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Fraisier est unnom vernaculaire désignant diverses espèces du genreFragaria généralement cultivées pour leursfaux-fruits, appelésfraises, largement consommées dans l'alimentation humaine.Ces plantes de la famille desRosacées ont un port prostré et un mode de propagation végétative parstolons particulièrement marqué.
Les fraisiers cultivés sont généralement de l'espèce hybrideFragaria ×ananassa.
Quelques espèces sans rapport avecFragaria, mais aux fruits présentant une analogie de forme avec la fraise, portent le nom vernaculaire de fraisier.
On distingue tout d'abord les fraisiers sauvages des fraisiers cultivés dont les multiplesvariétés sont issus d'hybrides de différentes espèces, principalementFragaria ×ananassa.
Plusieurs espèces du genreFragaria existent dans le monde entier. Toutes donnent desfaux-fruit charnus appelés "fraises". Tous ne sont pas alimentaires au même degré, mais presque toutes les espèces ont fait l'objet de cueillette par les populations locales.
Répandus dans tout l'hémisphère nord, les fruits de l’espèceFragaria vesca, leFraisier des bois, sont de petite taille, mais particulièrement parfumés. Les Romains les consommaient et les utilisaient dans leurs produits cosmétiques en raison de leur odeur agréable. L'espèce commence à être cultivée en France vers leXIVe siècle puis sa culture se répand en Europe.
Fragaria moschata, leFraisier musqué est cultivé depuis leXVIe siècle. Le premier cultivar connu du genreFragaria appartient à cette espèce avec 'Le chapiron'nommé en 1576.
Fragaria viridis, leFraisier vert a été très peu cultivé, car ses fruits sont moins intéressants par leur acidité plus forte que les espèces ci-dessus ; cependant il a fait et fait encore l'objet de cueillette pour la consommation personnelle.
Une espèce américaineFragaria chiloensis, leFraisier du Chili est particulièrement remarquable par la grosseur de ses fruits. Une forme à fruits blancs, subsp.chiloensis f.chiloensis[1] était déjà cultivée par les Amérindiens précolombiens.
Il ne faut pas confondre ces espèces sauvages à petits fruits avec lesfaux fraisiers, notammentDuchesnea indica dont les fleurs jaunes donnent des petits fruits insipides qui peuvent occasionner des troubles digestifs s'ils sont consommés en quantité.
Issue du croisement deFragaria virginiana d'Amérique du Nord etFragaria chiloensis duChili l'espèce hybrideFragaria ×ananassa Duchesne ex Rozier appelée communémentfraise de jardins, apparaît en Europe dans lesannées 1750[2] et devient la principale espèce de fraisier cultivé.
Fragaria ×vescana Rud.Bauer & A.Bauer, parfois appelé fraisier des prés, est une espècedécaploïde issu d'une hybridationF. vesca tetraploïdes synthétique ×F. ×ananassa avec de multiples rétro-croisements.Il a été conçu en 1989 dans le but d' améliorer la saveur des fraisiers hybrides résistants et gardant leur aspect après le transport et le stockage mais qui avaient perdu en goût[3]. Le taxon Fragaria vescana n'est pas classé par Plants of the World Online et World Flora Online (juin 2024)[4],[5].
Ce sont des plantes herbacées vivaces, formant une touffe basse haute de 5 à 40 cm selon les espèces.
La plante émet de nombreux rameaux horizontaux allongés portant des bourgeons de place en place. Couramment appelé gourmands, ces rameaux sont des stolons, qui émettent des racines adventives au niveau des feuilles et s'enracinent pour former de nouveaux pieds,clones de la plante mère (appelésramets). Il en existe des formes monopodiales et sympodiales (selon l'espèce). Les stolons monopodiaux produisent des ramets à chaque nœud, excepté le premier nœud (après la plante mère) qui donne un bourgeon dormant. Les stolons sympodiaux développent un bourgeon dormant au premiernœud suivit d'un ramet au second nœud, puis un bourgeon dormant, puis un ramet, et ainsi de suite, toujours alternativement[6].
Les feuilles de la base sont trifoliolées, dentées, plus ou moins poilues.
Les fleurs apparaissent naturellement au printemps. Une partie des variétés cultivées peuvent fleurir plusieurs fois et même en continu du printemps à l'automne. Elles sont blanches ou jaunâtres parfois roses pour quelques cultivars. Elles ont de 10 à 30 mm de diamètre.
Le fruit qui botaniquement est un faux-fruit est formé par l'ensemble du réceptacle charnu de la fleur. Il a une couleur rouge ou jaune blanchâtre selon les variétés, et une forme ovoïde oblongue plus ou moins arrondie.
Le développement, la croissance et la floraison et donc la fructification du fraisier dépendent de facteurs environnementaux principalement la température et laphotopériode.Selon leur réponse photopériodique, les fraisiers sont classés en plusieurs groupes entre lesquels il y a un continuum de situations intermédiaires.
La production et la sélection de variété à jour neutre a rencontré plusieurs défis, qui ont ralenti leur utilisation à grande échelle en agriculture à l’extérieur de la Californie[10]. La majorité du développement des variétés de fraises cultivées, dont celles à jour neutre ont été développées en Californie[11]. Ces variétés ont toutefois des phénotypes qui varient énormément lorsqu’elles sont plantées dans des régions différentes[10]. Par exemple, une étude menée par Weebadde, C. K. et al.[12] a montré qu’à partir d’un même croisement de fraisier, la proportion de la progéniture qui montrait une floraison à jour neutre était d’environ 50% dans des étés plus chauds comme Maryland, Michigan, and Minnesota et d’environ 80% en Californie et en Orégon, ou les étés sont plus frais[12]. Un des plus grands problèmes qui limite l’utilisation des variétés à jour neutre actuellement disponibles est qu’elles performent peu au milieu de l’été, lorsque les températures sont plus hautes[13] . Une étude par Durner[8] sur plusieurs variétés de fraisiers à jour long, court et neutre, montre que des températures supérieurs à 26°C inhibent la production de fleurs, indépendamment de leur photopériode. La majorité des cultivars commerciaux proviennent des croisements peu adaptés aux climats continentaux[10], ce qui limite la production au milieu de l’été dans ces régions. Le développement de cultivars adaptés aux climats continentaux devra donc se baser à la fois sur la sélection de gènes permettant une floraison à jour neutre, mais aussi une tolérance à la chaleur[10].
Malgré le fait que les fraisiers à jour neutres sont depuis longtemps utilisés dans les programmes d’amélioration des cultivars, les bases moléculaires de ce phénotype, qui entrainent une floraison indépendante de la photopériode, ne sont toujours pas totalement connues[14].
Le gèneTFL1 (TERMINAL FLOWER 1) est un gène qui agit normalement comme inhibiteur de la floraison chez le fraisier[15]. Koskela et al ont démontré qu’une mutation dans le gèneTFL1, qui rends le gène non fonctionnel, cause une perte de saisonnalité dans la floraison du fraisier qui produit des fleurs en permanence[15]. Une autre étude sur la variétéFragaria vesca L., un fraisier à jour court, montre que le gèneTFL1 est aussi responsable du phénotype jour-neutre à faible température[16]. En effet,TFL1 peut recevoir à la fois les signaux de la photopériode et de la température afin de permettre au plant d’amorcer une floraison dans des conditions appropriées seulement[16]. À des températures inférieures à 13°C, l’expression deTFL1 est faible indépendamment de la longueur du jour et son effet inhibiteur est insuffisant pour empêcher la floraison[16]. Ces fraisiers vont donc fleurir autant dans des jours longs que des jours courts. À des températures entre 13°C et 23°C, le niveau de TFL1 est déterminé par la photopériode. Dans l’exemple du fraisier à jour courtF. vesca, l’expression de TFL1 est réduite lors des jours courts et permet l’induction de la floraison[17]. Lors des jours longs, le niveau de TFL1 reste élevé et empêche la production de nouveau boutons floraux. L’extinction du gèneTFL1, qui cause une baisse importante du niveau de la protéine, permet d’ailleurs de modifier le comportement de floraison deF. vesca en permettant la floraison dans des jours longs[17]. Chez ce fraisier, la floraison est aussi inhibée par une augmentation de TFL1 lorsque les températures excèdent 23°C, l’activation de l’expression de TFL1 à température élevée est indépendante de la photopériode et les mécanismes de régulations sont encore peu connus[16].
Une grande variété de gènes contrôle la floraison et la réponse à la photopériode. Le gène TFL1 est un exemple de cible intéressante pour le développement de nouvelles variétés de fraisiers à jour neutre qui répondent mieux à l’environnement dans lequel elles seront cultivées. Cet exemple illustre bien que la réponse photopériodique des plantes est complexe et que le développement de cultivars avec des phénotypes à la fois désirables et prévisibles nécessite une meilleure compréhension de la réponse photopériodique des plantes d’intérêt agronomique. La compréhension des mécanismes moléculaires qui régissent la floraison et la sensibilité à la photopériode est un atout pour le développement de cultures mieux adaptées aux besoins des producteurs et à leur environnement.
Il y a débat sur l'équivalence (ou pas) des termesremontants etjours neutres. Le premier étant une classification physiologique décrivant la sensibilité aux photopériodes et le deuxième une classification technique décrivant une production unique ou multiple.
Actuellement, il n'y a pas de Catalogue européen pour les variétés de plants de fraisiers, mais près de 40 variétés sont inscrites sur le catalogue français des espèces et variétés[18] et plus de 160 sur les catalogues de différents pays[19].
Parmi plus de 600 variétés connues[20], on peut classer quelques appellations horticoles et marques commerciales de cultivars de fraisiers, en groupes selon leurphotopériode pour l'induction florale[21] et par ordre de précocité dans chaque groupe :
À l'étude, des croisements avecFragaria moschata pour introduire des résistances à certaines maladies.
En Californie et au Texas ont été mises au point des variétés tolérantes au sel, aux exigences en froid réduites, résistantes à la chaleur et tolérantes à une relative sécheresse :
'Alamo'- Créée en 1937 par un croisement 'Blakemore' × 'Ettersburg 80'
'Donner'- Très cultivée au Japon
'Festival naya'
'Fresno'- Fruit très ferme de bonne qualité. Peu d'exigence en froid. Bonne adaptation au climat du sud de la Californie. Très sensible auVerticillium
'Lassen'- 1936. Fruit peu aromatique et mou, mais plante productive. Peu d'exigence en froid. Résistance aux maladies virales, mais sensible auVerticllium
'Ranger'- 1937. Croisement 'Texas' × 'Missionary'
'Riogrande'- 1937. Croisement 'Blakemore' × 'Ettersburg 80'
'Shasta'- 1935. Production continue d'avril à novembre. Fruit de bonne qualité gustative et supportant bien le transport
'Sierra'
'Solana'- 1935. Fruits aromatiques. Peu d'exigence en froid, mais exige une période de repos. Très adaptée au climat du sud de la Californie. Tolérante aux virus
'Tahoe'
'Tioga'- Mise au point en 1955. Hybride 'Lassen' × 'cal 42.8-16'- Bien aromatique, bonne productivité. Considérée comme qualité supérieure à 'Fresno', 'Torrey', 'Solana'et 'Shasta'. Très sensible auVerticillium et résistance modérée aux virus.
'Vale'
Avec des températures extrêmement basses en hiver, un gradient très élevé de température à certaines saisons et uncycle diurne de type circumpolaire variant de 5 h en décembre à plus de 19 h en juin, l'Alaska a donné naissance à des cultivars uniques par leur résistance au froid et adaptation à la variation lumineuse saisonnière.
"Sitka hybrids" est le nom d'un groupe originellement produit à la station "Alaska Agricultural and Forestry Experiment Station (AFES) à Sitka en Alaska. En 1905, débute un programme de sélection systématique fondé sur des tests précédents avec desF. chiloensis et desF. ovalis locaux résistant naturellement jusqu'à−31 °C pour les premiers et−53 °C pour les seconds. L'hybridation multiple avec des F. ×ananassa donne des hybrides extrêmement résistants au froid : zone USDA 0b alors que les fraisiers courants sont cultivables seulement en zone 4. Ils sont très vigoureux, pouvant atteindre une hauteur de 45 cm avec une productivité correcte, une floraison continue, des fruits mous et rose pâle, mais très parfumés.
À la fin du programme en 1923, les meilleurs hybrides ont été largement distribués dans la région dans un but de culture commerciale. L'un des plus connus datant de cette époque est 'Sitka 275'.De nos jours, la plupart des hybrides de départ sont perdus, mais leur lignée subsiste à travers de nombreux clones largement cultivés dans les jardins et en culture commerciale.De 1950 à 1962, un autre programme à Fairbanks fondé sur les "hybrides de sitka",ovalis etchiloensis aboutit à la création d'hybrides à floraison continue, résistants à certaines maladies et très tolérants à la sécheresse et au froid :
'K1' -F. chiloensis subsp.pacifica × F. ×ananassa
'S1'(Sitka hybrid) -F. chiloensis subsp.pacifica × F. ×ananassa
'Sitka D × Red Rich'
'Sitka hybrid'- 'Hollis' × F. chiloensis
'Sitka 275'
Les hybrides de Matanuska sont un autre groupe développé dans la vallée du même nom. Considérés comme supérieurs à beaucoup de variétés commerciales plus courantes, les fruits sont rouge foncé à chair très ferme :
'Matared'- Résistant aux maladies foliaires
'Susitna'
Dans la vallée de Tanana, est cultivée encore une autre souche de fraisier adaptée au climat local, la 'John Scharle'créée en 1910 par hybridation entreF. virginiana platypetala et une variété inconnue deF. ×ananassa. Elle est très productive avec des fruits sucrés et bien parfumés.
Des essais ont été effectués pour transférer le gène d'un poisson arctique codant la production d'une protéine antigel. L'OGM résultant n'est pas commercialisé.
Naturellement le fraisier se reproduit principalement par voie végétative en produisant desstolons. La reproduction sexuée est peu fréquente, mais elle est utilisée par les sélectionneurs pour créer de nouvelles variétés.
Différents types de plants sont produits à partir des stolons pour fournir le marché professionnel et le marché amateur : plants frais, plants frigos, plants en mottes ou en godets, tray-plants.
Les fraisiers apprécient les sols acides, riches enhumus. Bien que certaines variétés puissent les supporter plus ou moins bien, il vaut mieux éviter les sols calcaires.
Ils apprécient une exposition à mi-ombre en zone chaude et en plein soleil en zone tempérée.
Ils ont besoin d'un arrosage régulier, mais non stagnant. La culture sur butte est donc conseillée pour favoriser un bon assainissement des racines en hiver et un réchauffement du sol au printemps.
Avant plantation, il est recommandé d’ameublir le sol sur 30 à 40 cm et d’incorporer en même temps une fumure organique (compost ouengrais azote organique). On plantera ensuite un plant tous les 30 à 40 cm.
Les fruits frais, lesfraises, se consomment nature ou sucré, avec du vin ou de la crème fraîche, ou en salade de fruit, ou sont cuisinés enconfiture oupâtisseries. Ils servent également en confiserie ainsi qu'à la préparation de glaces et sorbets.
Ces fruits contiennent surtout dulévulose et du fructose, et très peu de saccharose.
D'autres espèces de plantes sont appelées « fraisier » par analogie :
Il est souvent mis en avant le fait que c'est auXVIIIe siècle que le navigateurAmédée François Frézier a apporté le fraisier duChili enEurope. En fait, mis à part qu'il existe plusieurs espèces de fraisiers, Frézier ne ramène qu'une espèce particulière, leFragaria chiloensis subsp.chiloensis formachiloensis Staudt. Cette espèce sera croisée avec d'autres espèces et ce sont les hybrides qui fourniront les premiers vrais fraisiers de culture.
Frézier introduit donc en réalité des plants qui, par hybridation, permettront l'apparition des fraisiers de culture intensive.
Avant cette introduction, les Européens consommaient et cultivaient les fruits de plusieurs espèces : lefraisier des bois et lefraisier musqué tous les deux indigènes ainsi que lefraisier de Virginie acclimaté d'Amérique du Nord depuis leXVIe siècle.
L'anecdote est encore amplifiée par cette étonnante coïncidence : L'homophonie entre « Frézier » et « Fraisier ». Le mot « Fraisier » (ou « Frasier ») est attesté depuis leXIIIe siècle. Le nom de famille d'Amédée François Frézier lui vient d'un de ses ancêtres, Julius de Berry, qui avait servi des fraises des bois au roiCharles III le Simple à la fin d'un banquet àAnvers en 916, le roi le remercia en l'anoblissant et en lui donnant le nom de Fraise, qui se déforma en Frazer lorsque la famille émigra en Angleterre puis devint Frézier, quand ils revinrent faire souche en Savoie.