusieurs chapitres desMartyrs et des passages desMémoires d'outre-tombe.
La maison de Chateaubriand dans le domaine de la Vallée-aux-Loups.Plaque 63rue des Saints-Pères, son pied-à-terre parisien de 1811 à 1814.
Rendu aux lettres, Chateaubriand conçoit le projet d'uneépopée chrétienne, où seraient mis en présence lepaganisme expirant et la religion naissante. Désireux de visiter par lui-même les lieux où situer l'action, il parcourt laGrèce, l'Asie Mineure, laPalestine et l'Égypte durant l'année 1806.
À son retour d'Orient, exilé par Napoléon à trois lieues de la capitale, il acquiert laVallée-aux-Loups, dans le Val d'Aulnay (actuellement dans la commune deChâtenay-Malabry), près deSceaux, où il s'enferme dans une modeste retraite. Sa femme Céleste l'y rejoint, elle raconte dans sesSouvenirs, avec humour, les conditions pittoresques de l'aménagement. Chateaubriand y composeLes Martyrs, sorte d'épopée en prose, parue seulement en 1809.
Les notes recueillies durant son voyage forment la matière de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811). La même année, Chateaubriand est élu membre de l'Académie française, à la place deMarie-Joseph Chénier. Mais comme il a, dans son projet de discours de réception, blâmé sévèrement certains actes de la Révolution, Napoléon ne consent pas à lui laisser le prononcer[14]. Il ne lui est donc pas permis de prendre possession de son siège. Il l'occupera seulement après laRestauration.
Chateaubriand accueille avec transport le retour desBourbons. Dès le, il publie contre l'empereur déchu un virulentpamphlet,De Buonaparte et des Bourbons, qui est diffusé à des milliers d'exemplaires et qui, comme il se plaît à le croire et le fait dire àLouisXVIII dans sesMémoires, aurait autant servi le roi« que cent mille hommes »[23]. Sa femme trouve à s'engager à ses côtés àGand pendant lesCent-Jours, à Paris lors du retour des Bourbons. Avec un sens inattendu de la politique auquel elle mêle un bon sens naturel, Céleste devient la confidente de Chateaubriand et même son inspiratrice. Pendant toute la Restauration, elle joue auprès de lui un rôle de conseillère écoutée.Talleyrand, qui l'a dans le passé couvert et protégé, le nomme ambassadeur enSuède[24]. Chateaubriand n'a pas encore quitté Paris quandNapoléonIer revient en France en 1815. Il accompagne alorsLouisXVIII à Gand, et devient un des membres de son cabinet. Il lui adresse le célèbreRapport sur l'état de la France.
Après la défaite de l'Empereur, Chateaubriand vote la mort du maréchalNey en à la Chambre des pairs. Il est nomméministre d'État etpair de France. Mais ayant, dansLa Monarchie selon la Charte, attaqué l'ordonnance du qui dissout laChambre introuvable, il est disgracié et perd son poste de ministre d'État. Il se jette dès lors dans l'oppositionultraroyaliste, et devient l'un des principaux rédacteurs duConservateur, le plus puissant organe de ce parti. D'après Pascal Melka, auteur deVictor Hugo, un combat pour les opprimés. Étude de son évolution politique, leConservateur sera à l'origine du journalLe Conservateur Littéraire qui emploiera Victor Hugo[25].
Le meurtre duduc de Berry, en 1820, le rapproche de la Cour : il écrit à cette occasion desMémoires sur la vie et la mort du duc. Il a par la suite fait partie de la commission des souscripteurs pour l'acquisition duChâteau et duDomaine de Chambord qui fut offert àHenri V, fils du duc de Berry[26].
En 1821, Il est nommé ministre de France àBerlin, puis ambassadeur à Londres[14] (où son cuisinier, Montmireil, invente lacuisson de la pièce de bœuf qui porte son nom).
Cette même année, à55 ans, il devient l'amant de Cordélia de Castellane qui en a 30, fille du banquier Louis Greffulhe, épouse du comteBoniface de Castellane futur maréchal de France, connue pour sa beauté et son esprit. Il la rencontre chez son ancien ami devenu son adversaire politiquele comte Molé, qui est alors son amant, dans son domaine de Champlâtreux. Cette liaison s'achèvera l'année suivante. Les lettres à Mme de Castellane sont les seules lettres passionnées qui nous soient parvenues de Chateaubriand :« J'ai enfin saisi ce rêve de bonheur que j'ai tant poursuivi. C'est toi que j'ai adorée si longtemps sans te connaître[29]... »
Il est l'un desplénipotentiaires au congrès de Vérone et fait décider l'expédition d'Espagne, malgré l'opposition apparente duRoyaume-Uni (en réalité, ce dernier souhaitait une intervention). À son retour, il reçoit le portefeuille deministre des Affaires étrangères. Il réussit l'aventure espagnole avec la prise deCadix à labataille du Trocadéro en 1823. Mais, n'ayant pu s'accorder avecVillèle, chef du gouvernement, il est brutalement congédié le. Il déclare à ce sujet :
« Et pourtant qu’avais-je fait ? Où étaient mes intrigues et mon ambition ? Avais-je désiré la place de Monsieur de Villèle en allant seul et caché me promener au fond du Bois de Boulogne ? J’avais la simplicité de rester tel que le ciel m’avait fait, et, parce que je n’avais envie de rien, on crut que je voulais tout. Aujourd’hui, je conçois très bien que ma vie à part était une grande faute. Comment ! vous ne voulez rien être ! Allez-vous-en ! Nous ne voulons pas qu’un homme méprise ce que nous adorons, et qu’il se croie en droit d’insulter la médiocrité de notre vie. »
Il rentre aussitôt dans l'opposition, mais pour s'unir cette fois au parti libéral, et combat à outrance le ministère Villèle, soit à laChambre des pairs, soit dans leJournal des débats, où il donne le signal de la défection : il se montre alors le chevalier défenseur de laliberté de la presse[30] et de l'indépendance de la Grèce, ce qui lui vaut une grande popularité.
À la chute de Villèle, il est nomméambassadeurà Rome (1828), où Céleste l'accompagne cette fois et où elle tient son rang d'ambassadrice avec brio, mais il donne sa démission à l'avènement duministère Polignac, ce qui signe son déclin politique.
Une série d'assiettes en porcelaine de Sèvres ornées d'un décor floral peint par Jacob-Ber (ou Sisson) dont il disposa dans cette fonction est conservée à la Banque de France (reproduction couleur dansTrésors de la Banque de France - Histoire et richesses de l'hôtel de Toulouse, 1993,p. 102-103)
Chateaubriand vit un dernier amour en 1828-1829 avec Léontine de Villeneuve, comtesse de Castelbajac : la jeune femme de26 ans lui écrit d'abord des lettres enflammées, et ils se rencontrent uniquement en dans la station thermale deCauterets dans lesHautes-Pyrénées. Cette rencontre, platonique ou non, Chateaubriand l'évoque dans un chapitre desMémoires d'outre-tombe avec l'expression« la jeune amie de mes vieux ans ». Cet amour romantique a inspiré le film de Jean Périssé sorti en 2008L'Occitanienne ou le Dernier Amour de Chateaubriand.
L'abandon de la carrière politique et les dernières années
« Chateaubriand aurait pu être un grand ministre. Je l'explique non point seulement par son intelligence aiguë, mais par son sens et sa connaissance de l'histoire, et par son souci de la grandeur nationale. J'observe également combien il est rare qu'un grand artiste possède des dons politiques à ce degré. »
De plus en plus opposé aux partis conservateurs, désabusé sur l'avenir de la monarchie, il se retire des affaires, après laRévolution de 1830, quittant même la Chambre des Pairs. Il ne signale plus son existence politique que par des critiques acerbes contre le nouveau gouvernement (De la Restauration et de la Monarchie élective, 1831), par des voyages auprès de la famille déchue, et par la publication d'unMémoire sur la captivité de laduchesse de Berry (1833), mémoire pour lequel il est poursuivi, mais acquitté. Il publie également en 1831 desÉtudes historiques (4 vol. in-8º), résumé d'histoire universelle où il veut montrer le christianisme réformant la société. Cet ouvrage aurait dû être le frontispice d'uneHistoire de France, méditée depuis longtemps mais abandonnée. À la fin de 1831 il prend le temps d'honorer laRévolte des canuts toute récente, disant que cette révolte ouvrière annonce un temps nouveau[31].
Ses dernières années se passent dans une profonde retraite[32], en compagnie de son épouse. Il ne quitte guère sa demeure, un appartement au rez-de-chaussée de l'hôtel des Missions-Étrangères, auno 120rue du Bac à Paris, que pour aller à l'abbaye-aux-Bois toute proche, chezJuliette Récamier, dont il est l'ami constant et dont le salon réunit l'élite du monde littéraire.
Il reçoit de son côté de nombreuses visites, tant de la jeunesse romantique que de la jeunesse libérale, et se consacre à l'achèvement de ses mémoires commencés en 1811.
Ce vaste projet autobiographique, cesMémoires d'outre-tombe, ne devra paraître, selon le vœu de l'auteur, que cinquante ans après sa mort.
Il en sera finalement autrement puisque, pressé par ses problèmes financiers, Chateaubriand cède les droits d'exploitation de l'ouvrage à une « Société propriétaire desMémoires d'outre-tombe », constituée le, qui exigera que l'œuvre soit publiée dès le décès de son auteur, et y pratiquera des coupes franches, afin de ne pas heurter le public[33], ce qui inspirera d'amers commentaires à Chateaubriand :
« La triste nécessité qui m'a toujours tenu le pied sur la gorge, m'a forcé de vendre mesMémoires. Personne ne peut savoir ce que j'ai souffert d'avoir été obligé d'hypothéquer ma tombe […] mon dessein était de les laisser à madame de Chateaubriand : elle les eût fait connaître à sa volonté, ou les aurait supprimés, ce que je désirerais plus que jamais aujourd'hui. Ah ! si, avant de quitter la terre, j'avais pu trouver quelqu'un d'assez riche, d'assez confiant pour racheter les actions de la Société, et n'étant pas, comme cette Société, dans la nécessité de mettre l'ouvrage sous presse sitôt que tintera mon glas ! »
Son dernier ouvrage, une « commande » de son confesseur, sera laVie de Rancé, une biographie d'Armand Jean Le Bouthillier de Rancé (1626-1700), abbé mondain, propriétaire du château de Véretz en Touraine, et réformateur rigoureux de la Trappe, qu'il publie en 1844. Dans cette biographie, Chateaubriand égratigne une autre personnalité de Véretz, son contemporainPaul-Louis Courier, le redoutable pamphlétaire qui avait critiqué mortellement le régime de la Restauration soutenu par le vicomte, et brocardé celui-ci dans plusieurs de ses écrits.
Le, Céleste meurt :« Je dois une tendre et éternelle reconnaissance à ma femme dont l'attachement a été aussi touchant que profond et sincère. Elle a rendu ma vie plus grave, plus noble, plus honorable, en m'inspirant toujours le respect, sinon toujours la force des devoirs. »
Ses restes sont transportés deParis àSaint-Malo par étapes dont une àDol et déposés face à la mer, selon son vœu, sur le rocher duGrand Bé, un îlot dans la rade de sa ville natale, auquel on accède à pied depuis Saint-Malo lorsque la mer s'est retirée.
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« Jouer un grand rôle dans l’État fut, si curieux que cela puisse nous paraître, son désir le plus âprement poursuivi[35]. »
Fils desLumières, ouvert aux débuts de la Révolution, puis rejeté dans le camp contre-révolutionnaire par la Terreur : les débuts de la carrière littéraire de Chateaubriand ont été marqués par des choix politiques qui ont évolué, des contradictions flagrantes, gommées dans lesMémoires d'outre-tombe ; individualiste, inconstant, capricieux, il a été« plus épris de posture que de responsabilités » (B. de Cessole).
Son tout premier ouvrage —Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes, considérées dans leurs rapports avec la Révolution Française — publié à Londres en 1797, était selon une mémorialiste contemporaine, lamarquise de La Tour du Pin,« dans des idées révolutionnaires et irréligieuses très accentuées. Il l’avait publié en Angleterre à très peu d’exemplaires et avait ensuite fait tout son possible pour les retrouver et les brûler »[36].
Il rentre en France en 1791 pour défendre la monarchie mais sans y croire. Revenu des illusions de la Révolution, il est le plus libéral des contre-révolutionnaires.
Pendant leConsulat, il s’engage sur une ligne conservatrice, hostile aux révolutionnaires comme aux tenants des Lumières (Le Génie du christianisme) et offre ses services au Premier Consul. Rompt avec Bonaparte en 1804 à l'exécution du Duc d’Enghien.
Rachète leMercure de France en 1807 (organe de l’opposition royaliste à Napoléon Bonaparte) :« Lorsque dans le silence de l’abjection, l’on n’entend plus retentir que la chaîne de l’esclave et la voix du délateur, lorsque tout tremble devant le tyran et qu’il est aussi dangereux d’encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l’historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. C’est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l’empire ; il croît inconnu après des cendres de Germanicus et déjà l’intègre providence a livré à un enfant obscur la gloire du maître du monde » (repris dans lesMémoires d'outre tombe, t 4, p 320.).
Frappé de bannissement, il est désormais dans l'opposition :« Chateaubriand persuadé que l’écrivain est investi d’un rôle politique et social majeur qui ne peut s’exercer que dans la liberté » (B.de Cessole). Il s'installe à La Vallée aux Loups.
Royaliste en 1814 et 1815 : il contribue à la restauration des Bourbons en 1814 (« De Buonaparte et de Bourbons ») ; suit la monarchie à Gand pendant les 100 jours.
1814-1824 : ferveur légitimiste/royalisme échevelé, pousse la Restauration hors des voies modérées souhaitées par Louis XVIII ; attaque Decaze ; (« De la monarchie selon la Charte », 1816), polémiste dans le Conservateur.
Ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII en 1822, renvoyé en 1824. À la tête de l'opposition royaliste sous Charles X, il attaque Villèle, le premier ministre.
1824-1830 : héros du libéralisme, il défend la liberté de la presse.« J’étais l’homme de la Restauration possible, de la Restauration avec toutes les sortes de libertés. Cette Restauration m’a pris pour un ennemi, elle s’est perdue » (De la Restauration et de la monarchie élective », cité dans lesMémoires d'outre tombe, t 10, p 17.).
« Ce monarchiste a contribué à faire tomber la monarchie des Bourbons en se ralliant avant 1830 à l’opposition libérale » (J.Touchard[37])[réf. incomplète].
La monarchie légitime tombée en 1830, Chateaubriand proclame sa fidélité à la légitimité. Il renonce à se rallier à la« monarchie bâtarde » de Louis Philippe. Sollicité par celui-ci, il considère que son souverain légitime est Henri V.
« Inutile Cassandre, j’ai assez fatigué le trône et la pairie de mes avertissements dédaignés. Il ne me reste plus qu’à m’asseoir sur les débris d’un naufrage que j’ai tant de fois prédit… » (Discours à la Chambre des pairs,Mémoires d'outre tombe, t 9, p 385).
« Il aime la liberté mais il pense qu’elle est incompatible avec le nivellement égalitaire et avec le règne de l’argent, elle lui paraît inséparable des institutions de l’Ancien Régime, mais il sait que l’histoire ne revient pas en arrière… » (J.Touchard).
On peut dire que Chateaubriand comme Saint Simon en dépit de leurs défauts bien connus étaient des esprits droits dans leurs jugements. Royaliste de toujours, il n’avait guère d’illusions sur les Bourbons et s’est montré clairvoyant sur l'évolution de son époque :« Nous marchons vers une révolution générale… les nations se nivelleront dans une égale liberté… ou dans un égal despotisme » (Mémoires d'outre tombe, t 10, p 17).
Réflexions politiques sur quelques écrits du jour et sur les intérêts de tous les Français, Le Normant,1814, essai politique
De la Monarchie selon la charte, Impr. des amis du roi (Paris),1816. Une seconde édition[38] parisienne intituléeDe la Monarchie selon la Charte, ou les Erreurs de la Monarchie Française depuis le départ de Napoléon., chez Arnaud, chez les libraires du Palais-royal, et à Bruxelles
Mémoires, lettres et pièces authentiques touchant la vie et la mort de S. A. R. monseigneur Charles-Ferdinand d'Artois duc de Berry, Le Normant,1820
Études ou discours historiques sur la chute de l'Empire romain, la naissance et les progrès du christianisme et l'invasion des barbares, Lefèvre (Paris),1831, essai
Buste de l'écrivain François-René de Chateaubriand par le sculpteur David d'Angers (1829)
« Chateaubriand portait jusqu'à la cime la gloire émouvante de nos lettres. » Charles de Gaulle, discours du à Quimper (Discours et Messages,t. V, Plon,p. 376).
Par son talent comme par ses excès, Chateaubriand peut être considéré comme le père duromantisme en France. Ses descriptions de la nature et son analyse des sentiments dumoi en ont ainsi fait un modèle pour la génération des écrivains romantiques. Il a, le premier, formulé le « vague des passions » qui deviendra un lieu commun du romantisme :
« Il reste à parler d'un état de l'âme, qui, ce nous semble, n'a pas encore été bien observé ; c'est celui qui précède le développement des grandes passions […]. Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente […] »
Sa pensée et ses actions politiques semblent offrir de nombreuses contradictions ; il se voulait à la fois l'ami de la royauté légitime et de la liberté, défendant alternativement celle des deux qui lui semblait être en péril :
« Quant à moi, qui suis républicain par nature, monarchiste par raison, et bourbonniste par honneur, je me serais beaucoup mieux arrangé d'une démocratie, si je n'avais pu conserver la monarchie légitime, que de la monarchie bâtarde octroyée de je ne sais qui[N 3]. »
— Chateaubriand,De la nouvelle proposition relative au bannissement de Charles X et de sa famille,
On observe dans sesMémoires d'outre-tombe une dualité entre le Chateaubriand personnel qui exalte ses sentiments avec unlyrismeromantique et le Chateaubriand public, lemémorialiste qui fait la chronique de son époque, qui a vu l'avènement de ladémocratie à laquelle il s'opposait, estimant que la France n'était pas encore mûre (Mémoires d'outre-tombe,). Tout au long de son œuvre, les deux personnages se regroupent en un seul, ils s'associent ; ainsi toute la vie politique de Chateaubriand fut influencée par ses sentiments personnels et sa solitude.
En 1898, à l'occasion du cinquantenaire de la mort de Chateaubriand,Charles Maurras porte un jugement sévère sur son engagement politique où il croit lire l'influence néfaste de son âme romantique. Dans sa brochureTrois idées politiques : Chateaubriand, Michelet, Sainte-Beuve, il déplore que certains placent Chateaubriand au panthéon des auteurslégitimistes et traditionalistes :« LouisXVIII n'eut pas de plus incommode sujet, ni ses meilleurs ministres de collègue plus dangereux » ;« Race de naufrageurs et de faiseurs d’épaves, oiseau rapace et solitaire, amateur de charniers, Chateaubriand n’a jamais cherché, dans la mort et dans le passé, le transmissible, le fécond, le traditionnel, l’éternel : mais le passé pour le passé, et la mort comme mort, furent ses uniques plaisirs ».Jacques Bainville rejoint Maurras dans la condamnation de l'action politique de l'écrivain, au contraire d'Emmanuel Beau de Loménie — dissident de l'Action française — qui soutient en 1929 dans sa thèse d'histoireLa carrière politique de Chateaubriand de 1814 à 1830, que« Chateaubriand légitimiste et catholique s’[est] consacré […] à dénoncer la faute que commettaient, selon lui, les Bourbons rétablis sur le trône, en se confiant, dans un esprit de conciliation généreuse mais imprudente, à l’équipe des hommes que leur origine et leur formation destinaient à fournir les cadres desdoctrinaires du libéralisme », ce qui déclenche une controverse avec Maurras[40].
Victor Hugo se serait exclamé, étant enfant :« Je veux être Chateaubriand ou rien ! »[N 4]. En revanche, en, Hugo reconnaît devantPaul Stapfer que« Chateaubriand est plein de choses magnifiques » et qu’il« a déployé dans lesMémoires d’outre-tombe un immense talent », mais il confie aussi que« c’était la personnification de l’égoïsme, un homme sans amour de l’humanité, une nature odieuse »[41]. Lors de son discours de réception à l'Académie française, Hugo cite Chateaubriand parmi les rares qui ne se sont pas agenouillés devant Napoléon[42].
Talleyrand a dit de Chateaubriand :« Monsieur de Chateaubriand croit qu'il devient sourd car il n'entend plus parler de lui ». Et Chateaubriand a dit de Talleyrand :« Ses yeux étaient ternes, de sorte qu’on avait peine à y lire, ce qui le servait bien ; comme il avait reçu beaucoup de mépris, il s’en était imprégné, et il l’avait placé dans les deux coins pendants de sa bouche ».
Arthur Mugnier :« Oh ! Être dans un vieux château assis près d'un bon feu avec des fenêtres donnant sur de grands et vieux arbres moussus et lire seul, tranquillement toute une correspondance intime et inédite de Chateaubriand ! Ce serait une volupté suprême »[43].
Charles de Gaulle :« À Colombey, le, à l'heure du thé, le Général parle de Chateaubriand : « L'an dernier, j'ai relu lentement lesMémoires d'outre-tombe […] C'est une œuvre prodigieuse… Il pose sur l'avenir un regard profond… En fait, il avait presque tout vu… y compris les bolcheviks… et puis, je sens comme lui : essentiellement, voyez-vous, Chateaubriand est un désespéré… mais jusque dans son désespoir il fait face, il se redresse de toute sa taille ». » Puis : « tait un désespéré. On le comprend, il avait prévu l'avenir »[44].
Jean-Pons-Guillaume Viennet, journaliste au Journal de Paris dit en 1831 :"La vogue pour Chateaubriand passera comme bien d'autres autres;et je doute que on le lise dans une cinquantaine de années.
Outre de nombreuses éditions de chacun des ouvrages séparés de Chateaubriand, il a été fait plusieurs éditions de sesŒuvres complètes, dont celle dePierre-François Ladvocat, en31 volumes in-8°, Paris, 1826-1831, revue par l'auteur même, qui y a joint des éclaircissements et des notes critiques, et l'a enrichie de quelques œuvres inédites (lesAbencérages, lesNatchez,Moïse, tragédie, des poésies diverses, des discours politiques) ; et celle deCharles Gosselin,25 volumes in-8°, 1836-1838, contenant également leCongrès de Vérone, unEssai sur la littérature anglaise, une traduction duParadis perdu deJohn Milton.
Édition en36 volumes aux Éditions Pourrat Frères en 1837, comprenant une table détaillée des matières avec une table analytique, et les différentes préfaces de l'auteur.
Édition en20 volumes chez Eugène et Victor Penaud frères, éditeurs, en 1849-1850.
Tome I-II. Présentation des Œuvres complètes par Béatrice Didier. Préface de Chateaubriand (Ladvocat, t. XVI). Édition établie par Aurelio Principato et Emmanuelle Tabet.Essai sur les révolutions (Ladvocat, t. I-II). Édition établie par Aurelio Principato avec la collaboration de Laura Brignoli, Vanessa Kamkhagi, Cristina Romano et Emmanuelle Tabet. 2009. 1376 p., relié, 15 × 22 cm.(ISBN978-2-7453-1737-7) ;
Tome VI-VII.Voyage en Amérique. Texte établi, présenté et annoté par Henri Rossi.Voyage en Italie, Cinq jours à Clermont, Le Mont-Blanc. Textes établis, présentés et annotés par Ph. Antoine. 2008. 896 p., rel. 978-2-7453-1691-2 ;
Tome XLI.Atala. Édition établie par Fabienne Bercegol.René. Édition établie par Colin Smethurst.Les Aventures du dernier Abencérage. Édition critique par Arlette Michel. 2008. 608 p., rel. 978-2-7453-1684-4.
Aimé Millet :Chateaubriand, sculpture en pied. L'original en bronze, réalisé en 1875, fut détruit pendant la Seconde Guerre mondiale ; le modèle en plâtre se trouve auMusée des Beaux-Arts de Rennes[50].
Il existe par ailleurs un prix littéraire, leprix Combourg, qui récompense chaque année un écrivain dont le style honore la mémoire et l’œuvre de Chateaubriand.Ainsi que lePrix Chateaubriand qui récompense chaque année depuis 1975 un ouvrage littéraire traitant de l'histoire.
La canne de Chateaubriand, récupérée après la mort de l'écrivain par le père d'Anatole France libraire à Paris, a été vendue aux enchères le à Paris, pour un montant total de 23 680 euros[54].
↑Les prénoms François René sont ceux donnés par son acte de baptême (Acte de baptême de Chateaubriand). D’autres, commeAbel François Villemain dansM. de Chateaubriand, sa vie, son œuvre... donnent François-Auguste comme prénoms. L’intéressé signale lui-même que c'est une erreur (Mémoires d'outre-tombe,). Il ne signait ses ouvrages que par Chateaubriand ou M. le vicomte de Chateaubriand.
↑On trouve souvent cette citation modifiée sous la forme suivante : l'auteur aurait dit de lui-même qu'il était« bourbonien par honneur, monarchiste par raison, républicain par goût et par caractère ». La forme première peut se vérifier dans le texte original deLa Nouvelle Proposition relative au bannissement de Charles X et de sa famille, notamment enp. 26 de l'édition d'octobre 1831, par Le Normant fils (Paris)
↑Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, Adèle Hugo, 1863. La phrase aurait été notée dans un cahier d'écolier. Il aurait écrit ces mots à la suite d'un concours de poésie perdu — le jury ne pouvant croire qu'un individu si jeune ait réalisé un tel poème.
↑Oscar Ferreira,Le pouvoir royal (1814-1818). À la recherche du quatrième pouvoir ?, Paris-La Défense/53-Mayenne,LGDJ,, 541 p.(ISBN978-2-275-08393-3),p. 11.
↑« Il passa aux îles ; il s'enrichit dans la colonie et jeta le fondement de la nouvelle fortune de la famille »Mémoires d'outre-tombe
↑Jean-Claude Berchet,Château, 10 et briand mémorialiste, Librairie Droz, 2000,p. 116.
↑Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles,Histoire généalogique et héraldique des Pairs de France, t. IV, Artus Bertrand, Paris, 1824,p. 32.
↑Nicolas Vitton de Saint-Allais,L'Ordre de Malte, ses Grands Maîtres et ses Chevaliers, Delaunay, 1839
↑Pol Potier de Courcy,Nobiliaire et armorial de Bretagne, t. III, 1890, réédition 1970,p. 390.
↑Abbé Guillotin de Courson,Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dit chevaliers de Malte en Bretagne, L. Durance, Nantes, 1902, XLVIII
↑Pierre Kerviler,Essai d'une bibliographie de Chateaubriand et sa famille, Vannes, 1896,p. 12.
↑Albert Révérend,Titres, anoblissements et pairies de la Restauration, t.II, Honoré Champion, Paris, 1902
↑Louis de La Roque,Catalogue des Chevaliers de Malte, Alp. Desaide, Paris, 1891, XXIV
↑abcd eteGérard Jullien de Pommerol et Hugues Lépolard, « Chateaubriand et l'Ordre de Malte » inCahier de la Société de l'histoire et du patrimoine de l'ordre de Malte,no 17, 2006,p. 13.
↑Mémoires d'outre-tombe, t.XII,Supplément à mes Mémoires, Pernaud, Paris, 1850,p. 79-205.
↑abcdef etgGustave Lanson, « Histoire de la littérature française », dansLa Littérature pendant la Révolution et l'Empire,chap. IV, Hachette, 1951,p. 887.
↑Mémoires d’outre-tombe, François-René de Chateaubriand édition de 1989, p. 417
↑Voyage en Amérique, François-René de Chateaubriand 1826
↑Marquis d'herbouville Chevalier Hippolyte de Frasans,Copie du réglement et de l'instruction concernant le domaine de Chambord, 7 p.(lire en ligne),p. 5.
↑Sources littéraires : lesMémoires d'outre-tombe (livre 32,chap. 1) etComtesse de Saint-Roman (préf. Robert de Flers),Le Roman de l'Occitanienne et de Chateaubriand, Plon-Nourrit etCie, avec 70 lettres inédites de Chateaubriand (Plon 1925)
Bertrand de Margerie,Du confessionnal en littérature : huit écrivains français devant le sacrement de pénitence : Chateaubriand, Lamartine, Vigny, Verlaine, Huysmans, Claudel, François de Sales, Bossuet, Paris, Saint-Paul Éditions,, 244 p.(ISBN2-85049-442-9)
Nouvelle édition en 2000 chez le même éditeur, sous le titreDu péché, de la grâce et du pardon : du confessionnal en littérature […]
Pierre Moreau, Professeur à l'Université de Fribourg,Chateaubriand. L'homme et la vie, le génie et les livres, Librairie Garnier Frères, Bibliothèque d'histoire littéraire et de critique, 1927
Enfances et voyages de Chateaubriand. Armorique, Amérique. Actes du colloque de Brest () édités par Jean Balcou. Éditions Honoré Champion, 2001, 144 p.,(ISBN978-2-7453-0474-2)
Chateaubriand avantLe Génie du Christianisme. Actes du colloque ENS Ulm réunis par Béatrice Didier et Emmanuelle TabetÉditions Honoré Champion, 2006, 176 p.,(ISBN978-2-7453-1284-6)
Philippe Antoine,Les Récits de voyage de Chateaubriand. Contribution à l’étude d’un genre. Éditions Honoré Champion, 1997, 328 p.,(ISBN978-2-85203-638-3)
Bertrand Aureau,Chateaubriand penseur de la Révolution, Éditions Honoré Champion, 2001, 352 p.,(ISBN978-2-7453-0338-7)
Sébastien Baudoin,Les Paysages de l’itinérance dans les récits de voyage de Chateaubriand : accélération temporelle et fragmentation spatiale, colloque transfrontalier,Le temps (in)saisissable ? à l’Université Marc Bloch de Strasbourg du 16 au (paru dans la RevueEntre’ Actes, actes du colloque transfrontalierLe Temps (in)saisissable ?, 2008,p. 92 à 98
Sébastien Baudoin,Poétique du paysage dans l'œuvre de Chateaubriand, Paris, Classiques Garnier, 2011,(ISBN978-2-8124-0264-7)
Fabienne Bercegol,La Poétique de Chateaubriand : le portrait dans les Mémoires d’outre-tombe, Éditions Honoré Champion, 1997, 564 p.(ISBN978-2-85203-589-8)
Jean-Christophe Cavallin,Chateaubriand mythographe. Autobiographie et allégorie dans les Mémoires d’outre-tombe. Éditions Honoré Champion, 2000, 580 p.,(ISBN978-2-7453-0208-3)
Hervé Bleuchot : Chateaubriand et l'islam,Mélanges offerts au doyen François-Paul Blanc, 2011, Presses universitaires de Perpignan et Université de Toulouse 1 Capitole, tome I, p. 209-230.Réédité sur internet
Jean-Christophe Cavallin,Chateaubriand cryptique ou Les Confessions mal faites, Éditions Honoré Champion, 2003 224 p.,(ISBN978-2-7453-0903-7)
Jean-Paul Clément,Chateaubriand politique, De l’Ancien Régime au Nouveau Monde, Paris, Hachette-Pluriel, 1987
Pierre H. Dubé,Nouvelle bibliographie refondue et augmentée de la critique sur François-René de Chateaubriand (1801-1999), Éditions Honoré Champion, 2002, 896 p.,(ISBN978-2-7453-0706-4)
Pierino Gallo,Chateaubriand et l'épopée du Nouveau Monde. Intertextualité, imitations, transgressions, Paris, Eurédit, 2019, 188 p.(ISBN978-2-84830-241-6)
Arlette Girault-Fruet,Mers intérieures, Chateaubriand, la mer et les Mémoires d'outre-tombe, Classiques Garnier, 2020, 361p.
Emmanuel Godo,Génie du christianisme de Chateaubriand, éditions du Cerf, collection de l'Abeille, 2011
Gérard Jullien de Pommerol et Hugues Lépolard, « Chateaubriand et l'Ordre de Malte » inCahier de la Société de l'histoire et du patrimoine de l'ordre de Malte,no 17, 2006,p. 12-42
Philippe Moisan,Les Natchez de Chateaubriand : l’utopie, l’abîme et le feu, Éditions Honoré Champion, 1999. 186 p.,(ISBN978-2-7453-0097-3)
Alice Poirier,Les idées artistiques de Chateaubriand, Presses universitaires de France, 1930