Chou moëllier. Autrefois avant l'avènement de l'ensilage, les choux fournissaient un fourrage frais très apprécié en automne-hiver.Fourrage industriel enbouchons pourmoutons etchèvresSéchoir à fourrage, utilisé enSlovénie vers 1680
Lorsque l'on utilise ce terme en élevage ou enzootechnie, on signifie généralementfourrages grossiers (par opposition àaliments concentrés comme les grains). Ces fourrages sont d'une grande diversité dans leur nature botanique, leurs caractéristiques morphologiques et physico-chimiques qui déterminent leurvaleur nutritive et leurappétibilité.
Il s'agit en premier lieu des partiesherbacées des plantes (feuilles,tiges), mais aussi deracines, de parties de plantes ou de plantes entières que l'on utilise soit à l'état frais, soit conservées fraîches ou plus ou moins séchées. Il s'agit également de l'appareil végétatif aérien d'arbustes. Certaines parties de plantes sont utilisées comme fourrages après transformation comme lapulpe de labetterave à sucre ou lestourteaux des différentes espècesoléifères...
Le termefourrage est dérivé du françaisfeurre (aussifouarre), « fourrage pour les animaux » en ancien français, puis « paille de céréales » et « paille longue utilisée pour empailler les sièges, couvrir les habitations rurales » de manière plus contemporaine, suivi du suffixe-age[4]. Ce mot est désuet. Il trouve son origine dans un terme vieux bas francique*fodar, même sens, apparenté au moyen néerlandaisvoder et néerlandaisvoeder/voer, au vieux haut allemandfôtar qui a donné l'allemandFutter et à l'anglaisfodder.
On parle aussi de
surface fourragère, qui est en France pour l'administration agricole la somme des surfaces destinées à l’alimentation des animaux (en France : de janvier à fin juillet, à l'exclusion des parcours) ; elle est maintenant déclarée au travers des seuls intitulés de cultures et tout manquement au système de déclaration de surfaces fourragère peut impliquer une pénalité (réduction des aides PAC de l’année). Il peut s'agir de prés et prairies (naturelles ou non, permanentes ou non), d'estives (tant qu'il s'agit d'une surface non-partagée), de cultures fourragères annuelles (betterave fourragère…) ainsi parfois que de maïs et céréales autoconsommées dans le cadre d'un système de type polyculture-élevage (notamment dans le cas des indemnités compensatoires des handicaps naturels, dits « ICHN »)[5]. Sous d'autres latitudes ou dans le passé, la surface fourragère peut aussi être partagée et gérée de manière communautaire (ex :prés communaux en France)
système fourrager, calendrier fourrager, bilan fourrager : notions techniques concernant l'organisation générale de l'approvisionnement en fourrages, sa prévision et sa vérification au niveau d'une exploitation d'élevage
région fourragère, une région où les systèmes herbagers sont dominants.
poisson fourrage (le poisson pêché par lapêche minotière pour être transformé enfarine de poisson ensuite utilisée dans l'alimentation animale) et insectes fourrage (insectes élevés pour servir de nourriture aux poissons et éventuellement aux porcs et volailles). Ces expressions sont parfois utilisées bien qu'il ne s'agisse pas de végétal[6].
Cette notion est évolutive[7] ; on lui a d'ailleurs donné plusieurs définitions ; elle désignait d'abord l'« ensemble organisé des moyens destinés à produire les fourrages d'une exploitation ou d'un ensemble d'exploitation », pour A. Pousset (1974, 1978)[8],[9], il s'agit d'« un descriptif des cultures fourragères pratiquées, permettant de classer les exploitations ou les régions agricoles » (notion proche de celle d'assolement fourrager ou pour d'autres, c'est - de manière plus précise -« un ensemble de techniques allant du choix des fourrages jusqu'au revenu de l'éleveur en passant par l'assolement fourrager, la conduite générale de l'élevage... les investissements et le travail à mettre en œuvre, sans négliger le niveau technique de l'éleveur, ses goûts et ses idées personnelles », puis la définition a encore évolué pour aussi désigner« unsystème d'information et de décision visant à équilibrer les ressources et les besoins en fourrages »[10], éventuellement (depuis les années 2000 à l'aide de logiciels de simulation[11] et/ou d'aide à la décision de choix de gestion et d’affectation/utilisation de parcelles en herbe[10],[12]. C'est en tous cas l'un des éléments caractérisant le « système d'exploitation » et sa mise en œuvre dans l'espace et dans le temps. Pour l'Institut technique des céréales et des fourrages (ITCF) et l'établissement départemental d’élevage (EDE) d'Ille-et-Vilaine en 1977, il se définit aussi par le choix des espèces, de leur agencement combiné, de leurs proportions et de leurs modes de culture (fertilisation[13], irrigation[14]...) et d'exploitation (fauche, ensilage...), de l'assolement à la récolte[15]. Il peut être simple, mixte ou complexe. Une diversification des espèces, et un choix d'espèces complémentaires en termes de période degermination et de croissance (pour avoir du fourrage toute l'année), et en termes de nutrition (en associant graminées et légumineuses par exemple) et une certainebiodiversité sont des facteurs permettant de sécuriser le système et de le rendreécologiquement plus résilient face à divers aléas (ex : forte pluviométrie, grêles, gel, sécheresses, inondations, sécheresse ou canicule, etc.)[16].« Les systèmes mixtes associant prairies, fourrages annuels, et cultures dérobées sont les plus robustes ». Dans tous les cas, il faut que les plantes fourragères soient bien adaptées au contexteédaphique etécopaysager local.
Cependant ces logiques se heurtent à un autre souci des éleveurs qui est de ne pas trop complexifier ces systèmes pour des raisons de travail, d'investissements et de rentabilité[17]. On peut constater que certains types d'élevages industriels (feed-lots, porcs) ont simplifié leurs méthodes au point que l'on n'y parle plus de systèmes fourragers. En dehors des élevages extensifs, traditionnels et bio, des animaux réputés difficiles (chèvres), la plupart des animaux d'élevage, de la poule à l'escargot en passant par la carpe et le porc, qui avaient autrefois une alimentation diversifiée, reçoivent aujourd'hui unaliment industriel unique où maïs, tourteau de soja etcoproduits de l'industrie alimentaire dominent. Pour les ruminants on a aussi la formule : aliment industriel + foin. Les feedlots et élevages porcins de grande taille ont souvent leur propre usine d'aliments sur place.
(Pour une revue générale des ressources fourragères mondiales, voir le siteFeedipedia de l'INRAE[18].)
Les fourrages sont principalement constitués de plantes prairialesherbacées, essentiellement desgraminées et secondairement deslégumineuses[19] pour lesherbivores, mais de nombreuses autres espèces deplantes sont cultivées pour l'alimentation desanimaux domestiques en général et entrent dans la catégorie des plantes fourragères.
Citrouille de Touraine, considérée autrefois comme une excellente variété fourragère.
Un grand nombre d'espèces ou du moins leurs variétés fourragères ont été très utilisées comme fourrages dans le passé mais ne le sont plus guère. On peut citer : lacarotte fourragère, lapomme de terre, lerutabaga, lepanais, letopinambour, les choux, lacitrouille[20] et même le radis fourrager, lalaitue, lachicorée fourragère (Cichorium intybus), lepissenlit[21] et l'ajonc. Cette utilisation persiste pour les élevages familiaux de lapins, chèvres et brebis naines, etc..
D'autre part aujourd'hui, les déchets valorisables, écarts de triage de légumes, tourteaux de graines destinées à l'alimentation humaine sont souvent récupérés pour l'alimentation animale surtout pour les élevages industriels. Exemples : pulpe debetterave sucrière,drèches de brasserie,corn gluten feed.
Des plantes très utilisées en alimentation humaine comme le maïs, les mils (dont le sorgho), le manioc, la patate douce, les pois et fèves fournissent aujourd'hui une grande partie de l'alimentation animale. Leur utilisation fourragère est donc en compétition avec la consommation humaine directe.
Les racines et éventuellement les parties aériennes desplantes sarclées sont utilisées comme fourrage. Lerepiquage de ces plantes couvrantes permettait d'espacer les plants, de favoriser leur mise en place, de limiter le nombre desarclages et debinages tout en obtenant des racines plus grosses ; il est toujours d'actualité par exemple pour lesboutures de patates douces.
Les parties aériennes sont récoltées et utilisées comme fourrage. Le colza, la navette et le sorgho peuvent être pâturés. Les mélanges de plantes annuelles sont appelésméteils
Jeunes pousses de blé cultivées enhydroponie et destinées à être utilisées en fourrage (agriculture biodynamique, comme « vitamines » en élevage industriel, etc.).céréales à paille, poacées, lescéréales à paille les plus utilisées comme fourrage (on ditplante entière) sont l'avoine, letriticale, le seigle et diversmillets (fonio, certainesEchinochloa etc.), surtout en zone tropicale et méditerranéenne mais le moha (setaria italica) est aussi cultivé en zone tempérée. Leblé tendre (variétés fourragères) et l'épeautre sont utilisés occasionnellement.
Les parties aériennes sont pâturées ou fauchées afin d'être utilisées par les animaux en fourrage frais ou conservé en foin ou en ensilage. Hormis quelques espèces vedette comme les ray-grass et la luzerne, ces plantes sont le plus souvent cultivées en association graminée-légumineuse ou en mélanges parfois complexes.
Malgré des niveaux d'ingestibilité plus faibles (dus à une rigidité supérieure des parois de soutien, ce qui implique souvent qu'ils ne sont consommables qu'en début de végétation) qu'avec les graminées fourragères des zones tempérées, ces grandes herbes sont une source de fourrages potentiellement très importante[25] :
L'ajonc,Ulex europaeus, fourrage médiocre, était très répandu et utilisé dans leslandes à ajoncs et prairies dégradées, sa consommation par les bovins nécessitait un broyage préalable[34].
Letagasaste, une légumineuse arbustive fourragère, avec fleurs et gousses
Dans les zones tropicales de nombreuses autres espèces d'arbres ou d'arbustes fourragers sont consommées par les animaux comme lemanioc qui est après préparation un excellent aliment d'engraissement[36]. Il est aussi largement commercialisé commefécule pour l'alimentation des élevages intensifs.
Le plancton et en particulier des algues microscopiques sont consommées naturellement par les huîtres et moules d'élevage ainsi que par lesvénéridés de « culture »[37].
Les micro-algues sont utilisées massivement pour nourrir les larves d'huîtres et de moules[38].
Desalgues brunes etrouges, en particulierpalmaria palmata, ont parfois été utilisées comme fourrage pâturé ou préparé pour les ruminants[39]. Elles sont encore l'objet d'intérêt, par exemple pour essayer de limiter la production deméthane dans lapanse[3]. Elles font partie des végétaux préférés (kelp) des ormeaux (haliotis) et desoursins, principaux brouteurs marins dont l'élevage débute enaquaculture.
Unefougère aquatiqueAzolla caroliniana associée à une cyanobactérie symbiote fixatrice d'azote est utilisée traditionnellement en Extrême-Orient pour la nourriture des poissons et des volailles[41].
Prairie surpâturée en Tchéquie avec apport de complément (foin). L'art de l'éleveur consiste d'abord à prévoir suffisamment de fourrages en qualité et en quantité pour ses troupeaux.
Les premiers fourrages (herbes et branchages cueillis) ont pu être utilisés avant lenéolithique par des chasseurs en même temps que l'aménagement de points d'eau pour attirer et piéger du gibier herbivore. Les techniques nécessaires à l'élevage des animaux semblent avoir été connues des chasseurs-cueilleurs avant la domestication[32].
Domestication des plantes fourragères et développement de l'élevage
De nombreuses plantes possèdent des principes nocifs pour l'homme et les animaux. On peut citer l'ergot du seigle ou lesenniatines, produites par desFusarium chez l'ivraie (proche des ray-grass). Une tolérance d'origine génétique aux enniatines est ainsi apparue précocement chez la chèvre et chez l'homme[42] en même temps que ces plantes évoluaient, devenaient meilleures pour les animaux et plus faciles à maintenir pour l'éleveur. Une bonne façon de sélectionner les fourrages au pâturage est d'éliminer les refus avant qu'ils ne montent à graine par l'étêtage, la fauche ou le feu par exemple. Cette domestication des plantes fourragères, pour autant qu'on puisse les distinguer des espèces consommées par l'homme, a donc probablement commencé au même moment que celle des premiers herbivores[43], il y a 11000 ans pour la chèvre au Proche-Orient. L'archéologueOlivier Aurenche pense que les premières plantes domestiquées ont été de utilisées de façon complémentaire par l'homme (le grain) et son bétail (fanes et pailles)[44].
À partir de - 6500, probablement lorsque le niveau de domestication des animaux est suffisant pour contrôler leur déplacement en grands troupeaux, la pratique de l'élevage pastoral basée sur le pâturage libre, peu coûteux en installations et en travail, se répand rapidement au Proche-Orient. Lesurpâturage (pression de pâturage trop importante, piétinement intense) peut compromettre la pérennité des parcours et prairies.
L'élevage pastoral est une forme d'agriculture où l'élevage et la quête de pâturages ou fourrages sont devenues les occupations quasi exclusives duberger.
Suivant les époques et les endroits, l'élevage pastoral évolue entre lepastoralisme nomade qui implique de grands déplacements incessants et l'élevage extensif qui est l'occupation d'une très grande surface délimitée, en passant par latranshumance où de longs déplacements sont planifiés.
Le droit d'Ancien Régime, éminemment variable et complexe selon les régions, réserve une part importante de la surface rurale, y compris les terres seigneuriales et ecclésiastiques, aux utilisations collectives selon certaines règles :
lavive pâture concerne prés, parcours, landes, bruyères, forêts de bois haut qui sont accessibles auxbêtes à laine et aux bovins (mais rarement aux chèvres qui sont difficiles à garder). Dans les pays d'openfield s'y rajoute le pâturage sur la sole enjachère ouvaine pâture
laglandée ou panage concerne le pacage des porcs en forêts (glands,faînes,prunelles, pommes et poires sauvages, etc.)[46]; elle est supprimée ou sévèrement réglementée notamment avec les réformes deJean-Baptiste Colbert protégeant la forêt
Ledroit de chaumage concerne le ramassage des chaumes de céréales qui pouvaient servir de fourrage; c'est une des raisons pour laquelle la moisson à lafaux était généralement interdite car avec lafaucille, on coupait plus haut.
Suivant les régions, les pratiques ou droits deglanage (récolte des épis après les moissons),râtelage (après les foins) etgrapillage (après les vendanges) existent et persistent après la Révolution.
Cette législation a pour effet de cantonner la culture du trèfle, du sainfoin et des raves au jardin. Des prés de fauche sont cependant réservés. La situation n'est guère meilleure dans les pays debocage car ces cultures qui donnent encore en automne sont de toute façon susceptibles d'être abîmées par les animaux divagants ou en rut (droit de feu), le passage des gibiers ou équipages de chasse ou bien encore leur levée peut être compromise par lespigeons d'élevage dont nobles et monastères ont l'exclusivité.
Après 1750, dans les régions où le droit derenclôture n'est pas établi, les paysans désireux d'engraisser quelques animaux de façon intensive les gardent à l'étable et les nourrissent de choux, pommes de terre, trèfle ou des raves du « jardin » protégé, de foin etson.
En Afrique du Nord la vaine pâture après moisson et sur les jachères, pratiquée par les éleveurs nomades, a existé jusqu'à l'indépendance.
Transport de fourrage aux armées par leWomen’s Forage Corps. Royaume-Uni, 1915.
Ce changement de méthodes est basé sur la suppression de lajachère remplacée par des plantes fourragères sarclées (navets et choux puis betterave fourragère) et desprairies artificielles (trèfle, sainfoin puis luzerne). Le droit de vaine pâture étant aboli, il apporte notamment pour l'éleveur une plus grande sécurité d'approvisionnement. L'augmentation du nombre d'animaux de trait et de leur qualité entraîne une demande accrue de fourrages jusqu'à l'apparition desmoteurs. Les grands services des états (armée, postes) avaient souvent leur organisation particulière d'approvisionnement en fourrages[48].
Après 1850, la mécanisation' qui précède la motorisation, entraîne une utilisation importante des chevaux comme source d'énergie et pour les transports. Elle concerne de nombreux secteurs en particulier la production des fourrages.Faucheuses,faneuses,rateaux-andaineurs mus par des chevaux allègent considérablement le travail de l'éleveur. Ce type de machines sera très utilisé jusque vers 1950. La création de routes stables parcourues par des attelages à chevaux permet le désenclavement des campagnes, lespostes françaises comptent ainsi 25 000 chevaux en 1843; parallèlement, l'amélioration générale de la consommation alimentaire se traduit par une augmentation de la part de la viande et des laitages et une production encore accrue de fourrages[49].
Vers 1900, la ville portuaire deNew York qui comptait 3 500 000 habitants utilisait 200 000 chevaux nécessitant environ 2 000 tonnes de foin par jour[50].
Coupe-racinesÉtuveuse à pommes de terre, Écomusée d'AlsaceHâche-pailleRacines de manioc râpées avant leur séchage sur la route. Alimentation de porcs et poulets, 2014.
Ce sont principalement les herbivores qui consomment des fourrages (au sens de fourrages grossiers). On ne parle plus de fourrages dans les élevages industriels de porcs et volailles (sauf éventuellement pour lespalmipèdes) mais ils étaient autrefois aussi donnés aux cochons et volailles et le sont encore enagriculture biologique[51]. Ils pouvaient donner lieu à des préparations complexes comme lasoupe aux cochons comportant des éléments cuits (pommes de terre grenailles, topinambours (voirétuveuse à pommes de terre)) et des restes de cuisine. Jusque dans les années 1950 de nombreuses fermes étaient équipées decoupe-racines (utilisé en particulier pour lesbetteraves fourragères) et dehâche-paille mécaniques (on hâchait par exemple desorties pour les canards). Le maïs-ensilage qui se prête bien à une utilisation plus mécanisée a aujourd'hui pris la place de nombreux fourrages traditionnels. La raison principale de son succès est qu'il a considérablement simplifié le travail des éleveurs. Techniquement, c'est aussi uneplante en C4 (comme le sorgho et la canne à sucre), susceptible de profiter au mieux des chaleurs et de l'ensoleillement estival et d'apporter de forts rendements, à condition d'être irriguée en région sèche[52].
Les plantesprairiales consommées par les animaux le sont principalement sur pied dans lesprairies, savanes et terres arbustives tempérées, parcours,alpages (estive), steppes etpampas,toundra etc. Elles sont aussi cultivées sous forme deprairies, permanentes ou temporaires. La consommation du fourrage parpâturage s'effectue pendant la saison de pousse de l'herbe ou en arrière-saison (herbe conservée sur pied), pour les animaux depacage. Les prairies et parcours peuvent aussi être fauchés et distribués en frais, sous forme d'ensilage, ou en sec, aux animaux élevés dans des enclos ou des parcs.
Distribution d'une ration mélangée contenant fourrages grossiers et concentrés
Les différents fourrages et plantes fourragères sont distribués aux bêtes seuls, associés ou, de plus en plus mélangés, par exemple avec des aliments concentrés (grains...). On parle alors de rations complètes ou semi-complètes lorsque par exemple, elles sont proposées en complément de foin à volonté.
L'ingestibilité d'un fourrage est d'autant plus faible que celui-ci est fibreux, c'est-à-dire riche en cellulose. Lapaille,co-produit des cultures decéréales et les fanes, en particulier celles de légumineuses, peuvent ainsi être utilisées comme fourrage, notamment pour l'alimentation desbovins en période desécheresse. Cependant ce produit est peu nutritif et peu appétant. Il est plutôt utilisé comme solution de secours en cas de disette. Certains agriculteurs des pays industrialisés l'additionnent d'urée (matière azotée), huile végétale (énergie) etmélasse (pour améliorer l'appétence et la digestibilité). La paille hachée est aussi utilisée pour assurer le minimum de fibrosité nécessaire à une bonnerumination dans une ration à base de grains ou d'aliments concentrés dans les élevages modernes. L'utilisation de rations sèches comportant ces éléments à la place d'ensilage est une tendance très récente pour les ruminants. Ce type de ration facilite aussi le travail de l'éleveur[53].
Pour faire face aux besoins des bêtes en toutes saisons, il est nécessaire de conserver le fourrage. Plusieurs méthodes sont pratiquées :
le séchage naturel qui permet de produire lefoin (fenaison) ;
leséchage en grange par ventilation artificielle du foin récolté, méthode permettant d'améliorer le séchage naturel ;
la déshydratation artificielle en usine qui conduit aufourrage déshydraté, conditionné enbouchons ou granulés ;
l'ensilage, mode de conservation par voie humide, basé sur lafermentation lactique en stockant la matière humide généralement hachée et densément serrée, dans des silos. Ces silos peuvent être disposés au sol (silos-taupinières), bétonné ou non, à plat, éventuellement bordés de murs latéraux (silos-couloirs) ou verticalement (silos-tours). L'ensilage d'herbe peut être préfané, c'est toujours le cas pour les silos-tours (haylage), ce qui augmente le taux dematière sèche et évite les pertes de jus; on utilise aussi dans les zones tropicales à saison sèche dessilos-fosses creusés dans le sol.
le stockage en silo (fosse de préférence) aéré et abrité du gel pour des plantes-racines qui respirent, telles que les betteraves fourragères.
Balles de fourrage enrubannées.l'enrubannage qui utilise le même principe de conservation que l'ensilage mais à l'échelle d'une balle d'herbe préfanée que l'on met enanaérobiose en l'entourant d'un film plastique. L'ensilage peut aussi être conditionné en continu dans une poche plastique unique déroulée au fur et à mesure du remplissage :silo-boudin. Une autre variante pratiquée en zone tropicale surtout pour les petits élevages de porcs consiste à ensiler dans des sacs plastiques, récupérés ou non, racines et feuilles demanioc oupatate douce, par exemple; certainsbigsacs (contenants souples industriels utilisés entre autres pour lesengrais agricoles) peuvent contenir une tonne d'ensilage.
Le stockage sur pied pour les choux, en silos de sable pour les carottes fourragères et en terre sur le champ pour les rutabagas et topinambours était pratiqué autrefois jusqu'à l'arrivée des forts gels[20].
Nourrissage de bovins au champ en hiver avec de l'ensilage de maïsAuge d'alimentation dans un élevage industriel oufeed-lot (photo de l'Agence de protection de l'environnement auKansas).
Des matériels de distribution variés sont adaptés aux besoins des différentes exploitations d'élevage. Le choix du mode de distribution varie en fonction du type d'exploitation (hors-sol, pâturage, etc.) ainsi que du milieu, plaine ou montagne.
Ces différents modes de distribution des fourrages sont pour les herbivores :
Lesdérouleuses permettent de distribuer le fourrage conditionné en balles. Ces dérouleuses de balles sont souvent des outils portés, mais peuvent également exister en version trainée. Pour pallier la nécessité d'un second engin, certains constructeurs étoffent leur catalogue avec des dérouleuses-pailleuses, permettant de réaliser les opérations de distribution et de paillage avec la même machine.
Remorque distributrice (non mélangeuse) :
Cette machine demande peu de puissance. Toutefois, son chargement nécessite un second tracteur ou le dételage de celui-ci à plusieurs reprises. Comme pour les mélangeuses, la remorque distributrice convient aux exploitations ayant résolu le problème du paillage.
Mélangeuse : différents matériels permettent de réaliser des mélanges avec de fourrages et concentrés. On distingue trois principaux modèles :
La mélangeuse à pales; le mélange réalisé est apprécié car il est aéré, homogène, et sa fibrosité est correcte.
La mélangeuse à une ou deux vis horizontales; elle procure un mélange moins comprimé par comparaison aux modèles à 3, voire 4 vis horizontales. Lors du chargement de la mélangeuse, les éléments fragiles de la ration tels que le maïs doivent être chargés en dernier. Lors du mélange, les vis permettant l´incorporation de balles entières requièrent un tracteur plus puissant.
La mélangeuse à une vis verticale; elle donne la possibilité d´incorporer des fibres en quantité et dCharles F., Amouroux J.-M. & Grémare A., 1999. Comparative study of the utilization of bacteria and microalgae by the suspension-feeding bivalve:Callista chione. Journal of the Marine Biological Association of the UK, 79 : 577-584.e réaliser des rations aérées. La vis verticale permet le chargement sur trois côtés de balles entières. La forme du bol est importante pour que le mélange se fasse correctement[54].
Robot d'alimentation :
Le robot d'alimentation est tout d'abord conçu pour apporter un confort de travail à l'éleveur et lui permettre de gagner du temps lors de la réalisation de la ration, mais aussi d'améliorer la qualité de la ration. Ensuite cela permet de limiter au maximum les refus car la ration est distribuée plusieurs fois par jour en fonction de la quantité qu'il reste dans l'auge. Le robot permet un meilleur suivi de l'élevage par l'éleveur car il collecte les informations d'alimentation, les éleveurs laitiers et de bovins viande peuvent mieux gérer leur troupeau. Des informations en temps réel aident l'éleveur à prendre des décisions pour améliorer l'efficacité alimentaire. La réduction des refus a un effet positif sur la marge alimentaire[55].
Désileuse mélangeuse automotrice :
Les désileuses mélangeuses automotrices se sont beaucoup développés ces dernières années dans le monde , en France grâce auxCuma de désilage. Le marché des automotrices est en plein développement et se partage entre les grandes exploitations et les Cuma. Pour celles-ci, les automotrices permettent aux petites et moyennes exploitations d’accéder plus facilement à des technologies et des modes d’alimentation comme les rations complètes. La désileuse mélangeuse automotrice apporte un confort de travail supplémentaire aux éleveurs car cela leur permet d'avoir un seul matériel pour faire la ration au lieu de deux pour les autres méthodes et d'être beaucoup plus précis quant aux quantités de fourrage distribuées. Avec les mélangeuses ordinaires, il est difficile de charger du foin avec exactitude en un minimum de temps avec un chargeur frontal sur tracteur ou unchariot télescopique, même équipé d’un capteur de pesée[56]. La fraise (rotor permettant le chargement autonome de l'ensilage) et le convoyeur constituent un équipement important sur l’automotrice. Ils sont connectés au système de pesée.
Les restes de fourrage non consommés, généralement de faible valeur, sont appelésrefus et doivent êtreCharles F., Amouroux J.-M. & Grémare A., 1999. Comparative study of the utilization of bacteria and microalgae by the suspension-feeding bivalve:Callista chione. Journal of the Marine Biological Association of the UK, 79 : 577-584.Le mic enlevés, tous les jours à l'auge; ils sont parfois donnés à des catégories d'animaux moins exigeants comme les génisses. Les refus de pâturage peuvent être fauchés ou broyés. Les rations mélangées et les prairies homogènes produisent moins de refus. La chèvre est réputée aimer trier sa nourriture et donc faire des refus.
Oies et bovins au pâturage,Teodor Axentowicz,La bergère aux oies, 1883
La valeur alimentaire des fourrages[57] est déterminée selon un long processus d'expérimentations en fonction :
des espèces végétales ingérées selon leur stade végétatif et leur mode de conservation
des espèces consommatrices avec une distinction principale entremonogastriques et ruminants.
Des index de valeurs synthétiques, qui peuvent différer selon les pays, ont été mis au point. Ces valeurs sont remises à jour si besoin. Elles concernent principalement :
le taux de matière sèche
La valeur énergétique :énergie nette pour la plupart des monogastriques,unité fourragère pour les ruminants et le cheval
Les valeurs en protéines, avec une méthode de calcul particulière pour les ruminants : leSystème PDI
les taux concernant certains éléments indispensables : minéraux,acides aminés indispensables.
En France ces tables d'index sont publiés par l'INRAE et les résultats également diffusés et commentés par l'Institut de l'élevage. Elles servent à la composition et l'ajustement des rations aussi bien à la ferme qu'à l'usine et sont intégrées auxprogrammes de calcul.
La valeur alimentaire des fourrages est en relation directe avec leur digestibilité.
Lavipérine faux plantain fut introduite comme fourrage en Australie avant de s'y révéler mortelle pour les chevaux en particulier dans les prairies surpâturées
Certaines plantes sonttoxiques pour les animaux et certains fourrages le sont sans préparation adéquate (manioc...) ou peuvent le devenir après une mauvaise conservation ou une consommation abusive : des fourrages broyés trop concentrés distribués en aliment unique (ensilage de maïs) peuvent provoquer uneacidose, la consommation à volonté de luzerne fraîche entraîne lamétéorisation chez les herbivores. Certaines plantes toxiques, comme lamorelle, sont plus dangereuses dans les ensilages car les animaux sont dans l'incapacité de trier contrairement à ce qui se passe au pâturage.
↑CROS M.J., DURU M., GARCIA F., GRASSET M., LEGALLA., MARTIN-CLOUAIRE R., PEyRE D., DELABy L., FIORELLI J.L., PEyRAUD J.L. (2000) : “Évaluation d’un simulateur de stratégies de pâturage de vaches laitières”, rencontres rech. ruminants, 333-336.
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↑M. Lachaux, L. de Bonneval , P. Delabraze, « Pratiques anciennes et perspectives d'utilisation fourragère des arbres »,Fourrages, AFPF,no Hors Série,,p. 81-106(lire en ligne)
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↑Charles F., Amouroux J.-M. & Grémare A., 1999. Comparative study of the utilization of bacteria and microalgae by the suspension-feeding bivalve:Callista chione. Journal of the Marine Biological Association of the UK, 79 : 577-584.
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