Le motfrégate désigne des types de navires très différents. Il est originaire deMéditerranée, et est resté très proche dans plusieurs langues :fregata enitalien et enroumain,fragata enespagnol et enportugais,frigate enanglais,fregatte enallemand,firkateyn enturc,فرقاطة (firqata) enarabe.
Dans la terminologie militaire moderne, une frégate est unnavire de guerre de surface de taille moyenne, dont les dimensions, les armes et les équipements lui permettent :
de naviguer au large quelles que soient les conditions météorologiques ;
d'attaquer et de se défendre contre dessous-marins, desaéronefs ou d'autres navires ;
Leur tonnage se situe entre 2 000 et 7 000 tonnes ; les plus petites sont assimilées auxcorvettes oupatrouilleurs ; les plus grosses et polyvalentes, auxcroiseurs.
Les frégates sont apparues auXVIe siècle, pendant l’âge d’or desgalions. C’étaient alors de petits navires de guerre rapides, à un pont découvert et légèrement armés (une évolution de la simplebarque à rames etvoile latine munie d’une ou deux pièces d’artillerie).
Les premiers navires de guerre lancés par laMarine royale française et désignés sous le nom de frégate sont laCardinale et laRoyale en 1638 à l'arsenal de Brest. Elles jaugeaient400 tonneaux, portaient une seule batterie d'une dizaine de pièces d'artillerie de chaque bord.
À cette époque, la frégate désigne tous les bâtiments de voiliers, qu'il s'agisse de corsaires, de contrebandiers ou de navire de guerre, caractérisés par leur grande finesse, manœuvrabilité, et rapidité.
Traditionnellement, les frégates, comme lescorvettes, sont désignées en français par un nom féminin[2].
Au début duXVIIIe siècle, laRoyal Navy divise ses bâtiments ensix classes, les frégates sont alors les bâtiments de cinquième etsixième rang jaugeant 500 à600 tonneaux armées d'une batterie complète de20 pièces de9livres. Les Français, dont le système administratif est beaucoup plus souple et favorable au progrès technique que celui des Anglais, vont progressivement prendre l'avantage dans la construction navale et faire évoluer les frégates au cours duXVIIIe siècle[3].
Le calibre maximal des pièces d'artillerie des frégates va continuellement augmenter au cours duXVIIIe (6 à8livres, dans la première moitié du siècle,12 livres à partir de 1747, puis18 livres après 1782 et exceptionnellement jusqu'à 24livres lors desguerres de la période napoléonienne) et des affûts sur le pont supérieur.
Les grandes guerres maritimes entre l'Espagne, l’Angleterre, la Hollande et la France vont révolutionner les tactiques des combats navals. Jusqu'alors les bâtiments se précipitaient, quelle que fût leur taille, sur les bâtiments adverses. La seule manœuvre tactique consistait à attaquer par l'arrière un bâtiment déjà engagé dans un combat d'artillerie bord à bord. La tactique dite de laligne de bataille apparaît alors et sera utilisée jusqu'auXIXe siècle, les puissantsnavires de ligne, qui prendront le nom de vaisseaux, forment une ligne de manière à ne pas se gêner et à pouvoir tirer ensemble une bordée entière, tout en étant capable de virer de bord et de résister au tir de l'ennemi. Les frégates, peu résistantes, sont placées hors de la ligne de bataille : ainsi abritées, elles ont une vue d'ensemble et renseignent leuramiral sur la situation tactique. Les frégates sont plus rapides et manœuvrables que lesvaisseaux tout en gardant une grande autonomie, un grand rayon d’action et des capacités militaires importantes.
Les frégates furent à cette époque les vaisseaux les plus actifs, elles étaient constamment maintenues opérationnelles, contrairement aux grandsnavires de ligne qui étaient souvent désarmés et maintenus dans lesports en temps de paix car le coût de leur entretien était prohibitif. Les frégates constituaient donc, en temps de paix, le gros de la flotte active et les meilleurs équipages et chefs y servaient. Elles semblent figurer également le type denavire négrier le plus fréquemment mentionné dans l'historiographie de latraite négrière, même si d'autres peuvent leur être préférés[4],[5].
En temps de guerre, elles effectuaient des missions de reconnaissance (rôle d’aviso) ou de liaison (véritablesestafettes des mers, elles convoyaient les ordres et les messages importants) pour les flottes de ligne, et attaquaient les convois commerciaux en pratiquant laguerre de course, seules ou regroupées dans de petites unités. Elles étaient ainsi souvent missionnées comme navirescorsaires et accomplissaient des exploits comme ceux deRobert Surcouf,René Duguay-Trouin voireCharles Cornic Duchesne.
Les plus grands modèles pouvaient rivaliser avec les plus petitsvaisseaux de ligne et combattaient parfois au sein d'une escadre.
Lors des grandes batailles de destruction qui voient s'opposer des vaisseaux, les frégates se tiennent du côté opposé à la ligne de feu, permettent la transmission des ordres et messages, et ne participant que rarement au combat. En particulier, un vaisseau n'attaquera jamais une frégate, qui constitue en général un adversaire beaucoup plus faible en puissance de feu et en capacité d'encaissement (bien que plus rapide) : en principe lorsque des engagements de ce type ont eu lieu, c'est pratiquement toujours la frégate qui a pris l'initiative de l'affrontement.
Les frégates ont souvent représenté la pointe du progrès dans la marine à voile, tant en matière de gréement qu’en dessin des coques ; autour des années 1800, un bon marcheur pouvait filer dans les 12 nœuds, vitesse remarquable pour l’époque. Leur armement pouvait aller de 16 à22 canons sur un pont (LaConfiance deSurcouf, par exemple) jusqu’à60 canons sur deux ponts (telle laBelle-Poule, qui ramena les cendres deNapoléon deSainte-Hélène) qui apparurent lors duXIXe siècle. Il allait généralement de 32 à44 canons, de 8 à24livres (3,6 à 11 kg) plus quelquescaronades.
et frégate de premier rang, portant 60 canons, comptant environ 500 hommes, vers1805 à1846, qui sont l'aboutissement de la marine à voile avec le seul calibre de 30livres. Les différentes frégates, vers1830, de 40, 50 ou 60 canons ont un assortiment de canons courts, moyens et longs, tous de 30 livres. Ces calibres se retrouvent aussi sur lesvaisseaux et lescorvettes de l'époque, le seul calibre différent concernant l’obusier de marine.
Après que la vapeur eut fait son apparition (1840-1860), les frégates à vapeur étaient alors les bateaux les plus rapides. Avec la systématisation des blindages, elles évoluèrent finalement encroiseurs à la fin duXIXe siècle, le terme tombant en désuétude.
Le terme de « frégate » réapparut dans la marine britannique pendant laSeconde Guerre mondiale pour désigner les navires plus grands que lescorvettes, mais plus petits que lesdestroyers, et chargés de l'escorte desconvois. Ces bâtiments avaient principalement un armement et un équipement à vocation anti-sous-marine, délaissant l'armement de lutte contre les navires de surface, en particulier les torpilles. Ils étaient plus lents que les destroyers, car ils escortaient surtout des convois decargos qui faisaient route à moins de quinzenœuds, mais avaient une plus grande autonomie. Ils étaient aussi plus endurants en particulier quand la mer était grosse car devant remplir leur mission sur toute la longueur de l'Atlantique. De par leurs missions et leurs caractéristiques, ils s'apparentaient étroitement auxdestroyers d'escorte de l'US Navy.
L'appellation de frégate est devenue à peu près interchangeable avec celle dedestroyer, en fonction des traditions des différentes marines.
Dans les années 1960 et 1970, l’introduction puis la généralisation des missiles anti-navires et anti-aériens révolutionnèrent leur ligne. Suivant une tendance à la spécialisation des rôles, héritée de la Seconde Guerre mondiale (avec lesescorteurs d'escadre), elles devinrent des navires spécialisés dans les missions delutte anti-sous-marine ou anti-aérienne, tout en gardant des capacités anti-navires (grâce à l'artillerie et aux missiles mer-mer comme l’Exocet ou leHarpoon.) La plupart des frégates modernes embarquent des hélicoptères, qui sont utilisés pour la lutte anti-sous-marine ou anti-navires (avec des missiles air-mer), la reconnaissance, le sauvetage ou les liaisons.
L’évolution de la construction des frégates a permis l’apparition de frégatesfurtives[6] munies de capacités anti-missiles, comme celles de laclasse La Fayette munie dumissile Crotale, ou de laclasse Horizon munie dumissile ASTER. Leurs formes géométriques ont été réalisées pour minimiser la réflexion des ondesradars.
Enfin, les six premières frégates françaises du typeFREMM sont équipées de missiles de croisièreMDCN faisant de la Marine nationale, à partir du, une des rares marines ayant une capacité stratégique d'attaque contre la terre à partir d'un bâtiment de surface[7],[8].