Lesforces armées turques (enturcTürk Silahlı Kuvvetleri ou TSK) constituent lapuissance militaire de larépublique de Turquie, chargée de la défense de la population, du territoire et des intérêts nationaux. Elles sont composées de l'armée de terre, de la force aérienne, de la marine nationale, de la gendarmerie et des garde-côtes. En termes d'effectifs c'est la deuxièmearmée de l'OTAN après l'armée américaine et la neuvième puissance militaire au niveau mondial[6]. De manière historique, elle occupe une place particulière enTurquie. Son rôle dans la vie politique, bien qu'encore important, a été réduit par les réformes adoptées par laGrande Assemblée nationale de Turquie (TBMM) depuis et depuis latentative de coup d'État militaire de juillet 2016. L'armée turque ne peut pas agir ou intervenir dans un conflit sans l'accord de la TBMM.
L'armée turque est l'une des plus puissantes duProche-Orient devant l’Iran et l’Égypte. Exerçant jadis son influence dans la vie politique turque, son rôle s'est désormais recentré dans le domaine purement militaire. Aguerrie avec ses accrochages incessants avec les combattants duPKK dans le Nord de l’Irak, disposant d'un encadrement de haut niveau, acteur économique de premier plan, elle exerce son influence à bien des niveaux dans le pays. Elle s'est aussi distinguée par plusieurs coups d’État.
Selon le classement affiché par le site Globalfirepower en 2025, l'armée turque est la neuvième[7] armée la plus puissante du monde après l'armée japonaise et devant l'armée italienne[8].
Défilé militaire àAnkara.Hulusi Akar, ministre de la défense nationale.Les soldats turcs gardent le mausolée d'Anıtkabir.Yașar Güler, Chef d'état-major des armées (Genelkurmay Bașkani).
L’effectif de l’armée grandit considérablement sous le pouvoir desJeunes-Turcs. Il atteint 510 000 hommes en 1914, alors qu’il était de 118 400 en 1828[10].
L’armée turque descend des armées de l’Empire ottoman et demeure le garant de la sécurité et de l'intégrité de la république fondée parAtatürk.
Lorsque larépublique démocratique de Géorgie est envahie par l'armée rouge à partir du, laTurquie profite de la situation et rentre dans le pays le 23 février. Malgré quelques contre-attaques, la république géorgienne s'effondre le 17 mars 1921. Des combats ont lieu sporadiquement entre Turcs et Soviétiques entre le 17 et le 19 mars, ces derniers repoussant l'armée turque deBatoumi ; letraité de Kars signé le 19 octobre 1921 stabilise la nouvelle frontière soviéto-turque[11].
En, l'armée reste pauvrement motorisée alors le pays compte environ 14 millions d’habitants avec une économie sous-industrialisée et des infrastructures archaïques. L'armée turque se compose à cette date de neufcorps d'armées comprenant 18 divisions d'infanterie et cinq divisions decavalerie, dont trois divisions actives et deux divisions de réserve. Chaque corps d'armée comprend de la cavalerie, un régiment d'artillerie de corps d'armée, un bataillon du génie, un bataillon de transmissions et un bataillon de transport motorisé. Chaque division comprend trois régiments d'infanterie et un régiment d'artillerie de campagne à deux bataillons. Chaque division de cavalerie comprend trois ou quatre régiments de cavalerie et un escadron d'artillerie à cheval composé de deux ou trois batteries.
Infanterie : 54 régiments. Chaque régiment d'infanterie est composé de 3 bataillons de 4 compagnies, dont 1 compagnie de fusils mitrailleurs.
Cavalerie : 24 régiments (chiffre approximatif). Chaque régiment de cavalerie comprend trois escadrons et un bataillon de mitrailleuses.
Artillerie : 27 régiments, 1 escadron d'artillerie à cheval.
L'armée de terre compte officiellement 198 000 hommes en été contre 133 000 en hiver. Pour des raisons d'économie, les effectifs totaux de l'armée de terre n'ont jamais dépassé 120 000 à 150 000 hommes. 175 000 conscrits sont appelés chaque année. Selon la loi en vigueur, un effectif de 250 000 hommes est requis pour la formation des conscrits. Le nombre total d'officiers comprend les officiers militaires, les civils et les cadets des écoles militaires, qui sont au nombre de 5 000.
En et, l’armée est employée dans lemassacre de Dersim lors d'une rébellion.
En dépit du sort ménagé auSandjak d'Alexandrette en 1938-1939, la Turquie demeure neutre jusqu'aux dernières étapes du deuxième conflit mondial. Libre d'embargo de la part des belligérants, elle parvient avecIsmet Inönü lors de laDeuxième Conférence du Caire des4,5 et à maintenir sa neutralité à simple dessein de bloquer l'accès des forces de l'Axe aux réserves stratégiques de pétrole du Moyen-Orient.
La Turquie déclare la guerre à l'Allemagne nazie et au Japon le et rejoint ainsi les Alliés après l'annonce faite à laConférence de Yalta que seuls les États formellement en guerre au contre leReich et ses alliés pourraient être admis auxNations unies, mais ne participe à aucun combat.
La Turquie participa à laguerre de Corée en envoyant unbataillon d'infanterie de 5 000 hommes combattre aux côtés des forces desNations unies; celui-ci se battra vaillamment mais essuiera d'énormes pertes.
Lecoup d'État militaire du inaugure une série d'interventions de l'armée dans la vie politique turque. Les dirigeants duParti démocrate sont traduits en justice ; trois d'entre eux sont exécutés, dontAdnan Menderes. En, l'armée pousse le Premier ministreSüleyman Demirel à la démission. Laloi martiale est instaurée et des milliers de personnes sont arrêtées[12].
Plus de 30 000 hommes sont stationnés depuis le dans lamoitié nord deChypre à la suite de l'intervention militaire Turque connue sous le nom d’opération Attila consécutive à un coup d'État favorable aux intérêts de laGrèce. Cela conduisit à des combats avec des unités de l’armée grecque venues en soutien des forces chypriotes.
Des incidents aéronavals ont lieu régulièrement enmer Égée entre les deux armées mais restent à un niveau limité.
À la fin desannées 1970, la Turquie semblait prête à basculer dans le chaos,situation qui pousse l'armée, en septembre 1980, à s'emparer directement du pouvoir. Survenant un an et demi après larévolution islamique iranienne, ce coup d'État est accueilli avec soulagement par les puissances occidentales. Le généralKenan Evren, qui devient chef de l'État, suspend la Constitution, dissout les partis politiques, interdit les formations syndicales, censure la presse et arrêtent ou exécutent des dizaines de milliers de personnes : l'ordre public est restauré aux dépens des libertés démocratiques.
Le régime militaire promulgue une nouvelle Constitution, soumise à référendum en 1982, mais ne peut empêcher un civil,Turgut Özal, fondateur duParti de la mère patrie (ANAP), de remporter lesélections de 1983. Le Conseil de sécurité nationale permet toutefois à l'état major de contrôler les actes du gouvernement. La Turquie continue parfois d’être considérée comme unedictature militaire jusqu'aux années 1990.
La Turquie peut ainsi bloquer l'accès de la Méditerranée à l'Union soviétique et servir de base de lancements pour les armées nucléaires américaines installées sur son territoire au début des années 1960. Elle fait également barrage à l'influence soviétique au Moyen-Orient.
L'armée turque est la deuxièmearmée en effectifs de l’OTAN après l’armée américaine. Entrée après laguerre de Corée, la Turquie a constitué le flanc sud de l'Otan jusqu'à l'effondrement de l'URSS. Une montée en puissance de la Turquie au sein de l'OTAN a pu être observée[Quand ?], aidée par un rôle économique et politique actif dans les Balkans, au Caucase, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie Centrale.
La Turquie sert de plateforme logistique pendant les deux guerres de l'OTAN contre l'Irak, en 1991 et 2003. Elle participe également à des opérations enAfghanistan, auLiban, enBosnie et auKosovo. Elle entre par ailleurs dans le système de bouclier antimissile contre l'Iran.
En 1987, ses effectifs étaient de 800 000 hommes mais son matériel était en grande partie vieillissant et les États-Unis disposaient alors de vingt-six bases et postes d’observation sur son sol[13].
De nos jours, le territoire turc continue d’accueillir de nombreuses installations de l'OTAN : stations radars, bases de lancements de missiles, base aérienne d'Incirlik, etc.
Après l’échec de latentative de coup d’État en 2016, plus de la moitié des personnels militaires turcs présents à l'OTAN ont été remplacés.
Des photos publiées, notamment des photos du ministère turc de la Défense, ont révélé que la Turquie avait transféré à la Libye des charsM60, des canons d'artillerie automoteursT-155 Fırtına et des lance-roquettes multiplesT-122 Sakarya[14].
En 2022, dans un contexte d'invasion de l'Ukraine par la Russie et de tensions entre l'OTAN et laRussie, la Turquie confirme vouloir s'équiper de systèmes anti-missiles russes malgré son appartenance à l'OTAN[15].
À partir des années 1990, sastratégie de défense est dite de « deux guerres et demie », les principales menaces identifiées étant la Grèce, laSyrie et une insurrection à l’intérieur du territoire national, en l’occurrence kurde. Cela a conduit temporairement à une alliance avecIsraël pour prendre à revers la Syrie, celle-ci étant déclinante depuis l'arrivée au pouvoir en 2002 duParti de la justice et du développement.
Depuis les années 1980/1990, l’armée et laJandarma (gendarmerie turque) luttent dans le sud-est de la Turquie contre lePKK, organisation arméeKurde tenue pour terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, ce qui conduisit l’armée turque à effectuer des offensives en Anatolie du sud-est et sur le territoire duKurdistan irakien; la situation en2010 n’est toujours pas sous contrôle.
À partir de janvier 2018, l'armée turque est engagée sur le territoire syrien dans unedeuxième campagne visant à contrôler la région syrienne d'Afrine tenue par lesYPG kurdes, et s'allie pour cela à différents groupes rebelles parmi lesquels l'émanation d’Al-QaidaTahrir Al-Cham. En 2017, les images de soldats de l’OTAN circulant accompagnés par des djihadistes issus d’Al-Qaida avaient mis en exergue la nature ambiguë des relations entre ce groupe et Ankara[16].
En octobre 2019, l'armée turque engage unenouvelle offensive visant à s'emparer des territoires détenus par les forces kurdes dans les provinces syriennes deRaqqa etHassaké (nord-est du pays). Les troupes turques s'appuient sur des milices rebelles syriennes composées en grande partie d'anciens combattants de l'État islamique et d'Al-Qaïda[17].
Ce rôle était d'ailleurs (jusqu'à la réforme constitutionnelle de 2010) inscrit dans la constitution :« Les forces armées turques sont les gardiennes de la République turque[19],[20]. »
Parmi les six principes défendus par Atatürk (laïcisme, républicanisme, nationalisme, populisme, réformisme, étatisme), le haut commandement militaire considère la laïcité comme le principe le plus important, les autres en découlant[20].
« Si ce principe n'est pas respecté d'une façon continue et vigilante, l'existence même de la République turque sera mise en péril. La société turque moderne sera de nouveau plongée dans l'obscurité médiévale » (général de corps d'armée Sinan Bilge, Académies de guerre)[20].
L'avènement du multipartisme et de la démocratie en 1950 amène à une remise en cause progressive du principe de laïcité. Sous l'impulsion du Parti Démocrate et du premier ministreAdnan Menderes, l'islam sunnite (majoritaire dans le pays) amorce son retour dans l'espace public. Assouplissement de la réglementation des signes religieux, cours de religion de nouveau admis à l'école, retour de l'appel en arabe de la prière[21]. Ces mesures assoient la popularité duDemokrat Parti au détriment duParti républicain du peuple (CHP) kémaliste.
Cette remise en cause du principe fondateur dukémalisme amène l'armée à une première intervention dans la vie politique.Menderes est arrêté, exécuté le 17 septembre 1961 et le parti Démocrate est dissous. Une nouvelle constitution, rédigée par l'armée, est adoptée par référendum en 1961 avec 67 % de oui[22]. Elle renforce les libertés publiques (expression, association, réunion, syndicat), entame une certaine décentralisation politique, établit une cour constitutionnelle (au pouvoir de contrôle limité), crée une chambre haute (le sénat). Le parlement devient alors bicaméral[23]. Parallèlement à ces avancées démocratiques, l'armée organise unConseil de sécurité nationale lui permettant de garder un certain contrôle sur la vie politique turque. Cependant, l'armée ne revient pas sur les assouplissements de la laïcité kémaliste, actant l'attachement du peuple turc à l'islam.
En 1971, la situation sécuritaire et économique du pays se détériore, et connait un foisonnement de revendications politiques de tous bords. L'armée intervient de nouveau dans la vie politique turque, le premier ministreDemirel (Parti de la justice) est poussé à la démission. Les droits accordés par la constitution de 1961 sont limités[24]. Plusieurs organisations marxistes et islamistes, jugées responsables des troubles que connait la société turque, sont dissoutes par les militaires.
En 1980, la Turquie est au bord du chaos et de la guerre civile. Entre 1975 et 1980, les affrontements entre groupes radicaux, de gauche et de droite, font près de 6 000 morts. La situation économique du pays est dramatique[25]. L'armée organise un nouveaucoup d'État et s'empare cette fois-ci de la totalité des leviers du pouvoir. L'État de siège est déclaré. Tous les partis politiques et de nombreuses associations et syndicats sont dissous. Le parlement est ajourné et les libertés publiques sont supprimés. Des centaines de milliers de personnes sont arrêtés ou contraintes à l'exil[26]. Une nouvelle constitution est rédigée et validée par référendum en 1982. L'armée renforce considérablement son pouvoir sur la société. LeConseil de sécurité nationale, ou MGK (Milli Güvenlik Kurulu), se compose d’une part des chefs d’état-major de l’armée et, de l’autre, du président de la République, dupremier ministre et des ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Lanouvelle Constitution renforce le rôle politique du MGK : motion de censure contre le gouvernement, avis conforme sur certaines lois ou actes réglementaires, exclusivité des affaires étrangères. Aussi est-ce par ce biais que l’armée exerce son influence.
La nouvelle constitution, établie lors du coup d'État, est progressivement démantelée et remaniée dans un sens plus démocratique par les gouvernements civils successifs qui cherchent à diminuer la puissance de l'armée. Celle-ci garde néanmoins un véritable pouvoir de nuisance qu'elle usera de nouveau pour pousser le premier ministre islamiste Erbakan à la démission en 1997. LeRefah Partisi, parti politique du premier ministre, est dissous dans la foulée pour atteinte au principe de laïcité.
Actant du contrôle de l'armée sur la société turque, Le successeur du Refah, l'AKP, arrivé au pouvoir en 2002, met alors en place d'importantes mesures politiques et judiciaires pour évincer définitivement l'armée de la vie politique turque.
Cette politique est suivie avec acharnement parRecep Tayyip Erdogan, premier ministre puis président de la République turque. La réforme constitutionnelle de 2010, supprimant la tutelle du Conseil de Sécurité Nationale et le procès Ergenekon, qui envoie l'élite kémaliste en prison, s'inscrit dans cette perspective. En 2013, des centaines de militaires (et également quelques figures de l’opposition politiques et journalistes) sont condamnés à des peines de prison pour avoir présumément envisagé un coup d’État, dans une affaire dénoncée comme une machination politique du gouvernement par ses opposants. Parmi eux, l'ancien chef d'état-major des armées (entre 2008 et 2010) est condamné à la prison à vie[27]. Cet affaiblissement marqué de l'armée n'empêche nullement des résistances aussi bien chez les militaires que dans la société civile à la politique d'Ergogan, qui précipite lecoup d'État du 15 juillet 2016, qui échouera.
Selon l'état-major des forces armées, 8 651 militaires turcs, soit 1,5 % environ des effectifs, ont été impliqués dans la tentative de coup d’État contre le présidentRecep Tayyip Erdoğan du 15 juillet 2016[28]. Le, les autorités turques annoncent le limogeage de 149 généraux et amiraux, sur un total de 358 au sein de l'armée turque[29], de 1 099 officiers et de 436 sous-officiers pour cause d'indignité[30]. Parmi les 149 généraux et amiraux, il y a 87 hauts gradés de l'armée de terre, 30 de la force aérienne et 32 de la marine[31],[32]. En juillet 2017, 5 000 soldats sont chassés de l’armée et 342 officiers à la retraite sont dégradés[33]. De juillet 2016 à avril 2019, plus de 77 000 militaires ont été arrêtés[34].
En avril 2018, Ismail Hakki Karadayi, chef d’état major de l’armée turque dans les années 1990, le numéro deux de l'époque et une vingtaine d'autres hauts officiers sont condamnés à la prison à vie pour avoir forcé la démission du premier ministreNecmettin Erbakan en 1997[35].
Le 31 janvier 2025, cinq lieutenants diplômés et officier considérés comme les "meneurs" de la cérémonie de l'épée où ils avaient prêter serment enversMustafa Kemal Atatürk en 2024 pendant la remise des diplômes, ont été expulsés des forces armées turques sous décision de l’AKP d’Erdogan sous motifs d’indiscipline[36],[37],[38]. Selon l'armée, les soldats ne sont pas punis à cause du serment en question, mais pour indiscipline. L'opposition estime que le pouvoir a sanctionné les soldats parce qu'ils ont crié haut et fort leur attachement à Mustafa Kemal, fondateur et premier président de la République de Turquielaïque[39].
La mission des forces armées turques consiste à mettre en œuvre les armes de laTurquie, ceci, sur décision du Gouvernement, dans le but de :
Défendre la sécurité, les intérêts économiques, commerciaux et vitaux de larépublique de Turquie, de larépublique de Chypre du Nord (le maintien de l'intégrité du territoire, le libre exercice de la souveraineté et la protection de sa population et de ses ressortissants) ;
Participation aux missions de maintien de la paix sous mandat de l'ONU pour contribuer et s'assurer des actions en faveur de la paix et du droit international ;
Intervention et reconstruction lors des catastrophes humanitaire, naturelle à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
L’armée est présente dans l’économie du pays à travers deux organismes : le Fonds de pension des forces armées (OYAK) et la Fondation pour le renforcement des forces armées (TSKGV).
Fondé en 1961, l’OYAK est unholding militaro-industriel coiffant une trentaine d’entreprises (construction automobile, agroalimentaire, travaux publics, assurances, tourisme…) et employant dans les années 2000 plus de 30 000 salariés. Il possède, à travers OYAK Bank, l’une des plus grandes institutions financières du pays.
Le TSKGV, qui coiffe également plus d’une trentaine d’entreprises de production d’armements allant de la conception à la fabrication de systèmes électroniques militaires, de fabrication sous licence de chasseurs F-16 et de production deradars et d’armement classique (blindés, armes lourdes et légères de diverses catégorie, transport de troupes…). Elle emploie plus de 20 000 salariés. Ces deux holdings réalisent unchiffre d’affaires estimé à plusieurs milliards de dollars par an.
En 2024, les revenus d'exportation des industries de défense ont atteint 7,1 milliards de dollars, en hausse de 1,6 milliard de dollars comparé à 2023[40].
Lesexportations de l'industrie de la défense nationale turque pour2012 ont atteint 1,20 milliard de dollars[41] et devraient augmenter d’avantage les prochaines années, Le chiffre d'affaires de l'industrie de défense turque en 2009 était de 2,319 milliards de dollars, presque le même qu'en 2008[41].
L'armée turque se fournit en partie auprès des États européens. L’Allemagne a procuré à la Turquie plus de 350 chars Léopard entre 2009 et 2019. En 2017 et 2018, le pays a exporté pour plus de 300 millions d’euros de matériels militaires à la Turquie. L’Italie a vendu des hélicoptères de combat, des canons navals, lesPays-Bas de nombreux radars, laNorvège des missiles anti-navires, l’Espagne des avions patrouilleurs. LeRoyaume-Uni a exporté pour plus de 820 millions d’euros de matériel militaire vers la Turquie entre 2016, date de la tentative de coup d’État et de la vague de répression qui a suivi dans le pays, et 2019. La France a de son côté exporté pour 590 millions d’euros d'armement entre 2009 et 2019, dont notamment des radars militaires deThales pour équiper des avions patrouilleurs[42].
Les États-Unis représentent 60 % des importations d'armement par la Turquie[43].
La constitution turque prévoit un article pour le service national :
« V. Service patriotique
ARTICLE 72 : Le service patriotique est un droit et un devoir pour chaque Turc. La loi réglemente les modalités suivant lesquelles ce service sera effectué ou considéré comme effectué au sein des forces armées ou dans le secteur public[44]. »
EnTurquie, le service militaire est obligatoire pour tous les hommes arrivés à l'âge de 20 ans et n'ayant aucune maladie ni aucun problème physique ou mental. En 2024, le service militaire en Turquie dure généralement 6 mois pour les hommes. Cependant, des réductions de durée sont possibles, notamment pour les citoyens turcs résidant à l’étranger, moyennant le paiement d’une taxe[45].
Un service professionnel est en cours d'examen[Quand ?] par le ministère de la défense turc,ce qui permettra de supprimer le service national pour les ressortissants turcs. L'armée turque voudrait à terme avoir un effectif de 850 000 personnes pour combler le manque de personnels[pas clair][46].
Les ressortissants turcs de sexe féminin ont une obligation de servir le pays lors d'un conflit armé.
Les appelés ont 6 mois de formation soutenue, les 9 mois restants sont constitués de service dans l'armée.
Bien que l’homosexualité ne soit pasillégale en Turquie, le règlement de l'armée définit l'homosexualité comme une « maladie psychologique » et les personnes homosexuelles ne peuvent servir dans l'armée.
Lebudget de la défense en2013 est de 23 milliards dedollars US soit 2,4 % duproduit national brut. Le gouvernement de l'AKP a diminué la part du budget de l'armée dans le PIB, passant de 8 % (2000) à 2,4 % (2013) du PNB. La priorité est donnée à l'éducation et à la recherche.
Selon l'OTAN, la Turquie a consacré en 2011, 28,6 % de ses dépenses de défense aux dépenses d'équipements (principalement les achats de matériel) soit environ 5 milliards $, ce qui constitue la plus grande part en pourcentage parmi tous les pays de l'OTAN[47].
La répartition des dépenses est :
personnel : 50 % ;
équipement : 28,6 % ;
infrastructure : 5 % ;
autres : 15,4 %.
En 2018, le budget s'élève à 19 milliards dedollars US[48].
La hiérarchie, la représentation et l'emploi des forces armées turques dans l'organisation d'État sont régis par laConstitution de la Turquie.
Selon la constitution, le bureau du « commandant en chef » est représenté comme entité morale au sein de la Grande Assemblée nationale de Turquie. Le chef d'état-major général est nommé par le président de la République en tant que commandant des forces armées. Le Premier ministre et le Conseil des ministres est responsable devant la Grande Assemblée nationale de Turquie de la sécurité nationale et de la préparation des forces armées turques pour défendre le pays. Cependant, le pouvoir de déclarer l'état de guerre et d'envoyer les forces armées turques à l'étranger ou permettre aux forces armées étrangères de stationner enTurquie est conditionné à un vote d'approbation duparlement.
Le chef de l'état-major est responsable devant le Premier ministre et est chargé du commandement et du contrôle des forces armées. Il est également responsable de la conduite des opérations militaires de manière efficace et de l'état de préparation opérationnelle des forces armées.
Les commandants des trois services (armée de terre,marine etforce aérienne) relèvent directement du chef d'état-major. Le chef d'état-major et le ministre de la Défense nationale travaillent en coordination et étroite coopération pour s'acquitter de leurs responsabilités respectives.
Organigramme de la défense nationale de la Turquie
L’armée de terre est apte à une solide défense territoriale et possède une excellente connaissance des zones contiguës en Turquie. Elle possède également en très grandes quantités de véhicules blindés autochtones, les principaux modèles utilisés sont :BMC Kirpi,BMC Vuran,ACV-15(en),ACV-30(en),Otokar Cobra I,Otokar Cobra II(en).
Elle dispose de forces aguerries bien équipées et entrainées à laguerre asymétrique. Cependant la majorité des chars de l’armée de terre turque sont relativement âgés, l’armée utilise toujours le vieux M48 Patton et les plus modernes de ses chars actuelle sont le M60TM[49], M60T Sabra et enfin le Lepoard 2A4[50]modernisé[51].
Ainsi, de nombreux programmes de rééquipement sont toujours en cours, notamment avec le lancement d’un programme de char de4e génération (Char Altay T1) et d'un programme d'hélicoptère d'attaque lourd (ATAK-2). Elle est apte à la projection de forces hors de son territoire et connait un développement rapide de l’usage desdrones et des systèmesC4ISR.
L'armée remplace les fusils d'assautHK G3 par les MKEKMPT-76/55[52] plus modernes et plus efficaces.
LeTCG Anadolu (en bas) avec l’USS Gerald R. Ford (en haut) en mer Méditerranée.
La marine turque dispose d'une aptitude notable aux opérations de lutte anti-sous-marine et de combat en surface avec notamment le TCG Anatolie deClasse Juan Carlos I, un porte-aéronefs conçu pour se distinguer par une portée accrue permettant d'engager des drones de combat et des hélicoptères même si la Turquie avait prévu initialement d’y déployer des F-35B.
La Turquie a signé un contrat avecHowaldtswerke-Deutsche Werft pour l'acquisition de six sous-marins de typeAIP, dont le premier, le TCG Piri Reis (Type 214), a été livré en 2024. Cinq autres unités de la même classe sont prévues pour un déploiement ultérieur. La marine envisage également la modernisation de ses frégates au sein de laClasse İstif.
Un porte-avions national, désigné MUGEM, est actuellement en construction depuis le 2 janvier 2025[53].
La force aérienne a une aptitude à la projection des forces et aux opérations réseau-centrées. L’utilisation de munitions guidées de précision est de plus en plus développée, notamment avec des missiles de fabrication locale. La Turquie était un partenaire de troisième niveau du programmeF-35, jusqu'à la décision de Washington, signifiée au mois de juin 2019, de l'exclure du programme. La force aérienne turque s'est également illustrée par une bonne maîtrise des drones armées sur de nombreux théâtres d'opération.
Depuis l’annulation des livraisons du F-35A parWashington, Les avions turcs sont dépassé : d'antiques chasseurs bombardiersF-4 de laguerre du Vietnam côtoient des chasseursF-16 certes modernisés, mais qui gardent les limites d'un avion développé dans les années 1970. Pour ne rien arranger, l'armée de l'air turque ne s'est toujours pas remise des purges massives dans ses rangs, qui ont suivi latentative de coup d'État ratée en 2016 : les pilotes aguerris ne sont plus légion[54].
Pays disposant de bases, d'installations et de troupes militaires turques en 2020.Soldates turques enBosnie-Herzégovine.Soldats turcs et américains dans le Nord de laSyrie.
Voici la liste des effectifs turcs engagés dans des opérations extérieures le[55].
Mali : Plusieurs militaires maliens et officiers des autres corps de défense sont formés par laTurquie, conformément à un accord de coopération qui lie les deux pays. En 2016, la Turquie avait d’ailleurs décidé d’étendre son programme de formation en Afrique[58].
Azerbaïdjan : Entre 100-200 soldats[61]. Bâtiments et structures dans la ville militaire de Gizil Sherg et un terminal situé dans l'aérodrome de la colonie de Hacı Zeynalabdin. Également une autre base pour surveiller le maintien de la paix au Karabakh.
Albanie : 20 à 250 soldats à la base de Pasha Liman, avec 2 frégates. Un accord de coopération militaire albano-turque a été signé en 1992 qui englobait la reconstruction de la base de Pacha Liman de l'Albanie par la Turquie aux côtés de l'accès accordé pour l'usage turc[62].
↑Ümit Kilinç,La liberté d'expression en Turquie à l'épreuve de la Convention européenne des droits de l'homme, collection Logiques juridiques, éditions L'Harmattan, 2009, 672 pages, p. 151,lire en ligne
↑ab etcGürbüz, Interview du Professeur Yasar, « L’armée turque et le laïcisme »,Cahiers d'Etudes sur la Méditerranée Orientale et le monde Turco-Iranien,no 19,(lire en ligne).
↑Isabelle Rigoni et Feyza Ak Akyol,Turquie, les mille visages : politique, religion, femmes, immigration,, 277 p.(ISBN9782913165243 et2913165249),p. 30.
↑Mehmet Ali Ağaoğulları,L'Islam dans la vie politique de la Turquie, Numéro 517 de Ankara Üniversitesi Siyasal Bilgiler Fakültesi yayınları, Ankara Üni̇versi̇tesi̇ Basımevi̇, 1982, p. 203
↑Selon les chiffres évoqués lors du procès en 2012 des deux généraux putschistes survivants, 650 000 personnes auraient été arrêtées, 230 000 traduites en cours de justice et 50, selon les seuls chiffres officiels, exécutées -Jean Marcou, « La Turquie juge les putschistes de 1980 », surObservatoire de la vie politique turque,(consulté le).
↑« Le verdict du procès « Ergenekon » divise la Turquie »,La Croix,(lire en ligne)
↑Sümbül Kaya, « Comment M. Erdoğan a maté l’armée turque : Une institution puissante affaiblie par la tentative de coup d’État »,Le Monde diplomatique,(lire en ligne)
↑LaLibre.be, « Turquie: plus de 7 000 nouvelles personnes limogées »,La Libre,(lire en ligne, consulté le)