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Fort de Douaumont

49° 13′ 00″ nord, 5° 26′ 20″ est
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Pour les articles homonymes, voirDouaumont (homonymie).

Pour un article plus général, voirSites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale (Front Ouest).

Fort de Douaumont
Vue aérienne du fort de Douaumont, avant les combats de 1916. De nos jours, les fossés sont encore bien visibles, ainsi que l'effondrement partiel de la façade du casernement.
Vue aérienne du fort de Douaumont, avant les combats de 1916. De nos jours, les fossés sont encore bien visibles, ainsi que l'effondrement partiel de la façade du casernement.
Description
Type d'ouvragefort à massif central
Dates de constructionde 1884 à 1886
Ceinture fortifiéeplace forte de Verdun
Utilisationfort de ceinture
Utilisation actuelleouvert au public
Propriété actuelleÉtat
Garnison891 hommes
Armement de rempart16 canons
Armement de flanquement6 pièces
Organe cuirassénéant
Modernisation béton spécial1887-1889
ProtectionLogo monument historique Classé MH(1970)
Patrimoine mondial Patrimoine mondial(2023)
Programme 1900
Dates de restructuration1901-1913
Tourelles1tourelle de 155 mm,
1tourelle de 75 mm,
2tourelles de mitrail.
Casemate de Bourgesunetirant vers l'ouest
Observatoiretroisobs. cuirassés
et 2 guérites blindées
Garnison484 hommes en 1914
Programme complémentaire 1908deux batteries annexes (inachevées en 1914)
Coordonnées49° 13′ 00″ nord, 5° 26′ 20″ est
Géolocalisation sur la carte :France
(Voir situation sur carte : France)
Fort de Douaumont
Fort de Douaumont
Géolocalisation sur la carte :Meuse
(Voir situation sur carte : Meuse)
Fort de Douaumont
Fort de Douaumont
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Lefort de Douaumont, appelé brièvementfort Gérard, est unouvrage fortifié situé dans lacommune deDouaumont-Vaux (département de la Meuse), dans la commune déléguée deDouaumont. Il s'agit d'un des forts de laplace forte de Verdun, faisant partie dusystème Séré de Rivières.

Construit entre 1884 et 1886 et modernisé entre 1901 et 1913, le fort fut un des lieux emblématiques de labataille de Verdun en 1916 : pris par lestroupes allemandes en février, il est repris par lesFrançais en octobre de la même année. Depuis la fin de laPremière Guerre mondiale, ses ruines attirent les touristes ; il est depuis 1970 classémonument historique.

Depuis le 20 septembre 2023, le fort de Douaumont fait partie dessites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale inscrits aupatrimoine mondial de l'Unesco[1].

Un fort en maçonnerie

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Dispositif de défense au nord-nord-est de Verdun montrant la position du fort de Vaux et du fort de Douaumont.

Après laguerre franco-allemande de 1870 qui a vu la perte par la France de l'Alsace-Lorraine, un plan de défense de la nouvelle frontière est établi par le généralRaymond Adolphe Séré de Rivières, comprenant notamment de vastes extensions de quatreplaces fortes dans l'Est de la France : les camps retranchésde Verdun,de Toul,d'Épinal etde Belfort. Pour constituer la place deVerdun, une double ceinture composée de 19 forts, 7 ouvrages (de petits forts), 118 batteries d'artillerie, 23 abris d'infanterie et 17 petits ouvrages d'infanterie (en terre et rondins, formant une« ligne de surveillance »), sont érigés délimitant un périmètre de 43 kilomètres et couronnant lescôtes de Meuse. Parmi eux, le fort deDouaumont est le fort le plus au nord du camp retranché sur la rive droite de laMeuse, en pointe, mais épaulé par ses voisins, l'ouvrage de Thiaumont au sud-ouest et lefort de Vaux au sud-est.

Articles connexes :Système Séré de Rivières etPlace fortifiée de Verdun.

Le fort est situé sur le sommet, à 395 mètres d'altitude, au sud-est du village deDouaumont (aujourd'hui rasé). Cette position permet à l'artillerie de tirer tousazimuts, le long de la crête menant à Froideterre à l'ouest jusqu'à Vaux à l'est, en passant par lacôte du Poivre, les Chambrettes (dans l'axe de l'actuel champ de tir de Wavrille) et le bois d'Hardaumont. Si le premier projet d'un fort date de 1873, un second projet est établi en 1884[2]. Le fort de Douaumont est construit tardivement, de 1884 à 1886. Il s'agissait au début d'unfort du type Séré de Rivières, le plus vaste de la place forte avec ses7,4 hectares clos[3]. Les larges fossés secs (14 mètres de large pour six de profondeur) dessinent un hexagone irrégulier avec deux côtés en pointe vers le nord, deux flancs presque parallèles et une gorge (le côté vulnérable, tourné vers le milieu de la place forte) composée de deux côtés légèrement rentrants. La défense des fossés était confiée à troiscaponnières, deux simples aux saillants nord-ouest et nord-est (couvrant chacun un fossé de flanc) et un coffre double au saillant nord (couvrant les deux fossés de pointe). L'entrée du fort se trouvait au milieu de la gorge, dans le fossé, défendue par unfossé diamant, unpont-levis métallique et unredent aveccorps de garde.

Au centre du fort se trouve lecasernement composé decasemates voûtées ouvrant vers le sud à l'air libre, donnant côté nord dans une galerie enterrée. Les pièces étaient aménagées en cuisines, chambrées, boulangerie, infirmerie, forge et stocks de munitions, assez pour accueillir une garnison de 891 hommes[4]. S'y rajoutent des magasins àpoudre noire et des citernes d'eau en sous-sol. Autour de ce massif central sont disposées en arc de cercle les plateformes de tir de l'artillerie, séparées entre-elles par septtraverses-abris (pour protéger le personnel et les munitions en cas de bombardement). L'armement d'origine était de sixcanons de 155 mm, six autresde 120 mm et quatrede 95 mm, auxquels se rajoutent les sixcanons révolver de défense des fossés (installés dans les caponnières). Le projet de 1884 comprenait l'installation de deuxtourelles Mougin modèle 1876 armées chacune de deux canons de 155 mm, mais elles ne furent finalement pas rajoutées. Tous les bâtiments et murs sont construits enmaçonnerie demoellons (la pierrecalcaire est tirée descarrières d'Haudromont)[n 1], le tout recouvert d'une épaisse couche de terre[n 2].

Par ledécret du, leministre de la GuerreGeorges Boulanger renomme tous lesforts,batteries etcasernes avec les noms d'anciens chefs militaires[6]. Pour le fort de Douaumont, son « nom Boulanger » est en référence au général puis maréchalÉtienne Maurice Gérard, natif de la Meuse (1773-1852) : le nouveau nom devait être gravé aufronton de l'entrée. Dès le, le successeur de Boulanger au ministère,Théophile Ferron, abroge le décret[7]. Le fort reprend officiellement son nom précédent.

Un fort modernisé

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Plan du fort de Douaumont après sa modernisation : lacasemate de Bourges est à gauche, latourelle de 75 en haut au milieu et latourelle de 155 à droite du casernement.

Dès sa construction, le fort enmaçonnerie est presque immédiatement périmé : les progrès en chimie appliquée permettent de développer de nouvellescharges propulsives et de nouveauxexplosifs. Les nouveauxobus sont désormais capables de perforer les terrassements et de détruire les structures maçonnées. Face à cette « crise de l'obus-torpille », la première solution appliquée est de retirer les canons des grands forts et de les disperser, dans de plus petitesbatteries, si possible défilées. La seconde solution est de renforcer la protection des fortifications existantes : le fort de Douaumont est un des premiers à bénéficier d'une couche debéton épaisse de 1,5 à 2,5 mètres, placée en 1887-1888 au-dessus des maçonneries de lacaserne, du couloir d'entrée et destraverses-abris, avec interposition d'une couche de sable d'un mètre, le tout encore recouvert de terre.

En 1889, les fossés sont modifiés : si pour l'escarpe de gorge et lacontrescarpe des autres côtés sont conservés les murs en maçonnerie de six mètres et demi de haut (six pour l'escarpe), l'autre côté du fossé est réduit à un talus incliné (donnant moins de prise aux bombardements) avec une grille. Lescaponnières sont remplacées par descoffres de contrescarpe reliés au fort par des gaines souterraines bétonnées passant sous les fossés. Pour la gorge sont aménagées deuxcasemates de flanquement de part et d'autre de l'entrée[8].

Un observatoire cuirassé du fort avec en arrière-plan unetourelle de mitrailleuses en batterie. Les deux cuirassements ont été remis en état pendant l'entre-deux-guerres.

Une deuxième phase de modernisation a lieu de 1901 à 1903, avec la construction enbéton armé d'unecasemate de Bourges armée de deuxcanons de 75 mm tiranten flanquement vers l'ouvrage de Thiaumont (où une autre casemate assure le flanquement vers Douaumont, couvrant ainsi l'intervalle par un tir croisé) et de deuxtourelles de mitrailleuses pour la défense rapprochée desglacis et des dessus du fort. Cet armement est complété en 1906-1909 par l'installation d'unegrosse tourelle Galopin (armée d'uncanon de 155 mm pour le tir lointain), puis en 1911-1913 d'uneautre tourelle d'artillerie, un peu plus petite (armée de deux canons de 75 mm) pour la défense rapprochée. Pour permettre l'observation, cinq observatoires cuirassés sont implantés sur les dessus du fort[9]. Enfin, en 1906, le fort est entouré sur son glacis par un réseau debarbelés de 30 mètres de large. L'artillerie est désormais uniquement sous béton (casemate de Bourges) ou souscuirassements (tourelles)[10].

Cet armement fait de Douaumont un des ouvrages les plus puissants du camp retranché de Verdun, au même titre (l'armement y est identique) que lefort de Moulainville et le fort du Rozelier ; mais il est inférieur aufort de Vacherauville, ce dernier étant plus moderne (construit de 1910 à 1914, entièrement enbéton armé) et mieux armé (deux tourelles de 155, une de 75 et deux casemates de Bourges). Mais de nouveaux renforcements étaient prévus : depuis 1913 deux annexes sont en chantier sur le glacis du fort, d'une part à l'est (à l'emplacement de l'ancienne batterie 3-4) une seconde tourelle pour deux canons de 75 mm[n 3], d'autre part au sud une batterie cuirassée pour deux tourelles armées chacune d'un canon de 155 mm court (à tir courbe). Les travaux sont interrompus en juillet 1914 : seule la maçonnerie de la première est terminée, la seconde n'est qu'une fouille, désignée en 1916 comme la « carrière 2808 »[12].

La tourelle Galopin

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Article détaillé :Tourelle Galopin de 155 mm R modèle 1907.

Le fort renferme une destourelles du modèle Galopin. Ces tourelles furent construites de 1907 à 1909. C'est uncanon de 155 R, ce qui veut dire de 155 mm raccourci, qui se trouvait en haut sous lacoupole, et était orientable à 360°.

Il s'agit d'une tourelle àéclipse qui monte pour tirer et peut être redescendue en cas de tir de contre-batterie. La manœuvre pour monter la tourelle était effectuée par quatre artilleurs à l'aide d'un système de cabestans et des démultiplications. En tournant, ils faisaient armer un contrepoids de lancement. Au moment de mettre la tourelle en batterie (position haute permettant le tir), le contrepoids déverrouillait à son tour les deux gros balanciers et leurs contrepoids. Ceux-ci, descendaient et faisaient monter la tourelle (le principe d'un tire-bouchon à bras). La coupole montait et dépassait le point de tir de quelques millimètres, faisait sortir un coin et redescendait se caler sur celui-ci : elle est prête au tir.

Vue extérieure de la tourelle de 155, à moitié éclipsée.

Pour la descendre, il suffit d'effacer le coin et la tourelle redescendait plus bas qu'en position d'éclipse, faisant ressortir un autre coin, remontait de quelques millimètres et se calait dessus. Le système est simple, c'est l'équilibre des deux contrepoids avec le poids de la tourelle. Ainsi on a 37 tonnes de contrepoids et 37 tonnes de tourelle. Les obus utilisés étaient montés depuis l'arrière un par un à l'aide d'une noria (monte-charge fonctionnant sur le principe d'une roue à aubes) puis arrivés à l'étage intermédiaire, passaient dans une seconde noria jusqu'à la chambre de tir. Un obus de 155 (modèle « lourd » exclusivement utilisé dans les tourelles) pesait 43 kg et le canon lui donnait une portée de 7,2 km. Le tir de ces tourelles était relativement rapide. Il n'y avait aucun inconvénient au moment du tir, les effluves de la combustion de la poudre dus aux tirs étaient chassés à l'extérieur (encore plus quand la culasse était ouverte) et un système de ventilation assurait une bonne ventilation du reste du local.

Le bruit à l'intérieur de la tourelle était tout à fait acceptable, la volée du tube étant à l'extérieur et enchâssée dans une rotule, 80 % du bruit était chassé à l'extérieur. Les tourelles de 155 de ce type étaient même moins bruyantes, pour les servants, que certaines pièces d'artillerie de même calibre à canon court.

Première Guerre mondiale

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Le fort est connu pour son rôle pendant laPremière Guerre mondiale, essentiellement pendant labataille de Verdun de février à.

Début du conflit

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Lamobilisation modifie la composition de la garnison du fort :le, différentes compagnies du164e régiment d'infanterie, de la1re batterie du5e régiment d'artillerie à pied et d'un détachement dugénie, déployées àThiaumont et àFroideterre, ainsi que dans le village deBras), occupent le fort[13] . Dès le, les ouvrages de Froideterre et de Thiaumont, ainsi que les villages sont tenus par le44e régiment d'infanterie territoriale, seul le fort de Douaumont gardant une pleine compagnie d'active du164e RI jusqu'au (remplacée à ce moment-là par la5e compagnie du44e RIT) : le village deDouaumont et ses abords sont mis en état de défense (tranchées, barricade, puis barbelés)[14].

Le au matin, la tourelle de 155R du fort ouvre le feu, visant les Jumelles d'Ornes[n 4], un relief sur lequel étaient signalés des travaux allemands ; dans l'après-midi, la tourelle ainsi que quatrecanons de 120 mm placés sur le fort tirent sur de l'infanterie allemande à la lisière des bois d'Herbebois et de la Wavrille. Les tirs reprennent les jours suivants, soutenus par les batteries voisines[15]. Le fort reçoit ses premiers obus allemands le : 137 impacts sont dénombrés dans l'enceinte ou à proximité immédiate, dont 23 tombant sur le casernement, bouleversant les terrassements[10]. En et, la tourelle de 155 réalise plusieurs tirs sur les Jumelles d'Ornes, où les Allemands ont installé un observatoire ; le fort est pilonné les 15 et avec 40 obusde 38 cm etde 42 cm le premier jour et encore une vingtaine le surlendemain : la couche de béton est percée au-dessus de la boulangerie (d'où un gros éboulement de terre dans la cour de la caserne : coupsnos 3 et 4), le couloir d'accès à la tourelle de 75 est disloqué (impactsnos 6, 7 et 8) et la tourelle de 155 a besoin de deux jours de travaux pour la remettre en état (no 10)[11]. Le, la« station de tir contre aéronefs » du fort abat unAviatik, rendant possible la capture de deux aviateurs[16]. Pendant le reste de l'année 1915, le fort reçoit des obus allemands de 15 et de 21 cm[10].

Désarmement du fort en 1915

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Lastabilisation de la ligne de front à l'automne 1914 modifie le type de combat, l'artillerie lourde prenant une place dominante. Or, l'armée de campagne française manque de munitions et de pièces de gros calibre, alors que les fortifications regorgent des deux. D'autant que les fortifications belges et françaises, même modernes, ne résistent pas aux nouvelles pièces lourdes allemandes.

Articles connexes :Bataille de Liège,Siège de Maubeuge (1914) etArtillerie française pendant la Première Guerre mondiale.

Les places fortes relèvent de la compétence duministère de la Guerre depuis la promulgation du décret du[n 5]. Dès le, leGQG obtient du ministère qu'il envoie une partie des pièces d'artillerie et les stocks d'obus des places fortes (sauf pour Paris, Toul et Verdun), comme descolonies, vers le front[17]. Le, une directive du GQG ordonne de« réduire au strict minimum les garnisons des forts »[18]. Enfin, grâce au décret du5août 1915 qui met les places situées dans la zone des armées sous les ordres du général en chef[n 6], le GQG peut vider les arsenaux et désarmer forts et batteries.

En conséquence, seules les tourelles conservent leurs canons (avec une très faible dotation en munitions), les autres pièces étant versées aux nouveaux régiments d'artillerie lourde et envoyées sur le front (qui en a besoin pour l'offensive de Champagne). Au fort de Douaumont, lacasemate de Bourges perd ses deux canons de 75 mm avec leursaffûts et munitions. La garnison du fort se limite désormais à 56 artilleurs de la territoriale, commandés par un gardien de batterie (l'adjudant Chenot) : ce n'est plus qu'un cantonnement à dix kilomètres à l'arrière du front pour les troupes de passage. Legénéral Coutanceau, gouverneur de Verdun, ayant protesté contre ce désarmement de la place est remplacé le10août 1915 par legénéral Herr à la tête de la nouvelle « région fortifiée de Verdun » (équivalente à unearmée), nouvellement créée.

La destruction partielle du fort est préparée en cas d'évacuation, prévoyant de faire sauter à l'explosif les tourelles, observatoires, fossé de gorge et une partie du réseau de barbelés. Le génie stocke à cette fin au fort cinq tonnes depoudre noire ainsi que des centaines de cartouches decheddite et demélinite ; un petit groupe desapeurs est envoyé creuser derrière le mur d'escarpe de gorge six fourneaux de mine écartés entre eux de huit mètres[10]. Ces travaux sont encore en cours au début de l'année 1916 ; les tourelles sont minées et inaccessibles.

Prise en février 1916

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Carte du champ de bataille : le fort de Douaumont est pris dès le, l'avancée allemande se poursuivant jusqu'aux abords dufort de Souville en juillet.
Article connexe :Bataille de Verdun.

Le, premier jour de l'offensive allemande sur Verdun, le fort de Douaumont fait partie des cibles de l'artillerie lourde allemande : il reçoit environ 800 obus les 21 et 22. Chaque jour, le front se rapproche du fort : l'artillerie allemande réalise une préparation ravageant le front français, puis l'infanterie allemande conquiert le terrain. Le, l'attaque perce largement les lignes, mais s'arrête comme prévu à environ 600 mètres du fort. Le24e régiment d'infanterie allemand[n 7] a atteint son objectif, le bois de Chauffour, mais reçoit des obus allemands : les officiers (l'Hauptmann Hans Joachim Haupt, chef de la7e compagnie, le lieutenant de réserve Eugen Radtke de la6e et l'OberleutnantCordt von Brandis de la8e) décident alors de pousser plus loin.

Évitant le village deDouaumont où est retranché un bataillon du95e RI français, les compagnies du24e allemand franchissent leglacis et le réseau debarbelés, arrivant en fin d'après-midi, sous la neige, jusqu'à la grille de lacontrescarpe au nord-est du fort. Dans le fort, les 57 territoriaux de la garnison, ainsi qu'un isolé du164e RI, six artilleurs du102e RA, un sergent du génie et cinq hommes de corvée[19], se sont réfugiés dans le sous-sol ducasernement (pour se protéger du pilonnage), sans liaison avec les unités environnantes et sans personne dans les observatoires. Une brèche est découverte dans la grille et quelques volontaires sautent dans le fossé, trouvent des poteaux télégraphiques et les dressent pour aider les suivants à descendre. Le sergent Kunze (des pionniers du régiment) se glisse dans lecoffre oriental par lecréneau de tir, puis de petits groupes d'Allemands remontent les galeries. Les Français du fort sont faits prisonniers[20]. La perte du fort, important point d'appui, observatoire et abri de premier ordre entraîna pour les deux camps adverses des conséquences matérielles et morales considérables. Les Allemands organisèrent tout de suite la défense du fort de Douaumont : dans la soirée du, ils étaient 19 officiers et 79 sous-officiers et hommes de troupes de cinq compagnies différentes à occuper le fort de Douaumont. Le fort, excellent observatoire pour l'artillerie, devient le pivot de la défense allemande sur la rive droite de la Meuse. Brandis et Haupt reçurent la médaillePour le Mérite et des communiqués allemands sont publiés, le premier le à midi :

« Le fort blindé de Douaumont, le pilier nord-est de la ligne principale des fortifications permanentes de la place forte de Verdun, a été pris d'assaut hier après-midi par le régiment d'infanterie duBrandebourgno 24. Il est solidement au pouvoir des troupes allemandes. »

« À l'est de la Meuse, devantSa Majesté l'empereur et roi, qui était sur le front, nous avons obtenu des succès importants. Nos vaillantes troupes ont enlevé les hauteurs sud-ouest de Louvemont, le village deLouvemont et la position fortifiée qui est plus à l'est.Dans une vigoureuse poussée en avant, des régiments de Brandebourg sont arrivés jusqu'au village et au fort cuirassé de Douaumont qu'ils ont enlevés d'assaut. »

Caricature néerlandaise.

Échec français en mai 1916

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Vue de ladalle debéton en bordure d'un cratère d'impact : elle est fissurée en fonction des couches de coulée successives, chacune de 20 cm d'épaisseur.

Une fois allemand, le fort est utilisé comme abri pour les troupes montant ou descendant du front, ainsi qu'observatoire d'artillerie (les tourelles sont utilisées comme observatoires blindés et éclipsables). C'est désormais l'artillerie française qui arrose d'obus le fort (notamment du côté de sa gorge) et songlacis. Côté français, il est très tôt question de reprendre Douaumont, notamment à l'état-major de la2e armée, commandée depuis le par le généralRobert Nivelle (remplaçantPhilippe Pétain, jugé pas assez offensif) qui a donc la charge de défendre Verdun. Les moyens engagés se révèlent insuffisants : si les tirs de destruction commencent le, la préparation se limite au matin du 22, la contrebatterie est inefficace car l'artillerie française est surclassée, tandis que le mortier de 370 mm Filloux est incapable de percer le béton du fort. Dans la nuit du 19 au 20, l'unité chargée de l'assaut, la5e division d'infanterie (36e,74e,129e et274e RI) du généralCharles Mangin, monte en ligne entre la ferme de Thiaumont et l'étang de Vaux.

Le, une contre-préparation allemande frappe les premières lignes françaises ; l'assaut frontal est malgré tout déclenché à11 h 50 : le129e RI, renforcé par troiscompagnies de sapeurs (les 3/1, 3/4 et 3/51) du3e génie, atteint le fort en 15 minutes, passe dans le fossé, puis monte sur la partie occidentale du fort. Lacasemate de Bourges et lecoffre nord-ouest sont pris à coup degrenades, mais les fantassins, bloqués en surface par le fauchage des mitrailleuses et à l'intérieur par les barricades de la garnison allemande (du12e régiment de grenadiers)[n 8], décimés par les tirsfusants de l'artillerie et les contre-attaques allemandes, ne peuvent que s'accrocher au terrain, dans les trous d'obus et en creusant des bouts de tranchée. Le 23, les restes de quelques compagnies de renfort (notamment du34e RI, dépendant de la35e DI) arrivent à passer à travers lebarrage d'artillerie allemand, mais, encerclés, manquant de munitions, d'eau et de vivres, les survivants français de l'assaut se rendent le[23].

Les pertes du129e RI sont le (montée en ligne) de 17 morts et 46 blessés ; le (aménagement des parallèles d'attaque) de 31 morts, 162 blessés et 11 disparus ; le (contre-préparation et assaut) de 66 morts, 386 blessés et 220 disparus, soit la moitié de l'effectif théorique ; le (en défense) de 36 tués, 204 blessés et 136 disparus ; ce qui reste du régiment est relevé sur le front par les éléments du34e et49e RI dans la nuit du 23 au[24]. Pour préparer et soutenir cet assaut, l'artillerie française a consommé du 17 au 447 000 obus, dont 152 000 d'artillerie lourde, soit une masse de 7 000 tonnes[25].

Reconquête française

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Article connexe :Reprise du fort de Vaux.

Une seconde attaque française est planifiée en par l'état-major du groupement D-E[n 9] (commandé par le généralCharles Mangin) pour reprendreThiaumont, Douaumont etVaux, à trois kilomètres au nord des lignes françaises.

Elle fut confiée aux38e (général Margueritte),133e (Marceau) et74e DI (Belrupt) sur un front total de sept kilomètres[26],[27]. Les hommes, très chargés (ils emportèrent notamment quatre jours de vivres, deuxmasques à gaz, 200 cartouches, ainsi que des outils) sont armés en plus de leur fusils et grenades, defusils-mitrailleursChauchat, detromblons VB et decanons de 37 mm[28]. Des répétitions ont été organisées à l'arrière, les cadres équipés deboussoles et la troupe entraînée à suivre lebarrage roulant d'artillerie[27]. L'assaut est prévu pour le avec six jours de préparation, mais le 12 le temps est tellement mauvais que toute l'opération est repoussée. Le 20, le temps s'améliore, permettant de déclencher une préparation raccourcie à quatre jours et de fixer le jour J au[29].

Préparation d'artillerie

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Plan du fort en noir, avec dessus en rouge les impacts des obus de gros calibre (surtoutceux de 42 cm allemands etceux de 400 mm français) numérotés dans l'ordre chronologique.

Le soutien d'artillerie est particulièrement dense, avec douze canonsde 65 mm, 272de 75 mm (68 batteries), quatrede 80 mm, huitde 90 mm, 28de 95 mm, 24de 100 mm, 24de 105 mm, 40de 120 mm L, 64de 155 mm C, 44de 155 mm CTR, 24de 155 mm C S, 96de 155 mm L et 40mortiers de 220 mm[30]. Cette artillerie, à laquelle s'ajoute l'ALGP, surclasse désormais son homologue allemande. L'espace aérien est dominé par la chasse française ; le repérage cartographique des cibles est confié à sept escadrilles d'avions d'observation et à dix aérostats[31].

Les tirs de contre-batterie commencent dès le, avec ensuite quatre jours de matraquage pendant lesquels la riposte allemande décroît peu à peu[32]. Du 21 au, l'artillerie française déverse 530 000 obus de 75 mm, 101 000 coups de 155 mm et plus de 170 000 obus d'autres calibres sur le front d'attaque[33] : cette préparation détruit les tranchées, écrase ou obstrue les abris et assure une contre-batterie efficace (prévoyant 600 obus de 155 mm pour chaque batterie allemande repérée[34]). Le 22, Mangin ordonne pour15 h le déclenchement d'un barrage roulant ainsi que des simulacres d'attaque d'infanterie : 158 nouveaux emplacements d'artillerie allemands se dévoilent en faisant une contre-préparation et des barrages, s'exposant ainsi aux tirs français[35].

Pour frapper le fort de Douaumont sept pièces d'ALGP sont engagées, quatre autres pour Vaux. Douaumont est la cible pendant quatre jours d'un total de 96 obus tirés par deuxobusiers de 400 mm[n 10], 156 obus de 370 mm, 290 obusde 280 mm et 416 obusde 270 mm[37]. Le 23 à12 h 30, un obus de 400 perfore le béton du fort et explose dans l'infirmerie, tuant une cinquantaine d'Allemands ; à12 h 40 un autre obus fait s'effondrer la casemateno 8 ; puis c'est au tour de la voûte du couloir principal ; un autre obus passe par le trou et va exploser plus bas, dans un dépôts de grenades, déclenchant un incendie qui répand des gaz toxiques. À14 h, l'éclairage est coupé. La garnison allemande évacue le fort le 23 entre 17 et18 h[23], alors que l'artillerie française mène un« arrosage d'obus spéciaux » (800 coups de 90 et de 95 mmchargés au gaz) sur et autour du fort.

Assaut d'infanterie

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Henri Georges Jacques Chartier,Reprise du fort de Douaumont par l'infanterie française, 1916,lithographie conservée aumusée de l'Armée. Une œuvre irréaliste : l'assaut ne s'est pas résumé à une furieuse charge à labaïonnette[n 11].

Dans la nuit du 23 au 24, les derniers éléments des trois divisions d'attaque montent en ligne, relevant celles qui avaient aménagé le secteur (parallèles de départ et boyaux de communication) : la38e remplaçant la55e, la133e la130e et la74e la63e DI. À l'heure H-30, une partie de l'artillerie française effectue un« tir de peignage sur la zone d'attaque » (tir de harcèlement, donc lent, des arrières) et des tirs de neutralisation des batteries allemandes (au gaz), une autre partie assure l'encagement des cibles, tandis que l'artillerie lourde et l'artillerie de tranchée (14 batteries) terminent leurs tirs de destruction. À partir d'H-5, les canons de 75 mm concentrent leurs tirs sur la première ligne allemande, à raison de quatre obus percutants par minute et par pièce. Enfin, à l'heure H (11 h 40), les observatoires allemands sont aveuglés à coups d'obusfumigènes et le tir s'allonge sous forme d'unbarrage mobile d'obus percutants (qui avance de 100 m toutes les quatre minutes)[40]. Lesbataillons sortent de leur tranchées et avancent dans un brouillard épais, au milieu des cratères qui se touchent, remplis d'eau et de boue. Le brouillard masque l'attaque, si bien que le barrage allemand n'est déclenché que 12 minutes plus tard[41].

Dans le secteur de la38e DI, sur la gauche du front d'attaque, lerégiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM) est chargé de prendre le fort, épaulé par le4e régiment mixte de zouaves et tirailleurs (4e RMZT) qui doit prendre Thiaumont. Le fort a de nouveau une garnison allemande depuish du matin, mais composée seulement du capitaine Prollius et de 26 pionniers[42]. Le RICM (commandé par lelieutenant-colonel Régnier,PC dans l'abri des Quatre-Cheminées) attaque du ravin des Vignes avec troisbataillons : le4e (du commandant Modat, blessé dans l'assaut) qui prend la première position allemande malgré quelques difficultés, le1er (du commandant Croll) qui passe devant à partir de13 h 40 pour encercler le fort et le8e (du commandant Nicolaÿ) qui doit « nettoyer » les dessus et l'intérieur du fort. Atteignant l'objectif, le bataillon Croll est seul : Nicolaÿ s'est déporté vers l'est dans le brouillard (sa boussole étant déviée par le métal de son équipement). Croll envoie alors ses hommes dans les fossés puis sur la superstructure du fort, y rencontrant des éléments du321e RI, avant d'être enfin relevé par le8e bataillon, qui arrive en colonnes guidé par un prisonnier allemand[23]. Les coloniaux, renforcés par des sapeurs (de la compagnie du génie 19/2[n 12], celle de la38e DI) et deslance-flammes (une section desapeurs-pompiers équipée d'engins Schilt), pénètrent dans le fort vers15 h[44]. Deux de ces sapeurs, Jean Ygon et Paul Dumont, se distinguent : alors qu'Ygon, aidé d'un autre sapeur, capture vingt soldats allemands, deux mitrailleuses et trois canons, le maître-ouvrier Dumont, qui a pris le commandement de quatremarsouins, est le premier soldat français à pénétrer dans le fort ; à son tour, il y capture quatre officiers et vingt-quatre soldats allemands[45].

Pendant la journée du 24, le RICM perd 500 hommes, dont 111 tués et 389 blessés[46]. Le 25, lechef de bataillon Nicolaÿ est nommé commandant d'armes du fort de Douaumont ; le lieutenant-colonel Régnier installe sonPC dans le fort. Les, deux contre-attaques allemandes sont repoussées près du fort ; les divisions d'assaut françaises sont relevées le 30[47]. Le, Dumont et Ygon se voient attribuer tous les deux laLégion d'honneur[48], dont ils seront les deux seuls militaires du rang récipiendaires à l'occasion de la reprise du fort (les hommes du rang reçoivent normalement lamédaille militaire). Le nom de sergent Paul Dumont fut donné en 2010-2011 à la273e promotion de l'École nationale des sous-officiers d'active[49]. Enfin, le chef de bataillon Pierre Nicolaÿ est fait officier de la Légion d'honneur (né en 1872 àSaint-Avold, il est tué le àLouvemont)[50].

Citations et inscriptions

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Lithographie publié dansLe Figaro du :« La reprise du fort de Douaumont : L'attaque française, favorisée par un temps brumeux... (communiqué allemand du 26 octobre) Et la brume se dissipa. » Douaumont eut une portée symbolique très forte pendant labataille de Verdun.

« Le 24 octobre 1916, renforcé du43e bataillon sénégalais et de deux compagnies de Somalis, a enlevé d’un admirable élan les premières tranchées allemandes ; a progressé ensuite sous l’énergique commandement du colonel Régnier, brisant successivement la résistance de l’ennemi sur une profondeur de deux kilomètres. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant d’un élan irrésistible du fort de Douaumont, et conservant sa conquête malgré les contre-attaques répétées de l’ennemi. »

— Décret du 13 novembre 1916 avec attribution de la Légion d’honneur au drapeau du RICM, publié auJORF du 16 novembre 1916[51],[n 13].

« Le 24 octobre 1916, sous l’énergique commandement du lieutenant-colonel Vernois, a enlevé d’un élan admirable les premières tranchées allemandes, puis, successivement, l’ouvrage de la ferme de Thiaumont. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant, dans un irrésistible assaut, du village de Douaumont. »

— Citation à l'ordre de l'armée du4e régiment mixte de zouaves et tirailleurs. Ordre général de la2e armée en date du 13 novembre 1916.

« A fourni, pendant une période de vingt jours, de gros efforts pour préparer une attaque dans un secteur particulièrement bombardé. A pris part à cette attaque, suivant les troupes qui s'emparaient, dans un élan irrésistible, du fort de Douaumont, a pris part avec la même bravoure à la prise de cet ouvrage, nettoyé et organisé la position, permettant ainsi de conserver une brillante conquête. »

— Citation à l'ordre de l'armée de la2e compagnie du19e bataillon du génie. Ordre général n°498 de la2e armée en date du 13 novembre 1916.

« Officiers, sous-officiers et soldats du groupement Mangin, en quatre heures, dans un assaut magnifique, vous avez enlevé d'un seul coup, à notre puissant ennemi, tout le terrain, hérissé d'obstacles et de forteresses, du nord-est de Verdun, qu'il avait mis huit mois à vous arracher par lambeaux, au prix d'efforts acharnés et de sacrifices considérables. Vous avez ajouté de nouvelles et éclatantes gloires à celles qui couvrent les drapeaux de Verdun. Au nom de cette armée, je vous remercie. Vous avez bien mérité de la Patrie. »

— Ordre du jour du généralNivelle, le 25 octobre 1916, remerciant les troupes qui ont repris le fort de Douaumont.

Fanion du43e bataillon detirailleurs sénégalais portant l'inscription« Douaumont 1916 » et la fourragère.

L'inscription de bataille« VERDUN-DOUAUMONT 1916 » est attribuée aux drapeaux des unités suivantes :

« Le 24 octobre 1916, alors que le R.I.C.M. prenait pied sur le Fort de Douaumont, le 321e R.I à sa droite, atteignait la face est de l'ouvrage et le4e régiment mixte de zouaves et tirailleurs, à sa gauche, pénétrait dans le fossé ouest. Ces trois régiments, ensemble à la peine, partagent maintenant l'honneur de voir inscrit sur leurs drapeaux le nom glorieux : VERDUN-DOUAUMONT. »

— 1re plaque commémorative.

« Le 24 octobre 1916, le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc renforcé du 43e Bataillon Sénégalais et de deux compagnies de Somalis a enlevé, d'un admirable élan, les premières tranchées allemandes, a progressé ensuite sous l'énergique commandement du lieutenant colonel Régnier, brisant les résistances successives de l'ennemi sur une profondeur de deux kilomètres - a inscrit une page glorieuse à son histoire en s'emparant dans un assaut irrésistible du Fort de Douaumont et en conservant sa conquête malgré les contre-attaques répétées de l'ennemi. »

— 2e plaque commémorative.

« Le 24 octobre 1916, la38e division d'infanterie a eu la gloire et le mérite de reprendre à l’ennemi le Fort de Douaumont. Le RICM, le4e régiment mixte de zouaves et tirailleurs, le4e régiment de zouaves, le8e régiment de tirailleurs tunisiens et le32e régiment d’artillerie de campagne formant la38e DI. Les133e et74e DI ont glorieusement participé aux combats, notamment les11e et321e régiment d’infanterie. »

— 3e plaque commémorative.

Aménagements en 1916-1918

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Travaux allemands

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La carapace de protection du fort de Douaumont est épaisse de plus de six mètres (composée demaçonnerie en pierre, recouverte de sable, debéton spécial et de terre) mais a en grande partie disparu en raison des divers bombardements et du prélèvement du sable pendant l'occupation allemande durant le premier conflit mondial. Pour renforcer la protection de la façade du casernement, particulièrement atteinte par les obus français, les Allemands l'ont renforcée avec un empilement de sacs de sable et de terre de plusieurs mètres d'épaisseur[10]. Le fort permettait de loger théoriquement 800 hommes environ mais en 1916, il y en eut parfois jusqu'à 3 000 voire 3 500.

Groupe électrogène allemand.

Le fort contenait desciternes cimentées. Cependant, avec les bombardements, elles furent rendues inutilisables (fissurées par les vibrations) et le ravitaillement en eau était particulièrement difficile, les occupants étant rationnés à250 ml d'eau par jour. Jusqu'à 1916, on utilisait pour l’éclairage des bougies et des lampes à pétrole qui, à cause de la surpopulation et d'inévitables dégradations, n'étaient que peu ou pas utilisées. Les Allemands, remédiant à cet état, avaient mis en service au fort desgroupes électrogènes. Au moment de la reprise du fort par les troupes françaises le, ils en avaient amené d'autres plus puissants qui étaient en cours de montage et qui leur auraient permis d'électrifier quasiment tout le fort. La ventilation était assurée par des ventilateurs à main. Les toilettes existaient à l'intérieur du fort mais en nombre insuffisant (quatre) et dans un état de saleté repoussante ; les Allemands remédièrent à ce problème en installant plus de vingt toilettes à l'extérieur, à l'abri du bombardement, et condamnèrent celles de l'intérieur. Le fort présente aussi une pièce, aménagée par les troupes allemandes, dans laquelle on désinfectait les uniformes et le personnel avec de la vapeur d'eau chaude.

Le fort servait de lieu de passage et de repos à l'infanterie allant en ligne, le seul endroit où une troupe pouvait se reposer sans danger. La sortie en était difficile, l'artillerie française tenant sous son feu les issues du fort. Aussi, pour réduire les pertes à la sortie du fort, les Allemands entreprirent la construction d'une communication souterraine, appelée « tunnel sud » dans l'axe même du fort. Fin octobre, 60 mètres seulement étaient achevés.

Sépultures collectives

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Mémorial devant la casemate servant de tombe collective à 679 soldats allemands.

Le, la vie du fort occupé par les Allemands fut troublée par un événement imprévu. La veille, les bombardements français avaient été très violents et l'ouvrage avait reçu les blessés ; un bataillon au repos et de nombreuses troupes se trouvaient dans le fort[n 15]. Àh du matin, une violente explosion accidentelle, celle d'un dépôt degrenades due à une erreur humaine, mit le feu à un dépôt voisin delance-flammes. Les pertes furent lourdes, les Allemands commencèrent à enterrer les morts mais comme on en retrouvait toujours, le commandement les fit placer dans deux casemates qui furent murées. Des 800 à 900 soldats qui périrent, 679 sont enterrés derrière cette croix : c'est le cimetière allemand du fort. Le fort reçu le surnom deSargdeckel, le « couvercle de cercueil »[53] à cause de sa forme allongée et bombée.

Le, un obus allemand de 420 mm tombe au-dessus d'un piédroit du casernement, perçant le béton et la maçonnerie, faisant s'effondrer les deuxcasemates voisines : 21 soldats français sont tués. On put en sortir quatorze pour les enterrer à l'extérieur, les sept autres, dont les noms sont inscrits sur une plaque, furent déchiquetés et reposent encore derrière un mur épais qui mure maintenant la casemate.

Travaux français

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Repas de Noël 1916 des officiers, autour de leur commandant, le capitaine Le Bris, qui tient le chat.

Dès le premier jour de la reprise du fort par les Français, les sapeurs dugénie le réaménagent pour le rendre mieux défendable et habitable : barricades, chicanes, positions de mitrailleuses, rétablissement de l'éclairage et de la ventilation, évacuation des cadavres et des décombres. Lesgroupes électrogènes allemands sont révisés et remis en service. Trois petits puits sont aménagés pour l'approvisionnement en eau, complétés par des cuves métalliques de400 litres (les citernes étant fissurées). Lescoffres de contrescarpe et lacasemate de Bourges sont remis en état et réarmés ; le casernement est dégagé de ses sacs de sable et de terre, sa façade est partiellement refaite, comprenant des créneaux de tir pour mitrailleuses. Deux réseaux debarbelés, chacun de dix mètres de large, sont déployés dans les fossés et sur leglacis, chaque coffre étant lui-même entouré[10].

Rapidement le creusement des « galeries de 17 » est lancé, ordonné par le commandant Harispe : expérimentées aufort de Moulainville à partir de mai 1916 et ordonnées pour tous les forts et ouvrages de larégion fortifiée de Verdun à partir d'août[n 16], elles doivent permettre de s'enfouir davantage, en forant des puits d'accès sous la caserne, l'observatoire de commandement, la casemate de Bourges, les quatre tourelles (chacune couplée à un observatoire cuirassé) et les trois coffres, puis en reliant ces forages par des galeries à près de 30 mètres de profondeur. Ces galeries, peuétayées mais éclairées à l'électricité, ventilées et aménagées (dortoirs, magasins et usine), ont pour fonction de garantir l'accès aux différents organes de combat et de protéger la garnison même pendant les pires pilonnages[54]. Le creusement des galeries se poursuit jusqu'en 1918, comprenant des portes étanches pour en mettre des portions en légère surpression (équivalent à unabri-caverne). Le « tunnel sud » creusé par les Allemands est prolongé, débouchant en surface à 500 mètres environ au sud, dans le ravin de la Caillette. Deux embranchements menaient à deux autres sorties, l'une à la carrière à 180 m du fort et l'autre à 300 m[55]. L'entrée la plus éloignée est à proximité d'unevoie ferrée de 60 cm (celle du « Tacot »), tandis qu'unevoie étroite de 40 cm pénètre dans l'entrée de guerre du fort, ce qui permet un meilleur ravitaillement et de stocker facilement les munitions pour les deux tourelles d'artillerie (4 700 cartouches 75 mm et 1 500 coups de 155 mm)[10].

  • Plan du fort en noir, avec en rouge le tracé des galeries souterraines (appelées les « travaux de 17 »).
    Plan du fort en noir, avec en rouge le tracé des galeries souterraines (appelées les « travaux de 17 »).
  • L'entrée du tunnel sud, commencé par les Allemands et terminé par les Français.
    L'entrée du tunnel sud, commencé par les Allemands et terminé par les Français.

Latourelle de 155 mm est retrouvée par les Français en bon état ; une fois vérifiée, elle participe au soutien de l'attaque du (sur la côte du Poivre) en tirant quinze obus. Latourelle de 75 mm fonctionne mal, lesvoussoirs de son avant-cuirasse ayant été en partie disloqués par un gros obus français. Latourelle de mitrailleuses nord-est est transformée en observatoire d'artillerie en découpant sa muraille pour y installer des jumelles ; celle du nord-ouest qui a été détruite est aménagée en observatoire. Le fort reçoit la visite du sénateurGeorges Clemenceau qui y passe la nuit du 6 au[56]. L'artillerie allemande poursuit des tirs de harcèlement sur et autour du fort, notamment pendant l'offensive française d'août et septembre 1917. Au total, il est estimé que 120 000 obus, tant allemands que français, sont tombés d'octobre 1914 jusqu'en novembre 1917 sur le fort et son glacis[55].

Après-guerre

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Vue générale des restes de la façade ducasernement donnant sur la cour du fort, montrant notamment lescréneaux de tir.

La paix revenue, le fort est constellé de cratères d'obus, les fossés sont méconnaissables, la moitié des tourelles est hors-service, le béton est fissuré et la caserne est devenue trop humide.

Projet d'ossuaire

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Étant donné les ossements disséminés dans le sol du champ de bataille,André Ventre, architecte en chef des monuments historiques et concepteur de latranchée des Baïonnettes, propose de transformer le fort enossuaire.

Une descasemates de la caserne dont la voûte s'est effondrée sous le coup d'un obus de très gros calibre.

« La situation culminante de Douaumont ; le monument fait de la matière même qui a résisté et souffert, toute couturée et blessée, et non de pierre indemne, un peu choquante au milieu de cette dévastation ; le lieu de la défense devenant le tombeau, le style sobre, viril et guerrier que nous voulons, obtenu tout naturellement puisque c'est ici une forteresse, et quelle forteresse ! la grandeur de ce monument enfoncé dans le sol comme le poids de tout ce qu'il a vécu, tassé et à ras de terre comme tout est à ras de terre ici ; le symbole de ce mur signifiant le mur opposé par les soldats à l'envahisseur ; enfin, le caractère absolument sans analogue, absolument propre à Verdun et inséparable de Verdun qu'aurait un tel ossuaire ; tout contribue à donner à ce projet une beauté telle que, si elle est possible, il y a pour nous un devoir, dans le sens le plus strict du mot, à employer nos forces afin qu'elle puisse exister.J'ajoutais qu'aménager le fort en ossuaire, c'était réduire d'un cinquième au moins notre dépense. [...] »

— Henry de Montherlant[n 17], lettre à l'évêque de VerdunCharles Ginisty, juin 1920[57].

Trois jours plus tard, le maréchalPhilippe Pétain repousse la proposition, car le fort n'est pas déclassé. Finalement, la nécropole et l'ossuaire seront aménagés à l'emplacement de la ferme de Thiaumont : c'est là que se sont tenues les différentes commémorations officielles de labataille de Verdun.

Article connexe :Ossuaire de Douaumont.

Remise en état partielle

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L'Armée françaiseoccupant une partie de l'Allemagne, la priorité n'est pas dans l'immédiat après-guerre à l'entretien ni à la construction des fortifications permanentes. À partir de décembre 1925, date de création de la Commission de défense des frontières (qui devient laCommission d'organisation des régions fortifiées, CORF, en 1927), des études théoriques sont menées. En 1926, l'âge des forts de Verdun et leur éloignement de la nouvellefrontière franco-allemande entraînent leur déclassement partiel. En 1928, débutent des chantiers de construction dans lesAlpes-Maritimes (leRimplas dans la vallée de laTinée), puis en 1929 enLorraine (leRochonvillers et leHackenberg de part et d'autre de laMoselle) et enAlsace (leHochwald au pied desVosges) : c'est le début de la construction de laligne Maginot.

Bien que la nouvelle ligne de fortifications laisse Verdun et ses forts très en arrière, ceux-ci sont considérés, commeceux autour de Metz etde Belfort comme formant desplaces fortes de seconde ligne. L'artillerie de la place forte de Verdun, comprenant lescasemates de Bourges et les tourelles d'artillerie des forts, est confiée le au3e groupe du163e régiment d'artillerie de position (163e RAP, caserné à lacitadelle), qui devient à partir du le3e groupe du151e RAP[58]. De 1937 à 1939, les avant-cuirasses des tourelles et lebéton armé autour sont refaits, tandis que deux nouvellestourelles de mitrailleuses (qui étaient en stock) remplacent les anciennes détruites pendant les bombardements. Une partie des galeries creusées en 1917 est bétonnée.

Combats de juin 1940

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À lamobilisation de fin août 1939, le groupe du151e RAP forme l'ossature du nouveau160e RAP, dont le2e groupe est chargé d'armer les fort de Verdun de la rive droite, au sein de la2e armée. En janvier 1940, le régiment quitte Verdun, laissant la garde des forts à la10e batterie nouvellement créée[59].

Les généraux allemandsWeisenberger etDaluege en visite sur le fort de Douaumont en 1940.

Lors de lacampagne de France en 1940, alors que le front français estpercé dans les Ardennes (15 mai) puis sur la Somme (5 juin) et l'Aisne (9 juin), l'ordre est donné aux troupes déployées en Champagne, en Lorraine et en Alsace de battre en retraite. Du 11 au, les unités défendant lesecteur fortifié de Montmédy (le secteur de laligne Maginot au nord de Verdun) décrochent, formant une division de marche (division légère Burtaine), suivi à partir du 12 juin plus à l'est par toutes les autres unités. Ordre est donné de ne pas défendre la ville de Verdun, mais le la3e division d'infanterie coloniale (du18e corps de la2e armée) se déploie au nord-ouest, sur la cote 340,le Mort-Homme etRegnéville, avec comme mission d'arrêter les forces allemandes ; celles-ci attaquent le 14 (36e,76e et299e divisions)[60]. À Verdun, les ponts sont sabotés et les derniers états-majors évacuent, tandis que sur la rive droite la division légère Burtaine bat en retraite (à pied) le plus vite possible vers le sud.

Le, les troupes allemandes entrent dans Verdun ; quelques forts sont utilisés pour ralentir la poursuite pendant toute la journée, notamment ceux de Douaumont (latourelle de 155 mm tire quelques coups à cette occasion), de Dugny et du Rozelier, tenus par des unités des132e et155e RIF, en arrière-garde de la division Burtaine[61]. Lors de la reddition du fort, les deux tourelles (de 155 et de 75) furent sabordées ; c'est le soldat Victor Chrétien qui se serait chargé de ce travail pour la tourelle de 155 mm.

Lors du reste de laSeconde Guerre mondiale, le champ de bataille de Verdun et notamment le fort de Douaumont servent de destination touristique pour les troupes d'occupation allemandes[62]

Site touristique

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Les trois drapeauxallemand,français eteuropéen flottant au-dessus des ruines du fort : ce dernier est un symbole de l'amitié franco-allemande.

Le fort est classémonument historique[63] par l'arrêté du. L'État reste le propriétaire, confiant la gestion auConseil départemental de la Meuse. En 1985, l'entrée du fort est déterrée ; lors de cette fouille, les restes d'un soldat allemand sont retrouvés sous les débris du pont mobile[64]. En novembre 2009, les drapeaux allemand et européen sont hissés aux côtés du drapeau français sur les dessus du fort à l’issue d’une cérémonie franco-allemande[65]. Le, dans le cadre du50e anniversaire dutraité de l'Élysée, est inaugurée à l'intérieur du fort une petite statue de bronze nomméeDer Abschied (« Les adieux ») de l’artiste allemand Franz-Josef Ludwig[66],[67].

Le fort est désormais une des principales attractions touristiques de l'ancien champ de bataille de Verdun, complétant la visite de l'ossuaire et de la nécropole, qui sont à un kilomètre au sud-ouest, ainsi que duMémorial de Verdun à 2,4 km au sud. Le fort a attiré 94 225 visiteurs en 2012, 97 921 en 2013, 170 898 en 2014 (pic à l'occasion du centenaire du début du conflit)[68] et 116 174 en 2017[69].

En 2016, des travaux de terrassement sont lancés, avec fermeture du site de novembre 2017 à mai 2018, marqués par la nécessité de dépolluer le sol (avec désobusage). Un nouveau parking est ainsi aménagé, avec un chemin menant à l'ancienne entrée de guerre, au fond du fossé de gorge, qui devient le nouvel accès pour le public, qui jusque là débouchaient directement dans la cour de la caserne[70].

  • La moitié orientale du fossé de gorge du fort, au mur d'escarpe gommé, dans son état en février 2013, avec l'entrée de guerre à gauche.
    La moitié orientale du fossé de gorge du fort, au mur d'escarpe gommé, dans son état en février 2013, avec l'entrée de guerre à gauche.
  • Trace d'un impact d'obus sur un observatoire fixe (dans le reflet du soleil).
    Trace d'un impact d'obus sur un observatoire fixe (dans le reflet du soleil).
  • Canon de 75 mm en place dans la casemate de Bourges.
  • Mécanisme de la tourelle Galopin de 155 mm R.
  • Impacts ayant labouré l'acier d'une tourelle.
    Impacts ayant labouré l'acier d'une tourelle.

Notes et références

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Notes

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  1. Les carrières abandonnées d'Haudromont, où était exploité le calcaire blanc duRauracien et le calcairecrinoidique de l'Argovien[5], se trouvent sur le versant sud de l'actuel bois d'Haudraumont, à proximité de la route menant deBras-sur-Meuse à l'ancien village deDouaumont :49° 13′ 19″ N, 5° 24′ 31″ E.
  2. Lescôtes de Meuse sont couronnées par desargiles et desmarnes duSéquanien[5].
  3. La seconde tourelle de 75 mm, modifiée entourelle pour deux armes mixtes, est finalement installée en 1937 sur l'ouvrage des Sarts, près deMaubeuge[11].
  4. Les Jumelles d'Ornes sont deux petits sommets à 304 mètres d'altitude pour celui du sud (« cote 307 » sur les cartes d'époque ;49° 15′ 44″ N, 5° 29′ 13″ E) et 302 m pour celui au nord (« cote 310 » à l'époque ;49° 15′ 55″ N, 5° 29′ 11″ E), la limite entre les communes deGremilly et d'Ornes passant entre les deux.
  5. LeRèglement sur le service des places de guerres, promulgué par ce décret, donnait aux gouverneurs des places fortes une certaine autonomie vis-à-vis du général en chef, notamment à travers l'article 151 :« le commandant en chef ne peut enlever à une place sous ses ordres aucune fraction de la garnison de défense déterminée par le Ministre ».
  6. Décret du : le commandant en chef« dispose, sans restrictions, de toute la garnison des places fortes sous ses ordres et de toutes les ressources de guerre ou de bouche qui se trouvent soit dans la place, soit dans ses zones de réquisition ».
  7. Le fort de Douaumont a été pris par un groupe d'hommes du24e régiment d'infanterie qui était caserné àNeuruppin, faisant partie de la6e division d'infanterie de l'Armée impériale allemande.
  8. Le 22 mai 1916, le commandant allemand du fort est l'Hauptmann Kalau vom Hofe (duIer bataillon du12e régiment de grenadiers, avec comme officier d'artillerie l'Hptm. Heydemann, comme garnison les1re et2e compagnies du12e régiment de grenadiers, le MGK (Maschinengewehr-Kompanie, « compagnie de mitrailleuses ») du3e bataillon de chasseurs à pied (de), les4e (Hptm. Müller) et5e compagnies (Hptm. Frenzen) du30e régiment de pionniers, ainsi que lesMinenwerfer duLeutnant Buhl[21]. Les contre-attaques à l'extérieur sont menées par la2e division bavaroise, qui reprendra à son compte le fort à la fin mai, avec pour nouveau commandant le major Nikolaus von Schemmel, du20e régiment d'infanterie royal bavarois (de)[22].
  9. Le groupement D-E désigne à partir de septembre 1916 la portion de larégion fortifiée de Verdun qui va de la Meuse jusqu'aufort de Tavannes, confié au11e corps d'armée depuis le. Cette unité a été puissamment renforcée : des deuxdivisions d'infanterie habituelles pour uncorps d'armée, sa force varie entre cinq et huit divisions (huit le pour mener une attaque infructueuse vers l'ouvrage de Thiaumont et le bois de Vaux Chapitre). Mangin a sous ses ordres sept divisions du au, quatre en première ligne (les33e,38e,133e et74e DI) et trois autres en réserve derrière pour prendre la suite en cas de problème (7e,9e et63e DI).
  10. Les deux obusiers de 400 mm tirent à 14 km de distance, depuis deux épis reliés à laligne Dombasle-Verdun, à 1 000 m au sud-ouest de la gare deBaleycourt[36].
  11. Il existe d'autres représentations de la reprise de Douaumont : une estampe par Lucien-Hector Jonas représentant le plantée de drapeau[38], ainsi qu'une esquisse peinte par Dominique Charles Fouqueray en 1923 montrant l'approche de la troupe[39].
  12. La « 19/2 » désigne la2e compagnie du19e bataillon du2e régiment du génie, attachée organiquement à la38e division d'infanterie et affectée en renfort au8e bataillon du RICM pour l'assaut sur Douaumont[43].
  13. Le43e bataillon de tirailleurs sénégalais ainsi que les2e et4e compagnies de Somalis, associées au RICM dans le texte de cette citation, reçoivent également la croix de guerre 1914-1916 avec une palme.
  14. L'inscription« VERDUN-DOUAUMONT 1916-1917 » a été attribuée, en octobre 1929, au16e régiment de tirailleurs tunisiens (héritier du4e RMZT) et pas, par effet rétroactif, au4e RMZT, qui a reçu lui l'inscription« VERDUN 1916-1917 ».
  15. Début mai 1916, la garnison allemande du fort de Douaumont est composée de détachements de deux solides unités de la5. ID : l'Infanterie-Regiment „von Alvensleben“ (6. Brandenburgisches) Nr. 52 (deCottbus) et le12e régiment de grenadiers (deFrancfort-sur-l'Oder)[52].
  16. L'ordre de creuser des galeries profondes sous les forts est donné dans une note du général Nivelle du.
  17. Montherlant occupe le poste de secrétaire général de l'Œuvre de l'ossuaire de Douaumont de 1920 à 1924.

Références

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  1. « Découvrez les 12 sites de la Meuse inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO », Actu.fr,.
  2. Guy Le Hallé,Le système Séré de Rivières ou le Témoignage des pierres : la France et Verdun, Louviers, Ysec Éditions,, 224 p.(ISBN 2-84673-008-3),p. 201.
  3. « Carte topographique centrée sur le fort » surGéoportail(consulté le 13 septembre 2018).
  4. Le Hallé 2001,p. 201-203.
  5. a etbNotice de la carte duBRGM« no 136 (Étain) »[PDF], surinfoterre.brgm.fr.
  6. Noteno 5285 le du ministre de la Guerre Boulanger aux généraux commandant les régions militaires ; décret présidentiel du pour les nouvelles dénominations des forts, batteries et casernes sur proposition du ministre de la guerre, M. le général Boulanger.
  7. Lettreno 14980 bis le de M. le ministre de la Guerre, M. le général Ferron, abrogeant le décret présidentiel du 21 janvier.
  8. Le Hallé 2001,p. 203.
  9. AlainHohnadel et PhilippeBestetti,La Bataille des forts : Metz et Verdun de 1865 à 1918, Bayeux,éditions Heimdal,, 80 p.(ISBN 2-84048-087-5),p. 19.
  10. abcdef etgCédric et Julie Vaubourg, « Le fort de Douaumont ou fort Gérard », surfortifsere.fr.
  11. a etbHohnadel et Bestetti 1995,p. 20.
  12. Le Hallé 2001,p. 204.
  13. Journal des marches et opérations du164e régiment d'infanterie,SHD,« cote 26 N 703/1 », surmemoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr.
  14. Journal des marches et opérations du44e régiment d'infanterie territoriale,SHD,« cote 26 N 784/1 », surmemoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr.
  15. Journal des marches et opérations du5e régiment d'artillerie à pied,SHD,« cote 26 N 1184/1 », surmemoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr.
  16. Historique du 5e régiment d'artillerie à pied pendant la guerre 1914-1918, Paris,Berger-Levrault, 60 p.(lire en ligne),p. 5.
  17. Service historique de l'état-major des armées,Les Armées françaises dans la Grande Guerre,t. 2 :La stabilisation du front - Les attaques locales (14 novembre 1914 -1er mai 1915), Paris, Imprimerie nationale,, 728 p.(lire en ligne),p. 56.
  18. Directive du 20 octobre 1914 ;Jean-Philippe Renault, « La Défense française de Verdun en janvier 1916 », suracierettranchees.wordpress.com.
  19. (de) « Die Einnahme des Forts Douaumont », surdouaumont.net.
  20. Pierre Miquel,Mourir à Verdun, Paris,Tallandier,, 315 p.(ISBN 978-2-84734-035-8).
  21. (de) « Die 5. Kp Pionier-Regiment 30 im Fort Douaumont », surverdun14-18.de.
  22. (de) « von Schemmel, Nikolaus », surlexikon-der-wehrmacht.de.
  23. ab etc« Le fort de Douaumont », surlesfrancaisaverdun-1916.fr.
  24. SHD, cote 26 N 686/13,« Journal des marches et opérations du129e régiment d'infanterie 23 janvier 1916-9 avril 1917 », surmemoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr.
  25. SHD, cote 26 N 107/2,« JMO de l'artillerie lourde du3e corps d'armée 2 janvier-31 décembre 1916 », surmemoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr.
  26. Service historique de l'état-major des armées,Les Armées françaises dans la Grande Guerre,t. IV,vol. 3 :Bataille de la Somme (fin) et offensives françaises à Verdun (3 septembre-fin décembre 1916), Paris, Imprimerie nationale,,p. 340-357,lire en ligne surGallica.
  27. a etbAFGG,t. IV,vol. 3 :annexes1er volume **,,p. 1171-1173, 1193-1199 et 1216-1220, annexesnos 828, 843 et 858-860,lire en ligne surGallica : plan d'engagement.
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  60. DominiqueLormier,Comme des Lions : mai juin 1940, le sacrifice héroïque de l'armée française, Paris,Calmann-Lévy,, 329 p.(ISBN 2-7021-3445-9,lire en ligne),p. 257.
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Voir aussi

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