Tsahal, enhébreuצה"ל,acronyme deצְבָא הַהֲגָנָה לְיִשְׂרָאֵל (Tsva ha-Haganah le-Israël,Écouterⓘ)[9],[10], signifiant « Force de Défense d'Israël » (FDI, soit enanglais :Israel Defense Forces ou IDF, traduit officiellement enfrançais en « Armée de défense d'Israël ») est l'armée de l'État d'Israël.
L'appellation officielle de l'armée israélienne est « Armée de Défense d'Israël », connue aussi sous sonacronyme en hébreuTsahal (initiales deTsva Haganah Lé-Yisrael). Pour différentes raisons, cette dénomination est sujette à controverse en raison du terme « défense » —haganah, en hébreu.
À l’époque du mandat britannique, laHaganah désigne la principale force militaire clandestine de la communauté juive en Palestine, leYishouv. Lessionistes dedroite, qui agissaient également au sein de deux petites formations dissidentes —Irgoun etLehi —, pratiquant leterrorisme contre les Anglais et les Arabes palestiniens, reprochent à l'appellation officielle son allusion à la Hanagah, qui avait une importante composante degauche. C'est pourquoi, après la création de l’État d’Israël,Menahem Begin préfère, pendant plusieurs années, utiliser le terme « armée d’Israël » et non « Tsahal »[12].
Également, selon le juriste François Dubuisson, le terme à présent de « défense » devient problématique dans la mesure où cette armée, dite défensive, a pourtant envahi le Liban -en 1978,en 1982,en 2006 -, la Syrie - avec l'occupation du Golan, annexé en 1981 -, et « occupe encore la Palestine ». Aussi, considère-t-il que l'expression « Armée israélienne » permettrait une approche plus neutre[13].
Les origines de l'armée israélienne remontent à la fondation de laHaganah en 1920, chargée de la défense de toutes les implantations juives, notamment leskibboutz et lesmoshavs. LaHaganah est fondée en réponse auxémeutes et aux attaques antijuives, dans le but d'assurer la défense des communautés[14].
Au cours de la progression du conflit entre lesArabes et lesJuifs enPalestine mandataire (jusqu'en 1922), deux autres groupes armés se forment, moins importants, utilisant selonBenny Morris des« méthodes terroristes »[15] : il s'agit de l’Irgoun, liée au mouvementsioniste révisionniste créé en 1931 et duLehi, scission de l'Irgoun et apparu fin 1940 qui alignent respectivement environ 3 000 et 1 000 combattants, laHaganah comptant environ 20 000 combattants. LePalmach, formé d'environ 2 000 commandos, sera ultérieurement créé en 1941. À partir de1947, et au vu des perspectives de fondation du futur État juif, ces groupes armés sont progressivement réorganisés et professionnalisés tandis qu'ils participent à laguerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire.
Pour souligner l'importance historique de la transformation des groupes paramilitaires en une armée nationale,Alain Dieckhoff écrit :« Les circonstances hostiles qui présidèrent à la naissance d'Israël ont d'emblée donné à l'armée un poids déterminant comme garant de la survie du nouvel État. L'armée était d'ailleurs magnifiée non seulement pour son rôle de protection mais pour son action décisive – via le service militaire – dans la consolidation d'un sentiment national partagé. Israël devait être une nation en armes, et Tsahal devait être l'armée de la nation : en un certain sens, nation et armée ne faisaient plus qu'un »[17].
En 1956,Israël, laFrance et leRoyaume-uni s'accordent sur une attaque de l'Égypte dont le but est la reprise du contrôle ducanal de Suez qui avait été nationalisé parGamal Abdel Nasser, le déblocage dugolfe d'Aqaba et l'éloignement de Nasser du pouvoir égyptien[18]. Par l'opération Kadesh, l'invasion duSinaï débute le à3 h 0 du matin. LesMustangs de l'armée de l'air israélienne lancent une série d'attaques contre des positions égyptiennes dans tout le Sinaï. Desparachutistes et les troupes de l'armée de terre pénètrent dans le Sinaï[19],[20]. En une semaine, l'armée israélienne s’empare de la majeure partie de la péninsule du Sinaï et lève leblocus du golfe d'Aqaba[21]. Cependant, l’objectif de contrôler le canal de Suez est un échec, même si les troupes britanniques, françaises et israéliennes contrôlent le canal. Les Égyptiens ont eu le temps desaborder une quarantaine de navires à l'intérieur du canal, bloquant de fait tout passage dans le canal[22],[23].
Après une très forte pression internationale, les Britanniques décident d'uncessez-le-feu le 6 novembre, sans en avertir préalablement leurs alliés sur place[24]. Les premières troupes desNations-Unies arrivent le 21 novembre et les troupes françaises et britanniques finissent leur départ le 23 novembre. Cependant, l'armée israélienne continue d'occuper le Sinaï jusqu'en mars 1957[25]. L'armée israélienne a su se forger une image même si ses troupes terrestres et aéroportées ont connu des difficultés sur le terrain notamment à cause d'une mauvaiselogistique. L'armée de l'air, elle, s'est particulièrement distinguée et a eu un énorme impact sur les opérations au Sinaï. Après plusieurs défaites aériennes, l'aviation égyptienne s'est retirée dans l'arrière-pays et n'a donc pas pu assister les troupes au sol. L'aviation israélienne a donc eu une domination aérienne totale dans le Sinaï et ses avions ont fait un carnage dans les formations deblindés égyptiens qui étaient en train de traverser le désert[26].
La guerre a démontré qu'Israël était capable d'exécuter des manœuvres militaires à grande échelle en plus de petitsraids nocturnes et d'opérations de contre-insurrection[27].
L'écrasante victoire éclair d'Israël la place également au rang depuissance militaire principale au Moyen-Orient et lui fait alors acquérir un immense prestige à l'échelle mondiale[28].
Laguerre du Kippour commence le, lejour du jeûne juif, lorsque les forces égyptiennes et syriennes lancent une attaque surprise et franchissent leurs lignes de cessez-le-feu avec Israël et envahissent la péninsule du Sinaï et leplateau du Golan. Les forces égyptiennes traversent le canal de Suez lors de l'opération Badr et avancent dans la péninsule du Sinaï ; lesSyriens lancent une attaque coordonnée sur les hauteurs du Golan pour coïncider avec l'offensive égyptienne et ont d'abord fait des gains sur le territoire sous contrôle israélien[31],[32].
Les deux armées arabes obtiennent initialement quelques succès notamment en repoussant une contre-attaque israélienne dans le Sinaï le. Cette attaque mal préparée, mal coordonnée et ne bénéficiant pas de la supériorité aérienne comptait 183tanks et 44 autres tanks qui n'étaient pas encore sur place au déclenchement de l'opération[33]. Cette attaque résultera en une défaite cinglante pour les Israéliens, une première attaque de 25 tanks réussissant à avancer en direction du canal de Suez mais se faisant arrêter par un barrage d'artillerie etmissiles anti-char ; 18 chars sont détruits en quelques minutes et avec eux un nombre important de commandants tankistes sont tués. Cela a été suivi d'une deuxième attaque des Israéliens. Les Égyptiens ont permis aux Israéliens d'avancer, puis les ont encerclés dans une zone préparée avant d'ouvrir le feu, anéantissant la majeure partie des forces israéliennes en13 minutes. Les Égyptiens ont détruit plus de 50 chars israéliens et en ont capturé huit intacts[34].
Après trois jours de violents combats, Israël stoppe l'offensive égyptienne, entraînant une impasse militaire sur ce front, et repousse les Syriens vers les lignes de cessez-le-feu d'avant-guerre. L'armée israélienne a alors lancé unecontre-offensive de quatre jours en profondeur en Syrie et, en une semaine, l'artillerie israélienne commence à bombarder la périphérie de la capitale syrienne,Damas. Pendant ce temps, les forces égyptiennes ont poussé vers deux cols montagneux stratégiques plus profondément dans la péninsule du Sinaï, mais ont été repoussées par les forces israéliennes qui ont contre-attaqué en traversant le canal de Suez et en avançant vers la ville deSuez[35],[36].
Le 22 octobre, un premier cessez-le-feu négocié par les Nations unies s’effondre immédiatement, chaque partie blâmant l'autre pour sa violation. Le 24 octobre, les Israéliens avaient considérablement amélioré leurs positions et achevé leur encerclement de la troisièmearmée égyptienne et de la ville deSuez, les amenant à moins de100 kilomètres de la capitale égyptienne duCaire. Cette évolution a conduit à un deuxième cessez-le-feu le, pour mettre officiellement fin à la guerre[37].
Guerre israélo-arabe de 1948-1949, appelée guerre d’Indépendance en Israël. Elle oppose Tsahal aux armées de plusieurs États arabes voisins (Égypte, Jordanie, Syrie, Liban, Irak). Elle a permis la conquête de 78% de la Palestine mandataire et la création d'un État très majoritairement juif[38]. Tsahal occupé, expulse et détruit plus de500 villages arabes[39].
Infiltrations de fedayins (1949-1956) : des expulsés de 1948 tentent de revenir dans leurs villages ; desfedayins mènent des opérations commando.
Crise du canal de Suez en octobre 1956. Tsahal a participé à cette opération militaire, en coordination avec la France et le Royaume-Uni, pour prendre le contrôle du canal de Suez en Égypte. L'objectif était de renverser le président égyptien Gamal Abdel Nasser, qui avait nationalisé le canal[40].
Guerre des Six Jours en juin 1967. Ce fut une victoire militaire rapide et décisive de Tsahal contre les armées égyptienne, syrienne et jordanienne. La guerre a abouti à l'occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, du plateau du Golan et de la péninsule du Sinaï[41].
Guerre d'usure : combats opposant Israël a différents adversaires dont l'Égypte, la Jordanie et l'OLP, de 1967 à 1970 ;
Guerre du Kippour en 1973. Le conflit a débuté par une attaque surprise de l'Égypte et de la Syrie sur le plateau du Golan et la péninsule du Sinaï. Tsahal a d'abord subi des revers importants avant de lancer une contre-offensive réussie et de repousser les forces arabes, mais au prix de lourdes pertes[42].
Guerre du Liban en 1982. Tsahal a envahi le Liban avec l'objectif de détruire les bases de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et de chasser ses combattants du pays. L'invasion a conduit à l'expulsion de l'OLP de Beyrouth et à une longue occupation du sud du Liban[43].
Conflit au Sud-Liban (1985-2000). Tsahal a maintenu une présence militaire dans une "zone de sécurité" au Sud-Liban pour prévenir les attaques contre le nord d'Israël. Les forces israéliennes ont affronté le Hezbollah et d'autres groupes armés libanais avant de se retirer unilatéralement en 2000[44].
Première intifada ou guerre des pierres (1987-1993). Cette période a été marquée par un soulèvement populaire palestinien, principalement non armé au début, contre l'occupation israélienne en Cisjordanie et à Gaza. Les affrontements ont souvent impliqué des jets de pierres contre les forces de Tsahal, qui ont riposté avec des mesures de maintien de l'ordre, parfois violentes[44].
Seconde intifada (2000-2005). Cette révolte a été caractérisée par une violence accrue, incluant des attentats-suicides et des fusillades. Tsahal a mené des opérations militaires de grande envergure en Cisjordanie et à Gaza pour réprimer le soulèvement.
Conflit israélo-libanais de 2006 ou guerre de juillet. Ce conflit a opposé Tsahal au Hezbollah après l'enlèvement de deux soldats israéliens. Il a impliqué des frappes aériennes israéliennes au Liban et des tirs de roquettes du Hezbollah sur le nord d'Israël. Il s'est terminé sans victoire claire pour aucune des parties[45].
Guerre de Gaza de 2008-2009. C'est une vaste opération militaire lancée par Tsahal en réponse aux tirs de roquettes du Hamas depuis la bande de Gaza. Elle a été marquée par d'intenses bombardements et une invasion terrestre, causant de lourdes pertes civiles palestiniennes[46].
Guerre de Gaza de 2012. Tsahal a lancé cette opération contre le Hamas et d'autres groupes armés à Gaza, à la suite d'une nouvelle escalade de tirs de roquettes. Les combats ont duré huit jours et ont été menés principalement par des frappes aériennes[47].
Guerre de Gaza de 2014. Ce fut un conflit prolongé impliquant des frappes aériennes, des tirs de roquettes et une opération terrestre limitée. Tsahal a cherché à détruire les infrastructures du Hamas, notamment les tunnels transfrontaliers[48].
Guerre à Gaza depuis 2023. Le conflit a débuté en réponse à l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Tsahal a lancé une vaste offensive terrestre et aérienne sur la bande de Gaza avec pour objectifs déclarés de détruire le Hamas et de libérer les otages.
Guerre Israël-Hezbollah (2023-2024). Ce conflit a éclaté dans la foulée de l'attaque du 7 octobre, avec une escalade des affrontements entre Tsahal et le Hezbollah à la frontière israélo-libanaise. Il a été marqué par des tirs de roquettes et des drones du Hezbollah sur le nord d'Israël, et des frappes aériennes et de l'artillerie de Tsahal au Liban.
Guerre Iran-Israël en 2025. Ce conflit direct, bien que bref, a marqué un tournant dans les relations entre les deux pays. Il a commencé par des frappes de missiles et de drones iraniens sur le territoire israélien, auxquelles Tsahal a riposté par des frappes ciblées sur des sites militaires et nucléaires en Iran.
Outre ces guerres d'envergure, Tsahal a mené de nombreusesopérations militaires et de sécurité de plus petite échelle, principalement dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ces opérations, souvent menées en réponse à des attaques palestiniennes ou pour contrer leterrorisme, ont été la cible de critiques de la part d’organisations internationales. Parmi les engagements les plus notables depuis le début des années 1990, on peut citer :
Opération Raisins de la Colère en avril 1996, menée au Sud-Liban en réponse à des tirs de roquettes du Hezbollah sur le nord d'Israël[49].
Opération Jours de pénitence. Vaste opération militaire dans la bande de Gaza, lancée pour démanteler l’infrastructure de fabrication de roquettes et de tunnels après la mort de civils israéliens.
Opération Pluies d'été (2006): Opération déclenchée en réponse à l'enlèvement d'un soldat israélien, Gilad Shalit, et à des incursions de combattants palestiniens depuis la bande de Gaza.
Blocus de la bande de Gaza depuis 2007. Mis en place conjointement par Israël et l'Égypte après la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza. Il vise à empêcher les transferts d'armes, bien que son impact humanitaire soit fortement critiqué.
Tsahal est équipée de matériels sophistiqués, notamment grâce à des firmes israéliennes tellesElbit SystemsRafael, ouIAI.[réf. nécessaire] Israël détient le record mondial en dépenses d'armements par habitant qui s'élève en2006 à 1 429 $[réf. souhaitée].
Le corps blindé est composé de près de 2 600 chars de combat[51] (sans compter le matériel de réserve). Ces chars sont desCenturions, desM60A1 et desMerkava 1, 2, 3 et 4[52]. Au fil des années la flotte a été grandement réduite, en 2022 on compte au minimum 400Merkava 4 en service actif, 200 en réserve et 400Merkava 3 en réserve[53].
Lamarine israélienne possède trois sous-marins declasseDolphin-1 : leDolphin, leLeviathan et leTekuma[54], trois sous-marins de classe Dolphin-2 : leTanin et leRahav, leDrakon est encore en cours de construction[55],14 navires de guerre[56] et 48 patrouilleurs. La marine compte également des unités de forces spéciales.
L'armée de l'air et de l'espace est sans doute le point fort deTsahal, elle comprenait plus de 370 avions de combat modernes en 2008[56], notamment desF-16 et desF-15. Israel avait fait savoir dès 2003 qu'il souhaitait acheter desF-35 pour remplacer les F-16 et F-15 vieillissants. Il était prévu que les premiers avions arriveraient en 2014 juste à temps pour éviter une réduction de la flotte. Cependant après plusieurs retards sur le programme F-35 et une incertitude politique le contrat ne fut signé qu'en 2010 et prévoyait les premières livraison en 2016-2017[57]. Le premier escadron de F-35 est opérationnel en décembre 2017 et Israel fut le premier pays au monde à opérer le F-35[58],[59]. En 2022 on compte 345 avions de combat dans l'armée de l'air dont 36 F-35[60],[61]. En 2023 le pays fait savoir son intention de se procurer desF-15EX[62]. L'armée de l'air comprend aussi 215 hélicoptères[56].
Tsahal compte dans ses rangs environ 161 000 soldats[56], mais peut mobiliser 425 000 réservistes[56] sous les drapeaux ;Tsahal a néanmoins un avantage important grâce à sa technologie militaire. La firme israélienne « Elbit Systems » a créé le premierrobot soldat. En effet, cette firme a inventé le « VIPeR » qui est transportable dans le sac à dos d'un soldat, armé d'unUzi, télécommandé, capable de lancer desgrenades, de tirer au Uzi, de monter et de descendre des escaliers et d'évoluer sur tout type de terrain. Les soldats quant à eux ont une antenne sur leur sac, pour pouvoir communiquer avec la base et être géolocalisés.
Une unité spécialisée dans la lutte contre lepiratage informatique a été formée dans les années 2010. Elle a été mise en place car les autorités redoutent l'introduction d'un virus à grande échelle pouvant perturber les moyens de transport et faire de nombreuses victimes.
L'armée de l'air israélienne se démarque également sur la scène internationale grâce aux nombreuxdrones (avions sans pilote)d'attaque etde reconnaissance qu'Israël produit et utilise en grande quantité. Les Israéliens ont été pendant longtemps les principaux fournisseurs de drones à l'international. En 2013, le pays a été le plus important fournisseur dedrones militaires au monde avec la Turquie. L'industrie se concentre principalement sur la fabrication de drones de petite et moyenne taille ainsi que demunitions rôdeuse (drone suicide) comme leHarop ou leHarpy.
L'avantage des drones israéliens est qu'ils ont été très rapidement mis en situation opérationnelle, la première utilisation d'un drone par l'armée israélienne remontant en 1973 pendant laguerre du Kippour avec l'utilisation duTadiran Mastiff[63]. L'industrie a ainsi pu avoir un véritableretour d'expérience tout au long de son histoire avec lesnombreux conflits qu'a connus Israël, les drones ont pu être testés en situation de combat et les industriels ont ainsi pu adapter les drones en fonction des retours des militaires sur le terrain[64].
Bien que cet aspect de la politique de défense n'ait jamais été ni confirmé ni infirmé par le gouvernement,les experts[Qui ?] considèrent comme certain queTsahal dispose de l'arme nucléaire. Israël n'a pas signé letraité de non-prolifération nucléaire. Il est admis, tant sur la scène nationale qu'internationale, qu'il s'agit d'untabou d'ordretactique etdiplomatique, et non véritablement d'un programme secret : en la matière, l'ambiguïté est bien plus avantageuse qu'une officialisation. À partir du moment où les ennemis savent que cette arme existe, elle produit déjà son effet dissuasif ; une annonce officielle de possession n'apporterait rien d'utile, et présenterait au contraire des inconvénients : apparaître agressif, donner une justification à un programme nucléaire d'un pays voisin, devoir justifier la méthode d'acquisition de cette technologie (partenariat, espionnage), s'obliger à garder cette arme sous peine de perdre la face[65]…
Le cœur de l'activité nucléaire israélienne repose dans les différentes installations de lacentrale nucléaire de Dimona, construite avec laFrance à partir de1956 et ce jusqu'en 1961. La plupart des analystes actuels s'accordent sur une fourchette comprise entre 100 et 175têtes nucléaires[66].
Vu la prédominance desarmes conventionnelles, Joseph Cirincione duCarnegie Endownment for Peace, remet en cause l'intérêt stratégique d'armes de destruction massive pour Israël, puisqu'elles incitent les autres États de la région à s'en doter également.
Le, le Premier ministre israélien,Ehud Olmert, s'adressant à des journalistes allemands, citeIsraël dans la liste des États dotés de l'arme nucléaire[67],[68],[69],[70]. Toutefois, quelques jours plus tard, l'interprétation qu'Israël posséderait l'arme nucléaire est réfutée par un porte-parole israélien.
« Il y a des raisons de croire que desF-4E Phantom ont été au moins une fois assignés au rôle debombardier nucléaire et peut-être encore récemment. Pendant la guerre du Yom Kippour en 1973, alors que l'armée israélienne perdait du terrain devant l'avancée desforces armées égyptiennes dans leSinaï et cédait du terrain sur leGolan face aux Syriens, les forces stratégiques (nucléaires) d'Israël ont été mises au plus haut niveau d'alerte.
Un escadron de F-4Es fut mis en alerte nucléaire continue, avec des pilotes d'élite. LePremier ministreGolda Meir donna l'ordre de préparer les armes nucléaires pour une attaque sur les deux fronts. Mais avant que les limites imposées parGolda Meir ne soient atteintes, la situation se retourna en faveur d'Israël et les 13 bombes ont été renvoyées vers leurs arsenaux[72].
Cette position aurait été prise en partie pour convaincre lesÉtats-Unis du sérieux de la situation et les obliger à intervenir massivement en fournissant des armes, et notamment pour fournir les kits de contre-mesures contre lesSAM-6[73]. »
Cette nomination marque aussi la prépondérance de la réponse aérienne, dans la réflexion stratégique israélienne et constitue donc aussi un message clair à ce pays. Selon le général Israel Ziv :« Notre doctrine a changé, nous voulons tenir le terrain par notre domination aérienne et notre capacité air-sol ».[réf. nécessaire]
Le 22 janvier, il est remplacé par le généralGabi Ashkenazi. Celui-ci avait quitté l'armée en 2005, à la suite de la nomination de Haloutz à ce poste qu'il convoitait. Il avait alors été nommé directeur général duministère de la Défense, poste qu'il occupait jusqu'à cette nouvelle nomination. Elle marque le retour d'un militaire d'infanterie à ce poste[74].
Le, le ministre de la DéfenseEhud Barak annonce queYoav Galant succède àGabi Ashkenazi à la tête de l'état-major de l'armée[75] mais le, il annule sa nomination à la tête de l'état-major. L'annonce est venue après des mois de scandale en raison d'allégations selon lesquelles il se serait approprié une parcelle de terrain près de sa maison dans lemoshav Amikam[76]. Finalement, c'estBenny Gantz qui succède à Gabi Ashkenazi ; c'est un parachutiste, ancien commandant de l'unité d'éliteChaldag[77],[78].
Lycéenne s'entraînant au tir dans un camp duGadna ().
Tsahal est dans la conscience collective israélienne considérée comme étant l'« armée du peuple »[79],[80], en hébreu :צבא העם (Tsava Haʿam). Dans le cadre de ce modèle d'« armée du peuple », l'armée israélienne conduit également des missions d'ordresocial etéducatif. Certaines unités duNahal se consacrent principalement à des missions éducatives et sociales dans les zones périphériques. Les enseignants-soldats ne servent pas dans des bases militaires, mais dans des structures civiles dédiées à l'éducation des jeunes en difficulté émanant de milieux socio-économiques difficiles et à l'intégration desnouveaux immigrants en complétant leur éducation[81].
Les fondations du service de santé ont été posées à compter de mai 1948. Toutefois, des volontaires médecins étrangers,juifs américains etanglais notamment, ont servi dans le cadre notamment de la Haganah, dès 1947.
Son rôle est d'assurer le soutien sanitaire deTsahal. En cas de conflit, leMagen David Adom (qui n'est pas armé) agit pour le compte du service de santé[82]. LeMagen David Adom participe également à la formation des membres du service de santé deTsahal. Le service de santé de Tsahal peut aussi soutenir leMagen David Adom si une catastrophe civile survient en Israël.
Dans les tribunaux martiaux israéliens, Palestiniens et objecteurs de conscience sont jugés par des gens en uniforme militaire, parfois devant undrapeau national.Lesjuristes de Tsahal sont un corps de métier au sein de l'armée de l'État d'Israël. Selon plusieurs spécialistes, leur rôle est de légitimer les frappes par drone, à l'image du département juridique de l'armée américaine[83],[84],[85],[86]. Toujours plus nombreux ces dernières décennies, ils sont également chargés de protéger l'État d'Israël et son armée de condamnations pénales internationale[87]. Qui plus est, ces professionnels du droit s'occupent de juger lesrefuzniks[88], et de traiter les plaintes concernant ledroit international humanitaire[89], car leהפרקליטות הצבאית (le nom du département juridique au sein de l'armée) ne comporte pas seulement des avocats, mais aussi des juges[90]. Ces juges sont notamment chargés depuis la création de l'État d'Israël – d'abord sur le fondement d'une loi coloniale britannique autorisant l'état d'exception – d'administrer des tribunauxmartiaux dans lesterritoires palestiniens occupés[91],[92]. Dans ces tribunaux, les juristes de l'armée jugent uniquement les Palestiniens, car les civils israéliens occupant les territoires restent jugés par les juridictions normales de l'État d'Israël[93]. Les pratiques des fonctionnaires de ces tribunaux militaires, par exemple l'acceptation des détentions sans jugement, des procès parcontumace et de la théorie dudroit pénal de l'ennemi[94], ne sont pas conformes aux exigences du droit international[95],[96], et servent dans une certaine mesure à légitimer les pratiques policières[97],[98],[99]. En effet, ils permettent de présenter l'occupation militaire à travers la rhétorique du maintien de l'ordre et de l'anti-terrorisme[100]. À cause de ces conflits d'intérêt, les juges militaires ne sont d'ailleurs pas capables de véritablement contrôler les fonctionnaires de l'exécutif dans les territoires occupés[101]. Consciente de cela, la cour suprême israélienne a avalisé l'emploi permanent des juges militaires[102]. Les activités judiciaires des juristes militaires israéliens au sein des territoires palestiniens participent elles-mêmes à l'annexion de ces pays – contraire au droit international[103]. Le documentaireThe Law in These Parts a conduit des entretiens avec plusieurs ex-juges militaires à leur sujet. Les employés des services juridiques de Tsahal sont recrutés parmi les diplômés de droit des universités, mais leur formation est continuée au sein d'une école dedroit de la guerre interne à l'armée[104]. Selon Amélie Ferey, les accusations courantes dans la société israéliennes selon lesquelles les Palestiniens pratiquent lelawfare peuvent s'appliquer tout autant aux pratiques des juristes de Tsahal[105].Meir Shamgar,Avichaï Mandelblit etSharon Afek ont été chefs du département juridique de l'armée israélienne.
Plusieurs établissements pénitentiaires sont gérés par l'armée israélienne, soit pour emprisonner les militaires israéliens condamnés[107], soit pour emprisonner oudétenir administrativement desPalestiniens[108].
Il existe dans l'armée israélienne une unité deRecherche et de sauvetage (Search and Rescue Unit) qui appartient auCommandement du Front intérieur. Il s'agit d'une force d'intervention spécialisée et hautement qualifiée dont la mission est la recherche et le sauvetage de victimes ensevelies sous des décombres. Cette unité opère tant en Israël qu'à l'étranger et elle a été fondée en1983[109]. DesArabes musulmanes israéliennes se sont portées volontaires pour rejoindre cette unité et l'ont intégrée[110].
L’armée israélienne possède uncentre d’archives, comme la plupart des armées du monde :The Israel Defense Forces and Defense Establishment Archive (IDFA)[114]. C'est la principale source d'archives historiques de l'armée israélienne et de sa sécurité[115]. Considérées comme essentielles pour préserver la mémoire collective et l'héritage de défense de la société israélienne, ces archives contiennent environ 14 millions de fichiers, 4,5 millions de photographies, 55 000 cartes et photographies aériennes, etc. Voir lesdocuments de IDFA sur wiki commons.
L'IDFA et ses filiales détiennent également des documents d'organisations militaires juives actives avant la création de l'État d'Israël de 1948, telles queHaganah,Lehi etHashomer, ainsi qu'une collection dédiée aux soldats juifs dans diverses armées étrangères. L'IDFA est également responsable de ladéclassification des documents, de l'accès au public à des informations historiques et de la réalisation de recherches historiques pour l'établissement de la défense[114]. Ce centre détient en outre de nombreux objets et archives issues dupillage de diverses institutions palestiniennes, dont les archives filmiques de l’institut du cinéma palestinien[116] et ducentre de recherches de la Palestine àBeyrouth en septembre 1982[117],[118].
Desréservistes, juste avant un exercice de parachutisme.
Du fait de l'intégration de tous les secteurs de la société israélienne dans ses unités et que l'armée régulière a un contingent relativement restreint, l'essentiel deTsahal repose sur sesréservistesmobilisables en cas d'urgence qui sont issus de toutes les strates de la société israélienne[81].Ce fut le cas notamment pour la guerre d'octobre 1973 où près de 450 000 hommes et femmes furent opérationnels en 48 heures après le déclenchement des opérations commencées le jour du Yom Kippour[réf. nécessaire].
La plupart desIsraéliens sont appelés à l’âge de18 ans pour servir dans l’armée, sauf en cas d'inaptitude :2 ans et 8 mois pour les hommes,2 ans pour les femmes, bien que les femmes soient rarement intégrées dans les unités combattantes[119].
Sont exemptés de service militaire : les Arabes israéliens (pour éviter de possibles conflits d’intérêts)[réf. nécessaire], toutefois ceux-ci peuvent s'engager de façon volontaire[120] ; la plupart des juifs ultra-orthodoxes (Haredim) qui se consacrent à l'étude religieuse[121], mais en, laCour suprême ordonne la conscription des ultra-orthodoxes qui étudient dans lesyéchivot[122] ; les femmes mariées, enceintes ou orthodoxes[119] ; les tout nouveaux immigrants (olim) bénéficiant de certains avantages, selon l’âge, le profil médical et la situation familiale de l’ayant droit[123].
Entraînement de base pour femmes, 1953Soldate (mars 1948)
L'armée israélienne tient à se présenter commeprogressiste, en accordant une place aux femmes. Le service militaire devient obligatoire pour les femmes en 1949, bien que plus court que pour les hommes. Dans les unités de combat, le nombre de femmes est passé de 435 en 2005 à 2 656 en 2017. Cependant, certains parlent de Tsahal comme une armée « séxuée à l'extrême »[124],[125].
Israël est l’un des rares pays à enrôler des femmes (depuis avant sa fondation[126]) ou à les déployer dans des rôles de combat, bien qu’en pratique, les femmes peuvent éviter la conscription grâce notamment à une exemption religieuse et plus d’un tiers des femmes israéliennes le font[119].À la place de leurservice militaire, les femmes peuvent effectuer pendant un ou deux ans d'un service national civil d'intérêt général (leSherout Léoumi ).
Une partie d'entre elles servent à des postes de pointe[127] mais moins de 4 % des femmes occupent des postes de combat[128]. En 2011, le major-généralOrna Barbivai devient la première femmemajor-général de Tsahal[129].
Soldat de Tsahal appartenant auDesert Reconnaissance Battalion composé majoritairement de Bédouins (2010)
Les Arabes israéliens sont environ 1,5 million en 2014[130]. Selon la loi, tous les citoyens israéliens sont soumis à la conscription. Cependant, une politique de longue date exempte lesArabes israéliens de faire leur service militaire ; toutefois les membres de certaines tribusbédouines servent dansTsahal[131], desDruzes[132] ainsi que des citoyens arabesmusulmans etchrétiens sur la base d'un engagement volontaire[120],[133],[134]. Les jeunes Arabes israéliens ont l'alternative de faire un service civil ce qui leur accorde des avantages similaires à ceux dont bénéficient les soldats démobilisés[135].
En octobre 2012, une Arabechrétienne, Mona Abdo, est devenue la première Arabe israélienne à devenir commandant d'une unité de combat mixte[136].
Le, selon le quotidien libanaisL'Orient-Le Jour,« la radio israélienne a annoncé que lebataillon arabe de l’armée israélienne (Houref) a achevé dans la région duGolan des entraînements intensifs en préparation d'une éventuelle confrontation entre Israël et leHezbollah auLiban ». Chadi Abou Fares, le commandant de ce bataillon, a déclaré que son bataillon avait développé « de nouvelles tactiques et de nouveaux procédés pour se battre au Liban adaptées au style de combat duHezbollah »[137].
Bataillon d'éliteHerev (Épée) comprenant des soldatsdruzes,juifs etchrétiens occidentaux (2012).
En avril2014, l'armée israélienne annonce qu'elle va appeler les Israéliens issus de laminorité arabe chrétienne à s'enrôler. Ils étaient jusque-là libres de s'engager mais demeuraient très peu nombreux à le faire ; de plus, plusieurs unités leur étaient interdites ; en 2013, on comptait seulement une soixantaine d'Arabes soldats chrétiens. Ce chiffre est à mettre en rapport avec le pourcentage d'Arabes chrétiens selon le recensement fait par leBureau Central de Statistiques d'Israël, qui est d'environ 1,5 % de la totalité de la population de l'État d'Israël en 2019 (plus de 9 120 000 habitants), soit environ 150 000 chrétiens[130]. Cet inédit appel à la conscription se fera uniquement sur la base du volontariat. Sammy Smooha, professeur de sociologie à l'université de Haïfa, pense qu'« en faisant de l'œil aux chrétiens, le gouvernement israélien espère diviser une communauté perçue comme frondeuse ». Les observateurs politiques israéliens estiment que peu s'engageront, notamment en raison de leurnationalisme[130].
Les hommes de laminorité tcherkesse,musulmans non-arabes, font leur service militaire depuis 1958[138] et sont même nombreux à s’engager dans l’armée israélienne. Les hommes de laminorité druze font de même depuis la naissance d’Israël[139],[140],[141].
Lors de laguerre de Gaza de 2008-2009, Tsahal voit une augmentation de l'influence desrabbins sur le champ de bataille. Historiquement chargés d'assurer le respect despratiques religieuses, certains rabbins commencent à jouer un rôle direct dans la motivation des troupes, utilisant des discoursbibliques pour justifier le conflit contre les Palestiniens. Cette tendance reflète la montée dessionistes religieux dans l'armée, qui représentent une part importante des officiers. Des figures militaires et des ONG commeBreaking the Silence expriment des inquiétudes sur l'implication croissante des rabbins et sur la possible transformation des conflits enguerres saintes[142].
En 2016, environ un tiers des cadets de l'infanterie appartiennent au sionisme religieux[143].
Depuis octobre 2023, lors de laguerre à Gaza, des cérémonies religieuses et dessermons sur le champ de bataille sont fréquents, certaines vidéos montrant des soldats transformant des habitations palestiniennes ensynagogues, selonMediapart[144]. En 2024, les sionistes religieux comptent pour 40 % des diplômés des écoles d'officiers d'infanterie, tandis qu'ils représentent environ 12 à 14 % de la société israélienne juive. Les tensions sont particulièrement vives entre les hauts commandants de Tsahal et les officiers sionistes religieux, accusés de poursuivre leur propre agenda idéologique[145].
Tsahal, depuis1987 et la premièreintifada palestinienne, vit une profonde mutation, due, d'une part, aux débats de la société israélienne partagée entre l'assouplissement et une ligne plus dure, et d'autre part à une nouvelle stratégie politique et diplomatique, favorisant une recherche de laprofondeur stratégique, donnant plus d'importance à l'armée de l'air et à la marine[réf. souhaitée].
La mission de l'Armée de défense d'Israël est officiellement formulée comme suit :« Défendre l'existence, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'État d'Israël. Protéger les habitants d'Israël, et combattre toutes les formes de terrorisme qui menacent la vie quotidienne »[146].
La doctrine officielle de l'Armée de défense d'Israël s'articule autour des points principaux suivants[146] :
«
Israël ne peut se permettre de perdre une guerre
les opérations de Tsahal sont uniquement défensives sur un plan stratégique et ne présentent aucune ambition d’expansion territoriale
volonté d’éviter une guerre grâce à la voie diplomatique et à un dispositif de dissuasion crédible
empêcher une escalade de violence
déterminer l’issue d’une guerre rapidement et de façon décisive
combattre le terrorisme
minimiser les pertes au maximum
Pour atteindre ces objectifs, l’Armée de Défense d’Israël se doit d’être prête à se défendre à tout moment grâce à :
un système d’alerte sophistiqué ;
des forces terrestres composées d’une force régulière relativement petite en nombre et d’une grandeforce de réserve ;
une armée de l’air et une marine fondées sur les forces régulières ;
une mobilisation efficace des soldats réservistes et du système de transports ;
l’Armée de Défense d’Israël doit enfin se tenir prête à attaquer grâce à :
la coordination entre les différents corps et forces armées ;
le transfert du front en territoire ennemi aussi vite que possible ;
l’exécution rapide des objectifs militaires.
»
En décembre 1994, l'armée israélienne adopte un code de conduite intitulé« l'Esprit deTsahal[147] » qui doit guider le comportement du soldat dans toute action militaire. Ce code comporte notamment dix valeurs[148] qui sont : ténacité, responsabilité, probité, exemple personnel, vie humaine, pureté des armes, professionnalisme, discipline, loyauté, tenue générale, camaraderie. Ce code de conduite initié parEhud Barak, alorschef d'état-major deTsahal, a été rédigé par une commission présidée par le philosophe et universitaireAsa Kasher(en)[149].
En2003, Asa Kasher[150] et le généralAmos Yadlin(en) (qui deviendra chef du renseignement militaire jusqu'en 2010) publient un article[151] remarqué, intitulé :« Éthique militaire du combat contre la terreur : une perspective israélienne »[152], à la suite duquel ils rédigèrent un document à l'intention duchef d'état-major de l'époque,Moshe Yaʿalon, afin qu'il serve de base à un nouveau « code de conduite » plus adapté au concept deguerre asymétrique[153]. Moshe Yaʿalon expose des idées contenues dans le document à de nombreuses reprises devant des assemblées militaires, sans toutefois lui donner un caractère contraignant. Néanmoins le petit comité chargé de la réflexion sur l'éthique militaire doit désormais compter avec la montée en puissance d'un corpus de valeurs et de principes conformes ausionisme religieux. En raison de la forte représentation deskippot serugot (soldats religieux issus des courants sionistes religieux qui portent en permanence leurkippa) l'influence d'une éthique militaire sioniste religieuse défini au sein desyeshivot (écoles religieuses) sans aucun contrôle de l'état-major, est désormais clairement perceptible sur le terrain. L'une des conséquences principales est la remise en cause et donc l'affaiblissement du droit des conflits armés et du code d'éthique officiel. Lors de l'opération Plomb durci, les conflits et tensions à propos de l'éthique militaire ont éclaté, y compris sur le champ de bataille au point que depuis, l'armée israélienne a révisé sa politique d'accommodement avec le secteur religieux et notamment, cassé plusieurs accords et partenariats avec certaines organisations et associations religieuses[154].
Ambulance détruite par l’armée israélienne en 2009 à Gaza.
En mai 2010, à la suite de la publication duRapport Goldstone sur l'opération Plomb durci, et tout en rejetant les conclusions dudit rapport, l'armée israélienne a publié un document définissant les règles d'engagement dans laguerre urbaine. Visant à minimiser lespertes civiles, les règles détaillées dans ce document – appliquées de fait durant le conflit selon l'armée israélienne – sont depuis formellement institutionnalisées par le document en question, et intégrées dans la doctrine militaire officielle de l'armée israélienne[155]. Cependant, les diverses actions menées parTsahal dans les territoires occupés sont parfois critiquées par des ONG et des gouvernements étrangers en raison de leur manque de transparence. En juin 2015 est publié un nouveau rapport par l'ONGMilitary Court Watch sur le mauvais traitement des enfants palestiniens parTsahal, certains capturés lors de raids et retenus pour des interrogatoires, accusations démenties par l'armée israélienne[156]. Le mois suivant, après queTsahal eut abattu deux hommes palestiniens en Cisjordanie, l'ONG israélienneB’Tselem ouvre une enquête sur leurs morts. Le rapport met en accusation un colonel de l'armée ayant consciemment tiré sur un lanceur de pierres de 17 ans, qui décèdera quelques heures plus tard[157], et un groupe commando ayant abattu le père d'un homme de 23 ans qu'ils étaient venus arrêter dans leur maison. Leurs enterrements provoquent de lourdes émeutes dans les territoires occupés et renforcent l'hostilité des habitants de ces zones à l'armée d'Israël qui dit combattre le terrorisme. Beaucoup de Palestiniens estiment que cela tourne à duracisme, lerapport de forces n'étant pas égal, les personnes concernées ne pouvant se faire entendre. Le 29 juillet 2015, des soldats israéliens abattent deux Palestiniens (14 et 17 ans) alors que ceux-ci manifestaient contre l'implantation de colonies[158].Tsahal est alors accusée par l'ONG consultative de l'ONUAmnesty International le même jour, après le massacre de 135 civils palestiniens durant la guerre de Gaza de 2014, d'avoir couvert des crimes de guerre par une enquête militaire partiale[159]. Le rapport met en avant que les inspections n'ont abouti à aucune condamnation, et que ces civils avaient été pris pour cible en guise de vengeance après la capture par une cellule palestinienne d'un soldat israélien. Leministre des Affaires étrangères dément les accusations, mais l'Autorité Palestinienne annonce son intention de porter le rapport devant laCour pénale internationale comme preuve des massacres commis par l'armée israélienne.
Afin d'améliorer cette image, l'armée israélienne publie en 2014, au cours de l'opération Bordure protectrice sur sa chaîneYouTube, des vidéos tirées d'enregistrements de ses avions : à plusieurs reprises, les opérateurs au sol refusent aux pilotes le droit de frapper des objectifs du fait de la présence de civils aux alentours.
Dans un ouvrage paru en1974 et révisé en 1983 sur l'histoire de l'armée israélienne depuis sa création, le journaliste et auteur israélien de renomZeev Schiff considère que les généraux israéliens ont établi une approche stratégique propre à la situation spécifique israélienne.
Cette conception est déterminée par cinq facteurs principaux[160] qui sont : la supériorité numérique de ses ennemis, l'absence deprofondeur stratégique, la destruction du pays qu'entraînerait toute défaite, l'impossibilité de jamais l'emporter contre lemonde arabe, la durée relativement limitée de toute guerre du fait des pressions exercées par les grandes puissances et lacommunauté internationale.
Tenant compte de ces facteurs, lesstratèges israéliens[160] ont donc mis sur pied une approche qui mise sur la suprématie qualitative du matériel et des hommes, visant à l'excellence. Ils ont aussi conçu un système de défense régionale reposant notamment sur des implantations aux frontières dont le but est de ralentir l'ennemi le temps que les réserves se mobilisent. Par ailleurs, ils ont déterminé des limites, ou « tabous », dont le franchissement déclenche automatiquement une riposte ou une attaque. Dans le cadre des opérations militaires israéliennes, cette doctrine privilégie l'attaque sur lechamp de bataille, les forces se portant à l'ennemi le plus rapidement possible tout en cherchant à porter les combats sur les territoires ennemis. Enfin, cette doctrine prône la destruction systématique de toute capacité arabe de se doter d'armes de destruction massive.
PourMartin van Creveld –historien militaire israélien – à partir des structures modestes de son origine, l'armée israélienne s'est, en une quarantaine d'années, développée pour devenir un « magnifique instrument de guerre »[161] qui remporte tous les conflits qui l'opposent aux armées arabes. Cependant, laguerre du Liban de 1982 et plus encore lapremièreintifada entre 1987 et 1993 marquent un tournant dans l'histoire de l'armée, qui se retrouve confrontée à uneguerre asymétrique dans laquelle sa supériorité technique ne lui confère plus aucun avantage. Martin van Creveld considère qu'au contraire, le fait que l'armée israélienne soit incomparablement plus forte que ses opposants l'enferme dans un« dilemme moral auquel elle ne peut faire face, et qui continue de la hanter jour et nuit »[161]. Pour l'historien, à partir du milieu desannées 1990, ce dilemme allait remettre en cause la foi que la société israélienne plaçait dans son armée jusqu'alors.
Les officiels israéliens mettent en avant l'éthique particulière à laquelle est, selon eux, soumise l'armée israélienne qu'ils déclarent régulièrement être« l'armée la plus morale du monde »[162]. Ce mythe constitutif de la société israélienne a été détruit par le résultat desrecherches historiques depuis les années 1980,Benny Morris en tête : selon Véronique Meimoun« [...] une guerre n’est jamais propre, aucune armée, fut-ce Tsahal, n’est à l’abri des débordements et des méprises. Le mythe de la pureté des armes se brise sur ces évidences »[163].
Certains de ces événements suscitent des bouleversements dans la société israélienne, en particulier lemassacre de Sabra et Chatila[175] qui – bien que directement perpétré par des lesmilices chrétiennes desphalangisteslibanais – donna lieu à des manifestations historiques en Israël (300 000[176] à 400 000 manifestants)[177]. La commission d'enquête israélienne conclut à la « responsabilité indirecte » de l'armée et à la « responsabilité personnelle » d'Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, dont elle recommande la démission[178], certains[Qui ?] le considérant comme uncriminel de guerre.
D'autres actions sont mises en lumière à la suite de leur publication sur lesréseaux sociaux : la mort de quatre enfants jouant sur une plage bombardée à Gaza en 2014 par l'armée d'Israël, et ce, alors qu'il n'y avait aucun objectif militaire à cette action, suscite un tollé planétaire. L'enquête officielle n'a toujours pas défini les responsabilités des individus concernés au sein de l'armée, en raison notamment du manque d'inspecteurs, le bureau enquêtant sur de nombreuses autres tueries au cours de laguerre de Gaza de 2014.
L’ONG israélienne de défense des droits de l’hommeB'Tselem a longtemps demandé des comptes à l’armée sur les cas de Palestiniens« tués, blessés, battus ou utilisés comme boucliers humains, et contre les destructions illégales de propriétés ». Selon ses estimations, seulement 3 % de ces signalements ont abouti à une mise en examen ; elle a donc cessé de signaler ces cas d’abus à une organisation dont elle estime qu’elle« couvre les faits avec succès »[180].
D'autres observateurs[181],[182],[183],[184] estiment que ces critiques sont injustes[185], considérant notamment que les opérations de l'armée israélienne sont jugées selon des critères éthiques qui ne sont appliqués à aucune autre armée dans le monde[185]. Dans une interview en2002,Martin van Creveld déclare que« l'armée israélienne n'est en aucun cas la pire du lot »[186]. Pour lui,« c'est toujours une question de rapport de force » entre un « fort » et un « faible »,« pratiquement quoi que ce soit commis par le fort sur le faible compte comme une atrocité »[187].A contrario, même si les autres armées de pays développés dans le monde ont des bureaux d'investigation militaires, celui deTsahal est surchargé pour de nombreuses raisons, qui vont duracisme à lapolitique.
Durant laguerre à Gaza de 2023-2025, des dessins générés par IA et utilisant le style dustudio Ghibli ont été diffusés sur les réseaux sociaux, mettant en scène les soldats des FDI. Ces dessins ont été mis en ligne sur le compte officiel des FDI le 30 mars, soulevant des protestations contre ce qui est considéré comme un détournement du message de paix d’Hayao Miyazaki[188].
Alors que cinq soldats réservistes israéliens sont emprisonnés pour présomption d’abus sexuels sur un détenu palestinien au sein du camp de détention clandestinSde Teiman, Tsahal demande, en août 2024, le retrait des photographies des suspects publiées par la chaîne arabophone deKan news, Makan[189],[190].
En février 2017, untribunal militaire israélien a condamné à 18 mois de prison un soldat, pour avoir achevé un assaillant palestinien blessé en lui tirant une balle dans la tête[191].
En février 2025, un tribunal militaire israélien a condamné un militaire à sept mois de prison pour « mauvais traitements », à laprison Sde Teiman, sur desprisonniers palestiniens. Ces derniers « menottés et les yeux bandés » étaient frappés par le soldat israélien à coups de poing et avec une arme[192].
Pour l'historien militaire,Pierre Razoux,« les nombreux succès [de l'armée israélienne] ont contribué à forger le mythe d'une armée israélienne toute puissante, quasi invincible[9]. » Bien que la Turquie la devance, elle est également considérée comme l'« armée la plus puissante du Proche-Orient »[193].
Selon un article de laBBC, Israël dispose d’une armée de l’air capable de bombarder presque n’importe quel point duProche-Orient, avec des avions tels que lesF-15I Ra'am à long rayon d’action et lesF-35I Adir furtifs. Eitan Shamir, expert militaire, affirme que Tsahal est l’une des forces militaires les plus modernes et les mieux équipéestechnologiquement, largement devant laTurquie, l’Iran et l’Égypte[194].
Lechoix des noms de ces opérations a pu être analysé comme un moyen de légitimation idéologique[195]. En faisant référence à laBible ou à lanature, il contribue à occulter certains aspects négatifs comme le nombre de morts, et à présenter la guerre comme un phénomène naturel[195]. Selon Dalila Gavrieli-Nuri, le nom peut être aussi un instrument d'annihilation de l'Autre[195].
↑« La bourde d’Olmert sur le nucléaire sème le trouble »[archive], surlefigaro.fr,(consulté le). Ehoud Olmert« Nous n'avons jamais menacé un pays d'annihilation. L'Iran menace ouvertement, explicitement et publiquement de rayer Israël de la carte. Pouvez-vous dire qu'il s'agit du même niveau de menace lorsqu'ils (les Iraniens) aspirent à avoir des armes nucléaires, comme la France, les Américains, les Russes et Israël ? »
↑ZivBohrer, « Lawyers in Warfare: Who Needs Them? »,Law and National Security: Selected Issues, Institute for National Security Studies,,p. 53–66(lire en ligne, consulté le)
↑Rona Sela, « Seized in Beirut. The Plundered Archives of the Palestinian Cinema Institution and Cultural Arts Section »,Anthropology of the Middle East, volume 12,no 1, été 2017.DOI10.3167/ame.2017.120107,p. 89.
↑Samia Chouchane, « Servir Dieu ou la nation? Les communautés religieuses d'Israël et la question du service militaire »,in, Servir. Engagement, dévouement, asservissement : les ambigüités du lien social, sous la direction de Frédéric Mollé, Paris, L'harmattan, Logiques Sociales, 2011[2]
↑Sasson-Levy Orna, Lomsky-Feder Edna, « Genre et violence dans les paroles de soldates : le cas d’Israël », Critique internationale, 2013/3 (no 60), p. 71-88.
↑Khalil Fleyhane, « Liban : Le bataillon arabe d’Israël « prêt à combattre le Hezbollah »,L'Orient le jour,(lire en ligne, consulté le).
↑Eléonore Merza,Ni Juifs ni Arabes en Israël. Dialectiques d’identification et négociations identitaires d’une minorité dans un espace en guerre. Le cas des Tcherkesses (Adyghéens) de Kfar Kama et de Reyhaniya, Anthropologie sociale,École des hautes études en sciences sociales, 2012.Disponible en ligne,p. 206.
↑(en)Noam Chomsky,The Fateful Triangle : the United States, Israël and the Palestinians,, 383-385 p.(ISBN1608463990,lire en ligne),Noam Chomsky,Israël, Palestine, États-Unis, le triangle fatidique,, 449-450 p.(ISBN2-923165-19-5)) met en cause la« moralité unique » de Tsahal sous-jacente au concept de« pureté des armes » :« C'est le massacre de Qibya qui vient immédiatement à l'esprit […] quand on raconte des affabulations sur la pureté des armes […] ».
↑Frédéric Encel,Géopolitique d'Israël,(lire en ligne),p. 403 écrit que« […] l'exécution sommaire de prisonniers égyptiens au cours de la campagne de Suez (1956) [et d'autres événements] démontrent que la « pureté des armes » (…) s'avère en Israël comme ailleurs mythique […]. »
« Israël a commis des crimes de guerre lors de l'opération « Plomb durci » à Gaza. […] La majorité des Israéliens est toujours profondément convaincue que leur armée, les FID, est l'armée la plus morale du monde, et rien d'autre. Voilà la force d'un lavage de cerveaux extrêmement efficace. »
« Tsahal (…) cette armée (…) adepte de la pureté des armes, (…) non seulement ultrasophistiquée mais profondément démocratique (…), avait d'autres moyens d'agir qu'en déclenchant ce bain de sang. »
↑Retranscription de la déposition du ColonelRichard Kemp(en) devant la commission Goldstone, au cours de laquelle il déclare notamment :« Au cours de l'opération « Plomb durci », l'armée de défense d'Israël a fait davantage pour la sauvegarde des droits des civils en zone de combat que toute autre armée dans l'histoire des guerres. » :Lien.